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Charles Richet

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Pour les articles homonymes, voirRichet.

Charles Richet
Charles Richet en 1913.
Fonctions
Président
Académie des sciences
-
Président
Société française d'eugénique
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charles Robert RichetVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Charles EpheyreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeur de thèse
Distinction
Œuvres principales
Souvenirs d'un physiologiste(d)Voir et modifier les données sur Wikidata

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Charles Robert Richet ( dans l'ancien1er arrondissement de Paris - àParis7e[1]) est unphysiologistefrançais, lauréat duprix Nobel de physiologie ou médecine de1913 pour la description de l'anaphylaxie[2].

Il était aussi écrivain, militant pacifiste, chercheur enmétapsychique, et l'une des principales incarnations du mouvementeugéniste en France.

Biographie

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Charles Richet en 1922.

Charles Richet est le fils de l'anatomiste et chirurgienAlfred Richet, et le petit-fils du juriste et homme politiqueCharles Renouard.

Agrégé dephysiologie à la faculté de médecine en 1878, membre puis président des Sociétés pacifistes (dont il préside les congrès nationaux et internationaux), professeur de physiologie en 1887, secrétaire général de la Société de psychologie physiologique (présidée parCharcot en 1886 et vice-présidée parThéodule Ribot et Paul Janet), secrétaire général du premier congrès international dePsychologie physiologique tenu à Paris en 1889, directeur de laRevue Scientifique, membre de l'Académie nationale de médecine en 1898, lauréat duprix Nobel de physiologie ou médecine« en reconnaissance de ses travaux sur l'anaphylaxie[2] », membre de l'Académie des sciences en 1914, jubilé scientifique devant une Assemblée internationale de savants en 1926, c'est un excellent littérateur, philosophe, psychologue, curieux de tout, à commencer par l'homme.

En 1896, il fait partie des fondateurs de l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population française.

De 1920 à 1926, il est président de laSociété française d'eugénique, dont il fut fondateur, adoptant des positions eugénistes et aussi fortement racistes (idées qu'il soutient notamment dansSélection humaine, publiée en 1913). Un exemple de déclaration de Richet à l'appui de ses idées : « …une véritable aristocratie, celle des blancs, de pure race, non mélangés avec les détestables éléments ethniques que l’Afrique et l’Asie introduiraient parmi nous ».

Dreyfusard de la première heure, et un temps membre duGrand Orient de France[3], il fut l'un des fondateurs de laLigue des Droits de l'Homme, mais s'en éloigna par la suite.

En 1890, il réalise la premièresérothérapie sur l'homme.

Il est également pionnier de l'aviation avecVictor Tatin avec qui il fait plusieurs essais de vol sans pilote sur sa propriété àCarqueiranne dans leVar en 1896-1897[4],[5].

Charles Richet milite aussi pour l'espéranto.

Il cofonde l'Institut métapsychique international en 1919, ayant promu ce terme dès 1894. Il consacre une grande partie de sa vie à l'étude des phénomènesparanormaux via cette science de l'inhabituel, notamment latélépathie, lapsychokinésie, le moulage de mains defantômes ectoplasmiques[6]. Il participe à la fondation de la branche française de laSociety for Psychical Research dont il fut président en 1905. Il a longtemps poussé ses collègues à s'incliner devant les faits de la méthode expérimentale, mais n'a jamais obtenu le consensus pour ces travaux. Charles Richet était un proche ami dePierre Janet avec lequel il avait créé l'Institut Psychique International puis l'Institut Psychologique International en 1900-1901. Mais il s'en sépare notamment parce qu'il aurait été trompé dans l'épisode de laVilla Carmen (1905).

Propriétaire du château Richet àCarqueiranne, il achète en 1897, l'île du Grand Ribaud au large de lapresqu'île de Giens[7],[8].

Il meurt à son domicile, 15rue de l'Université à Paris en 1935.

Charles Richet est par ailleurs le père deCharles Richet (fils), médecin et membre de l'académie de médecine, déporté à Buchenwald, le grand-père deGabriel Richet (1916-2014), médecinnéphrologue et membre de l'académie de médecine. Il est le beau-frère deLouis Landouzy.

Affaire Dreyfus et prises de position pacifistes

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Selon l'article nécrologique d'Eugène Osty, « Pacifiste ? » :

« Ce Français pacifiste n'était pas de l'imbécile espèce anti-France. Son pays le trouva prêt à l'aider à tout moment utile. En 1870, il devança l'appel. En 1916, âgé de 66 ans, il entreprit une croisade en Italie, en Roumanie, en Russie, pays peuplé de ses élèves, pour y encourager latins et slaves à la lutte qu'il espérait devoir clore l'horrible coutume de la guerre. De retour en France il va aux armées où ses conseils peuvent être utiles et il y étudie les effets du choc explosif sur les combattants. Puis il s'emploie à observer, à l'hôpital de la côte Saint-André, les effets bénéfiques de sa zomothérapie sur les soldats tuberculeux. »

Pacifiste et patriote, son désarroi face au déchaînement des violences et notamment celles du premier conflit mondial lui fait publier de multiples essais contre la guerre et en faveur de la paix[9], commeLe Passé de la guerre et l'avenir de la paix ouLes Coupables.

Il milite pour la création d'une société internationale d'arbitrage.« La force, c’est la guerre, c’est le procédé des enfants, des bêtes, des sauvages : c’est le procédé des hommes d’aujourd’hui. L’autre procédé, c’est le droit ; et le droit, c’est le recours à un tribunal arbitral[10] ! »

« La guerre qui s'est déchaînée au 1er août 1914 a fait déjà cinq millions de morts, douze millions de blessés, devenus pour la plupart des impotents. Ces 17 millions d'hommes étaient l'élite de la jeunesse européenne, les plus beaux, les plus vaillants. Deux millions de civils, femmes, enfants, vieillards, ont péri par la misère et par la faim... Pendant deux ans, aucun des habitants de l'Europe n'a eu le courage de sourire... Tel est le bilan de ce grand crime. Y a-t-il des coupables[11] ? »

Dans la conclusion du même ouvrage,p. 265 et suivantes :« Assez de sang. Assez de larmes. Assez de douleurs [...] Chaque État souverain devra s'incliner devant une souveraineté supérieure, celle du droit ! »

Défenseur ducapitaine Dreyfus et outragé par le déni de justice, Charles Richet fait part à Zola de son soutien et de ses encouragements lors de la publication du manifesteJ'accuse…!Emile Zola défend l'innocence de Dreyfus[7].

Travaux

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Œuvre scientifique

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Sa plus grande découverte est l’anaphylaxie et, plus largement, la formation d’anticorps, qui sont le « souvenir humoral de toutes les injections et de toutes les infections précédentes ». C’est en 1902 au cours d’une croisière scientifique aux Açores, financée par le prince Albert1er de Monaco qu’il constata avec Paul Portier que[12], si une première injection d’extrait de tentacules de physalie à un chien était sans conséquences, la seconde devenait létale. L’anaphylaxie est un aspect du processus immunitaire et sa découverte a ouvert le champ aux diverses hypersensibilités immunologiques dont la connaissance a renouvelé la compréhension du mécanisme de nombreuses maladies. Cette découverte lui valut l'attribution du prix Nobel de médecine en 1913[13].

La liste des sujets d’intérêt de Charles Richet couvre pratiquement tous les domaines de la physiologie : le système nerveux et l’excitabilité musculaire, la sécrétion gastrique, la polypnée thermique et la régulation de la température, l’excrétion rénale des électrolytes et le régime déchloruré, les anémies aiguës, lechoc hypovolémique et ses traitements de substitution, l’anesthésie animale et la découverte duchloralose, l’alimentation, la nutrition et la fermentation lactique, la leucocytose, la physiologie comparée allant des bactéries aux mammifères en passant par les batraciens et les crustacés. Son œuvre médicale déborde la physiologie avec la tuberculose qu’il essaya de soigner parsérothérapie et par l’apport de viande crue appelée zomothérapie et, bien entendu, les phénomènes psychiques dont le somnambulisme et la parapsychologie. Les conclusions auxquelles il a abouti sont pour beaucoup d’entre elles toujours admises et enseignées. Citons lapolypnée thermique, principal moyen de refroidissement chez le chien, l’étude de la contraction musculaire et du frisson dans la lutte contre le froid, le rôle de la pression osmotique de l’urine dans la diurèse, la découverte de l’uréogenèse à partir de l’ammoniac. On peut y ajouter le rétablissement de la volémie par la perfusion de plasma considérée comme une urgence en chirurgie de guerre.

Charles Richet fut un précurseur en matière d’expérimentation chez l’animal. Il introduisit l’anesthésie contrairement à ses prédécesseurs qui se contentaient d’immobiliser l’animal en utilisant le curare. Il fut également un précurseur en insistant sur le fait que comprendre le mécanisme des maladies reposait sur la connaissance du fonctionnement des organes et des régulations physiologiques. « Ceux qui voient quelque antagonisme entre la clinique et la physiologie n’ont jamais rien compris, ni à l’une, ni à l’autre » écrivait-il. Ce principe, évident aujourd’hui, échappait aux universitaires cliniciens de son époque dont la première préoccupation n’était pas la recherche.

Il fixa les règles de l’éthique médicale en soulignant que « C’est la curiosité qui définit l’esprit scientifique... Elle ne doit jamais compromettre la vie ou la santé du malade ». Charles Richet est le dernier des physiologistes encyclopédistes. L’étendue de ses connaissances se retrouve dans le Dictionnaire de Physiologie qu’il a rédigé en grande partie avec de nombreux élèves et collaborateurs[14].

De 1878 à 1902, il a également été rédacteur en chef de laRevue scientifique, dans laquelle il a publié de nombreux articles. Il a également collaboré au Journal de physiologie et de pathologie générale[15] et publié de nombreuses communications sur la physiologie, la chimie physiologique, la pathologie expérimentale, la psychologie normale et pathologique.

La dispersion des travaux effectués n’a nui en rien à sa créativité, c'est-à-dire à l’aspect original des découvertes présentées. Il a dépassé l’étude individuelle des phénomènes physiologiques par des réflexions générales sur la science et la médecine. On peut citer deux domaines toujours d’actualité où il a apporté sa contribution : comment constituer une bibliographie et classer la littérature médicale et comment réformer les études médicales en privilégiant la physiologie comme base indispensable à la compréhension des maladies[16].

Des sciences psychiques à la métapsychique

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L'ouvrage collectif,Des savants face à l’occulte : 1870-1940, paru en 2002, explique en détail cet aspect de ses travaux, encore communs pour le dernier quart duXIXe siècle.

Disciple deCharcot, il participe à la « redécouverte » de l'hypnose en 1875. En décembre 1884, il parle dans un article de la suggestion mentale comme un fait indéniable — « fait inconscient et intelligent produit par une force que nous ne soupçonnions pas dans la pensée humaine ; une force d'émission, telle que la vibration », les tables tournantes constituant selon lui l'expérience la plus probante de ce phénomène[17].

En 1891, il cofonde avecXavier Dariex lesAnnales des sciences psychiques, avec l'ambition d'étudier les phénomènesspirites sur le modèle de laSociety for Psychical Research. Le comité de rédaction est composé de célèbres spirites européens, telsCamille Flammarion,Sir William Crookes,Cesare Lombroso, Marcel Mangin, Joseph Maxwell,Enrico Morselli,Julian Ochorowicz,Francesco Porro (it),Albert de Rochas,Albert von Schrenck Notzing[18].

Le cas Eusapia

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Photographie extraite du livreL'extériorisation de la motricité d'Albert de Rochas, édition de 1896 (page189).

Bien qu'il ait ri aux séances de lévitations deDaniel Dunglas Home[19], sa rencontre avecEusapia Palladino à Milan en 1892 marque ce moment où il se penche sur les phénomènes physiques produits par lamédiumnité. C'est d'ailleurs lui, aux côtés d'Albert de Rochas, qui la fait connaître en France, et c'est à son contact qu'il invente le terme d'ectoplasme.

C'est chez Camille Flammarion que les trois hommes procédent à une série d'expérimentations. C'est également ce dernier qui la prendra plus tard en flagrant délit de tricherie[20]. Bien qu'il affiche clairement ses convictions spirites, il souhaite distinguer nettement ses recherches psychiques de ses convictions spirites. Il écrit à Flammarion, « je voudrais garder une position spéciale – celle qui répond à mon état d’âme – et qui est quelque peu ambiguë, se fondant d’une part sur la certitude que j’ai, et d’autre part sur l’invraisemblance des choses ».

Une table lévite devant des témoins lors d'une séance avec la médium Eusapia Palladino au domicile de l'astronome Camille Flammarion le 25 novembre 1898.

Près de la moitié des contrôleurs qui contrôlent les séances avec Eusapia sont d'éminents scientifiques, comprenantd’Arsonval,Branly,Pierre etMarie Curie ainsi que leur collaborateurAndré Debierne,Paul Langevin,Jean Perrin,Henri Chrétien,Augustin Charpentier (en), le comtede Gramont etGilbert Ballet. Parmi les contrôleurs figurent égalementBergson et un membre de la Society for Psychical Research,Everard Feilding (en), qui avait déjà examiné Eusapia, ainsi que quelques membres de la noblesse parisienne[21].

Les rapports d'expériences très détaillées, sont rédigés parJules Courtier. Outre une trentaine de photographies, leur plan général des recherches comporte un riche dispositif :« balance enregistreuse, dynamographe, signaux électriques, métronome, boussole, électromètre, [...] photographie, le milieu physique contrôlé en continu par la pression, la température, de même que l’état hygrométrique, l’électricité atmosphérique, et même les champs électrique ou magnétique [...]. Le « sujet » lui-même – le terme « médium » n’est jamais utilisé – est étudié du point de vue psycho-physiologique : circulation, pression sanguine, potentiel électrique, champ visuel, sensibilité cutanée, etc. »[22]. Grâce à un tel dispositif, certaines fraudes finissent par être caractérisées. La plupart des observations restent soutenues par Richet et ses confrères.

Deux autres médiums à ectoplasme retiendront son attention au cours de sa carrière, dontÉva Carrière en 1922 etJan Guzyk (en) en 1923.

L'épisode de la Villa Carmen

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Photographie identifiée comme étant celle de l'Esprit de Bien-Bôa, dansLes Phénomènes dit de Matérialisation de la Villa Carmen[23].

Lorsqu'il assiste une première fois aux séances de spiritisme chez le général Noël, à Alger, en 1903, il n'est pas convaincu par ce qu'il voit. En sa qualité de président de laSociety for Psychical Research, il est invité une seconde fois à assister aux séances, du 11 août au 3 septembre 1905, aux côtés du spiriteGabriel Delanne.

En novembre 1905, les comptes-rendus des séances de Richet et Delanne sont authentifiées dans lesAnnales des sciences psychiques, accompagnés de tirages photo présentant des matérialisation de l'Esprit Bien-Bôa, à des fins d'objectivation du phénomène[24].

Les critiques ne manquent pas. On reconnaît tout à la fois un mannequin manipulé par des complices et un des employés de la villa que Delanne avait déjà surpris à taper contre les murs. Le Dr Hyppolyte Rouby accumule des preuves et des aveux de supercherie par les médiums, dont ceux de Marthe Béraud elle-même qui reviendra plus tard sur ses aveux[25].

Citée dansLa Petite République, Richet envoie le 17 mars 1906 un démenti au directeur du journal où il démonte un à un les « aveux » et les arguments de la médium pour réaffirmer la réalité du fantôme[26].

Traité de métapsychique

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Photographie de 1909. Extraite deTraité de Métapsychique, 1922. Au centre : la médiumLinda Gazzera (it). À droite : Charles Richet.

Après la Première Guerre Mondiale, Richet soutient et cherche à soutenir que le somnambulisme lucide est sujet à caution, exceptionnel et qu'il faut se tourner vers la métapsychique. Ce tournant transparaît dans la lecture du cas qu'il fait de Léonie dansMémoires[27]. En 1919, il cofonde avecJean Meyer l'Institut Métapsychique International.

Dans sonTraité de métapsychique, paru en 1922, Richet continue d'y exposer des « faits ». Il écrit clairement se démarquer de lamagie, de lathéosophie, et même nettement duspiritisme qu'il désigne comme « ennemi de la science », sans pour autant renoncer à étudier les phénomènes physiques produits par les médiums, dénonçant l'amalgame faits entre spiritisme et métapsychique, niant être spirite dans les années 1920[28].

Portrait photo de Jan Guzik tiré du livre deStanisław Antoni Wotowski (pl),Ghosts and Phantoms (1924).

Deux autres médiums à ectoplasme retiendront son attention,Eva Carrière, qu'il étudie avec l'assistance du physicien anglaisOliver Lodge[29] et deCamille Flammarion[30]. Richet et elle se connaissent bien puisque Eva Carrière (de son vrai nom, Marthe Béraud) était l'une des médiums de la villa Carmen. Dans sonTraité, il explique avoir mené avec elle des expériences d’« embryogenèse ectoplasmique »[31]. Entre novembre 1922 et mai 1923, à l'IMI, il étudie les capacités du médiumJan Guzyk (en) aux côtés deGustave Geley aux côtés de qui il signe le « Manifeste des trente-quatre » publié dans un chapitre deL'ectoplasmie et la clairvoyance[32].

Après publication de sonTraité, l'enquête dePaul Heuzé finit d'entamer la crédibilité que la métapsychique pouvait encore avoir auprès du public[31].

Essais :L'Homme stupide etLa Sélection humaine

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L'Homme stupide

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Meurtri par ce qu'il a vu, en tant que médecin, pendant laGrande Guerre, Richet clame en 90 pages ses quatre vérités à une humanité qui le révolte dansL'Homme stupide.

Son ouvrage débute par des proposmisanthropes :« Personne ne m'accusera de nourrir une admiration aveugle pour notre soi-disant civilisation », et, à l'inverse de Rousseau, n'épargne pas les non-Européens : « Les nègres n'ont rien d'analogue [à l'humanité blanche]. Ils continuent, même au milieu des Blancs, à vivre une existence végétative, sans rien produire que de l'acide carbonique et de l'urée. », ajoutant que selon lui « les écureuils et les singes sont bien au-dessus des nègres, dans la hiérarchie des intelligences. »

C'est toutefois à la société qui se prétend civilisée qu'est consacré ensuite l'essentiel du texte : mutilations des enfants (circoncision, percement d'oreilles...), guerre, alcool, autres poisons, crédulité, absurdité des bijoux (dans des pages qui rappellentTertullien), traitement injuste par l'humanité de ses grands hommes, refus obstiné par les hommes d'unelangue universelle sont ainsi passés en revue de façon pessimiste et sarcastique. En leitmotiv y revient cette idée : partout et toujoursHomo stultus (l'homme stupide enlatin) règne en maître.

« L'aménagement d'un vaisseau cuirassé témoigne à certains égards d'une prodigieuse intelligence. Puissantes machines, télégraphies sans fil, canons énormes pourvus de poudres savantes, forces électriques régissant tout le mécanisme, salons luxueux, bibliothèques choisies, hydravions rapides ! C'est parfait. L'ingénieuse disposition de toutes les parties du bâtiment permet de faire voguer sans péril, en toutes les mers, toutes les merveilles de la civilisation accumulées en un étroit espace. Oui ! c'est beau, et j'admire ! Mais bientôt, quand je réfléchis, mon admiration s'évanouit. Elle s'évanouit même si bien qu'il n'en reste plus de trace. Car enfin quelle est la destination de ce magnifique appareil ? Détruire un autre appareil analogue. Alors à quoi bon ? »

Cependant, Charles Richet en commençant et terminantL'Homme stupide donne sa proposition pour que l'homme devienne réellementsapiens, laquelle ne diffère pas de celle,racialiste, répandue à son époque et d'autre parteugéniste positive qu'il avait exposée en 1913 dansLa Sélection humaine. Il écrit ainsi :

« Donc on peut modifier par sélection les espèces. Donc il y a transmission héréditaire. Donc, en continuant cette sélection, c'est-à-dire l'accouplement des meilleurs, sans défaillance, pendant de nombreuses générations, on forcera certains caractères, aussi bien psychologiques que physiques, à se fixer sur l'espèce[note 1]. Car la forme de l'esprit est soumise à l'hérédité, tout autant que la forme du corps.
S'il en est ainsi — et il est fortement prouvé qu'il en est ainsi — pour queHomo stultus[33] cesse d'êtreHomo stultus[34], il lui faudra développer son intelligence par une sévère et prolongée sélection. Mais, pour commencer, ne fût-ce que timidement, cette grande œuvre, un immense et douloureux effort serait nécessaire. Et malheureusement nous sommes arrivés à un tel point de dégradation qu'une si rude tâche sera probablement impossible. »

La Sélection humaine

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En 1913, dans son livreLa Sélection humaine, il avait écrit : « Lorsqu’il s’agira de la race jaune, et, à plus forte raison, de la race noire, pour conserver, et surtout pour augmenter notre puissance mentale, il faudra pratiquer non plus la sélectionindividuelle comme avec nos frères les blancs, mais la sélectionspécifique, en écartant résolument tout mélange avec les races inférieures[35]. », ou bien, « après l'élimination des races inférieures, le premier pas dans la voie de la sélection, c'est l'élimination des anormaux[36]. On va me traiter de monstre parce que je préfère les enfants sains aux enfants tarés. Ce qui fait l’homme c’est l’intelligence. Une masse de chair humaine, sans intelligence, ce n’est rien. »

Le lien entre les deux livres est tel queLa Sélection humaine est rééditée en 1919, année de la parution deL'Homme stupide.

Son idée était que la sélection de l'homme par l'homme serait plus rapide que la sélection naturelle, d'où le titre du livreLa Sélection humaine. Voir cependant les restrictions précisées dans l'articleEugénisme.

Lettres

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En tant que romancier et poète, Charles Richet est l'auteur de plusieurs nouvelles de proto-science-fiction dans les années 1880-1890, sous le pseudonyme de Charles Épheyre[37],[38],[39] dont « Le microbe du Professeur Bakermann, récit des temps futurs » en 1892 et « Le Mirausorus » en 1893.

En 1915, il reçoit leprix de poésie de l'Académie française pourLa gloire de Pasteur.

Homme passionné et universel comme on pouvait l'être à son époque, il a aussi écrit, sous son nom ou celui de C. Épheyre, des fables (Pour les Grands et les Petits), des pièces de théâtre (La mort de Socrate,Circé, que joueraSarah Bernhardt), des romans et nouvelles (La grand-mère ;À la recherche du bonheur, à la recherche de la gloire ;Une conscience d'homme ;Possession etSœur Marthe, nouvelle puis roman puis libretto d'opéra-comique), des poèmes (Poésies, sous le pseudonyme d'Epheyre, avec Paul Fournier, 1875), ou des ouvrages de vulgarisation historique (Abrégé d'histoire générale ;Initiation à l'histoire de France ;Histoire universelle des civilisations dédiées aux jeunes gens des écoles de tous les pays).

Hommages

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Il existe des rues Charles Richet dans de nombreuses villes en France, ainsi qu'anciennement unHôpital gériatrique Charles Richet à Villiers Le Bel dans le Val-d’Oise, qui dépend de l'AP-HP[40]. En raison d'un racialisme que ne cachait pas Charles Richet, la question de renommer cet hôpital s'est régulièrement posée[40]. Au début de 2015, une pétition pour demander que l'hôpital soit débaptisé est lancée. En mars de la même année,Martin Hirsch le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris et le maire de Villiers-le-Bel annoncent dans un communiqué commun[40] que l'hôpital et la rue où il se trouve seront renommés. Le, le directeur général des Hôpitaux de Paris,Martin Hirsch, annonce que l'hôpital porte désormais le nom d'Adélaïde Hautval,psychiatre,Juste parmi les nations[41].

Philatélie

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En 1987, un timbre français surtaxé (1,90 + 0,50 francs) lui est consacré dans la sériePersonnages célèbres, aux côtés d'Alexandre Yersin,Eugène Jamot,Jean Rostand,Bernard Halpern etJacques Monod[42].

En 1973, un timbre suédois lui est consacré dans la sérieLauréats du Prix Nobel 1913[43].

Distinctions

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Ouvrages et publications

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Sur les autres projets Wikimedia :

Œuvres scientifiques et philosophiques

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  1. tome 3,lire en ligne surGallica.

En collaboration :

Romans et nouvelles (sous le nom de Charles Épheyre)

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Notes et références

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Notes

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  1. Cette vision influencera jusqu'àJean Rostand, qui mentionnera dansL'Homme l'avantage compétitif que pourrait prendre par ces moyens dans l'avenir telle ou telle civilisation.

Références

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  1. Son acte de décès (no 1597) dans les registres de décès du7e arrondissement de Paris pour l'année 1935. L'acte donne la date et le lieu de naissance
  2. a etb(en)« in recognition of his work on anaphylaxis »in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1913 »,Fondation Nobel, 2010. Consulté le 22 novembre 2010.
  3. Dans levolume 43 (2010/2) desArchives juivesAndré Combes, professeur agrégé d’histoire le cite parmi les maçons fondateurs de laLigue des Droits de l’Homme
  4. Charles Richet et l'aviation.
  5. Fontanon, Claudine. “Charles Richet et la recherche aéronautique : précurseur ou propagandiste ?”. Van Wijland, Jérôme. Charles Richet (1850-1935) : L'exercice de la curiosité. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2015. (pp. 105-112) Web. <http://books.openedition.org/pur/88564>.
  6. Maurice Berger,L'ésotérisme spirituel, Fernand Lanore,,p. 103
  7. a etb(en) Stewart Wolf,Brain, Mind, and Medecine; Charles Richet and the origine of physiological psychology, New Brunswick, (N.J.), Transaction Publishers,, 214 p.(ISBN 978-1-56000-063-1 et1-56000-063-5,lire en ligne).
  8. Jahandiez Emile,Les îles d'Hyères : histoire, description, géologie, flore, faune., Toulon, éd. Rebufa & Rouard, Toulon, réédité 1997, 447 pp.(ISBN 2-7348-0443-3)
  9. a etbCharles Richet,Pour la paix, Ficker,
  10. Charles Richet,Les guerres & la paix : étude sur l'arbitrage international, Schleicher Frères, 1899.
  11. Charles Richet,Les Coupables, Ernest Flammarion, 1916.
  12. « Le Prince Albert 1er, un précurseur des Sciences marines », surCentre Scientifique de Monaco(consulté le)
  13. « Charles Richet, jugé « raciste », ne donnera plus son nom à un hôpital du Val-d'Oise », surlefigaro.fr,(consulté le)
  14. Charles (1850-1935) Auteur du texteRichet,Dictionnaire de physiologie. Tome premier, A-B / par Charles Richet,... ; avec la collaboration de MM. P. Langlois et L. Lapicque, et de MM. E. Abelous... [et al.],(lire en ligne)
  15. Bouchard, Charles (1837-1915). Éditeur scientifique ; Chauveau, Auguste (1827-1917). Éditeur scientifique ; Courmont, Jules (1865-1917). Éditeur scientifique ; Gley, Eugène (1857-1930). Éditeur scientifique ;Teissier, Pierre Joseph (Dr). Éditeur scientifique ; Dastre, Albert (1844-1917). Éditeur scientifique ; Richet, Charles (1850-1935). Éditeur scientifique,Journal de physiologie et de pathologie générale,(lire en ligne)
  16. Actes du Colloque « Charles Richet et son temps » de l'académie nationale de médecine du 14 novembre 2013. Présentations de Raymond Ardaillou et de Jean-François Bach.
  17. Edelman 1995,p. 139
  18. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 111
  19. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 147
  20. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 111-113
  21. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 154
  22. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 155
  23. Charles Richet,Les Phénomènes dit de Matérialisation de la Villa Carmen, Lyon, Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec (1re éd. 1906), 51 p.(lire en ligneAccès libre[PDF])
  24. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 139
  25. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 191
  26. Edelman 1995,p. 200
  27. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 138-140
  28. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 197
  29. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 7
  30. Blondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 113
  31. a etbBlondel et Bensaude-Vincent 2002,p. 196
  32. GustaveGeley (directeur de l'Institut métapsychique international),L'Ectoplasmie et la clairvoyance. Observations et expériences personnelles. Avec 11 planches hors texte et 103 figures, Paris, libr. Félix Alcan,(BNF 32154798,lire en ligneAccès libre[PDF])
  33. Selon le dictionnaireGaffiot, stultus : insensé, qui n'a point de raison.
  34. « stultus - Dictionnaire Gaffiot français-latin - Page 1486 », surwww.lexilogos.com(consulté le)
  35. Charles Richet,La Sélection humaine, Alcan, Paris, 1919,p. 81
  36. Charles Richet,La Sélection humaine, Alcan, Paris, 1919,p. 163
  37. Notice d'aurorité de la BnF
  38. Nicole Edelman, « Charles Richet / Le Nobel qui voulait comprendre le paranormal », inLa Revue du Praticien, vol. 57, 31 mars 2007,p. 689-693.
  39. Sur l'autre face du monde.
  40. ab etcCharles Richet, jugé « raciste », ne donnera plus son nom à un hôpital du Val-d'Oise, lefigaro.fr, 12 mars 2015
  41. « L'hôpital de Villiers-le-Bel, Charles Richet, renommé Adélaïde Hautval après une longue polémique », surLe Huffington Post,(consulté le)
  42. Catalogue mondial de cotation Yvert & Tellier. Timbres de France.
  43. Catalogue mondial de cotation Yvert & Tellier. Timbres d'Europe.
  44. Base Léonore

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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