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Charles Péguy

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« Péguy » redirige ici. Pour les autres significations, voirPéguy (homonymie),Deloire etBaudouin.

Charles Péguy
Portrait de Charles Péguy parJean-Pierre Laurens (1908).
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Charles-Pierre PéguyVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Pierre Deloire, Pierre BaudouinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Formation
Activité
Conjoint
Charlotte Péguy(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Marcel Péguy(d)
Germaine Péguy(d)
Pierre Péguy(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Grade militaire
Conflit
Mouvements
Genre artistique
Adjectifs dérivés
péguyste, péguiste
Site web
Distinctions
Œuvres principales
signature de Charles Péguy
Signature

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

CharlesPéguy, né le 7 janvier 1873 àOrléans (département duLoiret)[1],mort pour la France[2] le 5 septembre 1914 auPlessis-l'Évêque (département deSeine-et-Marne)[3] durant laPremière Guerre Mondiale lors de labataille de l'Ourcq, est unécrivain,poète,essayiste etofficier de réserve français. Il est également connu sous lesnoms de plume de Pierre Baudouin, Jacques Daube, Pierre Deloire etJacques Lantier[4].

Intellectuel engagé, Péguy est unmilitant socialistelibertaire[5],anticlérical, puisdreyfusard. Il se rapproche à partir de1908 ducatholicisme[6] et compose desmystères et des poèmes d'inspiration religieuse commeLa Tapisserie de Notre-Dame (1913).

Disciple des « hussards noirs de la république » (expression dont il est l'auteur), défenseur de la « mystique républicaine », il est l'auteur d'essais commeNotre Jeunesse (1910) ouL'Argent (1913) où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de l'âge moderne et de ses conventions.

Biographie

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Jeunesse

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Péguy en uniforme de pensionnaire aulycée Pothier d'Orléans en 1885.

Charles Pierre Péguy naît le au 50 rue du Faubourg-Bourgogne, àOrléans, dans une famille modeste.

Son père, Louis Victor Désiré Péguy, originaire deSaint-Jean-de-Braye (département duLoiret), né en 1846[7], mort en 1873[8], estmenuisier : il meurt d'uncancer de l'estomac (maladie contractée à cause du pain dusiège de Paris en 1870[9] comme son fils en sera persuadé[10]) dix mois après la naissance de l'enfant. Sa mère, Cécile Quéré — ou « Guéret », selon les sources —[11],[12],[13] (1846-1933), estrempailleuse de chaises.

Durant son enfance, élevé par sa grand-mère, Etiennette Guéret, et sa mère, Cécile Guéret, Charles Péguy connaît la pauvreté. Très tôt, il assume de nombreuses tâches domestiques, apprend le rempaillage de chaises, tout en s'instruisant minutieusement. Il gardera toujours le souvenir ému du dénuement familial : « ceux qui échappent à la misère, n'échappent pas à la mémoire de leur misère[14] ». Ils savent ce qu'est la pauvreté parce qu'ils l'ont "touchée" "du doigt"[15]. Péguy n'aura de cesse de dénoncer la fabrique de la pauvreté dont les siens ont tellement pâti : « La société présente est mécaniquement organisée pour faire des pauvres et de la pauvreté[16] ». « J'ai démontré souvent que c'était l'injuste épuisement du plus grand nombre indispensablement qui faisait l'injuste élèvement de quelques-uns[17]. » Témoin du courage d'une mère et d'une grand-mère maternelle ardentes au travail, il loue l'héroïsme ouvrier, la bravoure de Jeanne d'Arc et le génie de la morale ouvrière :« J'ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales »[18]. De 1879 à 1885, il fréquente les classes de l'école primaire annexe de l'École normale d'instituteurs d'Orléans. C'est au sein de« cet admirable monde de l'enseignement primaire » que le jeune Péguy est formé aux valeurs de« l'ancienne France », l'honneur et la fierté du travail bien fait, la décence, le sens du respect étendu à tous les âges de la vie humaine, et« cette grande bonté affectueuse et paternelle, cette piété de tuteur et de père »[19] que l'enfant trouvait chez tous les maîtres de l'enseignement primaire dans les années 1880.

Il ne cessera de louer l'engagement exceptionnel des instituteurs. C'est lui qui, en 1913, dansL'Argent, rendra le plus bel hommage qu'aucun autre écrivain n'a pu offrir aux pédagogues en qualifiant les jeunes normaliens du Loiret deHussards noirs de la République : « Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes; sévères; sanglés. Sérieux et un peu tremblant de leur précoce, de leur soudaine omnipotence[20] ». L'Ecole normale forgeait les normaliens aux valeurs républicaines et à la laïcité.

Néanmoins les hussards noirs ne sont pas des pédagogues dominateurs ou dogmatiques. Ils sont libéraux, attentifs aux besoins des élèves et respectueux des différences. La liberté est la condition nécessaire au dépassement de soi. Seule la capacité des élèves à piloter librement leurs apprentissages est de nature à les faire progresser. Le gavage est proscrit tandis que l’enseignement dialogué est prescrit. La démarche enseignante demeure fidèle à la raison qui « ne procède pas par la voie de l’autorité[21]». « Il ne s’agit pas qu’on reçoive en son esprit des connaissances d’art, de philosophie ou de science, et qu’on les transvase, toutes crues, dans l’esprit du paysan[22]. » Péguy préconise aussi un usage plus modéré de l'évaluation des élèves : « Les élèves ne sont pas des inculpés. Les maîtres ne sont pas des juges. L'enseignement n'est pas une magistrature. C'est une culture[23]. »

Péguy bénéficie également du concours de la culture ouvrière incarnée par un voisinage d'ouvriers syndicalistes. Ainsi le voisin de la famille, Louis Boitier, lui réciteLes Châtiments et le premier, lui donne le goût des vers deVictor Hugo qui vont chanter dans sa mémoire[24].

L'ayant remarqué, le directeur de l'École normale, Théophile Naudy, le fait entrer en1885 au lycée d'Orléans en lui faisant obtenir unebourse qui lui permet de continuer ses études. Pendant ces années passées àOrléans, Péguy suit des cours de catéchisme auprès de l'abbé Cornet,chanoine de la cathédrale. En classe de quatrième, son professeur de lettres, Jules Doret, lui fait apprendre par cœur les poèmes deHugo, et Péguy témoignera plus tard de l'emprise que les vers célèbres deNapoléon II[Note 1] ont exercé sur lui[25]. Aulycée Pothier, quoique bon élève, il se fait remarquer par son caractère : en avril 1889, le proviseur du lycée écrit sur son bulletin :« Toujours très bon écolier, mais j'en reviens à mon conseil du dernier trimestre : gardons-nous du scepticisme et de la fronde et restons simple. J'ajouterai qu'un écolier comme Péguy ne doit jamais s'oublier ni donner l'exemple de l'irrévérence envers ses maîtres »[26].

Il obtient finalement sonbaccalauréat le. Demi-boursier d'État, Péguy prépare ensuite le concours d'entrée à l'École normale supérieure aulycée Lakanal, àSceaux, puis aucollège Sainte-Barbe, où commence une amitié avecLéon Deshairs, futur directeur de l'École des arts décoratifs, qui dessine et lui offre son portrait à mi-jambe[27],[28],[Note 2], et où il suit avecRaoul Blanchard les cours d'allemand d'Albert Lange aulycée Louis-le-Grand[29]. Il fréquente encore la chapelle du lycée Lakanal en 1891-1892. D'après son condiscipleAlbert Mathiez, c'est peu à la fin de cette période qu'il devient« un anticlérical convaincu et pratiquant »[30]. Il intègre l'École normale supérieure le, sixième sur vingt-quatre admis. Entre-temps, il est incorporé le 11 novembre 1892 comme soldat de première classe au131e régiment d'infanterie d'Orléans et y fait son service militaire jusqu'au 27 septembre 1893[31].

À l'École normale supérieure, il est l'élève deRomain Rolland et d’Henri Bergson, qui ont une influence considérable sur lui :« Nourri… de la fleur de l'esprit classique en même temps que des généreux idéaux de l'esprit moderne, Péguy était appelé à concilier en lui les appels les plus divergents et à incarner la totalité de l'esprit français »[32]. Il y affine également ses convictions socialistes, selon une vision personnelle faite de rêve de fraternité et de convictions tirées de sa culture chrétienne, qu'il affirme dès sa première année à l'École. Lorsqu'éclate l'affaire Dreyfus, il se range d'emblée du côté des dreyfusards. En février 1897, il écrit son premier article dans laRevue socialiste[33], et en juin 1897, achève d'écrireJeanne d'Arc, unmystère lyrique en vue duquel il a effectué un important travail de documentation.

Son socialismelibertaire[34],[35],[36] n'est pas un programme politique, et ne relève pas d'une idéologie plus ou moins fondée sur le marxisme ; pour Péguy, le socialisme choisi et formulé dès sa jeunesse est essentiellement un idéal rêvé de société d'amour et d'égalité entre les hommes :« Comme il eut souci de tenir ensemble sa foi politique et sa foi religieuse, Péguy n'entend pas séparer son baptême et sa culture »[32].

Sur laCommune de Paris, Charles Péguy a écrit dansNotre Jeunesse :« Le 18 mars même fut une journée républicaine, une restauration républicaine en un certain sens, et non pas seulement un mouvement de température, un coup de fièvre obsidionale, mais une deuxième révolte, une deuxième explosion de la mystique républicaine et nationaliste ensemble, républicaine et ensemble, inséparablement patriotique »[37].

Affaire Dreyfus

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Article détaillé :Affaire Dreyfus.

Charles Péguy, dès le début de ses études supérieures, est profondément révolté par l'antisémitisme — au point d'avoir réclamé une réparation par duel au pistolet après une plaisanterie faite sur son ami Albert Lévy. Il garde de l'année1898 le souvenir d'un« temps inoubliable de béatitude révolutionnaire »[38]. En janvier de cette même année, il signe toutes les protestations publiées dansl'Aurore pour demander la révision du procès Dreyfus, alors même qu'il prépare l'agrégation. Il participe à de nombreux affrontements entre dreyfusards et antidreyfusards.

Intellectuel et visionnaire

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Domicile rue des Fossés-Saint-Jacques avec unpanneau Histoire de Paris.

Le, il épouse civilement Charlotte-Françoise Baudouin (1879-1963), sœur de Marcel Baudouin, un de ses proches amis décédé en juillet 1896, et s'installe avec elle au 7,rue de l'Estrapade (aujourd'huino 21,rue des Fossés-Saint-Jacques). Ils ont quatre enfants : Marcel (1898-1972), Germaine (1901-2001), Pierre (1903-1941) etCharles-Pierre (1915-2005). Le, il est promu sous-lieutenant de réserve[39]. Un an plus tard, il fonde, près de laSorbonne, la librairie Bellais, qui sert de quartier général au mouvementdreyfusiste ; son échec à l'agrégation de philosophie l'éloigne définitivement de l'université. À la même époque, il écrit dansla Revue blanche[40].

Cependant, dès1900, après la quasi-faillite de sa librairie, il se détache de ses associésLucien Herr etLéon Blum et fonde dans la foulée lesCahiers de la Quinzaine, au 8,rue de la Sorbonne, revue destinée à publier ses propres œuvres et à faire découvrir de nouveaux écrivains.Romain Rolland,Julien Benda,Georges Sorel,Daniel Halévy etAndré Suarès y contribuent. Le premier numéro paraît le, tiré à mille trois cents exemplaires ; en quatorze années d'existence et deux cent vingt-neufCahiers à parution très irrégulière, la revue ne dépasse jamais les mille quatre cents abonnés, et sa survie reste toujours précaire. Il fut un farouche défenseur de la causearménienne, lors des massacres qui préludèrent augénocide[41].

En politique, après sa« conversion »[42] au socialisme, Péguy soutient longtempsJean Jaurès[43], avant qu'il n'en vienne à considérer ce dernier, à cause de son pacifisme, comme un traître à la nation[44] et à sa vision du socialisme : car pour Péguy,« le partipolitique socialiste est entièrement composé de bourgeois intellectuels. Ce sont eux qui ont inventé le sabotage et la double désertion, la désertion du travail, la désertion de l'outil. Pour ne point parler ici de ladésertion militaire. […] Ce sont eux qui ont fait croire au peuple que c'était cela le socialisme et que c'était cela la révolution »[45],[46]. Dans l'immédiate avant-guerre et le climat de fièvre d'une revanche longtemps espérée sur l'Allemagne, il écrit dans lePetit Journal daté du 22 juin 1913 :« Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous un traître pour nous poignarder dans le dos »[47].

Pour Péguy, la République se doit de poursuivre, par son organisation, ses exigences morales et donc son énergie, l'œuvre de progrès de la monarchie au service du peuple tout entier, et non pas au service de quelques-uns — comme laIIIe République le faisait selon lui, à cause de la faiblesse de son exécutif et de l'emprise abusive des partis.Son nationalisme est spontanément philo-judaïque par fidélité aux racines autant judéo-chrétiennes que gréco-romaines de la France. Pour lui, la « race française » est le fruit millénaire d'une correspondance entre un peuple et une terre irriguée par des siècles de christianisme ; le christianisme est d'abord païen, au sens du latin paganus (paysan). C'est à cette vision de la nation qu'adhèrent plus tard Bernanos et De Gaulle.[réf. nécessaire] Par conviction, il s'oppose fermement à cet« universalisme facile » qui commence, à ses yeux, à marquer la vie économique et culturelle :« Je ne veux pas que l'autre soit le même, je veux que l'autre soit autre. C'est à Babel qu'était la confusion, dit Dieu, cette fois que l'homme voulut faire le malin »[48]. Pour Péguy, tout ce qui relève de la confusion et du désordre nous enchaîne ; ce sont l'ordre, l'organisation, la rationalité qui libèrent.

Influence de Bergson

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Péguy, disciple de Bergson dès 1898, quand le philosophe fut nommémaître de conférence à l'École normale supérieure, exprima ensuite son enthousiasme d'auditeur des leçons de ce maître auCollège de France. C'est que très tôt, Péguy avait pressenti l'affinité de la philosophie bergsonienne avec la spiritualité chrétienne, que Bergson explicitera en 1932 dansLes Deux sources de la morale et de la religion. Il écrit à Bergson, dès le :« C'est vous qui avez rouvert en ce pays les sources de la vie spirituelle[49] ». Bien que mise à l'Index en juin 1914 par l'Église catholique et sévèrement critiquée parJacques Maritain[Note 3], la philosophie bergsonienne du « mouvant » avait de quoi profondément séduire Péguy[50]. Dans saNote conjointe, il traduit en termes littéraires, notamment la notion — si centrale dans cette philosophie — de ladurée :

« Quand Bergson oppose letout fait ause faisant[Note 4] […] il fait une opposition, il reconnaît une contrariété métaphysique de l'ordre même de la durée et portant sur l'opposition, sur la contrariété profonde, essentielle, métaphysique du présent au futur et du présent au passé. C'est une distinction de l'ordre de la métaphysique. C'est cette profonde et capitale idée bergsonienne que le présent, le passé, le futur ne sont pas du temps seulementmais l'être même[Note 5]. Qu'ils ne sont pas seulement chronologiques. Que le futur n'est pas seulement du passé pour plus tard. Que le passé n'est pas seulement de l'ancien futur, du futur de dedans le temps. Mais que la création, à mesure qu'elle passe, qu'elle descend, qu'elle tombe du futur au passé par le ministère, par l'accomplissement du présent ne change pas seulement de date, qu'elle change d'être. Qu'elle ne change pas seulement de calendrier, qu'elle change de nature. Que le passage par le présent est le revêtement d'un autre être. Que c'est le dévêtement de la liberté et le revêtement de la mémoire. »

— Note conjointe sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne[51].

Le réalisme spirituel de Bergson a aussi été à la source de la poétique de Péguy : aux yeux du poète, c'est lui qui fonde l'harmonie entre ce qu'il appelle le charnel et le spirituel[50]. Unissant Bergson etDescartes, Péguy accorde à la révolution bergsonienne une importance égale à la révolution cartésienne[52].

Bergson lui-même appréciait Péguy et l'interprétation qu'il donnait de sa philosophie. Il le confia àJacques Chevalier en 1919 parlant de Péguy comme« l'un de mes premiers disciples, qui m'a si bien compris »[53].

Écrivain et mystique

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Son retour aucatholicisme, dont il avait été nourri durant son enfance, a eu lieu entre 1907 et 1908[54],[Note 6]. Il confie en septembre 1908 à son amiJoseph Lotte :« Je ne t'ai pas tout dit… J'ai retrouvé la foi… Je suis catholique… »[55] Cependant, son entourage remarquait depuis quelques années déjà ses inclinations mystiques ; ainsi, les frèresJean etJérôme Tharaud se souviennent l'avoir fait pleurer en racontant les miracles de la Vierge, à la Noël 1902[56]. Une confidence à demi-mot de Péguy[57] laisse à penser que sa conversion intervint à la suite d'une lecture de l'Évangile de la Passion selonsaint Matthieu[58]. Le paraîtLe Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, qui s'inscrit clairement dans la perspective d'une méditation catholique et manifeste publiquement sa conversion. Plutôt que par le mot conversion qui sous-entendrait un rejet de sa vie passée, c'est par« un approfondissement du cœur » que Péguy retrouve la foi. Approfondissement qu'il exprime ainsi :« Ce n’est nullement par un rebroussement que nous avons trouvé la voie de chrétienté. Nous ne l’avons pas trouvée en revenant. Nous l’avons trouvée au bout. C’est pour cela que nous ne renierons jamais un atome de notre passé ». La réaction du public catholique auMystère de la charité de Jeanne d'Arc est plutôt méfiante, même siL'Amitié de France etLa Croix font une critique élogieuse de l'ouvrage. Son intransigeance et son caractère passionné le rendent suspect à la fois aux yeux de l'Église, dont il attaque l'autoritarisme et l'orientation bourgeoise, et aux yeux des socialistes, dont il dénonce l'anticléricalisme ou, un peu plus tard, le pacifisme, pour lui inopérant et, qui plus est, à contre-sens, quand l'Allemagne redevient menaçante.

À partir de 1911, Péguy qui est au tournant de la quarantaine, fait l'expérience des déceptions et des critiques des milieux académiques après les remous provoqués par l'essai polémique contre Fernand Laudet[Note 7]. La passion amoureuse qu'il éprouve pour Blanche Raphaël est sans espoir et seul l'art lui permet d'en exprimer secrètement la douleur. Son pessimisme et sa détresse sont immenses, comme en témoigne son ami Daniel Halévy :« Ah, lui dit un jour Péguy, je ne savais pas que c'était ça la vie ! » Cet aveu de désespoir est suivi d'une frénésie de travail, moyen pour lui de tenter de lui échapper :« Je travaille tout le temps, tous les jours, je me sauve ainsi de descendre plus profondément », écrit-il le à son ami Charles Lucas de Pesloüan[Note 8]. Rédigés entre l'automne 1911 et le printemps 1912, lesQuatrains, envahis de visions sanglantes, sont à la fois une imploration et le poème de ce désespoir[59]. Au milieu de ces difficultés, s'ajoute en 1912, l'inquiétude provoquée par laparatyphoïde de Pierre, son second fils ; Péguy fait alors le vœu de se rendre en pèlerinage solitaire àChartres, du 14 au 17 juin, parcourant 144 km en trois jours.Alain-Fournier l'accompagne sur une partie du chemin[60].« J'ai fait un pèlerinage à Chartres. Je suis Beauceron, Chartres est ma cathédrale », avoue-t-il à son amiJoseph Lotte, ajoutant :« Notre Dame m'a sauvé du désespoir »[61]. C’est ce pèlerinage qui, par la suite, inspira lespèlerinages de Chartres. Il fait à nouveau ce pèlerinage en 1913, du 25 au 28 juillet. Il écrit :« … J'ai tant souffert et tant prié… Mais j'ai des trésors de grâce, une surabondance de grâce inconcevable… »[62]. Vivant dans une situation maritale incompatible avec la foi catholique, notamment du fait de son épouse qui refuse le mariage religieux, il ne pourra jamais communier[63].Pourtant, Péguy n'a pas retrouvé la joie, mais seulement une sérénité précaire qui n'empêche ni regret ni mélancolie. Il n'aurait reçu le sacrement de l'Eucharistie qu'un mois avant sa mort, le 15 août 1914, à Loupmont, alors qu'il était sous l'uniforme.[réf. nécessaire]

La bénédiction de son patriotisme par Dieu s'inscrit dans le courant de pensée majoritaire des années d'avant-guerre qui, après les années d'abattement dues à la défaite de 1870, attendait et espérait une revanche :

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. (…)
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu (…)
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés[64]. »

Elle fait écho auxBéatitudes.

L'œuvre de Péguy célèbre ainsi des valeurs qui pour lui sont les seules respectueuses de la noblesse naturelle de l'homme, de sa dignité et de sa liberté : d'abord, son humble travail, exécuté avec patience, sa terre, cultivée avec respect, sa famille :« Il n'y a qu'un aventurier au monde, et cela se voit très notamment dans le monde moderne : c'est le père de famille », écrit-il[65]. Ce sont là ses valeurs essentielles, liées à son patriotisme et à sa foi dans une République qui serait enfin forte, généreuse et ouverte. Et c'est précisément là, pour lui, que dans une action résolue, se rencontre Dieu. À ce titre, Péguy peut apparaître comme un théologien, chantre des valeurs de la nature créée par un Dieu d'amour. C'est ce ton de respect et d'amour pour toutes les créatures vivantes que l'on trouve dans les quatrains d’Ève, au seuil de ce grand poème, où se développe un tableau du paradis terrestre[66]. D'où aussi son attachement profond à Marie[67] : il aurait passé la nuit précédant sa mort à fleurir la statue de la Vierge dans la chapelle de la butte de Montmélian près deVémars, où stationnait son unité[Note 9].

Antimoderne

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La réforme scolaire de 1902, portant sur les humanités modernes et l'enseignement secondaire unique, est sans doute la première occasion à laquelle Péguy exprime violemment son rejet du monde moderne[68] :« Comme le chrétien se prépare à la mort, le moderne se prépare à la retraite ». Dans sesCahiers de la quinzaine, il écrit :« Aujourd'hui, dans le désarroi des consciences, nous sommes malheureusement en mesure de dire que le monde moderne s'est trouvé, et qu'il s'est trouvé mauvais »[69]. Il se sépare ainsi peu à peu de la gauche parlementaire coupable, à ses yeux, de trahir ses idéaux de justice et de vérité, pour rejoindre les rangs des nationalistes qui jugent inévitable une nouvelle guerre, au moins pour recouvrer l'intégrité du territoire d'une France mythifiée par le culte de figures commeRichelieu, que nul ne surpasse, selon lui,« dans le régime révolutionnaire »[70], et surtout de Jeanne d'Arc.

Deux ans plus tard, dansZangwill, il allie ce rejet de lamodernité à celui d'une certaine idée duprogrès,« grande loi de la société moderne »[71]. Péguy critique dans la modernité d'abord la vanité de l'homme qui prétend remplacer Dieu, et un avilissement moral largement inévitable, en raison surtout de la part donnée à l'argent et à l'âpreté mise dans sa recherche et son accumulation ; un monde qui tourne le dos aux humbles vertus du travail patient de l'artisan ou du paysan.

Guerre et mort

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Charles Péguy
AllégeanceDrapeau de la France République Française
ArmeArmée de terre
Unité276e régiment d'infanterie
GradeLieutenant
Années de service1893(classe)1914
Commandement19e compagnie du276e RI
ConflitsPremière Guerre mondiale
Faits d'armesBataille de la Marne
DistinctionsChevalier de la Légion d'honneur[72](à titre posthume)
Croix de guerre 1914-1918[73]
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Mémorial à lanécropole nationale de Chauconin-Neufmontiers près deVilleroy (Le nom de Péguy se trouve en haut à droite).

Son fils aîné devant rentrer à Sainte-Barbe en, Péguy loue une maison àBourg-la-Reine, 7rue André Theuriet[74]. Il y demeure avec son épouse, Charlotte-Françoise Baudouin, et ses enfants, Marcel, Germaine et Pierre. À Bourg-la-Reine, il termineÈve, rédige laNote sur Bergson et laPhilosophie bergsonienne, laNote conjointe sur Descartes et la philosophie cartésienne et continue la rédaction desCahiers de la Quinzaine[74].

Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation en, dans la19e compagnie du276e régiment d'infanterie. Le dimanche 23 août 1914, il se trouve dans la forêt deBois-le-Prêtre, gagne dans la nuit Pont-à-Mousson menacée, avec ordre d'y relever le 369e RI de Toul puis d'empêcher l'ennemi de franchir la Moselle. Le 369e RI ne se présentant pas, il se positionne en ville et en garde les issues[75]. Il est tué à l'ennemi le,Le Plessis-l'Évêque[2],[3] dans laGoële, près deMeaux, lieu essentiel des combats[76] de labataille de l'Ourcq à la veille de lapremière bataille de la Marne, tué d'une balle au front, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi[77]. Il serait mort, selon Victor Boudon[78], un de ses camarades de combat présents à ses côtés, en disant :« Oh mon Dieu, mes enfants… »[79]. Il est enterré àVilleroy.

Selon lemaréchal Juin[80], le5e bataillon du276e RI, dans lequel se trouvait Charles Péguy, est venu en soutien sur le flanc gauche de l'attaque de Penchard, menée par unebrigade marocaine[81], pour une mission de sacrifice sur un terrain à découvert. L'attaque échoua faute d'une préparation d'artillerie[82].

Un quatrième enfant, posthume,Charles-Pierre Péguy (1915-2005), naît au mois de février 1915[74].

Sa famille quitte alors la maison de Bourg-la-Reine et laisse la demeure auromancier etessayisteLéon Bloy, qui s'y installe avec sa femme et ses deux filles le[74]. Madame Péguy s'installe avec son dernier fils dans un logement au fond de la cour duno 24boulevard Carnot[74].

Postérité

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Il est peu d’exemple d’écrivain si peu préoccupé de faire apparaître son œuvre au grand jour. Elle est d’emblée mêlée aux autres dont les écrits semblent importer davantage que ses propres publications. Péguy édite, imprime d’autres écrits que les siens. Le mélange de l’œuvre et de l’édition, de l’écriture et de la gestion de la revue s’opère au gré de l’actualité et au cœur même desCahiers de la quinzaine qui l’absorbent et la recouvrent. L’œuvre est comme écrasée, entravée et masquée. Elle tire de cette curieuse imbrication une étrange originalité. Son chemin de création emprunte l’itinéraire singulier des réflexions et des débats, des commentaires et des critiques, des échanges et des polémiques. Il n’est jamais disjoint des préoccupations du moment. Pour saisir son œuvre ; en établir le fil rouge, il faut l’aller chercher au cœur même desCahiers.

« Péguy a cette destinée singulière d'être, parmi les grands écrivains duXXe siècle, celui qui, de son vivant, a été enseveli sous le plus lourd silence de la critique, et qui, depuis sa mort, a provoqué la plus abondante foison d'articles et de volumes »[83]. Se voulant un héritier intellectuel de Charles Péguy, le philosopheAlain Finkielkraut considère que« Péguy devrait être une référence incontournable pour tous ceux qui veulent penser le monde moderne ». Il a contribué à réhabiliter son maître dans son essaiLe Mécontemporain (1992),après une longue période où beaucoup associaient l'écrivain à la récupération qui en avait été faite par le régime de Vichy et le courant nationaliste catholique.[réf. nécessaire]Comme lui, il déplore la part prise dans nos sociétés par l'esprit de lucre, la spéculation, la publicité et les impératifs d'une société de spectacle, au détriment du souci de l'éducation de tous.[réf. nécessaire] Un autre philosophe,Damien Le Guay, considère lui aussi qu'il est nécessaire de lire Péguy (qu'il estime être« censuré par l’Éducation nationale ») pour« l'actualité brûlante de sa pensée » et les nombreux« antidotes » qu'il fournit aux poisons qui rongeraient notre société[84].

Mais Péguy c'est aussi un style. Il fait de l’écriture une source d’accomplissement et de construction d’une personnalité singulière. Il vise en profondeur ce qu’il y a de plus personnel en chacun de nous et qui relève moins de la recherche du sens que de la quête d’une voix et d’une énergie personnelles : « c’est le ton et la matière qui fait l’oeuvre, infiniment plus que le sens[85]. » Au-delà des mots, au-delà des idées, au-delà des sons et du sens, il cherche à établir un style qui lui est propre et qui traduit l’humanité particulière qui l’anime. DansPersonnalités, il en donne même la définition : « Plus que la figure du corps, plus que le geste, plus que la démarche, plus que l’aspect, plus que la forme des corps, plus que les traits du visage, plus que le regard des yeux, plus que le son de la voix, plus que le ton de l’éloquence, plus que le verbe, plus que la parole parlée, le style est de l’homme même[86] ». Le style c’est aussi, pour l’éditeur et l’imprimeur qu’il fut, la qualité graphique et le soin qu’elle suppose. Péguy s’était formé à la typographie et y excellait. Les Cahiers sont d’une qualité de composition et d’impression exceptionnelles. L’écriture est indissociable des gestes qui la produisent. Écrire dépend des mouvements corporels qui la font vivre. Il écrit non en intellectuel aux mains lisses, mais en bon artisan aux mains caleuses. Il écrit comme il rempaille les chaises[87], ligne après ligne, vers après vers. Il écrit petit à petit comme un tapissier et jamais comme un écrivain dilettante : « Je fais ça comme une tapisserie, un point et puis un autre point[88]. » Il cultive l’art poétique de la tapisserie en produisantLa Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc etLa Tapisserie de Notre Dame. Pour Romain Rolland, Péguy est un ouvrier créatif qui s’applique à bousculer la matière poétique pour innover. « Il n’est pas fait pour un art de miniaturiste ou de joaillier. Tapissier, voilà son lot. Voilà son mot qui lui vient, sans doute, au cours de son travail, et qui l’éclaire[89] ».Eve en est l’expression aboutie. Les personnages y figurent sur le même niveau que le fond et les premiers plans. Les rimes s’y entrecroisent comme les fils du tisserand. La méditation artisanale est lente et progressive, émaillée de multiples répétitions, d’assonances, de groupements binaires et ternaires, et d’allitérations. La persistance du thème, la répétition d’une structure verbale en l’environnant d’images et de variété de métaphores sans cesse renouvelées, l’entrelacement de fils, conjuguant continuité et reprise, donnent l’allure de tapisseries où les mêmes fils reparaissent et s’entrelacent à intervalles irréguliers. La recherche stylistique n’est sans doute pas sans rapport avec l’univers familial clos et étroit où Péguy a grandi entre une mère et une grand-mère sans fratrie, avec pour seul horizon le travail quotidien répétitif et l’accomplissement du devoir.

L'amitié qui unissait Charles Péguy àJules Isaac est aujourd'hui encore célébrée comme un exemple du trait d'union nécessaire entre chrétiens et juifs[90].

Parmi sa postérité, on peut nommerGeorges Bernanos,Emmanuel Mounier,Albert Beguin,Charles de Gaulle[91]

Son œuvre a influencé des auteurs aussi différents queAlain Badiou,Alain Finkielkraut etBruno Latour[92].

Œuvres

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Essais

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  • De la raison, 1901.
  • De Jean Coste, 1902.
  • Notre Patrie, 1905.
  • Situations, 1907-1908.
  • Notre Jeunesse, 1910.
  • Victor-Marie, Comte Hugo, 1910 ; réédition Fario 2014.
  • Un nouveau théologien, 1911.
  • L'Argent, Paris,Allia,, 112 p.(ISBN 9791030411058)
  • L'Argent suite, 1913 ; rééd. La Délégation des siècles,L'Argent & l'Argent suite (réunion des deux textes), 265 p., 2020.
  • Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne, 1914.
  • Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, 1914 (posth.).
  • Clio. Dialogue de l'histoire et de l'âme païenne, 1931 (posth.).
  • Par ce demi-clair matin, 1952 (posth.)(recueil de manuscrit inédits dont les deux suites deNotre Patrie)
  • Un poète l'a dit…, Gallimard, 1953 (posth.)
  • Véronique. Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, Gallimard, 1972 (posth.).

Recueil d'essais

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  • Charles Péguy,Mystique et politique, préface d'Antoine Compagnon, Édition établie et annotée par Alexandre de Vitry. Comprend : Zangwill ; Notre patrie ; Situations ; À nos amis, à nos abonnés ; Notre jeunesse ; Victor-Marie, Comte Hugo (Solvuntur objecta) ; Un nouveau théologien, M. Fernand Laudet ; L'argent ; L'argent suite. Éditeur : Robert Laffont, collection Bouquins. 2015.
  • Jean Bastaire,Péguy tel qu'on l'ignore, Idées/Gallimard, 1973 ; Folio/Gallimard, 1996.
  • Les cahiers de la Quinzaine de Péguy U. Rolandi, Éditions Paradigme 2002.

Poésie

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Mystères lyriques

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Divers

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  • Lettres et entretiens, 1927 (posth.).
  • Correspondance Charles Péguy - Pierre Marcel, Paris, L'Amitié Charles Péguy, XXVII (posth.).
  • Une éthique sans compromis, préface Dominique Saatdjian, 2011, Éditions Pocket (morceaux choisis de l'œuvre de Charles Péguy rangés selon cinq thèmes : héroïsme, travail, sciences, dieux et révolution[93]).
  • Pierre Commencement d'une vie bourgeoise, 2023 préface d'Éric Thiers, président de l'Amitié Charles Péguy, Corsaire.

Œuvres complètes

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Éditions bibliophiliques

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  • Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, vingt lithographies originales d'André Jordan, N.R.F., 1946.

Anthologies

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Ainsi parlait Charles Péguy, dits et maximes de vie choisis et traduits par Paul Decottignies,éditions Arfuyen, 2020(ISBN 978-2845-90296-1).

Distinctions

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Hommages

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En 1930, sa ville natale érige sur un square baptisé à son nom un monument portant son buste en bronze sculpté parPaul Niclausse.

En France, de nombreuses rues portent aujourd'hui le nom de Charles Péguy ; son nom a également été attribué à plusieurs établissements scolaires : lycée d'Orléans, d'Eysines, deMarseille et deGorges, collèges du11e et du19e arrondissements de Paris, duChesnay, d'Arras, deWittelsheim,Moulins,Morsang-sur-Orge,Chartres,Cattenom,Bobigny,Tourcoing, Melun,Metz,Moncoutant,Palaiseau,Bondoufle,Verneuil-l'Étang etVauvillers. Une grande partie des archives concernant Péguy sont rassemblées auCentre Charles Péguy[94],[95] d'Orléans, fondé parRoger Secrétain en1964. On y trouve notamment la quasi-totalité de ses manuscrits.

Le centre d'accueil des jeunes Français àLondres, créé en 1954 par le gouvernement français, porte le nom deCentre Charles Péguy[96].

UnCercle Charles Péguy a été fondé en 1963 àLyon par le biologiste Michel Delsol, père de la philosopheChantal Delsol, au sein des milieux catholiques lyonnais. Sa vocation est la reconstruction d'unedroite authentiquement conservatrice au sortir de laguerre d'Algérie.Jean Bastaire y voit un exemple de« cercle péguyste réactionnaire » caractéristique de« l'annexion de Péguy par l'extrême-droite »[97]. Le cercle est relancé à Lyon en 2012[98] ; une antenne du cercle est ouverte à Paris l'année suivante, où est notamment invitéAlain Finkielkraut[99].

Le réalisateurBruno Dumont adapte au cinéma leJeanne d'Arc de Charles Péguy dansJeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc en 2017 et dansJeanne en 2019.

Une stèle est érigée en son hommage près du monument aux morts dans le cimetière de Bourg-la-Reine, le 17 octobre 2005 par la municipalité de la ville[100].

NB : un livre parle des lieux nommés en l'honneur de Péguy :Charles Coustille (Auteur) et Léo Lepage (Photographies),Parking Péguy, Flammarion,, 192 p.(ISBN 978-2-0814-8280-7).

Notes et références

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Notes

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  1. Napoléon II, poème V dansLes Chants du crépuscule.
  2. Leur admission à l'École normale supérieure leur permettra de poursuivre leur amitié.
  3. Jacques Maritain, dans saPhilosophie bergsonienne, considérait celle-ci comme« une philosophie athée, foncièrement panthéiste et moniste, radicalement incompatible avec la philosophie chrétienne » (p. 149, 177, 306 à 311).
  4. Dans l'ordre de la pensée, le « se faisant » représente pour Péguy la spontanéité créatrice, par opposition à la platitude des pensées toutes faites.
  5. C'est nous qui soulignons.
  6. Ce mouvement de retour au catholicisme touche aussiPaul Claudel,Huysmans,Paul Bourget,Brunetière,Léon Bloy etFrançois Mauriac.
  7. Un nouveau théologien, M. Fernand Laudet, septembre 1911,Charles Péguy 1992,p. 392-591
  8. Il s'agit de Charles Lucas de Pesloüan (1878-1952), ingénieur, écrivain, éditeur et ami intime de Péguy avec qui il a correspondu souvent. Voir sa fiche à la BnF :[1]. Il a publié notamment : ▶N.H Abel. Sa vie et son œuvre chez Gauthiers Villars en 1906 :[2], monographie sur le mathématicien norvégienNiels Henrik Abel (1802-1829) ; ▶Amicitiae in hortis en 1920 à la Société Littéraire de France, en mémoire de ses amis morts au front en 14-18 (dont Péguy) :[3] ; ▶L'Inconnu de ma maison d'Auteuil chez Plon-Nourrit et Cie en 1925 ; ▶Robinson dans la maison vide chez Argo en 1928 ; ▶Le Dernier projet littéraire de Maurice Barrès. Descartes et la princesse Elisabeth en 1929 ; ▶Deux jeunes filles et Vauvenargues chez Redier en 1931 ; ainsi que des préfaces à des éditions d’œuvres et de morceaux choisis de Charles Péguy.
  9. Selon le capitaineClaude Casimir-Périer, cantonné dans un vieux couvent des bois deSaint-Witz, il aurait passé la nuit à accumuler des fleurs au pied de l'autel de la Vierge (André Bellard,Péguy devant Metz).

Références

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  1. Archives Orléans Ville et Métropole, « État-civil d'Orléans, registre des naissances 1873, vue 8 / 468, 2E249 »Accès libre, surhttps://archives.orleans-metropole.fr/(consulté le)
  2. a etbMémoire des Hommes, « PEGUY Charles Pierre, 07-01-1873 »Accès libre, surwww.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr(consulté le)
  3. a etbArchives départementales des Hauts-de-Seine, « État-civil de Bourg-la-Reine, registre des décès 1914, vue 16 / 19, E_NUM_BRG_D1914 »Accès libre, surhttps://archives.hauts-de-seine.fr(consulté le)
  4. Pierre Citti,« Charles Péguy »[archive du], surRépublique des lettres(consulté le)
  5. Charles Péguy,Encyclopædia Universalis,en ligne.
  6. Jérôme Grondeux,« Péguy conservateur ? », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle 1/2002 (no 20),p. 35-53.
  7. Archives départementales du Loiret, « État-civil de Saint-Jean-de-Braye, registre des naissances 1843-1852, vue 45 / 132, EC 4546 »Accès libre, surhttps://www.archives-loiret.fr(consulté le)
  8. Archives Orléans Ville et Métropole, « État-civil d'Orléans, registre des décès 1873, vue 408 / 535, 2E251 »Accès libre, surhttps://archives.orleans-metropole.fr(consulté le)
  9. Robert Burac,Charles Péguy : la révolution et la grâce, Robert Laffont, 1994,p. 17.
  10. Marcel Péguy, « Le lieutenant Péguy, soldat de France »,Revue d’Histoire Littéraire de la France,nos 2-3,‎,p. 382
  11. « Cécile Péguy (1846-1933) », surdata.bnf.fr(consulté le).
  12. Charles Péguy (dir. Claire Daudin),Œuvres poétiques et dramatiques, Gallimard,coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 60), (1re éd. 1941), 1888 p.(ISBN 978-2070134168),p. 33.
  13. La Revue française deGénéalogie, « Origines familiales et cousinages inattendus de Charles Péguy », surLa Revue française de Généalogie(consulté le)
  14. Charles Péguy,Jean Coste, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-011114-5),p. 1037
  15. Charles Péguy,Nous sommes des vaincus, Paris, Gallimard,(ISBN 2-07-011134-2),p. 1327
  16. Charles Péguy,Deuxième série au Provincial, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-011114-5),p. 587
  17. Charles Péguy,Chanson du Roi Dagobert, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-013416-8),p. 375
  18. L'Argent,Charles Péguy 1992,p. 790
  19. L'Argent,Charles Péguy 1992,p. 787-818
  20. Charles Péguy,L'Argent, Paris, Gallimard,(ISBN 2-07-011231-4),p. 801
  21. Charles Péguy,De la Raison, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-011114-5),p. 835
  22. Charles Péguy,Lettre à Charles Guieysse, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-011114-5[à vérifier :ISBN invalide]),p. 859
  23. Charles Péguy,De Jean Coste, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-011114-5),p. 1054
  24. Victor-Marie, comte Hugo,Charles Péguy 1992,p. 268
  25. Victor-Marie, comte Hugo,Charles Péguy 1992,p. 202-208
  26. Robert Burac,Charles Péguy, La révolution et la grâce, Robert Laffont,p. 36.
  27. L'amitié Charles Péguy (Portrait par Léon Deshairs, juillet 1894),Bulletin d'informations et de recherches (no 81),(présentation en ligne).
  28. L'amitié Charles Péguy,Feuillets mensuels (no 38),(ISSN 0180-8559 et0569-9444,OCLC 1177292370,BNF 34383071,lire en ligne),p. 3-23.
  29. Raoul Blanchard,Ma jeunesse sous l'aile de Péguy, Paris, 1961, Fayard,p. 157.
  30. Réponse à l'enquête : Y a-t-il une renaissance religieuse en France ?, dansLa Grande revue, mai 1915.
  31. Louis Chaigne,Charles Péguy, Éditions des Loisirs,,p. 18
  32. a etbPierre-Henri Simon,Histoire de la littérature française auXXe siècle, Paris, Armand Colin, 1959.
  33. Principal article publié par Péguy en 1897 dans la Revue socialiste :La cité socialiste.
  34. Jean Bastaire,Péguy tel qu'on l'ignore, Gallimard, Collection Folio essais, 1995,notice éditeur
  35. Éric Thiers, « Péguy ou l’imperfection démocratique »,Commentaire,no 131, automne 2010,p. 740.
  36. Isabelle Poulin, Jérôme Roger,Le lecteur engagé - Critique, enseignement, politique, Presses Universitaires Bordeaux, février 2008,p. 28.
  37. Notre jeunesse,Charles Péguy 1992,p. 26 et Œuvres complètes tome 4,p. 67-68.
  38. Œuvres en prose complètes, tome I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987,p. 1197.
  39. Romain Vaissermann,Charles Péguy, l'écrivain et le politique, Rue d'Ulm,,p. 303
  40. Henri Guillemin,Charles Péguy,p. 108.
  41. sur le site de l'ADIC
  42. Œuvres en prose complètes tome I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1987,p. 144, cité dans Henri Guillemin,Charles Péguy, Seuil, 1981,p. 171.
  43. Sur la relation Péguy-Jaurès, voir notammentJuliette Pellissier, « Jaurès et Péguy : le grand malentendu ? », surJaurès – Rallumer tous les soleils,(consulté le)
  44. Lire l'argumentation anti-jauressiste de Péguy dansL'Argent,Charles Péguy 1992,p. 797-799
  45. L'Argent,Charles Péguy 1992,p. 795-796
  46. Sur les relations qu'ont entretenues Péguy et Jaurès, voirHenri Guillemin, ch. 3, « Péguy et Jaurès », dansCharles Péguy, Seuil, 1981,p. 63-103 et Arnaud Teyssier,Charles Péguy, Perrin, 2008.
  47. Google books : Jean-Jacques et Annette Becker,La France en guerre, 1914-1918, Éditions Complexe,p. 11.
  48. Le Mystère de l'enfant prodigue,Charles Péguy 1975,p. 1569
  49. Charles Péguy 1992,p. 1798, Note 2.
  50. a etbHenri Lemaitre,L'aventure littéraire duXXe siècle, 1890-1930, Pierre Bordas et fils, 1984,p. 79.
  51. Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne,Charles Péguy 1992,p. 1254-1255
  52. Note sur Bergson et la philosophie bergsonienne,Charles Péguy 1992,p. 1272-1274
  53. Jacques Chevalier,Entretiens avec Bergson, Plon Paris, 1959,p. 26.
  54. Jules Sageret,Les Grands Convertis, Soc. du Mercure de France, 1906
  55. J. Lotte,Bulletin des professeurs catholiques de l'Université, 23 mai 1911.
  56. Charles Péguy,p. 223.
  57. Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, texte posthume,Charles Péguy 1992,p. 732
  58. Pierre-Olivier Walzer,LeXXe siècle, 1896-1920, collection Littérature française, Arthaud, 1975,p. 263-264.
  59. Jean Onimus,Introduction aux Quatrains de Péguy, Cahiers de l'Amitié Charles Péguy, 1954,p. 34 à 37.
  60. Y. Rey-Herme,Charles Péguy et Alain Fournier,Revue d'histoire littéraire de la France - 1973.
  61. Entretien de Péguy avecJoseph Lotte - Henri Massis,De l'homme à Dieu,p. 440.
  62. Cité par Arnaud Teyssier,Charles Péguy, Paris, Perrin 2008.
  63. « Conférence de Carême de Notre-Dame de Paris : “Charles Péguy : Une spiritualité de la communion” », surdioceseparis.fr(consulté le)
  64. Ève,Charles Péguy 1975,p. 1028
  65. Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle,Charles Péguy 1992,p. 656
  66. « On oublie trop que l'univers, c'est la création, et le respect, non moins que la charité, doivent s'étendre à toute créature. » L’Ève de Péguy,inCharles Péguy 1992,p. 1228
  67. Assomption : la passion de Charles Péguy pour Marie, article de Damien Le Guay surlefigaro.fr du 14 août 2014.
  68. Sur Péguy antimoderne, voir "Péguy", dansLes antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes,Antoine Compagnon, Gallimard, 2005.
  69. Œuvres en prose complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987,p. 1390.
  70. L'Argent suite,Charles Péguy 1992,p. 917
  71. Œuvres en prose complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987,p. 1398.
  72. Décret du 27 avril 1920 nommant Charles Péguy au grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
  73. Le général Cousin remet à Pierre Péguy la Croix de Guerre de son père dans la cour d’honneur de l'hôtel des Invalides.
  74. abcd eteXavier Lenormand,Histoire des rues de Bourg-la-Reine,p. 19.
  75. Jean-PierreRioux,La mort du Lieutenant Péguy, Tallandier,(ISBN 979-10-210-0431-3,lire en ligne)
  76. Voir la carte des combats en ce joursamedi 5 septembre.
  77. « Charles Péguy, lieutenant du 276° R.I. de Coulommiers | Circuit bataille marne 1914 », surwww.circuit-bataille-marne1914.fr(consulté le)
  78. Victor Boudon,Mon lieutenant Charles Peguy : Juillet : Septembre 1914, Albin Michel,, 301 p.
  79. France Inter, Émission le 7h43Centenaire de la Mort de Charles Péguy,[4].
  80. Maréchal Juin,La brigade marocaine à la bataille de la Marne,La brigade marocaine du1er au 17 septembre 1914, la bataille de Penchard.
  81. Journaux des marches et opérations des corps de troupe, J.M.O. du2e régiment de marche de chasseur indigène (Infanterie d'Afrique), 26 N 858/3, diapositives 18 à 21, sur le siteMémoire des hommes du ministère de la Défense.
  82. Jean-Pierre Rioux,La mort du lieutenant Péguy, Talladier,, 270 p.
  83. Pierre-Henri Simon,op. cit.
  84. Damien Le Guay,L'actualité brûlante de Charles Péguy,lefigaro.fr, 4 septembre 2014.
  85. Charles Péguy,Clio, Dialogue de l'histoire et de l'âme païenne, Paris, Gallimard,(ISBN 2-07-011231-4),p. 1042
  86. Charles Péguy,Personnalités, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-011114-5),p. 930
  87. Jean-Michel Wavelet,Charles Péguy, le rempailleur de textes, Paris, l'Harmattan,, 255 p.(ISBN 978-2-336-49360-2),p. 238-240
  88. Charles Péguy,Lettre à Marthe Rouflay, Oeuvres complètes, IV, Paris, Gallimard,(ISBN 978-2-07-013416-8),p. 1729
  89. Romain Rolland,Péguy, Paris, Albin Michel,,p. 35
  90. Jean-François Bensahel,Charles Péguy, trait d'union entre juifs et chrétiens de France, surlefigaro.fr du 5 septembre 2014.
  91. « Redirecting... », surwww.france-memoire.fr(consulté le)
  92. Joseph Hanimann:Der Kreuzritter der Heiligen Johanna. Zum 100. Todestag neu entdeckt: Charles Péguy,Süddeutsche Zeitung, 5 septembre 2014, p. 14.
  93. Une éthique sans compromis sur Le choix des libraires.com
  94. Présentation du Centre Charles-Péguy.
  95. Centre Charles Péguy d'Orléans.
  96. Voir le site officiel.
  97. « Plongée dans La Droite profonde »,L'Express, 29 octobre 1998.
  98. Article de présentation duCercle Charles Péguy.
  99. Article surlefigaro.fr
  100. « PEGUY Charles : sa dernière demeure à BOURG LA REINE. – Fédération Nationale du Patrimoine »,(consulté le)

Voir aussi

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Bibliographie

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Biographies générales

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Sur les idées philosophiques et politiques de Charles Péguy

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Sur l'œuvre littéraire de Charles Péguy

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Sur la religion de Charles Péguy

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Recueils d'articles

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  • Jean Bastaire (dir.),Charles Péguy, L'Herne, 1977.
  • Yann Moix (dir.) Charles Péguy. Année Zéro. 2022

Articles connexes

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Liens externes

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Notices et ressources

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