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Charles Baudelaire

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Charles Baudelaire
Photographie de Baudelaire en plan poitrine fixant l'objectif d'un regard perçant
Charles Baudelaire parÉtienne Carjat vers le.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Charles Pierre Baudelaire
Nationalité
Domicile
Formation
Activité
Période d'activité
Rédacteur à
Père
Mère
Autres informations
Mouvement
Genre artistique
Influencé par
Adjectifs dérivés
« Baudelairien »
Distinction
Œuvres principales
signature de Charles Baudelaire
Signature
Vue de la sépulture.

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Charles Baudelaire, né le àParis et mort dans la même ville le, est unpoètefrançais.

« Dante d'une époque déchue »[1] selon les mots deBarbey d'Aurevilly,« tourné vers leclassicisme, nourri deromantisme »[2], à la croisée entre leParnasse et lesymbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil qu'il aura façonné sa vie durant :Les Fleurs du mal, mais aussi pour sa poésie en prose, réunie dansLe Spleen de Paris.

Au cœur des débats sur la fonction de lalittérature de son époque, Baudelaire détache lapoésie de lamorale, la proclame tout entière destinée auBeau et non à laVérité[3], et laisse le souvenir d'un poète déchiré entre le Ciel et la Terre, entre l'Idéal et la fange, cherchant à faire du Mal un objet de contemplation esthétique (« Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or »). Comme le suggère le titre de son recueil, il a tenté de tisser des liens entre lemal et labeauté, lebonheur fugitif et l'idéal inaccessible (À une Passante), laviolence et lavolupté (Une martyre), mais aussi entre le poète et son lecteur (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ») et même entre les artistes à travers les âges (Les Phares)[4]. Outre despoèmes graves (Semper Eadem) ou scandaleux (Delphine et Hippolyte), il a exprimé lamélancolie (Mœsta et errabunda), l'horreur (Une charogne) et l'envie d'ailleurs (L'Invitation au voyage) à travers l'exotisme.

Il est aussi un grand critique d'art, avec ses fameuxSalons, où il prendra la défense deDelacroix, un théoricien dudandysme et un défenseur de la musique deWagner, et imprimera définitivement sa marque dans la poésie française.

Biographie

Jeunesse

petite gravure d'un officier à épaulettes et décoration
Legénéral Aupick (1789-1857), beau-père de Charles Baudelaire.
petite plaque de marbre fxée sur un mur en méméire de Baudelaire
Plaque au 17 de larue Hautefeuille (Paris), où il est né.

Charles Pierre Baudelaire naît le[5] au 13rue Hautefeuille[6] dans l'ancien 11e arrondissement de Paris : ses parrain et marraine sont les parents « adoptifs » de sa mère,Pierre Perignon et Louise Coudougnan[7]. Celle-ci,Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père,Joseph-François Baudelaire, né en 1759 àLa Neuville-au-Pont[8], enChampagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n'a que cinq ans. Cet homme lettré, épris des idéaux desLumières et amateur depeinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n'aura jamais le total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le, Jeanne Justine Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire[9], demi-frère de Charles.

Un an après la mort de son père, sa mère se remarie avec le chef de bataillonJacques Aupick. C'est à l'adolescence que le futur poète s'opposera à ce beau-père interposé entre sa mère et lui.« Lorsqu'il arrive à Lyon, Charles a dix ans et demi… À l'égard de son beau-père aucune hostilité n'est alors perceptible[10]. ».

Peu fait pour comprendre la vive sensibilité de l'enfant, l'officier Aupick — devenu plus tard ambassadeur — incarne à ses yeux les entraves à tout ce qu'il aime : sa mère, la poésie, le rêve et, plus généralement, la vie sans contingences.

« S'il va haïr le général Aupick, c'est sans doute que celui-ci s'opposera à sa vocation. C'est surtout parce que son beau-père lui prenait une partie de l'affection de sa mère. […] Une seule personne a réellement compté dans la vie de Charles Baudelaire : sa mère »[10].

En 1831, lelieutenant-colonel Aupick ayant reçu une affectation à Lyon, le jeune Baudelaire est inscrit à la pension Delorme et suit les cours de sixième aucollège royal de Lyon. En cinquième, il devient interne. En, la famille revient à Paris, où Aupick sera promucolonel en avril. Alors âgé de quatorze ans, Charles est inscrit comme pensionnaire aucollège Louis-le-Grand, mais il doit redoubler sa troisième.

En 1836, alors qu'il est en troisième à Louis-le-Grand, il reçoit le premier accessit de vers latins auconcours général puis, l'année suivante, le deuxième prix, encore une fois en vers latins, et le huitième accessit deversionlatine[11].

Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en pour ce qui a passé pour une vétille[12], mais que son condisciple au lycée, Charles Cousin (1822-1894) a expliqué comme un épisode d'amitié particulière[13], Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa famille. Il passe sonbaccalauréat aulycée Saint-Louis en fin d'année et est reçuin extremis.

Séjour aux Mascareignes

Jugeant la vie de l'adolescent « scandaleuse » et désirant l'assagir, son beau-père le fait embarquer pourCalcutta. LePaquebot des Mers du Sud quitteBordeaux le 9 ou 10 juin 1841. À bord, l’isolement du poète se fait presque complet. Les poèmesLa Musique ouL’Albatros permettent, parmi de très nombreux poèmes consacrés à la mer, de se représenter la longue traversée maritime[14].

Mais en septembre, une violente tempête oblige le capitaine à faire escale àPort-Louis, dans l'île Maurice, alors colonie britannique. Baudelaire est reçu chez les Autard de Bragard, colons planteurs d'origine française.

Arrivé ensuite le àSaint-Denis sur l'île Bourbon (aujourd'huiLa Réunion), il adresse une lettre àM. Autard de Bragard à laquelle il joint le poèmeÀ une dame créole, en l'honneur de sa femme, Emmeline de Carcénac[15]. Cette dernière a une jeune servante « malabaraise », fille d’une indienne de Bénarès, nommée Dorothée. Selon Solange Rosenmark, petite nièce de Madame Autard de Bragard, il s'agirait de celle qui inspiraÀ une Malabaraise[14].

Selon l'universitaire Alexander Ockenden, Baudelaire aurait fréquenté sur place une ancienne esclave affranchie, Dorothée Dormeuil, ancêtre d'Arnaud Dormeuil, qui lui aurait inspiré son poèmeLa Belle Dorothée. Il aurait aussi peut-être participé financièrement à l'affranchissement de sa petite sœur Marie, âgée de 10 ans, par son maître Édouard Lacaussade[16].

Refusant de poursuivre le voyage jusqu'à Calcutta, Baudelaire repart sur un autre bateau, l'Alcide le et arrive enmétropole le 15 février 1842.

Vie dissolue

Dessin deJeanne Duval, par Baudelaire, vers 1850.
photo d'une façade avec porte d'entrée numérotée 6 et fenêtre aux volets fermés
No 6 de larue Le Regrattier : maison où Baudelaire logea sa maîtresseJeanne Duval, dite laVénus noire[17].

De retour àParis, Charles s'éprend deJeanne Duval, une jeunemulâtressehaïtienne, qui avait joué deux ou trois fois auThéâtre du Panthéon et avec laquelle il connaît les charmes et les amertumes de la passion. Cette liaison va durer près de vingt ans, malgré les trahisons et les mensonges de cette femme qui pourcertains[Qui ?] ne fut jamais attachée au poète que par intérêt[réf. nécessaire] et que Baudelaire devait aimer jusqu'à sa fin lamentable au dépôt de mendicité de Saint-Denis. Elle représente pour lui tout le côté satanique de l'amour[18]. Une idylle au sujet de laquelle certains de ses contemporains, commeNadar, se sont interrogés en s'appuyant sur les déclarations d'un amant de Jeanne Duval (en fait, Nadar lui-même) et de prostituées connues, qui témoignent au contraire de la chasteté surprenante de Baudelaire[19].

Il mène dès 1842 une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes desFleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il défendDelacroix comme représentant duromantisme en peinture, mais aussiBalzac lorsque l'auteur deLa Comédie humaine est attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres[20] ou sa perversité présumée[21]. En 1843, il découvre les« paradis artificiels » dans le grenier de l'appartement familial de son amiLouis Ménard, où il goûte à laconfiture verte. Cette expérience le fascine mais engage chez lui une réflexion morale sur la création qui aboutit à une condamnation des drogues. "Or, je veux faire un livre non pas de pure physiologie, mais surtout de morale. Je veux prouver que les chercheurs de paradis font leur enfer, le préparent, le creusent avec un succès dont la prévision les épouvanterait peut-être."(Exorde et notes pour les conférences données à Bruxelles, en 1864. Œuvres complètes I, Pléiade p. 520). Il renouvellera cette expérience occasionnellement sous contrôle médical, en participant aux réunions du « club des Haschischins ». En revanche, son usage de l'opium est plus long : il fait d'abord, dès 1847, un usage thérapeutique dulaudanum[22], prescrit pour combattre des maux de tête et des douleurs intestinales consécutives à unesyphilis, probablement contractée vers 1840 durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette. CommeDe Quincey avant lui, l'accoutumance lui dicte d'augmenter progressivement les doses mais elles restent modérées. Croyant ainsi y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements, les tortures[23] et la stérilité. ("l'intelligence, libre naguère, devient esclave" Œuvres complètes I, Pléiade p. 428.)

Endandy, Baudelaire a des goûts de luxe. Ayant hérité de son père à sa majorité, il dilapide la moitié de cet héritage en18 mois. Ses dépenses d'apparat sont jugées outrancières par ses proches, qui convoquent un conseil judiciaire[24].

Le, maître Narcisse Ancelle, notaire de la famille, est officiellement désigné comme conseil judiciaire qui lui alloue une pension mensuelle de200 francs[25]. En outre, Baudelaire doit lui rendre compte de ses faits et gestes. Cette situation infantilisante inflige à Baudelaire une telle humiliation qu'il tente de se suicider d'un coup de couteau dans la poitrine le[26]. Outre sa réputation de débauché, Baudelaire passait pourhomosexuel auprès de certains de ses amis :« C'est moi-même », écrit-il« qui ai répandu ce bruit, et l'on m'a cru »[27]

dessin au crayon noir d'un homme debout sur une barricade avec un chapeau melon, un fusil à la main
Dessin deCourbet pourLe Salut public, 1848.

En 1848, il participe aux barricades. Larévolution de février instituant la liberté de la presse, Baudelaire fonde l'éphémère gazetteLe Salut public (d'obédience résolument républicaine), qui ne va pas au-delà du deuxième numéro.

Le paraît, dansLa Liberté de penser, un texte d'Edgar Allan Poe traduit par Baudelaire :Révélation magnétique. À partir de cette période, Baudelaire ne cessera de proclamer son admiration pour l'écrivain américain, dont il deviendra le traducteur attitré. La connaissance des œuvres de Poe et deJoseph de Maistre atténue définitivement sa« fièvre révolutionnaire »[28]. Plus tard, il partagera la haine deGustave Flaubert et deVictor Hugo pourNapoléonIII, mais sans s'engager outre mesure d'un point de vue littéraire (« L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » —Paysage dansTableaux parisiens du recueilLes Fleurs du mal)[29].

  • Peint en 1844 par Émile Deroy.
    Peint en 1844 parÉmile Deroy.
  • Autoportrait, 1848.
    Autoportrait, 1848.
  • Portrait-charge par Nadar.
    Portrait-charge parNadar.
  • Autoportrait, 1860.
    Autoportrait, 1860.

Baudelaire se voit reprocher son style d'écriture et le choix de ses sujets. Il n'est compris que par certains de ses pairs telsArmand Baschet, Édouard Thierry,Champfleury,Jules Barbey d'Aurevilly, Frédéric Dulamon[30] ou André Thomas… Cet engouement confidentiel contraste avec l'accueil hostile que lui réserve la presse. Dès la parution desFleurs du Mal en 1857[31],Gustave Bourdin réagit avec virulence dans les colonnes duFigaro du :« Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; — c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect… » Cette appréciation négative deviendra le jugement dominant de l'époque[réf. nécessaire].

Condamnation desFleurs du mal

Moins de deux mois après leur parution,Les Fleurs du mal sont poursuivies[32] en justice pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante francs, par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeurAuguste Poulet-Malassis[33] s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur généralErnest Pinard a demandé l'interdiction (Les Bijoux ;Le Léthé ;À celle qui est trop gaie ;Lesbos ;Femmes damnées [Delphine et Hippolyte] ;Les métamorphoses du Vampire).

Le,Victor Hugo, à qui Baudelaire a fait parvenir son recueil, lui envoie de son exil àGuernesey une lettre d'encouragement :« VosFleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit. Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu'il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu'il appelle sa morale ; c'est là une couronne de plus »[34]. Malgré la relative clémence des jurés eu égard au réquisitoire plus sévère qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément Baudelaire. Contraint et forcé, il fera publier une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes.

En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie française. Il est parrainé parSainte-Beuve etVigny. Mais le, il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renoncera à se présenter au fauteuil d'Henri Lacordaire[35]. En 1866, il réussit à faire publier à Bruxelles (c'est-à-dire hors de la juridiction française), sous le titreLes Épaves[36], les six pièces condamnées accompagnées de seize nouveaux poèmes.

  • Lettre de Charles Baudelaire à l'impératrice Eugénie lui demandant d'intervenir afin que soit diminuée l'amende dont avaient été frappéesLes Fleurs du mal,. Archives nationales, AE/II/1980

Dernières années

photo en plan poitrine de Baudelaire avec cheveux mi-longs, regard préoccupé
Baudelaire photographié par Étienne Carjat en 1866, quelques mois avant sa mort.
Publication par Etienne Charavay d'un ouvrage sur les candidatures de Baudelaire et de Vigny à l'académie.

Le, très endetté, il part pour laBelgique afin d'y entreprendre une tournée de conférences. Cependant, ses talents de critique d'art éclairé rencontrent peu de succès. Il se fixe àBruxelles, où il rend plusieurs visites à Victor Hugo, exilé politique volontaire. Il prépare unpamphlet contre son éphémère pays d'accueil qui représente, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Le férocePauvre Belgique restera inachevé. Souhaitant la mort d'un royaume qu'il juge artificiel, il en résume l'épitaphe en un mot :Enfin !

C'est en Belgique que Baudelaire rencontreFélicien Rops, qui illustreLes Fleurs du mal en 1866.

Lors d'une visite à l'église Saint-Loup deNamur, le 15 mars 1866, Baudelaire perd connaissance. Cet effondrement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. La mère de Charles Baudelaire mourra également aphasique. Le demi-frère du poète est atteint d'hémiplégie.

L'hémiplégie dont il souffre, et consécutive à son malaise, l'empêche d'écrire correctement. La dernière lettre écrite de sa propre main est adressée à sa mère, Madame Aupick, et date du 23 mars 1866. Les lettres suivantes ne seront que dictées par le poète.

En, on le ramène à Paris. Il est aussitôt admis dans la maison de santé du docteur Guillaume Émile Duval (1825-1899),aliéniste réputé. L'établissement se trouve1, rue du Dôme. Le poète y occupe, au rez-de-chaussée du pavillon situé au fond du jardin, une chambre bien éclairée ornée de deux toiles d'Édouard Manet[37], dont laMaîtresse de Baudelaire, peinte en 1862, aujourd'hui aumusée des Beaux-Arts de Budapest.

Rongé par lasyphilis, affecté désormais par une forme sévère d’aphasie globale, privé de l’usage de la parole, devenu incapable de lire ou d’écrire, Baudelaire ne dispose plus que d'un langage résiduel, limité à l’expression « Cré nom » (contraction de « Sacré nom de Dieu »).

Jules Vallès témoigne :« Il ne pouvait articuler qu'un mot, comme un enfant, mais ce mot, il le gémissait, le ricanait, et, avec des hoquets de colère ou de joie, il traduisait ses impressions suprêmes ! On lui montra une fleur : il lui fit risette avec son sourire de fou. — Cré nom ! Cré nom ! roucoulait-il en balançant la tête, et comme ému par le parfum et par l’éclat. Cré nom ! C’était tantôt un salut et tantôt un juron, suivant qu’on lui montrait une chose ou un nom qu’il avait aimés ou haïs ! Cré nom ! C’était peut-être aussi le grognement idiot du désespoir ! »[38].

Baudelaire meurt le, à onze heures du matin. Le lendemain,Narcisse Ancelle, son conseil judiciaire, etCharles Asselineau, son ami fidèle, déclarent le décès à lamairie du16e arrondissement et signent l'acte d'état civil[39].

Le même jour, il est inhumé aucimetière du Montparnasse (6e division), dans la tombe où repose son beau-père détesté, le général Aupick, et où sa mère le rejoint quatre ans plus tard.

Son faire-part de décès indique :« de la part de MadameVve Aupick, sa mère, deMme Perrée, sa grand-tante et de ses enfants, deMmeVve Baudelaire sa belle-sœur, de M.Jean Levaillant, Général de Brigade, de M°Jean-Jacques Rousseau Levaillant, Chef de Bataillon, de M°Charles Levaillant Général de Division, ses cousins ».

Il n'a pu réaliser son souhait d'une édition définitive desFleurs du Mal, travail de toute une vie.

Le Spleen de Paris (autrement appeléPetits poèmes en prose) est édité à titre posthume en 1869, dans une nouvelle édition remaniée parCharles Asselineau etThéodore de Banville.

À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. L'éditeurMichel Lévy l'acquiert pour 1 750 francs. Une troisième édition desFleurs du Mal, accompagnée des onze pièces intercalaires, a disparu avec lui.

Révision de la condamnation de 1857

Une première demande en révision du jugement de 1857, introduite en 1929 parLouis Barthou, alorsministre de la Justice, ne put aboutir, faute de procédure adaptée.

C'est par la loi du[40] que fut créée une procédure derévision des condamnations pour outrage auxbonnes mœurs commis par la voie du livre, exerçable par legarde des Sceaux à la demande de laSociété des gens de lettres. Celle-ci décida aussitôt, à l'unanimitémoins une voix[41], de demander une révision pourLes Fleurs du Mal, accordée le par laChambre criminelle de laCour de cassation[42],[43],[44].

Dans les attendus de son jugement, la Cour énonce que :« les poèmes faisant l'objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, leslibertés permises à l'artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l'époque de la première publication desFleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes mœurs, une telle appréciation ne s'attachant qu'à l'interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s'est révélée de caractèrearbitraire ; qu'elle n'a été ratifiée ni par l'opinion publique, ni par le jugement des lettrés ».

Domiciles du poète

Baudelaire habita principalement à Paris où, constamment endetté et pressé de fuir ses créanciers, il occupa une quarantaine de domiciles[45] :

Baudelaire fréquentait beaucoup les cafés. Selon un ami de jeunesse[51], il« composait dans les cafés et dans la rue ».

Dans sa jeunesse, il retrouvait ses amisChez Duval, un marchand de vin installéplace de l'Odéon. Il affectionnait aussiLa Rotonde, un café duQuartier latin. Il prenait souvent ses repas àLa Tour d'Argent sur lequai de la Tournelle, un restaurant qui existe toujours sous le même nom, mais dont l'intérieur n'a plus rien en commun avec son apparence à l'époque de Baudelaire. Plus tard, ce sera lecafé Momus de larue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois,le Mabille,le Prado,la Chaumière et laCloserie des Lilas[52].

Regards sur l'œuvre

Horreur et extase

Article détaillé :Spleen baudelairien.
photo sépia de Baudelaire en jaquette et gilet, mains dans les poches
Charles Baudelaire, les mains dans les poches, parNadar, 1862[53].

« Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie. » (Mon cœur mis à nu).

Toutes les grandes œuvresromantiques témoignent de ce passage de l'horreur à l'extase et de l'extase à l'horreur[54]. Ces impressions naissent chez Baudelaire du sentiment profond de la malédiction qui pèse sur la créature depuis la chute originelle. En ce sens, lesFleurs du Mal appartiennent auGénie du christianisme.

Analysant ce qu'il appelait« le vague des passions » dans la préface de 1805 à cet ouvrage,Chateaubriand écrivait :« Le chrétien se regarde toujours comme un voyageur qui passe ici-bas dans une vallée de larmes, et qui ne se repose qu'au tombeau ». Pour Baudelaire, il ne s'agit ni de littérature, ni de notions plus ou moins abstraites, mais« du spectacle vivant de (sa) triste misère ». Comme la nature, l'homme est souillé par le péché originel et, à l'instar deRené ou deWerther (Goethe), Baudelaire n'éprouve le plus souvent que le dégoût pour « la multitude vile » (Recueillement). Ce qui le frappe surtout, c'est l'égoïsme et la méchanceté des créatures humaines, leur paralysie spirituelle, et l'absence en elles du sens du beau comme du bien. Le poème en proseLa Corde, s'inspirant d'un fait vrai, raconte comment une mère, indifférente à l'égard de son enfant qui vient de se pendre, s'empare de la corde fatale pour en faire un fructueux commerce[55].

dessin au trait simplifié d'une tête, signé Baudelaire
Autoportrait de Charles Baudelaire.

Baudelaire devait en souffrir plus que tout autre[54] :L'Albatros dénonce le plaisir que prend le « vulgaire » à faire le mal, et, singulièrement, à torturer le poète.

DansL'Art romantique, Baudelaire remarque :« C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté et que la douleur rythmée et cadencée remplisse l'esprit d'une joie calme. » Des poèmes, commeLe Mauvais Moine,L'Ennemi,Le Guignon montrent cette aspiration à transformer la douleur en beauté. Peu avant Baudelaire,Vigny etMusset avaient également chanté la douleur.

Comment Baudelaire aurait-il pu croire à la perfectibilité des civilisations ? Il n'a éprouvé que mépris pour lesocialisme d'une part, leréalisme et lenaturalisme d'autre part[56]. Avec une exception pour leréalisteHonoré de Balzac, chez qui il voyait bien davantage qu'un naturaliste (« Si Balzac a fait de ce genre roturier [le roman de mœurs] une chose admirable, toujours curieuse et souvent sublime, c'est parce qu'il y a jeté tout son être. J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnaire passionné. »)[57].

Les sarcasmes à l'égard des théories socialistes (après1848), réalistes ou naturalistes se multiplient dans son œuvre. CommePoe dont il traduit les écrits, il considère« leProgrès, la grande idée moderne, comme une extase de gobe-mouches ». Pour en finir avec ce qu'il appelle « les hérésies » modernes, Baudelaire dénonce encore« l'hérésie de l'enseignement » :« La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme,n'a pas d'autre but qu'elle-même. […] Je dis que si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique ; et il n'est pas imprudent de parier que son œuvre sera mauvaise »[58]. Bien queVictor Hugo et lui se rejoignent dans une même tradition française d'« éloquence ostentatoire »[59], il exerce aussi sa verve contre l'auteur desMisérables et caresse un moment le projet d'écrire unAnti-Misérables satirique[60].

Le poète ne s'en révolte pas moins contre la condition humaine. Il dit son admiration pour les grandes créations sataniques du romantisme commeMelmoth (roman noir — gothique — deCharles Robert Maturin). Négation de la misère humaine, lapoésie ne peut être pour lui querévolte. Dans lesPetits poèmes en prose, celle-ci prend une forme plus moderne et se fait mêmehumour noir.

Art poétique

tableau d'un homme assis lisant attentivement un gros livre en fumant la pipe
Portrait de Charles Baudelaire parGustave Courbet, vers 1848.

Rejetant leréalisme et lepositivisme contemporains, Baudelaire sublime lasensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité humaine de l'Univers, ce qui le rapproche duplatonisme[réf. nécessaire]. Il écrit ainsi, en introduction à trois de ses poèmes dans leSalon de 1846 :« La première affaire d'unartiste est de substituer l'homme à lanature et de protester contre elle. Cette protestation ne se fait pas de parti pris, froidement, comme un code ou une rhétorique, elle est emportée et naïve, comme le vice, comme la passion, comme l'appétit. » et il ajoute, dans leSalon de 1859 :« L'artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu'il voit et ce qu'ilsent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature. » Baudelaire énonce ainsi les principes de lasensibilité moderne :« Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »

C'est pourquoi l'imagination est pour lui « la reine des facultés ». En fait, elle substitue« une traduction légendaire de la vie extérieure » ; à l'action, lerêve. Cette conception de la poésie annonce celle de presque tous les poètes qui vont suivre. Cependant, Baudelaire n'a pas vécu son œuvre. Pour lui, vie et poésie restent dans une certaine mesure séparées (ce qu'il exprime en disant :La poésie est ce qu'il y a de plus réel, ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde).

Là où Baudelaire etStéphane Mallarmé ne pensent qu'à créer une œuvre d'art, lessurréalistes voudront, aprèsArthur Rimbaud, réaliser une œuvre de vie et essaieront de conjuguer action et écriture. Malgré cette divergence d'avec ses successeurs, Baudelaire fut l'objet de vibrants hommages, tel celui que lui rendit le jeune Rimbaud, pour qui il représente un modèle :« Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » Il suffit de comparer ces propos :

« […] qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d'un azur plus transparent s'enfonce dans un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, et où les parfums racontent des mondes d'idées ? Eh bien, la peinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit. Elle est revêtue d'intensité et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultrasensibles, elle révèle lesurnaturalisme[61]. »

à ce passage duPremierManifeste du surréalisme :

« réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c'est assez pour lever un peu le terrible interdit ; assez aussi pour que je m'abandonne à elle sans crainte de me tromper[62]. »

Ainsi, lesurnaturalisme porte en germe certains aspects de l'œuvre deLautréamont, de Rimbaud et dusurréalisme même.

C'est à propos de la peinture d'Eugène Delacroix et de l'œuvre deThéophile Gautier que Baudelaire a usé de cette formule célèbre qui caractérise si justement son art :« Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espèce desorcellerie évocatoire. C'est alors que lacouleur parle, comme une voix profonde et vibrante, que les monuments se dressent et font saillie sur l'espace profond ; que les animaux et les plantes, représentants du laid et du mal, articulent leur grimace non équivoque, que leparfum provoque la pensée et le souvenircorrespondants ; que la passion murmure ou rugit son langage éternellement semblable[63]. »

Baudelaire utilise régulièrement lasynesthésie pour créer une fusion des sens, notamment dans le poèmeCorrespondances.

texte manuscrit d'une page titré Le Port
Le Port, petit poème en prose paru en 1869 – manuscrit de Baudelaire.

Avant lui, seulGérard de Nerval avait pratiqué une poésie qui ne fût pas littérature. Libérée du joug de la raison, la poésie peut désormais exprimer lasensation.

« En faisant de Baudelaire le chef de file d'une poésie de la sensation,Barrès le montre s'épuisant à « chercher de sensations en sensations des frissons, des frissons nouveaux[64]. »

Lors de l'inauguration du monument Baudelaire aucimetière du Montparnasse,Armand Dayot, inspecteur desBeaux-Arts, rappellera cette recherche de la sensation :« Ce fait même d'avoir découvert un frisson nouveau, frisson qui va jusqu'à l'extrême limite de la sensibilité, presque au délire de l'Infini, dont il sut emprisonner les manifestations les plus fugitives, fait de Baudelaire un des explorateurs les plus audacieux, mais aussi des plus triomphants de la sensation humaine »[65].

Déjà, dans ses meilleurs poèmes, Baudelaire, tout commeMallarmé etMaurice Maeterlinck après lui, ne conserve du vers classique que la musique. Par lescésures irrégulières, lesrejets et lesenjambements, il élude le caractère trop mécanique de l'alexandrin et pose les prémices du vers impair deVerlaine et des dissonances deLaforgue, voire duvers libre. Baudelaire jette ainsi les bases dusymbolisme.

Inspiré par la lecture deGaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand, qui avait introduit en France lepoème en prose, Baudelaire compose lesPetits poèmes en prose et explique, dans sa préface :« Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? »[66].

Jeanne Duval

Jeanne Duval, la« Vénus noire ».
Dessin de Charles Baudelaire

Jeanne Duval est la principale muse de Baudelaire, avantApollonie Sabatier etMarie Daubrun. Il entretient une relation tumultueuse et résolument charnelle avec elle qui est proche des gens de théâtre et même comédienne secondaire au théâtre de la Porte-Sainte-Antoine., Baudelaire affirme :

« Je donne et lègue tout ce que je possède àMlle Lemer […] Moi, je n'ai que Jeanne Lemer. Je n'ai trouvé de repos qu'en elle […] ». Lettre testamentaire adressée le 30 juin 1845 à son notaire,Narcisse Ancelle, où il annonce son intention de se tuer. »

Mais aussi :

« Moi, je sais que, quelque agréable aventure, plaisir, argent, ou vanité qui m’arrive, je regretterai toujours cette femme (…). J’avais mis sur cette tête toutes mes espérances, comme un joueur ; cette femme était ma seule distraction, mon seul plaisir, mon seul camarade, et malgré toutes les secousses intérieures d’une liaison tempétueuse, jamais l’idée d’une séparation irréparable n’était entrée clairement dans mon esprit. Encore maintenant (…) je me surprends à penser en voyant un bel objet quelconque, un beau paysage, n’importe quoi d’agréable : pourquoi n’est-elle pas avec moi, pour admirer cela avec moi, pour acheter cela avec moi ? »

— Charles Baudelaire, Lettre à Madame Aupick du 11 septembre 1856

Jeanne Duval représente pour lui l'ignorance intacte, l'animalité pure[67].

Plus tard, Baudelaire payera même la pension de Jeanne à l'hospice. Fait de ruptures et de réconciliations, leur ménage illustrait l'union de deux caractères forts.

Jusqu'ici, on ignorait presque tout de Jeanne Duval en dehors de ses relations houleuses avec Charles Baudelaire et des poèmes sublimes qu'elle lui avait inspirés. Le livreCharles Baudelaire Œuvres complètes, écrit sous la direction d’André Guyaux et Andrea Schellino, collection La Pléiade, Gallimard (Paris), publié le 16 mai 2024 en est le témoignage :

« Celle qui se fit appeler Jeanne Duval, ou Lemer, comme le ferait Baudelaire, estprobablement née à Port-au Prince (Haïti), en novembre 1818, d’un père cabaretier et illettré, Jean Prosper, et d’une mèremétisse, Jeanne Lemer,lointaine descendante d’une famille de Français où entra, à la faveur d’une de ces unions courantes, une femme noire et libre. Avec Jeanne, qui aurait débarqué au Havre en 1821 en compagnie de sa mère,nous allons d’hypothèse en hypothèse. »

Or Madame Catherine Choupin, agrégée de lettres classiques, venait de publier le 27 avril 2024Révélations sensationnelles sur Jeanne Duval, La muse de Baudelaire[68]. Elle aussi avait trouvé l’acte de naissance et de décès de Jeanne Prosper, sa traversée de l’Atlantique mais elle apportait des documents complémentaires. L’un est extrait des archives de la préfecture de police de Paris et prouve que les actes de naissance et de décès sont bien ceux de Jeanne, muse de Baudelaire[69]. L’autre, nouveau document extrait des archives du port du Havre, prouve que sa mère était de peau blanche européenne, née en France et que Jeanne avait une sœur, aînée de 8 ans, Gabrielle[70].

Poèmes rendant hommage à Jeanne Duval

Ce dernier poème, détaillant le destin réservé à Jeanne après sa mort, est assez peu élogieux. Il tire le bilan amer et cruel d'une relation qui n'aura pu satisfaire Baudelaire et se sera avérée source de souffrances bien plus que de bonheur. Il se conclut ainsi :« Et le ver rongera ta peau comme un remords »[71].

Idées politiques

Fortement influencé parJoseph de Maistre, dont il adopte en 1851 la lecture analogique de l'histoire comme signe d'une écriture providentielle[72], adepte d'un catholicisme aristocratique et mystique,dandy de surcroît, Baudelaire rejette les Lumières, la Révolution, la démocratie et la tyrannie de l'opinion publique[73]. Selon lui,« il n'y a de gouvernement raisonnable et assuré que l'aristocratique » car« monarchie ou république, basées sur la démocratie, sont également absurdes et faibles »[74].

Il évoque l'ivresse que lui a fait éprouver larévolution de 1848, mais précise :« De quelle nature était cette ivresse ? Goût de la vengeance. Plaisir naturel de la démolition. […] Goût de la destruction ». Le coup d'État mené parLouis-Napoléon dans la nuit du1er au ne lui laisse plus aucune illusion :« Le m'a physiquement dépolitiqué » écrit-il àNarcisse Ancelle le[75]. Il écrit :« Politique. - Je n'ai pas de convictions, comme l'entendent les gens de mon siècle, parce que je n'ai pas d'ambition ».

Pessimiste, il dénonce l'absurdité de l'idée de progrès et l'hérésie moderne de la suppression du péché originel[76]. L'homme éternel n'est que« l'animal de proie le plus parfait »[77]. De là procède la violence polémique de ses textes (notamment les derniers), le sentiment de l'inéluctable décadence, la conviction de la victoire du satanisme ainsi que des affirmations comme :« Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer »[78] et il ajoute :« Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l'écurie, c'est-à-dire pour exercer ce qu'on appelle desprofessions ».

DansPauvre Belgique, il rapporte :« On me dit qu'à Paris 30 000 pétitionnent pour l'abolition de la peine de mort. 30 000 personnes qui la méritent ». DansMon cœur mis à nu, il explique que la peine de mort« a pour but desauver (spirituellement) la société et le coupable » et précise :« Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu'il y ait assentiment et joie, de la part de la victime. Donner du chloroforme à un condamné à mort serait une impiété, car ce serait lui enlever la conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les chances de gagner le Paradis ».

Dans « Entre Bainville et Baudelaire »,Maurras saluait en Baudelaire l'admirateur de Maistre qui,« dans la faible mesure de l'attention donnée à la vie civique, [avait pris parti] contre tout ce qui ressemblait à la voix du peuple et au suffrage universel. Chrétien bizarre, tourmenté, dissident, il n'en professait pas moins les dogmes les plus opposés à ceux du Vicaire savoyard, tels que la bonté naturelle de l'homme ou l'utilité publique d'une volonté générale »[79].

Baudelaire jugé par quelques contemporains

photo ovale en plan américain de Baudelaire regardant au loin, la main glissée dans son gilet
Charles Baudelaire parNadar, printemps 1862.

Le 13 juillet 1857,Gustave Flaubert remercie Baudelaire en ces termes pour l'envoi d'un exemplaire desFleurs du mal :« … depuis huit jours, je le relis, vers à vers, mot à mot et, franchement, cela me plaît et m'enchante. — Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités). L'originalité du style découle de la conception. La phrase est toute bourrée par l'idée, à en craquer. — J'aime votre âpreté, avec ses délicatesses de langage qui la font valoir, comme des damasquinures sur une lame fine. […] Ah ! vous comprenez l'embêtement de l'existence, vous ! […] Ce qui me plaît avant tout dans votre livre, c'est que l'art y prédomine. Et puis vous chantez la chair sans l'aimer, d'une façon triste et détachée qui m'est sympathique. Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d'Angleterre »[80].

Barbey d'Aurevilly souligna dans lesFleurs du mal« la réussite des détails, […] la fortune de la pensée, […] le luxe et l'efflorescence de la couleur », mais surtout« l'architecture secrète, un plan calculé », concluant que Baudelaire n'avait que deux voies à suivre après l'écriture d'un tel recueil :« Se brûler la cervelle… ou se faire chrétien ! » Il lui écrivit une lettre dithyrambique et drolatique, où il le qualifiait d'« ivrogne d'ennui, d'opium et de blasphèmes ».

Victor Hugo lui écrit en qu'il ne partage pas sa vision de l'art pour l'art, lui préférant« l'art pour le progrès », mais reconnaît qu'il donne à la poésie une force neuve :« Vous dotez le ciel de l'art d'on ne sait quel rayon macabre. Vous créez un frisson nouveau ».

Leconte de Lisle, le, s'émerveille de voir comment, dans la poésie desFleurs du mal,« tout concorde à l'effet produit, laissant à la fois dans l'esprit la vision de choses effrayantes et mystérieuses, dans l'oreille exercée comme une vibration multiple et savamment combinée de métaux sonores et précieux, et dans les yeux de splendides couleurs ». Comme d'autres, il est sensible à l'originalité de l'œuvre« marquée du sceau énergique d'une longue méditation ».

Sainte-Beuve situe l'œuvre de Baudelaire« à la pointe extrême du Kamtchatka romantique » et voit en l'auteur le représentant parfait de ces cercles littéraires« où l'on récite des sonnets exquis, où l'on s'enivre avec le haschisch pour en raisonner après, où l'on prend de l'opium et mille drogues abominables dans des tasses d'une porcelaine achevée ».

Théodore de Banville parle de la publication desFleurs du mal et de leurs« courts chefs-d'œuvre » comme d'un« véritable événement littéraire ».

Paul Verlaine juge les poèmes desFleurs du mal comme« la quintessence, […], la concentration extrême » de ce qui fait« l'homme moderne, avec ses sens aiguisés et vibrants, son esprit douloureusement subtil, son cerveau saturé de tabac, son sang brûlé d'alcool, bref cet échantillon d'humanité qu'il appelle « le bilio-nerveux par excellence » ».

Théophile Gautier dit de lui, en 1868, que« ce poète que l'on cherche à faire passer pour une nature satanique éprise du Mal et de la dépravation […] avait l'amour du Bien et du Beau au plus haut degré ».

Mais c'est sans doute chezArthur Rimbaud que le jugement est le plus remarquable, il déclare en 1871, àPaul Demeny, dans la célèbreLettre du voyant :« Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. »[81]

D'autres, en revanche, jettent sur l'œuvre et l'homme des commentaires au vitriol.

Ainsi, pour lesGoncourt, Baudelaire appartient au cercle des« épaffeurs cyniques », proférant en public d'énormes obscénités. Ils le croisent, deux mois après le procès d', et en laissent le portrait suivant :« […] Sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné. Une seule recherche : de petites mains lavées, écurées, mégissées. La tête d'un fou, la voix nette comme une lame. Une élocution pédantesque ». Ils ajoutent qu'il« se défend, assez obstinément […] d'avoir outragé les mœurs dans ses vers »[82].

Louis Edmond Duranty qualifie le poète de« croque-mitaine littéraire » au talent surfait« qui emploie les niaiseries du mystère et de l'horreur pour étonner le public ».

Jules Vallès n'a vu en Baudelaire« qu'un fou »,« un fanfaron d'immoralité » créateur d'un monde où« les anges avaient des ailes de chauve-souris avec des faces de catins ».

Un certain Louis Goudall s'étonne, dansLe Figaro du, que« Baudelaire [ait] réussi à se faire passer dans le monde des lettres pour un poète de génie » quand on voit comment, à la publication de ses poèmes, sa« réputation et [son] talent […] se brisèrent en mille pièces », ajoutant :« Je défie bien la postérité d'en retrouver un morceau ». Comment pourrait-il en être autrement, explique-t-il, devant l'« inspiration puérilement prétentieuse », l'« entassement d'allégories ambitieuses pour dissimuler l'absence d'idées », la« langue ignorante, glaciale, sans couleur » et le goût partout affiché pour l'immonde et le scabreux. Non, décidément Baudelaire« ne sera plus cité désormais que parmi les fruits secs de la poésie contemporaine »[83].

Principaux ouvrages

photo d'un volume de La Pléiade titré Baudelaire Œuvres complètes
Baudelaire, dans laBibliothèque de la Pléiade,Œuvres complètes, volume I.

Baudelaire fut également parmi les premiers traducteurs d'Edgar Allan Poe, qu'il contribua à faire connaître en France. Il réunit ses traductions dans plusieurs recueils, notamment lesHistoires extraordinaires.

Hommages

sculpure du torse d'un être humain penché en avant le menton appuyé sur ses poings
Cénotaphe de Charles Baudelaire aucimetière du Montparnasse à Paris.

Musique

Article détaillé :Mise en musique des poèmes de Charles Baudelaire.

Henri Duparc, deux poèmes de Baudelaire, pour chant et piano :

  • L'Invitation au voyage (1870), orchestration du compositeur
  • La Vie antérieure (1884), orchestration du compositeur

Claude Debussy,Cinq poèmes de Charles Baudelaire, pour chant et piano :

  • Le Balcon (1888), orchestrationJohn Adams (1994)
  • Harmonie du soir (1889), orchestration John Adams (1994)
  • Le jet d'eau (1889), orchestration John Adams (1994)
  • Recueillement (non datée), orchestration John Adams (1994)
  • La mort des amants (1887)

Louis Vierne,Cinq poèmes de Baudelaire (1919) pour chant et piano :

  • Recueillement, orchestration du compositeur
  • Réversibilité, orchestration du compositeur
  • Le Flambeau vivant, orchestration du compositeur
  • La cloche fêlée, orchestration du compositeur
  • Les Hiboux, orchestration du compositeur

André Caplet, deux poèmes de Baudelaire (1922) pour chant et piano :

  • La Cloche fêlée
  • La Mort des pauvres

Saint Preux, « Your hair » en hommage à « La chevelure ».

La Tordue,T'es fou:

  • À une mendiante rousse.
  • La chansonLola est inspirée du poèmeLola de Valence.

Cénotaphe

Lecénotaphe de Baudelaire est situé entre les26e et27e divisions ducimetière parisien du Montparnasse. Ce monument ne doit pas être confondu avec sa tombe située dans le même cimetière, dans la6e division[86].

Odonymie

Honfleur

ÀHonfleur, où il séjourna chez sa mèreCaroline en 1859 puis brièvement en 1860 et en 1865, une rue porte son nom. Le poète surnommait la demeure de celle-ci la« maison joujou ». Acquise ensuite par le principal du collège de la ville, elle est louée parAlphonse Allais de 1898 à 1900 puis détruite, remplacée par un bâtiment hospitalier puis, en 1977, par un pavillon privé. La voie qui la borde est d'ailleurs la rue Alphonse-Allais, la rue Baudelaire, plus petite, inaugurée en 1923, étant située à l'une de ses intersections. Au croisement, une plaque commémorative présente une photo de la« maison joujou ». Baudelaire y envoyaLe Voyage à son éditeur, y commença son étude sur Théophile Gautier et acheva la deuxième édition desFleurs du mal. Toujours à Honfleur, l'auditorium de la médiathèque porte son nom, tandis que sa phrase« Honfleur a toujours été le plus cher de mes rêves » est gravée sur la paroi vitrée de la salle de lecture inaugurée en 2010. Enfin, son buste trône parmi d'autres dans lesjardins des personnalités inauguré en 2004[87].

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Notes et références

  1. « Il y a du Dante dans l'auteur desFleurs du Mal, mais c'est du Dante d'une époque déchue, c'est du Dante athée et moderne, du Dante venu aprèsVoltaire, dans un temps qui n'aura pas desaint Thomas ».Les Œuvres et les hommes (1re série) – III. Les Poètes, Paris, Amyot, 1862,p. 380.
  2. Michel Décaudin, « Notices »,Anthologie de la poésie française duXIXe siècle - De Baudelaire à Saint-Pol-Roux, Paris, Gallimard, 1992, coll. « Poésie »,p. 402.
  3. « La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de défaillance, s'assimiler à la science ou à la morale ; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même ». - C. Baudelaire,Notice sur Edgar Poe.
  4. « Les phares, un poème de Charles Baudelaire », surpoetica.fr(consulté le)
  5. Archives de Paris. Acte de naissance du 09/04/1821. Vues 32 à 34/51.
  6. 11e arrondissement ancien -6e actuel.« ([…] à l'angle du boulevard Saint-Germain (maison détruite […]) »Baudelaire, Bibliothèque de la Pléiade, 1975, « Chronologie »,p. xxv.
  7. Eugène Crépet,Charles Baudelaire, Étude biographique d'Eugène Crépet, revue et mise à jour par Jacques Crépet,suivie des Baudelairiana d'Asselineau, Paris, Librairie Léon Vanier, 1906,p. 7.Ouvrage numérisé.
  8. Baudelaire,Correspondance, La Pléiade Gallimard.
  9. Né à Paris (11e arrondissement ancien -6e actuel) le (28 nivôse anXIII). Marié à Paris le avec Anne Félicité Ducessois. Décédé à Fontainebleau (Seine-et-Marne) le. Bourgeois respectable de par sa profession de juge, Claude Alphonse Baudelaire et son frère Charles, psychologiquement dissemblables, n'auront aucune proximité affective et n'entretiendront même aucune relation. Comme Charles, Claude Alphonse mourra paralysé.
  10. a etbClaude Pichois etJean Ziegler,Baudelaire : biographie,éditions Julliard, Paris, 1987,p. 74(ISBN 978-2-260-00453-0).
  11. Toru Hatakeyama, « Pourquoi Baudelaire détestait l'école »,L'Histoire,no 367,‎(lire en ligne).
  12. « Monsieur, ce matin votre fils, sommé par le sous-Directeur de remettre un billet qu'un de ses camarades venait de lui glisser, refusa de le donner, le mit en morceaux et l'avala. Mandé chez moi, il me déclare qu'il aime mieux toute punition que de livrer le secret de son camarade et pressé de s'expliquer dans l'intérêt même de cet ami, […] il me répond par des ricanements dont je ne dois pas souffrir l'impertinence. Je vous renvoie donc ce jeune homme qui était doué de moyens assez remarquables, mais qui a tout gâché par un mauvais esprit, dont le bon ordre du Collège a eu plus d'une fois à souffrir. » Proviseur J. Pierot.Cité sur le siteladissertation.com.
  13. Charles Cousin,Voyage dans un grenier… par Charles C*** de la Société des Amis des Livres., Paris, Damascène Morgand & Charles Fatout,,p. 11
  14. a etbEmmanuel Richon,« Le voyage de Charles Baudelaire aux Mascareignes »[archive], surpotomitan.info,(consulté le)
  15. Ève Célia Morisi, « “À une dame créole” de Charles Baudelaire : De l'ambiguïté colonialiste à l'ambiguïté plurielle »,Nineteenth-Century French Studies,vol. 35,nos 3-4,‎ printemps-été 2007,p. 547-557(DOI 10.1353/ncf.2007.0060,JSTOR 23537851)
  16. Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros,« Le « mystère Baudelaire » et la belle Dorothée réunionnaise »[archive], sur7 Lames la Mer,(consulté le)
  17. Jacques Hillairet,Dictionnaire historique des rues de Paris,t. 2, 1997,p. 40.
  18. A. Rozoy,Préface des Fleurs du Mal, Paris, Librairie Simon,
  19. Félix Tournachon dit Nadar,Charles Baudelaire intime. Le poète vierge, Paris, Obsidiane,(lire en ligne),p. 92.
  20. Voir l'article : « Comment on paie ses dettes quand on a du génie » paru dans leCorsaire Satan du.
  21. « Les Drames et les romans honnêtes », La Semaine théâtrale,.
  22. Il l'appelle sa« vieille et terrible amie » (« Chambre double » en 1861 tirée duSpleen de Paris).
  23. Sébastien d’Ornano, « Le spleen de Paris : Baudelaire, pas si drogué qu'on le croit », Rue89, nouvelobs.com en partenariat avec le magazineStandard,.
  24. Sorte de curatelle à l'époque.
  25. Marie-Christine Natta,Baudelaire, Perrin,,p. 133.
  26. Véronique Bartoli-Anglard,Les Fleurs du mal, Éditions Bréal,,p. 17.
  27. Charles Baudelaire,Correspondance, Lettre àMme Paul Meurice du.
  28. Robert Kopp,Baudelaire, le soleil noir de la modernité, Éd. Découvertes Gallimard, Collection Littératures,p. 60.
  29. Paysage (Baudelaire).
  30. Eugène Crépet,Charles Baudelaire.
  31. Le recueil est tiré à 1 100 exemplaires et mis en vente le (cf. J.-P. Avice et Claude Pichois,Passion Baudelaire, Éd. Textuel, 2003,p. 98).
  32. Baudelaire est condamné le par la sixième Chambre correctionnelle du Tribunal de la Seine.
  33. Baudelaire l'avait malicieusement surnommé« Coco mal perché ».
  34. Alexandre Najjar,Le censeur de Baudelaire : Ernest Pinard (1822-1909), Paris, La Table Ronde,, 360 p.(ISBN 978-2-7103-6703-1),p. 102.
  35. Étienne Charavay,A. de Vigny et Charles Baudelaire candidats à l'Académie française, Charavay Frères éditeurs, 1879.
  36. Yvan Leclerc, « L'Opération chirurgicale desFleurs du mal », dansCrimes écrits : la littérature en procès auXIXe siècle, Plon, 1991,p. 223-281.
  37. D'après le panneau explicatif érigé devant l'entrée de l'immeuble.
  38. Jules Vallès, cité parClaude Pichois et WT Bandi,Baudelaire devant ses contemporains, Monaco, Éditions du Rocher, 1957, p. 322.
  39. Archives de Paris.16e arrondissement. Acte de décèsno 578 du 01/09/1867. Vue 9/31.
  40. Loino 46-2064 du ouvrant un recours en révision contre les condamnations prononcées pour outrages aux bonnes mœurs commis par la voie du livre.
  41. Baudelaire,Les Fleurs du Mal, Le Livre de poche, page 326.
  42. Crim.,.
  43. Yvan Leclerc,op. cit.,p. 337-339 où l'on trouve les textes des jugements de 1857 et de 1949.
  44. Nicolas Corato (dir. de pub.), « Grandes plaidoiries et grands procès », PRAT, 2005,p. 447-468 : réquisitoire de Pinard,plaidoirie deChaix d'Est-Ange, jugement du tribunal correctionnel, arrêt de la Cour de cassation avec rapport Falco.
  45. Claude Pichois et Jean Ziegler,Baudelaire (Fayard, 2005 ; édition originale 1987) ; Claude Delarue,Baudelaire, l'enfant idiot (Belfond, 1997) et François Porché,La vie douloureuse de Charles Baudelaire (Plon, 1926).
  46. Isabelle Viéville Degeorges,Baudelaire, clandestin de lui-même, Page après Page, 2004, p. 38.
  47. « L'île n'appartenait pas seulement aux rentiers et aux petits bourgeois. Elle leur était disputée par les artistes qui recherchaient des espaces bon marché et la liberté. », C. Pichois et J. Ziegler,Baudelaire, Fayard, 2005.
  48. L'hôtel Pimodan fut bâti auXVIIe siècle par leduc de Lauzun, un esthète et « dandy » avant la lettre (v. Barbey D'Aurevilly, « Un dandy d'avant les dandys », dansDu dandysme et de George Brummell). À l'époque de Baudelaire, cet hôtel abrite une quantité d'artistes et sera le lieu de réunion duClub des haschichins, immortalisé parThéophile Gautier dans le conte du même nom.
  49. Porché,op. cit.,p. 114.
  50. Pichois et Ziegler,Baudelaire,op. cit.,p. 426-430.
  51. Pichois et Ziegler,Baudlaire (op. cit.),p. 317..
  52. C. Pichois et J. Ziegler,Baudelaire (op. cit.).
  53. Charles Baudelaire, « Charles Baudelaire ou le rêve d'un curieux, enquête sur le jugement d'un poète envers la photographie »,Nicéphore, cahier de photographies (no 2),‎,p. 118(lire en ligne)
  54. a etbLe temps baudelairien et la fuyance de l'art romantique : entre tempus et æternitas, Judith Spencer,Neophilogogus.
  55. « Manet [auquel le texte est dédié] avait pour modèle, au moment où Baudelaire commença de fréquenter son atelier, un gamin nommé Alexandre. […] Le sujet du poème est directement emprunté à ce qui se passa dans l'atelier de Manet le jour de 1861 où Alexandre fut trouvé pendu, un sucre d'orge entre les dents. Quant à l'épisode de la mère et des voisins, rien ne permet de savoir s'il est authentique ou s'il a été inventé par Baudelaire ».Petits poèmes en prose, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1997,p. 148.
  56. Alain Trouvé,« Aragon lecteur de Baudelaire »,revue d'histoire littéraire de la France,no 101, 2001.
  57. L'Art romantique, Éditions Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1965,p. 678.
  58. « Notes nouvelles sur Edgar Poe », dansCritique littéraire, Gallimard, coll. « Pléiade », 1976,p. 333.
  59. Selon les termes de Joseph Brodsky (cité dans(en) Solomon Volkov,Conversations with Joseph Brodsky, New York, Free Press,,p. 87), qui va jusqu'à conclure :« Hugo, Baudelaire – pour moi c'est un seul et même poète sous deux noms différents. » (Simon Leys,Protée et autres essais, Paris, Gallimard,, 150 p.(ISBN 978-2-07-076283-5), « Victor Hugo »,p. 50).
  60. Simon Leys,Protée et autres essais, Paris, Gallimard,, 150 p.(ISBN 978-2-07-076283-5), « Victor Hugo »,p. 49. L'ouvrage reprend, à la suite d'Henri Troyat,Baudelaire, Paris, Flammarion,,p. 324, les propos de Baudelaire notés par Charles Asselineau :« J'en ferai moi un roman où je mettrai en scène un scélérat, assassin, voleur, incendiaire et corsaire, et qui finira par cette phrase : « Et sous ces ombrages que j'ai plantés, entouré d'une famille qui me vénère, d'enfants qui me chérissent et d'une femme qui m'adore, je jouis en paix du fruit de mes crimes » ».
  61. « Exposition universelle (1855). III. Eugène Delacroix. », dansŒuvres complètes, t. 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1976,p. 596.
  62. Manifestes du surréalisme, Gallimard, coll. « Folio essais », 2005,p. 14.
  63. Curiosités esthétiques. L'Art romantique, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1986,p. 676.
  64. André Guyaux,Baudelaire : Un demi-siècle de lecture des Fleurs du mal, Presses Universitaires de paris-Sorbonne, 2007,p. 70(ISBN 978-2-84050-496-2).
  65. André Guyaux, 2007,p. 71..
  66. Petits poèmes en prose, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1997,p. 7.
  67. « Il vivait alors en concubinage avec Jeanne Duval, et depuis cinq ans qu'il la connaissait avait sondé jusque dans leur profondeur l'animalité de cette sang mêlé. […] Seuls restaient, malgré l'envoûtement qu'exerçait encore sur lui son « vampire », avec un curieux besoin d'expiation, la honte de cette liaison, le remords de la dégradation où le maintenait sa passion avilissante. » Albert Feuillerat,Baudelaire et la belle aux cheveux d'or, José Corti, 1941,p. 21.
  68. Catherine Choupin,Révélations sensationnelles sur Jeanne Duval La muse de Baudelaire, auto-édition sur Amazon, 2024(EAN 9-7988-8048-255-9)
  69. Enregistrementno 3222 du 8 avril 1865, coteRegistre 325W63,no 72 du 14 avril 1865, coteRegistre 325W64 et enregistrementno 1166 du 28 avril 1868, coteRegistre 325W64 », Dépôt de la préfecture de Police, Archives de la préfecture de Police de Paris.
  70. Quote 6 P 6_35 -Armement et désarmement des bâtiments (1821), Archives départementales de Seine-Maritime, page 974 /1079.
  71. Pour un point de vue moins misogyne, voir :Angela Carter,Vénus noire, C. Bourgois, 2000. L'auteur y présente la liaison vue par Jeanne Duval.
  72. Charles Baudelaire,Hygiène, 1887, « De Maistre m'a appris à raisonner ».
  73. Sous la direction de Jean-Clément Martin,Dictionnaire de la Contre-Révolution, Gérard Gengembre, « Ballanche, Pierre Simon », éd. Perrin, 2011,p. 86-87.
  74. Charles Baudelaire,Œuvres complètes, Paris, Editions du Seuil,, 759 p.,p. 631-632, 682.
  75. « Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/34 », surfr.wikisource.org(consulté le).
  76. Charles Baudelaire,Lettre à Alphonse Toussenel,.
  77. Charles Baudelaire,Fusées, 1851.
  78. Charles Baudelaire,Mon cœur mis à nu, 1864.
  79. Charles Maurras,Poésie et vérité, 1944.
  80. Gustave Flaubert,Correspondance, t. II, Gallimard (Pléiade), 1980, Lettre à Charles Baudelaire du,p. 744-748.
  81. « Lettre du voyant »Accès libre
  82. Edmond et Jules de Goncourt,Journal, Tome 1, Paris, Robert Laffont,, 1218 p.(ISBN 978-2-221-05527-4),p. 301, 955.
  83. Charles Baudelaire,Œuvres complètes, Paris, Éditions du Seuil,, 759 p.,p. 33, 35-36.
  84. Jacques Crépet etClaude Pichois publièrent, en 1952, l'œuvre inachevée de Baudelaire,Pauvre Belgique, un essai pamphlétaire contre les Belges, écrit lors du voyage qu'il effectua àBruxelles en 1864. L'œuvre, dont les premiers extraits furent publiés à titre posthume en 1887, sera intégralement publiée en 1952 auxéditions Conard.
  85. Charles Baudelaire,Pauvre Belgique.
  86. Site paristoric.com, "la tombe de Charles Baudelaire", consulté le
  87. Éric Biétry-Rivierre, « À Honfleur, Baudelaire dans les nuages »,Le Figaro, encart « Le Figaro et vous »,‎,p. 28-29(lire en ligne).

Voir aussi

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Bibliographie

Éditions de référence

  • Œuvres complètes, édition deClaude Pichois, 2 tomes, Paris,Gallimard,Bibliothèque de la Pléiade, 1975-1976.
  • Œuvres complètes, préface deClaude Roy, notes et notices deMichel Jamet, Éd.Éditions Robert Laffont, 1980 (collection Bouquins, Robert Laffont, 2011).
  • Correspondance, édition de Claude Pichois, 2 tomes, Paris, Gallimard,Bibliothèque de la Pléiade, 1973.
  • L'Atelier de Baudelaire :Les Fleurs du Mal, Édition diplomatique en 4 tomes, Claude Pichois et Jacques Dupont, Paris, Honoré Champion(ISBN 2-7453-1078-X).
  • Lettres à sa mère, correspondance établie, présentée et annotée par Catherine Delons, éditions Manucius, 2017.
  • La Passion des images. Œuvres choisies, édition présentée et annotée par Henri Scepi, collection Quarto, Gallimard, 2021, 1824 p.

Ouvrages consacrés à Charles Baudelaire

  • Étienne Charavay,C. Baudelaire et A. de Vigny candidats à l'Académie, Paris, Charavay frères Éd., 1879.
  • FéliGautier,Charles Baudelaire, carnets 1821-1867, Bruxelles,E. Deman,.
  • Eugène Crépet,Charles Baudelaire, Étude biographique d'Eugène Crépet, revue et mise à jour parJacques Crépet, suivi des Baudelairiana d'Asselineau, éditions Léon Vanier, Paris, 1906 —Charles Baudelaire, Études biographique.
  • RoyèreÉtienne, « L'érotologie de Baudelaire »,Revue Mensuelle, Paris, Mercure de France,t. CXLI,‎1er juillet 1920,p. 618 à 637.
  • Augustin Cabanès, « Baudelaire », dansGrands névropathes, tome 1, Paris,Albin Michel, 1930 (texte en ligne sur Wikisource).
  • Pierre Guillain de Bénouville,Baudelaire le trop chrétien, préface deCharles du Bos, Paris, Grasset, 1936.
  • Georges Blin,Baudelaire, Paris, Gallimard, 1939.
  • Pierre Jean Jouve,Tombeau de Baudelaire. Première version, Neuchâtel, La Baconnière, 1942 (réédition dansDéfense et Illustration, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1943, puis Paris, Charlot, 1946). Seconde version, Paris, Éditions du Seuil, 1958 (réédition, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2006).
  • Benjamin Fondane,Baudelaire et l'expérience du gouffre, Paris, Seghers, 1947.
  • Jean-Paul Sartre,Baudelaire, Paris, Gallimard, 1947 (réédition Folio Essais, 1988(ISBN 978-2070324934)).
  • Georges Blin,Le Sadisme de Baudelaire, Paris, éd. José Corti, 1948.
  • Jacques Crépet,Les plus belles pages de Charles Baudelaire : poésie et prose. Choix de J.Crepet, éditions Messein, Paris, 1950.
  • ClaudePichois et W. T.Bandy,Baudelaire devant ses contemporains, Monaco, éditions du Rocher,.
  • Max Milner,Baudelaire. Enfer ou ciel qu'importe !, Paris, Plon, 1967.
  • Robert Kopp et Claude Pichois,Les Années Baudelaire, Neuchâtel, La Baconnière, 1969.
  • Jean-Claude Mathieu,« Les Fleurs du mal » de Baudelaire, Paris, Hachette, 1972.
  • Walter Benjamin,Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme, trad. par Jean Lacoste, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1979.
  • Georges Poulet,La poésie éclatée : Baudelaire / Rimbaud, Paris, Presses universitaires de France, 1980.
  • John E. Jackson,La Mort Baudelaire, Neuchâtel, La Baconnière, 1982(ISBN 978-2825203767).
  • Giovanni Macchia,Baudelaire, Milano, Rizzoli, 1986.
  • Claude Pichois etJean Ziegler,Charles Baudelaire, Paris, Julliard, 1987 (réédition Paris, éd. Fayard 1996 et 2005).
  • Jean Starobinski,La Mélancolie au miroir. Trois Études sur Baudelaire, Paris, Julliard, 1989.
  • Yann Le Pichon etClaude Pichois,Le musée retrouvé de Charles Baudelaire, Stock, 1992.
  • Giovanni Macchia,Baudelaire e la poetica della malinconia, 1946 ; Milano, Rizzoli, 1992.
  • Jérôme Thélot,Baudelaire. Violence et poésie, Paris, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1993.
  • Pierre Brunel,« Les Fleurs du mal » : entre fleurir et défleurir, Paris, Éditions du temps, coll. « Lectures d'une œuvre », 1998.
  • Patrick Labarthe,Baudelaire et la tradition de l'allégorie, Genève, Droz, 1999.
  • Yves Bonnefoy,Baudelaire : la tentation de l'oubli, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000.
  • John E. Jackson,Baudelaire, Paris, Le Livre de poche, coll. « Références », 2001.
  • Michel Covin,L'Homme de la rue. Essai sur la poétique baudelairienne, Paris, L'Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », 2001.
  • Catherine Delons,Narcisse Ancelle, persécuteur ou protecteur de Baudelaire, Tusson, Du Lérot, 2002.
  • Claude Pichois et Jean-Paul Avice,Dictionnaire Baudelaire, Tusson, Du Lérot éd., 2002.
  • Pierre Brunel,Baudelaire et le « puits des magies ». Six essais sur Baudelaire et la poésie moderne, Paris, José Corti, 2002.
  • Antoine Compagnon,Baudelaire devant l'innombrable, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2003.
  • Robert Kopp,Baudelaire, le soleil noir de la modernité, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard » (no 456), 2004.
  • Yves Bonnefoy,Goya, Baudelaire et la Poésie, entretien avecJean Starobinski, Genève, La Dogana, 2004.
  • Édition audio de l'intégrale Baudelaire, lue parÉric Caravaca,Isabelle Carré,Guillaume Gallienne,Denis Lavant,Michel Piccoli,Denis Podalydès, Paris, Éditions Thélème.
  • Isabelle Viéville-Degeorges,Baudelaire clandestin de lui-même, Paris, Éditions Page après Page, 2004(ISBN 978-2-84764-014-4) (réédition Paris, Éditions Léo Scheer, 2011(ISBN 9782756103549)).
  • John E. Jackson,Baudelaire sans fin, Paris, éd. José Corti, 2005.
  • Jean-Baptiste Baronian,Baudelaire, Folio Biographie, 2007.
  • RolandBiétry,Baudelaire : le Parnasse, Le Mont-sur-Lausanne, Éditions Loisirs et Pédagogie,, 54 p.(ISBN 978-2-606-01235-9).
  • Pierre Brunel,Baudelaire antique et moderne, Paris, Presses Universitaires Paris Sorbonne, 2007.
  • Ernest Raynaud,Baudelaire et la religion du dandysme, Saint-Loup-de-Naud, Éditions du Sandre, 2007.
  • Madeleine Lazard,Un homme singulier, Charles Baudelaire, Paris, Arléa, 2010(ISBN 978-2-86959-870-6).
  • Bernard Lechevalier,Le Cerveau mélomane de Baudelaire : musique et neuropsychologie, Paris, Éditions Odile Jacob, 2010(ISBN 2-7381-2382-1).
  • Jean-Claude Mathieu,« Les Fleurs du Mal », la résonance de la vie, Paris, Corti, coll. « Les Essais », 2010.
  • Sergio Cigada,Études sur le Symbolisme, éditées par Giuseppe Bernardelli et Marisa Verna, Milano, EduCatt, 2011(ISBN 978-88-8311-847-0).
  • Catherine Delons,L'Idée si douce d'une mère, Charles Baudelaire et Caroline Aupick, Paris, Les Belles Lettres, 2011.
  • Yves Bonnefoy,Le Siècle de Baudelaire, Paris, Seuil, coll. « La librairie duXXIe siècle », 2014.
  • Antoine Compagnon,Baudelaire l'irréductible, Paris, Flammarion, 2014.
  • Antoine Compagnon,Un été avec Baudelaire, France Inter / Éditions des Équateurs, 2015.
  • Federica Locatelli,Une figure de l'expansion: la périphrase chez Charles Baudelaire, Berne, Peter Lang, 2015(ISBN 978-3-0343-1589-0).
  • AA.VV., sous la direction de F. Locatelli,Le Sens dans tous les sens. Voir, toucher, goûter, écouter, respirer les Fleurs du Mal, Milano, EduCatt, 2015(ISBN 978-88-6780-819-9).
  • Xavier d'Hérouville,L'Idéal moderne selon Charles Baudelaire &Théodore Chassériau, Paris, L'Harmattan, 2016.
  • Marie-Christine Natta,Baudelaire, Paris, Éditions Perrin, 2017(ISBN 9782262037314).
  • Gérard Macé,Baudelaire, Paris, Éditions Buchet-Chastel, coll. « Les auteurs de ma vie », 2017
  • Nathalie Quintane,Une lecture de Proust, Baudelaire, Nerval, Paris, La Fabrique, 2018(ISBN 978-2-35872-161-5).
  • Ainsi parlait Charles Baudelaire, dits et maximes de vie choisis et présentés parYves Leclair, Orbey, Arfuyen, 2018.
  • Andrea Schellino,La pensée de la décadence de Baudelaire à Nietzsche, Paris, Classiques Garnier, 2020(ISBN 978-2-406-10072-0).
  • Christoph Groß,Agonie et extase. Baudelaire et l'esthétique de la douleur, Paris, Classiques Garnier, coll. « Baudelaire », 2021.
  • André Suarès,Vues sur Baudelaire, préface deStéphane Barsacq, Paris, Éditions des instants, 2021.
  • Roberto Calasso,Ce qui est unique chez Baudelaire, trad. par Donatien Grau, Paris, Les Belles Lettres / Musée d'Orsay, 2021(ISBN 978-2-251-45244-9)
  • Bernard Baillaud,Baudelaire à la campagne, une amitié littéraire: Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis, Paris, Éditions Fario, collection « Théodore Balmoral », 2023.(ISBN 978-2-385-73001-7)
  • Jean-Michel Gouvard,L'Apocalypse Baudelaire, Paris,Classiques Garnier, 2023.

Charles Baudelaire dans la fiction

Charles Baudelaire dans la musique

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