En application de l’article 63 de laLoi fondamentale[1], le chancelier fédéral est élu par leBundestag sur proposition duprésident fédéral. Une élection a lieu au moins tous les quatre ans, car les pouvoirs d’un chancelier expirent en même temps que ceux du Bundestag qui l’a élu (article 69) ; et, évidemment, lorsqu’un chancelier démissionne ou décède.
Il doit réunir sur son nom la majorité absolue des voix des membres du Bundestag, cela afin que son pouvoir procède effectivement du pouvoir législatif et non du chef de l’État. Dans la pratique, le chancelier est choisi par le parti majoritaire, ou le premier parti de la coalition majoritaire.
Lors de leur prise de fonction, le chancelier fédéral et les ministres fédéraux prêtent devant le Bundestag le même serment que celui prévu à l’article 56 de la Loi fondamentale pour le cas du président fédéral :
« Je jure de consacrer mes forces au bien du peuple allemand, d’accroître ce qui lui est profitable, d’écarter de lui tout dommage, de respecter et défendre la Loi fondamentale et les lois de la fédération, de remplir mes devoirs avec conscience et d’être juste envers tous. Que Dieu me vienne en aide ! »
La dernière phrase peut être omise[2] ; Gerhard Schröder et Olaf Scholz sont les seuls à ne pas l’avoir prononcée[3],[4].
La procédure par laquelle le Bundestag peut forcer le chancelier fédéral à la démission est unemotion de défiance constructive : il ne peut simplement voter unemotion de défiance contre lui, mais doit, simultanément, désigner son successeur et inviter le président fédéral à le nommer chancelier (art. 67)[5]. Il ne peut ainsi être renversé par une majorité négative, c’est-à-dire s’il a contre lui une majorité des députés même de tendances opposées, mais par une majorité positive, s’accordant sur le nom de son successeur.
En application de l’article 68 de la Loi fondamentale[6], le chancelier fédéral peut également demander au Bundestag unemotion de confiance, que ce soit à l’occasion du vote d’un texte ou pour un vote propre. Si elle est rejetée, il ne doit pas forcément démissionner, néanmoins, le président fédéral peut, sur proposition du chancelier, dissoudre le Bundestag et convoquer des élections anticipées.
L’intérim des fonctions du chancelier fédéral est assuré, à la demande du président fédéral, soit par le chancelier sortant, soit par un ministre fédéral. Un intérim est nécessaire lorsque le chancelier démissionne, est dans l’incapacité d’exercer ses fonctions, décède, ou lorsque ses pouvoirs arrivent à expiration en même temps que ceux duBundestag qui l’a élu. Cette tâche a toujours été accomplie par le chancelier sortant, sauf en1974, lorsque levice-chancelierWalter Scheel a dû assurer l’intérim du 7 au 16 mai, à la suite du refus deWilly Brandt de rester en poste après sa démission.
Selon la Loi fondamentale, c'est le chancelier fédéral qui « fixe les grandes orientations de la politique et en assume laresponsabilité »[7].Bien qu’il soitde facto lapersonnalité politique la plus puissante d’Allemagne, il n'est que troisième dans l’ordre protocolaire, après le président fédéral,chef de l’État, et le président du Bundestag.
En2005, lorsqu’Angela Merkel est devenue la première femme à exercer cette fonction, la question s’est posée du titre qu’elle devait utiliser, car laLoi fondamentale ne mentionne que« le chancelier fédéral » (« der Bundeskanzler »). Lalangue allemande aurait permis d’utiliser la forme masculine (même dans« Frau Bundeskanzler »,« Madame le chancelier fédéral »), car c’est un « masculin générique », c’est-à-dire un mot, degenre grammatical masculin, désignant une personne sans préjuger de son genre[8].
Angela Merkel a cependant choisi d’utiliser officiellement le titre de chancelière fédérale (Bundeskanzlerin), suivie en cela par l’ensemble de la classe politique et des médias. Le titre reste cependant masculin dans le termeBundeskanzleramt (chancellerie fédérale, littéralement « bureau du chancelier fédéral »). Lars Heitmüller, un étudiant qui avait réservé lenom de domainewww.bundeskanzlerin.de dès 1998, l’a transféré au gouvernement fédéral. Le 16 décembre 2005,Bundeskanzlerin a été choisi commemot de l’année par la Société de la langue allemande, en raison des questions sociales et linguistiques qu’il soulève et au motif qu’il n’aurait probablement pas été employé si une femme avait accédé à la chancellerie quelques années auparavant.
Le chancelier reçoit un salaire de base qui correspond selon l'article 11 de la loi des ministres fédéraux à une valeur 5/3 plus élevée que celle d'un fonctionnaire du groupe B11. La somme s'élève alors à environ 226 000 euros par an[9].
Lachancellerie fédérale (Bundeskanzleramt) rassemble les services administratifs du chef de gouvernement.
L’office de presse et d’information du Gouvernement fédéral (Presse- und Informationsamt der Bundesregierung ouBundespresseamt), bien que placé sous la responsabilité directe du chancelier, ne fait pas partie de la chancellerie fédérale.
La tutelle duService fédéral de renseignement (Bundesnachrichtendienst, BND) entre également dans les compétences du chancelier fédéral ; sa dotation budgétaire fait ainsi partie de celle de la chancellerie, sans toutefois être détaillée. Le chancelier dispose d’une information précise en politique étrangère et militaire – mais pas d’une information intérieure, car le BND n’a pas le droit d’opérer sur le territoire allemand.
Le premier bâtiment qui accueille la chancellerie fédérale àBonn est lepalais Schaumburg. Bâtiment construit entre et, il accueille les services attachés au chancelier à partir de. Deux immeubles lui sont ensuite adjoints.
En, lepremier gouvernement de Willy Brandt passe commande d'un nouveau complexe pour héberger la chancellerie, en raison de l’exiguïté du palais. Cettenouvelle chancellerie sort de terre juste au sud du palais Schaumburg entre et. La sculptureLarge Two Forms d'Henry Moore, installée en, symbolise la coexistence des deux États allemands et est l’élément visuel le plus remarquable du nouveau bâtiment.Helmut Schmidt, au pouvoir entre 1974 à 1982 et amateur d’art, y fait installer de nombreux tableaux modernes.
Les services du chancelier déménagent pourBerlin, nouvelle capitale fédérale, en, mais le bâtiment qui doit les accueillir — approuvé quatre ans plus tôt parHelmut Kohl — n'est pas encore achevé. Ils siègent alors pendant deux ans auStaatsratsgebäude, l’ancien bâtiment duConseil d’État, organe suprême de laRépublique démocratique allemande ; les fresques de l’État socialiste offrent un décor étonnant pour le promoteur du« nouveau centre ».
Lanouvelle chancellerie fédérale est implantée face aupalais du Reichstag, qui accueille leBundestag, pour souligner la nature parlementaire de la République fédérale. C’est l’un des bâtiments gouvernementaux les plus grands du monde, avec 12 000 m2 répartis sur sept étages, soit huit fois laMaison-Blanche. Il est d'abord surnommé le« Kohlosseum », en référence à ses vastes proportions et à celles d’Helmut Kohl, puis« la machine à laver » (« die Waschmaschine »), en raison du vaste espace vitré au centre de la façade. Lechâteau de Meseberg, à 70 km au nord de Berlin, est à la disposition du chancelier et utilisé pour des réunions du cabinet et pour des visites d'État.
LeKanzlerbungalow est le seul bâtiment spécialement dédié au logement du chancelier.
Le premier chancelier ouest-allemand,Konrad Adenauer, n'avait pas de logement officiel. Peu avant de lui succéder,Ludwig Erhard a fait construire dans le parc du palais Schaumburg leKanzlerbungalow, selon les principes de l'architecture moderne.Willy Brandt s'en sert comme un espace de réception et représentation, tandis queGerhard Schröder en laisse l'usage à Kohl, en attendant le transfert à Berlin. Les autres chefs de l'exécutif fédéral l'ont en revanche occupé.
Depuis, le chancelier bénéficie d'un appartement de fonction au sommet du bâtiment de la chancellerie, mais ni Schröder niAngela Merkel ne s'y sont installés.