Lachasse-galerie est le nom des légendespoitevines etquébécoise sur le thème de lachasse fantastique.
Un certain seigneur du nom de Gallery aurait commis un sacrilège au cours d'une chasse. Selon certaines versions, il aurait chassé un dimanche pendant l'office religieux. Selon d'autres, il aurait pris en chasse un cerf jusque dans une grotte habitée par un saint ermite. Celui-ci lui aurait défendu de toucher à l'animal, sous peine de malédiction éternelle. Gallery, n'en faisant qu'à sa tête, aurait tué sa proie, et récolté son châtiment : toutes les nuits pour l'éternité il chevauche dans les airs, à la tête d'une chasse diabolique composée de toutes sortes de monstres, démons et fantômes.
Dans l'autre version purement québécoise de la légende, un groupe debûcherons deGatineau, le soir duRéveillon, prennent envie d'aller rendre visite à leurs blondes (leurs amoureuses) vivant cent lieues plus loin. Mais le seul moyen de faire ce chemin et de revenir à temps pour travailler le lendemain matin est de participer à la fameuse chasse-galerie. Les bûcherons font un pacte avec lediable : leur canot s'envole dans les airs et les transporte à toute allure, mais ils ne devront pas blasphémer durant la traversée, ni toucher à une croix, et être de retour avant six heures le lendemain matin. Dans le cas contraire ils perdraient leurs âmes. Pour s'assurer de respecter ces règles, les hommes se mettent d'accord pour ne plus boire une autre goutte d'alcool avant la fin de leur voyage.
Les péripéties et la fin de l'histoire varient suivant les versions. Dans la plupart des versions de la légende, les voyageurs frappent le clocher d'une église
Dans certaines versions, les voyageurs ne montent pas dans un canot mais sur un objet magique, comme le manche d'une hache qui s'allonge de manière à laisser tout le monde s'y asseoir.
Comme la plupart des histoires de chasse fantastique, la chasse-galerie est d'abord un ensemble de grands bruits terrifiants et inconnus dans le ciel, la nuit. Cela peut s'expliquer par des conditions météorologiques comme le fracas d'une tempête, un grand vent, ou bien par le vol d'oiseaux migrateurs, ce qui correspondrait à la saison. Certains auraient cru y entendre la chasse diabolique et leurs témoignages auraient entretenu la légende. En effet, avant de donner lieu à des récits et des contes construits, la chasse-galerie est d'abord rapportée comme le témoignage personnel d'une expérience surnaturelle.
L'étymologie de « chasse-galerie » est débattue. De nombreuses hypothèses ont été émises pour l'expliquer, à commencer par la légende du seigneur Gallery ou Guillery. Mais celle-ci semble avoir été construite a posteriori. Lachasse fantastique est connue sous de très nombreux noms différents en France et en Europe. L'appellation « chasse-galerie » provient du Poitou, mais on y parle également de « chasse galopine » et de « chasse galière » (c'est-à-dire à cheval).
La première attestation Québécoise de la légende date de 1881 : « La Chasse Galerie » de Marie-Caroline Watson Hamlin. Ce récit, conformément à la légende poitevine de base, parle d'un chasseur condamné à conduire la chasse démoniaque pour l'éternité ; mais il fait pour la première fois mention d'un canot volant, qui y prend la place du cheval.
Il est possible que l'histoire du voyage en canot volant soit le résultat d'un mélange de la légende avec unmythe autochtone[1].
Le Chasseur maudit est le titre d'unpoème symphonique deCésar Franck.L'œuvre s'inspire de la balladeDer wilde Jäger (« Le Chasseur sauvage ») du poète romantiqueallemandGottfried August Bürger.
Une chanson dénomméeLa Ballade de Gallery est publiée en 1848 parBenjamin Fillon, et censée être un chant traditionnel recueilli dans le Talmondois. Les experts doutent aujourd'hui de son authenticité, et pensent qu'elle fut écrite par Fillon lui-même. Néanmoins, elle fut incluse dans les manuels de lecture de la Vendée entre 1860 et 1901 et se diffusa ainsi dans la région, devenant effectivement une chanson populaire.
Cette chanson a été adaptée parGabriel Yacoub et interprétée par le groupeMalicorne, sous le nomLa Chasse-gallery en 1979, pour l'albumLe bestiaire. Il se retrouve aussi sur l'albumLégende, 2ème époque en 1989.
Claude Dubois etÉric Lapointe ont chacun écrit une chanson intituléeLa chasse-galerie et racontant son histoire. À cela on peut ajouter la chansonMartin de la Chasse-Galerie, écrite parMichel Rivard et interprétée parla Bottine Souriante ainsi queDescendus au chantier du groupeMes Aïeux.
En 2015, une version théâtrale et musicale de l'histoire a été présentée au Storefront Theatre de Toronto, et a été primée par deux Dora Awards et deux Toronto Theatre Critics Awards. Une autre production a été réalisée en 2016 par le Soulpepper Theatre.
En 2021, le groupe de Heavy Metal Thrash La Reine, sort un morceau intitulé La Chasse-Galerie sur son album Notre-Dame-De-L'Enfer.
La version la plus connue est celle publiée en1892 parHonoré Beaugrand avec des illustrations d'Henri Julien etRaoul Barré. C'est elle qui fixe la plupart des codes de la légende québécoise, qu'elle n'a probablement pas inventée pour autant puisqu'il existe d'autres versions.
L'histoire est publiée en anglais par J.E. Le Rossignol, McLelland et Steward Publishers en1929 sous le titreThe Flying Canoe (« le canoë volant »). Le conte apparaît ensuite dans le recueilLégendes du Canada français d'Edward C. Woodley, publié en1931. L'histoire y est racontée comme le souvenir d'un des hommes ayant accompli la chasse-galerie. Ils voyagent deSaint-Maurice àSainte-Jeanne.
Trois romans plus récents traitent du sujet :La Traversée des sentiments (2009) deMichel Tremblay – qui attribue le conte, intitulé « La Lune au fond du lac », à Josaphat-le-Violon et fait faire le voyage en canoë deDuhamel àMontréal à des bucherons allant voir des filles de petite vertu pour la nuit de Noël[2] ;L'Armée furieuse (2011) deFred Vargas ; etL'Ensorceleuse de Pointe-Lévy (2013,Prix Boréal) deSébastien Chartrand.
La chasse galerie est également adapté dans la collection « les contes interdits » aux éditions ADA[3].
Le canot volant apparaît dans le film d'animationCrac, deFrédéric Back, en 1981.
L'Office national du film du Canada a produit un court-métrage d'animation de dix minutes adaptant le conte :La légende du canot d'écorce.
Enfin, un film québécois,Chasse-Galerie : La légende, réalisé parJean-Philippe Duval, est sorti en salles en 2016.
À Montréal, la sphère allochtone en bronze deKyra Revenko à la station 5 (Échange (Commerce et Troc)) du parcoursNos récits, notre voie : parcours Peel, montre le canot volant au dessus d'un village québécois. Le canot renvoie à l'étude d'Henri Julien pourLa Chasse-galerie.
Au parc d'attractionsLa Ronde àMontréal, on retrouvait, jusqu'à la fin de la saison 2016, laPitoune attraction familiale évoquant cette légende (on y faisait le parcours dans unepirogue monoxyle, c'est-à-dire un arbre creusé). Au Canada francophone, on appelle familièrementPitoune unebille de bois que l’on fait flotter avec d’autres pour la mener vers une scierie après l’abattage (mais le terme a aussi d'autres acceptions)). Une représentation du bateau avec les bûcherons et lediable servait d'enseigne. La direction a annoncé que laPitoune ne serait pas rouverte pour la saison 2017 en raison de son état et d'une volonté de renouvellement[4].
Un timbre canadien de 0,40 $ sur le thème du canot volant a été imprimé en 1991 (Canadian Scott #1334 ou #1445), dans le cadre d'une série sur les contes populaires canadiens.
La brasserie québécoiseUnibroue représente cette légende sur l'étiquette de sabière rousse,La Maudite[5], illustrant les bûcherons à bord d'un canot volant.
Une « Revue des Pictons de Paris » créée en 1938 avait également pour nomLa Chasse Galerie.
La chansonMartin de la Chasse Galerie de labottine souriante s'inspire librement de la légende[6].
Sept villes du Québec ont, soit, un chemin, un lac, un parc, une pointe, une rue nommés en l'honneur de la Chasse-galerie. Il y a entre autres les villes de Montréal et de Québec.
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