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Formation | Université du Texas à Austin Brownell-Talbot School(en) ![]() |
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Distinctions | Grand prix de la ville d'Angoulême() ![]() Liste détaillée Harvey Award for Best Letterer(d)(,, et) Eisner Award for Best Coloring(en)(,, et) Harvey Award for Best Colorist(d)(,,,, et) Harvey Award for Best Cover Artist(d)() American Book Awards() Guardian First Book Award() Prix Adamson() Meilleure œuvre étrangère publiée en Espagne(d)() Harvey Award for Best Cartoonist (Writer/Artist)(d)() Prix Eisner du meilleur scénariste(d)(, et) Eisner Award for Best Lettering(en)( et) Lynd Ward Graphic Novel Prize(d)() Prix Inkpot() Grand prix de la ville d'Angoulême() Prix Ignatz ![]() |
Franklin Christenson Ware, connu sous le nom deChris Ware, est un auteur debande dessinée américain, né àOmaha dans leNebraska le et vivant àOak Park, dans l'Illinois[1]. Il publie depuis 1993 l’Acme Novelty Library, série au format et à la périodicité irréguliers (20 numéros en 2012).Jimmy Corrigan, son œuvre principale (1995-2000), lui a valu de nombreux prix dans le monde anglophone (plusieursPrix Ignatz,Harved etEisner, ainsi qu'unAmerican Book Award et leGuardian First Book Award). Pour le même album, le monde francophone lui décerne en 2003 leprix du meilleur album aufestival d'Angoulême en même temps que leprix de la critique. En 2021, il reçoit legrand prix de la ville d'Angoulême.
Auteur encensé par la critique depuis le milieu des années 1990, Chris Ware a été récompensé de multiples fois aux États-Unis. Il a ainsi remporté 28prix Harvey (dont ceux de la meilleure nouvelle série, de la meilleure série (deux fois), du meilleur auteur et du meilleur album), 22prix Eisner (dont ceux du meilleur auteur, 3 fois, de la meilleure série et du meilleur album, deux fois) et sixprix Ignatz. Il est connu pour le soin particulier qu'il apporte au contenant de ses ouvrages (il a ainsi reçu trente prix Harvey ou Eisner pour ses mises en pages, couleurs ou lettrages). Pour autant, une grande partie de son œuvre reste inédite en français[2].
Chris Ware grandit dans une famille de journalistes et d'éditeurs de presse, entouré de dessins originaux voués à être publiés.
Son grand-père, avec qui il passe beaucoup de temps, se rêvait dessinateur avant de devenir journaliste et éditeur auOmaha World-Herald. Il s'occupe notamment descartoons etcomics du journal, faisant parmi les premiers à publierPeanuts, et travaillant avec beaucoup de grands dessinateurs[1]. Sa grand-mère lui raconte des histoires de son enfance et des premières années de son mariage :« elle avait un réel talent pour la narration, un regard acéré pour les détails et un goût du vocabulaire expressif, un sens de la syntaxe chantant qui m'ont donné envie de devenir auteur[1]. »
Ses parents se sont séparés peu après sa naissance ; sa mère entre alors auOmaha World-Herald[1].
Chris Ware a reçu une éducation classique, et lit dans sa jeunesse des auteurs commeWilliam Faulkner,Carson McCullers ouErnest Hemingway, ainsi que de la philosophie[1].
À l'Université du Texas, Chris Ware étudie la peinture et les techniques d'impression, ainsi que le cinéma et la vidéo et construit des sculptures mécaniques. Il dessine un strip hebdomadaire[1] voire quotidien dans le journal étudiantThe Daily Texan (en). Il commence à y développer les personnages de Quimby the Mouse ou Jimmy Corrigan[3]. En 1987, ce strip est repéré parArt Spiegelman, qui l'invitera à réaliser quatre pages dansRAW, le magazine qu'il dirigeait avecFrançoise Mouly[4].
En 1991, il déménage àChicago[3]. Il étudie les techniques d'impression à l'Art Institute of Chicago[1], mais ne va pas au bout du cursus deMaster of Fine Arts[3].
Dans les années 1990, Chris Ware publie diverses histoires dans des hebdomadaires de Chicago (New City etThe Chicago Reader[4]) alors qu'il est encore étudiant[5]. Il y commence sa sérieJimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth.
De 1994 jusqu'au début des années 2000, il a sa collectionAcme Novelty Library chez l'éditeurFantagraphics Books. Il y publie quinze numéros. Ces publications lui permettent de gagner de nombreux prixHarvey,Eisner ouIgnatz, pour son lettrage ou ses couleurs[3].
En 2000 paraît chezPantheon BooksJimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth, une série commencée dans des hebdomadaires de Chicago.Jimmy Corrigan reçoit un accueil critique enthousiaste auxÉtats-Unis ainsi qu'à travers le monde, et remporte de nombreuses récompenses : il est le seul ouvrage à avoir reçu àAngoulême les prixAlph'Art du meilleur album[6] en même temps que lePrix de la critique en 2003 ; c'est également la seule bande dessinée à avoir remporté leGuardian First Book Award en 2001[7]. L'album est également un succès public, avec plus de 100 000 exemplaires vendus[3].
Fin 2005, Ware publie le 16e numéro de l'Acme Novelty Library, dans un formatauto-édité[3].
En 2008, Chris Ware travaille sur un projet de dessin animé pour la chaineHBO, avec l'appui de l'acteurJack Black.Acme Network devait être une émission de courts métrages, d'une durée de quelques secondes à cinq minutes, tous organisés autour d'une seule histoire. Le projet est abandonné en 2008[2].
En 2012 paraîtBuilding Stories sous forme d'un coffret en carton contenant 14 formats illustrés différents. Le livre reçoit de nombreuses récompenses : meilleur livre de 2012 pourPublishers Weekly ; parmi les 10 meilleurs livres de 2012 pourThe New York Times etTime Magazine[4] ; quatrePrix Eisner en 2013 (meilleurroman graphique, meilleur auteur, meilleur lettrage, meilleure maquette[8]) ;prix spécial du jury du festival d'Angoulême en 2015[9].
Paru en 2020 en France,Rusty Brown (traduit par Anne Capuron,éditions Delcourt) figure dans la sélection pour lefauve d'or auFestival d'Angoulême 2021[10].
En 2021, il reçoit legrand prix de la Ville d'Angoulême pour l'ensemble de sa carrière[11],[12]
Chris Ware est principalement l'auteur d'une série d'ouvrages aux thèmes récurrents mais aux formats changeants, série qui reçoit le titre générique deAcme Novelty Library. Ce titre peut se traduire littéralement par « la bibliothèque de nouveautés d'Acme », ce nom d'Acme étant souvent un nom passe-partout désignant une entreprise ordinaire. Toutefois, le terme anglaisacme peut désigner également le summum, le point culminant, de même quenovelty peut revêtir un sens de superficialité autant que de nouveauté. Le sens de ce titre n'est donc ni très clair, ni explicitement lié à son contenu narratif.
Les différents livres ne suivent pas une stratégie narrative linéaire, et peuvent se lire indépendamment les uns des autres, même si de nombreux liens narratifs les associent de façon plus ou moins serrée. Ainsi, la vie du personnageJimmy Corrigan est décrite par étapes entre 1995 et 2000 dans différents tomes de l'Acme Novelty Library avant d'être réunie en un seul ouvrage.
LesAcme Novelty Library Books étonnent par leur perfection formelle comme par leur variété : chaque recueil reçoit une pagination et un format différents. Le trait de Chris Ware est aussi soigné que la conception graphique et typographique de ses ouvrages, qui est fortement influencée par legraphisme de la fin duXIXe siècle. La signature de l'auteur y est difficile à trouver.
Les livres de Chris Ware apparaissent comme des objets étranges et fascinants. Ses histoires dressent souvent un portrait pathétique[2] (au senstriste comme au sens américain delamentable) de l'être humain, qui vieillit sans comprendre grand-chose à sa propre vie, comme c'est le cas deJimmy Corrigan. Le thème de la mémoire[2] et celui de la filiation sont récurrents à travers son œuvre, qui fait s'entrecroiser différentes sagas familiales et voit plusieurs générations se succéder sans toutefois se comprendre (personnages de Jimmy Corrigan, Rusty Brown, Jordan Lint...) L'humour caustique de Chris Ware transparaît toutefois très régulièrement, ce qui contribue à éviter le risque du misérabilisme : de nombreux textes explicatifs, préfaces, postfaces, fausses inclusions de publicités, etc. soulignent le second degré de l'ensemble, et en relativisent la portée.
Son dessin emprunte sa clarté à laligne claire, poussant parfois la géométrie jusqu'à l'abstraction[2]. Il compose ses pages comme des tableaux aux multiples chemins de lecture, inventant des astuces graphiques pour ne jamais perdre le lecteur. Ses pages peuvent ainsi contenir plusieurs dizaines de cases, parfois minuscules[2].
Dans l'immense soin qu'il apporte à l'ensemble du processus de fabrication de ses ouvrages (traductions comprises), Chris Ware ne laisse rien au hasard. Son intervention est perceptible dans les moindres détails, jusqu'à la mise en forme et aux commentaires qui accompagnent les mentions légales, voire lesréférences ISBN et les codes-barres des livres. Ce souci du détail, souvent doublé d'une relation malicieuse à ses lecteurs, le pousse parfois à utiliser de minuscules cases et une typographie si menue qu'une loupe peut devenir nécessaire à la lecture.
Dans une conférence donnée au36e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, Chris Ware dit s'inspirer majoritairement descomics américains d'avant les années 1950, et il explique cette préférence de la manière suivante :« on peut dire qu'à partir des années 1950, la BD s'est calcifiée, les cases ont commencé à être imaginées à l'imitation du cinéma. » Une grande partie de la production de BD d'après les années 1950 se serait donc cantonnée à imiter les cadrages et modes de narration du cinéma, tombant même parfois dans le piège du « roman-photo ».Ce que propose Chris Ware peut donc être compris comme s'affranchissant des stéréotypes de la BD conventionnelle. Tout en puisant ses sources dans des styles plus anciens, il produit un travail qui sort du cadre le plus strict de la bande dessinée pour donner quelque chose d'atypique, un système narratif d'un genre nouveau.
Il cite également comme influence majeure le travail deCharles Schulz surPeanuts :« Il m’a fallu une vingtaine d’années pour comprendre que la raison pour laquelle j’étais si proche de [Charlie Brown], c’était parce que Charles Schulz avait mis tout son être dans ce personnage. Cette incroyable empathie a ouvert la voie à toute la bande dessinée moderne et a redéfini l’écriture des personnages de fiction[2]. »Yasujirō Ozu est son cinéaste préféré, etVoyage à Tokyo son film favori :« ce qui me chamboule le plus, c’est sa façon de saisir la vie en train de s’écouler. Cette fugacité des choses qui transperce tout[2]. »
Chris Ware est également un grand amateur et connaisseur deragtime, mouvement musical très influent de la fin duXIXe au début duXXe siècle. De nombreux choix esthétiques et typographiques dans ses ouvrages sont typiques de cette période. Il a publié à partir de 1998The Ragtime Ephemeralist (en), une revue consacrée à cette époque[13].