Ses principaux revenus proviennent dutourisme, surtout culturel : elle compte de nombreuxvestiges antiques comme le temple d'Apollon à Phana, ainsi que desmonuments byzantins, comme le monastère deNéa Moni. Le sud produit également dumastic, gomme naturelle tirée de la résine dulentisque, ce qui vaut à Chios son surnom de « l'île du mastic ».
Peuplée par des colons grecs auXIe siècle av. J.-C., elle est le lieu de naissance d'Homère selon certains auteurs.
Chios est réputée pour être le lieu de naissance d'Homère. Cette tradition prend sa source dans le vers 172 de l'un desHymnes homériques, l'hymne à Apollondélien où le poète dit de lui-même :« C'est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse ». De fait, Chios abrite ensuite la « confrérie desHomérides », groupe derhapsodes qui prétendent descendre spirituellement d’Homère. Parmi les autres natifs célèbres de l'île, on peut citerIon le poète tragique, l'historienThéopompe, le sophisteThéocrite, le géomètreHippocrate ou encoreMétrodore.
L'île est peuplée par des colons grecs dès leXIe siècle av. J.-C. Chios était à l'origine gouvernée par un roi et la transition ultérieure vers un régime oligarchique s'est produite au cours des quatre siècles suivants. Elle fait également partie de la confédérationionienne. Au moment de la conquête deCyrus le Grand en, elle est protégée par son statut insulaire.
Au printemps de l'année, une flotteachéménide de 200 vaisseaux partie deMilet fait escale sur la côte sud-est àCaucasa (?) en attente des vents du nord pour faire route versNaxos. Après une dispute avec letyranAristagoras deMilet, le commandantMégabatès(en) (contre son frère chef d'expéditionArtapherne) envoie quelques hommes prévenir les Naxiens de la prochaine attaque sur leur île[2].
Elle se joint ensuite aux autres cités grecques lors de la grande révolte de à l'origine desGuerres médiques, et envoie 100 trières pour la bataille deMilet. Soumise par lesPerses en à labataille de Ladé, elle entre dans laligue de Délos à la fin des guerres médiques. En, sept ans après le début de laguerre du Péloponnèse, Athènes, suspectant une défection de Chios, force les citoyens à abattre leurs murs.
En, Chios est ensuite parmi les premières cités ioniennes à effectivement faire défection. Athènes envoie un contingent qui ravage l'île et met le siège devant la ville. Malgré une révolte des esclaves, Chios ne tombe pas. Athènes, menacée par ailleurs en mer Égée et en Asie Mineure, lève alors le siège.
En1346, Chio (Scio, en génois) est conquise par larépublique de Gênes et restera sous son contrôle pendant un peu plus de deux siècles. La gestion en est confiée à une sorte de société par actions, la « mahone de Chio »[4]. Cette dernière tire la majorité de ses revenus du commerce de l'alun exploité en face, sur le continentanatolien, à l'Ancienne et la NouvellePhocée qui lui appartiennent aussi, et qui est stocké et exporté depuis l'île.
À partir du règne deMehmed Ier, la « mahone de Chio » paie tribut à l'Empire ottoman. En1455, les deux Phocée sont conquises par les Ottomans, faisant perdre à l'île les revenus tirés de son commerce[5].
En1456, le 25 novembre,Jacques Cœur meurt de maladie ou d'une blessure sur l'île alors qu'il commande une flotte du papeCalixte III partie combattre les Turcs. Il est enseveli au milieu du chœur de l'église des Cordeliers de laville de Chios, église par la suite, détruite par les Turcs[6].
En1528, Gênes passe dans l'orbite de l'empire espagnol, ennemi des Ottomans, ce qui compromet la présence « latine » sur l'île, alors considérée comme une possible base avancée chrétienne[5]. L'amiral turcPiyale Pacha, à la tête d'une flotte d'environ 120 galères et d'environ 30 000 hommes, investit l'île le 14 avril 1566[7].
En représailles contre l'insurrection grecque, le massacre de Chios perpétré par lesOttomans contre la population grecque de l'île en avril1822 constitue un des épisodes les plus célèbres de l'histoire de l'île, qui était alors l'une des plus riches de lamer Égée et que les insurgés grecs tentèrent de rallier à leur cause. Le sultanMahmoud II désirait faire un exemple qui impressionnerait ses sujets insoumis, et qui vengerait le massacre des Turcs par les Grecs àTripolizza l'année précédente.
Après le débarquement d'un millier de partisans grecs, la « Sublime Porte » envoya près de 45 000 hommes avec ordre de reconquérir puis raser l'île et d'y tuer tous les hommes de plus de douze ans, toutes les femmes de plus de quarante ans et tous les enfants de moins de deux ans, les autres pouvant être réduits en esclavage[9].
Le bilan est estimé à 25 000 morts, et 45 000 Grecs ont été vendus commeesclaves. Seulement 10 000 à 15 000 personnes auraient pu s'enfuir et se réfugier principalement dans les autresîles de l'Égée. Ce massacre de civils par les troupes ottomanes marqua l'opinion publique internationale et contribua au développement duphilhellénisme.
Lamarine grecque libère l'île pendant lapremière guerre balkanique, le 11 novembre 1912, lors d'une opération amphibie disputée, mais brève. Le traité de Londres de mai1913 prévoit que les grandes puissances occidentales régleront la situation des îles ottomanes de la mer Égée, et l'occupation grecque est validée autraité de Bucarest.
L'actuelle municipalité de Chios, qui recouvre la totalité de l'île, a été créée par laréforme des collectivités de2011 par la fusion de huit anciennes municipalités qui en devinrent des unités communales[10] :
La région de Mastichochoria, dont deux villagesPyrgí etMestá ont un caractère médiéval marqué, doit son nom aumastic. Le mastic est un extrait d'un arbuste de la famille despistachiers : lelentisque. La variétéchia de l'île est la plus réputée aujourd'hui et ceci depuis l'Antiquité. Son mastic est très pur. Dans les années 1970 s'est répandue la mode de le parfumer à la vanille, la fraise ou le coco, comme les glaces, mais les producteurs ont ensuite insisté pour revenir au goût propre du mastic de l'île de Chios, dont la production a été inscrite aupatrimoine culturel immatériel de l’humanité par l'UNESCO en 2014. Près de 5 000 personnes vivent de la récolte du mastic, soit 10 % de la population de l'île répartie dans une vingtaine de villages au sud de l'île[12].
Chaque année, deux églises du village deVrondádos(el) célèbrentPâques d'une façon particulière : des milliers defeux d'artifice sont tirés par les deux églises l'une contre l'autre, l'objectif étant de toucher le clocher de l'église adverse pour gagner. Cette tradition remonte à1889 ; à l'époque les Ottomans avaient confisqué les armes à feu utilisées habituellement pour tirer des salves d'honneur à Pâques.