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| Archives conservées par | Service historique de la Défense - site de Vincennes(d) (GR 16 P 175353) |
Charles Denner, né le àTarnów (Pologne) et mort le àDreux (Eure-et-Loir), est unacteurfrançais d'origine polonaise.
Acteur d'une carrière prolifique partageant théâtre et cinéma, il est notamment connu pour ses rôles dans les filmsLandru deClaude Chabrol,L'aventure c'est l'aventure deClaude Lelouch ouL'Homme qui aimait les femmes deFrançois Truffaut.
Charles Denner nait en Pologne dans une famillejuive s'exprimant en langueyiddish. Il est le fils de Joseph[1],tailleur de profession et Jenta Micenmacher. Il a une sœur aînée, Élise (1922-2015)[2], et deux frères,Alfred (1924-2012)[3] et Jacques. En 1930, la famille émigre en France.
Pendant la guerre, les Denner se réfugient àBrive-la-Gaillarde, en Corrèze. En 1941 Charles Denner fait sa première apparition au cinéma, dans le rôle d'un valet dansVolpone deMaurice Tourneur. Le, son frère Alfred est arrêté et incarcéré auchâteau de Ségur. Alerté par la famille, le rabbin deBrive,David Feuerwerker réussit à obtenir sa libération[4].
Charles et Alfred entrent dans la résistance, intégrant l'Armée Secrète de la France libre (AS) et ils participent ensemble auxcombats du Vercors auC1 de Méaudre Charles, sous le pseudonyme de « Charles Dermat »[5]. Grièvement blessé à la colonne vertébrale lors d’une embuscade, il est décoré de lacroix de guerre.
En 1945, Charles Denner entre au cours d’art dramatique deCharles Dullin tout en gagnant sa vie comme tailleur, maroquinier et manutentionnaire commefort des halles. Il commence sa carrière au théâtre chezLes Compagnons de l'Arche, nouvelle compagnie fondée sous l'Occupation, par André Marcovici et troupe attachée au renouveau du théâtre de culture juive. Il y joue dans quatre pièces, dontLe Dibbouk de An Ski (1946),Le Keroub et le mariage de Rachel (1947) etTel Haï (1947), aux théâtresEdouard VII etLa Bruyère. Cette première expérience des planches lui procurent les plus grandes satisfactions de sa carrière, comme il le relate lors d'entretiens avec la presse.
Il interprète au début des années 1949, le personnage d'un clown dansLes Mamelles de Tirésias deGuillaume Apollinaire, mis en scène parClément Harari. Le célèbre metteur en scèneJean Vilar, à la tête duFestival d'Avignon, remarque Denner. Le jeune comédien est dès lors admis authéâtre national de Chaillot, dans la troupe duThéâtre National Populaire, ultérieurement dirigée par Jean Vilar. Au Festival d'Avignon, il donne la réplique àGérard Philipe en 1951 dansLe Prince de Hombourg deKleist. Toujours pour leTNP, il joue avecJeanne Moreau,François Périer,Michel Galabru et d'autres acteurs de la même génération, effectuant font comme lui, leur début dans ce haut lieu de l'art dramatique français.
Au tout début des années 1950, Charles Denner interprète la pièceDrame à Toulon - Henri Martin deClaude Martin et Henri Delmas, dont l'histoire relate la vie et le procès d'Henri Martin, un marin opposé à laguerre d'Indochine, condamné à cinq années de réclusion pour participation à une « entreprise de démoralisation de l'armée et de la nation[6],[7],[8]. »Paul Préboist,René-Louis Lafforgue,José Valverde etAntoine Vitez font partie de la troupe[9]. Les représentations sont victimes de la censure et interdites par plusieurs préfets[10] ou maires. Toutefois, l'interdiction est souvent déjouée car la pièce est donnée plus de trois cents fois.
En 1964 et au TNP dirigé parGeorges Wilson, Denner donne est reconnu par la critique en incarnant l'un des rôles principaux, le personnageMatti, dansMaître Puntila et son valet Matti deBertolt Brecht, mis en scène et interprété par Georges Wilson, avec notammentJudith Magre. En 1966 puis en 1968, il incarne en duo avecPhilippe Avron, le personnageRogogine dansL'Idiot deDostoïevski, mis en scène parAndré Barsacq authéâtre de l'Atelier, dont la version de 1968 est retransmise à la télévision française.

Comme baryton basse, son timbre puissant et particulier lui permet l'interprétation de trois chansons du disque 45 toursChants Yiddish[11], recueillis, arrangés, harmonisés et orchestrés par Robert Cornman. Il interprèteDos lid fon'em Tanz Firer (le chant du meneur de danse),Cha Chtil (le Rabbin emmène ses disciples dans la danse),Aroïz iz in Wilna a naeir Bafehl (le nouvel édit de Vilna).
En 1946, il fait de la figuration en soldat allemand, dans le court métrage de 28 minutesRappel à la vie / Der Ruf tsum leben (en langue yiddish non sous-titrée pour sa version originale) réalisé par Maurice Wolf sous le pseudonyme deSaint Lou et Élie Davidson. En 1955,Yves Allégret lui offre un petit rôle dansLa Meilleure Part, suivi deux ans plus tard, parLouis Malle pour son filmAscenseur pour l'échafaud.
Le réalisateur-auteur de la Nouvelle VagueClaude Chabrol remarque la composition de Denner pour incarner le personnage de Gori (Hermann Göring) dansLa Résistible Ascension d'Arturo Ui deBertolt Brecht monté en 1960 au TNP parJean Vilar etGeorges Wilson. À la suite d'essais filmés, il lui offre le rôle-titre du filmLandru, sorti en 1963. Jusqu'alors souvent relégué depuis ses débuts dans des rôles de vieillards avec faux nez et perruque, il accepte sans hésiter de se raser le milieu du crâne et de se laisser pousser les favoris, pour incarner letueur en série dont l'image est reconnaissable pour un très large public. Chabrol évoque un mélange de bonhommie et de terreur ayant contribué au succès de son interprétation et il ajoute s'être régalé à composer ce personnage de petit bourgeois assassinant avec une vraie ferveur domestique.
Grâce à son expérience de comédien de composition, il incarne une grande variété de personnages allant de l'anarchiste moral jusqu'au aux petit ou grand voyou, de l'apatride jusqu'à l'artiste ou aux séducteur. Il incarne ainsi le personnage deFilochard dans la comédieLes Pieds nickelés deJean-Claude Chambon, déambule à la recherche de ses parents dans la ville deMontréal dansYUL 871 deJacques Godbout, sombre dans une douce folie dans la fable philosophiqueLa Vie à l'envers d'Alain Jessua, incarne l'une des victimes de la vengeance deJeanne Moreau dans le drame policierLa mariée était en noir deFrançois Truffaut, adapté d'après leroman du même nom de l'écrivainWilliam Irish ou encore aux côtés d'Yves Montand,Jacques Perrin,Jean-Louis Trintignant,Irène Papas,Bernard Fresson etFrançois Périer pour jouer un rôle important dans le thriller politiqueZ deCosta-Gavras.
À partir des années 1970, il joue dans cinq films deClaude Lelouch dont le premier estLe Voyou. Il tient l'un des rôles principaux deL'aventure c'est l'aventure avecLino Ventura,Jacques Brel,Aldo MaccioneCharles Gérard etJohnny Hallyday et dansSi c'était à refaire avecCatherine Deneuve. Il donne la réplique àJean-Paul Belmondo dansL'Héritier dePhilippe Labro en 1973 puis, dans le film policierUn officier de police sans importance deJean Larriaga, son personnage est enlevé par un pathétique trio composé deMarc Porel,Julian Negulesco etDani. La même année, dansLes Gaspards dePierre Tchernia, il incarne leministre des travaux publics dont la ressemblance avec le portrait deNapoleon Bonaparte jeune, est astucieusement exploitée par le réalisateur.
En 1975, il retrouve Belmondo comme son adjoint, dans le film policierPeur sur la ville d'Henri Verneuil. En 1977, il tient le rôle principal deL'homme qui aimait les femmes deFrançois Truffaut. L'année suivante, il est tête d'affiche, avecJacques Villeret, deRobert et Robert, de Claude Lelouch. En 1982, il incarne un avocat dans le drameL'Honneur d'un capitaine dePierre Schoendoerffer. En 1985, pour l'un de ses derniers rôles au cinéma, il campe la caricature d'un puissant producteur lassé par les caprices de sa chanteuse dansL'Unique deJérôme Diamant-Berger.
En 1986, lecancer commence à affecter sa voix au moment où il monte pour la dernière fois sur scène, pour incarnerLe Marionnettiste de Lodz, deGilles Segal, mis en scène parJean-Paul Roussillon. Ceone-man-show marque la fin de sa carrière. Malgré dix années d'épreuves et de traitements, il est en rémission d'un cancer de la gorge mais très affaibli, il meurt le. Il est inhumé dans le caveau familial aucimetière parisien de Bagneux (division 107)[12].
Charles Denner a été marié deux fois, d'abord avec Simone Jaquier puis avec Monique Voirriot (1932-2015), diteMaryse. De son premier mariage sont nés Charlet et Ethel.
Nathalie Rheims écritL'un pour l'autre en 1999, autour de Charles Denner[13]. Un documentaire consacré à Charles Denner et intituléLe Chercheur inquiet est réalisé par Avril Tembouret, en 2014[14]. En 2015 , ses enfants Ethel et Charlet, rendent hommage à sa vie et à son œuvre, en concevant et réalisant l'expositionCharles Denner commémorant les vingt ans de sa disparition, à l'hôtel Montulé de Dreux, durant trois mois. En septembre 2015, Charlet Denner publieLa montagne en partage, entre père et fils, pour Charles Denner, roman auto-édité, à l'occasion de cette exposition.
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