Grâce à l'habileté ducardinalGentil de Montefiore, lelégat du nouveaupapeClément V qui l'accompagnait, les États de Hongrie acceptent finalement d'élire Charles Robert roi ; il est couronné une seconde fois le et même une troisième fois le.
Après le règne du roi contestéAndré III de Hongrie le pays était livré à l'ambition de princes territoriaux. Ces derniers, au nombre d'une quinzaine, à partir de leurs domaines, usurpent les prérogatives royales, les domaines et châteaux de la couronne et vassalisent la petite noblesse. Ils sont liés entre eux et aux familles nobles étrangères par de nombreux liens matrimoniaux. Les plus riches et les plus puissants d'entre eux sont :Matthieu Csák († 1321),comte palatin qui contrôle la Haute-Hongrie (l'actuelleSlovaquie), Henri Köszegi,ban deSlavonie,Paul Ier Šubić († 1312),ban deCroatie deDalmatie et deBosnie, László II Kán,voïvode deTransylvanie († 1315),Jean Babonić,Amédée Aba,Kopasz Borsa…
Pendant la lutte entre les prétendants au trône, les princes territoriaux soutiennent des candidats différents au gré de leurs intérêts. Après sa victoire, Charles Robert les prive, ainsi que leurs familles, du pouvoir sans ménager ceux qui, comme lesŠubić, ont été de ses premiers partisans.
À partir de 1323 le roi peut s'employer à affirmer son pouvoir. Il réorganise l'administration et l'armée qu'il dote d'une chevalerie à la « mode française ». Il met en place des réformes monétaires et fiscales qui engendrent la croissance des revenus royaux. Il constitue une nouvelle aristocratie avec la petite noblesse qui avait pâti du régime des princes territoriaux. Le roi s'appuie sur Lațcu,ispán desSicules (1328-1344),Pál Nagymartoni(hu), comte de la cour (1328-1349), Mikić Akos, ban de Slavonie (1325-1343), et Dumitru Necșa, le grand-argentier (1315-1338).
Charles Robert d'Anjou doit fuir le champ debataille de Posada pour éviter d'être pris en otage, son armée ayant été prise en embuscade.
Au début de son règne Charles Robert s'appuie sur l'alliance desHabsbourgs, la famille de sa mère. Toutefois les rois hongrois et tchèque se rencontrent le àNagyszombat pour conclure une alliance contre les Habsbourg. Charles Robert doit cependant prendre peu après la défense de son beau-pèreLadislas Lokietek dePologne contreJean Ier de Bohême. Une alliance anti-tchèque est conclue en 1331 jusqu'à la signature d'une paix en 1332. En 1338, il retourne à l'alliance avec laBohême et signe un traité avec le margraveCharles de Moravie.
En 1333/1334, Charles Robert se rend àNaples afin de négocier avec son oncleRobert Ier de Naples le mariage de son second filsAndré avec la petite-fille et héritière du roi,Jeanne. Cette union devait permettre de rétablir la lignée aînée de lamaison capétienne d'Anjou-Sicile dans ses droits.
Au sud, Charles Robert doit faire face aux velléités de réunification desSerbes et en 1319, il rétablit l'office de ban deMačva pour tenter de faire face à la politique anti-hongroise de laSerbie, qui sera encore accentuée parStefan Uroš IV Dušan, qui lui prendraMačva en1339. Il se heurte également à son vassalvalaque, levoïvodeBasarab, auquel il tente de confisquer lebanat de Severin. Dans ce conflit, Charles Robert est battu en 1330 parBasarab à labataille de Posada où son armée pourtant trois fois plus nombreuse est surprise dans un défilé montagneux. Pour éviter d'être pris en otage, il doit fuir déguisé enpalfrenier. Cet épisode marque l'émancipation de laValachie, jusque-là vassale hongroise.
Les campagnes militaires de Charles Robert portèrent sur l'agrandissement de son royaume et, à la fin de son règne, il contrôlait la plupart des États frontaliers : laDalmatie, laCroatie, laBosnie et il consolida ainsi la royauté hongroise. Il meurt le et est inhumé àSzékesfehérvár, laissant la couronne à son filsLouis Ier.
Pál Engel, Gyula Kristó et András Kubinyi,Histoire de la Hongrie Médiévale,TomeII : « Des Angevins aux Habsbourgs » P.U.R., Rennes, 2008(ISBN9782753500945).