Après avoir commencé sa carrière en France, Charles Boyer devient l'un des acteurs français les plus célèbres d'Hollywood durant les années 1930 et 1940. À l'aise aussi bien dans les mélodrames — Le Jardin d'Allah (1936),Casbah (1938) ouElle et lui (1939) — que dans lesthrillers tels queHantise (1944), il est nommé à quatre reprises à l'Oscar du meilleur acteur.
Fils unique, Charles Boyer naîtprématurément le, boulevard Labernade àFigeac[1]. Son père, Maurice Boyer, tient un commerce familial de moissonneuses-batteuses, de fourneaux de cuisine et de faucheuses, fondé en 1812. Sa mère, Louise, est mère au foyer[2].
Dès son plus jeune âge, il aime réciter des poésies et destirades sur le comptoir du magasin pour amuser les clients[3]. En 1909, la mort soudaine de son père bouleverse la famille. Sa mère veille toutefois à lui offrir une éducation bourgeoise et lui fait notamment suivre des cours de violon[4].
Peu après, il assiste à sa première représentation théâtrale,Samson, dans laquelle joueLucien Guitry. Fasciné par le comédien, il se promet de devenir acteur, au grand désarroi de sa mère[5],[6].
Lorsque laPremière Guerre mondiale éclate en 1914, Figeac accueille de nombreux soldats convalescents. Pour les distraire, le jeune Boyer met en scène et interprète de petites pièces[7]. En 1917, à 19 ans, il obtient sonbaccalauréat et part pourParis, où il s'inscrit à laSorbonne. Lors de vacances à Figeac, il rencontre le comédienRaphaël Duflos, venu tournerAu travail, un film inspiré d'Émile Zola. Ce tournage constitue son premier contact avec le cinéma[8].
Après sa formation auConservatoire, Charles Boyer débute sur scène avant de s'imposer au cinéma français, notamment sous la direction deMarcel L'Herbier. Ses talents de séducteur et son élégance lui valent bientôt le statut de « jeune premier » des années 1920 et 1930[réf. nécessaire].
En 1934, le réalisateurFritz Lang confie àArmand Panigel que Boyer n'a jamais été meilleur que dansLiliom, film tourné en France cette même année. Ce rôle de voyou gouailleur et touchant révèle une facette méconnue de l'acteur, jouant presque à contre-emploi[réf. nécessaire].
La même année, il épouse l'actrice britanniquePat Paterson, rencontrée lors d'une soirée entre deux tournages deCaravane[9]. Neuf ans plus tard, ils ont un fils, Michael Charles Boyer, dont la vie sera tragiquement écourtée.
En 1938, il triomphe dansCasbah, remake anglophone du filmPépé le Moko où il reprend le rôle créé parJean Gabin, son grand rival. Bien qu'il ne prononce jamais la réplique « Viens avec moi à la Casbah », celle-ci apparaît dans la bande-annonce du film et contribue à sa notoriété, notamment à travers les parodies desLooney Tunes[10],[11]. L'accent français de Boyer inspire aussi des caricatures dans les dessins animés deTom et Jerry et chezPépé le putois, personnage directement inspiré de lui[10]. Ce rôle d'amoureux romantique le suivra tout au long de sa carrière[12].
Durant les années 1930 et 1940, Boyer est une véritable vedette internationale. Les studios se disputent ses services, mais il est parfois critiqué par certains compatriotes, notamment Jean Gabin, qui juge sa célébrité« usurpée »[12].
Le, Charles Boyer obtient lacitoyenneté américaine. Peu enclin à commenter cette décision, il explique simplement qu'il ne se sentait plus« en Amérique » mais« d'Amérique »[12].
S'il a parfois été soupçonné d'avoir fui leservice militaire, ses biographes (Chassagnard,Brunelin) rappellent qu'il en était exempté en tant qu'orphelin de père[12]. En réalité, il rentre en France en 1939 pour s'engager comme artilleur au32erégiment d'artillerie coloniale mixte d'Agen, chargé de la défense de laligne Maginot[13]. Après onze semaines, il est démobilisé parÉdouard Daladier, qui lui demande de retourner auxÉtats-Unis pour convaincre ses amis du show-business de soutenir la France[13],[14].
Surpris par l'armistice est profondément marqué par l'appel du18 juin 1940 du généralde Gaulle, qu'il traduit et enregistre en anglais pour les radios américaines[15],[13]. Il fonde peu après àLos Angeles la French Research Foundation, issue de sa bibliothèque personnelle. En 1945, celle-ci compte plus de 15 000 ouvrages et vise à incarner l'esprit français aux États-Unis[16]. Il contribue également à la création et au financement du« French War Relief Committee » (Comité français de secours de guerre)[15].
Dans son autobiographieMa vie, Ingrid Bergman dira de lui :« C'était l'élégance et la courtoisie personnifiées »[réf. nécessaire]. Il continue à tourner jusqu'à la fin de sa vie, bien que le succès de ses films diminue progressivement.
Le, son fils unique, Michael Charles Boyer (né le 9 décembre 1943), sesuicide d'une balle dans la tête à son domicile deBeverly Hills. Âgé de 21 ans, il venait d'apprendre la rupture avec sa petite amie, Marilyn Campbell, âgée de 22 ans. Charles Boyer se trouve alors à Paris[17].
Le, deux jours après le décès de sa femmePat Paterson des suites d'un cancer, Charles Boyer met fin à ses jours en absorbant une dose mortelle de barbituriques, deux jours avant son79e anniversaire[18]. Il est inhumé aucimetière Holy Cross àLos Angeles.
↑Paul F.Boller, Jr. et George, John,They Never Said It : A Book of Fake Quotes, Misquotes, and Misleading Attributions, New York,Oxford University Press,(ISBN0-19-505541-1).
↑« for his progressive cultural achievement in establishing the French Research Foundation in Los Angeles as a source of reference for the Hollywood Motion Picture Industry. [certificate of merit] ».
Guy Chassagnard,Charles Boyer, profession : acteur, chassagnard, 2008, 159 pages,(ISBN2901082270)
Patrick Glâtre,Gabin, Dietrich: Un couple dans la guerre, Robert Laffont, 2016, 276 pages,(ISBN2221195868)
Jean-Louis Guidez,Éclats d'histoire du 6 juin 1944 (anecdotes ciblées, inédites et secrètes du débarquement de Normandie), Editions des Régionalismes, 2020, 166 pages,(ISBN2824054700)