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| Naissance | Rhône-Alpes |
|---|---|
| Décès | (à 82 ans) Saint-Étienne |
| Nationalité | |
| Activité | |
| Formation | Beaux-Arts de Clermont-Ferrand (1995) Master 2 de la Faculté d'arts plastiques de Saint-Étienne (1999) |
| Mouvement | |
| Conjoint | Gérard Fontvieille |
Chantal Fontvieille, née le 18 mars 1942 et morte le 3 février 2025 àSaint-Étienne, est une artisteplasticienne de la région Rhône-Alpes.
Diplômée des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand (1995) puis de lafaculté d'arts plastiques de Saint-Étienne (1999), elle exploite, à partir de ses années de formation, lescibles percées d’impacts.[réf. souhaitée]
Depuis les années 2000, ses installations sont présentes sur la scène artistique régionale (Art dans la ville,Biennale internationale du design de Saint-Étienne, Fête du livre, etc.) et au niveau national dans des lieux institutionnels tels que le réfectoire de l'abbaye Saint-Philibert de Tournus (2000),Les Subsistances à Lyon (2003), l'hôtel du département du Puy-en-Velay (2007), lecentre d'art contemporain La Halle des bouchers à Vienne (2022), lecouvent des Cordeliers de Châteauroux (2024).[réf. nécessaire]
C’est dans les stands de tir que l’artiste récupère sa matière première : cibles au rebut, usagées, de tous formats. Meurtrie, abîmée, froissée, la cible est une chair, un corps à deux faces que Chantal Fontvieille répare et réinvente. Dans ce motif, riche de significations, sont mis en tension: visée et impact, fragilité et cruauté, geste juste et abandon.[réf. souhaitée]
Objet archétypal, la cible est le matériau exclusif du travail de la plasticienne et son motif privilégié. Il s’agit, pour elle, de produire le plus de densité possible à cet objet cible et à l’impact: traits, hachures, grains photographiques, incisions degravure s’enchevêtrent pour donner à l’objet une épaisseur et un relief.[réf. nécessaire]
Dans son premier essai,Impacts sur cibles – du jeu balistique au jeu plastique (1998)[1] Chantal Fontvieille traitant des représentations de la cible dans l’Histoire de l'art, analyse les conditions du « geste juste » aussi bien chez le tireur à l’arc (zen) que chez le plasticien. L’œuvre naît, pour l’artiste, d’ une confrontation « entre la stratégie de tir et le processus plastique, entre l’empreinte du gestebalistique (l’impact) et la tracegraphique (tache de peinture, de dessin, hachure, entaille, surpiqure au fil, coulées, etc.). »[source insuffisante]
Au tir à l’arc, l’archer, devenu maîtreZen, est capable de tirer au centre de la cible les yeux fermés. Il vise le cœur de la cible : un simple point. Mais pour atteindre le cœur de la cible, il doit en partie trouver cette« qualité d’abandon »[2][source insuffisante]et de lâcher-prise, évoquée par le philosophe allemandEugen Herrigel. Pour celui-ci, l'archer, afin d'atteindre le « geste juste », s’abstrait du contexte et intériorise l’objectif à atteindre. Selon le philosophe Eric Manguelin, le plasticien, à l’instar du maître zen, « devient cible et flèche »: il est mu tout à la fois, par« l’instinct, la sensualité de la matière et l’expérience de la couleur ». « L'improbable geste juste » que recherche Chantal Fontvieille repose sur une ligne de crête entre force et violence car « la violence est une force qui a dérapé; la force est une violence canalisée, stabilisée, maîtrisée[3]. »[source insuffisante]
De 1993 à l’été 2024, durant lequel Chantal Fontvieille participe à l’expositionCibles. Tirs. Impacts aucouvent des Cordeliers de Châteauroux[4][source insuffisante],en écho de l’événement desJeux olympiques en France[5][source insuffisante],la plasticienne a construit une œuvre qui est devenue, selon le critique d'art Joël Couve, « son biotope, son écosystème, un plan existentiel de création. » Le parcours de l’artiste, depuis une trentaine d’années, relève d’un « processus balistico-plastique qui jamais ne s’interrompt[6]. »[source insuffisante]Celui-ci place tantôt l’accent sur le geste (visée, traversée, réparation) tantôt sur sa trace (impacts, trouée, chair meurtrie, blessure). Tandis que le stand de tir et le corps visé se sont progressivement intégrés à l’œuvre, certains matériaux comme l’arbre et certaines œuvres d’histoire de l’art vont cheminer vers un devenir-cible.[réf. souhaitée]
Remontées sur le stand de tir de Grouchy, lors d’une installation éphémère (avril 1998), les cibles gravées oucorps-cibles permettent d’expérimenter la position, le point de vue, la perspective du tireur :« Le point de vue du spectateur, jouet de la perspective, se confondait alors avec celui du tireur. (J. Couve)[6] »

Pour la première fois sont exposés lescorps-cibles, transferts photographiques de corps sur cibles, cartonnées, impactées de balles.[réf. souhaitée]


CeSaint Sébastien au féminin est un hommage auSan Sebastian (1480) deMantegna. De manière emblématique, pour l'artiste, le corps, transféré sur une cible au verso, « se fait sacrifice du fait même qu’il est recouvert par les "blessures" du support : les impacts. » Est ainsi démontré que« le geste du tireur » parce qu’il « présuppose toujours une cible vivante, un corps[7] », contient une violence latente. LaFédération française de tir interdit formellement de tirer sur des cibles imprimées représentant un corps humain. Chantal Fontvieille, dans un geste de transgression, opère un recodage plastique du corps sur la cible pour manifester avec intensité la violence du tir.[source insuffisante]
Comme chezLéonard de Vinci, ainsi que l’explique Valentine Oncins, universitaire en Art, « tout est dans tout. Les lignes de notre corps se prolongent et fusionnent avec l’univers et avec l’infini. » Contre l’idée d’une séparation, cette « traversée organique et cosmique affirme la permanence organique du lien[9]. »
En 2000, lescorps-cibles sont installés dans un monument historique duXIIe siècle, le réfectoire de l’Abbaye Saint-Philibert de Tournus. Répondre à un lieu, à un espace empreint du passé et du présent, telle est la première visée de l’installation où se projette à plusieurs mètres de hauteur au fond de la salle, sous la large voûte, l’ombre des supports-cibles qui évoque ungibet. Sur les côtés du bâtiment, en résonance avec les colonnes de l'Abbaye, sont alignées de petites colonnes de carton surmontées decosmocibles. L’impact qui est blessure et déchirure rappelle que l’art n’est rien s’il n’est pas éprouvé selon la troisième dimension, la « dimension spirituelle » du regard et de la visée où spectateur et artiste se rencontrent et se questionnent sur la violence sociétale.[réf. souhaitée]
Gravées de cercles, transpercées avec des outils rudimentaires, les stèles donnent l’image d’une chair meurtrie. Selon Françoise Besson[11], commissaire de l’expositionLa chair et Dieu, cette expérience du regard « nous appelle à une mise en ordre, un inventaire serein des déchirures de la chair et de ses réparations qui sont déformations, étirements, réassemblements, œuvre patiente autant qu’exigeante, pour que la lumière puisse, partout toujours en nous, frayer sa voie[12]. »
L’expositionMise à vue propose un parcours artistique dans cet ancien hôpital, réhabilité parJean-Michel Willmotte. En cheminant du hall à la terrasse, des passerelles aux salles, selon un « art de la cible » qui soit « une pratique en prise directe avec la vie réelle », le visiteur est invité à se réapproprier le lieu. Ainsi, l’œuvreImpacts de lumière sur stèles, dressée sur l’esplanade, fait face au point culminant de la ville du Puy : lastatue de Notre-Dame de France.[réf. nécessaire]

Parmi les œuvres, une série de 7sérigraphies, intituléeLe Tir au Roy, fait référence aux compétitions de tir à l’arc qui se déroulent, pendant lesfêtes du Roi de l’Oiseau, au Puy-en-Velay.[réf. souhaitée]


Liages est le titre de la première exposition personnelle de Chantal Fontvieille, à la Galerie Françoise Besson à Lyon, qui évoque simultanément le « passage », le « lien » et la « réparation ». Quel que soit le support, « il s’agit toujours de passer à travers, pour maintenir un lien : passer à travers le carton et le plomb, laisser filtrer la lumière à travers l’obscurité des stèles, passer à travers le corps[14]», écrit Valentine Oncins. Et si le recto communique avec le verso du support cible c’est parce que « la réversibilité donne accès à une forme plus pure de visibilité[14]. » Comme le précise enfin Chantal Fontvieille, « le regard perçant va au-delà du factice de la surface des images. »[source insuffisante]
Ce titreLiages renvoie aussi auxlivres-objets. Des cibles de carton ou de plomb, que l’on peut tenir dans la main, sont enveloppées dans des couvertures defeutre protectrices dans un feuilleté de matières (plomb, carton, feutre, bois) exprimant le liage et la réparation. Marquées des mêmes empreintes balistiques, les petites cibles de plomb et de coton sont d’évidentesmétaphores de la chair meurtrie, sacrifiée à d’inutiles guerres, comme celle du grand-père tombé tout jeune encore dans les tranchées de laguerre de 1914. La cible « se pare » alors, pour reprendre les mots de l'universitaire Marie-France Grange, « de la brutalité de la matière. » Du carton à la pierre ou au béton en passant par le plomb, elle « porte avec dignité ses blessures et ses brisures[15]. »[source insuffisante]
Liages est aussi le titre qui renvoie aux multiples collaborations avec la plasticienne et designer A. Stella pour des livres, livrets, et œuvres murales. A. Stella offre aux gravures sur cibles de petits formats un écrin de carton blanc dont témoigne l’ensemble monumental desCent cibles sensibles, constitué de 4 groupements de 25 cibles, encadrées par A. Stella.[réf. souhaitée]

En 2010, dans la continuité de ce geste de « réparation », expression de Chantal Fontvieille, est créée la série desReliefs de cibles, le mot « reliefs » désignant à la fois des lambeaux et une forme sculpture.[réf. souhaitée]
Liages: ce sont encore les échanges et collaborations avec plasticien.nes, écrivain.es, et chercheur.ses.[réf. souhaitée]
Plusieurslivres d’artiste sont nés des collaborations de Chantal Fontvieille avec Jacquie Barral[10][source insuffisante] ou avec Max Marcuzzi ; en 2007, est réalisé un livre d’artiste d’œuvres originales et de textes de Marie-France et Marie-Christine Grange, intituléDe pierre, de plomb et de papier[16].
L’œuvre de Chantal Fontvieille a suscité l’intérêt et l’attention d’intellectuels qui ont souvent écrit sur elle. Entre 2004 et 2005, le philosophe Eric Manguelin avait fait paraître trois entretiens aux éditions Jean-Pierre Huguet[3]. Outre l’accompagnement de sa fille Agnès Fontvieille Cordani, l’artiste a reçu le soutien fidèle de l’historienne de l’art Valentine Oncins[14] et du philosophedeleuzien Joël Couve[6][source insuffisante].Fins connaisseurs de l’œuvre, ils ont contribué à l’analyse et à l’exploration de ses enjeux essentiels.[réf. souhaitée]
Entre 2010 et 2011, Chantal Fontvieille a fait « coulisser » (Joël Couve)[17], le corps deL’Ecce Homo du Caravage sur la cible officielle (police nationale, voir imageno 2). Cette confrontation entre une représentation connue de l’histoire de l’art et une cible ordinaire (qui, par exception, figure une personne) a donné naissance à l’installationMise en cible composée de 14 stations en noir et blanc sur plexiglas. Présentée à la Galerie Françoise Besson (Lyon, 2012) puis àDocks Art Fair (Lyon, 2014), cette œuvre fait référence dans la recherche de l’artiste sur la cible et le corps[18].[source insuffisante]
Si nous percevons que la mise en croix de l’Ecce Homo duCaravage et la cible, utilisée par lapolice nationale dans les stands de tir,« peuvent se superposer et se replier l’une sur l’autre », décrypte Joël Couve, « c’est en fonction d’une opération surprenante. En effet, sur le corps même du Christ outragé, bientôt sacrifié et cloué sur la croix, liant ensemble violence et sacré, Chantal Fontvieille prélève et isole la figure spécifique de l’homme en tant que cible. La cible serait ainsi le statut générique de notre condition humaine […][17]. »
C’est encore comme « évocationmétaphorique de l’homme par la représentation de sa mise en cible » queMise en cible retient l’attention de l’écrivain Bernard Collet, commissaire. DansLa Feuille de boucher qui accompagne l’exposition ducentre d'art contemporain La Halle des bouchers (2022) à Vienne, il écrit :
« Voici l’homme, semble nous dire l'oeuvre, dans toutes les composantes de sa force et de sa fragilité, dans sa condition d’homme pris au tir croisé de l’amour et de la haine, de la douleur et du désir, à la fois tyran et victime, corps souffrant et faisant souffrir, à la fois chasseur et chassé. 'Mise en cible reprend, en l’associant à la figure du tireur contemporain, l’iconographie d’un Christ-cible dans le célèbre tableauEcce homo probablement peint en 1605 par leCaravage. Elle pose ainsi la possibilité de nous y reconnaître[19]. »
Dans la série descosmo-cibles brodées, réalisées par l’artiste, en collaboration avec Christine Peyret, le liage se faitbroderie. Les cibles brodées, présentées àDrawing Now Art Fair (Carrousel du Louvre, Paris,7e édition, 2013) présentent une surface constellée d’impacts, suggérant une représentation du cosmos soulignée par la broderie.[réf. nécessaire]
Jusqu’en 2016, Chantal Fontvieille invente des dispositifs de cibles brodées dont l’installationTrajectoires est l’aboutissement avec la mise en perspective de cibles brodées traversées d’un rayon de laser rouge.[réf. souhaitée]

C’est à l’initiative de la galeriste Françoise Besson qui, pour les dix ans de sa galerie en 2014, organise l'exposition collectiveLe devenir arbre, que Chantal Fontvieille se met à travailler le matériau bois en 2013.[réf. souhaitée]
Un « quatuor cible-racines-bois-rouille » (Joel Couve) donne naissance aux séries desarbres-cibles et descibles-racines que l’artiste réunit dans une exposition qu’elle intituleraEntre arbre et cible, en 2016. La cible entre en contact avec le monde naturel. Sur la cible, écrit Joel Couve, « passent la terre et la nature, passe le flux du vivant. La cible, c’est le monde avec toute sa beauté et sa cruauté, avec les forces qui le composent et le déchirent[6]. »[source insuffisante]

L’arbre-cible travaille la cible parstrates et par phases, selon un protocole précis que décrit Valentine Oncins: « À l’atelier, Chantal Fontvieille entreprend la métamorphose de la cible. Elle creuse à lagouge des rondins de troncs d’arbre qui serviront àgaufrer les cibles. En creusant se découvre la vérité de l’arbre, sa vie en profondeur – tous les événements ou accidents qui ont marqué son parcours : coups de hache, sécheresses, croissances, maladies, rencontres… Puis le gaufrage sous presse éprouve la matière de la cible, lui ajoute forme, relief et déchirures, souligne et accroît sa dimension vulnérable… Legaufrage évoque le temps: temps de l’arbre, temps de la cible, notre propre temps de vie. Ce temps se fond dans l’espace[20]. »[source insuffisante]
Pour l’artiste, le support-cible devient un nouveau lieu où se superposent et se combinent toutes les strates de dégradation et de réparation de la matière, qui engagent le corps et le mental : impacts du tir, rouille du temps, gaufrage des cernes de vie de l'arbre.[réf. souhaitée]
Vu depuis ses racines, l’arbre offre un autre tracé : ouvert, singulier, résolument excentrique. Appartenant au monde caché dusous-sol, la racine permet à l’artiste d’approfondir une dimension présente dans tout son travail: la face cachée, la trajectoire résistante du vivant.[réf. souhaitée]

« Prendre quelque chose au rebut, précise Chantal Fontvieille lors du vernissage de l'exposition « … À travers… »[21] (galerie Françoise Besson) en 2020, c’est ne pas tout choisir, ce n’est pas avoir le plus beau papier, le plus beau bois, c’est s’adapter aux circonstances et essayer d’être le plus juste possible dans tous les choix qu’on fait ou dans les gestes qu’on fait, même sur le plan plastique, pas obligatoirement pour obtenir un résultat beau mais (pour) quelque chose qui correspond parfaitement à ce qu’on ressent[22]. »[source insuffisante]
Depuis la fin des années 2010, réduisant son vocabulaire artistique au strict minimum, l’artiste trempe ses cibles, à l’extérieur, dans différents bains de rouille qui déchirent et corrodent la matière. Par ce procédé, l’eau guide l’encre de Chine, la rouille ou lebrou de noix au travers des impacts, reliant recto et verso, grâce aux éclaboussures. La traversée du support est désormais moins associée à un liage, à un geste de réparation qu’au mouvement même de la vie. Selon Valentine Oncins, c’est là toute la dimension « paradoxale » d’une œuvre tendue « dans l’opposition entre le pouvoir magique accordé au hasard, au laisser faire de la matière et cette nécessité de le maîtriser, de le travailler comme un matériau pour réaliser des œuvres qui sont proches du flux, du mouvement, du passage, de la visée, du tir[23] ».[source insuffisante]
« Ma série …à travers… raconte une histoire naturelle, imprévisible, qui me fascine[24] », écrit l'artiste dans le texte accompagnant l’exposition « …À travers… ». Les cibles de tir à l’arc disent le passage du temps, l’œuvre des matériaux, la continuité de la vie dans sa déchirure continue.[source insuffisante]
Comme l’a analysé l’écrivaine Sophie Coste, ce qui importe donc, c’est moins la traversée triomphale de la flèche de l’archer que le fait d’être traversé : « C’est ici que l’intervention de Chantal Fontvieille rompt avec toute tradition antérieure, dans une approche toute neuve. Elle ne s’intéresse pas au triomphe du geste de traverser, que ce soit traverser la cible en plein centre, ou sortir indemne d’une zone périlleuse pour continuer sa route de l’autre côté, ou accéder à un inconnu placé au-delà de l’obstacle. Elle passe de l’autre côté, oui, mais seulement de l’autre côté de la cible, son envers, son verso. Il ne s’agit pas d’aller voir comment c’est plus loin, une fois qu’on a traversé, non, mais de voir ce que ça a fait sur l’objet traversé[25]. »[source insuffisante]
La sérieLes trop humains, présentée en 2020, lors de l’exposition…À travers… puis, en 2022, auCentre d’Art Contemporain La Halle des bouchers, à Vienne (38), résulte d’un travail patient de Chantal Fontvieille, avec la complicité d’Alban Bonnet. « Ce soin…ressemble, écrit Françoise Maillet-Le Roux, à un culte. Chantal Fontvieille retrouve les gestes qui purifient les restes et les sauvent de l’oubli. N’est-ce pas par ces gestes que se caractérise l’humanité ?»[26][source insuffisante]

Les bois-cibles évoquent à l’artiste des migrants, des personnes en difficulté. (Ils) « prennent la pose et nous regardent », écrit-elle dans la présentation de son installation. « Leurs cernes, pelés à vif, donnent l’image nue d’un tronc commun mais surtout ils dessinent le visage particulier de chacun d’entre nous, les effets du milieu et du temps qui a passé[24]. »[source insuffisante]
Mettre à nu chaque bois nécessite de prendre du temps, de prêter attention aux cernes de l’arbre, à tous ses accidents de parcours qui en font un être singulier, différent. À ce propos, Valentine Oncins citeVan Gogh : « L’art, c’est l’homme ajouté à la nature. » Chantal Fontvieille souligne par ses sculptures de bois des parcours de vie : « Ces bûches, "trop humaines", écrit Bernard Collet, montrent le déracinement, les coupures et la maltraitance de corps qui, même souffrants, parviennent en équilibre précaire à rester debout pour affronter notre regard[27]. »[source insuffisante]
Dans le filmLignes de vie, réalisé par le documentariste Alain Gonay, en 2023, sur Chantal Fontvieille, Valentine Oncins résume les directions et enjeux de l’œuvre : « Tenir la ligne de vie sur la crête entre défaillance et faille est un tour de grande force. Les mots retenus par Chantal Fontvieille "intensité, impact, blessure, trajectoire, cratère, ligne de faille" pour évoquer son travail, indiquent que toute œuvre est à la fois une mise à vif et une forme de résistance[23]. »[source insuffisante]
L’expositionLignes de faille[28] porte à l’évidence ce double principe de mise à vif et de résistance. Les œuvres illustrent la « fragilité », terme clé, mis en vedette par laBiennale d'art contemporain de Lyon (Manifesto of fragility). Elles apparaissent criblées d’impacts sous les tirs de Martin Jeantet (Dentelle d’impacts), de Fabrice Bourrigaud (Cratères) ou, le plus souvent, de tireurs anonymes. Explosés et béants, les impacts résonnent avec la violence sociétale.[source insuffisante]
Radicale est aussi la sérieLe tombeau vide, qui reprend le dialogue de l’artiste avec les représentations en histoire de l’art. Lediptyque est un hommage auChrist mort (1520) deHans Holbein le Jeune et à la fresque deFra Angelico,La Découverte du tombeau vide (vers 1440). Cette série révèle ce que le travail de l’artiste a « de miraculant dans ce sens où tout son travail sur la cible est un moyen de dépasser les blessures, les violences, la souffrance… sous la double condition du sacré et du profane[30]», commente Joël Couve.[source insuffisante]

L’expositionCibles. Tirs. Impacts., organisée par leMusée Bertrand de Châteauroux auCouvent des Cordeliers, déploiera, dans son titre, trois éléments fondateurs du vocabulaire plastique de l’œuvre de Chantal Fontvieille. Les sériesTrajectoires de cibles brodées,Puits de cibles, ainsi queStand de tir renouent avec la dimension de la visée présente dans le parcours artistique de l'artiste, et entrent en résonance avec les épreuves de tir se déroulant à Châteauroux, durant l’été 2024. L’artiste expose parmi d’autres plasticiens qui ont travaillé sur la cible : Marina Abramović & Ulay, Julien Audebert,Philippe Cognée, Gérard Deschamps,Noël Dolla, Richard Fauguet,Jacques Monory,Jean-Pierre Raynaud, Sylvie Réno,André Robillard,Niki de Saint Phalle, John Tremblay et Stéphane Vigny. À l’initiative de Philippe Piguet, peut ainsi s’affirmer un questionnement majeur qui aura marqué, outre le parcours de Chantal Fontvieille, tout un pan de l’histoire de l’art contemporain.[réf. souhaitée]