Lespolyplacophores (Polyplacophora), ouchitons, ouoscabrions, sont uneclasse demollusques brouteurs dont lacoquille est composée de 7 ou 8 plaques articulées. Ces plaques sont enaragonite (carbonate de calcium cristallisé etbiosynthétisé). C'est la constitution de la coquille en plaques multiples qui fait appeler ces animaux polyplacophores.
Le termechiton dérive dugrec ancienχιτών [chitōn], qui désigne ce qui enveloppe, laχιτωνίσκος [chitōniscos] étant une sorte de tunique pour femme[1]. Il est également à l'origine du motchitine. Le termepolyplacophore a été formé à partir des mots grecspoly- (plusieurs),plako- (plaques), et-phoros (transport). Les chitons furent étudiés pour la première fois parCarl von Linné en 1758. Depuis sa description des quatre premières espèces, les chitons ont été classés dans différents groupes dont les mollusques. Ils ont été appelés cyclobranches (« bras arrondi ») au début duXIXe siècle puis groupés alors avec lesaplacophores dans le sous-phylum des Polyplacophora en 1876. La classe des polyplacophores a été introduite par J. E. Gray en 1821.
Face interne duchitonCryptochiton stelleri, montrant le pied au centre, entouré desbranchies et dumanteau (avec bouche visible à gauche de l'image)Éléments de la carapace articulée d'un chiton (marmoratus)Chiton de TurquieCertaines espèces commeCryptoconchus porosus ont leurs plaques entièrement recouvertes par le manteau.
La coquille dorsale qui protège les chitons est constituée d'aragonite, multicolore, décorée de motifs, lisse ou sculptée. L'aragonite constitue aussi la lentille de leurs yeux[2].
Alors que leur corps n'est pasmétamérisé, leur coque dorsale est segmentée : elle est formée de huit plaques calcaires articulées (également appelées valves) enveloppées dans la ceinture musculaire également sécrétée par lemanteau[3]. Cette disposition permet aux chitons de se rouler en boule en cas de danger et de s'accrocher sur des surfaces irrégulières. Au niveau de la ceinture, lestissus palléaux sécrètent desspicules calcaires, desécailles calcaires ou dessoieschitineuses (voire les trois).
La plus grande partie du corps est un pied similaire à celui desescargots, mais ni tête ni autre partie molle au-delà de la ceinture musculaire ne sont visibles depuis le dos de l'animal. Entre le corps et la ceinture, il y a la cavité palléale, connectée à l'extérieur par des canaux aquifères. Le canal latéral est le canal aquifère entrant. Celui qui est attaché à l'anus est le canal aquifère sortant[4]. Les branchies pendent dans la cavité palléale, rarement près de l'anus. La tête possède une bouche dans laquelle se trouve une sorte de langue appeléeradula, qui possède de nombreuses rangées de 17 dents chacune et a pour rôle de racler desalgues microscopiques posées sur lesubstrat. Ces dents sont enduites demagnétite, un biominéral ferreux qui les rend plus dures que l'acier. Elles font l'objet de recherche pour développer des biomatériaux (greffe osseuse, couche de finition industrielle)[5].
Une grande originalité des chitons est leur système visuel. Tous ont des structures sensibles à la lumière, appeléesesthètes oumégalesthètes. Ce sont des cavités tubulaires microscopiques traversant la carapace, dont le fond est sensible à la lumière. L'ensemble de ces esthètes fonctionnerait comme unœil composé, capable de repérer des ombres. Une centaine d'espèces environ ont jusqu'à un millier de véritables yeux, en plus des esthètes[6],[7]. Chaque œil, également en forme de cavité microscopique dans la carapace, possède une lentille en aragonitepolycristalline et unerétine pouvant comporter jusqu'à 100 cellules photosensibles. Des expériences suggèrent que les chitons sont capables de reconnaître des formes. Au cours de la vie de l'animal, esthètes et yeux sont régulièrement érodés et remplacés.
Les quelque900 espèces recensées dans les océans mondiaux vivent essentiellement dans la zoneintertidale et les mers continentales peu profondes, mais quelques espèces peuvent se trouver jusqu'à des profondeurs pouvant atteindre 6 000 m.
Dans les ports, sur les jetées et digues ou éléments artificiels de la zone intertidale, ils colonisent mal les substrats lisses, et plus facilement les supports complexes riches en fentes et creux[8]. Il semble facile d'améliorer la capacité d'accueil desmurs et digues artificiels, pour de nombreuses espèces de polyplacophores[8] oucrabes par exemple) en complexifiant leur surface[8].
Les chitons mangent desalgues, desbryozoaires, desdiatomées et parfois desbactéries en raclant le substrat rocheux à l'aide de leur radula bien développée. Certaines espèces ont une ceinture élargie à l'avant et se fixent sur d'autres animaux. Certains chitons ont un comportement casanier, retournant au même endroit le jour et se déplaçant pour se nourrir la nuit.
La plupart des classifications actuelles est basée, au moins en partie, sur le Manuel de Conchyologie de Pilsbry (1892-1894), révisé par Kaas et Van Belle (1985-1990).Les chitons ont été divisés en chismobranches et colyplaxiphores au début duXIXe siècle.Cette classe groupe environ900 espèces actuellement connues[9].
↑ab etcJ. Moreira, M.G. Chapman, A.J. Underwood ;Maintenance of chitons on seawalls using crevices on sandstone blocks as habitat in Sydney Harbour, Australia ; Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, Volume 347, Issues 1-2, 24 August 2007, Pages 134-143 (Résumé)