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CharlesVII (roi de France)

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Pour les articles homonymes, voirCharlesVII,Charles de France,Charles de Berry etDauphin Charles.

CharlesVII
Illustration.
Portrait deCharlesVII, parJean Fouquet, vers 1445 ou 1450,musée du Louvre, inv. 9 106.
Titre
Roi de France

(38 ans, 9 mois et 1 jour)
Couronnement
en lacathédrale de Reims
PrédécesseurCharlesVI
SuccesseurLouisXI
Duc titulaire de Luxembourg

(2 ans, 4 mois et 2 jours)
PrédécesseurAnne
SuccesseurLouisXI
Dauphin de Viennois

(5 ans, 6 mois et 16 jours)
PrédécesseurJean de France
SuccesseurLouis de France
Lieutenant-général du royaume puisRégent de France

(5 ans et 5 mois)
MonarqueCharles VI
PrédécesseurCharles le Sage(lieutenant-général du royaume)
Isabeau de Bavière(Régente de France)
SuccesseurAnne de France
Jean de Lancastre(régent du prétendant Anglais)
Biographie
DynastieValois
Nom de naissanceCharles de France
Date de naissance
Lieu de naissanceParis (France)
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décèsMehun-sur-Yèvre (France)
SépultureNécropole royale de la basilique de Saint-Denis
PèreCharlesVI
MèreIsabeau de Bavière
ConjointMarie d'Anjou
EnfantsLouisXI
Radegonde de France
Catherine de France
Yolande de France
Jeanne de France
Marie de France
Marie de France
Madeleine de France
Charles de France
HéritierLouisXI
ReligionCatholicisme
RésidenceBourges
Mehun-sur-Yèvre
Loches
Chinon

Signature de Charles VII

Image illustrative de l’article Charles VII (roi de France)
Rois de France
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CharlesVII, dit « le Victorieux » ou « le Bien Servi », né à l'hôtel Saint-Pol àParis le et mort auchâteau de Mehun-sur-Yèvre le, estroi de France de1422 à1461. Il est le cinquième roi de labranche dite de Valois de la dynastiecapétienne.

CharlesVII est le fils deCharlesVI et d'Isabeau de Bavière. Roi indissociable de l'épopée deJeanne d'Arc, il réussit, au cours d'un long règne de près de quarante ans, presque aussi long que celui de son père et prédécesseur sur le trône (1380–1422), à renverser une situation compromise et finalement gagner laguerre de Cent Ans.

La faiblesse psychologique de son père, le roi Charles VI, le conduit à être placé sous tutelle depuis 1392, et les luttes pour le contrôle de la régence et du royaume dégénèrent en une véritableguerre civile à partir de 1407.Henri V d'Angleterre en profite pour pousser ses prétentions sur la Normandie, l'Aquitaine, et même le royaume de France tout entier, avec succès : il remporte notamment labataille d'Azincourt (1415) et prend le dessus pour les années suivantes.

En1418, Charles,comte de Ponthieu etdauphin, échappe à la capture (voire à la mort) lors de la prise du pouvoir par lesBourguignons à Paris. Il se réfugie àBourges et se proclame lui-mêmerégent duroyaume de France, au motif de l'indisponibilité de son père atteint de folie et tombé au pouvoir deJean sans Peur,duc de Bourgogne. Charles négocie avec ce dernier mais lors d'une rencontre sur le pont deMontereau le,Jean est assassiné, les Bourguignons accusent le dauphin malgré ses dénégations etPhilippe le Bon, fils de Jean sans Peur et nouveau duc de Bourgogne, fait alliance avec les Anglais[1].

Cette alliance aboutit le autraité de Troyes, qui, à l'instigation du nouveau duc de Bourgogne et avec la complicité de la reine Isabeau de Bavière (mère de Charles), déshérite le dauphin Charles et désigne comme régent du royaume et prochain successeur du roi de France Charles VI le roi d'AngleterreHenri V, qui épouse le 2 juin la sœur de Charles,Catherine de Valois, fille de Charles VI et d'Isabeau. Henri V est donc quasiment assuré de l'emporter dans la guerre qui continue (car Charles et ses partisans ne cèdent pas), mais il meurt peu après avoir prisMeaux d'une maladie contractée pendant le siège, le.

À la mort de Charles VI deux mois plus tard, le, le partiPlantagenêt revendique donc le titre de roi de France pour le fils de Henri V mais il n'a que dix mois et ne peut être sacré. Charles qui ne reconnait pas le traité de Troyes se proclame roi de France sous le nom deCharlesVII, le, en lacathédrale de Bourges.

CharlesVII devient le souverain d'un royaume toujours en proie à laguerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, soutenu par lespremiers mais contesté par les seconds alliés aux anglais. Il ne tient quasiment rien au nord de laLoire et, replié dans son duché deBerry, il est surnommé par dérision « roi de Bourges » par ses ennemis. Sa situation dynastique, politique et militaire s'améliore nettement grâce à l'intervention deJeanne d'Arc. Celle-ci participe à la levée dusiège d'Orléans en, dirige lacampagne de la Loire culminant à lavictoire décisive de Patay et enfin conduitCharlesVIIvers Reims, à travers des territoires bourguignons, pour y êtresacré le.

La capture de Jeanne et sa mort le n'interrompent pas les succès de Charles, qui réussit à mettre fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons en concluant avec le duc de BourgognePhilippe le Bon letraité d'Arras de1435.

CharlesVII s'emploie à restaurer l'autorité royale en s'affirmant comme le gardien des droits de l'Église de France par laPragmatique Sanction de Bourges en1438, et en brisant la révolte des grandsféodaux lors de laPraguerie de1440. Il tente également de rétablir l'économie grâce à l'aide de son grand argentierJacques Cœur.

L'armée royale est réorganisée par la création descompagnies d'ordonnance le, donnant naissance à l'armée française permanente.CharlesVII peut ainsi se consacrer à la guerre contre les Anglais, achevant à terme de les chasser du royaume par lavictoire finale deCastillon, en1453, qui clôt militairement laguerre de Cent Ans[2].

Souvent critiqué par la postérité pour avoir censément ralenti la reconquête du royaume, relancée notamment par Jeanne d'Arc, et pour avoir abandonné celle-ci à son sort, le roi cautionne néanmoins en1456 le procès en nullité de la condamnation de la Pucelle, qui la lave solennellement de toute accusation d'hérésie.

Naissance et jeunesse

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Enfance d'un prince cadet

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Procession baptismale de Charles,enluminure desVigiles deCharlesVII, vers 1484,BnF,département des manuscrits,ms. Français 5054,fo 3 ro.

Charles est né le en la résidence royale de l'Hôtel Saint-Pol àParis. Il est le onzième et avant-dernier enfant deCharlesVI et d'Isabeau de Bavière. Il est le troisième à porter le prénom de Charles (les deux Charles précédents étant morts, l'un au berceau, l'autre à l'âge de neuf ans).

Il reçoit le titre decomte de Ponthieu dans sa première année et, en tant que cadet de famille, précédé de deux frères aînés, les princesLouis de Guyenne, né en 1397 etJean de Touraine, né en 1398, il ne peut prétendre à la succession royale française : son seul avenir plausible serait de recevoir unapanage pour lequel il rendraithommage au roi de France.

Il naît dans un pays en pleine tourmente : à laguerre de Cent Ans (13371453) fomentée par la dynastieanglaise dePlantagenêt, qui revendique l'accession au trône de France, vient s'ajouter en 1407 laguerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (14071435)[3].

L'entrée de Charles dans la sphère angevine

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Le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 10 ans, interfère très tôt, bien malgré lui, avec les querelles entre lesmaisons d’Anjou etde Bourgogne.

Le, leducLouisII d'Anjou, cousin du roiCharlesVI etroi titulaire de Naples, qui avait conclu une future alliance avec la maison de Bourgogne, annule le projet de mariage entre son fils Louis, futurLouisIII d'Anjou, et Catherine de Bourgogne, fille duduc de BourgogneJean sans Peur. Cette rupture intervient en raison de sa fidélité à lamaison de Valois, du fait de son désaccord avec la politique de Jean sans Peur, qui intrigue pour prendre le pouvoir au royaume de France après avoir faitassassiner leLouisIer d'Orléans, frère cadet du roiCharlesVI[4].

Un mois plus tard, le, le duc d'Anjou renforce son alliance avec la dynastie de Valois, en donnant en fiançailles sa filleMarie d'Anjou à Charles de Ponthieu, auLouvre : les enfants n'ont respectivement que neuf et dix ans[5].

Révolte des Cabochiens, enluminure du manuscrit deMartial d'Auvergne,Les Vigiles de la mort deCharlesVII, vers 1484,BnF.

La mère de Marie,Yolande d'Aragon,duchesse d'Anjou, ne souhaite pas, depuis la sanglanterévolte des Cabochiens survenue au printemps 1413 à Paris, laisser les jeunes fiancés dans la capitale, les hôtes royaux de l'hôtel Saint-Pol étant notamment menacés par lesBourguignons. Elle réussit à emmener sa fille et son futur gendre enAnjou le, puis Charles rallieTours d'octobre à décembre 1414[6]. Vers la mi-janvier1415, sa future belle-famille emmène Charles enProvence[7], auchâteau de Tarascon. Il revient en Anjou à la fin de l'année. Ainsi le prince peut-il passer, avec sa fiancée, quelques heureuses et paisibles années jusqu'en1416.

Pendant son séjour en Anjou et en Provence, le jeune prince a reçu les leçons des meilleurs éducateurs : il sera aussi cultivé que son ancêtre, le roiCharlesV.

Mort prématurée des deux dauphins précédant Charles de Ponthieu

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Son frère aîné, ledauphinLouis, duc de Guyenne (1397-1415), gendre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, commence à gérer le royaume à l'âge de 16 ans, au début de l'année 1413, sous l'influence de sa mèreIsabeau de Bavière et de son beau-pèreJean sans Peur. Ce dernier demande la réunion desétats généraux, qui se tiennent le à l'Hôtel Saint-Pol de Paris, sous la présidence du roiCharlesVI, où des remontrances sont prononcées sur l'inefficacité et la corruption du gouvernement de la régence[8] : il en ressort que le remède aux problèmes du royaume pourrait être apporté par le duc de Guyenne et son beau-père, le duc de Bourgogne, acharné à s'emparer du pouvoir.

Mais la lutte du boucherSimon Caboche contre les Armagnacs, fomentée par Jean sans Peur, à partir du, se poursuit par laRévolte des Cabochiens du mois d' ; Jean sans Peur tente de contrôler cette insurrection, cependant que le duc de Guyenne, opposé à son beau-père, participe, de son côté, à la réduction des émeutiers à l'aide desArmagnacs. Jean sans peur, accompagné de Caboche, s'enfuit de la capitale le. L'année suivante, les Armagnacs mènent une campagne contre le duc de Bourgogne, qui se termine par le siège d'Arras (1414), victorieusement remporté par les armées du roiCharlesVI contre les Bourguignons. Lapaix d'Arras est ratifiée le entreCharlesVI et Jean sans Peur, qui se pardonnent mutuellement.

Le, le dauphin Louis de Guyenne est nommé par son père, le roiCharlesVI, lieutenant et capitaine général sur toutes les frontières du royaume. Après la bataille d'Azincourt, où les Français subirent une lourde défaite, face aux Anglais, le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 12 ans, est nommé garde et capitaine duchâteau dubois deVincennes le par le roi et par le duc de Guyenne.

Labataille d'Azincourt provoque un changement de rapport de force ; un rapprochement devient possible avec le duc de Bourgogne, au Conseil du où siègent le ducLouisII d'Anjou, président du conseil de régence et le dauphin Louis de Guyenne.

À l'initiative de Yolande d'Aragon, Charles de Ponthieu était rentré à Paris au début de l'année 1416, pour assister au Conseil de Régence présidé par son futur beau-père le ducLouisII d'Anjou[n 1]. À l'hôtel Saint-Pol, il est placé sous la tutelle de son pèreCharlesVI, dont l'état de démence s'est aggravé.

Le dauphinLouis, duc de Guyenne était mort prématurément le d'un mal mystérieux, à l'âge de 18 ans. Il a été remplacé par son frèreJean, duc de Touraine, qui a pris les titres deduc de Berry et decomte de Poitiers à la mort de son oncle, le ducJean de Berry, décédé sans postérité le.

Or le nouveau dauphin,Jean de Touraine, qui succède à feu son frère, le duc de Guyenne, vit à lacour de Hainaut chez son beau-père lecomteGuillaumeIV de Hainaut[8]. Il fait l'objet des assiduités du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui tente par tous les moyens de se rapprocher du Conseil de régence à Paris.

Le dauphinJean de Touraine se dirige vers Paris, accompagné par le comte Guillaume de Hainaut. Il séjourne seul à Compiègne, en attendant que son beau-père négocie les modalités de son arrivée à Paris. Ce dernier entre donc à Paris et demande que la ville accueille son gendre, accompagné par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Faute de quoi, le duc Guillaume de Hainaut déclare qu'il a l'intention de retourner en Hainaut avec son protégé.

En revenant àCompiègne, le comte Guillaume de Hainaut retrouve le dauphin Jean de Touraine gravement malade. Ce dernier succombe prématurément le d'un mal mystérieux, à l'âge de 18 ans[10]. Cette disparition fait de Charles de Ponthieu le nouveau dauphin, et le dernier espoir de la dynastie de Valois. Il hérite le titre de duc de Berry de son frère défunt.

Héritier du trône de France

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Dauphin de France

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Charles, comte de Ponthieu, dernier héritier vivant de la couronne de France, devientdauphin de France, sous la dénomination traditionnelle dedauphin de Viennois, à l'âge de14 ans, à partir du[n 2]. Dès le décès de son futur beau-père, le duc d'Anjou, survenu le, Charles de Ponthieu le remplace à la présidence du conseil de régence. Or, sa mère, Isabeau de Bavière, prétend assumer seule la direction de la régence, sous l'influence du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Pour s'en débarrasser, son fils Charles l'envoie sous bonne garde àTours, en résidence surveillée par les Armagnacs : elle ne pardonnera jamais au dauphin cette mésaventure.

Le dauphin prend part à la régence du royaume avec ses conseillers Armagnacs. Il est faitduc de Touraine,duc de Berry etcomte de Poitiers (sous le nom deCharlesII de Poitiers). En, il est nommélieutenant-général du royaume, chargé de suppléer son père en cas d'empêchement. Il bénéficie de la garde rapprochée de quelques officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac.

Cependant, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur vient de libérer la reine Isabeau de sa prison tourangelle. Il l'installe àTroyes le, après l'avoir ralliée à sa cause contre le dauphin[n 3]. Il publie un manifeste pour réclamer les pleins pouvoirs, eu égard à la maladie du roi et à la jeunesse du dauphin.

Jean sans Peur décide de prendre le contrôle de la situation à Paris en enlevant le dauphin Charles et en éliminant les Armagnacs, afin d'assumer seul la régence du royaume.

Le refuge de Bourges

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Lors de la prise de Paris par lesBourguignons,Tanneguy du Chastel emporte le dauphin à laBastille Saint-Antoine. Alors âgé de quinze ans, Charles est figuré ici comme un petit enfant en chemisefleurdelysée[12].Enluminure desVigiles deCharlesVII, vers 1484,BnF,ms. Français 5054,fo 16 ro.

Durant la nuit du, en pleineguerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, Paris est envahi par les gens du duc de Bourgogne, menés parJean de Villiers de L'Isle-Adam. Leprévôt de Paris,Tanneguy du Chastel, assisté par les officiers de la couronne chargés par le roiCharles VI de la protection rapprochée du dauphin, se précipite alors à l'hôtel Saint-Pol, où réside l'héritier du trône de France. Il tire le dauphin endormi de son lit, l'emmitoufle dans sa robe à relever de nuit et le conduit à laBastille Saint-Antoine, issue orientale des fortifications parisiennes. De là, le prévôt est en mesure d'envoyer Charles vers Melun[12], lui permettant ainsi d'échapper à l'influence deJean sans Peur. Entretemps, devenus maîtres de la capitale, les Bourguignons procèdent au massacre duchancelier de France,Henri de Marle, duconnétable de France, lecomte d'Armagnac et de leurs partisans armagnacs[13].

Le dauphin, âgé de quinze ans, se réfugie àBourges, capitale de sonduché de Berry, pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais.

Le dauphinCharles de Ponthieu trouve refuge dans l'ancien palais de son oncleJeanIer de Berry, mort en 1416. Il est entouré des fidèles officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac, ce qui lui vaut, de la part des chroniqueurs bourguignons, le sobriquet péjoratif de « roi de Bourges », tandis que ses conseillers sont traités d'« aventuriers sans scrupules », « avides de pouvoir » et accusés de « cupidité » par les dits chroniqueurs bourguignons, aux ordres deJean sans Peur. Les mêmes chroniqueurs répandent le bruit que le jeune dauphin est totalement livré à l'influence de ses conseillers et qu'il manque singulièrement de caractère. Le parcours deCharlesVII prouvera au contraire sa conduite avisée[n 4].

Il apparaît comme l'héritier légitime du royaume de France dont il porte toujours le titre delieutenant-général du royaume, conféré par son père,CharlesVI. Il est allié des Armagnacs et hostile à la politique du duc de Bourgogne,Jean sans Peur, secrètement allié des Anglais. Le dauphin Charles établit leParlement àPoitiers[15],[16] et laCour des comptes à Bourges. Il prend les armes pour reconquérir son royaume. Entouré de grands féodaux et de chefs de guerre, il soumet plusieurs villes telles queTours,Melun,Meaux,Compiègne etMontereau. C'est lors du siège de Tours, que le dauphin se proclamerégent du royaume de France, au grand dam de Jean sans Peur[17].

Traité de Saint-Maur

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Portrait de Jean sans Peur, duc de Bourgogne.
Paris,musée du Louvre, début duXVe siècle.

Les Bourguignons occupant les environs de Paris sont cernés par les Armagnacs. Jean sans Peur, soucieux de prendre le contrôle sur le dauphin réfugié à Bourges, va tenter une première action diplomatique en ratifiant avec la reineIsabeau de Bavière et leducJeanV de Bretagne le letraité de Saint-Maur[n 5].

Par ce traité, concocté en dehors du roiCharlesVI et du dauphin de France, Jean sans Peur et Isabeau de Bavière proposent d'accorder leur pardon aux Armagnacs pour tous les maux dont ils seraient coupables. Ils sont accusés, notamment, d'avoir empoisonné les deux premiers dauphins de France,Louis de Guyenne (mort en1415) etJean de Touraine (mort en1417), et de détenir en otage à Bourges le dernier dauphin survivant, en la personne du dauphin Charles, dans l'intention de le livrer ultérieurement aux Anglais. En contrepartie, le dauphin et ses conseillers Armagnacs sont priés de se soumettre aux volontés de Jean sans Peur et d'Isabeau de Bavière en signant le traité de Saint-Maur et en renonçant à toute résistance.

Le ducJeanV de Bretagne, envoyé le en ambassade par Jean sans Peur, rencontre le dauphin àSaumur pour tenter de lui faire entériner ce traité[20]. Mais le dauphin n'est pas dupe des intentions de son cousin bourguignon et il n'entend pas désavouer ses conseillers Armagnacs. Assisté deJean Louvet, président de Provence, et de ses conseillers, il n'accepte aucune capitulation : il refuse de le ratifier et le traité va rester caduc.

Traité du Ponceau (Pouilly-le-Fort)

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Cependant, Jean sans Peur est toujours soucieux de faire rapatrier le dauphin à Paris sous la tutelle de son père, pour mieux le contrôler, comme il l'avait déjà fait avec les deux dauphins précédents. En vain, car Charles est déjà en campagne pour recouvrer son royaume.

L'alliance entre les Bourguignons et les Anglais se délite devant les ambitions du roiHenriV d'Angleterre. Jean sans Peur décide alors de négocier directement avec le dauphin et avec ses conseillers un traité d'alliance contre les Anglais.

Une première rencontre a lieu le àPouilly-le-Fort. Elle se solde par un traité provisoire signé le, connu sous le nom depaix du Ponceau, qui devra être confirmé ultérieurement. Jean sans Peur, conscient de l'hostilité des Armagnacs à son encontre, a pris la précaution de faire co-signer et sceller le traité par les conseillers du dauphin, en leur faisant prêter serment sur lesSaintes Écritures et sur desaintes reliques, en la présence de prélats bourguignons, sous peine d'être taxés decrime de lèse-majesté en cas de parjure.

Jean sans Peur prend l'engagement de rompre toutes ses relations avec les Anglais et de dégager les places qu'il occupe autour de Paris. Il est convenu qu'une deuxième rencontre doit être programmée afin de consolider cette alliance contre les Anglais. Étant précisé que Jean sans Peur a toujours en vue de faire revenir le dauphin à Paris, sous la tutelle royale, lorsque cet engagement sera respecté.

Montereau : assassinat de Jean sans Peur

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Article détaillé :Assassinat deJeanIer de Bourgogne.
Assassinat deJean sans Peur sur le pont deMontereau.
Enluminure peinte par leMaître de la Chronique d'Angleterre pour un manuscrit desChroniques d'Enguerrand de Monstrelet, vers 1470 – 1480. Paris, BNF, Ms. fr. 2 680,fo 288.

La seconde rencontre entre le dauphin de France et leduc de Bourgogne Jean sans Peur a lieu le, àMontereau, résidence royale où s'est transporté le dauphin, entouré de sa garde[n 6]. On dresse un enclos au milieu du pont sur l'Yonne qui relie le château à la ville de Montereau : le dauphin et Jean sans Peur s'y retrouvent avec chacun10 hommes armés, le gros de chaque troupe attendant sur l'une et l'autre rive. La discussion est orageuse : le dauphin reprocherait à son cousin de maintenir secrètement son alliance avec les Anglais et de ne pas avoir retiré ses garnisons, en dépit du traité provisoire de Pouilly. Ce dernier répliquerait qu'ilavait fait ce qu'il avait à faire ! Les entourages sont nerveux et, alors que le ton monte, les hommes d'armes brandissent leur épée.Tanguy du Châtel, qui avait sauvé le jeune prince lors de l'entrée desBourguignons à Paris en1418, écarte le dauphin de la mêlée. Jean sans Peur est tué.

Les Bourguignons vont accuser le dauphin d'assassinat prémédité. Celui-ci s'en défendra[n 7] et devra affronter longtemps la vengeance du ducPhilippe le Bon, fils de feu Jean sans Peur.

Traité de Troyes

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Dès la mort de son père,Philippe le Bon, prévenu par son ancien précepteur,Monseigneur de Thoisy, s'est allié avec les Anglais pour combattre le dauphin. Il cherche à se venger en s'associant avec le roiHenriV d'Angleterre et la reineIsabeau de Bavière pour éliminer le dauphin Charles de la succession du royaume de France[n 8].

Le, en pleine crise de folie, le roi de FranceCharlesVI est représenté par Isabeau de Bavière. Elle confirme la destitution de son propre fils au profit du roi d'Angleterre et de ses héritiers légitimes, en signant avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, etHenriV d'Angleterre, letraité de Troyes.

Ce traité tripartite stipule que la couronne de France sera cédée àHenriV d'Angleterre, à la mort du roiCharlesVI, à condition que le roi d'Angleterre épouse une des filles du roi de France. Ledimanche de la Trinité, en l'église Saint-Jean-du-Marché de Troyes, son mariage est donc célébré avecCatherine de Valois (la propre sœur du dauphin Charles), dont il aura un fils : le futurHenriVI sera couronné — encore enfant — roi de France et d'Angleterre après la mort de son père le roiHenriV d'Angleterre, et celle de son grand-père le roi de FranceCharlesVI, en vertu du traité de Troyes[n 9].

Le dauphin Charles, en évoquant l'incapacité mentale de son père, refuse les termes du traité de Troyes qui devait, selon les protagonistes, abréger la guerre.

Soulignant les déprédations des gens de guerre,Alain Chartier, poète et historiographe du futurCharlesVII, écrit dansLe Quadrilogue invectif :« Nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frein »[22].

Roi de France

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Un messager annonce la mort du roiCharlesVI au dauphin Charles.
Enluminure ornant lesAnciennes chroniques d'Angleterre de Jean de Wavrin, Paris,
BnF,ms. Français 82fo 98 ro, vers 1470-1490.

Mort deCharlesVI

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Bien que le traité de Troyes organise la future succession du roiCharlesVI au profit du roi d'Angleterre,HenriV[n 10], ce scénario n'a pas lieu carHenriV meurt le auchâteau de Vincennes, avant queCharlesVI ne trépasse à l'hôtel Saint-Pol de Paris moins de deux mois plus tard, le.

Il s'ensuit que le jeuneHenriVI d'Angleterre, bébé de neuf mois, succède à son père comme roi d'Angleterre le et qu'il double la mise le en devenant également roi de France, sous la régence de son oncle paternel leduc de Bedford qui va gouverner à Paris[n 11].

Le dauphin se proclame roi de France sous le nom deCharlesVII le, mais il est alors dans l'impossibilité de respecter la tradition en se faisant sacrer en lacathédrale de Reims, en présence deschevaliers de la Sainte Ampoule, car le pays est infesté par les troupes ennemies. Il siège pour la première fois en majesté, en compagnie de son épouse,Marie d'Anjou en lacathédrale Saint-Étienne de Bourges.

Traité d'Amiens (1423)

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Le, une triple alliance est programmée, dans le cadre duTraité d'Amiens, contre le roiCharlesVII, entreJean de Lancastre, duc de Bedford, régent des royaumes d'Angleterre et de France, représentant son neveuHenriVI d'Angleterre (âgé d'un an),Philippe le Bon,duc de Bourgogne etJean V, duc de Bretagne. Ce dernier parviendra toutefois à un compromis en1425, en acceptant de rompre cette alliance au profit du roiCharlesVII, par l'entremise deYolande d'Aragon, duchesse d'Anjou.

Alliance franco-bretonne par l'entremise de la maison d'Anjou

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Le roiCharlesVII doit affronter les Anglais et les Bourguignons dans de durs combats pour recouvrer l'intégralité du royaume de France.

De1422 à1425,CharlesVII consolide ses positions. Il contrôle leBerry, laTouraine, lePoitou, l'Aunis, et laSaintonge, l'Auvergne et leLimousin,Lyon, leDauphiné, leLanguedoc, l'Agenais, leRouergue et leQuercy. L'Anjou, leMaine, leBourbonnais, l'Orléanais et leVendômois sont également placés sous son contrôle.

Arthur, comte de Richemont, connétable de France (1458). Dessin aquarellé, Paris,BnF, collectionGaignières.
Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou. Verrière (registre inférieur) du bras nord dutransept de lacathédrale Saint-Julien du Mans[24].

Très affaibli sur le plan militaire consécutivement à la défaite des troupes royales àVerneuil le,CharlesVII recherche de nouveaux appuis politiques. Il se tourne donc vers sa belle-mère,Yolande d'Aragon, dirigeante de lamaison d'Anjou et reine de Sicile, qui l'incite depuis 1423 à une alliance avec le ducJeanV de Bretagne. Soucieuse des bons rapports entre les duchés voisins d'Anjou et de Bretagne, lareine de Sicile pousse son beau-fils à privilégier et à entériner ses propres intérêts diplomatiques[25],[26],[27].

La politique prônée par les maisons alliées d'Anjou et de Bretagne revendique le retour à une concorde idéale entre les princes, l'entrée des grandsfeudataires auConseil royal ainsi que la poursuite de la guerre contre les Anglais. En,CharlesVII accepte de remettre l'épée deconnétable de France àArthur de Richemont, frère cadet du ducJeanV de Bretagne[28]. En plaçant ainsi le prince breton à la tête de son armée, le roi consent au rapprochement de la couronne avec les duchés de Bourgogne et de Bretagne. En effet, Arthur de Richemont est non seulement le frère du duc de Bretagne, mais également l'époux deMarguerite, sœur du ducPhilippe de Bourgogne. Partant, les liens familiaux de Richemont sont censés faciliter les démarches diplomatiques du roi de France auprès des ducs Philippe de Bourgogne et Jean de Bretagne, ses ennemis déclarés après lemeurtre de Montereau en 1419 pour l'un et le complot des Penthièvre en 1420, pour l'autre.

Devant l'exigence des ducs de Bourgogne et de Bretagne, en gage de bonne volonté,CharlesVII se résigne à écarter de son Conseil ses fidèles conseillers de la première heure, accusés d'implication dans la mort de Jean sans peur, vis-à-vis des Bourguignons et du soutien de la Maison de Penthièvre, vis-à-vis des Bretons. Parmi les conseillers forcés de quitter la cour royale, on compteTanguy du Chastel,Béraud d'Auvergne, Hardouin de Maillé,Robert Le Maçon, ainsi queJean Louvet, seigneur de Mérindol, ancien président de la chambre des comptes d'Aix-en-Provence[29] etPierre Frotier, commandant de la garde royale et grand maître de l'écurie du roi.

Le médiévisteOlivier Bouzy note que la politique du connétable de Richemont se heurte à des relations difficiles avec le roi de France :« Il va sans dire que cette vision idyllique d'une grande aristocratie luttant réconciliée et sans arrière-pensée pour le salut du royaume était d'une grande naïveté : c'était le rêve du retour au bon temps du roiSaint Louis, que lesBourguignons vantaient depuis le temps de l'ordonnance cabochienne. Le duc de Bourgogne, qui avait d'autres objectifs politiques, fit capoter les rêves de Richemont (...)[29]. »

L'alliance avec leduché de Bretagne renforce les armes de France, nonobstant quelques atermoiements relevés de part et d'autre au fil des années. De1425 à1429, les troupes royales confrontées aux Anglais et aux Bourguignons, subissent des revers entrecoupés de quelques victoires… Le sort du royaume de France semble indécis.

En 1428, les troupes royales conquièrentChinon afin de soustraire ce fief royal au contrôle du connétableArthur de Richemont, alors brouillé avecCharlesVII. L'année suivante, lechâteau de Chinon héberge essentiellement les conseillers et les capitaines du souverain, tandis que la reine de France,Marie d'Anjou et son fils, ledauphin Louis (futur roi Louis XI), s'abritent auchâteau de Loches[30]. L'image d'une cour royale s'adonnant aux festivités, au temps du siège d'Orléans, relève d'une idée reçue, façonnée ultérieurement d'après des chroniques dénonçant les voluptés d'unCharlesVII bien plus mûr[31],[32].

Les Anglais reviennent en force et le envahissent leGâtinais. Ils investissentBeaugency,Notre-Dame de Cléry et d'autres places : leur objectif est de prendreOrléans et ses ponts, ville-clef de la défense française, vrai verrou sur la Loire.

Le, pour faire face au péril,CharlesVII réunit lesétats généraux àChinon, afin d'obtenir les ressources nécessaires pour résister à l'ennemi. Il obtient à la fois des subsides et des renforts qui serviront utilement à la défense de la ville d'Orléans.

Jeanne d'Arc à Chinon

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Enluminure représentant une femme devant un roi assis sur un trôle. Des soldats sont visibles hors du bâtiment
Jeanne d'Arc convainc le roiCharlesVII et sonConseil de poursuivre lesiège de Troyes.Enluminure du manuscritLes Vigiles de la mort deCharlesVII deMartial d'Auvergne, Paris,BnF,département des manuscrits, fin duXVe siècle.
Leroyaume de France en 1429.

Leduc de Bedford, régent des royaumes de France et d'Angleterre, met le siège devantOrléans, et veut poursuivre jusqu'àBourges pour s'emparer du roiCharlesVII. Mais celui-ci s'était d'ores et déjà réfugié à Chinon. C'est dans lechâteau de Chinon que le, une jeune fille vient le trouver et lui demande audience. Elle lui dit :« Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France. »

Cette jeune fille de seize ans lui affirme qu'elle a eu des visions qui lui ont intimé l'ordre de sauver Orléans et de le faire sacrer roi de France.CharlesVII la fait examiner par des ecclésiastiques, qui se montrent convaincus de sa sincérité et de sa catholicité. Cette jeune fille, qui dit venir deLorraine (en fait duBarrois) et s'appelerJeanne d'Arc, pousse Charles à se faire sacrer roi à lacathédrale de Reims, en présence deschevaliers de la Sainte Ampoule, et à lever son armée pour « bouter les Anglais hors de France. »

Siège d'Orléans

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Commencé en, lesiège d'Orléans se poursuit pendant près de dix mois, entrecoupé de revers et de succès. Les Français, aux ordres deJean de Dunois et leursalliés écossais, conduits parJohn Stuart de Darnley, se font tailler en pièces lors de lajournée des Harengs, du. Mais les forces fidèles àCharlesVII réagissent et le siège d'Orléans s'achève le par une éclatante victoire française. Les historiens considèrent que cette victoire est due à Jeanne d'Arc et à son compagnon d'armesDunois.

Après la levée du siège d'Orléans, Jeanne d'Arc participe sans interruption à des combats victorieux contre les Anglais au cours du mois de juin 1429 :

Sacre deCharlesVII à Notre-Dame de Reims

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Sacre deCharlesVII àReims.Enluminure du manuscrit deMartial d'Auvergne,Les Vigiles de la mort deCharlesVII,BnF,département des manuscrits,Ms. Français 5 054,fo 63 vo, vers 1484.

Jeanne d'Arc convainc ensuiteCharlesVII de se lancer avec elle dans unechevauchée vers Reims, en territoire contrôlé en partie par l'ennemi. EtCharlesVII est sacréroi de France par monseigneurRegnault de Chartres,chancelier de France, dans lacathédrale Notre-Dame de Reims le, en présence notamment de Jeanne d'Arc et — selon la tradition — deschevaliers de la Sainte Ampoule.

Sacre d'HenriVI à Notre-Dame de Paris

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De son côté,HenriVI d'Angleterre est sacré, à son tour, roi de France àl'âge de neuf ans en lacathédrale Notre-Dame de Paris, le, par lecardinal de Winchester, entouré duduc de Bedford et de nombreux lords anglais[n 12].

Capture, procès et mort de Jeanne d'Arc

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Après une période de négociations et de trêves entre les Armagnacs et les Bourguignons, ces derniers rouvrent les hostilités. Le,Jean de Luxembourg entame lesiège de Compiègne. Alertée par ses habitants, Jeanne d'Arc vient à leur secours à la tête de400 lances. Mais, tombée dans une embuscade, elle devient prisonnière des Bourguignons. Elle est vendue aux Anglais, jugée àRouen par le tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque de Beauvais,Pierre Cauchon. Elle est condamnée à mort comme hérétique et relapse, et meurt brûlée vive à Rouen le, à l'âge de19 ans.

Le roiCharlesVII, après avoir libéré Rouen en1449, fera ouvrir une enquête sur les circonstances de son procès et de son supplice. Il obtient pour celle qui l'avait si fidèlement servi une solennelle réhabilitation le.

Depuis leXVe siècle, les historiens ont cherché à définir le rôle exact de ce personnage hors du commun. Sur le plan militaire, elle n'est pas considérée comme chef de guerre, mais plutôt comme l'auxiliaire de la victoire, par ses encouragements et ses incitations à se battre résolument contre les Anglais et leurs alliés bourguignons. Sur le plan politique, elle sert admirablement les desseins du roiCharlesVII, au moment où il était atteint de découragement devant les progrès de l'ennemi et la faiblesse de son camp : cette jeune fille religieusement inspirée, énergique et enthousiaste, entraîne le roi vers un total changement de cap. Elle est surtout à l'origine de sa légitimation définitive en le faisant sacrer à Reims. Enfin, elle incarne le symbole de la résistance du peuple de France contre l'occupant étranger.

Paix d'Arras

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Longtemps indécis,CharlesVII va exploiter l'extraordinaire élan suscité parJeanne d'Arc pour asseoir son autorité et lancer la reconquête des territoires perdus sur les Anglais. Néanmoins, il sait qu'il ne peut rien tant que la guerre civile avec la Bourgogne ne sera pas terminée. Il entame donc des négociations avec le duc de Bourgogne,Philippe le Bon. N'attendant plus rien des Anglais et désirant se consacrer au développement de ses provinces,Philippe le Bon accepte de traiter avecCharlesVII[33]. Le, sous la présidence des légats du pape et en présence de nombreux princes français et étrangers, le congrès de la paix entre Bourguignons et Armagnacs s'ouvre dans la ville d'Arras. Le roiCharlesVII est représenté par leduc de Bourbon, lecomte de Vendôme et leconnétable de Richemont. De son côté,Philippe le Bon est accompagné de son fils, le futur duc de BourgogneCharles le Téméraire et il est assisté duchancelier Rolin.

Le, dans la liesse populaire, lapaix d'Arras est proclamée en l'église Saint-Waast, mettant fin à laguerre civile déclenchée en1407 entre les Armagnacs et les Bourguignons, à la suite de l'assassinat du ducLouis d'Orléans par les sbires du duc de Bourgogne,Jean sans Peur[n 13].CharlesVII reconnaît officiellementPhilippe le Bon comme souverain de la Bourgogne et le dispense personnellement de lui rendre hommage. Il lui cède également les comtés deMâcon et d'Auxerre et lui vend plusieurs villes de la Somme, dontAmiens,Abbeville,Saint-Quentin. Le tribut à payer est lourd, mais pourCharlesVII, le principal est ailleurs : il a désormais les mains libres et pourra affronter sereinement les Anglais[33].

La « Pragmatique Sanction » de Bourges

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En 1438, le roiCharlesVII, soucieux d'affirmer son autorité sur l'Église de France, décide de convoquer une assemblée composée d'évêques, de religieux et de théologiens, ainsi que des représentants du papeEugèneIV[n 14], en laSainte-Chapelle de Bourges, afin de bien définir et de renforcer les pouvoirs du roi de France face aux prérogatives du souverain pontife. LaPragmatique Sanction de Bourges, promulguée le, lui permet ainsi de s'imposer comme le chef naturel de l'Église de France. Il détient désormais le pouvoir de désigner les principaux représentants du clergé français dans les abbayes et les différents sièges épiscopaux français, avec l'approbation des conciles et celle du souverain pontife. En outre, il a un droit de regard et d'intervention sur les modalités de la redistribution des redevances religieuses vers leSaint-Siège. C'est le premier pas vers une institution bien française connue sous le nom degallicanisme.

Ordonnance d'Orléans

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Article détaillé :États généraux de 1439.
Portrait deCharlesVII en prière, d'après une peinture deJean Fouquet
(collectionRoger de Gaignières, Paris, BNF,XVIe siècle).

En1439, lesétats généraux delangue d'oïl, réunis sous la présidence du roiCharlesVII à Orléans, émettent le vœu qu'une réforme intervienne pour mettre fin aux désordres provoqués par les routiers et les écorcheurs. Ces supplétifs des troupes combattantes de l'armée royale, le plus souvent aux ordres des grands féodaux, se signalaient en effet par leurs nombreuses exactions. Entre deux combats, leurs groupes armés pillaient et rançonnaient la population, en échappant à tout contrôle des autorités constituées.

Par l'ordonnance d'Orléans, donnée le par le roiCharlesVII, deux réformes sont décidées :

L'armée royale est tenue de respecter un règlement disciplinaire rigoureux.

Praguerie de 1440

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Lestrois ordres dansL'arbre des batailles de Honorat Bovet. Au centre de laminiature, le roiCharlesVII entouré dudauphinLouis et duconnétableArthur de Richemont.
Paris,BnF,Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 2 695fo 6vo ,XVe siècle.

L'ordonnance d'Orléans provoque la réaction des féodaux du royaume qui refusent toute atteinte de leurs prérogatives médiévales au profit du pouvoir royal centralisateur.

En1440, les grands vassaux s'engagent dans une révolte armée contre le roiCharlesVII. Cette conspiration est connue sous le nom dePraguerie, par allusion à larévolte des hussites à Prague au début duXVe siècle. Parmi les comploteurs se retrouventJeanII,JeanIV d'Armagnac,CharlesIer de Bourbon,Louis Ier de Bourbon-Vendôme et jusqu'au dauphin Louis, futurLouisXI, pressé de prendre le pouvoir en éliminant son père.

Les conjurés prennent les armes, mais ils essuient le refus des seigneurs restés fidèles au roiCharlesVII. Après de nombreux combats, les troupes royales, dirigées en personne par le roiCharlesVII, finissent par venir à bout des révoltés le. Ces derniers demandent grâce et l'obtiennent de la part du roi. Son fils Louis est éloigné jusqu'en Dauphiné, dont il va assumer le gouvernement en tant que Dauphin du Viennois.

De septembre 1444 à avril 1445, Charles VII réside àNancy[35] en raison de sonexpédition contre Metz[36].

Compagnies d'ordonnance

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Profitant d'une accalmie dans laguerre de Cent Ans, le roiCharlesVII crée, par l'ordonnance de 1445, les premières unités militaires permanentes à disposition du roi de France, appeléescompagnies d'ordonnance.

Elles visent à la fois une plus grande efficacité au combat de l'armée royale, et une diminution des dégâts causés par l'armée en déplacement. Elles joueront un grand rôle dans la victoire de la France à la fin de la guerre de Cent Ans en1453[37].

En mars 1448 Charles VII dirige le siège du Mans, duchâteau de Lavardin possession du comte de Vendôme son vassal et cousin, la ville fut libérée le 16 mars.

Bataille de Normandie

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Le, le conseil du roi[n 15] approuve la décision deCharlesVII d'ouvrir les hostilités afin de libérer définitivement cette province.

Trois corps d'armée dirigés par lecomte de Saint-Pol, parJean de Dunois etPierre de Brézé et par le ducFrançoisIer de Bretagne, investissent les places-fortes duCotentin, deBasse etHaute-Normandie. Les troupes anglaises rendent les armes sous la pression des forces de l'intérieur et de l'armée royale.

Le1er novembre 1449, la ville de Rouen est libérée. Le roiCharlesVII préside en majesté le grand défilé de la Libération, dont il confie le commandement àPierre Frotier, baron de Preuilly[n 16].

Après de nombreux combats auxquels le roi prend part directement, les troupes royales libèrentCaen le puisCherbourg capitule le après un siège meurtrier. Mais la victoire décisive sur les troupes anglaises a été acquise à labataille de Formigny, le.

La Normandie est ainsi conquise et libérée définitivement de la domination anglaise après un an de combat.

Bataille de Guyenne

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La mort deJohn Talbot à labataille de Castillon.Miniature issue du manuscrit deMartial d'Auvergne,Les Vigiles de la mort deCharlesVII, vers 1484,BNF, ms. Français 5 054fo 229vo .

La libération de la Guyenne devait se révéler plus longue et plus difficile que celle de Normandie. En effet, lesBordelais considéraient les Anglais comme des amis et surtout des clients privilégiés dans le commerce du vin.

Le roi envoie en un détachement sous les ordres deJean de Blois-Bretagne, comte de Périgord. Les Français investissentBergerac,Jonzac et plusieurs places fortes aux environs deBordeaux.

En, une armée forte de 20 000 hommes, aux ordres deJean de Dunois, procède ausiège de Bordeaux. La capitale de la Guyenne est prise le et occupée par les royaux qui administrent la cité. Mais les Bordelais se révoltent et, le,ouvrent les portes aux forces anglaises commandées parJohn Talbot. Les Français sont faits prisonniers et la ville est à nouveau occupée et défendue par les Anglais.

Ce n'est que le que le roi parvient à envoyer des renforts, après avoir défendu les côtes normandes d'une nouvelle et menaçante invasion anglaise. Les armées françaises battent les troupes de Talbot le lors de labataille de Castillon (où John Talbot trouve la mort) et reprennent lesiège de Bordeaux, avec l'appui de l'artillerie desfrères Bureau. Les assiégés résistent vaillamment, tous Bordelais et Anglais confondus, mais ils finissent par capituler le auprès de l'amiral de Bueil,comte de Sancerre.

Le roiCharlesVII fait grâce aux rebelles bordelais pendant que les Anglais rembarquent définitivement le. Cette année1453 marque la fin de laguerre de Cent Ans et le triomphe deCharlesVII, le Victorieux. Le roiHenriVI d'Angleterre sombre quant à lui dans la démence comme son grand-père maternel, le roi de FranceCharlesVI.

Ainsi s'achève la reconquête de la France, à l'exception deCalais qui ne sera prise qu'en1558. La prédiction de Jeanne d'Arc est réalisée : les Anglais sont définitivement « boutés hors de France ».

Dernières années

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Article détaillé :Procès du duc d'Alençon.
Enluminure deJean Fouquet représentant lelit de justice de Vendôme,« l'un des points d'orgue du procès » du ducJeanII d'Alençon[38].Boccace de Munich, détail, vers 1459-1460, Munich,Bibliothèque d'État de Bavière, Cod. Gall. 369,fo 2 vo.
Charles
VII trône en majesté sous undaisfleurdelisé, au centre de la composition.
Buste deCharlesVII,
vers 1463 – 1465,
basilique de Saint-Denis[n 17].

En 1451,Jacques Cœur, grand argentier du roi, est arrêté, sans doute à cause de ses créanciers et débiteurs jaloux de sa réussite personnelle. Il est banni en 1453. En 1458, un de ses protégés,Nicolas Jenson, maître graveur à l’atelier royal de Monnaies à Tours, est mandaté par Charles VII pour aller à Mayence, apprendre l'art typographique inventé récemment par Gutenberg, prélude à l'introduction de l'imprimerie en France.

Les dernières années deCharlesVII sont troublées par l'ambition de son fils, le futurLouisXI, qui s'était déjà manifesté dans le passé en participant activement à laPraguerie en1440.

Ayant conspiré contreAgnès Sorel etPierre de Brézé, le dauphin Louis est chassé de la cour en 1446 et se réfugie dans le Dauphiné. Là-bas, il mène une politique personnelle, nourrissant l'ambition de constituer un vaste fief sur les deux versants des Alpes. Dans ce but, il signa un traité d'assistance avec le ducLouisIer de Savoie et épouse sa filleCharlotte[40].

Furieux de ses agissements,CharlesVII envoie alors une armée marcher sur le Dauphiné. Louis doit alors s'enfuir et se réfugie chez le duc de BourgognePhilippe le Bon. En apprenant la nouvelle,CharlesVII déclare :

« Mon cousin de Bourgogne a reçu chez lui un renard qui, un jour, lui mangera ses poules[41]. »

Ce commentaire cinglant faisait probablement allusion à la personnalité rusée et perfide de son fils[41].

LouisXI ne quittera la Bourgogne qu'à la mort de son père en 1461.

Mort et inhumation

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Mort deCharlesVII.Miniature ornant un manuscrit desGrandes Chroniques de France, fin duXVe siècle,British Library,Royal 20 CIX,fo 311.

Après un long règne de près de 40 ans, le roiCharlesVII meurt dans sonchâteau de Mehun-sur-Yèvre le, à l'âge de 58 ans. Son fils aîné, le Dauphin Louis, lui succède et devient le roi Louis XI. Le, Charles VII est inhumé en labasilique de Saint-Denis, au nord deParis, où il repose aux côtés de tous sesprédécesseurs parmi lesquels sonpère.

Personnalités de la cour

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Jean Fouquet a représenté le roi Charles VII en roi mage.

Agnès Sorel

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C'est en 1443, à l'âge de 40 ans, que Charles VII fait connaissance d'Agnès Sorel, demoiselle d'honneur d'Isabelle Ire de Lorraine, épouse du ducRené d'Anjou. Elle fut admise à la cour royale et devint lafavorite du roi. Elle lui donna trois filles, les princessesMarie de Valois,Charlotte de Valois etJehanne de Valois, qui furent officiellement légitimées et mariées à de grands seigneurs de la cour.

Selon les historiographes de l'époque, Agnès Sorel rayonnait par sa grâce et sa beauté. Le peintreJean Fouquet en a fait un célèbre portrait éloquent. Elle avait reçu en présent du roi lechâteau de Beauté et elle était surnommée la « dame de Beauté. »

Agnès Sorel est morte prématurément avant d'avoir atteint l'âge de trente ans, le, peu de temps après avoir mis au monde une quatrième fille qui n'a pas survécu, au grand désespoir du roi. Letombeau d'Agnès Sorel est érigé dans l'église abbatiale jouxtant lechâteau de Loches. Un deuxième tombeau contenant une partie de ses cendres est érigé à l'abbaye de Jumièges.

Georges de La Trémoille

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Né en 1384, le comteGeorges Ier de La Trémoille, après avoir servi les ducs de Bourgogne, rejoint les rangs du roi Charles VII à Bourges en 1422, tout en conservant des intelligences dans le camp des Bourguignons.

Il entre au conseil du roi et devient son confident. Il s'oppose au connétable de Richemont et trempe dans de nombreuses intrigues pour finalement subir une tentative d'attentat le dont il ressort blessé et captif du connétable. En 1440, il complote avec les grands féodaux dans la conspiration de laPraguerie, mais défait, il se retire dans sonchâteau de Sully-sur-Loire où il meurt le.

Jacques Cœur

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Né vers 1395 àBourges,Jacques Cœur est le fils de Pierre Cœur, riche marchand pelletier, fournisseur de la cour du ducJean Ier de Berry. Jacques Cœur prend la suite de son père et devient en 1427 fournisseur attitré de la cour du roi Charles VII, qui a fait de Bourges sa capitale. Il s'engage dans le commerce international et dirige une flotte de12 navires marchands. En 1435, il obtient la charge de maître de la monnaie de Bourges, puis de celle de Paris. Le, il est nommé grand argentier de France, chargé de recevoir les redevances des trésoriers généraux au nom du roi. Il crée des impôts nouveaux ou les remet en vigueur : lataille, lefouage, lesaides et lagabelle.

Toujours chargé de son commerce international, Jacques Cœur est anobli en 1441. Il est nommé conseiller du roi en 1442. Il devient son confident et reçoit de nombreuses missions diplomatiques. Il intervient aussi pour assainir les finances du royaume. Devenu richissime, Jacques Cœur est sollicité pour financer la bataille de Normandie contre les Anglais en 1447.

Il avait fait construire en 1443 un somptueux palais à Bourges, aujourd'hui connu sous le nom depalais Jacques-Cœur, qui dépassait en magnificence lepalais royal de Bourges etcelui des archevêques. Il suscita de nombreuses jalousies et fut la victime, notamment de ceux qui lui avaient emprunté de l'argent. Ils témoignèrent contre lui lorsqu'un procès pour concussion lui fut intenté en 1451. Condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement en 1453, il s'évade duchâteau de Poitiers et se réfugie àRome. Le papeCalixte III lui confie en 1456 le commandement de l'expédition sur l'îlegénoise deChios contre lesOttomans. Il meurt au cours de l'expédition le.

Jean de Dunois

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Fils naturel deLouis Ier d'Orléans, chef de lamaison d'Orléans, branche cadette de lamaison de Valois, dont l'assassinat en 1407 déclenche à terme laguerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, le bâtard d'Orléans s'engage dans les rangs desArmagnacs et, à la mort deCharles VI en 1422, prend parti pourCharles VII dépossédé de la succession par letraité de Troyes (1420) au profit du roi d'AngleterreHenri VI.

Il mène les troupes françaises lors de la levée dusiège de Montargis le 5 septembre 1427, aux côtés de ses compagnonsLa Hire etPonton de Xaintrailles, premier grand revers anglais de la guerre de cent ans[42].

Lors dusiège d'Orléans (1428-1429), en l'absence de ses demi-frères légitimes le ducCharles d'Orléans et le comteJean d'Angoulême, prisonniers des Anglais, Jean devient le chef de fait des Orléans. C'est alors qu'il s'illustre en tant que compagnon d'armes deJeanne d'Arc.

Jean d'Orléans obtient par la suite les comtés deDunois (1439) et deLongueville (1443).

On lui doit la construction de l'aile qui porte son nom auchâteau de Châteaudun, ainsi que celle de laSainte-Chapelle de ce même château.

Louis de Bourbon, comte de Vendôme

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Louis Ier de Bourbon-Vendôme, cousin du roi, né vers 1376, il connut la prison à plusieurs reprises. Proche du duc d'Orléans, durant la guerre civile, il multiplia les offices au service de la couronne. Il estGrand chambellan de France en 1408, Grand maître de l'hôtel du roi à partir de 1411, charge qu'il gardera sous le règne de Charles VII. Il fut fait prisonnier à Azincourt, captivité dont il ne revint qu'en 1422-1424.

SelonJean Pasquerel, confesseur deJeanne d'Arc, c'est lecomte de Vendôme qui aurait conduit la Pucelle dans la salle où se trouvait le roi pour leur première rencontre àChinon[43]. Durant la reconquête du royaume, il fut gouverneur de Picardie de Champagne et de Brie. Présent auSiège d'Orléans (1428-1429), à laBataille de Montépilloy, ou encore à la prise de Compiègne, il représenta l'un des pairs laïcs au sacre de Charles VII. Il est présent auTraité d'Arras (1435) et sera envoyé en ambassade en Angleterre en 1445. Il décède le 16 décembre 1446 à Tours.

Son corps est inhumé dans lacollégiale Saint-Georges duchâteau de Vendôme, et son cœur dans lachapelle de Vendôme qu'il avait fondé à lacathédrale de Chartres.

On lui doit la reconstruction du donjon duchâteau de Lavardin[44] et divers travaux dans lechâteau de Montoire, ainsi que la fondation de lachapelle de Vendôme à lacathédrale de Chartres.

Arthur de Richemont

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Il né le auchâteau de Suscinio, près deVannes, est unseigneurbreton, fils deJean IV,duc de Bretagne, et de sa troisième épouseJeanne de Navarre.

Blessé à labataille d'Azincourt en 1415 et fait prisonnier, il reste en captivité enAngleterre pendant cinq ans. Il est nomméconnétable de France parCharles VII le, reprendParis aux Anglais le, après avoir été l'un descompagnons d'armes de Jeanne d'Arc.

Il devientduc de Bretagne en 1457, avant de s'éteindre l'année suivante le àNantes.

Jean II de Chambes

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Né en 1405, le chevalierJean II de Chambes rentre comme écuyer au service du roi Charles VII en 1426, puis devientpanetier du roi en 1438, premier maître d'hôtel en 1444 pour devenir ensuite conseiller privé du roi. Il préside lesÉtats de Languedoc avec Jacques Cœur en 1443 et négocie la reddition de Bordeaux en 1453. En 1452, il met ses talents diplomatiques au service du roi pour résoudre le conflit qui oppose Charles VII au dauphin futur roi Louis XI à la suite du mariage de ce dernier sans autorisation. AvecThibault de Lucé,évêque de Maillezais, il négocie un traité d'alliance avecFrédéric II de Saxe le 11 avril 1453. Il est nommé ambassadeur à Rome en 1454, àVenise en 1458 afin de préparer unecroisade par convocation dupapePie II. Il est aussi nommé ambassadeur pour l'Empire ottoman. Il obtient une somme considérable d'argent lors du procès deJacques Cœur. En 1450 il acquiert de son beau-frèreLouis Chabot la forteresse de Montsoreau, et entreprend des travaux considérables afin de faire construire dans le lit de la Loire l'actuelchâteau de Montsoreau. Il fait aveu auroi René en 1466 et reçoit Louis XI au château de Montsoreau le. Jean II de Chambes meurt entre 1474 et 1476.

Autres personnages de la cour

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Parmi lespremiers conseillers du dauphin de 1418 à 1425 figurent notammentRobert Le Maçon,Jean Louvet,Tanneguy III du Chastel,Arnault Guilhem de Barbazan etPierre Frotier. Ils adhèrent auparti d'Armagnac et protègent le jeune dauphin de France lors de l'invasion de Paris par les Bourguignons en1418. Repliés à Bourges avec l'héritier du trône, ils l'assistent fidèlement lors de ses négociations avec les Bourguignons. Ils constituent sa garde rapprochée dans ses combats contre les Anglais et les Bourguignons. Ils sont partie prenante à l'entrevue de Montereau en1419, accusés du meurtre de Jean sans Peur. Ils sont poursuivis par la vindicte du duc Philippe le Bon de Bourgogne qui entend venger la mort de son père. Ils sont jugés par contumace dans la cour de Justice de Paris en 1420 et passibles de la peine de mort pour crime de lèse-majesté. Le procès traîne en longueur et n'aboutira jamais.

Ils sont évincés du pouvoir en 1425 par le comteArthur de Richemont, nouveauconnétable de France, à l'instigation de son beau-frère Philippe le Bon. Ils sont menacés dans leur vie et dans leurs biens lors de la signature dutraité d'Arras en 1435 mettant fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[n 18]. En dépit des clauses du traité imposées par les Bourguignons, le roi Charles VII reste fidèle à ceux qui l'ont si bien servi à ses débuts et il les maintient ou les rétablit dans de nouvelles fonctions dès l'année 1444.

Parmi les capitaines et chefs de guerre qui appuient Charles VII dans sa guerre contre les Anglais et les Bourguignons, se distinguent nombre de personnalités (voir section suivante).

Personnalités du règne de Charles VII

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La famille :

La maison d'Orléans :

La maison d'Anjou :

La maison de Bretagne :

Les conseillers :

Les gens de guerre :

L'adversaire bourguignon :

Les adversaires anglais :

Le financier :

Les hommes des arts et des lettres :

Sépulture

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Gisants de Charles VII et Marie d'Anjou.
La chapelle caroline où furent placés les gisants de Charles VII etMarie d'Anjou (emplacement C).

Il fut inhumé en l'église abbatiale de Saint-Denis, où il reposa avec son épouse jusqu'à laRévolution, dans la chapelle caroline de Saint-Jean-Baptiste. Les travaux de construction du tombeau débutèrent avant même le décès de la reine Marie et furent achevés entre1464 et1465. Le socle de marbre noir n'était pas entouré de pleurants ni de statuettes princières, à la différence des tombeaux deCharles V et deCharles VI. Deux colonnes de marbre blanc sculpté bordaient les gisants sur la dalle. On retrouvait dais, coussins et chiens traditionnels. Une inscription funéraire était gravée au dos du dais deMarie d'Anjou. La réalisation des gisants est attribuée àMichel Colombe (1430–1513). Le grand sculpteur, célèbre pour la réalisation du tombeau deFrançois II de Bretagne, n'a guère séjourné enÎle-de-France mais il a suivi les rois dans leur déplacement deBourges àTours.

Le document de la collectionGaignières (aujourd'hui àOxford, à laBodleian Library) montre qu'auXVIIe siècle le tombeau n'était plus intact. Les bras des souverains avaient été cassés et les couronnes amputées. On ne sait à quelle période eurent lieu ces dégradations marginales.

Cependant le monument était relativement bien préservé, comme le prouve l'état du décorgothique entourant les deux gisants, tout au moins jusqu'à la fin duXVIIe siècle car si le dessin de Gaignières reproduit les deux colonnettes horizontales gothiques sur les côtés de la dalle, le plan de dom Félibien de1706 ne les montre plus. Ce plan, très détaillé, les maintient pour les tombeaux deCharles V etCharles VI, ce qui peut laisser penser qu'il y eut des travaux inachevés au début duXVIIIe siècle qui motivèrent un retrait temporaire de cette décoration.

Le tombeau fut détruit du5 au. À la différence des gisants deCharles V, deCharles VI et d'Isabeau de Bavière, ceux de Charles VII et de Marie d'Anjou furent brisés à coup de masse.Alexandre Lenoir put sauver les bustes des gisants qu'il fit détacher des parties supérieures amputées et s'émiettant. Aussi fit-il découper horizontalement à la scie ce qui restait de récupérable pour le transporter dans les réserves dumusée des monuments français.

AuXIXe siècle, les deux vestiges ne retournèrent pas àSaint-Denis mais subirent une restauration (nouveaux nez, nouvelles couronnes), peut-être à l'initiative deViollet-le-Duc. Ils furent ensuite envoyés auxArchives nationales puis au Louvre et enfin retournèrent à la fin desannées 1990 dans la basilique Saint-Denis, juste à côté du tombeau de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, sur des colonnes se faisant face.

Généalogie

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Article détaillé :Arbre généalogique des Valois.

Ascendance

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Ascendance de Charles VII de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
32=22.Charles de Valois
 
 
 
 
 
 
 
16.Philippe VI de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
33.Marguerite d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
8.Jean II de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
34.Robert II de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
17.Jeanne de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
35.Agnès de France
 
 
 
 
 
 
 
4.Charles V de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
36.Henri VII du Saint-Empire
 
 
 
 
 
 
 
18.Jean Ier de Bohême
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
37.Marguerite de Brabant
 
 
 
 
 
 
 
9.Bonne de Luxembourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
38.Venceslas II de Bohême
 
 
 
 
 
 
 
19.Élisabeth de Bohême
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
39.Judith de Habsbourg
 
 
 
 
 
 
 
2.Charles VI de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
40.Robert de Clermont
 
 
 
 
 
 
 
20.Louis Ier de Bourbon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
41.Béatrice de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
10.Pierre Ier de Bourbon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
42.Jean Ier de Hainaut
 
 
 
 
 
 
 
21.Marie de Hainaut
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
43.Philippa de Luxembourg
 
 
 
 
 
 
 
5.Jeanne de Bourbon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
44.Philippe III de France
 
 
 
 
 
 
 
22.Charles de Valois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
45.Isabelle d'Aragon
 
 
 
 
 
 
 
11.Isabelle de Valois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
46.Guy IV de Châtillon-Saint-Pol
 
 
 
 
 
 
 
23.Mahaut de Châtillon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
47.Marie de Bretagne
 
 
 
 
 
 
 
1. Charles VII de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
48.Louis II de Bavière
 
 
 
 
 
 
 
24.Louis IV du Saint-Empire
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
49.Mathilde de Habsbourg
 
 
 
 
 
 
 
12.Étienne II de Bavière
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
50.Bolko Ier de Świdnica
 
 
 
 
 
 
 
25.Béatrice de Świdnica
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
51.Béatrice de Brandebourg
 
 
 
 
 
 
 
6.Étienne III de Bavière
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
52.Pierre III d'Aragon
 
 
 
 
 
 
 
26.Frédéric II de Sicile
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
53.Constance de Hohenstaufen
 
 
 
 
 
 
 
13.Élisabeth de Sicile
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
54.Charles II d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
27.Éléonore d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
55.Marie de Hongrie
 
 
 
 
 
 
 
3.Isabeau de Bavière
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
56.Mathieu Ier Visconti
 
 
 
 
 
 
 
28.Étienne Visconti
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
57.Bonacossa Borri
 
 
 
 
 
 
 
14.Barnabé Visconti
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
58.Barnabò Doria
 
 
 
 
 
 
 
29.Valentine Doria
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
59.Eleonora Fieschi
 
 
 
 
 
 
 
7.Taddea Visconti
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
60.Alboino della Scala
 
 
 
 
 
 
 
30.Mastino II della Scala
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
61.Beatrice da Corregio
 
 
 
 
 
 
 
15.Reine della Scala
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
62.Jacopo da Carrara
 
 
 
 
 
 
 
31.Taddea de Carrare
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
63.Anna Gradenigo
 
 
 
 
 
 
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Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires.Améliorez-la oudiscutez des points à améliorer.

Ce paragraphe indiquela fratrie de Charles VII et la destinée de chacun de ses frères et sœurs[45], souvent liés avecl'Angleterre desLancastre et lafamille de Bourgogne, ces deux Maisons cernant en quelque sorte la succession au trône de France.

Frères et sœurs de Charles VII
 

Descendance de Charles VII

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Enfants légitimes de Charles VII et de Marie d'Anjou

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Il n'a pas vingt ans lorsqu'il épouse le àBourges, dans lacathédrale Saint-Étienne,Marie d'Anjou. Ils eurent quatorze enfants :

  1. Louis (), qui lui succède sous le nom de Louis XI, et postérité ;
  2. Jean, (né et mort le), sans postérité ;
  3. Radegonde (Chinon, août 1428[46] – 1445)[47], sans postérité ;
  4. Catherine (vers 1431 ou 1432[48]), qui épouse en 1440 le futurduc de BourgogneCharles le Téméraire, union sans postérité ;
  5. Jacques (1432 – 1437) ; sans postérité ;
  6. Yolande (), qui épouse le futurducAmédée IX de Savoie en 1452, et qui, à la mort de ce dernier, devient régente de Savoie ; d'où la suite des ducs de Savoie jusqu'en 1496, et descendance dans lesBade-Hochberg-Neuchâtel,Orléans-Longueville-Neuchâtel,Savoie-Carignan puis lesrois d'Italie, et dans lesde Luynes,Goyon-Matignon-Grimaldi de Monaco,Colbert de Seignelay,Montmorency-Luxembourg ; aussi dans lesLaval-Montfort puis lesLa Trémoille ;
  7. Jeanne (1435 – 1482), qui épouse en 1452 le futur ducJean II de Bourbon, sans postérité ;
  8. Philippe (1436 – 1436), sans postérité ;
  9. Marguerite (1437 – 1438), sans postérité ;
  10. Jeanne (), sans postérité ;
  11. Marie (), sœur jumelle de Jeanne de France, sans postérité ;
  12. Marie (1441 - morte jeune), sans postérité ;
  13. Madeleine (), qui en1462 épouseGaston de Foix, prince de Viane ; d'où la suite desrois de Navarre, puis rois de France à partir d'Henri IV ;
  14. Charles (1446 – 1472), duc de Berry, de Normandie et de Guyenne, sans postérité légitime (2 filles).

Descendance naturelle

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Charles VII a de sa liaison avecAgnès Sorel :

À partir de 1461, sauf les Valois-Orléans de 1498 à 1589, tous les rois de France ou de Navarre descendent de Charles VII.

Filmographie

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Cinéma et télévision

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Notes et références

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Notes

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  1. « L'ordre a pu être remis au sein de la famille royale et dans le gouvernement. Celui-ci est formé d'hommes sûrs que Louis d'Anjou a choisis. D'abord, Jean Louvet, président de Provence, qui devient commissaire des Finances. Robert Le Maçon devient conseiller et Tanguy du Chatel, qui avait appartenu à la Maison du feu duc d'Orléans, prévôt de Paris. Charles de Ponthieu avait ses propres conseillers-précepteurs : Hardouin de Maillé, Pierre de Beauveau, Hugues de Noyers et son confesseur, Gérard Machet, qui eut une profonde influence sur le jeune roi. »[9].
  2. En 1349,HumbertII de Viennois avait vendu sa seigneurie duDauphiné au roi de FrancePhilippeVI, à la condition que l'héritier du trône porte le titre dedauphin de Viennois.
  3. La reine Isabeau fait une déclaration publique et solennelle pour sceller son alliance avec Jean sans Peur : « Très cher cousin, par-dessus tous les autres hommes de ce royaume, je dois vous aimer, parce qu'à ma demande, vous avez tout laissé et êtes venu me délivrer hors de prison. Pour quoi, mon très cher cousin, je ne vous faillirai jamais, car je vois bien que vous avez toujours aimé mon seigneur le roi, sa génération, son royaume et la chose publique. »[11].
  4. Les quelques témoignages qui le concernent à cette époque concordent : le jeune prince a l'esprit vif, clairvoyant, il est courageux et déterminé, capable d'inspirer confiance à ses fidèles, comme si les épreuves récentes avaient forgé son caractère. « Combien qu'il fût jeune d'âge, toutefois il avait bien bon sens et entendement », ditJouvenel des Ursins[14].
  5. Ce traité de paix passé àSaint-Maur-des-Fossés prévoyait que* Tout fut pardonné aux Armagnacs les maux qu'ils avoient fait. * Et s'il était prouvé contre eux qu'ils étaient consentants de la venue du roi d'Angleterre, et qu'ils en avaient eu grands deniers de la part dudit roi. * item d'empoisonner les deux aînés fils du roi de France, et savait-on bien que ce qui avait été et fait faire ; et de l'empoisonnement du ducde Hollande et débouter hors lareine de France de son royaume ; et il convient de tout mettre à néant, ou sinon ils (les Armagnacs) eussent détruit le royaume de France et livré aux Anglais le dauphin qu'ils avaient devers eux. Ainsi fut faite cette paix, qui qu'en fut courroucé ou joyeux et fut crié à Paris à quatre trompes et à six ménestrels le lundi19e jour de septembre de l'an 1418[19].
  6. La garde du dauphin est composée de deux cents hommes d'armes. Elle est dirigée parPierre Frotier. En 1418, cet officier du roiCharlesVI, avait participé au sauvetage du jeune dauphin, âgé de quinze ans, lors de l'invasion nocturne à Paris des tueurs bourguignons envoyés parJean sans Peur, aux ordres deCapeluche.
  7. Dans une lettre adressée à la cour du roi son père, le dauphin de France écrit : « Nous lui remontrâmes amiablement comment, nonobstant la paix et ses promesses, il n'avait rien fait ni ne faisait aucune guerre aux Anglais, et aussi comment il n'avait pas retiré ses garnisons, comme il l'avait juré, et nous le requîmes de le faire. Alors ledit duc de Bourgogne nous répondit plusieurs fortes paroles et chercha son épée pour nous attaquer et nous faire violence sur notre personne : laquelle, comme après nous l'avons su, il prétendait mettre en sujétion, de quoi, par la divine pitié et bonne aide de nos loyaux serviteurs, nous avons été préservés. Et lui, dans sa folie, mourût sur place. Les quelles choses nous signifions, comme à ceux qui auront, nous en sommes certains, une très grande joie que nous ayons été de telle manière préservé de tel péril. »[21].
  8. Les chroniqueurs bourguignons répandent le bruit que le dauphin Charles est le fils naturel de feu son oncleLouis de Valois,duc d'Orléans.LouisIer d'Orléans, frère cadet deCharlesVI, fut assassiné en 1407 sur l'ordre du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Les chroniqueurs bourguignons prétendent que le dauphin Charles aurait voulu venger le meurtre. Ils le désignent sous le sobriquet de « soi-disant dauphin ». Selon la rumeur, c'est parce qu'il est bâtard qu'un décret le bannit du royaume le. Cette théorie n'est pas démontrée. Les historiens contemporains indiquent que l'expression « soi-disant dauphin », reprise dans le traité de Troyes, exprime tout simplement le refus des Anglais et des Bourguignons de considérer l'héritier du trône comme le dauphin légitime, en raison de ses « crimes horribles et énormes » qui le disqualifient à tout jamais. Malgré les rumeurs répandues, la mère du dauphin, Isabeau de Bavière, n'a jamais reconnu, encore moins proclamé, l'illégitimité de son fils.Citation : Art.29e du traité de Troyes, extrait : « considérés les horribles et énormes crimes et délits perpétrés au dit royaume de France par Charles, soi-disant dauphin de Viennois, il est accordé que nous, ni notre dit fils le roi Henry, ni notre dit fils Philippe, duc de Bourgogne, ne ferons ou ferons traiter, sinon du conseil et consentement de tous et de chacun de nous trois, et des trois États des deux royaumes des susdits ». La véritable cause du déshéritement est la complicité dans le meurtre de Jean sans Peur dont on accuse le dauphin Charles. À ce titre, il est considéré comme indigne de prétendre désormais à la succession du royaume de France, du fait de ses « crimes abominables. ». En réalité, la dynastie anglaise desPlantagenêt revendique le trône de France et obtient l'élimination du dauphin et la disparition programmée de la dynastie directe de Valois, avec la complicité du duc Philippe le Bon de Bourgogne qui entend ainsi venger la mort de son père.
  9. Pour parvenir à ce subterfuge historique, le traité de Troyes abroge en tant que de besoin laloi salique qui interdit, dans le royaume de France, la succession monarchique en ligne féminine : le « petit roi de Bourges », descendant deSaint Louis, dernier représentant de la dynastie directe de Valois, est virtuellement écarté du trône de son royaume de France.
  10. Le roiHenriV d'Angleterre (1387-1422) et le ducJean sans Peur de Bourgogne (1371-1419), revendiquent chacun la succession du roiCharlesVI de France, en alléguant la légitimité de leurs droits héréditaires par leur qualité de descendants en ligne féminine du roiPhilippeIV le Bel (1268-1314).CharlesVII n'est que le descendant de la branche cadette de Valois. Il est, en effet, l'arrière-petit-fils du roiPhilippeVI le Bel (1293-1350), fils deCharles, comte de Valois (1270-1325), qui était le frère cadet du roiPhilippe le Bel. C'est par référence à laloi salique que la succession a eu lieu en 1328. Or, ni les Anglais, ni les Bourguignons n'admettent la validité de la loi salique appliquée au royaume de France et ils contestent la légitimité de la dynastie de Valois. C'est ce qui explique historiquement l'offensive des Anglais et de leurs alliés bourguignons, sur le plan militaire et diplomatique.
  11. Après la mort du roiCharlesVI, le présidentJean Le Clerc, réunit le Conseil de France à Paris le, et lit à haute voix l'Ordonnance de 1407, édictée par feu le roiCharlesVI, prescrivant qu'à sa mort, le dauphin de France,« en quelque âge qu'il soit, serait roi et couronné le plus tôt que faire se pourrait... ». Au terme de cet édit, le dauphin Charles de Ponthieu devait légitimement être proclamé roi de France sous le nom deCharlesVII. Cependant, le duc de Bedford, frère de feu le roi d'AngleterreHenriV, informe le Conseil, que c'est le fils du défunt roiCharlesV d'Angleterre qui doit être nommé roi de France et d'Angleterre, en vertu du Traité de Troyes, sous le nom deCharlesVI. Le Conseil, après en avoir délibéré statua, avec l'aval des ducs de Bedford, de Bourgogne et de Bretagne, que ce jeune prince de neuf mois recevrait donc à la fois la couronne de France et d'Angleterre, sous la tutelle de son oncle, le duc de Bedford, au détriment du dauphin de France, successeur légitime de la dynastie de Valois[23].
  12. HenriVI d'Angleterre ne bénéficiera pas de l'onction sacrée de laSainte Ampoule. Parvenu à l'âge adulte, il va sombrer dans la folie, être détrôné du royaume d'Angleterre et ne régnera jamais sur la France. Le Traité de Troyes concocté en 1420 par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, le roiHenriV d'Angleterre et Isabeau de Bavière, qui avait pour objet de déposséder l'héritier légitime du royaume de France au profit de la dynastie anglaise de Plantagenet, se révélera ainsi caduc.
  13. Paix d'Arras : les historiens observent que les Bourguignons ont exigé que le roiCharlesVII fasse œuvre de repentance à propos du meurtre de Jean sans Peur sur le pont de Montereau en 1419, bien que le souverain français se soit toujours défendu d'avoir fomenté un complot. En revanche, les négociateurs français n'ont rien réclamé quant à l'assassinat du duc Louis d'Orléans, frère du roiCharlesVI, bien que Jean sans Peur ait revendiqué haut et fort le meurtre de son cousin. Ils avaient reçu pour instruction d'obtenir la paix à tout prix.
  14. Devant les abus de pouvoir de l'ancienne papauté, et après la résolution de la crise pontificale résultant duGrand Schisme d'Occident (1378–1417), les pères conciliaires duconcile de Bâle (1331–1337) avaient déjà ouvert la voie de réformes en instituant la primauté duconciliarisme sur les positions papales. Les conseillers deCharlesVII ont incité leur souverain à profiter de cette période propice pour adapter ces réformes au royaume de France.
  15. Conseil qui se tient au château desRoches-Tranchelion près de Chinon.
  16. Le défilé de la Libération de Rouen :Jean Chartier, historiographe du roi, relate que « Premièrement allaient tout devant et les premiers tous les archers du roy, revêtus de jacquettes de couleur vermeil, blanche et verte, parsemées de fleurs, entre lesquels étaient six cents archers bien montés ayant brigandins et jacquettes par-dessus, pour la conduite desquels fut commis et ordonné par le royPierre Frotier, baron de Preuilly. Et après venait le roy, armé de toutes pièces, monté sur un coursier couvert jusqu'aux pieds de drap de velours azur, semé de fleurs de lys d'or de broderie, ayant en sa tête un chapeau de castor doublé de velours vermeil, sur lequel avait au bout une houpe de fil d'or... »
  17. Le buste de marbre provient du gisant du tombeau deCharlesVII, probablement sculpté d'après le masque funéraire du roi[39].
  18. Article 2 du traité d'Arras du :Item, que tous ceux qui perpétrèrent ledit mauvais cas (l'assassinat deJean sans Peur), ou qui en furent consentants, le roi abandonnera et fera toute diligence possible de les faire prendre et appréhender quelque part que trouvés pourront être, pour être punis en corps et en biens ; et si appréhendés ne peuvent être, les bannira et fera bannir à toujours, sans grâce de rappel, hors du royaume et du Dauphiné, avec confiscation de tous leurs biens, et seront hors de tout traité.
  19. Parmi les officiers de la couronne ayant sauvé le futur Charles VII lors de l'invasion des troupes bourguignonnes et du tyranCapeluche en 1418 à Paris, on distingue notamment :Jean Louvet,Tanneguy III du Chastel,Guillaume d'Avaugour etPierre Frotier.

Références

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  1. Ce que son père avait toujours semblé éviter, bien qu'il ait observé une neutralité bienveillante à leur égard et ponctuellement bénéficié de leur aide.
  2. Toutefois il faudra attendre 1475 et letraité de Picquigny pour la finde jure
  3. La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons est provoquée par l'assassinat du ducLouisIer d'Orléans, frère du roi, survenu à Paris le, à l'instigation de son cousinJeanIer de Bourgogne, dit Jean sans Peur, qui tente, de son côté, de succéder au roiCharlesVI atteint de démence, au détriment des jeunes dauphins de France
  4. Contamine 2017,p. 33, d'aprèsLe Fèvre,p. 126[réf. incomplète].
  5. Les deux fiancés sont cousins : ils sont tous les deux arrière-petits-enfants du roi de FranceJean le Bon (1319-1364)
  6. Contamine 2017,p. 33.
  7. Les ducs d'Anjou sont aussicomtes de Provence
  8. a etbContamine 2017,p. 32.
  9. Michel Hérubel,CharlesVII, Olivier Orban, 1981,p. 118.
  10. Contamine 2017,p. 37-38.
  11. BertrandSchnerb,Jean sans Peur, le prince meurtrier, Paris, Payot,coll. « Biographie Payot »,, 824 p.(ISBN 2-228-89978-X),p. 661.
  12. a etbGillesLecuppre,« Rapts royaux à la fin du Moyen Âge : le cas français », dans Anne-Hélène Allirot, Murielle Gaude-Ferragu, Gilles Lecuppre, Élodie Lequain, Lydwine Scordia, Julien Véronèse, Priscille Aladjidi, Alexandre Bande, Alexis Charansonnet, Nicolas Civel, Laurent Hablot, Damien Jeanne, Sandrine Lerou, Xavier Masson et Marie-Laure Surget,Une histoire pour un royaume,XIIe – XVe siècle : actes du Colloque Corpus regni, organisé en hommage à Colette Beaune, Paris, Perrin,, 588 p.(ISBN 978-2-262-02946-3),p. 277-278.
  13. Mais, la fiancée du dauphin,Marie d'Anjou, est retenue en otage à Paris par Jean sans Peur. Elle sera ultérieurement rendue au dauphin en signe de réconciliation.
  14. Minois 2005,p. 99.
  15. Didier Neuville, « Le parlement royal à Poitiers (1418-1436) »,Revue historique,t. 6,‎,p. 1-28, 272-314(lire en ligne)
  16. Jacques Poumarède et Jack Thomas (sous la direction de) et Serge Dauchy,« Le parlement de Poitiers (1418-1436), premier parlement de province ou cour souveraine en exil ? », dansLes parlements de province : Pouvoirs, justice et société duXVe au XVIIe siècle, Toulouse, Presses universitaires du Midi,coll. « Méridiennes »,, 810 p.(ISBN 978-2-91202500-5,lire en ligne),p. 75-87
  17. PhilippeContamine, « Chapitre II. Rebelle et déshérité : le dauphin dans la tourmente civile et étrangère (1417-1422) »,Biographies,‎,p. 41–88(lire en ligne, consulté le)
  18. « L'étrange bannière du Gentil Dauphin »,Bulletin de la Société Française de Vexillologie,Drapeaux et Pavillons, n° 146,4e trimestre 2020, p. 20.
  19. Journal d'un Bourgeois de Paris, réédition Henri Jonquières, Paris, 1929,p. 109).
  20. Bertrand Schnerb,Jean sans peur, le prince meurtrier, Biographie Payot, Paris, 2005,p. 673 : Le ducJeanV de Bretagne est accompagné deMarie d'Anjou que Jean sans Peur détenait en otage à Paris depuis l'invasion bourguignonne du, et qu'il rendait à son fiancé en gage de réconciliation.
  21. Barante,Histoire des ducs de Bourgogne,vol. 4,p. 443-444.
  22. du Fresne de Beaucourt 1881,p. 433-434,n. 4.
  23. Auguste Vallet de Viriville, Histoire deCharlesVII,TomeIer,LivreIII,ChapitreI.
  24. Françoise Gatouillat, « Les vitraux du bras nord du transept de la cathédrale du Mans et les relations franco-anglaises à la fin de la guerre de Cent Ans »,Bulletin Monumental, 2003,no 161-4,p. 307-324,[lire en ligne].
  25. Philippe Contamine, entréeYolande d'Aragon (v. 1385-1442), reine de Sicile et duchesse d'Anjou, dansContamine, Bouzy et Hélary 2012,p. 1051-1052.
  26. PhilippeContamine,« Yolande d'Aragon et Jeanne d'Arc : l'improbable rencontre de deux parcours politiques », dans Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse etBertrand Schnerb (dir.),Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck,coll. « Bibliothèque du Moyen Âge »,, 656 p.(ISBN 978-2-8041-6553-6,lire en ligne),p. 29.
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Voir aussi

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Bibliographie

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Sources primaires

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Travaux historiques

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Sources partielles

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Marie-Nicolas Bouillet etAlexis Chassang (dir.), « Charles VII (roi de France) » dansDictionnaire universel d’histoire et de géographie,(lire sur Wikisource).

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