Par son impressionnante carrure et son visage dur, Charlton Heston fut l'interprète idéal tout au long de sa carrière de personnages virils et, la plupart du temps, honnêtes et bons.
Au-delà de sa carrière au cinéma, il s'engage politiquement contre leracisme et devient l'une des figures hollywoodiennes duMouvement des droits civiques dans les années 1960. Il s'engage par la suite auprès duParti républicain et, à la fin de sa vie, milite au sein de laNRA pour le droit du portd'armes à feu.
Charlton Heston naît àEvanston, juste au nord deChicago dans l'Illinois. Sa famille est d'ascendanceanglaise etécossaise ; il était d'ailleurs un membre duclan Fraser. Il monte sur les planches pour la première fois à l'âge de5 ans et incarne lepère Noël dans une pièce organisée dans son école[4]. Sa passion le conduit alors à étudier la comédie à l'université Northwestern. Il décroche son premier rôle au grand écran en 1941 dansPeer Gynt, film réalisé par un camarade de son université.
Le[5],[6], il s’engage dans l'Air Force et n’est incorporé qu’un an plus tard, en janvier 1944. Il reçoit d’abord une formation sur le sol américain[4]. Il épouseLydia Clarke le, quelques semaines avant de partir deux ans en tant que sergent à bord d'un bombardierB-25 pendant laguerre du Pacifique[7]. Basé sur l'île Kodiak[8], il participe à lacampagne des îles Aléoutiennes. Il est démobilisé en mars 1946. Le couple a un fils, Fraser, né le ; ils adoptent une petite fille, Holly Ann, née le[4].
Il devient rapidement l'acteur spécialiste des rôles historiques dans les grandes superproductions d'Hollywood desannées 1950 et1960. Cette spécialisation lui vient de sa carrure athlétique et de son visage aux traits fermes et réguliers. Ainsi, au cours de sa carrière Charlton Heston a été successivementMoïse,Le Cid,saint Jean Baptiste,Marc-Antoine (à deux reprises), le généralGordon, le présidentJackson, le roiHenri VIII etRichelieu.
En 1958, dansLa Soif du mal mis en scène parOrson Welles, Charlton Heston apparaît dans le rôle inattendu d'un commissaire mexicain honnête, Ramon Miguel « Mike » Vargas, face à son homologue américain, Hank Quinlan (interprété par Orson Welles), personnage énorme, bouffi, véreux et manipulateur. Ce film est une exception noire, baroque, unique — comme sont uniques la moustache et les cheveux noirs qu'il arbore — dans sa carrière où l'acteur, loin des fastes bibliques, historiques et épiques, peut montrer une dimension humaine plus moderne.
Par la suite, le genre cinématographique du« grand spectacle » s'essouffle, mais Charlton Heston réussit au début desannées 1970 une reconversion dans les films d'anticipation. DansLe Survivant (1971), deuxième adaptation du romanJe suis une légende deRichard Matheson, seul rescapé d'une terre dévastée par levampirisme, il doit chaque nuit renouveler un éternel combat pour la survie. Il joue aussi dansSoleil vert (1973) deRichard Fleischer, mettant en scène un mondedystopique et surpeuplé. Dans cette seconde carrière, son film le plus célèbre resteLa Planète des singes (1968) deFranklin J. Schaffner où il tient une fois de plus le rôle principal.
En 1972 à Los Angeles, il joue le rôle de John Proctor dansThe Crucible d’Arthur Miller. Il joue également à plusieurs reprises le rôle de Thomas More dansUn homme pour l’éternité deRobert Bolt.
En 1977, il est James Tyrone dansLe long voyage vers la nuit deEugène O’Neill avecDeborah Kerr, puis leThe Crucifier of Blood d’aprèsArthur Conan Doyle etDetective Story de Sidney Kingsley.
ÀLondres, il reçoit de très bonnes critiques dans deux pièces :The Caine Mutiny d’Herman Wouk où il joue le rôle du capitaine Queeg avecBen Cross dans le rôle du lieutenant Greenwald en 1985 et de nouveauUn homme pour l’éternité en 1987. En 1989, à la demande des autorités chinoises il dirige à Pékin une version en chinois deThe Caine Mutiny.
Sa dernière pièce estLove Letters d'Albert Ramsdell Gurney avec sa femme Lydia, pièce qu’il avait jouée auparavant avec d’autres comédiennes.
En 1998, on diagnostique à Charlton Heston uncancer de la prostate, mais l'acteur connaît une rémission après quelques séances deradiothérapie.
En, il révèle au grand public qu’il est atteint de lamaladie d'Alzheimer[10]. En 2005, des rumeurs font état de l’aggravation de la maladie, mais celles-ci ne sont jamais confirmées par la famille. En 2006, la progression de la maladie fait craindre à sa famille que ses jours ne soient comptés.
Il meurt le à l’âge de84 ans, dans sa maison deBeverly Hills auprès de sa femmeLydia[11].
Membre de laScreen Actors Guild[12], un syndicat d’acteur, il est élu au comité directeur en 1960[13] puis en devient le troisième vice-président en 1961 et président pendant six mandats successifs, de 1965 à 1971[14].
À cette époque, il dut faire face au problème des films tournés à l'étranger pour être diffusés auxÉtats-Unis[15] et contribua à le résoudre. En 1968, il soutient le« Senate Bill 393 », une proposition de loi deRonald Reagan, alorsgouverneur de Californie, permettant de supprimer une taxe sur l’industrie cinématographique[13]. À la fin de 1969, Heston défend devant leCongrès des États-Unis l'instauration d'une taxe pour la création d’une redevance télévisée, afin de renforcer la production nationale et la qualité des programmes télévisés[13].
Charlton Heston aux côtés du président des États-UnisRonald Reagan, au cours d'une réunion à laMaison-Blanche en 1981.
Il soutient trois candidats démocrates à laprésidentielle (notammentAdlai Stevenson contreDwight Eisenhower etJohn Kennedy contreRichard Nixon) avant de devenirrépublicain en 1972, avec le soutien de son ami l'ancien acteur Ronald Reagan[4]. Ses positions politiques évoluent ensuite nettement vers ladroite. À la suite de l’élection de Ronald Reagan, Charlton Heston accepte de devenir« conseiller culturel » auprès du président en 1981[16].
Il est également membre honoraire à vie de laNational Rifle Association (NRA), dont il a été le président de 1998 à 2003[18]. Cette association, pour laquelle Charlton Heston s’est beaucoup impliqué en participant notamment à de nombreuxclips télévisuels, défend avec acharnement ledeuxième amendement à laConstitution américaine autorisant la possession d’armes à feu pour les particuliers. La présidence de Charlton Heston à la NRA sera marquée par un combat contre la présidence deBill Clinton, qui voulait restreindre la possession des armes à feu[18], et par un entretien deMichael Moore dans le documentaireBowling for Columbine, dernière apparition de l'acteur à l'écran.
Dans le fameux plan-séquence du début du filmLa Soif du mal d'Orson Welles, Charlton Heston lance àJanet Leigh, qui joue le rôle de sa jeune épouse :« Do you realize I haven't kissed you in over an hour? » (« Tu te rends compte que ça fait plus d'une heure que je ne t'ai pas embrassée ? »).
Les derniers mots de JudahBen Hur dans le film homonyme deWilliam Wyler restent très présents dans la culture de traditionchrétienne[réf. nécessaire] :« Juste au moment de sa mort, je l'ai entendu dire : "Mon Père, pardonnez-leur car ils ne savent ce qu'ils font" et, au son de sa voix, tout esprit de haine m'a abandonné ».
Dans la bande dessinée « Qui a tué le Président ? » de la série uchroniqueJour J, Charlton Heston est incarné en tant que vice-président des États-Unis. À la suite de l’assassinat deRichard Nixon, il devient président[21].
Par ailleurs en 1960, Charlton Heston avait écrit une lettre à Jean-Claude Michel pour le féliciter de son travail de doublage sur le filmBen-Hur après la projection française de gala donnée au Gaumont Palace à Paris.