Denier impérial en argent de Charlemagne, inspiré desmodèles romains. Au droit figure le profil imberbe et moustachu, le front ceint de lauriers, le buste couvert dupaludamentum[1], et l'inscription« KAROLUS IMP[ERATOR] AUG[USTUS] M[ELLE] » (Charles, empereur auguste)[2],[3]. Cabinet des médailles,BnF, Paris.
Roi guerrier, il agrandit notablement son royaume par une série de campagnes militaires, en particulier contre lesSaxonspaïens dont la soumission fut difficile et violente (772-804), mais aussi contre lesLombards enItalie et lesmusulmans d'al-Andalus. Souverain réformateur, soucieux d'unification religieuse et de culture, il protège lesarts et lettres et est à l’origine de la « renaissance carolingienne ». Son œuvre politique immédiate, l’Empire carolingien, ne lui survit cependant pas longtemps. Se conformant à la coutume successorale franque, Charlemagne prévoit dès 806 le partage de l’Empire entre ses trois fils[5]. Après de nombreuses péripéties, l’Empire ne sera finalement partagé qu’en 843 entre trois de ses petits-fils, lors dutraité de Verdun.
La figure de Charlemagne a été l’objet d’enjeux politiques en Europe, notamment entre leXIIe et le XIXe siècle entre la nation germanique qui considère son « Saint-Empire romain » comme le successeur légitime de l’empereur carolingien, et la nation française qui en fait un élément central de la continuité dynastique desCapétiens. Charlemagne est parfois considéré comme le « Père de l’Europe »[7],[8],[9],[10] pour avoir assuré le regroupement d’une partie notable de l’Europe occidentale, et posé des principes de gouvernement dont ont hérité les grands États européens[11].
Les deux principaux textes duIXe siècle qui dépeignent le Charlemagne réel, laVita Caroli d’Éginhard et laGesta Karoli Magni attribuée àNotker le Bègue, moine deSaint-Gall, l’auréolent également de légendes et demythes repris au cours des siècles suivants :« Il y a le Charlemagne de la société vassalique et féodale, le Charlemagne de la Croisade et de la Reconquête, le Charlemagne inventeur de la Couronne de France ou de la Couronne impériale, le Charlemagne mal canonisé mais tenu pour vrai saint de l'Église, le Charlemagne des bons écoliers »[12].
On dispose de164 diplômes du règne de Charlemagne, dont47 originaux ; de107capitulaires, souvent connus par plusieurs copies encore existantes ; des comptes rendus de certaines assemblées ecclésiastiques (synodes ouconciles).
Correspondances
On dispose de270 lettres écrites par l'abbéAlcuin, dont un bon nombre adressées à Charlemagne. Elles sont en général très verbeuses[16].
LesAnnales regni Francorum : en 788, Charlemagne décide d'établir des annales royales, en les faisant commencer rétroactivement à 741, date de la mort deCharles Martel. Ces annales royales sont effectivement réalisées et poursuivies jusqu'en 829. Les historiens discernent le travail de plusieurs auteurs : le premier opère la compilation des années 741-788 et rédige les annales jusqu'en 797 ; d'autres interviennent dans les années suivantes. Ces Annales sont connues dans5 versions couvrant des périodes différentes, dont 4 sont proches dans la façon de rédiger (A, B, C, D), tandis qu'une cinquième (E) présente de notables différences. La version E valorise plus la personne de Charlemagne que les autres qui exaltent plutôt les Francs en général ; en même temps, elle est beaucoup plus réaliste, et évoque de nombreuses difficultés, défaites ou révoltes, qui sont passées sous silence dans les autres : par exemple, l'attaque de Roncevaux. Les versions A-D apparaissent comme une histoire officielle, parfois mensongère[17], la version E comme plus critique.
LeLiber Pontificalis sont des annales constituées en fonction des règnes des différents papes (en ce qui concerne Charlemagne :Étienne III,Adrien Ier,Léon III). Il s'agit d'une histoire officielle du point de vue de la papauté.
AprèsGrégoire de Tours auVIe siècle, la période mérovingienne a auVIIe siècle un chroniqueur appeléFrédégaire, auteur duLiber historiæ Francorum ouChronique de Frédégaire qui est prolongée par descontinuations, réalisées sous l'égide de la famille carolingienne. La troisième continuation concerne la période 753-768. Quelques données sur le règne de Charlemagne apparaissent dans des chroniques secondaires : laVie de Sturm (abbé deFulda) ; lesActes des saints Pères de l'abbaye de Saint-Wandrille ainsi que dans les ouvrages concernant Louis le Pieux :Vie de l'empereur Louis de Thegan (évêque de Trèves),Poème sur Louis le Pieux d'Ermold le Noir,Vie de Louis le Pieux de l'Astronome.
Le texte le plus important est laVita Caroli rédigée parÉginhard après la mort de l'empereur, mais présent à la cour et membre du cercle des proches à partir des années 790. La plupart des biographes médiévaux flattent leur commanditaire. Éginhard ne déroge pas à la règle en présentant Charlemagne comme un être de lumière, un monarque surhumain. Sa biographie est cependant considérée comme un compte-rendu assez fidèle de la vie de Charlemagne et de son époque[18].
L'épigraphie fournit un nombre assez limité d'informations. La numismatique est plus intéressante en ce qui concerne la titulature de Charlemagne, mais aussi parce qu'on trouve parfois sur les pièces un portrait de Charlemagne.
Biographie
Charlemagne est le plus illustre représentant des souverains de la dynastiecarolingienne, qui lui doit d'ailleurs son nom. Petit-fils deCharles Martel, il est le fils dePépin le Bref et deBertrade de Laon dite « au Grand Pied ».
La date et le lieu de naissance de Charlemagne sont l'objet de controverses, en raison de l'absence de renseignements concordants dans les documents d’époque[20].
Date de naissance
On dispose d'une indication sur le jour de sa naissance : un calendrier du début duIXe siècle de l'abbaye de Lorsch indique que la naissance de Charlemagne a eu lieu« le 4 des nones d'avril »[21], soit le. En ce qui concerne l'année, il existe trois possibilités : 742, 747 ou 748.
La date de 742 se fonde sur un énoncé d'Éginhard, selon lequel Charlemagne est mort « dans sa soixante-douzième année »[22]. Mais il est apparu[23] qu'Éginhard paraphrasait laVie des douze Césars deSuétone, de sorte que l'âge qu'il attribue à Charlemagne n'est pas totalement fiable. Eginhard se refuse explicitement à traiter le sujet de la naissance et que la date de 742 est obtenue de façon indirecte. On trouve cependant aussi l'indication de l'âge de71 ans dans lesAnnales Regni Francorum[22].
Les dates de 747-748 se fondent sur un énoncé desAnnales Petaviani (Annales de Petau) qui donnent la date de 747. Cela pose cependant un problème, si on retient le jour anniversaire du, car ces annales indiquent que Charlemagne est né après le départ de son oncleCarloman pour Rome, évènement qui a eu lieu après le[24]. De plus, en 747, Pâques est tombé le 2 avril et les chroniqueurs n'auraient pas manqué de signaler cette coïncidence.
Cette absence de certitude concernant l'année de sa naissance est probablement liée au fait que Pépin et Berthe[n 2] ne se sont mariés (religieusement) qu'en 743 ou 744. Par conséquent, la naissance de Charlemagne serait, du point de vue de l'Église, illégitime en 742, légitime en 747-748. Un autre aspect concerne son âge lors des événements de sa jeunesse :26 ans ou20 ans en 768 à son avènement.
Les positions des historiens contemporains et de l'historiographie moderne diffèrent encore au sujet de la date de naissance. L'année 742, retenue de longue date (notamment par lepère Anselme) est remise en question parKarl Ferdinand Werner et d'autres historiens qui penchent pour l'année 747[n 3], voire 748[30],[31],[32]. Werner soutient l'hypothèse des années 747-748 au motif que Carloman étant né en 751, la naissance de Charlemagne en 742 représente un trop grand écart[33]. De surcroît, dans une lettre écrite vers 775, un clerc irlandais du nom de Cathwulf[34] rappelle à Charlemagne que tout le clergé a prié avant sa naissance pour que ses parents aient un enfant, ce qui suppose qu’ils étaient déjà mariés.
Toutefois, d'autres chercheurs maintiennent la validité de la date de 742[n 4] et plusieurs dictionnaires et encyclopédies se disputent toujours sur la date de naissance de l'empereur[n 5].
Le lieu de la naissance de Charlemagne n'est mentionné dans aucune source d'époque. La plus ancienne indication, qui concerneIngelheim, vient deGodefroi de Viterbe (auteur italien duXIIe siècle[42]) et est retenue par certains auteurs[43],[44].
Un autre lieu de naissance envisagé est Quierzy-sur-Oise[38] qui est une ancienne villa royale mérovingienne dans l'Aisne, entre Noyon et Chauny[45]. Son grand-pèreCharles Martel y était mort, le MérovingienThierry III y avait séjourné, de même quePépin le Bref, et Charles y réside en 781 ;3 conciles s'y sont tenus en 838, 849 et 853[46].
Les renseignements jusqu’à son avènement sont limités. Charlemagne est mentionné pour la première fois dans un diplôme de 760 concernant l’abbaye de Saint-Calais. En ce qui concerne la période du règne de son père, on sait que Charlemagne a pris part à un certain nombre d'événements. Il est à la tête de la délégation qui accueille le pape Étienne II en Champagne en 754 (à 12 ou 6 ans) et il est peu après sacré par le pape, en même temps que son frèreCarloman Ier. Il participe aux opérations en Aquitaine en 767-768 et il est avec sa mère dans le cortège qui ramène Pépin le Bref malade à Saint-Denis. Sa langue maternelle est lefrancique rhénan. De nombreuses spéculations sur son supposé illettrisme viennent d'un passage ambigu de son biographe qui peut être interprété comme ayant pour sujet son entraînement soit à l'écriture ou soit à la calligraphie, mais il ne fait en revanche aucun doute qu'il savait lire, parlait couramment le latin, et lisait le grec[49].
Avant sa mort, le, Pépin a prévu un partage du royaume entre Charles et Carloman ; les territoires qui leur sont attribués sont disposés de façon assez curieuse : ceux de Charlemagne forment un arc occidental de la Garonne au Rhin, ceux de Carloman sont regroupés autour de l’Alémanie ; l’Austrasie, la Neustrie et l’Aquitaine sont partagées entre eux.
Charlemagne et Carloman se font proclamer roi par leurs fidèles, le 9 octobre 768, respectivement à Noyon et Soissons.
Charlemagne est ensuite occupé par les affaires d’Aquitaine (voirinfra), qu’il réussit à régler sans l’aide de son frère.
Puis intervient la question des mariages lombards, qui occupe les années 769-771.
En 771, après un peu plus de trois années de règne et de paix relative entre les deux frères, Carloman Ier meurt brusquement au palais carolingien deSamoussy[50], près deLaon. Dès le lendemain de sa mort, Charles s'empare de son royaume, usurpant l'héritage de ses neveux. La veuve de Carloman Ier,Gerberge de Lombardie, se réfugie enItalie auprès du roi des Lombards, avec ses fils et quelques partisans.
Charles est désormais souverain de tout le royaume franc.
dans la péninsule armoricaine, les principautés bretonnes ;
au-delà des Pyrénées, l’Espagne musulmane, tenue depuis 756 par le califat desOmeyyades de Cordoue, et dans les Asturies, le royaume chrétien d’Oviedo ;
L’empire byzantin a perdu beaucoup de territoires en Asie du fait de l’expansion arabo-musulmane ; dans l’ensemble, les relations des Francs avec l'Empire d'Orient sont plutôt tendues. L’empire musulman, en Asie et en Afrique, est dirigé par lecalifat desAbbassides deBagdad, avec lequel au contraire les relations sont plutôt bonnes, en l’absence d’hostilité religieuse, alors qu’il existe un contentieux religieux avec Byzance.
Lapapauté byzantine fait encore partie de l'Italie byzantine mais, accaparé par sa lutte contre l'empire musulman, l'empereur d'Orient n'a plus les moyens de protégerRome menacée par lesLombards. La papauté se tourne donc de plus en plus vers les Francs[51], en particulier vers la famille carolingienne que les papes soutiennent depuis l'époque de Charles Martel.
Organisation politique du royaume franc
Dans le royaume franc, les puissants (principalement lesducs,comtes etmarquis) accueillent des hommes libres qu'ils éduquent, protègent et nourrissent. L'entrée dans ces groupes se fait par la cérémonie de la recommandation : ces hommes deviennent des guerriers domestiques (vassi) attachés à la personne dusenior[n 6]. Le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons pour entretenir sa fidélité[52].
La monnaie d'or devenant rare du fait de la distension des liens commerciaux avecByzance (qui perd le contrôle de la Méditerranée occidentale au profit des musulmans), la richesse ne peut guère provenir que des routes commerciales de l'Adriatique ou de la guerre. Celle-ci procure du butin et permet éventuellement de conquérir des terres qui peuvent être redistribuées[53],[54]. En l'absence d'expansion territoriale, les liens vassaliques se distendent. Pour se pérenniser, une puissance doit s'étendre. Depuis des générations, lesPépinides étendent ainsi leurs dominations, et leurscomtes, s'enrichissant, cèdent des terres à leurs propres vassaux.Charles Martel etPépin le Bref reprennent à l'Église une grande partie de ses biens pour les distribuer aux vassaux. Ceci leur permet, tout en stabilisant leurs acquis, d'avoir les moyens d'être à la tête d'une armée sans égale dans l'Occident médiéval[55].
Charlemagne se retrouve avec le même problème : il doit s'étendre en permanence pour entretenir ses vassaux et éviter la dissolution de ses possessions. Pendant tout son règne, il tente de les fidéliser par tous les moyens : en leur faisant prêter serment (serment général de fidélité en 789), en leur allouant des terres (seule richesse de l'époque) qu'ils doivent lui restituer à leur mort, en envoyant desmissi dominici pour les contrôler et pour surveiller ce qui se trame à travers son empire[56].
Le principe fondamental de l'armée de Charlemagne reste celui de l'armée franque : elle est composée par les hommes libres qui ont le droit et le devoir de participer à l'armée (y compris ceux des territoires récemment conquis). L'armée peut être convoquée chaque année pendant la période de guerre (printemps-été). De fait sur les46 années du règne de Charlemagne, on ne trouve que deux années où il n'y ait pas eu de convocation de l'armée (790 et 807).
Les historiens estiment les effectifs potentiellement mobilisables de 10 000 à 40 000 hommes.
Concrètement, il y a chaque année une assemblée des grands du royaume, censés représenter l'ensemble du peuple des libres, couramment appelée lors duchamp de mai ; cette assemblée prend diverses décisions (ou plutôt : entérine les décisions du roi) et en particulier celle de lancer une expédition contre tel ou tel ennemi. Cette décision est diffusée auprès des intéressés, soit par les vassaux directs du roi auprès de leurs dépendants, soit par les comtes, évêques et abbés auprès des habitants de leur ressort. Chaque guerrier mobilisé doit apporter son équipement et ses vivres pour trois mois[57] et se rendre au point de rassemblement de l'armée (ou des différents corps prévus).
Les forces mobilisées se décomposent entre la cavalerie lourde, la cavalerie légère et l'infanterie. L'armée de Charlemagne ne semble pas utiliser beaucoup de matériel technique, en particulier lors des quelques sièges de ville qui ont eu lieu (Pavie, Saragosse, Barcelone…).
Par ailleurs, Charlemagne dispose d'un certain nombre de guerriers dépendant directement de lui, qui forment sa garde, et qui peuvent être utilisés pour des opérations urgentes.
Durant les trois premières décennies du règne de Charlemagne, le territoire du royaume s'accroît nettement, quoique de façon plus ou moins solide : intégration complète des duchés d'Aquitaine et deBavière ; conquête duroyaume des Lombards (774), de la Saxe, de quelques territoires en Espagne, dans les possessions byzantines et dans les pays slaves ; expéditions contre lesAvars et lesBretons.
Aquitaine et Vasconie
En 768, Pépin, juste avant de mourir, a obtenu la soumission de l’Aquitaine et de laVasconie, le ducWaïfre ayant été assassiné par des gens de son entourage. De 768 à 771, le duché est partagé entre Charles et Carloman.
En 781,Louis (dit Louis le Pieux ou Louis le Débonnaire) est couronné à Rome roi d’Aquitaine. Ce royaume d’Aquitaine reste en place jusqu’à l’avènement à l’empire de Louis en 814, avec deux dépendances : leduché de Vasconie, au sud de la Garonne, oùSanche Ier Loup succède àLoup II ; lecomté de Septimanie (Narbonne, Carcassonne), dirigé par le comte Milon, un Wisigoth, puis parGuillaume de Gellone,comte de Toulouse et marquis de Septimanie à partir de 790 environ.
Cependant, dès 812, les Vascons sont de nouveau astreints à la soumission de Louis le Débonnaire et cela ne semble pas les satisfaire.Semen Ier Loup et ses hommes, des Euskariens des deux versants desPyrénées, reprennent les armes quelque temps après et se révoltent contre les Francs. Auplaid annuel tenu à Toulouse en 812, Louis le Débonnaire exige« qu'on châtiât cet esprit de rébellion »[58], ce que l'assemblée décida par acclamation[59].
Une nouvelle expédition deLouis le Débonnaire arriva jusqu'àPampelune en passant parDax puis par le difficile passage des Pyrénées. Son objectif est d'y raffermir son autorité chancelante. Selon sa biographieVita Hludovici Pii, dans laVasconie transpyrénéenne Louis était libre d'exiger toute futilité publique et particulière[60].
Après avoir séjourné à Pampelune, Louis retourne en Aquitaine par la route de Roncevaux et prend la précaution, cette fois-ci, afin de ne pas répéter ladéfaite de 778, de s'emparer comme otages des femmes et des enfants vascons qu'il ne libéra qu'une fois arrivé dans une zone sûre où son armée ne risquait plus d'embuscade.
Quand Louis le Pieux succède à Charlemagne en 814, la présence carolingienne sur la totalité de son immense territoire reste fragile. L'absence de Louis le Pieux dans laMarche hispanique, laSeptimanie, la Vasconie et même leToulousain se fait sentir. Cependant, à l'exception sans doute de la Vasconie, la légitimité carolingienne s'enracine[61].
Italie
De toutes les guerres de Charlemagne, celles qu'il entreprit contre lesLombards en se substituant ainsi à l'empire d'Orient comme protecteur de lapapauté, sont les plus importantes par leurs conséquences politiques et celles aussi où se montre le plus clairement le lien qui rattache intimement la conduite de Charles à celle de son père. L'alliance avec les papes les imposait, non seulement dans l'intérêt du royaume franc, mais dans celui du roi des Francs lui-même.Pépin le Bref avait espéré, à la fin de son règne, un arrangement pacifique avec les Lombards. Charles épousaDésirée, la fille de leur roiDidier. Mais ce mariage ne servit à rien. Les Lombards continuèrent de menacer Rome et leur roi noua même contre son gendre de dangereuses intrigues avec le duc desBavarois et avec la propre belle-sœur de Charles[62].
En 773, Charlemagne intervient à la demande du pape contre Didier. L'armée franque traverse les Alpes durant l', met lesiège devant Pavie (septembre) et occupe assez facilement le reste du royaume lombard. Pavie affamée et en proie à des épidémies tombe en. Charlemagne s'adjuge lui-même le titre de roi des LombardsGratia Dei Rex Francorum et Langobardorum (« roi des Francs et des Lombards par la grâce de Dieu ») le tandis que certains historiens affirment qu'il est proclamé roi par l'archevêque de Milan qui lui aurait posé lacouronne de fer de Lombardie sur la tête[63]. Charlemagne prend alors le titre de roi des Lombards ; Didier est envoyé comme moine àCorbie, le reste de sa famille est aussi neutralisé, à l'exception d'Adalgis qui se réfugie àConstantinople. Leduché de Spolète se soumet à la domination franque en acceptant comme duc un protégé du pape,Hildebrand. Leduché de Bénévent reste aux mains d'Arigis, gendre de Didier, mais doit fournir des otages, en particulier son filsGrimoald, qui sera élevé à la cour. En 776, les Francs conquièrent leduché du Frioul.
En 781, le second fils de Charlemagne, Carloman, alors rebaptiséPépin, est couronné à Romeroi d'Italie, titre qui ne correspond pas à un État formel ; par la suite, Pépin assume sous le contrôle de Charlemagne la fonction deroi des Lombards. La principale personnalité du royaume au début du règne de Pépin estAdalard, cousin de Charlemagne. Les problèmes sont assez nombreux : relations avecArigis et avec lesRomains d'Orient.
Et pourtant, c'est Rome, mais la Rome des papes, qui a décidé de son sort. On ne voit pas quel intérêt aurait poussé les Carolingiens à attaquer et à conquérir le royaume lombard si leur alliance avec la papauté ne les y avait contraints. L'influence que l'Église, débarrassée de la tutelle de Byzance, va désormais exercer sur la politique de l'Europe, apparaît ici pour la première fois en pleine lumière. L’État ne peut désormais se passer de l'Église. Entre elle et lui se forme une association de services mutuels qui, les mêlant sans cesse l'un à l'autre, mêle aussi continuellement les questions spirituelles aux questions temporelles et fait de la religion un facteur essentiel de l'ordre politique. La création de l'Empire d'Occident, en 800, voulue comme la renaissance de l'ancien Empire romain d'Occident, est la manifestation définitive de cette situation nouvelle et le gage de sa durée dans l'avenir[62].
Au-delà duRhin, un puissant peuple conservait encore, avec son indépendance, la fidélité au vieux culte national : lesSaxons, répartis entre quatre groupes (Westphales,Ostphales,Angrivarii,Nordalbingiens) et établis entre l'Ems et l'Elbe, depuis les côtes de la mer du Nord jusqu'aux montagnes duHarz. Seuls de tous les Germains, c'est par mer qu'à l'époque du grand ébranlement desinvasions, ils étaient allés chercher des terres nouvelles. Durant tout leVe siècle, leurs barques avaient inquiété les côtes deGaule aussi bien que celles deGrande-Bretagne. Il y eut des établissements saxons, encore reconnaissables aujourd'hui à la forme des noms de lieux, à l'embouchure de laCanche et à celle de laLoire. Mais c'est seulement en Grande-Bretagne que des Saxons et desAngles, peuples du Sud duJutland étroitement apparentés à eux, s'établirent durablement. Ils refoulèrent la population celtique de l'île dans les districts montagneux de l'Ouest,Cornouailles etpays de Galles d'où, se trouvant trop à l'étroit, elle émigra auVIe siècle enArmorique, qui prit dès lors le nom deBretagne comme la partie conquise de la Grande-Bretagne reçut le nom d'Angleterre. Ces Saxons insulaires ne conservèrent pas de rapports avec leurs compatriotes du continent. Ils les avaient si bien oubliés qu'à l'époque où, après avoir été évangélisés parGrégoire le Grand, ils entreprirent la conversion des Germains, ce n'est pas vers eux, mais vers laHaute-Allemagne que leurs missionnaires dirigèrent leurs efforts.
Depuis 748, ils sont tributaires du royaume franc ; le tribut, établi en758 à 300 chevaux par an, n'est cependant pas payé à la fin du règne de Pépin le Bref et le royaume subit régulièrement des incursions saxonnes.
Charlemagne fait sa première expédition en Saxe en 772, détruisant en particulier le principal sanctuaire, l'Irminsul, symbole de la résistance dupaganisme saxon et lieu de réunion des païens qui lui apportaient une offrande après chaque victoire ; puis, à partir de 776, après l'intermède italien, commence une guerre acharnée contre lesSaxons, qui, commandés parWidukind, un chef westphalien, lui opposent une vigoureuse résistance. Suivent plusieurs campagnes marquées par la dévastation de différentes parties de la Saxe et la soumission provisoire de chefs, mais aussi par unrevers grave des Francs en 782 auSüntel, près de laWeser. Cette défaite entraîne une opération de représailles qui s'achève par le massacre de 4 500 Saxons àVerden. Widukind finit par se soumettre en 785 et se fait baptiser.
Charlemagne impose alors leCapitulaire De partibus Saxoniæ (premier capitulaire saxon), une législation d'exception qui prévoit la peine de mort pour de nombreuses infractions, en particulier pour toute manifestation de paganisme (crémation des défunts, refus du baptême pour les nouveau-nés). Une politique de déportation des Saxons et de colonisation par des Francs a lieu en même temps. La législation d'exception prend fin en 797 (troisième capitulaire saxon), mais la soumission définitive n'est vraiment atteinte qu'en 804.
Jusqu'alors le christianisme s'était répandu relativement paisiblement parmi les Germains. En Saxe cependant, Charlemagne employa la force : de là les violences contre tous ceux qui sacrifieraient encore aux « idoles » et de là aussi l'acharnement que mirent les Saxons à défendre leurs dieux devenus les protecteurs de leurs libertés. Dans certains milieux nationalistes allemands l'image de Charlemagne est celle du « Bourreau des Saxons » issue dumassacre de Verden[65]. Ainsi en 1935, pour commémorer l'événement, lerégime nazi construisit le monument deSachsenhain(de).
La conquête des Saxons permettait également de mettre fin une fois pour toutes à la menace permanente que les Saxons faisaient peser sur la sécurité du royaume franc. Une fois l'annexion et la conversion de laSaxe, dernier élément de l'ancienneGermanie, achevées, la frontière orientale de l'Empire carolingien atteignit l'Elbe et laSaale. Elle se dirigeait de là jusqu'au fond de lamer Adriatique par les montagnes deBohême et leDanube, englobant le pays desBavarois[66].
Espagne
Depuis leur défaite àPoitiers, les musulmans n'avaient plus menacé laGaule. L'arrière-garde qu'ils avaient laissée dans le pays deNarbonne en avait été refoulée parPépin le Bref. L'Espagne, où venait de s'installer l'émirat de Cordoue, ne regardait plus vers le Nord et dirigeait son activité vers les établissements islamiques proches de la Méditerranée. Les progrès de l'islam dans les sciences, les arts, l'industrie et le commerce sont aussi rapides que ses conquêtes[Interprétation personnelle ?]. Mais ces progrès eurent pour conséquence de le détourner des grandes entreprises de prosélytisme pour les concentrer sur lui-même. En même temps que les sciences se développèrent et que l'art s'épanouit, surgirent des querelles religieuses et politiques. L'Espagne n'en était pas plus épargnée que le reste du monde musulman. C'est l'une d'elles qui provoqua l'expédition de Charles au-delà desPyrénées[67].
Alliance avec Suleyman ibn al-Arabi (777)
En 777, lors de l'assemblée dePaderborn, en Saxe, Charlemagne reçoit des émissaires de plusieurs gouverneurs musulmans d'Espagne, y compris celui deBarcelone, en rébellion contre l'émirat de Cordoue.Sulayman s'engage à permettre aux Francs de s'emparer deSaragosse. Charlemagne décide de donner suite et d'intervenir dans le Nord de l'Espagne, sans doute moins pour des raisons religieuses (des lettres du pape de cette époque montrent que celui-ci préférerait une intervention en Italie, contre des chrétiens) que pour sécuriser la frontière sud de l'Aquitaine.
Une double expédition est mise sur pied au, et durant l'été les deux armées se rejoignent devant Saragosse, mais à ce moment, la ville est tenue par des loyalistes, contrairement à ce que prétendait Suleyman. Menacés d'une intervention de l'émir de Cordoue, les Francs lèvent le siège et quittent l'Espagne, après avoir pilléPampelune. Cet échec est augmenté durevers assez grave subi par l'arrière-garde de Charlemagne face auxVascons lors de la traversée des Pyrénées. L'embuscade[68], est principalement menée par des Basques, mais il est probable qu'y participent aussi des habitants de Pampelune et des ex-alliés musulmans de Charlemagne[69], mécontents d'une retraite aussi rapide (les otages remis par Suleyman sont libérés au cours de l'opération).
Pour les contemporains, cette expédition passa à peu près inaperçue. Le souvenir du comteRoland tué dans l'embuscade ne se perpétua tout d'abord que parmi les gens de sa province, dans le pays deCoutances. Il fallut l'enthousiasme religieux et guerrier qui s'empara de l'Europe à l'époque de lapremière croisade pour faire de Roland le plus héroïque des preux de l'épopée française et chrétienne et transformer la campagne dans laquelle il trouva la mort en une lutte gigantesque entreprise contre l'islam par« Carles li reis nostre emperere magne »[70].
Par la suite, Charlemagne n'intervient plus personnellement en Espagne, laissant le soin des opérations aux responsables militaires de l'Aquitaine, les comtes de ToulouseChorson, puisGuillaume de Gellone, puis le roi Louis lui-même. Malgré une défaite subie par Guillaume enSeptimanie (793), les Aquitains réussissent à conquérir quelques territoires en Espagne : notammentGérone,Barcelone (801), laCerdagne etUrgell. En revanche, malgré trois tentatives menées par Louis, ils échouent à reprendreTortosa. En 814, Saragosse et la vallée de l'Èbre restent donc musulmans, pour encore très longtemps.
Diplôme de Charlemagne absolvant le comte Theodoldus du crime de lèse-majesté, donné à Aix-la-Chapelle le.Archives nationales, AE/II/42.
Bavière
Depuis 748, elle est dirigée par le ducTassilon, petit-fils de Charles Martel, imposé par Pépin le Bref à la mort du ducOdilon. Cependant Tassilon cherche à préserver son indépendance, épousant en 763Liutberge, fille deDidier de Lombardie et future belle-sœur de Charlemagne.
Bien que Tassilon ne soit pas intervenu lors de la campagne contre les Lombards en 773-774, Charlemagne s'efforce de renforcer son contrôle. Tassilon doit prêter serment de fidélité en 781, puis de nouveau en 787. En 788, il est mis en jugement devant l'assemblée, condamné à mort, puis gracié et enfermé dans un monastère ainsi que son épouse et ses deux fils. Charlemagne nomme des comtes pour la Bavière et place son beau-frèreGérold à la tête de l'armée avec le titre depræfectus. En 794, Tassilon comparaît de nouveau devant l'assemblée et proclame sa renonciation au trône de Bavière, désormais totalement intégrée au royaume franc.
En 791, avec l'aide de son filsPépin d'Italie, Charlemagne mène contre lesAvars unepremière expédition. En 795, il réussit à s'emparer de leurcamp retranché, leRing avar, avec un trésor considérable, fruit de plusieurs dizaines d'années de pillages. En 805, les derniers Avars rebelles sont définitivement soumis.
Ce furent des campagnes d'extermination : les Avars furent massacrés au point de disparaître en tant que peuple. L'opération terminée, Charles, pour parer à de nouvelles agressions, transforma laPannonie, peuplée deSlaves notammentCarantanes, en unemarche, c'est-à-dire un territoire de garde soumis à une administration militaire. Ce fut la « marche » orientale (marca orientalis), point de départ de l'Autriche moderne qui en a conservé le nom[71].
Frisons
L'annexion de laFrise orientale (la région s'étendant duZuiderzee jusqu'à l'embouchure de laWeser) par les Francs n'est acquise, en apparence, qu'après 782, voire 785. La situation demeura tendue encore plusieurs années pour les Francs.
En 786, Charlemagne envoie des forces considérables pour soumettre lesmac'htierned. D'autres expéditions sont organisées par la suite en 799, avec le comteGuy de Nantes, puis en 811, toujours avec un succès limité. Malgré cela, une partie de l'aristocratie bretonne ralliée fournit des cadres à la monarchie franque ; c'est d'elle que, sous le règne de Louis le Pieux, sortiraNominoë.
De ce côté encore, il fallait assurer la sécurité de l'Empire. Depuis 807 d'autres « marches » furent établies le long de l'Elbe et de laSaale, barrant le passage aux tribus slaves desSorabes et desAbodrites.
À son apogée, l'Empire carolingien recouvre les territoires actuels de la France, de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Autriche, de la Hongrie et de la Slovénie, une bonne moitié de l'Italie et une petite partie de l'Espagne, ainsi que les îles anglo-normandes et les principautés d'Andorre, de Monaco et de Liechtenstein. Il exerce également une autorité indirecte sur les États pontificaux, la Silésie, la Bohême, la Moravie, la Slovaquie et la Croatie.
L’idée même d’empire, d’imperium, est présente dans les esprits de plusieurs personnalités à la fin des années 790, en particulier chezAlcuin.
« De plus, le souverain de cette immense monarchie est à la fois l'obligé et le protecteur de l'Église. Sa foi est aussi solide que son zèle pour la religion est ardent. Peut-on s'étonner dans de semblables conditions que l'idée se soit présentée de profiter d'un moment si favorable pour reconstituer l'Empire romain, mais un Empire romain dont le chef, couronné par lepape au nom de Dieu, ne devra son pouvoir qu'à l'Église, et n'existera que pour l'aider dans sa mission, un Empire qui, n'ayant pas d'origine laïque, ne devant rien aux hommes, ne formera pas à proprement parler un État, mais se confondra avec la communauté des fidèles dont il sera l'organisation temporelle, dirigée et inspirée par l'autorité spirituelle du successeur de saint Pierre ? Ainsi, la société chrétienne recevrait sa forme définitive. L'autorité du pape et de l'empereur, tout en restant distinctes l'une de l'autre, seront pourtant aussi étroitement associées que, dans le corps de l'homme, l'âme l'est à la chair. Le vœu deSaint Augustin serait accompli. La cité terrestre ne serait que la préparation de l'acheminement à la cité céleste. Il s'agit d'une conception grandiose mais uniquement ecclésiastique, dont Charles n'a jamais saisi exactement, semble-t-il, toute la portée et toutes les conséquences »[73].
Situation dans l’Empire byzantin
Depuis 792, l’Empire est de fait dirigé parIrène, mère de l'empereurConstantin VI, mais en 797, elle assume officiellement le titre debasileus, ce qui dans la société de l’époque est un peu incongru, d'autant que son fils est mort peu après avoir étéaveuglé sur l'ordre de sa mère[74]. Les milieux carolingiens estiment que dans ces conditions, le titre impérial byzantin n’est pas légitimement porté.
Situation de la papauté
Un autre facteur est la relation entre le pape et les autorités byzantines : l'empereur et lepatriarche de Constantinople. Ce dernier étant soutenu par un État encore prestigieux, riche et puissant, les papes de Rome trouvent un soutien équivalent dans le royaume franc des Carolingiens, qui de son côté trouve dans la papauté la légitimité romaine et sacrée à laquelle ils aspirent.
En 796, le papeAdrien Ier est remplacé parLéon III, dont la position à Rome est beaucoup plus faible que celle de son prédécesseur face à la hiérarchie ecclésiastique et face à la noblesse romaine, bien qu’il ait été élu très rapidement et très facilement. Il est notamment poursuivi par des rumeurs sur l’immoralité de son comportement. Léon III est donc très dépendant de la protection de Charlemagne.
Le,Léon III subit un véritable attentat : au cours de la procession des Grandes Litanies, il est jeté à bas de sa mule, et molesté, puis emprisonné ; le bruit court que ses assaillants lui ont coupé la langue et crevé les yeux, ce qui se révèlera inexact, mais permettra de parler de miracle. Quelques jours plus tard, il est délivré grâce à l’intervention du duc francWinigise de Spolète, qui l’emmène àSpolète, puis, avec desmissi de Charlemagne, est organisé un voyage pontifical àPaderborn.
De Paderborn à Rome (-)
Léon III passe environ un mois àPaderborn, rencontrant plusieurs fois Charlemagne. Le contenu politique de leurs discussions est ignoré ; on ne sait pas en particulier si l’attribution du titre impérial a été discutée. Mais un poème écrit durant cette entrevue parle de Charlemagne comme du Père de l’Europe et d’Aix-la-Chapelle comme de la Troisième Rome. En tout cas, Charlemagne s'engage à venir à Rome pour traiter le différend entre Léon et ses adversaires.
Il semble que Charlemagne ait envisagé un voyage à Rome dès le début de 799, avant cette crise, puisque, dans une lettre, Alcuin demande à en être dispensé pour raisons de santé. Le voyage est confirmé à Paderborn, mais Charlemagne ne se précipite pas à Rome. Il faut laisser le temps à Léon de rétablir sa position à Rome. Il est aussi possible qu'il ait paru judicieux d'être à Rome pour la Noël de l’an 800.
Léon est de retour à Rome, avec une escorte et quelques hauts dignitaires francs, à la fin ; lesmissi reçoivent une plainte officielle contre lui. Une commission est réunie auLatran[75] et une enquête est menée. Dans l'ensemble, malgré tout, la situation de Léon est à peu près rétablie.
Charlemagne passe le printemps et l' dans une tournée enNeustrie, s'attardant particulièrement àBoulogne, où est envisagé le problème de la défense des côtes, puis àTours, où il rencontreAlcuin, mais aussiLouis d'Aquitaine. Il part ensuite pour l'Italie, une expédition militaire contre Bénévent étant aussi envisagée. Le cortège fait étape àRavenne : Pépin est envoyé contre Bénévent tandis que Charlemagne part pour Rome.
Il arrive aux abords de Rome le. Selon le protocole byzantin, lebasileus, s'il venait à Rome, devrait être accueilli par le pape lui-même à6 milles de Rome. Il est donc significatif que Charlemagne, seulement roi des Francs et des Lombards, soit accueilli par le pape à12 milles, àMentana[76].
Charlemagne gagne Rome le 24 et s'établit au Vatican, en dehors des murs de la ville.
Le serment a lieu le : Léon jure qu'il n'a commis aucun des crimes dont il a été accusé. Puis l'assemblée évoque la question de l'accession de Charlemagne au titre impérial. Les arguments utilisés, sans doute par les prélats de la suite de Charlemagne[78], concernent la vacance du trône à Constantinople et le fait que Charlemagne ait sous son contrôle les anciennes résidences impériales d'Occident, notamment Rome, mais aussi Ravenne,Milan,Trèves. L'assemblée accueille favorablement ces arguments et Charlemagne accepte l'honneur qui lui est proposé.
Il est prévu qu'une cérémonie ait lieu le, à l'occasion de la messe de Noël, qui a lieu habituellement àSaint-Jean-de-Latran, mais aura lieu cette fois dans labasilique Saint-Pierre.
Le jour deNoël de l'an 800, Charlemagne est donc couronnéempereur d'Occident par lepapeLéon III. Il se montre courroucé que les rites de son couronnement soient inversés au profit du pape. En effet, ce dernier lui dépose subitement la couronne sur la tête alors qu'il est en train de prier, et ensuite seulement le fait acclamer et se prosterne devant lui. Une manière de signifier que c'est lui, le pape, qui fait l'empereur — ce qui anticipe sur les longues querelles des siècles ultérieurs entre l'Église et l'Empire. SelonÉginhard, le biographe de Charlemagne (Vie de Charlemagne[79]), l'empereur serait sorti furieux de la cérémonie : il aurait préféré que l'on suive le rituel byzantin, à savoir l'acclamation, le couronnement et enfin l'adoration — c'est-à-dire, selon lesAnnales royales, lerituel de laproskynèse (prosternation), le pape s'agenouillant devant l'empereur.Éginhard évoque même que« Charlemagne aurait renoncé à entrer dans l'Église ce jour-là, s'il avait pu connaître d’avance le dessein du pontife ». C'est en se souvenant[réf. souhaitée] de cet épisode queNapoléon prend soin, un millénaire plus tard, lors de son couronnement en présence du pape, de se poser la couronne lui-même sur la tête.
En 813, Charlemagne fit changer, en faveur de son filsLouis le Pieux, le cérémonial qui l'avait froissé : la couronne fut posée sur l'autel et Louis la plaça lui-même sur sa tête, sans l'intervention du pape. Cette nouveauté, qui disparut par la suite, ne changeait rien au caractère de l'Empire. Bon gré, mal gré, il restait une création de l'Église, quelque chose d'extérieur et de supérieur au monarque et à la dynastie. C'était à Rome qu'en était l'origine et c'était le pape seul qui en disposait comme successeur et représentant de saint Pierre. De même qu'il tient son autorité de l'apôtre, c'est au nom de l'apôtre qu'il confère le pouvoir impérial[80].
Réaction byzantine
L'empire de Charlemagne en 814.
Mais l'Empire byzantin refuse de reconnaître le couronnement impérial de Charlemagne, le considérant comme une usurpation[81].
Charles et ses conseillers objectent que l'Empire romain d'Orient est alors dirigé par une femme, l'impératriceIrène. Par conséquent, le titre d'empereur est considéré comme vacant. C'est notamment l’avis d'Alcuin, le principal conseiller de Charlemagne, pour qui le titre impérial ne peut être assumé que par un homme[82].
Afin d'éviter un affrontement, Irène cherche la paix avec les Francs, mais le couronnement de Charlemagne comme « empereur des Romains » est perçu par l'opinion publique romaine d'Orient comme une rébellion[83]. De son côté, Charlemagne se considère désormais comme l'égal desbasileis (empereurs byzantins). Si les Byzantins refusent de reconnaître son titre impérial, il le fera reconnaître par la force. La menace d'une guerre est réelle[83].
Selon le chroniqueur byzantinThéophane le Confesseur, Charlemagne aurait alors envisagé de conclure un mariage avec l'impératrice Irène. Dans cette optique, il envoie des ambassadeurs à Constantinople en 801. Irène, de son côté n'est pas opposée à l'idée d'un mariage et envoie en retour une ambassade à Aix-la-Chapelle à l’automne 801 afin de valider les contours du projet qui permettrait de réunifier l'Empire romain, fut-il devenugermanique en Occident ethellénique en Orient[84]. Néanmoins l'aristocratie grecque, hostile à Irène, voit dans ce projet un acte sacrilège et organise en uncoup d'État qui renverse l'impératrice[85].
Avec le traité de paix d’Aix-la-Chapelle en 812, l’empereur d'OrientMichel Ier Rhangabé finit par parer Charlemagne du titre d'empereur, mais en utilisant des formules détournées évitant de se prononcer sur la légitimité du titre, telles que : « Charles, roi des Francs […], que l'on appelle leur empereur ». C'est l'empereur byzantinLéon V l'Arménien qui accepte vraiment de lui reconnaître le titre d'empereur d'Occident en 813[86].
Théorie carolingienne de l'Empire
Projet de partage de l'Empire carolingien en 806.
Charlemagne considère que la dignité impériale ne lui est conférée qu'à titre personnel, pour ses exploits, et que son titre n'est pas appelé à lui survivre. Dans ses actes, le souverain se titre« empereur gouvernant l’Empire romain, roi desFrancs et desLombards » (Karolus, serenissimus augustus, a Deo coronatus, magnus et pacificus imperator, Romanum gubernans imperium, qui et per misericordiam Dei rex Francorum et Langobardorum). Dans son testament, en l'an 806, il partage l'Empire entre ses fils, suivant la coutume franque, et ne fait aucune mention de la dignité d'empereur. C'est seulement en 813, quand il n'a plus qu'un seul fils encore vivant, le futurLouis le Pieux, que Charlemagne décide dans son testament du maintien de l'intégralité de l'Empire et du titre impérial.
Lesuaire mortuaire de Charlemagne (détail), fabriqué àConstantinople et représentant unquadrige.Châsse en or et en argent abritant les reliques de Charlemagne[90].
Son filsPépin d'Italie meurt en 810 et le cadetCharles en 811. En 813, il fait prendre, par cinqsynodes provinciaux, une série de dispositions concernant l'organisation de l'Empire (pour plus de détails, cf.concile de Tours,concile de Mayence,conciles d'Arles,concile de Chalon). Elles sont ratifiées la même année par une assemblée générale convoquée àAix-la-Chapelle, au cours de laquelle il prend la précaution de poser lui-même la couronne impériale sur la tête deLouis, l'unique survivant de ses fils.
Charlemagne meurt le à Aix-la-Chapelle, d'une affection aiguë qui semble avoir été unepneumonie aiguë[91].
SelonÉginhard[92], Charlemagne n'ayant laissé aucune indication concernant ses funérailles, après de simples cérémonies mortuaires dans lacathédrale d'Aix-la-Chapelle (l'embaumement et la mise en bière précèdent cette cérémonie au cours de laquelle une effigie[n 7] vivante est probablement placée sur son cercueil pour le représenter[93]), il est inhumé dans une fosse le jour même sous le dallage de laChapelle palatine. Le moineAdémar de Chabannes, dans sonChronicon, chronique rédigée entre 1024 et 1029, rend ces funérailles plus fastueuses, créant le mythe d'unOtton III qui a retrouvé un caveau voûté dans lequel l’Empereur à la barbe fleurie est assis sur un siège d’or, revêtu de sesinsignes impériaux, ceint de sonépée d’or, avec dans ses mains un évangéliaire d’or, et sur sa tête un diadème avec un morceau de laVraie Croix[94]. En 1166,Frédéric Barberousse, après avoir obtenu lacanonisation de Charlemagne, fait rouvrir le tombeau pourdéposer ses restes dans un sarcophage en marbre dit sarcophage de Proserpine. Le,Frédéric II entreprend une secondetranslatio dans unechâsse en or et en argent[95]. Selon la légende, à l'occasion de cette exhumation, fut trouvé pendu au cou de Charlemagnele talisman qu'il portait constamment sur lui[96].
Le règne de Charlemagne est d'abord la continuation et comme le prolongement de celui de son pèrePépin le Bref. Aucune originalité n'y apparaît : alliance avec l'Église, lutte contre les païens, lesLombards et les musulmans, transformations gouvernementales, souci de réveiller les études de leur torpeur, tout cela se rencontre en germe déjà sous Pépin. Comme tous les grands remueurs d'histoire, Charles n'a fait qu'activer l'évolution que les besoins sociaux et politiques imposaient à son temps. Son rôle s'adapte si complètement aux tendances nouvelles de son époque qu'il en paraît être l'instrument et qu'il est bien difficile de distinguer dans son œuvre ce qui lui est personnel et ce qu'elle doit au jeu même des circonstances[97].
Relations diplomatiques
Au cours de son règne, Charlemagne a entretenu des relations diplomatiques avec deux puissances importantes du bassin méditerranéen : l'Empire byzantin et leCalifat abbasside de Bagdad, ainsi qu'avec le royaumeanglo-saxon deMercie.
Dans un premier temps, de 768 à 780, il se contente d’adopter une politique passive vis-à-vis de l’Empire byzantin, observant de manière attentive les guerres que mènent les empereurs byzantinsConstantin V (741-775) etLéon IV (775-780) contre les Bulgares et les Arabes. La situation change brutalement avec l’arrivée au pouvoir en 780 de l’impératriceIrène[82].
Après avoir assis son autorité, celle-ci porte son regard sur une région également convoitée par Charlemagne : l’Italie. Même s’ils ne possèdent plus que lapointe sud de la péninsule, les Byzantins considèrent toujours l’Italie comme unecomposante naturelle de l’Empire. Pour éviter la confrontation, Irène propose à Charlemagne un mariage entre son fils Constantin et la fille de Charlemagne,Rotrude. D’abord hésitant, Charlemagne se montre finalement ouvert à la proposition byzantine et donne son accord pour un futur mariage entre leurs enfants. Un traité d’alliance est également scellé entre les deux parties[83].
Unsolidus à l'effigie de l'impératrice byzantineIrène.
À partir de 787, les relations se tendent brutalement. La première raison est l’absence des évêques francs auconcile de Nicée. Ce concile, organisée à l’initiative d’Irène afin de rétablir le culte des images, a fortement déplu au clergé franc. Celui-ci décide alors de rédiger son propre traité théologique, leLibri Carolini. Charlemagne, lui-même, n’est pas convaincu par la légitimité du concile de Nicée. Sous prétexte que ses états comptent plus de chrétiens que l’Empire Byzantin depuis qu’il a annexé la Saxe et la Bavière, il pense être plus légitime qu’Irène à convoquer un concile[82]. La seconde raison est la politique expansionniste de Charlemagne en Italie. Irène voit d’un très mauvais œil Charlemagne annexer leduché de Bénévent et en faire un état vassal[99]. Ces deux raisons conduisent à l’abandon fin 787 du projet de mariage entre le fils d’Irène, Constantin, et la fille de Charlemagne, Rotrude[100].
À Constantinople, l’événement est perçu comme une provocation et Charlemagne comme un usurpateur. Du point de vue romain d'Orient, il ne peut y avoir deux empereurs que s'ils se reconnaissent mutuellement et non si l'un d'eux s'auto-proclame. La menace d'une guerre est réelle[83]. Après un an d’hésitation, les deux parties semblent néanmoins se diriger vers un compromis raisonnable : un mariage entre Irène et Charlemagne. Dans ses écrits, le chroniqueur byzantinThéophane le Confesseur note ainsi que
« Cette année-là (en 800), le roi des Francs Charles fut couronné par le pape Léon et après avoir pensé faire attaquer la Sicile par une flotte, il changea d'avis et songea à conclure un mariage et la paix avec Irène ; à cette fin, il envoya l'année suivante […] des ambassadeurs à Constantinople[83]. »
Un certain nombre d'historiens, arguant que seul Théophane y fait référence, considèrent toutefois ce mariage comme une simple rumeur. Quoi qu'il en soit, il n'aura pas lieu car lorsque ses ambassadeurs quittent Aix-la-Chapelle en avril 803, Irène a déjà été renversée par un coup d'État[101]. Son successeur, l’empereurNicéphore Ier, envoie une ambassade à Charlemagne afin de maintenir la paix, mais refuse catégoriquement de lui reconnaître le titre d’empereur. Des affrontements ont alors lieu dans leFrioul et l’Istrie[82]. Nicéphore ayant été tué en 811 lors d’une bataille contre les Bulgares, son successeurMichel Ier rouvre les négociations avec Charlemagne et finit par conclure avec lui un accord tacite de reconnaissance mutuelle des deux empires[82].
Ces relations posent la question des relations avec l'islam ; il semble qu'en fait, les Francs, même les hommes d'Église, ne perçoivent pas à cette époque les musulmans d'un point de vue religieux. L'islam est très mal connu et plus ou moins assimilé à un paganisme.
Alors qu'il existe une tension entre les Francs et l'émirat de Cordoue, qui contrôle l'Espagne et mène des attaques contre l'Aquitaine, Charlemagne entretient de bonnes relations avec lecalife abbasside de Bagdad,Hâroun ar-Rachîd, son allié de fait contre l'émirat, mais aussi contre l'Empire byzantin. On note que les Annales appellent HarounAaron, et le présentent parfois comme roi des Perses.
Une première ambassade est envoyée par Charlemagne en 797, à propos de l'accès aux lieux saints deJérusalem.
Haroun répond par une ambassade qui arrive en Italie en 801, donc, par un heureux hasard, peu de temps après le couronnement impérial, avec des cadeaux remarquables : entre autres, unéléphant blanc nomméAbul-Abbas, qui accompagnera Charlemagne jusqu'à sa mort en 810[n 8]. Le calife l'assure en outre que la pleine liberté resterait assurée aux pèlerins chrétiens.
Une autre ambassade d'Haroun a lieu en 806, avec cette fois unehorloge hydraulique.
Rois de Mercie, particulièrement Offa
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Réduit aux ressources de ses domaines privés, l'empereur ne pouvait subvenir aux besoins d'une administration digne de ce nom. Faute d'argent, l'État est obligé de recourir aux services gratuits de l'aristocratie, dont la puissance ne peut grandir que pour autant que l'État s'affaiblisse. Pour parer à ce danger, dès la fin duVIIIe siècle, un serment spécial de fidélité, analogue à celui des vassaux, est exigé descomtes au moment de leur entrée en charge. Mais le remède est pire que le mal. En effet, le lienvassalique en rattachant le fonctionnaire à la personne du souverain, affaiblit ou même annule son caractère d'officier public. Il lui fait, en outre, considérer sa fonction comme un fief, c'est-à-dire comme un bien dont il a la jouissance et non plus comme un pouvoir délégué par la couronne et exercé en son nom[102].
L’administration de l'Empire par les comtes est contrôlée par lesmissi dominici. Il s'agit probablement d'un emprunt à l’Église adapté aux nécessités de l’État. S'inspirant de la division de l'Église en archevêchés comprenant plusieurs diocèses, Charlemagne répartit l'Empire en de vastes circonscriptions (missatica) comprenant chacune plusieurs comtés. Dans chacune de ces circonscriptions, deux envoyés impériaux, lesmissi dominici, un laïc et un ecclésiastique, sont chargés de surveiller les fonctionnaires, de noter les abus, d'interroger le peuple et de faire chaque année rapport sur leur mission. Rien de plus salutaire qu'une telle institution pourvu toutefois qu'elle ait un pouvoir de sanction. Or, elle n'en a aucune car les fonctionnaires sont pratiquement inamovibles. On ne découvre nulle part que lesmissi dominici aient réussi à redresser les défauts qu'ils ont dû partout noter en quantité ; la réalité a été plus forte que la bonne volonté de l'empereur[102].
Lescapitulaires, qui constituent l'essentiel de l’œuvre législative de Charlemagne parvenue jusqu'à nous, sont des directives élaborées à la cour au cours de grandes assemblées appeléesplaids. Rédigés sur le modèle des décisions promulguées par lesconciles, ils fourmillent d'essais de réformes, de tentatives d'amélioration, de velléités de perfectionner ou d'innover dans tous les domaines de la vie civile ou de l'administration. Ainsi, Charlemagne introduisit au tribunal du palais, à la place de la procédure formaliste du droit germanique, la procédure par enquête qu'il emprunta auxtribunaux ecclésiastiques.
Pour leur plus grande part cependant, le contenu des capitulaires indiquent plutôt un programme que des réformes effectives et leurs innombrables décisions sont loin d'avoir été toutes réalisées. Celles qui l'ont été, par exemple l'institution des tribunaux d'échevins, sont loin d'avoir pénétré dans toutes les parties de l'Empire. Les forces de la monarchie n'étaient pas à la hauteur de ses intentions. Le personnel dont elle disposait était insuffisant et, surtout, elle trouvait dans la puissance de l'aristocratie une limite qu'elle ne pouvait ni franchir ni supprimer[103].
Politique religieuse
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Charlemagne a joué un rôle important dans le fonctionnement de l'Église, ainsi que dans la réforme liturgique.
En effet, Charlemagne, à la suite de décisions de même nature prises par son père Pépin le Bref, associe l'unification politique à l'unification religieuse des territoires sous sa domination[104].
Alors que l'Église deRome ne le demande pas elle-même, Charlemagne impose de force laliturgie romaine à l'ensemble de l'Église occidentale[105]. En 798, le Concile de Rispach contraint lesévêques à s'assurer que leurs prêtres accomplissent les rites conformément à la tradition romaine[105].
Certains rites disparaissent complètement en raison de cette décision, supplantés par lerite romain (comme lerite eusébien), alors que d'autres parviendront à se maintenir, tels que lerite ambrosien[106],[107].
Charlemagne veille aux besoins matériels duclergé, comblant de donations les évêchés et les monastères et les plaçant sous la protection et le contrôle d’« avoués » nommés par lui ; il rend ladîme obligatoire dans toute l'étendue de l'Empire. De nombreuxcapitulaires sont consacrés aux problèmes de la discipline ecclésiastique.
Certains textes sont aussi consacrés à des points concernant la doctrine, principalement :
Denier sous Charlemagne. Avers : deux croix avec la titulature « CARLUS REX FR ». Revers : monogramme carolin et la titulature « + AGINNO » pour le lieu de l'atelierAgen (avant 800).
Charlemagne abandonne la frappe de l'or devenu trop rare en Occident pour pouvoir alimenter les ateliers monétaires. Il n'y eut plus dès lors que desmonnaies d'argent. Son homogénéisation en 781 par Charlemagne, est un progrès énorme. Le rapport qu'il fixe entre les monnaies est resté en usage dans toute l'Europe jusqu'à l'adoption du système métrique et enGrande-Bretagne jusqu'en 1971. L’unité en est lalivre, divisée en20sous comprenant chacun 12 deniers. Seuls les deniers sont des monnaies réelles : le sou et la livre ne servent que comme monnaies de compte, et il devait en être ainsi jusqu'aux réformes monétaires duXIIIe siècle[111]. Le denier d'argent, monnaie unique de l'Empire carolingien, est le modèle direct ou indirect du monnayage occidental produit duIXe auXIIIe siècle[112].
Les Carolingiens ont pris d'autres mesures pour favoriser le commerce : ils entretiennent lesroutes, favorisent lesfoires[113]. Cependant, ce commerce est encadré : les prix sont fixés depuis 794 (capitulaire de Francfort), l'exportation des armes est prohibée.
Ce qui restait de l'impôt romain a disparu à la fin de l'époque mérovingienne ou s'est transformé en redevances usurpées par les grands. Deux sources alimentent encore le trésor impérial : l'une intermittente et capricieuse : le butin de guerre ; l'autre permanente et régulière : le revenu des domaines appartenant à la dynastie. Cette dernière seule est susceptible de fournir aux besoins courants les ressources nécessaires. Charles s'en est occupé avec soin et lecapitulaire De Villis prouve, par la minutie de ses détails, l'importance qu'il attachait à la bonne administration de ses terres. Mais ce qu'elles lui rapportaient, c'étaient des prestations en nature, tout juste suffisantes au ravitaillement de la Cour. À vrai dire, l'Empire carolingien n'a pas definances publiques et il suffit de constater ce fait pour apprécier à quel point son organisation est rudimentaire si on la compare à celle de l'Empire byzantin et duCalifat abbasside avec leurs impôts levés en argent, leur contrôle financier et leur centralisation fiscale pourvoyant aux traitements des fonctionnaires, aux travaux publics, à l'entretien de l'armée et de la flotte[114].
Transformations de la société rurale et féodalité
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
À partir de 800, les campagnes militaires se font plus rares et le modèle économique franc basé sur la guerre cesse d'être viable. Il repose sur une main-d'œuvre alternativement combattante ou servile où l'agriculture est encore largement inspirée du modèleantique esclavagiste. Mais cesesclaves ont une productivité faible, car non seulement ils ne sont pas intéressés aux résultats de leur travail, mais ils sont coûteux en saison morte. En période de paix, nombreux sont les hommes libres qui choisissent de poser les armes pour le travail de la terre, plus rentable. Ceux-ci confient leur sécurité à un protecteur, contre ravitaillement de ses troupes ou de sa maison. Certains arrivent à conserver leur indépendance, mais la plupart cèdent leur terre à leur protecteur, et deviennent exploitants d'unetenure (oumanse), pour le compte de ce dernier[115].
Inversement, les esclaves sont émancipés enserfs, dépendants d'un seigneur auxquels ils versent une redevance et deviennent plus rentables. Cette évolution se fait d'autant mieux que l'Église condamne l'esclavagisme entre chrétiens. La différence entre paysans libres et ceux qui ne le sont pas s'atténue.
Les lettrés du temps utilisent le termerenovatio pour qualifier lemouvement de renouveau en Occident qui caractérise la période carolingienne, après deux siècles de déclin.
Depuis la chute de l'Empire romain, en 476, les roisOstrogoths, fortementromanisés, respectent le patrimoine culturel latin et s'entourent de lettrés tels queCassiodore ouBoèce. De plus, dès 535, l'empereur romain d'OrientJustinienreconquiert l'Italie.
Dans l'Italie byzantine des lettrés, telsCassiodore, préservent et enrichissent les connaissances qui sont conservées dans les bibliothèques italiennes depuis la chute de l'Empire romain. AuVIIIe siècle, l'Italie byzantine est soumise à la pression desLombards, qui profitent du fait que les Romains d'Orient, accaparés par leur lutte contre les musulmans en Asie, ne peuvent plus protéger l'Italie. Rome s'affranchit alors de la tutelle impériale et des tensions apparaissent entre Rome et Byzance particulièrement durant le premiericonoclasme et laquerelle des images. De nombreuxartistes etlettrés byzantins s'installent à Rome où l'art se développe rapidement. L'exarchat de Ravenne tombe aux mains des Lombards seulement en 751 : ils administrent l'Italie du Nord, mais ne détruisent pas plus le patrimoine culturel que ne l'ont fait avant eux lesOstrogoths. La papauté apporte son soutien à la constitution d'un empire d'Occident capable de la défendre à la fois contre lesLombards et lesautorités impériales d'Orient. Dès 774, Charlemagne vainc les Lombards et prend ainsi le contrôle de l'Italie du Nord et de son précieux patrimoine culturel.
Depuis leVIe siècle, lemonachisme est très fortement développé enIrlande et enNorthumbrie. Les monastères irlandais conservent les connaissances latines et grecques, et sont le siège d'une vie intellectuelle intense. Les invasions conduites par les Vikings font venir desîles Britanniques des érudits qui contribuent, avec l'instauration de la règle desaint Benoît d'Aniane, à l'essor de la vie monastique dans le royaume carolingien.
Cette poussée monastique et la facilitation de l'écriture aboutissent à un meilleur partage des connaissances. Ainsi, de nombreux érudits de toute l'Europe viennent à la cour de Charlemagne et, en y partageant leurs connaissances, déclenchent la renaissance carolingienne. Parmi ceux-ci, on compte :
Alcuin, arrivé d’Angleterre en 782, est l’un des principaux conseillers de l’empereur. Il participe activement au renouveau biblique : labible d'Alcuin est l’un des plus anciensmanuscrits d’Occident. Il institue àAix-la-Chapelle une école palatine pour former les futures élites laïques et religieuses. Il met en place un vaste programme d'éducation reprenant la structure dessept arts libéraux deMartianus Capella,Cassiodore,Boèce, transmise parBède le Vénérable[116] ;
Théodulf,Wisigoth (originaire de l’actuelle Espagne), poète, théologien, s’oppose à Constantinople sur la question de l’iconoclasme ;
Benoît d'Aniane qui instaure une réforme religieuse en Aquitaine, puis unifie laliturgie en 817, forme des centaines de moines qui vont essaimer dans tout l'empire répandant la règle bénédictine ;
Éginhard, historien et biographe de Charlemagne (voir ci-dessous) ;
Charlemagne développe l’utilisation de l’écrit comme moyen de diffusion de la connaissance (particulièrement l’usage de la langue latine) et promeut la poésie dans sonAcadémie palatine[57]. Il pousse également les évêques à améliorer l'instruction des clercs et, secondé par Alcuin, impose aux écoles cathédrales et monastiques le souci des règles exactes du chant. L'étude des livres saints et des lettres antiques sont remises à l'honneur et dans les écoles se forme une génération de clercs qui professe pour la barbarie du latin mérovingien le même mépris que leshumanistes devaient témoigner, sept siècles plus tard, au jargon scolastique. Cela étant, larenaissance carolingienne est aux antipodes de laRenaissance proprement dite. Entre elles, il n'y a en commun qu'un renouveau de l'activité intellectuelle. La Renaissance, purement laïque, retourne à la pensée antique pour s'en inspirer. La renaissance carolingienne, exclusivement ecclésiastique et chrétienne, voit surtout dans les anciens des modèles de style. Pour elle, l'étude ne se justifie qu'à des fins religieuses et les clercs carolingiens n'écrivent qu'à la gloire de Dieu[117]. Le biographeThégan note qu'à la veille de sa mort, Charlemagne lui-même corrigeait le texte des Évangiles avec l'aide de Grecs et de Syriens présents à sa cour[118].
Lesscriptoria se développent dans les abbayes carolingiennes : Saint-Martin de Tours, Corbie, Saint-Riquier, etc. Le succès de ces ateliers de copiage est rendu possible grâce à l’invention d’une nouvelle écriture, laMinuscule caroline, qui gagne en lisibilité, car les mots sont séparés les uns des autres, et les lettres mieux formées. L’Évangile de Godescalc, unévangéliaire écrit par un scribe franc entre 781 et 783 sur ordre de Charlemagne, est le premier exemple daté d’écriture minuscule caroline.
Charles n'a pas uniquement favorisé les études par sollicitude pour l’Église ; le souci du gouvernement a contribué aussi aux mesures qu'il a prises dans leur intérêt. Depuis que l'instruction laïque avait disparu, l’État devait forcément recruter parmi les clercs l'élite de son personnel. Déjà sousPépin le Bref, la chancellerie ne se compose plus que d'ecclésiastiques et l'on peut croire que Charles, en ordonnant de perfectionner l'enseignement de la grammaire et de réformer l'écriture, a eu tout autant en vue la correction linguistique desdiplômes expédiés en son nom ou descapitulaires promulgués par lui, que celle desmissels etantiphonaires. Mais il a été plus loin et visé plus haut. Charlemagne désirait également faire pénétrer l'instruction parmi les fonctionnaires laïcs en les mettant à l'école de l'Église. De même que lesMérovingiens avaient cherché à calquer leur administration sur l'administration romaine, il a voulu imiter dans la mesure du possible, pour la formation des agents de l’État, les méthodes employées par l’Église pour la formation du clergé. Son idéal a sans doute été d'organiser l'Empire sur le modèle de l’Église, c'est-à-dire de le pourvoir d'un personnel d'hommes instruits, éduqués de la même façon, se servant entre eux et avec le souverain de la langue latine qui, de l'Elbe auxPyrénées, servirait de langue administrative comme elle servait déjà de langue religieuse. Il était effectivement impossible de maintenir l'unité d'administration de son immense empire où se parlaient tant de dialectes, au moyen de fonctionnaires illettrés et ne connaissant que la langue de leur province. L'inconvénient n'eût pas existé dans un État national où la langue vulgaire eût pu devenir, comme dans les petits royaumes anglo-saxons, la langue de l’État. Mais dans cette bigarrure de peuples qu'était l'Empire, l'organisation politique devait revêtir le même caractère universel que l'organisation religieuse et s'imposer également à tous ses sujets, de même que l’Église embrassait également tous les croyants. L'alliance intime de l’Église et de l’État achevait de recommander lelatin comme langue de l'administration laïque. Il ne pouvait y avoir, en dehors de lui, aucune administration écrite. Les besoins de l’État l'imposaient : il devint, pour des siècles, la langue de la politique et de la science[119].
769 : révolte de l'Aquitaine qui se soumettra après la menace faite auxVascons qui lui livrera le duc rebelle. L'Aquitaine fera partie du royaume de Charlemagne.
Hugues (802-844), archichancelier de Louis le Pieux
vers 806
Adalinde (épouse)
Thierry ou Théodoric (807-après 818), clerc
La distinction entre épouses et concubines légitimes et officielles est parfois difficile à établir. Les historiens recensent cinq ou six épouses, voire« neuf femmes ou concubines, d’autres amours moins relevées et moins durables, une multitude de bâtards, les mœurs licencieuses de ses filles qu’il semble avoir trop aimées »[120]. On ne peut pas dire qu'il pratiquait la polygamie, interdite chez les Francs, mais plutôt unemonogamie sérielle et des mariages afin de nouer des alliances, notamment avec des aristocrates francs de l'Est, pour mieux les tenir, certains aristocrates deFranconie ayant mal accepté l'usurpation dePépin le Bref vis-à-vis deChildéric III[121].
Éginhard évoque les rumeurs d'incestes de Charlemagne envers ses filles qu'il« ne voulut en donner aucune en mariage, ni à un homme de chez lui, ni à un étranger, mais il les retint toutes chez lui, auprès de lui, jusqu'à sa mort, disant qu'il ne pouvait pas se passer de leur compagnie. Mais pour cette raison, lui qui fut comblé par ailleurs eut à subir la malignité d'un sort contraire : il n'en laissa cependant rien paraître et fit comme si, à leur sujet, aucun soupçon d'inceste n'avait jamais vu le jour, comme si aucune rumeur ne s'était répandue »[122]. Cette rumeur de l'inceste - fréquente au Moyen Âge - est un mythe né du fait que Charlemagne ne voulait pas marier officiellement ses filles à des aristocrates ou à desvassaux qui pourraient diluer son héritage ou acquérir un trop grand pouvoir[123]. En revanche, il laissa plusieurs d'entre elles nouer des unions illégitimes, mais quasiment officielles, leurs amants pouvant même officier à la Cour, telAngilbert qui vécut deux ans avec Berthe et avec qui il eut deux enfants. Charlemagne lui aurait d'ailleurs fait épouser sa fille en secret[124].
Le vrai nom de Charlemagne estKarl, transcrit en latinCarolus (latin classique) ouKarolus (usage de la chancellerie franque, des monétaires, etc.).
Ce nom deKarl vient du mot, envieux haut-allemand,karal, qui signifie « homme » (de sexe masculin)[n 9].
Charlemagne est la transcription française deCarolus Magnus (« Charles le Grand »). Dès l'époque de Charlemagne, on trouve dans certains textesKarolus suivi demagnus, mais ce dernier en position d'adjectif par rapport à un autre nom :Karolus magnus rex Francorum (« Charles, grand roi des Francs »),Karolus magnus imperator (« Charles, grand empereur »). L'utilisation deCarolus Magnus tout court est une dénomination littéraire dont le premier exemple se trouve dans un texte de Nithard (vers 840), donc plusieurs décennies après la mort de l'intéressé. Cette épithète se généralise progressivement dans les documents de laChancellerie apostolique[65].
DansLaChanson de Roland[125], enancien français, l'empereur est nommé de différentes façons[n 10] :Carles (vers 1) ouCharles (28, vers 370),Carles li magnes (68, vers 841) ouCharles li magnes (93, vers 1195), traductions deCarolus magnus, mais aussiCarlemagnes (33, vers 430) ouCharlemaignes (138, vers 1842). L'adjectifgrant est fréquent dans laChanson de Roland, mais n'est pas utilisé pour nommer l'empereur. Par la suite, c'est la forme contractée qui s'est imposée : la formule « Charles le Grand » est rare dans l'usage actuel, contrairement à ce qu'on a en allemand (Karl der Große).
En ce qui concerne le nom de son frère Carloman, c'est une transcription française deKarlmann, dans lequelmann signifie aussi « homme » ; le « -man » de Carloman n’a donc pas de rapport avec le « -magne » de Charlemagne.
Par ailleurs, de même qu'enallemand et dans d'autres langues, « César » est devenu synonyme d'empereur (kaiser,tsar), le nom de Charlemagne, sous la formeKarl ouKarolus, a pris enhongrois (király)[126], dans leslangues slaves[127] (король (« korol ») en russe,král en tchèque,król en polonais,kralj en croate, etc.) et dans leslangues baltes (karalius pour le lituanien etkaralis pour le letton[128]) la signification deroi.
Les historiensBruno Dumézil et Martin Gravel le considèrent commeillettré, mais pasanalphabète : les diplômes royaux émis par l'empereur ne comportent en effet aucunesouscription manuscrite,Éginhard suggère aussi qu'il n'a jamais su écrire (présentant la vie de l'empereur sous le jour qui lui semble le plus flatteur, l'auteur de la première biographie de Charlemagne n'aurait certainement pas hésité à le mentionner), disant juste de lui qu'il s'essayait à la lecture[121]. Afin de lui permettre de signer autrement que d’une simple croix, Éginhard lui apprend à tracer ce signe simple, unmonogramme, qui contient toutes les lettres de son nom en latinKarolus. Les consonnes sont sur les branches de la croix, les voyelles contenues dans le losange central (A en haut,O est le losange,U est la moitié inférieure). Il y a cependant encore débat pour savoir si Charlemagne est vraiment l'auteur de son monogramme, seule la portion centrale serait écrite par lui-même, les autres lettres seraient l'œuvre d'un secrétaire[121].
En revanche, Charlemagne a appris à lire tardivement. Sa langue maternelle est lefrancique rhénan ; il parle couramment lelatin et legrec[121].
Résidences de Charlemagne
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Au début de son règne, Charlemagne n’a pas de lieu de résidence fixe ; c'est unempereur itinérant. Il se déplace avec sa cour devilla en villa comme celles deMetz ou deThionville où il rédigera un premier testament en 805.
À partir de 790, l'empereur réside le plus souvent àAix-la-Chapelle qui devient capitale de l'Empire carolingien.
« Il était fortement construit, robuste et de stature considérable, bien que non exceptionnelle, puisque sa hauteur était de sept fois la longueur de son pied. Il avait une tête ronde, vaste et vivante, un nez légèrement plus grand que d'habitude, des cheveux blancs mais toujours attrayant, une expression claire et gaie, un cou court et gras, et il jouissait d'une bonne santé, sauf pour les fièvres qui l'ont affecté dans les dernières années de sa vie. Vers la fin, il a traîné une jambe. Même alors, il a obstinément fait ce qu'il voulait et a refusé d'écouter les médecins, en effet, il les détestait, parce qu'ils voulaient le convaincre d'arrêter de manger de la viande rôtie, comme à son habitude, et se contenter de viande bouillie. »
Le portrait physique dépeint par Éginhard est rapproché de certaines représentations peu ou prou contemporaines de l'empereur.
En outre, unestatuette équestre en bronze, dite de Charlemagne, représente un empereur carolingien, probablement Charlemagne ou son petit-filsCharles le Chauve[130], comme un « nouveau César ». Le cavalier tient dans sa main gauche unglobe (symbole de l’universalité de l’empire sur lequel il règne), et dans la main droite, aujourd'hui vide, vraisemblablement son épéeJoyeuse[n 11]. Cette sculpture de 20 cm reprend les modèles antiques (tunique courte, manteau de typechlamyde àfibule saillante, statue équestre typique de l'iconographie romaine, s'inspirant notamment de lastatue équestre de Marc Aurèle), mais aussi la mode franque (chausses avec bandes molletières, souliers ornés de bijoux quadrilobes, couronne à bandeaugemmé). Selon l'historienne de l'artDanielle Gaborit-Chopin, l'apparence de l'empereur carolingien moustachu de la statuette coïncide remarquablement avec le profil de Charlemagne figurant dans le denier frappé à Mayence vers 812-814[131].
L'historienJean Favier précise que l'historiographie de Charlemagne ne commence qu'auXVIIe siècle[134] avec en 1677 la première publication des capitulaires par le bibliothécaire royalÉtienne Baluze et à la même époque son évocation dans leDiscours sur l'histoire universelle deBossuet[135], lequel connaissait le texte d'Eginhard qui n'était pas encore imprimé[136].
On peut remarquer que ces textes avaient déjà été imprimés et traduits plusieurs fois avant 1677, et que l'intérêt pour l'histoire de sa vie est plus ancien : laVita Karoli Magni d'Eginhart est imprimée àCologne en 1521, àUtrecht en 1711 ; la fausse chronique romancéeDe Vite Caroli et Rolandi, attribuée au moine Jean Turpin et pleine d'épisodes inventés, est publiée à Paris, d'abord sans date, puis en 1527, puis à Lyon en 1583. Le recueil de ses capitulaires est publié àIngolstadt en 1548, avec des notes d'Amerbach, et la même année à Paris, mais avec des retranchements, par Jean du Tillet,évêque de Meaux, édition terminée en 1588 parPierre Pithou, avec des notes de François Pithou. Des éditions complètes paraissent en 1603 et 1620, cette dernière avec la publicationin-folio de la carte de l'empire de Charlemagne par P. Bertius[137]. Sa fête avait été fixée le par le roiLouis XI[137], en 1661 l'Université de Paris l'avait choisi comme saint patron[137], et la même année,Louis XIV consacre à Charlemagne un paragraphe desMémoires pour l'instruction du Dauphin, montrant qu'il le connaissait assez bien sous certains aspects[138].
Portrait imaginaire de Charlemagne, parAlbrecht Dürer. Le manteau et les blasons au-dessus de sa tête montrent l'aigle allemand et le lys français.
La dynastie saxonne se rattache symboliquement à Charlemagne à travers le choix d'Aix-la-Chapelle comme lieu de couronnement royal parOtton Ier. En 962, il est couronné empereur à Rome, mais ses successeurs le sont à Aix-la-Chapelle jusqu'àFerdinand Ier en 1536. Pour ce couronnement, est utilisée une« couronne de Charlemagne » dont l'intéressé est souvent doté sur des représentations ultérieures.
Don deCharles IV en 1349, il contient la calotte crânienne de l'empereur[144].
En 1165, dans le cadre des conflits entre la papauté et l'empire,Frédéric Barberousse[145] et l'antipapePascal III procèdent à la canonisation de Charlemagne[146]. La cérémonie religieuse d'élévation des ossements de Charlemagne parRenaud de Dassel, archevêque de Cologne etAlexandre II, évêque de Liège[147] a lieu le, en présence d'une nombreuse assistance. Ils sont placés dans unechâsse provisoire, remplacée par une autre plus précieuse aux alentours de 1200.
L’Église catholique préfère ne pas le compter au nombre des saints, en raison de la conversion des Saxons par la violence ; mais son titre debienheureux est toléré (et donc son culte) par le papeBenoît XIV[149].
Charlemagne est entré dans l’ordo (calendrier liturgique) de plusieurs diocèses situés dans la région d'Aix-la-Chapelle, où ses ossements sont encore exposés à la vénération des fidèles. Sa fête est fixée au, anniversaire de sa mort.
La dynastie des Capétiens a aussi cherché à se rattacher à Charlemagne par des mariages dans la famille des comtes deVermandois, lesHerbertiens, descendants dePépin d'Italie, fils de Louis le Pieux, en particulier celui du grand-père d'Hugues Capet avec Béatrice de Vermandois.
Lors du couronnement des rois de France, sont aussi utilisés des objets dits de Charlemagne : l'épéeJoyeuse, des éperons d'or. Ces objets, ainsi que son échiquier personnel en ivoire, font partie du trésor des rois de France, conservé dans labasilique Saint-Denis jusqu'en 1793. Ils se trouvent actuellement aumusée du Louvre (galerieRichelieu)[150], sauf l'échiquier (perdu).
Charlemagne est quasi totalement ignoré par la Révolution française, comme le montre le comportement des autorités après la conquête d'Aix-la-Chapelle en 1794. Quelques objets précieux sont ramenés à Paris, mais rien de particulier n'est fait autour.
Charlemagne félicite l'élève méritant et sermonne l'élève paresseux. Gravure d'aprèsKarl von Blaas,XIXe siècle.
D'après Jacques Le Goff,« On a exagéré en faisant de Charlemagne unJules Ferry avant la lettre allant encourager les élèves dans les écoles. Ces écoles, créées ou développées par Charlemagne, s'adressaient surtout au fils de l'aristocratie[152]. »Les liens établis entre Charlemagne et l'école sont anciens, notamment en France.
page 83 (début du chapitre « Les Carolingiens ») : deux vignettes (Roland à Roncevaux, Charlemagne, barbu, séparant les bons des mauvais élèves) ;
page 91 (paragraphe 8 : « Charlemagne veut qu'on soit instruit ») :Les rois Francs ne s'étaient pas occupés de l'instruction de leurs sujets. Il n'en fut pas de même pour Charlemagne. Il fonda des écoles, dans lesquelles les moines instruisaient les enfants des pauvres comme ceux des riches. Il y en avait même une dans le palais de l'Empereur, qui aimait à la visiter souvent pour gronder les paresseux et récompenser les travailleurs.
Dans ce contexte, on peut comprendre la chansonSacré Charlemagne[n 12] interprétée parFrance Gall dans les années 1960, même si Charlemagne n'a pasinventé l'école. L'enseignement existait bien avant lui[154].
Certes, de son vivant, plusieurs textes lui attribuent le titre de « tête de l'Europe » ; mais il s'agit plus d'un hommage, d'une expression de l'imaginaire, que de réalités historiques. L'Europe de Charlemagne est une Europe restreinte du point de vue territoriale[155].
L'héritage de Charlemagne est l'ébauche d'une unification juridique et monastique[156].
La figure de Charlemagne a été utilisée pour défendre de nombreuses causes tout à fait opposées.
La figure de Charlemagne est idéalisée dans la culture médiévale, notamment au travers deschansons de geste, dans lesquelles il fait partie desNeuf Preux.
La légende carolingienne est au Moyen Âge l'une des sources les plus importantes de la littérature en langue vulgaire. C'est d'elle que sort directement le plus ancien poème épique français :LaChanson de Roland. Et elle inspire encore, en pleine Renaissance,L'Arioste, dans sonOrlando furioso.
Époque carolingienne
Éginhard, dansLe couronnement de Charlemagne. Chroniqueur franc, ami et conseiller de Charlemagne, Éginhard a écrit sur lui une biographie plutôt élogieuse. En voici un extrait :
« Venant à Rome pour rétablir la situation de l’Église, qui avait été fort compromise, il y passa toute la saison hivernale. Et, à cette époque, il reçut le titre d’empereur et d’auguste. Il y fut d’abord si opposé qu’il s’affirmait ce jour-là, bien que ce fut celui de la fête majeure, qu’il ne serait pas entré dans l’église, s’il avait pu savoir à l’avance le dessein du pontife. »
Chansons de geste
L'une d'une chaîne de légendes du Pays de Galles moyen sur Charlemagne : Ystorya de Carolo Magno du Livre rouge d'Hergest (Jesus College, Oxford, MS 111),14e siècle.
Le personnage de Charlemagne apparaît dans plusieurschansons de geste, dont la plus connue est laChanson de Roland. Ces poèmes ont été regroupés dès le Moyen Âge dans un cycle (ou « geste ») appelécycle du Roi.
Dans laChanson de Roland, Charlemagne apparaît comme un patriarche :…Carlemagne qui est canuz et vielz (chenu et vieux) (41, vers 538),Carles li velz a la barbe flurie (77, vers 970).
Saint-Just, dans lechantI de son poèmeOrgant, fait allusion à Charlemagne en ces termes :
« Il prit un jour envie à Charlemagne
De baptiser les Saxons mécréants : Adonc il s’arme, et se met en campagne, Suivi des Pairs et des Paladins francs. Monsieur le Magne eût mieux fait à mon sens De se damner que de sauver des gens, De s’enivrer au milieu des Lares, De caresser les Belles de son temps, Que parcourir maints rivages barbares,
Et pour le Ciel consumer son printemps. »
Honoré de Balzac, dansSur Catherine de Médicis : la reine met sur le compte des erreurs tactiques de Charlemagne, l'obligation où elle est de faire la guerre aux huguenots. Elle s'en réclame aussi pour justifier que les descendants de Charlemagne soient en droit de reprendre une couronne usurpée par les descendants deHugues Capet[161]
« Charlemagne se trompait en s'avançant vers le nord. Oui, la France est un corps dont le cœur se trouve au golfe du Lion, et dont les deux bras sont l'Espagne et l'Italie. On domine ainsi la Méditerranée qui est comme une corbeille où tombent les richesses de l'Orient[162]. »
Dans sa nouvelle « Thus we frustrate Charlemagne »[163], l’auteur américain de science-fictionRaphael Aloysius Lafferty montre des scientifiques — qui maîtrisent le voyage temporel — se livrer à des expériences, en modifiant l’issue de labataille de Roncevaux, en 778. Ce qui aboutit à transformer à plusieurs reprises leur présent (ce dont ils n’ont du reste pas conscience) et crée finalement desuchronies.
Contrairement à la grande majorité des représentations artistiques, qui datent souvent duXIXe siècle, Charlemagne n'avait pas de barbe (les Francs se rasant le menton) mais une moustache. L'expression le désignant comme étant l'empereur à la barbe fleurie et qui apparaît dansLaChanson de Roland peut s'expliquer par le fait que l'empereur, constamment en guerre (son règne ne sera marqué que par trois années de paix), était souvent mal rasé lors de ses campagnes[166]. Cette expression est surtout due au fait que le port de labarbe souligne la virilité et la dignité du souverain (ainsi l'iconographie de Charlemagne le montre traditionnellement imberbe avant son couronnement impérial) ou est un symbole de sagesse lorsqu'elle est blanche (l'iconographie de Charlemagne le montre avec une barbe de plus en plus grande, sa sagesse s'accroissant avec l'âge). Quant au terme « fleurie », il serait en fait une mauvaise traduction du terme « flori » qui signifieblanc enancien français[167].
Il est souvent vêtu de drapés à l'antique, ses représentations s'inspirant de laVita Caroli rédigée parÉginhard, qui a calqué sa biographie sur celle queSuétone a faite d’Auguste, le premierempereur romain, dans saVie des douze Césars. En réalité, il devait porter des vêtements cousus, un manteau teint de pourpre, et avoir une coupe de cheveux au bol et la longue moustache franche[168].
La vie de Charlemagne est antérieure à l'apparition de l'héraldique, mais sa notoriété lui a valu l'attribution d'armes qui, du fait de l'anachronisme, relèvent desarmoiries imaginaires. À Charlemagne, empereur d'Occident et roi des Francs, on attribue naturellement un parti d'Empire (aigle bicéphale) et de France (fleurs de lis). La première description de ces armes se trouve dans lesEnfances Ogier, composées vers 1275 parAdenet le Roi, ménestrel et poète à la cour desducs de Brabant. C'est avec la diffusion de la légende desNeuf Preux, apparue dansLesVœux du Paon, poème composé vers 1312 parJacques de Longuyon qu'elles ont connu un succès durable. Ces armes furent reproduites dans les chroniques et généalogies armoriées des dynasties se rattachant à Charlemagne, et sur les monuments élevés à la gloire de l'empereur et du saint, tant en Allemagne qu'en France, où s'est développé le culte de saint Charlemagne. Lors de la réception solennelle deCharles Quint parFrançois Ier, àParis, le, ces armes furent présentées comme le symbole du rapprochement entre le royaume de France et le Saint-Empire[170].
Hiérosme de Bara, dans son ouvrageLe Blason des Armoiries, le blasonne ainsi : « Party, le premier, moitié de l'Empire qui est d'or, à une demie aigle esployée de sable, membrée & diadesmée de gueulles ; le deuxiesme de France, qui est d'azur, semé de fleur de lys d'or »[171].
LejésuiteMarc Gilbert de Varennes(en) dansLe roy d'armes, donne d'autres armoiries imaginaires à Charlemagne. Il écrit que « Charlemagne Roy de France et Empereur d'Occident portoit d'azur, à un aigle éployé d'or, diadémé, langué, & armé de gueules, l'estomach chargé de l'escu de France, qui estoit d'azur, aux fleurs de lis sans nombre, d'or : & telles armes furent portées par les empereurs François ses descendants, iusques à ce que ceux de lamaison de Saxe usurpèrent l'Empire sur les François, car alors ils changèrent les émaux anciens de l'Empire, & prirent le métal, & la couleur des armes de leurOthon, surnommé le grand, qui portoit selon sa naissance, fascé d'or, & de sable de six pièces, blasonnant les armes de l'Empire, d'or & de sable, armé, lampassé, & couronné d'un diadème de gueules[172]. » On suppose que c'est en partie de ce blasonnement donné pour Charlemagne queNapoléon s'inspira pour définir les armoiries de l'Empire Français dans le décret du 21 messidor An XII (10 juillet 1804)[173].
Armoiries imaginaires de Charlemagne d'aprèsLe Blason des Armoiries de Jérôme de Bara (version en couleurs de 1628).
Version duGrand armorial colorié, par Alexandre LeBlancq, ms. fr. 5232, Bibliothèque nationale de France.
Armoiries imaginaires de Charlemagne d'après les fresques duchâteau de la Manta.
Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne telles qu'on peut les voir dans Les écus armoriés des Neuf Preux. Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Fr. 18651, fol. 1r. (BnF, Paris).
Armoiries de Charlemagne d'après le jésuite Marc Gilbert de Varennes dans Le roy d'armes.
En France, un grand nombre de rues, d'associations culturelles, de bâtiments communaux, d'entreprises, d'établissements scolaires utilisent le nom de Charlemagne et de ses ancêtres. Aux Pays-Bas et en Belgique néerlandophone, on trouve plusieursKarel de Grotestraat. En revanche, l'usage toponymique deKarl der Große est assez rare dans les pays germanophones : uneKarl-der-Große-Straße àBarum-St. Dionys (Basse-Saxe, district deLunebourg). ÀZurich unZentrum Karl der Grosse (graphie suisse avec deuxs) sert comme plateforme pour le discours politique et sociétal.
On retrouve aussi dans l'espace public différentes statues ou autres œuvres d'art :
Vitrail dans le salon d'honneur de la gare de Metz.
Charles Bayet, « Charlemagne », dansLa Grande Encyclopédie, Paris, 1885-1902,tomeX.
Louis Halphen,Charlemagne et l'Empire carolingien, Paris, Albin Michel, collection « Bibliothèque de l'évolution de l'humanité », 1947,550 pages (réédition : 1968 : Albin Michel, même collection en format de poche,508 p. ; 1995 : même éditeur, fac-similé de l'édition 1947).
Arthur Kleinclausz,Charlemagne, Paris, Hachette, 1934 (réédition : Tallandier, 1977, préface de Régine Pernoud ; 2005),565 pages(ISBN2-84734-212-5).
Jules Michelet,Histoire de France 1, La Gaule, Les invasions, Charlemagne,Sainte-Marguerite-sur-Mer (Seine-Maritime), Éditions des Équateurs, rééd. 2008,461 pages.
Robert-Henri Bautier, « La campagne de Charlemagne en Espagne (778) : la réalité historique »,Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne,no 135, 1979,p. 1-5.
(en)François Louis Ganshof, « Charlemagne's Army », dans Bryce and Mary Lyon (dir.),Frankish institutions under Charlemagne, Providence, Brown University Press, 1968,XVI-191 p.
Louis Carolus-Barré, « Les armes de Charlemagne dans l'héraldique et l'iconographie médiévales », dansMémorial d'un voyage d'études de la Société Nationale des Antiquaires de France en Rhénanie, 1953,p. 289-308.
Danielle Gaborit-Chopin,Regalia. Les instruments du sacre des rois de France : les « Honneurs de Charlemagne », Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1987.
JacquesMonfrin, « La figure de Charlemagne dans l'historiographie duXVe siècle »,Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1964-1965,p. 67-78(JSTOR23406629).
Jean Marcel,La Chanson de Roland, Métamorphoses du texte, Essai d’analyse différentielle des sept versions,Orléans, Éditions Paradigme, 2014, 112 p. et tableaux synoptiques,présentation en ligne.
↑La francisation deCarolus Magnus fut sujette à plusieurs orthographes :
Charles-Magne ;
Charles-magne (sans majuscule) ;
Charles Magne (sans tiret) ;
Charlesmagne (avec uns).
↑Pépin et Berthe ne sont pas « roi et reine », Pépin étant alors maire du palais.
↑Karl Ferdinand Werner en 1973, dans un article consacré à ce sujet[25] ; Pierre Riché en 1983[26], récusant catégoriquement, sans argumentation, la date de 742 et« la bâtardise de Charlemagne »[27] ; Geneviève Bührer-Thierry en 2001[28], sans argumentation ; Stéphane Lebecq[29].
↑Arthur Kleinclausz en 1934 :« avec quelque vraisemblance, l'an 742, le »[35] ; Jean Favier en 1999[36], après argumentation ; Georges Minois en 2010[22], après argumentation ; Renée Mussot-Goulard[37], sans argumentation.
↑Dictionnaire du Moyen Âge : probablement le 2 avril 748. Encyclopedia universalis, 1977 : en 742, peut-être le 2 avril. Dictionnaire Essentiel, Hachette, 1992 : 742. Petit Larousse illustré, 1996 : 747. Le Petit Larousse compact, 2006,p. 1266 : 742 ou 747.
↑Vassus signifie jeune homme fort et a donné en français « vassal » en opposition àSenior qui signifie vieux et a donné « seigneur. »
↑Effigie mortuaire consistant en un mannequin de bois dont seules la tête et les mains sont en cire, le visage est réalisé d’après lemasque mortuaire.
↑Les Annales notent la mort d'Abul Abbas, en parallèle à celle de Rotrude un peu avant.
↑En suédois actuel,karl signifie toujours « homme ».
↑Dans ces exemples, le nom est aucas sujet, d'où la présence de « -s ».Cas régime :Carlun,Charlun,Carlemagne,Charlemaigne.
↑L’hypothèse d’un sceptre ou d’une lance, autres attributs de pouvoir, est également plausible.
↑« Qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école ? C'est ce sacré Charlemagne ! »
↑Jean Subrenat,Charlemagne et l'épopée romane, Librairie Droz,,p. 206.
↑École nationale des chartes (France). Société de l'École des chartes, Revue d'édition de la Bibliothèque de l'École des chartes (1864), Librairie Droz, 1855,[lire en ligne],p. 185-186.
↑Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique,Mémoires couronnés et autres mémoires, F. Hayez, 1861, vol. 11,[lire en ligne],p. 94.
↑Karl Ferdinand Werner, « Das Geburtsdatum Karls des Großen », dansFrancia 1, 1973,p. 115-157,[lire en ligne].
↑« At succedente æstate accito populi sui generali conventu, retulit eis sibi delatum rumorem, guod quædam Vasconum pars jam pridem in deditionem suspecta, nunc defectionem meditata, in rebellionem assurgeret, ad quórum reprimendam pervicaciam ire publica utilitas postularet ».Vita Hludovici Pii, 812. Jaime del Burgo,Historia de Navarra, la lucha por la libertad, Ediciones Giner, 1978,p. 259.
↑Superato autem pene difficili Pyrenæarum transitu Alpium, Pampalonam descendit: et in illis quam diu visum est moratus locis, ea quæ utilitati tam publicæ quam privatæ conducerent ordinavit.Vita Hludovici Pii, 812.
↑Henri Pirenne,Histoire de l'Europe. Des Invasions auXVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939,p. 50.
↑Henri Pirenne,Histoire de l'Europe. Des Invasions auXVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939,p. 48.
↑Henri Pirenne,Histoire de l'Europe. Des Invasions auXVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939,p. 48-49.
↑Henri Pirenne,Histoire de l'Europe. Des Invasions auXVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939,p. 51-52.
↑Dans la conception de la fonction impériale à Byzance, tant que lebasileus « sait lire les desseins de Dieu », il est légitime, peut tout faire dans les limites de la volonté divine, et ses victoires sont celles d’un soldat de Dieu. Mais s'il se trompe ou s'il perd, alors il est « aveugle face aux desseins de Dieu » : il n’a pas su voir la volonté divine et c’est pourquoi, plus d’une fois, les vaincus sont physiquementaveuglés : cf.: Alain Ducellier,Le Drame de Byzance : idéal et échec d'une société chrétienne, Hachette Littérature, collection Pluriel, 1998.(ISBN978-2012788480) (Critique de laRevue des études byzantines).
↑Abel Hugo,Les Tombeaux de Saint-Denis, ou description historique de cette abbaye célèbre, des monuments qui y sont renfermés et de son riche trésor, F.-M. Maurice,,p. 6.
↑Fernand de Mély, « Le tombeau de Charlemagne à Aix-la-Chapelle »,Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,vol. 59,no 5,,p. 343-345(lire en ligne).
↑Armelle Alduc-Le Bagousse,Inhumations de prestige ou prestige de l'inhumation ? Expressions du pouvoir dans l'au-delà,IVe et XVe siècles, Publications du CRAHM,,p. 281-287.
↑Jean Hubert, Jean Porcher, Wolfgang Fritz Volbach,L'Empire carolingien, Gallimard,,p. 356.
↑Henri Pirenne,Histoire de l'Europe. Des Invasions auXVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939,p. 46.
↑Georgică Grigoriţă, « L'autonomie ecclésiastique selon la legislation canonique actuelle de l'Église orthodoxe et de l'Église catholique : étude canonique comparative », Gregorian Biblical Bookshop, Rome, 2011,(ISBN978-88-7839-190-1),p. 62.
↑Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes…, publié sous la dir. de M. Michaud,tomeI,p. 698.
↑Édition utilisée ici :La Chanson de Roland, édition d'Alfons Hilka révisée par Gerhard Rohlfs, UGE, coll. 10/18, 1968.
↑Jean Favier, Françoise Baron,Les fastes du gothique : Le siècle de Charles, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux,, 461 p.(ISBN978-2-7118-0191-6).
↑Marc Gilbert de Varennes,Le roy d'armes ou L'art de bien former, charger, briser, timbrer, parer, expliquer, et blasonner les armoiries: Le tout enrichy de discours d'antiquitez, d'histoires, d'eloges, & d'vne grande quantité de blasons des armes de la pluspart des illustres maisons de l'Europe, & specialement de beaucoup de personnes de condition qui sont en France, Paris, 1635,p. 111-112.
↑Hervé Pinoteau,Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l’État français depuis la révolution de 1789, éditions PSR, 1998,p. 175.
↑Saranga Karen, « Charlemagne: le feuilleton »,L'Express,(lire en ligne).