Pour les autres membres de la famille, voirfamille Koechlin.
| Nom de naissance | Charles Louis Eugène Koechlin |
|---|---|
| Naissance | Paris16e,France |
| Décès | (à 83 ans) Rayol-Canadel-sur-Mer,Var,France |
| Activité principale | Compositeur |
| Formation | École polytechnique,Conservatoire de Paris |
| Maîtres | Antoine Taudou,Jules Massenet,André Gedalge,Gabriel Fauré |
| Élèves | Francis Poulenc,Maxime Jacob,Roger Désormière,Germaine Tailleferre,Ferdinand Barlow,Henri Sauguet |
Œuvres principales
Catalogue complet
Charles Koechlin, né le dans le16e arrondissement de Paris (France) et mort le auRayol-Canadel-sur-Mer, est uncompositeurfrançais.
Charles Koechlin (prononcer [keˈklɛ̃], « Kéclin »[1]) appartient à une vieille famillealsacienne : son grand-père,Jean Dollfus, avait fondé une filature àMulhouse et son père était dessinateur pour l'industrie textile. Le philosopheCharles Dollfus était son oncle maternel. Son frère aîné est le peintreDaniel Koechlin.
À l'institution de larue Monge où il fait ses études secondaires, il est déjà passionné par la musique. Reçu à l'École polytechnique en 1887, il se charge de faire des « arrangements » du petit orchestre d'élèves et instrumente la première ballade deFrédéric Chopin. Unetuberculose contractée pendant la seconde année l'oblige à interrompre ses études[2], affectant son rang de sortie. Ne pouvant plus entreprendre la carrière d'officier de marine ou d'astronome à laquelle il aspire, il démissionne et entre auconservatoire de Paris où il aAntoine Taudou comme professeur d'harmonie, etJules Massenet etAndré Gedalge comme professeurs d'harmonie et de composition. À la mort deCésar Franck, il devient l'élève deGabriel Fauré.
Doué d'une belle voix debaryton, il chante dans deschœurs et c'est par des œuvres vocales qu'il commence sa carrière de compositeur, sur des poèmes deThéodore de Banville et deLeconte de Lisle. Il écritEn mer, la nuit d'aprèsHeinrich Heine que lesConcerts Colonne donnent en 1904, la suite symphoniqueL'Automne, ainsi que des mélodies sur des poèmes dePaul Verlaine et d'Albert Samain.
Il épouse Suzanne Pierrard (1881-1965) le à Beaulieu-sur-Mer (Alpes Maritimes) et ils sont venus habiter rue de l'Yvette à Paris 16e. De leur union naissent cinq enfants, Jean-Michel, Hélène, Madeleine, Antoinette dite Nina. Jean-Michel est officier de marine, Hélène artiste peintre. Madeleine, institutrice, établit le catalogue des œuvres de son père ; elle épouse lelinguiste coréenLi Long Tsi[3],[4], l'un des précurseurs des études coréennes en France. Nina estmédecin, elle épouse le Dr. Jean Lerique (1913-1985)[5] et le dernier,Yves, estphysicien, marié à Noémie Langevin, devenueNoémie Koechlin, la petite-fille du physicienPaul Langevin, ainsi que du dessinateurJules Grandjouan.
Confronté rapidement à des difficultés pécuniaires, il se consacre à l'écriture d'ouvrages d'enseignement et donne d'assez nombreuses leçons (« Le meilleur élève de Koechlin, c'est lui-même »[6]), sans négliger la composition :Étude sur les notes de passage (1922),Précis des règles du contrepoint (1927),Traité d'harmonie (1928, trois volumes),Étude sur l'écriture de la fugue d'école (1933),Étude sur les instruments à vent (1948).
Son monumentalTraité de l'orchestration en quatre volumes (1941) aborde, entre autres, le mélange des couleurs et des nuances, ce qui lui vaut le qualificatif d'« alchimiste des sons »[7] de la part deHeinz Holliger, compositeur et chef-invité de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart. CeTraité reste, auXXIe siècle, un ouvrage de référence enFrance et à l'étranger[8].
Sa maîtrise de l'écriture pour orchestre est très vite reconnue par son maîtreGabriel Fauré, qui lui confie l'orchestration de sa musique de scène dePelléas et Mélisande, d'aprèsMaurice Maeterlinck, créée à Londres le, ainsi que parClaude Debussy dont l'éditeurJacques Durand lui demande d'achever son balletKhamma, créé en 1924. Elle se reflète également dans les nombreux cycles de mélodies avec orchestre, qu'il compose entre 1890 et 1902, dontPoèmes d'automne (op. 13 bis) etTrois Mélodies (op. 17 bis).
AvecMaurice Ravel etFlorent Schmitt, il fonde en 1909 laSociété musicale indépendante, dans le but de promouvoir la musique contemporaine.
Entre 1910 et 1920, il entreprend des recherchesarchitectoniques qu'il matérialise dans une quinzaine d'œuvres de musique de chambre (sonates pour différents instruments, quatuors et quintettes), ainsi que dans quelques compositions orchestrales :La Forêt païenne (1908),Trois Chorals pour orgue et orchestre etCinq Chorals pour orchestre (1912-1920).
Il compose trois recueils deRondels deThéodore de Banville, trois autres de mélodies sur despoèmes divers (avec piano ou orchestre), des chœurs sans paroles :La Forêt (1907), uneBallade pour piano et orchestre,Vingt Pièces enfantines pour piano seul,Vingt-quatre Esquisses,Douze Pastorales,Les Heures persanes (piano ou orchestre) d'après le récit de voyageVers Ispahan dePierre Loti, cinqSonatines, douzePaysages et Marines.
Ses226 numéros d'opus (soit environ250 œuvres distinctes et plus de 1 000 titres) constituent une des œuvres les plus imposants de son époque. Parmi ses œuvres demusique de chambre, on peut citer quatreQuatuors à cordes, uneSuite en quatuor, uneSonate pour deux flûtes, unQuintette pour piano et cordes, unSeptuor pour instruments à vent, lequintette « Primavera » pourflûte, violon, alto,violoncelle etharpe, des sonates pour divers instruments etLes Chants de Nectaire (1944), trois suites de32 pièces pour flûte seule.
Parmi les œuvres symphoniques :Vers la plage lointaine,Soleil et danses dans la forêt,Les Saisons (1912), uneSymphonie d'hymnes (Au Soleil,Au Jour,À la Nuit,À la Jeunesse etÀ la Vie) qui obtient leprix Cressent en 1936,Cinq Chorals dans le style des modes du Moyen Âge (polyphonie modale) et unePremière Symphonie (prix Halphen en 1937). Il écrit également une pastorale biblique en un acte,Jacob chez Laban montée au théâtre Beriza et un ballet,L'Âme heureuse, créé en 1908, authéâtre national de l'Opéra-Comique.
Il aborde aussi lepoème symphonique avecLes Vendanges (1896-1906),La Nuit de Walpurgis classique (1901-1907),Chant funèbre à la mémoire des jeunes femmes défuntes (1902-1907),Le Livre de la jungle (1899-1940) d'aprèsRudyard Kipling,Vers la voûte étoilée (1923) à la mémoire de son ami l'astronomeCamille Flammarion, et surtoutLe Docteur Fabricius (1946), d'après la nouvelle de son oncleCharles Dollfus. Son admiration pourJean-Sébastien Bach se reflète dans un grand nombre deChorals et deFugues, mais surtout dans l'imposanteOffrande musicale sur le nom de Bach,op. 187 (1942), où il démontre sa maîtrise ducontrepoint, sous toutes ses formes.
L'esprit ouvert, il se passionne pour lecinéma et compose uneSeven Stars' Symphony (1933) dédiée à sept acteurs, dontDouglas Fairbanks,Greta Garbo,Marlene Dietrich etCharlie Chaplin pour leFinal qui évoque « l'âme chimérique, la résignation et l'espoir »[9] de l'artiste. En 1933, il composeL'Andalouse dans Barcelone (op. 134) en réponse à une commande pour le filmCroisières avec l'Escadre, mais il découvre ensuite que son œuvre avait été remplacée par la musique d’un compositeur inconnu. Il compose aussi plusieurs musiques pour des films imaginaires commeLe Portrait de Daisy Hamilton (1934) hommage à l'actriceLilian Harvey, ouLes Confidences d'un joueur de clarinette (1934) dont il écrit lui-même le scénario d'après le roman d'Erckmann-Chatrian.
Mais une seule de ses musiques de films accompagne effectivement un film,Victoire de la vie, réalisé parHenri Cartier-Bresson en 1937, pour soutenir la lutte des républicains espagnols. Pour les fêtes de l'Exposition universelle de 1937, il célèbre lesEaux vives.
En 1945, il termineLe Buisson ardent, tiré du romanJean-Christophe de son amiRomain Rolland, dans lequel il utilise lesondes Martenot.
Passionné d'astronomie, il s'adonne aussi à l'art de laphotographie (plus de 4 200 clichés stéréoscopiques en témoignent[a] jusqu'à publier en 1933 un recueil de photographies intituléPorts, en collaboration avec Jean de Morène et Daniel Biot.
L'influence de Koechlin s'est exercée non seulement par sa musique et ses ouvrages théoriques, mais aussi par ses nombreusesconférences, notamment auxÉtats-Unis (dans différentes villes en 1918 puis à l'université de Berkeley en Californie en 1928). Sa curiosité, toujours en éveil, sa grande érudition et son empressement à défendre les jeunes générations de musiciens ont suscité de nombreuses vocations.
On compte ainsi parmi ses élèves ou ses disciplesFrancis Poulenc,Maxime Jacob,Roger Désormière,Germaine Tailleferre,Ferdinand Barlow,Henri Sauguet,Cole Porter etFrancis Dhomont[10].
Farouchement indépendant, et revendiquant un esprit deliberté (ainsi que le rappelle l'épitaphe gravée sur sa stèle funéraire), il s'est néanmoins tenu à l'écart des cénacles artistiques, ce qui peut expliquer qu'il soit aujourd'hui un des compositeurs les moins connus (et les moins joués) de l'École française.
C'est sans regrets qu'il dit en 1947 :« … au soir de ma vie, je me rends compte que la réalisation de mes rêves d'artiste, pour incomplète qu'elle soit, m'a donné la satisfaction intime de n'avoir pas perdu mon temps sur la Terre. »[11]
L'articleListe des œuvres de Charles Koechlin détaille les œuvres (musicales et littéraires) de Charles Koechlin[b].
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