Son règne marque la fin de la première partie de laguerre de Cent Ans. Il parvient à récupérer la quasi-totalité des territoires perdus par son pèreJean II et son grand-pèrePhilippe VI, à restaurer l'autorité royale et à sortir le royaume d'une période difficile marquée par les défaites deCrécy (1346) et dePoitiers (1356), par un conflit avec le roi de NavarreCharles II le Mauvais et par l'épidémie depeste noire des années 1347-1351, qui touche la quasi-totalité de l'Europe.
Il accède aux responsabilités dès1357, lorsque Jean le Bon, prisonnier des Anglais depuis la défaite de Poitiers, est transféré en Angleterre (pour trois ans). Mais son pouvoir est contesté par leroi de Navarre, qui continue de revendiquer la couronne de France en tant que petit-fils deLouis X le Hutin, et par leprévôt des marchands de Paris,Étienne Marcel, qui souhaite un renforcement du rôle desétats généraux du royaume.
Il réussit à conserver la couronne à lamaison de Valois bien que le pays sombre dans la guerre civile.Sacré roi de France en1364[2] après la mort de son père à Londres, il restaure l'autorité royale en la fondant sur l'État de droit et en poursuivant une politique de monnaie stable instaurée par les conseillers de son père. Un parallèle est très vite établi entre son règne et celui deSaint Louis, référence du bon gouvernement à l'époque.
Il instaure des impôts durables qui lui permettent de doter la France d'une armée permanente, qui, associée à celles de ses frères, lui permet de débarrasser le royaume desGrandes Compagnies de mercenaires démobilisés, puis de vaincre les Anglais, victoire aussi acquise grâce à une action diplomatiques auprès de la noblesse de Guyenne (fief de France tenu par le roi d'Angleterre), et en isolant celui-ci du reste de l'Europe. Il promeut aussi le sentiment national, transformant les Anglais en envahisseurs.
En 1349, le comteHumbert II, ruiné[8] à la suite d'unecroisade à Smyrne, et sans héritier après la mort de son fils unique, décide de vendre le Dauphiné de Viennois[9], fief relevant duSaint-Empire romain germanique.Philippe VI se porte acquéreur et conclut avec Humbert letraité de Romans, selon lequel leDauphiné de Viennois doit revenir à un fils du prince héritierJean le Bon. C'est Charles, fils aîné de Jean, qui reçoit le fief, ainsi que le titre dedauphin, qui devient ensuite le titre du prince héritier de France.
Cette prise de possession du Dauphiné est la première extension du royaume au delà des limites définies par letraité de Verdun de 843 (ici : le Rhône). Elle permet de mieux contrôler la vallée duRhône, axe commercial majeur entre la Méditerranée et l'Europe du Nord. Elle met les rois de France en contact direct avecAvignon, ville pontificale et centre diplomatique important à cette époque.
Âgé de douze ans, Charles a sa première expérience dans l'exercice du pouvoir lors de son séjour, du àmars 1350, àGrenoble, capitale du Dauphiné. Quelques jours après son arrivée, la population de Grenoble est conviée sur la place Notre-Dame, où une estrade est dressée. Placé à côté de l'évêqueJean de Chissé, Charles y reçoit le serment de fidélité des habitants. En échange, il leur promet de respecter la charte communale de la ville et confirme les libertés et franchises qu'Humbert II a reprises par un statut solennel promulgué avant son abdication. Enfin, il accorde une amnistie à tous les condamnés, exception faite de ceux qui encourent la peine capitale[10].
Au cours de son séjour, le dauphin s'applique, en dépit de son jeune âge, à se faire reconnaître par ses sujets, et intercède pour faire cesser la guerre qui sévit entre deux familles de vassaux[11].
Le mariage est retardé par les morts deBonne de Luxembourg et deJeanne de Bourgogne, emportées par lapeste pendant son séjour en Dauphiné[12]. Le dauphin a lui-même été gravement malade d'août à décembre 1349[12]. Les rassemblements étant limités, afin de ralentir la diffusion de la peste qui sévissait alors dans toute l'Europe, le mariage a lieu dans l'intimité[11].
Rapprochement du dauphin avec la faction du roi de Navarre (1350-1356)
Lorsque Jean le Bon devient roi, sa légitimité et celle de la dynastie des Valois sont mises en question.Philippe VI a été déconsidéré par les désastres deCrécy et deCalais, et par lesmutations monétaires auxquelles il a recouru pour soutenir les finances royales, ainsi que par lesravages de la peste. Les Valois sont confrontés à diverses oppositions internes au royaume, en plus de celle du roi d'AngleterreÉdouard III, qui détient d'ailleurs en France un fief important, leduché de Guyenne, incluantBordeaux.
La principale est celle duroi de Navarre (depuis 1349)Charles II (1332-1387), dit le Mauvais, petit-fils deLouis X le Hutin par sa mèreJeanne. Noble français de haut rang, Charles de Navarre estime être plus légitime que les Valois pour détenir la couronne de France.Comte d'Évreux (donc un puissant « baron normand »), il revendique aussi lecomté de Champagne (il est l'arrière-petit-fils de la dernière comtesse de Champagne,Jeanne Ire de Navarre) et lecomté d'Angoulême.
La Normandie a une situation particulière dans le royaume du fait de ses liens anciens avec l'Angleterre, établis lors de l'avènement du duc de NormandieGuillaume le Conquérant comme roi d'Angleterre (1066). Sur le plan du droit féodal, les rois d'Angleterre (héritiers de Guillaume) ont cessé d'être simultanémentducs de Normandie en 1204 (le duché, qui fait partie du domaine royal, a été attribué à Jean le Bon en apanage en 1332).
Cependant, l'économie du duché dépendautant des échanges maritimes à travers laManche que de ceux par transport fluvial sur laSeine[réf. nécessaire].
Par ailleurs, un certain nombre de seigneurs fonciers normands ont toujours des terres en Angleterre[16] et ont du mal à prendre clairement parti dans le conflit qui oppose les rois de France et d'Angleterre (risques de confiscation d'une partie de leurs biens).
C'est pourquoi la noblesse normande se regroupe en clans solidaires qui lui permettent de faire front. Ainsi obtient-elle deschartes garantissant au duché une grande autonomie.Raoul de Brienne est un exemple significatif : il mène une politique étrangère indépendante, et s'il commande l'armée française envoyée en Écosse en 1335, c'est en tant que capitaine général engagé par contrat et non comme l’obligé du roi.[pas clair]
La noblesse normande est cependant divisée. Notamment, il existe depuis des générations un conflit entre les maisons de Tancarville et d'Harcourt[17]. Les rois de France soutiennent traditionnellement les comtes de Tancarville, auxquels ils confient la charge de chambellan de l'Échiquier de Normandie. Les échiquiers avaient l'ultime juridiction qui tranchait au civil comme au pénal en dernier ressort. Comme l'Échiquier ne siégeait que deux fois l’année, lorsqu’il y avait des affaires provisoires, en attendant la tenue de l'Échiquier, c'était lesénéchal de Normandie qui y présidait et appelait des membres du clergé et de la noblesse à siéger avec voix délibérative.
Mais afin d’éviter une éventuelle allégeance de seigneurs normands àÉdouard III, dans le cadre de la guerre franco-anglaise,Philippe VI a été contraint de composer avec le clan des Harcourt[18]. Il nommeGodefroy de Harcourt, capitaine souverain en Normandie[19].
En tant que duc de Normandie, Jean le Bon a poursuivi la politique de soutien auxTancarville, associée à la maison de Melun par le mariage (avant 1316) du vicomteJean de Melun (mort en 1350) avec Jeanne de Tancarville, héritière unique ducomté de Tancarville[20]. Par la suite, ce sont les Melun-Tancarville qui forment l'ossature du parti de Jean le Bon, alors que Godefroy de Harcourt est le défenseur historique des libertés normandes. Le rapprochement entre ce dernier et Charles de Navarre,celui-ci se posant en champion des réformateurs[pas clair], va de soi[21],[22].
L’Échiquier de Normandie (XIIe siècle) rend justice en Normandie. La seconde Charte aux Normands de 1339, leur garantit le droit de ne jamais être cités devant une autre juridiction.Aula duchâteau de Caen.
Le roi Jean missionne le dauphin en mars 1355 pour organiser la défense de la Normandie, ce qui passe par la levée de l'impôt nécessaire[27]. La tâche est difficile du fait de l'influence grandissante de Charles le Mauvais qui, en vertu dutraité de Mantes, a un statut proche de celui de « duc » et, susceptible de s'allier àÉdouard III, peut à tout moment ouvrir les portes de la Normandie à l'Anglais[28]. Le dauphin sait se faire accepter. Les Normands rechignent d'autant plus à faire rentrer les taxes que les Navarrais les y encouragent, mais l'argent récolté est redistribué aux seigneurs qui ont bien voulu consentir à tailler leurs sujets. Il reste peu de finances pour équiper des hommes d'armes, mais le dauphin y gagne des sympathies. Ses capacités d'écoute lui permettent d'éviter la guerre en obtenant en juin une réconciliation entre le Navarrais et le roi qui est scellée par une cérémonie à la cour le24 septembre1355[27]. Édouard III prend ombrage du nouveau revirement de Charles de Navarre (il se méfie désormais de ce concurrent à la couronne de France trop gourmand et trop retors) : le débarquement promis n'a pas lieu[26].
L'oncle du dauphin et empereurCharles IV, subissant une offensive diplomatique de la part des Anglais, et inquiété par l'influence grandissante des Français sur l'Ouest de l'Empire (laBourgogne, leDauphiné et de nombreuses places fortes sont contrôlés par les Français), menace de renégocier son alliance avec son beau-frère Jean le Bon et émancipe le duc de Bourgogne pour ses possessions en terre d'Empire (du fait de son jeune âge, ses terres sont gérées par son beau-père, le roi de France)[29]. Le roi fait montre d'intransigeance et la tension monte. Charles, qui est très proche de son oncle et risque d'y perdre le Dauphiné, est opposé à la façon de procéder de son père. Monté contre lui parRobert Le Coq (l'un des plus fervents Navarrais, jouant double jeu auprès de Jean le Bon) qui ne cesse de lui assurer que son père cherche à l'évincer du pouvoir, il organise avec le concours du parti navarrais une fugue visant à rencontrer l'empereur, lui prêter l’hommage et apaiser les tensions[24]. Elle doit avoir lieu en décembre1355. Le roi, mis au courant du complot parRobert de Lorris, convoque son fils et lui confie la Normandie enapanage pour le rassurer sur ses sentiments envers lui et contrer le travail de sape des Navarrais[30].
Le 7 décembre 1355, Charles devient donc duc de Normandie. Mais Jean le Bon, averti du complot de partage du pays ourdi par Charles le Mauvais et les Anglais àAvignon, se décide à mettre le Navarrais hors d'état de nuire.
Le 5 avril 1356, le dauphin Charles convie en son château deRouen toute la noblesse de la province, à commencer par lecomte d'Évreux, Charles le Mauvais, pour fêter son intronisation en Normandie. La fête bat son plein lorsque surgit Jean II le Bon, coiffé d'unbassinet et l'épée à la main, qui vient se saisir de Charles le Mauvais en hurlant :« Que nul ne bouge s'il ne veut être mort de cette épée ! »[31]. À ses côtés, son frèrePhilippe d'Orléans, son fils cadetLouis d'Anjou et ses cousins d'Artois forment une escorte menaçante. À l'extérieur, une centaine de cavaliers en armes tiennent le château[31]. Le roi se dirige vers la table d'honneur, agrippe le roi de Navarre par le cou et l'arrache violemment de son siège en hurlant :« Traître, tu n'es pas digne de t'asseoir à la table de mon fils ! ». Colin Doublet, écuyer de Charles le Mauvais, tire alors son couteau pour protéger son maître, et menace le souverain. Il est aussitôt appréhendé par l'escorte royale qui s'empare également du Navarrais[31]. Excédé par les complots de son cousin avec les Anglais, le roi laisse éclater sa colère qui couve depuis la mort, en janvier1354, de son favori le connétableCharles d'Espagne.
Malgré les supplications de son fils qui, à genoux, implore de ne pas le déshonorer, le roi se tourne versJean d'Harcourt, infatigable défenseur des libertés provinciales, mais qui a été mêlé à l'assassinat de Charles de la Cerda. Il lui assène un violent coup de masse d'armes sur l'épaule avant d'ordonner son arrestation. Le soir même, le comte d'Harcourt et trois de ses compagnons, dont l'écuyer Doublet, sont conduits au lieu-dit du Champ du Pardon. En présence du roi, le bourreau, un criminel libéré pour la circonstance qui gagne ainsi sa grâce, leur tranche la tête[26].
Deux jours plus tard, la troupe regagne Paris pour célébrer la fête de Pâques. Charles le Mauvais est emprisonné auLouvre, puis auChâtelet. Mais la capitale n'est pas sûre, aussi est-il finalement transféré à la forteresse d'Arleux, près deDouai, terre d'Empire[32] depuis le mariage en1324 deMarguerite II de Hainaut avecLouis IV de Wittelsbach, l'empereur romain germanique.
Lorsque Jean le Bon est fait prisonnier par les Anglais (19 septembre 1356), Charles de Navarre est prisonnier du roi de France depuis le 4 avril. Le dauphin, qui devient responsable du royaume de France, est confronté à l'action des partisans du roi de Navarre, dont la libération est un des enjeux de cette période. Mais aussi aux demandes de ceux qui veulent des réformes institutionnelles renforçant le rôle des états généraux. Les deux factions peuvent d'ailleurs faire alliance contre le dauphin, espérant profiter de cette période d'absence du roi.
En mars 1357, un accord detrêve est conclu pour un an. Puis les prisonniers royaux sont emmenés à Londres en avril (leur séjour en Angleterre va durer trois ans).
La noblesse française voit son discrédit accru à la suite de ce nouveau désastre militaire : elle a de nouveau démontré qu'elle est incapable d'assumer sa fonction primordiale, faire (et gagner) la guerre.
D'autant plus que cette période correspond à une montée en puissance des bourgeoisies urbaines, qui n'attendent que l'occasion de revendiquer une liberté et un pouvoir proportionnels à leur importance économique au sein de la société. Leur leader est alors leprévôt des marchands de Paris,Étienne Marcel, qui s'est déjà manifesté lors des états généraux de 1355 en tant que représentant du tiers état, c'est-à-dire à cette époque, des villes.
Le roi empêché, il revient à son fils aîné de prendre en main le gouvernement. Mais il n'a que18 ans, son prestige personnel est faible, d'autant plus qu'il a quitté le champ de bataille de Poitiers, contrairement à son père et à son frère, et il a peu d'expérience politique. Il reprend à ses côtésles membres duconseil du roi[Qui ?] choisis par son père,qui sont très décriés[réf. nécessaire].
Lesétats généraux sont réunis le. Le dauphin se heurte à l'opposition d'Étienne Marcel, allié avec les amis de Charles le Mauvais, regroupés autour de l'évêque deLaon,Robert Le Coq[34].
Les états proclament Charleslieutenant du roi et défenseur du royaume, mais sous le contrôle d'un conseil de douze représentants de chaque ordre[35].
Ils exigent la destitution des conseillers les plus impopulaires, notamment pour avoirdévalué la monnaie à plusieurs reprises[36], le droit d'élire un conseil pour assister le roi, ainsi que la libération du roi de Navarre.
Le dauphin n'est pas opposé à l'octroi aux états d'un rôle plus important[réf. nécessaire] dans le gouvernement du royaume. En revanche, il refuse la libération de Charles le Mauvais, car le roi de Navarre constitue une menace majeure pour la dynastie des Valois. Pas assez assuré de son pouvoir pour refuser catégoriquement ces propositions, le dauphin ajourne sa réponse en prenant prétexte de l'arrivée de messagers de son père[34]) etajourne les états généraux[Quand ?].
Le, il publie uneordonnance établissant une nouvelle monnaie,ce qui lui permettrait de remplir ses caisses[pas clair] sans passer par les états. Il s'agit d'une réévaluation (de 25 %), ce qui avantage les propriétaires fonciers qui perçoivent des loyers et redevances en monnaie, c'est-à-dire la noblesse, le clergé et le patriciat urbain.
Il quitte ensuite Paris pour Metz, laissant à son frèreLouis le soin de régler les affaires courantes.
Cette ordonnance provoque la colère des couches modestes de la population parisienne, qui voit ses loyers réévalués[37]. Des émeutes éclatent. Étienne Marcel prend le parti des compagnons et des boutiquiers contre la grande bourgeoisieet les spéculateurs[pas clair] qu'il considère comme responsables deses malheurs dans la succession dePierre des Essars[pas clair] et devient maître de la rue[37]. Il peut faire pression sur Louis d’Anjou, qui doit révoquer l’ordonnance et rappeler les états généraux[38],[39] et rappelle les états généraux (3 février1357).
Voyage du dauphin en terre d'Empire (décembre 1356-mars 1357)
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À son retour en mars 1357, il accepte de promulguer une « grande ordonnance », qui esquisse un système de monarchie contrôlée et établit un vaste plan de réorganisation administrative.
Une commission est instituée, chargée de contrôler les agents royaux, particulièrement les collecteurs d'impôts, et de les juger le cas échéant.
Neuf conseillers du dauphin sont révoqués (Étienne Marcel tient sa vengeance contreRobert de Lorris[pas clair])[40], et six représentants des états généraux entrent au conseil du roi, qui devient un conseil de tutelle.
L'administration royale est surveillée de près :les finances, particulièrement les mutations monétaires et les subsides extraordinaires, sont contrôlées par les états[pas clair][41].
De son côté, le dauphin obtient le maintien en captivité de Charles de Navarre.
La libération de Charles de Navarre (novembre 1357) et ses conséquences
Un gouvernement du régent contrôlé par les états avec son assentiment est donc mis en place. Deux conseils cohabitent : celui du dauphin et celui des états. Mais pour les réformateurs et la faction navarraise, cela ne suffit pas : le retour de Jean le Bon libéré pourrait mettre fin à cet essai institutionnel.
Le retour triomphal de Charles de Navarre à Paris (9 novembre-10 décembre)
La libération du roi de Navarre est organisée par Étienne Marcel et Robert Le Coq. Mais, pour ne pas se compromettre ouvertement aux yeux du dauphin, il donne à cette libération la forme d’un coup de force perpétré spontanément par des fidèles du roi de Navarre, les frèresPicquigny)[42]. Charles de Navarre sort de la forteresse d'Arleux le9 novembre.
Son retour à Paris est organisé avec soins : il estreçu avec le protocole réservé au roi[réf. nécessaire] dans les villes qu'il traverse. Le même cérémonial a lieu dans chaque ville d'Amiens à Paris : il est reçu par le clergé et les bourgeois en procession, puis il harangue une foule tout acquise, expliquant qu’il a été spolié et mal traité par Jean le Bon, qui l'a fait jeter en prison bien qu'il soit lui aussi de lignée royale[43]. Le30 novembre, arrivé à Paris, il harangue 10 000 Parisiens réunis par Étienne Marcel auPré-aux-Clercs (actuelVIIe arrondissement, quartier Saint-Germain).
Le3 décembre, a lieu une séance du conseil du roi au sujet de laréhabilitation[pas clair] de Charles de Navarre. Étienne Marcel s'y présente accompagné d'une forte escorte de bourgeois parisiens, sous prétexte d'annoncer que les états, réunis aucouvent des Cordeliers, ont consenti à l'impôt demandé par le dauphin etqu'il ne reste à obtenir que l'accord de la noblesse[pas clair]. Dans ces conditions, le dauphin ne peut que donner son accord à la réhabilitation de Charles le Mauvais[44].
Il est alors prévu que les états se réuniront le14 janvier1358 pour étudier la question dynastique.
Préparatifs politico-militaires du roi de Navarre et du dauphin (décembre 1357-janvier 1358)
Charles le Mauvais utilise ce délai d'un mois pour renforcer sa position en Normandie[45]. Anticipant le retour de Jean le Bon (qui négocie sa libération avec Édouard III), il lève une armée[46] incluant des mercenaires anglais. À la tête de ses troupes, il prend le contrôle de la Basse-Normandie, puis remonte la vallée de la Seine. Un renfort de 1 400 hommes est débarqué à Rouen parson lieutenantMartin Henriquez[Qui ?][47].
Simultanément,il déploie ses talents d'orateur et de mise en scène pour séduire la noblesse et la bourgeoisie normandes[pas clair][45].
Face à lui, le dauphin ne reste pas passif :il organise la défense du pays contre les nombreuxmercenaires qui, faute de solde, pillent le pays[pas clair]. Les maréchaux de Normandie, de Champagne et de Bourgogne viennent à la cour. Le dauphin fait venir du Dauphiné à Paris une armée de 2 000 hommes, sous prétexte de protéger la capitale contre les exactions desGrandes compagnies[48], ce qui met la population en émoi.
Le11 janvier, il s'adresse aux Parisiens auxHalles en expliquant pourquoi il lève une armée, mettant en cause les états pour leur incapacité à assurer la défense du pays malgré l'argent prélevé lors des levées d'impôts.C’est un succès[réf. nécessaire]. Étienne Marcel est obligé d'organiser d'autres réunionsnoyautées par ses partisans[réf. nécessaire] pour le mettre en difficulté[49].
Le14 janvier, les états n’arrivent à s’entendre ni sur la question dynastique ni sur la levée d’un nouvel impôt.On[Qui ?] décide donc une nouvelle mutation monétaire pour renflouer le trésor royal[50].Les esprits[Qui ?] s’échauffent contre les états, pour le plus grand bénéfice du dauphin[50].
L'exécution de l'ordonnance de1357 est vite bloquée.La commission d'épuration est désignée[Quand ?] mais ne fonctionne que cinq mois. Les collecteurs d'impôts nommés par les états rencontrent l'hostilité des paysans et des artisans pauvres. Les six députés entrés au conseil de tutelle sont en minorité et les états généraux manquent d’expérience politique pour contrôler en permanence le pouvoir du dauphin qui, en acquérant du savoir-faire, retrouvel'appui des fonctionnaires[pas clair].
Les déplacements fréquents, coûteux et dangereux à l'époque, découragent les députés de province et les étatssont de moins en moins représentatifs[Quand ?]. Peu à peu, seule la bourgeoisie parisienne vient siéger aux assemblées.
Étienne Marcel constate l'échec de l'instauration par la voie législative d'une monarchie contrôlée, essaie de la faire proclamer par la force. Il ne remet pas en cause la nécessité d'avoir un souverain, mais il cherche à composer avec celui qui lui laissera le plus de pouvoir. Il oscille entre la faiblesse supposée du dauphin et la cupidité de Charles le Mauvais.[pas clair]
Depuis sa résidence londonienne (l'hôtel de Savoie[51]), Jean le Bon désavoue le dauphin et interdit l'application de l'ordonnance de 1357.
Afin d'empêcher une prise du pouvoir par Charles de Navarre, il décide de conclure rapidement les négociations avec les Anglais. Unpremier traité de Londres est signé dès janvier 1358[52]. Il accepte :
Dans une ambiance assez tendue, survient un fait divers extrêmement grave : le trésorier du dauphin,Jean Baillet, est assassiné le par le valet d'un changeur parisien, appréhendé alors qu'il allait se réfugier dans une église.
Il est jugé et condamné à mort. Le dauphin fait de son exécution un exemple[54].
Mais son point de vue ne fait pas l'unanimité : deux cortèges funèbres vont avoir lieu, celui de la victime suivi par le dauphin, celui du meurtrier suivi par la bourgeoisie parisienne[55] et Étienne Marcel.
Le, Étienne Marcel déclenche une émeute en réunissant trois mille personnes qu'il a convoquées en armes[55].
Cette foule rencontre un des négociateurs du traité de Londres, Regnault d'Acy, qui a apporté la nouvelle à Paris. Il essaie de se réfugier dans une boutique, mais y est assassiné avec ses proches.
Au premier plan, le meurtre des deux maréchaux. Au second plan, Étienne Marcel tend un chaperon rouge et bleu au dauphin Charles tandis que ce dernier détourne le regard (Grandes Chroniques de France,BnF,ms. français 2813fo 409 vo, vers 1375-1380).
Puis la foule envahit lepalais de la Cité pour affronter le dauphin[55]. Étienne Marcel et quelques autres de ses partisans parviennent à la chambre où il se trouve. Il lui dit :« Sire, ne vous ébahissez pas des choses que vous allez voir, car elles ont été décidées par nous, et il convient qu'elles soient faites ». Le maréchal de ChampagneJean de Conflans et le maréchal de NormandieRobert de Clermont sont alors tués devant le prince, qui se retrouve couvert de leur sang et croit sa dernière heure venue.
Mais Étienne Marcel l'oblige seulement à coiffer le chaperon rouge et bleu des émeutiers, aux couleurs de Paris, tandis que lui-même coiffe le chapeau du dauphin, puis à reconnaître la validité de l’ordonnance de1357[56]. Le prévôt des marchands épargne le dauphin, persuadé de pouvoir aisément le contrôler (mais c'est une erreur : bien que timide et chétif, Charles va se révéler un homme politique redoutable).
Le dauphin accepte un certain nombre de changements institutionnels, définis par une nouvelle ordonnance. Il obtient le statut de régent du royaume, ce qui permet de ne plus tenir compte des décisions du roi tant que celui-ci reste en captivité[57], ce qui rend caduc le premier traité de Londres.
Le conseil du roi est épuré etquatre bourgeois[Qui ?] y font leur entrée. Le gouvernement et les finances sont aux mains des états[58].
Charles le Mauvais reçoit un commandement militaire et les fonds pour entretenir une armée de 1 000 hommes; .
Pour ratifier cette nouvelle ordonnance, en particulierson contenu fiscal[pas clair], il faut l’accord de la noblesse dont une partie ne veut plus venir à Paris en raison des assassinats commis le 22 février.
L'assemblée de la noblesse se réunit donc àSenlis, ce qui fournit au dauphin une occasion de quitter la capitale, le25 mars[59], laissant la capitale à Étienne Marcel et à ses partisans.
Il rencontre la noblesse réunie à Senlis, puis participe aux états deChampagne qui ont lieu le9 avril àProvins, y obtenant le soutien de la noblesse de cette province et mettantles délégués parisiens[pas clair] en difficulté[60].
Encerclement partiel de Paris par l'armée du dauphin (avril 1358)
Fort de ce succès, il s’empare des forteresses deMontereau et deMeaux. L’accès de Paris est donc bloqué à l'est[60], tandis qu'au sud et à l’ouest, lesgrandes compagnies qui écument le pays empêchent la libre circulation. Il ne reste à Étienne Marcel que l’accès nord, très important pour garder le contact avec les villes de Flandre. Les accès fluviaux sont bloqués.
Le18 avril, Étienne Marcel envoie son défi au dauphin. La ville se prépare au combat : on creuse des fossés, le remblai constituant un talus pour arrêter les tirs d’artillerie. On finance ces travaux par une nouvelle mutation monétaire et en levant un impôt, ce qui diminue la confiance des Parisiens dans le gouvernement des états[61].
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En mai 1358, le dauphin réunit les états généraux àCompiègne[62],[63].
Il s'enquiert des malversations,il veut qu'annuellement les dépenses publiques soient réglées d'après leur emploi respectif[pas clair]. Il prend des mesures pour protéger le commerce et faciliter les échanges : il supprime un grand nombre depéages et de taxes sur les matières textiles ou sur les objets fabriqués ;il permet auxJuifs de posséder desbiens-fonds[pas clair].
En matière fiscale, sont décidées une diminution de moitié de l'impôt sur le sel, une réduction du nombre desgages et des immunités des agents du fisc[64].
Les états généraux décident enfin la levée d’un impôt sous le contrôle des états et un renforcement de la monnaie, qui doit rester stable jusqu’en1359. En revanche, le contrôle du conseil du dauphin par les états est abandonné[65].
La Grande Jacquerie paysanne (28 mai- 10 juin 1358)
À ce moment les régions situées au nord de Paris sont épargnées par les ravages des Grandes Compagnies bien que ni le roi de Navarre ni le dauphin ne les contrôlent militairement. Elles vont être le lieu d'une rébellion paysanne de grande ampleur, quoique courte.
Les Jacques et leurs alliés parisiens sont surpris par une charge de chevalerie à bout portant alors qu'ils donnent l'assaut à la forteresse du marché de Meaux où est retranchée la famille du dauphin. Miniature de Loyset Liédet,BnF, Fr.2643.
La rébellion commence le 28 mai1358 lorsque les paysans deSaint-Leu-d'Esserent, près deCreil (actuel département de l'Oise), excédés par les levées d'impôts décidées à Compiègne, se soulèvent[66]. Leur exemple est rapidement suivi et les exactions contre les nobles se multiplient.
5 000 hommes se regroupent autour d’un chef charismatique,Guillaume Carle, plus connu sous le nom de « Jacques Bonhomme » que lui attribueFroissart. Il reçoit très vite des renforts de la part d’Étienne Marcel (300 hommes commandés par Jean Vaillant)[67], afin d'empêcher l’encerclement que le dauphin est en train de réaliser et de maintenir les communications avec les puissantes villes de Flandre[68].
Le 9 juin, une attaque est menée par les hommes du prévôt des marchands et par un millier de Jacques contre la forteresse deMeaux où se trouvent le dauphin et sa famille[69]. Mais c’est un échec : les assaillants sont balayés par une charge de cavalerie menée par lecomte de FoixGaston Fébus et par lecaptal de Buch,Jean de Grailly[70].
Le roi de Navarre décide alors d'intervenir. Écarté du pouvoir par Étienne Marcel, il doit reprendre la main et montrer au prévôt des marchands que son soutien militaire est indispensable[71] (les marchands peuvent aussi voir d'un bon œil que l'on sécurise les routes[67]). Il est aussi poussé par les nobles de son entourage, particulièrement parJean de Picquigny auquel il doit la liberté et dont le frère a été tué par les Jacques[67].
Il prend la tête de la répression, engageant des mercenaires anglais et ralliant la noblesse. Le10 juin, il s’empare par ruse de Guillaume Carle venu négocier avec lui, puis attaque les Jacques à Mello. C’est un massacre, qui marque la fin de la Jacquerie.
La répression qui s'ensuit est très dure : quiconque est convaincu d'avoir été de la compagnie des Jacques est pendu sans jugement[72].
Une fois laJacquerie écrasée,Charles de Navarre rentre à Paris le14 juin1358[73]. Il pense avoir rallié à lui la noblesse mais une grande partie des seigneurs qui étaient à ses côtés contre les Jacques ne le suit pas dans cette démarche et reste derrière le régent qui a su gagner leur confiance. Charles le Mauvais s’établit àSaint-Denis. Il est fait capitaine de Paris par acclamation et Étienne Marcel envoie des lettres dans toutes les villes du Royaume pour qu’il soit fait « capitaine universel »[73]. L’objectif est de créer une grande ligue urbaine et d’opérer un changement dynastique en faveur du Navarrais.
On engage desarchers anglais pour pallier les nombreuses défections de chevaliers qui ont quitté les rangs de l’armée de Charles le Mauvais etassiègent Paris avec le dauphin à partir du29 juin. Ce dernier se voit encore renforcé par l’arrivée de nombreusescompagnies qui voient dans le pillage de Paris une bonne affaire[74]. Ces troupes remportent quelques escarmouches contre les troupes d'Étienne Marcel ou du Navarrais[75].
Le dauphin veut à tout prix éviter un bain de sang qui le discréditerait et souhaite une solution négociée. Il ne fait donc pas donner l’assaut et continue le blocus en espérant que la situation changera. Mais les mercenaires anglais qui défendent la capitale sont considérés comme ennemis et s’attirent l’inimitié des Parisiens. Le21 juillet, à la suite d’une rixe de taverne qui dégénère en combat de rue,34 archers anglais sont massacrés[76]. Les Parisiens en armes en saisissent 400 qu’ils veulentsoumettre à rançon[76].
Le lendemain, Étienne Marcel,Robert Le Coq et Charles de Navarre réunissent la population place de Grève pour calmer les esprits, mais les événements leur échappent et la foule réclame de les débarrasser des Anglais. Pour maîtriser la foule (8 000 piétons et 1 600 cavaliers en arme), ils la conduisent par groupes distincts vers les mercenaires en embuscade ; ceux-ci taillent les Parisiens en pièces :600 à 700 meurent dans ces affrontements[77],[78]. Les Parisiens suspectent Charles de Navarre d'avoir prévenu les mercenaires de leur arrivée (il les a quittés avant le combat)[79]. Leurs chefs soutenant les ennemis du pays contre le régent et contre la population, les Parisiens se sentent trahis et se désolidarisent d’Étienne Marcel, d’autant que Charles de Navarre attend son frère Philippe et des renforts anglais[80]. La nouvelle du massacre des Parisiens fait vite le tour de la ville, et Étienne Marcel est hué à son retour à Paris[79].
La rumeur enfle rapidement : on dit quePhilippe de Navarre arrive avec 10 000 Anglais. On redoute qu’ils ne vengent leurs camarades et pillent la ville. Préparant l'entrée des Navarrais, Étienne Marcel fait marquer les maisons de ceux qu'il suspecte de sympathie pour le régent, dans la nuit du 30 au31 juillet. Mais les signes sont interprétés, et la suspicion à son égard augmente encore[81]. L'échevinJean Maillart, le président duParlement de ParisJehan Pastoret et Pépin des Essarts convainquent les bourgeois de demander l’aide du régent[82]. Le31 juillet1358, à l’aube, Étienne Marcel en compagnie du trésorier de Charles de Navarre essaye de se faire remettre les clefs de la porte de Saint-Denis mais se heurte au refus de Jean Maillard. N'insistant pas, il tente sa chance à la porte Saint-Antoine, mais Jean Maillart a sonné l'alerte et rameute le maximum de monde : Étienne Marcel surpris est sommé de crier« Montjoie au roi et au duc ». Après hésitation il s'écrie« Montjoie au roi ». Il est apostrophé, la foule gronde. Son sort est déjà scellé : au signal convenu (« Qu'est ce que ceci ? »), il est massacré avec ses suivants[83].
Après la mort d'Étienne Marcel (août 1358-avril 1359)
Charles demande à Jean de Duison, grand prieur des hospitaliers de France, capitaine de la ville et de la vicomté de Paris, de faire abattre toutes les forteresses qui pourraient nuire au Royaume et à la ville de Paris, notamment celle de Bolon. Mandement donné au Louvre, 17 mars 1359.Archives nationales de France.
Le dauphin, qui ne croit plus en une reddition, est en train de se diriger vers leDauphiné quand on lui apprend les nouvelles en provenance de Paris[84]. Escorté par Jehan Pastoret, venu le rejoindre et le prier de rentrer à Paris,Charles V entre dans la capitale le2 août triomphalement, il a les mains propres. Pardonnant aux Parisiens (il n’y a que très peu de répression, seules quinze personnes sont exécutées pour trahison), il veille à ne pas spolier les proches des exécutés tout en récompensant ses alliés. Par exemple, la riche veuve de l'échevin Charles Toussac exécuté le2 août est mariée avec Pierre de Dormans : le dauphin récompenseJean de Dormans (un de ses fidèles) en plaçant son frère et il ne spolie pas l'héritage de la veuve de son opposant[85].
Charles de Navarre qui était stationné avec ses hommes à Saint-Denis échappe au revirement des Parisiens. Il reçoit les renforts anglais amenés par son frère. Ces mercenaires n’ont pas été soldés, ils ont du mal à les tenir et les laissent piller Saint-Denis le3 août[86]. Ils se replient sur leurs possessions de la vallée de la Seine où les capitaines anglais s’installent,rançonnant les campagnes et le trafic fluvial. Les troupes anglo-navarraises tentent d'asphyxier Paris en s'emparant de Melun qui contrôle la Seine en amont de la capitale, de Creil sur l'Oise et de la Ferté-sous-Jouarre sur la Marne. Plus de60 places en Île-de-France sont sous contrôle anglo-navarrais ou de mercenaires bretons quirançonnent la population[87]. Le dauphin n’a pas les moyens de tous les déloger, mais il assiège Melun. Charles de Navarre s'en tire encore par un revirement : il rencontre le dauphin à Pontoise le19 août et annonce qu'il se retire. Cependant ses troupes ne quittent pas les places fortes qu'elles contrôlent continuant à rançonner le pays pour leur compte comme les autres compagnies qui mettent à cette époque le pays à feu et à sang[88]. Faute des ressources nécessaires, le conflit tourne à la guerre froide, le roi, puis le dauphin essayent de neutraliser Charles de Navarre qui reste un dangereux prétendant à la couronne, ou pour le moins à l'instauration d'une puissante principauté qui pourrait s'allier aux Anglais.
En mars1359, tenant compte de l'approche de la fin de la trêve et du fait que le dauphin s'est déclaré régent du Royaume, Jean le Bon cherche à reprendre les rênes du pouvoir et accepte unsecond traité de Londres, encore plus contraignant :
Aux anciennes possessions d'Aquitaine desPlantagenêt, s’ajoutent toutes les terres qui ont un jour appartenu à l'Angleterre : leMaine, laTouraine, l'Anjou et laNormandie ;
Le roi d'Angleterre reçoit l'hommage du duc de Bretagne, réglant ainsi laguerre de Succession de Bretagne en faveur de Jean de Montfort, allié des Anglais ;
La rançon est fixée à4 millions d'écus avec un échéancier plus bref.
Ces conditions représentent plus de la moitié du territoire et plusieurs années de recettes fiscales. Les accepter discréditerait définitivement les Valois, et risquerait de faire sombrer le Royaume dans une nouvelle guerre civile qui offrirait àÉdouard III la couronne de France sur un plateau. Le traité, qui doit rester secret, arrive à la cour des comptes le27 avril1359. Le25 juin1359, passant outre aux ordres de son père, le régent réunit les états généraux qui déclarent que le traité« n’est ni passable ni faisable »[89]. C'est un coup de maître : en passant par les états généraux, il reconsolide le pays contre les Anglais et dédouane son père qui est aux mains d'Édouard III. Il ressort de cette affaire avec un pouvoir raffermi et le pays derrière lui. Mais, pour les Anglais, il s'agit d'une déclaration de guerre : Édouard III débarque en octobre1359 pour prendreReims, la ville dusacre, et imposer à la chevalerie française une nouvelle défaite qui achèverait de la discréditer.
Territoires cédés par la France à l'Angleterre par le traité de Brétigny
Territoire du duché de Bretagne, allié aux Anglais
Possessions de Charles de Navarre
Échaudé par le refus du deuxième traité de Londres,Jean le Bon a repris les choses en mains. Le danger d’une prise de pouvoir par les Navarrais ou par les états étant écarté, le roi veut neutraliser au plus vite le dauphin (il craint particulièrement qu'une action d'éclat entraîne la mort du roi d'Angleterre qui menacerait sa sécurité). Alors qu’Édouard III chevauche les terres du village deSours, en France, les rênes du pays sont reprises par son éminence grise Guillaume de Melun, qui met le dauphin en résidence surveillée et dirige le conseil[92]. Le parti royal négocie à la va-vite sur la base du premier traité de Londres, alors que l’armée anglaise est en déroute, évitant que le seul dauphin bénéficie de ce succès.
Par rapport au premier traité de Londres, la rançon est ramenée de4 à 3 millions d’écus, mais les conditions sont très lourdes et le traité est perçu comme honteux. Cet accord met un terme aux quatre années de captivité de Jean le Bon, mais des otages sont livrés pour garantirle paiement de la rançon, dont le plus important est sans doute son ambassadeur et conseiller :Bonabes IV de Rougé et de Derval.
Charles a besoin de temps pour réorganiser le pays et mettre fin à l'instabilité qui y règne. La rançon ne sera que partiellement versée et letraité de Brétigny ne sera pas durable, mais il permet une trêve de neuf ans.
Son père nomme CharlesLieutenant général en toutes les parties de lalangue d'oïl le. En 1364, ayant regagné l'Angleterre, il le nomme à nouveau son lieutenant et lui assigne leduché de Touraine.
Le dauphin lève un impôt direct, lefouage, pour organiser la défense du duché. Il peut ainsi financer une flottille de guerre qui protège les échanges entre Paris et Rouen[94]. Depuis 1362, il peut compter surBertrand du Guesclin pour défendre la Basse-Normandie. Il rachète le donjon deRolleboise, qui contrôle la Seine, à Jean Jouël, un capitaine anglais qui l'a pris en son nom pour le compte d’Édouard III[93]. Les paysans le rasent pour empêcher qu'il serve à nouveau de base pour de nouvelles exactions.
Mais le danger le plus menaçant resteCharles de Navarre : en1363, Jean le Bon confie àPhilippe le Hardi enapanage le duché de Bourgogne, vacant depuis la mort dePhilippe de Rouvre en1361, évinçant le Navarrais pourtant bien placé héréditairement[95]. Ce dernier, profitant du retour du roi à Londres pour tenter une nouvelle fois de faire valoir ses droits à la couronne, masse une armée en Basse-Normandie[96]. Sur instruction de son père, le duc prend les devants : du Guesclin attaque les forteresses navarraises, prenant Mantes et Meulan les7 et 11 avril, et prend le contrôle de la Seine[97]. Pour éviter queBlanche de Navarre, sœur de Charles le Mauvais, n’ouvre les portes de Vernon, Pontoise, Neauphles, Chateauneuf-de–Lincourt, Gisors ou Gournay, le dauphin marche sur Vernon où elle est retranchée et négocie sa neutralité dans le conflit qui l’oppose aux Navarrais. Il nomme les capitaines qui contrôleront les châteaux et leur fait jurer qu’ils ne feront pas la guerre contre lui[98].
Retour de Jean le Bon en Angleterre,Grandes Chroniques de France de Charles V.
En1362, après ledésastre de Brignais où les Grandes Compagnies infligent une défaite amère à l'armée qu'il a pu réunir avec l'argent des impôts,Jean le Bon, voyant un pays ruiné à feu et à sang, cherche une porte de sortie. Envisageant de reconquérir son honneur en croisade contre les Turcs, il reçoit la croix d’Outremer des mains d'Innocent VI, pape à Avignon, le30 mars1363[99]. Cette croisade financée par le pape permettrait d’emmener les Grandes Compagnies se battre contre les Turcs et serait financée par lesdécimes, le roi comptant bien en récupérer une partie pour financer le remboursement de sa rançon. Mais le pape impose que les décimes soient prélevées par les évêques eux-mêmes, ce qui ôte tout espoir de plus-value à Jean le Bon[100]. Finalement, il repart pour Londres le pour renégocier letraité de Brétigny pour lequel il a du mal à payer la rançon et la libération des otages (son filsLouis d’Anjou, lassé d’attendre sa libération, s'est déjà enfui de Londres)[101].
Avant de partir, il réunit les états àAmiens fin décembre1363 pour leur faire part de sa décision[101]. Le dauphin, convié et recevant l'instruction d'attaquer Charles le Mauvais avant qu'il ne mette en branle les troupes qu'il masse en Normandie, y obtient de pouvoir lever l'impôt nécessaire pour lever 6 000 hommes pour lutter contre les Grandes Compagnies. Jean le Bon meurt à l'hôtel de Savoie, à Londres, le.
Son éviction de la succession de Bourgogne au profit de Philippe le Hardi en septembre 1363 est pour Charles de Navarre inacceptable. En 1364, Jean le Bon, libéré à la suite du traité de Brétigny, est retourné se constituer prisonnier en Angleterre car son filsLouis laissé en otage pour garantir lesaccords de Brétigny s'est échappé. Comme le dauphin Charles doit assurer la régence, Charles le Mauvais croit alors en son étoile. Il se lance dans des tractations diplomatiques qui laissent clairement entrevoir ses intentions. Il rencontre lePrince Noir à Bordeaux. Il négocie la paix avecPierre IV d'Aragon, lui promettant des terres appartenant au roi de France : le Bas-Languedoc, les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne (mais son frère Louis combat côté castillan ce qui ralentit les négociations qui ne sont finalisées qu'en août 1364)[102]. Pour prendre à revers le duché de Bourgogne, il recrute des troupes parmi les Grandes Compagnies. Il fait même broder sa bannière aux armes de France et de Navarre[102].
Les Valois ne sont pas dupes et prennent les devants. Le dauphin Charles, averti par son père avant de repartir se constituer prisonnier à Londres, lance l'offensive : les forteresses normandes du Navarrais sont conquises par du Guesclin, Charles le Mauvais contre-attaque, et tente d'empêcher le sacre de Charles en lui coupant la route de Reims[103].Bertrand du Guesclin, à la tête de l'armée levée grâce aux impôts votés par les états généraux de1363, lui reprend, en avril 1364, les villes deMantes et deMeulan puis le bat le à labataille de Cocherel, ce qui met fin à la guerre civile et rétablit l'autorité royale aux yeux de la population, montrant que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre ont été suivis d'effets sur le terrain[104], et permet le sacre du roi de France le dans lacathédrale de Reims. Le nouveau roi prend alors une décision qui marque clairement sa volonté politique : les prisonniers français pris à Cocherel sont décapités et non mis à rançon comme il est d'usage dans la guerre féodale. Ce qui signifie que la guerre privée contre le roi est à présent considérée comme de la trahison[105].
Depuis1341, la maison de Montfort, soutenue par l'Angleterre, et la maison deBlois, protégée par la France, se disputent le duché de Bretagne. Les Anglais occupent Brest depuis1342, mais la situation était bloquée depuis la mort deJean de Montfort en 1343. En 1363, son filsJean IV rentre en Bretagne après avoir été éduqué à la cour d'Édouard III qu'il n'apprécie guère : il escompte s'entendre avecCharles de Blois pour obtenir la paix et le partage de la Bretagne[106]. MaisJeanne de Penthièvre ne l'entend pas de cette oreille et relance le conflit, rejetant Jean IV dans le camp anglais[106]. La guerre reprend donc en 1363 où Charles de Blois secondé parBertrand du Guesclin remporte quelques succès, mais, quand son stratège doit le quitter pour se rendre maître des places fortes navarraises en Normandie, son avancée s'arrête : il assiège en vainBécherel[106]. L'occasion est belle de négocier un accord àÉvran, mais Jeanne de Penthièvre fait capoter une nouvelle fois les négociations[106].Jean IV peut alors s'organiser et en septembre1364, assiègeAuray avec l'AnglaisJohn Chandos. Ils vainquentCharles de Blois etBertrand du Guesclin arrivés au secours des assiégés à labataille d'Auray, le[107]. Cette bataille marque la fin de ce long conflit : Charles de Blois y est tué et Jeanne de Penthièvre se retrouvant veuve voit sa cause s'effondrer. La paix est avalisée le par lepremier traité de Guérande qui établit Jean IV comme héritier légitime[107]. Il ne repousse pas totalement les prétentions desPenthièvre, puisqu'il établit ainsi la loi successorale en Bretagne :
le duché se transmettra de mâle en mâle dans la famille des Montfort ;
en cas d'absence de descendance mâle, il passera aux mâles de la famille de Penthièvre.
en recevant son hommage en décembre 1366 (qui n'est qu'unhommage simple et non unhommage lige), il fait reconnaître la souveraineté de la France sur la Bretagne, même si dans les faits le duché est très autonome ;
Il consolide l'introduction de la masculinité dans le droit successoral, délégitimant ainsi les prétentions d'Édouard III à la couronne de France[107].
Une fois que la situation des Grandes Compagnies est devenue inconfortable sur le sol français, il est plus facile de les convaincre de les envoyer combattre sous d'autres cieux. Laguerre de Succession de Bretagne ayant pris fin avec labataille d'Auray de nombreux Bretons démobilisés viennent grossir les rangs des Grandes Compagnies. Charles V paye donc la rançon deBertrand du Guesclin, capitaine breton respecté et lui confie la mission de les emmener combattre enCastille pour le compte de son alliéHenri de Trastamare. Cela a un double effet : débarrassé des Grandes Compagnies, l’économie du pays se relance, et entraîne bientôt le prince de Galles dans un conflit ruineux contre son allié. En décembre1367, revenu victorieux de Castille mais exsangue, ce dernier lâche ses mercenaires aux frontières de la Guyenne. Marchant sur Paris, ces derniers sont repoussés par les Français. Mais cet acte est considéré comme uncasus belli et il va relancer la guerre[110].
Charles V chargeBertrand du Guesclin de rassembler les Grandes Compagnies et de les mener en Castille. La croisade arrive en Catalogne en janvier 1366 et obtient de rapides succès.Henri de Trastamare est couronné le[113].
Rapidement chassé du trône castillan,Pierre le Cruel prépare son retour. En toute logique, il trouve des alliés chez les adversaires de la France et peut s'appuyer sur le Prince noir etCharles le Mauvais. Il active son alliance anglaise, promettant au Prince noir de financer le conflit[113]. Ce dernier lève donc une armée embauchant les Grandes Compagnies qui ravagent le Languedoc[113]. Charles le Mauvais, roi de Navarre, autorise le passage de cette armée. Elle franchit le col de Roncevaux enfévrier 1367. Henri de Trastamare lui barre la route àNájera et livre combat aux archers anglais contre l’avis de Bertrand du Guesclin le[114]. L’arc long anglais y est une fois de plus décisif : les Franco-Castillans, écrasés sous une nuée de flèches, sont taillés en pièces. Bertrand du Guesclin est fait prisonnier. Henri doit de nouveau s'enfuir en France etPierre le Cruel reprend le pouvoir. Cependant le roi de France tire plusieurs bénéfices de l’expédition castillane : d’une part, il est définitivement débarrassé des Grandes Compagnies qu’il avait engagées avec l’argent du pape et, d'autre part, cette victoire coûte très cher aux Anglais, car Pierre le Cruel n’a pas les moyens de payer l’armée qui l’a remis sur le trône. C’est ruiné et devant se débarrasser des Grandes Compagnies que le Prince noir regagne l’Aquitaine.
Pierre le Cruel n'ayant pas versé les contreparties promises au Prince Noir dans letraité de Libourne, les troupes anglaises retournent enGuyenne, laissant le champ libre à Henri de Trastamare, toujours allié du roi de France par letraité d'Aigues-Mortes. En1367, Henri et du Guesclin assiègentTolède et battent l'armée de Pierre le Cruel arrivée en renfort lors de labataille de Montiel.
Pierre le Cruel et Henri de Trastamare s'affrontent en un combat singulier dont la conclusion est la mort de Pierre de Castille. Henri devient roi de Castille sous le nom d'Henri II, et la couronne de Castille passe des mains de lamaison d'Ivrée à celle de Trastamare. La France dispose désormais d'un allié à la tête du royaume de Castille. Cet allié se révèle tout à fait décisif lors de labataille de La Rochelle, en1372, qui voit l'anéantissement de la flotte anglaise par l'alliance franco-castillane.
Cette armée peut être levée en janvier 1364 grâce à l'impôt consenti par les états généraux réunis à Amiens. Menée par Bertrand du Guesclin, elle remporte immédiatement sa première grande victoire àCocherel. Son efficacité doit être prouvée pour justifier son financement par des impôts : le nombre de combattants et la qualité de leur équipement sont contrôlés par des fonctionnaires, et la solde n’est versée qu'une fois par mois, lors de lamontre, uniquement si l’équipement est satisfaisant. Il faut que ces armées soient extrêmement mobiles et très réactives : elles sont montées bien que combattant à pied. Elles sont informées par des chevaucheurs et messagers qui font la liaison entre le roi et le front.
Pour prendre rapidement les forteresses, uneartillerie importante est formée : en 1375, le château deGeoffroy de Harcourt capitule sous le feu de40 canons[117].
Le roi de France envoie Thibaut de Hocie en1368 nouer des alliances espagnoles. Il échoue enAragon. MaisHenri II, le nouveau souverain de Castille, fortement soutenu par Charles V dans la guerre de succession qu’il mène contre son demi-frèrePierre le Cruel, est un allié indéfectible et un farouche ennemi des Anglais qui ont, eux, soutenu son rival. Thibaut de Hocie revient donc avec un solide traité d’alliance, précieux après la victoire deMontiel et la victoire définitive sur Pierre le Cruel[121].
En 1371, Charles V réactive laAuld Alliance et obtient également le soutien des Écossais, après leur avoir promis qu’il n’y aurait plus de paix sans leur accord, comme ce fut le cas àBrétigny[122]. De même, il soutientOwain Lawgoch, prétendant à laprincipauté de Galles réfugié à sa cour, et pourra compter sur lui lors de la reconquête[123]. Il cherche à obtenir la suprématie maritime pour couper l’arrivée de renforts anglais en Aquitaine, d'où l'importance de pouvoir compter sur les flottes castillane et galloise et de se rapprocher du roi du Danemark.
L’isolement diplomatique des Anglais implique également la neutralisation de leurs alliés. Charles le Mauvais est la première menace pour la couronne de France : il est vaincu àCocherel en 1364 et Charles V fait pression sur sa sœurJeanne, l'épouse de Charles le Mauvais, pour que ses forteresses ne puissent être utilisées par les troupes de son beau-frère rival[98]. Il propose dès 1365 d’échangerMantes,Meulan etLongueville contreMontpellier. Les négociations durent5 années, durant lesquelles le Navarrais tente d’obtenir un traité d’alliance perpétuelle avec les Anglais. Mais ceux-ci sont rendus méfiants par les revirements incessants du Navarrais.
Constatant que la Navarre est cernée par l’alliance franco-castillane et que les Anglais sont en difficulté, il revient en France pour signer, le, un traité par lequel il accepte les conditions de1365 et fait hommage lige pour toutes les terres qu’il détient en France, ce qu’il avait toujours refusé[124].
Charles, du fait des événements de 1358 et de sa difficile prise de pouvoir, comprend qu’un souverain doit avoir le soutien de ses sujets. Il doit reconquérir les cœurs avant les territoires perdus autraité de Brétigny. S’il doit reprendre ces terres, c’est dans son bon droit et avec le soutien de la population qui l’accepte comme souverain.
C’est une lente procédure juridique qui relance la guerre. Le prince de Galles, Édouard de Woodstock (le Prince Noir) qui revient vainqueur mais ruiné de Castille, ne peut solder ses troupes, il doit donc lever des impôts sur son duché d’Aquitaine qu’il dirige en principauté. Il le fait sous forme d’unfouage par ordonnance du[126]. Mais certains seigneurs n’ont accepté qu’à contrecœur le changement de suzeraineté imposé par letraité de Brétigny et en particulierJean d’Armagnac qui était proche deJean le Bon. En décembre1367, revenu ruiné d'Espagne où son armée a combattu pour le Prince noir son suzerain, il lui réclame en vain les 200 000 florins que le prince anglais lui devait pour payer ses hommes[127].
« Mandons notre beau cousin, le duc Édouard d'Aquitaine, de moult vaillance et valeur reconnue, à se rendre en notre bonne ville de Paris à propos de certaines affaires pour présenter sa défense à nous, Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, et son suzerain.
Le prince Édouard fut comme hébété et dolent de ce langage. Il finit par se lever, furieux, et déclara au héraut du roi :
— Nous irons à Paris, s'il le faut, mais ce sera bassinet en tête et avec 60 000 hommes d'armes ! »
Froissart, dans ses chroniques, rapporte ces mots révélateurs :
« Lors les barons anglais dirent à Édouard que le roi de France était un sage et excellent prince, et de bon conseil.Jean de Gand, le duc de Lancastre, fils du roi Édouard, s'empourpra et lança avec mépris :
— Comment ? Ce n'est qu'un avocat !
Lorsque le roi Charles le Cinquième apprit ces paroles, il rit, et déclara d'une voix joyeuse :
— Soit ! Si je suis un avocat, je leur bâtirai un procès dont ils regretteront la sentence ! »
Charles V tourne le conflit à son avantage. Ayant en mémoire ladébâcle de Poitiers où la chevalerie a chargé de manière désordonnée sans attendre les ordres de son pèreJean le Bon, transformant une victoire facile en désastre, et considérant qu'il n'a pas de talent militaire, il décide de confier le commandement de petites armées formées de volontaires aguerris à des chefs expérimentés et fidèles (commeBertrand du Guesclin). Il renonce aux batailles rangées et les lance dans une guerre d’escarmouches et desièges, grignotant patiemment le territoire ennemi. Les Grandes Compagnies, qui, revenues d’Espagne en 1367, pillent le Languedoc, sont incorporées dès 1369 à l’armée française, ce qui soulage les territoires qui choisissent detourner français et met sous pression ceux qui restent fidèles au prince de Galles[132].
Pendant ce temps, au nord, lePonthieu est repris en une semaine : le 29 avril,Abbeville ouvre ses portes à Hue de Châtillon (maître desarbalétriers), et les jours suivants les localités voisines reviennent sous l'autorité du roi de France, qui confirme leurs privilèges[140].
Les Anglais, attaqués de toutes parts et pris de court en 1369, contre-attaquent. Dans les premiers mois de 1370, les Français continuent à avancer dans les plaines de laGaronne sur deux axes :Agen,Villeneuve-sur-Lot,Pujols,Penne,Fumel etPuymirol au nord etTarbes,Bagnères etVic-en-Bigorre au sud se soumettent au roi de France[141]. Le duc de Berry entre dans Limoges le, accueilli par les habitants en liesse (l'évêqueJean de Cros a négocié le ralliement de la ville). Mais il quitte la ville le jour même, ne laissant que quelques hommes d'armes, alors que la garnison anglaise est restée retranchée autour du château vicomtal[142]. Le prince de Galles fait payer très cher leur ralliement aux Limougeaux : le19 septembre, après5 jours de siège pendant lesquels les murailles sont sapées et minées, il reprend la ville, épaulé par les ducs de Lancastre et de Cambridge, et fait massacrer la population puis incendier la cité[141]. L'objectif est de faire un exemple dissuasif pour arrêter l'hémorragie de villestournant françaises, mais c'est l'effet inverse qui se produit : cette conduite encourage l'anglophobie et renforce le sentiment national naissant[143].
Le roi de Castille est allié à Charles V, d'autant que celui-ci l'a aidé à renverserPierre le Cruel, mais ce sont les revendications des couronnes de Castille et de Léon en 1372 parJean de Gand, gendre de feu Pierre le Cruel, qui le décident à se jeter dans le conflit. La flotte castillane intercepte le corps expéditionnaire anglais àla Rochelle le et l'anéantit le 23, usant de canons et de brûlots dérivants (il a attendu la marée basse pour que ses navires à faibles tirant d'eau aient un avantage sur les lourds bâtiments anglais gênés à la manœuvre par les hauts fonds sablonneux rochelais)[149]. C'est un désastre pour l'Angleterre, qui perd la maîtrise des mers.
La campagne pour la reconquête du Poitou, de l'Aunis, de la Saintonge et de l'Angoumois commence aussitôt après labataille de La Rochelle. Mais la reconquête ne se fait pas facilement : les barons poitevins ont massivement choisi le parti anglais (le Poitou exporte du sel vers l'Angleterre)[150]. L'armée royale assiège la forteresse deSainte-Sévère-sur-Indre, qui capitule le31 juillet. Pendant ce temps, Montcontour est repris, puis Poitiers ouvre ses portes à Du Guesclin le7 août.
Les forces françaises progressent le long de la côte, vers le sud. Lecaptal de Buch est capturé le23 août alors qu'il allait secourirSoubise assiégée : son armée est interceptée par la flotte galloise et castillane qui remonte laCharente. Les îles deRé et d'Oléron font leurs soumissions le26 août, mais les barons poitevins restent fidèles aux Anglais et se retranchent dansThouars.
Du Guesclin continue à progresser le long du littoral jusqu'à La Rochelle, qui est prise le8 septembre. Ainsi isolées, les villes se rendent tour à tour :Angoulême (la capitale du Prince Noir) etSaint-Jean-d'Angély le20 septembre,Saintes le 24[151].
Si letraité de Guérande a clos le problème de la succession, il ne règle pas le contentieux franco-breton. La noblesse bretonne tend à la neutralité après le long conflit qui a déchiré le duché. MaisJean IV a des accords à respecter et, s'il épouse une sœur puis une belle-fille duPrince Noir, il temporise pour accepter le traité d'alliance qui était prévu dès 1362 avec le roi d'Angleterre. En 1369, dès le début de la reconquête, des renforts anglais (400 hommes d'armes et400 archers) conduits par les comtes dePembroke,Jean de Hastings, et deCambridge,Edmond de Langley, débarquent àSaint-Malo et rejoignent lePoitou et laGuyenne après avoir recruté quelques compagnies[152]. L'alliance finit par être ratifiée à la réprobation de la noblesse bretonne alors que300 archers et300 hommes d'armes anglais ont débarqué àSaint-Mathieu-de-Fineterre en 1372[152]. Aussitôt, une troupe française commandée par deux Bretons (Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson) entre dans le duché, provoquant le rembarquement précipité des Anglais[153].
En 1375,Jean IV de Bretagne débarque à Saint-Mathieu-de-Fineterre avec 6 000 hommes sous le commandement du comte de Cambridge[117]. Le succès est rapide mais éphémère : à peine latrêve de Bruges signée entre Français et Anglais que les troupes anglaises quittent la Bretagne et que les places bretonnes retournent françaises[117]. Jean IV doit retourner en Angleterre.
La guerre étant arrivée à unstatu quo où il devient difficile de faire bouger les lignes, les deux partis sont réunis à Bruges. Mais ils n’arrivent cependant pas à trouver un point d’accord. Sous l'influence deGrégoire XI, les belligérants signent le une trêve qui dure jusqu'en juin1377. À la signature de latrêve de Bruges, les Anglais ne possèdent plus en France qu'une Guyenne étriquée et Calais ; la France récupère leduché de Bretagne à l'exception de trois villes.
Durant cette trêve se produisent deux événements qui contribuent à éloigner la menace que font peser les prétentions dynastiques anglaises sur la couronne de France. En1376 meurtle Prince Noir, héritier du trône d'Angleterre. En1377 disparaît à son tourÉdouard III. Le nouveau roiRichard II a10 ans, l'Angleterre entre dans une période de troubles[n 1] qui empêche les Anglais de reprendre sérieusement les hostilités en France avant l'avènement d'Henri V.
Jean de Vienne réorganise la flotte (il remplace Aimery de Narbonne en décembre 1373). Il nomme un maître duclos aux galées chargé de l’achat, de la construction et de l’entretien des navires dans tous les ports royaux[157]. En 1377, la flotte royale compte120 navires de guerre dont35 vaisseaux de haut bord équipés d’artillerie lourde[157] (contre seulement 10 en 1376[158]). En 1379, elle compte21 navires de plus, auxquels il faut ajouter huit galères castillanes et cinq portugaises[158]. Il instaure une stratégie de raids côtiers dévastateurs, pendant maritime deschevauchées anglaises[159]. De 1377 à 1380, une dizaine de ports anglais dontRye,Hastings,Dartmouth,Plymouth, Wight,Winchelsea, Lewes,Portsmouth ouYarmouth subissent des raids franco-castillans[157]. Londres est mise en état d’alerte à plusieurs reprises[157]. Mais, comme les chevauchées, ces raids, s'ils permettent de peser sur l'économie adverse et sur le moral des populations, ne permettent pas de reprendre du terrain à l'adversaire.
Dans la pratique, la trêve de Bruges se termine à la Saint-Jean 1377, et les Anglais sont immédiatement attaqués sur tous les fronts : par mer (avec un premier raid en juillet et un deuxième en août), en Bretagne et en Guyenne[159]. Louis d'Anjou et Du Guesclin, chacun à la tête d'une armée progressant sur une rive de laDordogne, reprennentBergerac,Saint-Émilion,Libourne etBlaye. Mais, bousculés, les Anglais parviennent à tenir leurs ports et restent maîtres deBordeaux,Bayonne,Brest,Cherbourg etCalais, leur permettant de débarquer des troupes à leur guise[160].
La visite est l'occasion de montrer que le roi de France est l'égal de l'empereur (le protocole est étudié minutieusement pour cela), pour asseoir la couronne des Valois. L'empereur, après avoir entendu l'historique de laguerre de Cent Ans, soutient son neveu, condamne l'Angleterre, et considère publiquement la reconquête comme juste[163]. La paix avec l'Angleterre n'est pas obtenue mais l'empereur en légitimant la reconquête affirme la souveraineté des Valois sur ces territoires.
En refusant d'accepter le principe d'une supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel,Philippe le Bel a empêché l'instauration parBoniface VIII d'unethéocratie en Europe[164]. Depuis1309, les papes résidant enAvignon sont majoritairement français (généralement proches du roi de France), et nomment des Français commelégats et gouverneurs des provinces ecclésiastiques d’Italie. Or, les Français ne sont pas familiers des affaires locales et sont détestés des Italiens.Grégoire XI commet l’erreur de perpétuer cette mauvaise habitude. À sa mort, les Italiens spoliés fomentent desémeutes pour influer sur le vote et faire élireUrbain VI, le.
Depuis la défaite de Cocherel en1364, les désirs de Charles de Navarre de ceindre la couronne de France sont compromis. Il se tourne alors vers l'Espagne, et a de longs démêlés avecPierre le Cruel etHenri de Trastamare, qui se disputent laCastille. Engagés contre le roi de CastilleHenri II, dit Henri de Trastamare (qui sera empoisonné en 1379 à son instigation), les troupes du Navarrais défaites n'ont d'autre issue que d'appeler les Anglais à la rescousse[170]. C'est une aubaine pour le jeuneRichard II d'Angleterre, qui comprend aussitôt l'intérêt d'une telle alliance. Le roi de Navarre, qui possède le comté d'Évreux et le Cotentin, peut, en contrepartie de renforts, mettre à la disposition des Anglais le port deCherbourg. L'accord est conclu en février1378. En échange d'une troupe de 1 000 hommes (500 archers et500 hommes d'armes), Charles de Navarre cède Cherbourg àRichard II pour trois ans[170].
Fin mars 1378, le comte de Foix, qui dispose d'un efficace réseau d'espions, informe Charles V que son cousin Navarre négocie un accord secret avec les Anglais[171]. Grâce à ces informations, le chambellan de Charles le Mauvais,Jacques de Rue, est arrêté alors qu'il se rend à Paris. La perquisition de ses effets permet de découvrir les instructions confiées par son maître. Le Navarrais, écarté des affaires françaises depuis 1364, n'a pas pu faire grand-chose contre les exactions continues des garnisons anglo-gasconnes qui défendent depuis 1355 ses forteresses normandes. Grâce à sa politique énergique contre les Grandes Compagnies et les occupants anglais, c'est Charles V qui apparaît comme le protecteur et donc le souverain de la Normandie[172]. L'occasion est belle de mettre Charles de Navarre hors d'état de nuire et de récupérer ses possessions normandes. Pour que cette réaffirmation de souveraineté soit bien acquise par tous, il importe de bien mettre à jour les griefs que la couronne a contre le Navarrais : il y aura donc un grand procès avec le plus de publicité possible[173]. Pris au piège, le chambellan passe aux aveux. Outre l'affaire de Cherbourg, Jacques de Rue confesse un projet de mariage entre Richard II et une infante de Navarre, confirme la rumeur du complot visant à empoisonner Charles V[174].
La réaction est alors foudroyante : la trahison et la tentative de régicide étant clairement établies, toutes les possessions de Charles de Navarre sont attaquées simultanément. En Normandie, les hommes de du Guesclin investissent tour à tour Conches, Carentan, Mortain, Avranches[170]. La forteresse de Bernay, tenue parPierre du Tertre, le secrétaire du Navarrais, résiste un temps. Mais ce dernier n'a d'autre idée que d'obtenir une reddition honorable et de sauver sa vie. Il rend les armes le20 avril. Mais Cherbourg résiste et reste aux mains des Anglais. Le20 avril, Montpellier, possession du roi de Navarre depuis 1371, est occupée par les troupes royales, alors que les Castillans se préparent à attaquer Pampelune, capitale du royaume navarrais.
Tout l'édifice de Charles le Mauvais s'effondre en même temps que ses rêves de pouvoir. L'épreuve n'est pourtant pas finie. Le roi de Navarre doit encore essuyer l'humiliation du procès de ses hommes de confiance et la révélation publique de ses crimes. Cependant, Charles V veille à ne pas s'aliéner les Navarrais : il rencontre l'infantCharles à Senlis. Ce dernier, comme doit le faire un seigneur loyal, prend la défense deJacques de Rue. Le roi l'avertit que les châteaux de son père vont être saisis, mais que l'infant ne sera pas privé du revenu de ses terres[170].
La reine meurt le, après avoir mis au monde Catherine. Selon tous les chroniqueurs de l'époque, le roi est très affecté car, bien que leur mariage ait été arrangé, l'amour que se portait le couple royal n'en était pas moins sincère[161]. Le corps de la reine est inhumé à Saint-Denis à côté de la place prévue pour le roi. Son cœur est, lui, conservé dans l'église des célestins[161].
En 1379, le Languedoc se révolte contre les impôts devenus de plus en plus lourds. En effet, la diminution de la démographie entraîne une hausse des taxes : unfouage de 12 francs par foyer est décidé[180]. Or, cette province est l'une des dernières encore saignées par les Grandes Compagnies lesquelles tiennent encore quelques forteresses du Massif central. À Nîmes, les commissaires envoyés par Louis d'Anjou sont massacrés[181]. Ce dernier réagit par une démonstration de force : les Nîmois doivent supplier publiquement sa clémence (il les a fait condamner à mort) pour qu'il commue leur peine en une amende de 130 000 francs[182].
Le roi Charles est plus clément. Il institue l'appel contre les abus, crée la Chambre du Trésor, et supprime des impôts lourds en1379 par souci d'apaisement[182].
Son conseillerPhilippe de Mézières essaye d'organiser unecroisade qui serait menée par Charles, mais le roi la refuse, arguant de sa mauvaise santé. En fait, il a décidé qu'il n'épuiserait pas les forces du royaume régénéré par une quête chimérique.
Détail du gisant de Charles V à labasilique Saint-Denis, aux côtés du monument aux entrailles de Jeanne de Bourbon.
Charles V meurt le àBeauté-sur-Marne, sa résidence préférée, affaibli par la mort de sa femme survenue deux ans plus tôt. Le roi succombe vraisemblablement à un accident coronarien aigu[n 2], en pleine épidémie depeste, loin de ses filsCharles etLouis qui ont été mis à l'abri à Melun[184].
Le franc n'est pas une invention de Charles mais de son père et de son conseil. Prisonniers à Londres, Jean le Bon et ses conseillers constatent les bienfaits d’une monnaie forte. Ils préparent donc les réformes nécessaires et Jean le Bon crée lefranc, le, sur le chemin du retour à Paris[187]. Il s’agit d’une monnaie à très forte teneur en or (3,88 grammes d'or fin), valant unelivre et dont le nom indique qu’il ne s’agit pas d’une monnaie au titre dévalué[188]. Il montre le roi chargeant à cheval dans la droite ligne de l’idéal chevaleresque : l’objectif est de restaurer l’autorité royale en mettant fin auxmutations monétaires qui ont entraîné de nombreuses dévaluations pendant toute la première moitié duXIVe siècle[104]. Une monnaie forte constitue la demande principale des états généraux, illustrée par la théorie élaborée parNicolas Oresme. L’abandon des mutations monétaires prive l’État d’une source importante de revenus. Pour payer la rançon, le conseil du roi compte sur la fiscalité indirecte : l’ordonnance de Compiègne du institue une taxe de 5 %, prélevée sur tous les échanges[189]. Ce choix favorise la noblesse qui n’est pas touchée par cet impôt et plus généralement les propriétaires fonciers (clergé, noblesse et grand patriciat urbain) dont les revenus sont calculés en monnaie de compte. En revanche, le commerce, l’agriculture et l’industrie sont durement pénalisés et l’économie est ralentie par cette mesure. De la même manière, les locataires et paysans qui doivent payer aux propriétaires une somme fixe sont très pénalisés par le renforcement monétaire.
La politique desapanages a été imaginée comme une décentralisation pour améliorer la gestion des provinces éloignées de la capitale. Ces dernières sont possédées par la famille proche du roi, et reviennent à la couronne en l'absence d'héritier mâle, ce qui évite d'en perdre le contrôle après un mariage. Les princes reçoivent leurs finances des impôts permanents récoltés par le roi, ce qui permet à celui-ci de les garder théoriquement sous contrôle. Chaque apanage lève une armée comprenant chevaliers et troupes envoyées par les villes, voire des paysans, et peut ainsi chasser lesGrandes compagnies qui ravagent le pays et relancer l'économie. Dans un deuxième temps, les impôts rentrant, ces armées sont professionnalisées et soldées en permanence, ce qui permet la reconquête des terres concédées au traité de Brétigny. L'autorité du roi et des princes en sort donc renforcée et les levées d'impôts sont justifiées.
Dès leXIIIe siècle, on prend conscience de l'importance des forêts[197]. D'une part, le bois se raréfie et se renchérit du fait des défrichages intensifs réalisés en Occident depuis leXe siècle. Le bois est, au début du Moyen Âge, le principal combustible et matériau de construction[198], disponible aisément à proximité immédiate et facile à transporter parflottage. Le renchérissement du bois a conduit à une utilisation plus systématique de la pierre pour la construction et le charbon comme combustible industriel[199] (principalement pour les forges). D'autre part, la forêt menace de ne plus remplir son rôle nourricier pour la population et de terrain de chasse pour la noblesse. Les autorités prennent donc des mesures pour mieux contrôler les défrichages. Charles V s'inscrit dans cette démarche en promulguant en 1376 une ordonnance de52 articles sur les forêts, élaborée sur son ordre par laChambre des comptes après une enquête minutieuse[200]. Les forêts royales sont confiées à6 maîtres forestiers devant inspecter2 fois par an les forêts dont ils ont la charge[200]. Ils doivent en décrire l'état et en présenter la situation comptable à la Chambre des comptes, y compris les amendes perçues par leurs sergents[200]. Ils sont payés400 livres annuelles et en livraisons de bois[200]. À l'échelon subalterne sont institués desgruyers et des verdiers (gardes forestiers). Une exploitation forestière régulière placée sous haute surveillance est aussi instituée[200].
Politiquement, l'affaire a aussi pour objet de débarrasser leConseil du roi des Meluns (ils y sont depuis Jean le Bon) devenus trop puissants politiquement pour que Charles V puisse les évincer. Les habitants de Sens, utilisant les recours judiciaires permis par la mise en pratique de l'État de droit par le roi, portent plainte devant leParlement de Paris contre des abus de pouvoir de la part deJean de Melun, qui avait récupéré la charge de souverain des eaux et forêts. Les communautés villageoises bénéficiaient depuis des temps immémoriaux dudroit d'usage de ses bois (pâture, ramassage des branches mortes, charbon de bois, glanée…) ; or les gardes forestiers, protégés par des commissions royales délivrées par l'archevêque Guillaume de Melun, les saisissaient, les mettaient aux fers et les soumettaient à rançon[201]. L'arrêt de la cour de justice royale tombe le : les droits d'usage sont restitués aux communautés, la justice temporelle de l'archevêché est confisquée par le roi et Jean de Melun se voit retirer sa charge de souverain des eaux et forêts[201]. Les Melun sont alors écartés du pouvoir et l'autorité royale en sort une fois de plus renforcée, montrant qu'elle est juste et que, s'appuyant sur le droit, elle ne privilégie pas les puissants.
À l'époque, la noblesse doit conjuguer richesse, pouvoir et bravoure sur le champ de bataille : vivant du labeur paysan, le maître se doit de manifester sa largesse en entretenant la masse de ses dépendants[204]. Privé de prouesses sur les champs de bataille du fait de l'infirmité dont souffre sa main droite[193], Charles V doit faire montre de noblesse autrement. Les chroniqueurs et ses hagiographes sont marqués par ce roi qui reconquiert par la sagesse ce que ses prédécesseurs ont perdu sur les champs de bataille.Jean Froissart écrit : le roi Charles« fut rudement sage et subtil et il le montra bien tant qu'il vécut. Car tout coi, en étant dans sa chambre et ses déduits, il reconquérait ce que ses prédécesseurs avaient perdu sur les champs, la tête armée et l'épée à la main. Ce dont il [est] grandement à louer. »Christine de Pizan n'est pas en reste :« Ce roi, par son sens samagnanimité, sa force, sa clémence et sa libéralité, désencombra son pays de ses ennemis tant qu'ils n'y firent plus leurs chevauchées. Et lui, sans se mouvoir de ses palais et sièges royaux, reconquit, refit et augmenta son royaume qui, auparavant avait été désolé, perdu et dépris par ses devanciers portant les armes et très chevalereux »[205].
Le roi s'insère dans lasainte lignée desaint Louis et modèle sur lui son existence publique. Les clercs de son entourage mettent en valeur l'aspect religieux de la cérémonie du sacre, ils recueillent et diffusent les récits de miracles que cette idée fait naître[193]. Le sens du sacre, de l'onction et de la guérison des écrouelles est explicité à la demande du roi par le carmeJean Golein dans leTraité du Sacre pour prouver l'origine divine de la monarchie[207].
Il prend comme symbole le lion, qui est roi des animaux, le sigle desaint Marc, et celui desrois de Bohême dont il descend (il est petit-fils deJean l'Aveugle). Il reste très proche de son oncle, l'empereurCharles IV. Il fait installer à l'hôtel Saint-Pol ou au Louvre des ménageries où figurent des lions et qui ont un grand succès dans la capitale[210]. Il veille à ce que son image soit partout : il figure sur lefranc à pied (la monnaie), sa statue est placée en différents points de Paris…
Durant le règne de Charles V, le soutien des arts et de l'architecture tient une large place. Il s'agit d'un moyen de figurer la restauration de l'autorité royale[211]. La construction d'un puissant et très haut donjon, auchâteau de Vincennes, où il crée une cité administrative, symbolise l'autorité royale. À l'instar de ses prédécesseurs, il fait ériger auchâteau de Vincennes uneSainte Chapelle qui reçoit une épine de la couronne du Christ[212]. Cela est prestigieux à double titre : c'est un clair rappel au règne de Saint Louis qui est la référence de l'époque et cela matérialise la proximité entre la puissance divine et la couronne de France. Les constructions royales sont pratiquement toutes réalisées à Paris et dans ses environs : la capitale matérialise l'unification du royaume par la couronne[212]. Il cherche d'ailleurs à obtenir que la capitale devienne un archevêché (et non plus un évêché dépendant de l'archevêque de Sens), maisGrégoire XI se méfie du risque de voir l'Église gallicane prendre plus d'autonomie et refuse. L'image du roi est partout : on trouve des statues du souverain au Louvre, auChâtelet, sur le portail des célestins, à laBastille, ce qui constitue à l'époque une nouveauté[213].
Les grands travaux ont un rôle utilitaire : l'extension des fortifications parisiennes ou la mise en service du premierégout de Paris rue Montmartre parHugues Aubriot, en 1370, font partie des aménagements rendus nécessaires par l'accroissement rapide de la population parisienne. La construction de fortifications matérialise l'action du roi contre les exactions des Grandes Compagnies ou les raids anglais, comme les égouts matérialisent son action contre l'insalubrité qui est grande partie responsable de la propagation d'épidémies récurrentes. Cela valide dans l'opinion la bonne utilisation des ressources que procure l'instauration d'un impôt permanent.Christine de Pizan note que ces investissements massifs font partie d'une politique de grands travaux destinée à relancer l'économie. En effet, Charles V, qui a pu constater la menace que peut constituer les hommes désœuvrés qui se regroupent en place de grève, leur donne ainsi du travail. Leurs salaires sont dépensés, et créent ainsi de l'activité.
Sa régence et son début de règne étant marqués par les désordres dus aux Grandes Compagnies et par la menace dechevauchées anglaises, il fait améliorer les fortifications des villes qui pourraient être attaquées et raser celles qui pourraient être prises pour éviter qu'elles ne soient utilisées par les compagnies.
Il entreprend une politique de vulgarisation et fait traduire enfrançais de nombreux ouvrages scientifiques et techniques, des traités d’astrologie et d’histoire, des textes d’Aristote accompagnés des commentaires explicatifs de leur traducteurNicolas Oresme, lePolicraticus deJean de Salisbury, leLivre des propriétés des choses deBarthélémy l'Anglais (traduit par Jean Corbechon), ou encore des œuvres religieuses commeLa Cité de Dieu, desaint Augustin traduite en1370 par le juristeRaoul de Presles, qui y ajoute ses propres commentaires et ceux de ses prédécesseurs.
Les textes latins sont traduits en français et des prêts sont accordés pour les copier. Disposée sur trois étages, la Librairie royale répond à un projet politique : elle doit former une élite administrative. Elle compte jusqu’à un millier de manuscrits.
Constatant l'échec de la tentative de mise en place par lagrande ordonnance de 1357 d'une monarchie contrôlée qu'il a soutenue au départ, Charles V opte pour un autre régime monarchique. Il est fondé sur l'État de droit (la justice étant l'un des piliers du prestige royal depuisSaint Louis), la décentralisation (via la politique desapanages) et la garantie par l'État de la sécurité physique (par l'instauration d'une armée permanente) et monétaire (par la création du franc).
Au contraire, les monarques français financent une politique qui restaure l'autorité royale par la mise en place d'impôts permanents et l'entretien d'une armée soldée[224]. Le commerce en France ne pouvant se faire sans la sécurisation des axes commerciaux terrestres, la bourgeoisie finit par accepter un État fort financé par une fiscalité lourde, qui évolue progressivement vers une nécessité[224].
Bertrand du Guesclin à la bataille de Cocherel, dans une peinture historiciste duXIXe siècle.
L'établissement d'une armée permanente pour éviter les pillages dus aux mercenaires démobilisés est un indéniable progrès. Toutefois, il porte atteinte à la fonction sociale de la noblesse, dont l’importance sur le champ de bataille diminue au profit deroturiers.
Durant laguerre de Cent Ans, de nombreuses révoltes paysannes et bourgeoises ont lieu en Angleterre (révolte des paysans) et en France (Jacqueries). En Angleterre, la formation de toute la population au maniement de l’arc est même une erreur : durant la révolte des paysans anglais de 1390, ce sont 100 000 paysans qui menacent Londres[225]. L’ordre social féodal est menacé : cette révolte est réprimée dans le sang, tout comme les Jacqueries. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en France, sousCharles VI, la noblesse demande et obtient la suppression des Grandes Compagnies soldées instituées après décision de Charles V.
C'est son petit-filsCharles VII qui réorganise son armée de manière similaire pour pouvoir vaincre les Anglais. Il obtient progressivement des états de la langue d'oïl (1438 et 1443) puis d'oc (1439) la possibilité de reconduire lesaides sans réunir les états annuellement : il réinstaure la permanence de l'impôt[226]. Il a alors les moyens d'entretenir une armée permanente et d'éviter que les mercenaires démobilisés ne se livrent au pillage. Il envoie le dauphinLouis à la tête de plus de 20 000 écorcheurs combattre les cantons suisses révoltés contre le duc d'Autriche. Cela lui permet de tester ses hommes et de se débarrasser des éléments douteux ou mal équipés. Beaucoup deroutiers périssent face aux Suisses et aux Alsaciens[227]. Il renvoie ensuite un grand nombre d'éléments indésirables dans leur pays d'origine (en particulier en Espagne), ou les recycle dans l'administration, les disperse par petits groupes leur ayant accordé des lettres de rémission[227]. Au total, il ne retient à son service que la moitié environ des combattants[228]. Par l'ordonnance de Louppy-le-Châtel de 1445, il les organise enlances : unité de base où les compétences de chacun se complètent. Chacune est constituée d'un homme d'arme accompagné de deux archers à cheval, d'uncoutilier (armé d'une épée et d'une longue dague), d'unpage et d'un valet (ces derniers ne combattant pas en règle générale).100 lances forment unecompagnie. Les15 compagnies totalisent 9 000 hommes, dont 6 000 combattants qui forment lagrande ordonnance[228]. Bientôt, trois nouvelles compagnies sont créées. Cette armée est entretenue de façon permanente : elle est mise en garnison dans des villes du Royaume[228]. Celles-ci ont la charge de l'entretenir : le coût ne repose pas sur les finances royales. En 1448, il créela petite ordonnance : en cas de mobilisation, chaque paroisse (cinquante feux[229]) est tenue de mettre à la disposition du roi un archer bien équipé et bien exercé. Pour compenser les charges qui pèsent sur lui, il est dispensé d'impôt (lataille[229]) : on l'appellefranc-archer. Choisi par les agents du roi, il est tenu au service de ce dernier. Le Royaume en compte environ 8 000 et possède enfin une archerie comparable à l'armée anglaise[228]. Grâce à une armée moderne appuyée par une véritable artillerie de campagne, il vainc définitivement les Anglais, qui en 1453 ne contrôlent plus que Calais sur le continent.
C'est à partir deLouis XI qu'une nouvelle bibliothèque est constituée et (plus important pour la continuité de l'établissement) se transmet de roi en roi[231], d'abord àCharles VIII, qui y fait entrer les premiers ouvragesimprimés, puis àLouis XII. Cette bibliothèque est installée àAmboise, puis àBlois.
Labibliothèque se développe réellement sousLouis XIV, époque qui voit de nombreuses nouveautés : installation rue Vivienne, non loin de l'actuel site Richelieu, intégration de plusieurs collections d'origine privée (Gaston d'Orléans, Michel de Maroilles, Loménie de Brienne), ouverture à lagravure et à lamusique imprimée, création du classement deNicolas Clément (utilisé jusqu'en1996), ouverture au public (1692)[231].
LeXVIIIe siècle est important pour la bibliothèque avec les réalisations decatalogues systématiques. C'est à cette époque que la bibliothèque s'installerue Richelieu, à l'actuel emplacement du site Richelieu. Cette nouvelle implantation facilite, à partir de1720, la fréquentation du public et la bibliothèque reçoit les visites assidues de plusieurs desphilosophes desLumières.
À la faveur du déménagement, l'organisation interne est améliorée avec la constitution de cinq départements : département des manuscrits, département des imprimés, département des titres et généalogies (plus tard intégré aux manuscrits), département des planches gravées et recueils d'estampes, département des médailles et pierres gravées[231].
Les enrichissements se poursuivent, tant par un meilleur contrôle du dépôt légal, que par l'intégration de nouvelles collections particulières : collectionBaluze, collection musicale deSébastien de Brossard, bibliothèque deColbert.
À laRévolution française, l'établissement prend le nom debibliothèque de la Nation. Malgré quelques déprédations et limogeages, c'est une période d'enrichissements par l'intégration de fonds de provenances diverses (la bibliothèque a alors compté240 000 livres, 14 000 manuscrits et 85 000 estampes)[231] :
de Paris : la bibliothèque a récupéré une bonne partie de ce qui se trouvait dans lesdépôts littéraires de la capitale, intégrant ainsi les collections de nombreuses communautés religieuses (abbaye Saint-Victor) et une partie de celles de l'université (plus de 800 000 pièces en tout) ;
de la province : si les fonds des dépôts littéraires provinciaux ont été la plupart du temps dévolus aux écoles centrales avant d'être attribués aux communes, la Bibliothèque de la Nation se réservait les pièces les plus remarquables, qui devaient illustrer les richesses de la France. C'est ainsi que des pièces venues des quatre coins de la France (Chartres,Amiens,Soissons) se sont retrouvées à la Bibliothèque nationale ;
de l'étranger : au fur et à mesure des conquêtes révolutionnaires, les troupes françaises s'emparent de collections jugées utiles ou prestigieuses. Une partie en a été rendue aux pays concernés en1814, mais la Bibliothèque en a gardé d'importants fonds[231].
Au fil des changements de régimes, la bibliothèque devientBibliothèque impériale puisbibliothèque royale, puisBibliothèque nationale en 1848, de nouveauimpériale et définitivementnationale en 1871.
L'établissement continue à être enrichi au cours duXXe siècle[233] pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui : la Bibliothèque nationale de France.
Déjà, pendant le gouvernement des oncles, les tentatives de soustractions d'obédiences menées parPhilippe le Hardi soutenu par l'université de Paris aboutissent à une indépendance de fait de l'église de France entre 1398 et 1403[234]. Un grand pas est alors fait vers le gallicanisme.
Plus tard, la résolution du schisme par leconciliarisme affaiblit la papauté et permet àCharles VII de s'imposer en 1438 comme le chef naturel de l’Église de France, qui entre ainsi dans l'ère dugallicanisme[235]. Dans son préambule, laPragmatique Sanction de Bourges dénonce les abus de la papauté. Dans son premier article, elle déclare la suprématie desconciles généraux sur le Saint-Siège et limite les pouvoirs du pape. Ainsi la libre élection des évêques et des abbés par les chapitres et les monastères est rétablie : elle supprime les nominations par le Saint-Siège et son droit de réserve. La royauté obtient de pouvoir « recommander » ses candidats aux élections épiscopales et abbatiales auprès des chapitres. L'ordonnance de Bourges établit aussi des juridictions permettant de limiter les appels (souvent onéreux) faits à Rome. Enfin, elle fixe un âge minimum pour devenir cardinal, réduit la possibilité du pontife de lever un certain nombre d'impôts (suppression desannates) et restreint les effets de l'excommunication et de l'interdit.
Marié àJeanne de Bourbon, avec laquelle il partage des liens de consanguinité[237], le8 avril1350 ; il a huit enfants dont deux seulement atteignent l'âge adulte :
Jeanne (1357-1360), morte en l'abbaye deSaint-Antoine-des-Champs, et inhumée en l'église abbatiale, dans le même tombeau que sa sœur cadette, Bonne de France, décédée quelques jours après ;
Bonne (1360-1360), inhumée en l'église abbatiale deSaint-Antoine-des-Champs, dans le même tombeau que sa sœur aînée, Jeanne de France. La tête de son gisant, seul vestige du tombeau, est conservée aumusée Mayer van den Bergh d’Anvers ;
Portant les séquelles d'une maladie de jeunesse contractée en1349[n 3], il n'est pas si chétif qu'on l'a écrit (73 kg en 1362 après une longue maladie et 77,5 kg en 1368[n 4]), mais sa santé fragile l'écarte des tournois et des champs de bataille : sa main droite est si enflée qu'il ne peut manier d'objets pesants[193]. Il n'en a pas moins un sens aigu de la majesté royale. Il a l'esprit vif, et il est proprement machiavélique : sa biographeChristine de Pizan le décrit« sage et visseux » (retors) etJean de Gand le qualifie de« royal attorney »[193]. Son tempérament tranche avec celui de son pèreJean le Bon, dont la grande sensibilité se traduit par des explosions de colères non contenues, et qui ne s'entoure que de personnes avec lesquelles il a des liens d'amitié[243]. Très tôt, la mésentente est manifeste entre père et fils aux personnalités si dissemblables[239].
Comme son pèreJean le Bon, Charles V manifeste un vif intérêt pour laBible. Il lit la Bible entière dans l'année à raison de quelques pages chaque jour. À une époque où les exemplaires de la Bible en français sont très rares, il fait réviser la traduction de la Bible enfrançais. Il distribue des exemplaires de la Bible dans différents dialectes à plusieurs de ses seigneurs, afin de répandre le Livre saint dans les provinces du Royaume. Ses successeurs ont conservé la bible dont il se servait pendant plusieurs générations[249].
Il est également adepte de l'astrologie et de diverses sciences occultes. L'inventaire de sa bibliothèque en 1380 fait état de trente ouvrages traitant degéomancie, et le septième des livres de sa bibliothèque sont des ouvrages d'astronomie, d'astrologie ou d'art divinatoire[250]. Cependant, cela va à l'encontre de la doctrine de l'Église et de l'Université à l'époque ainsi que celle de ses conseillers : ces croyances restent dans la sphère privée du roi et n'interfèrent pas dans ses décisions politiques[251].
↑En 2013, le docteur Jacques Deblauwe émet initialement l'hypothèse d'un« infarctus du myocarde, compliqué très rapidement d'unœdème aigu du poumon » mais il privilégie ensuite la thèse de la« dissection aortique », avant d'ajouter que« seules des constatations, lors de l'autopsie, nous auraient permis de trancher mais nous n'en possédons pas de relation »[183].
↑Françoise Autrand conclut qu'il s'agissait d'une typhoïde[243] mais la longueur d'évolution et les séquelles ne sont pas en faveur de ce diagnostic. Les séquelles font évoquer unproblème lymphatique peut-être dû à un accès depeste bubonique (un tiers de la population européenne en est morte cette année-là) mais l'évolution semble bien lente. L'hypothèse la plus séduisante serait uneadénite tuberculeuse qui aurait fini par guérir en fistulisant et aurait laissé les séquelles lymphatiques. Pour l'historienne, Charles V aurait été aussi atteint de lagoutte qui est une affection chronique pouvant donner des fistules[244]. Les sources manquent pour permettre de trancher entre ces différentes hypothèses.
↑Il a commencé par appliquer une politique de mutations rendue nécessaire par la situation désastreuse des finances mais très mal vue. Arrêté et mis en accusation, il obtiendra des lettres de rémission du dauphin, qui expliquera qu'il avait agi sur son ordre. Il se ralliera par la suite à une monnnaie stable voulue par Jean II le Bon et Nicolas Oresme
↑Collectif - Citada Conseil - Even Conseil,« 4 - Volet patrimonial du PLU : Cadrage historique général. », dans Collectif : CITADIA Conseil - EVEN Conseil,Ville de Nogent-sur-Marne (94) : Plan local d’urbanisme (PLU) (dossier d’arrêt Conseil municipal du – justifications des choix),(lire en ligne[PDF]),p. 48.
↑Michel Mollat, « La reconstruction (1440-1515) » tiré deHistoire de la France des origines à nos jours sous la direction deGeorges Duby, Larousse, 2007,p. 434.
↑a etbMichel Mollat, « La reconstruction (1440-1515) » tiré deHistoire de la France des origines à nos jours sous la direction deGeorges Duby, Larousse, 2007,p. 435.
↑Cité par Patrick Van Kerrebrouck, dans « Les Valois », 1990. Ce fils bâtard est cité par Pierre Cochon dansChronique normande, 1870, page 136, témoignage à caution.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.Si de nombreux ouvrages ont été utilisés, une part importante des sources provient du livre deFrançoise Autrand. Ce livre cite les travaux antérieurs (ceux deRaymond Cazelles par exemple) et apporte des précisions nombreuses (il a été publié14 ans plus tard). Cet ouvrage a été largement recoupé avec ceux deJean Favier et deGeorges Minois.
Françoise Baron (et al.),Les fastes du Gothique. Le siècle de Charles V, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, -, Paris, éd. de la Réunion des musées nationaux, 1981.
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