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Champagne (province)

49° nord, 4° est
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Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirChampagne.

Champagne
Blason de Champagne
Blason de la Champagne.
Drapeau de Champagne
Drapeau de la Champagne.
Champagne (province)
Localisation de la Champagne au sein de la France en Europe
Administration
PaysDrapeau de la FranceFrance
StatutEntité géographique et culturelle
Territoires actuelsGrand Est
Île-de-France
Hauts-de-France
Bourgogne-Franche-Comté
CapitaleTroyes
Villes principalesTroyes,Reims,Châlons-en-Champagne,Sedan,Rethel,Meaux,Château-Thierry,Provins,Sens,Langres,Joinville,Vitry-le-François
Entités précédentesComté de Champagne
Comté de Brie
Entités suivantesDépartements de l'Aube, desArdennes, de laMarne, de laHaute-Marne.
Parties de l'Aisne, de l'Yonne et de laSeine-et-Marne
ISO 3166-2FR-GE
FR-IDF
FR-HDF
FR-BFC
Démographie
GentiléChampenois,Champenoise
Population1 339 008 hab.(2013)
  - Population totaleIncertaine
Géographie
Coordonnées49° nord, 4° est
Divers
Devise« Passavant »
Languesfrançais,champenois
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La Marne à travers la Champagne

LaChampagne est unerégion historique et culturelle, au nord-est de laFrance, à la frontière avec laBelgique. Elle s'est formée en 1065 à partir d'uncomtépalatin par la réunion autour deProvins, troisième métropole duroyaume de France, decomtés issus du démantèlement de la fraction occidentale de l'Austrasiemérovingienne.

Elle recouvrait l'ancienne région administrativeChampagne-Ardenne, le sud du département de l'Aisne, le nord du département de l'Yonne, et la majeure partie du département deSeine-et-Marne jusqu'à laBrie française. Elle s'étendait à l'ouest sur laBrie mouvante, qui est située entre le cours supérieur de l'Yerres (D20 et D49 approximativement) et lavia Agrippa (D209). Au nord, lafrontière changeante avec laPrincipauté de Liège incluaitSugny et excluaitGivet. Sonterroir a donné son nom auvignoble deChampagne.

Le nom de Champagne, écrit Champaigne pour une prononciation identique, apparaît auBas Moyen Âge et renvoie auxCampanenses, lesChampenois mentionnés sous ce nomlatin une première fois auhaut Moyen Âge[1]. L'extension future du comté de Champagne et sa zone géographique naturelle correspondent alors à sixdiocèses issus de l'Antiquité, ceux desLingons deLangres, desSénons deSens, desTricasses deTroyes, desRèmes deReims, desMeldes deMeaux et desCatalaunes deChâlons.

Cette province devient auMoyen Âge un pôle économique majeur enOccident grâce auxfoires de Champagne qui se succèdent dans ses différentes villes tout au long de l'année. À la cour de Champagne avide de raffinement, celle entre autres deThibault de Champagne, l'importateur de la rose des parfums diteRose de Damas, les premiers écrivainsfrançais, telChrétien de Troyes, inventent lalittérature courtoise et érigent la langue vulgaire au rang de standard culturel. En 1129, lescomtes de Champagne, protecteurs desjuifs telRachi, se dotent de la plus prestigieuse desabbayes, leParaclet, et dupremier réseau bancaire.Pairs de France ayant régné un temps sur l'Angleterre, ils jouent, jusqu'à la réunion audomaine royal en 1284 et la ruine organisée parPhilippe le Bel, un rôle politique au moins aussi important que celui desévêques de Reims, quisacrent leroi de France.

Étymologie

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Lenom communchampagne est l'ancien français decampagne, lequel en est undoublet savant etitalianisant apparu à laRenaissance[2]. C'est aujourd'hui untoponyme désignant unpaysage d'étendue ouverte etcrayeuse[3], le plus souvent uneplaine, comme l'illustre l'exemple de laChampagne crayeuse, mais pas nécessairement, cela peut être unplateau. Il a ainsi donné son nom à différents lieux ou régions, telles lachampagne berrichonne, la champagne deSaintonge ou lachampagne genevoise, mais la plus connue reste la région de Champagne.

Le nom de la Champagne apparaît pour la première fois en 1065 quandThibaud de Blois s'intitulecomte de Champagne. Il le fait en spoliant son neveuEudes de sescomtés, lecomté de Troyes et lecomté de Meaux.Thibaud signifie par là deux choses. Premièrement, il réunit définitivement les deux comtés deTroyes et deMeaux et son intention est qu'ils ne soient plus transmis séparément. Deuxièmement, ayant perdu laTouraine en 1044, il se détourne de lavallée de la Loire, l'antiqueNeustrie dont son arrière-grand-pèreThibaud s'était proclamé « gouverneur » souverain et le domaine de prééminence de laMaison de Blois, pour fonder un nouveau domaine auquel il donne un nouveau nom, la Champagne.

Quant à la cour descomtes de Blois, ce terme de champagne est érigé ennom propre, dans la seconde moitié duXIe siècle donc, c'est parhypostase d'un termelatin et rarissime,Campanenses, qui désigne « ceux qui habitent dans la plaine » en une référence spécifique et séculaire à la plaine de la future Champagne[1] mais aussi peut être par une allusion savante à l'idylliqueCampanie. Lenom commun correspondant désigne alors une grande étendue de pays plat[4], et s'oppose àmontagne.

Blason et devise

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D'azur à labande d'argentcoticée d'or
Champagne ancien, tel qu'il figure en août 1255 sur un contresceau de larégenteMarguerite de Bourbon[5].

Lesarmes de Champagne moderne sont issues de Champagne ancien, d'azur à labande d'argentcoticée d'or.

C'est unebrisure deBlois, fondateurs de la Champagne devenuspairs de France.Blois portait d'azur à la bande d'argent, armes conservées telles quelles par les deux premierscomtes de Sancerre.

Champagne ancien semble avoir été utilisé jusqu'au milieu duXIIIe c'est-à-dire la fin de laguerre de succession de Champagne sous le règne deThibaud le Chansonnier[6].

Les cotices ont été tardivementjumelées et respectivementpotencées et contre potencées. Différentes variations des cotices ont été pratiquées par différents souverains de Champagne, chacun individualisant leblason. Par exemple,Thibaut de Navarre, dans la seconde moitié duXIIIe, adopte descotices à l'enquerre en forme de vaguesgrecques[7]. Ces détails n'apparaissent pas sur les petitssceaux, qui montrent alors le Champagne ancien.

Ladevise de Champagne est« Passavant »[8]. Chacun descomtes de Champagne la reprend suivie d'un complément qui l'individualise.Thibaud le Chansonniercriait« Passe avant là Thiebaut »[6], jeu de mots qui semble signifier « Là, Thibaud marche en tête » et sous entend « Dans cet acte, le service de l'état passe avant la personne du souverain ». Ce complément devient« … meilleur » dans la deviseféministe de larégenteMarguerite de Bourbon[5]. C'est la formule reprise par les édiles de laville de Troyes.

Géographie et composition

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La Champagne, à l'instar de plusieurs provinces, se subdivise en diverspays traditionnels. On peut la subdiviser ainsi[9],[10] :

Histoire

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La Champagne dans ses limites duXVIIIe siècle avec les communes et départements actuels

La formation de la Champagne

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La préhistoire de la Champagne

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Groupe de Cerny.

La protohistoire de la Champagne

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Tombe de Troyes.

L'héritage antique

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La formation d'un état champenois remonte auMoyen Âge central, à la suite de la poussée démographique de l'an mil, mais sa géographie naturelle et son exploitation économique tendent à la regrouper au sein des mêmes intérêts politiques et familiaux dès letraité de Verdun, qui instaure deux états séparés par la frontière de laMeuse. Le processus aboutit à l'érection ducomté de Champagne en 1065.

Le territoire de ce comté regroupe alors celui de trois subdivisions de l'ancienneGaule :

Sous leDominat, ce territoire était réparti entre laBelgique, pour la partie correspondant audiocèse de Reims qui s'étend sur les actuels départements desArdennes et de laMarne, laSénonaise, qui s'étend jusqu'àParis, et laLyonnaise (Lyonnaise I), futureBourgogne. Cette division antique traverse les siècles par le maintien de frontièresarchidiocésaines identiques. AuxXIe et XIIe siècles, elle est transcrite endroit féodal. Lecomte de Champagne reconnait alors trois suzerains principaux[11], leroi, l'archevêque de Reims, leduc de Bourgogne, auxquels des extensions territoriales secondaires ajoutent entre autres l'archevêque de Langres et l'Empereur, sans compter les possessions en dehors de la Champagne elle-même[12].

La Champagne mérovingienne et carolingienne (500-870)

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Lespagis bourguignons auIXe siècle. On remarque que le sud de la province de Champagne dépend alors de l'influence bourguignonne.

En 511, lors du partage de laGaule entre les quatre fils deClovis, ce territoire est, avec celui de la futureLorraine, au cœur de l'Austrasie, constituée au profit de l'aîné,Thierry. En 566, le neveu deThierry,Sigebert Ier, priveReims du statut de capitale au profit deMetz. Déjà cinq ans plus tôt, en 561, à la mort du cadetClotaire le Vieux, le fils de celui-ci,Gontran, obtient le rattachement duTroyesaustrasien à laBourgogne. Avec leBrenois, leBlaisois, leBolesnois et leBarrois (celui d'Arc et non deBar-le-Duc, qui n'existait pas à l'époque), il y restera jusqu'auPartage de Verdun en 843 puis sous le règne desducs de Bourgogne successifs.

En 837,Aleran,comte de Troyes fonde l'abbaye deMontiéramey. En 852,Charles le Chauve confie le comté àEudes. De 843 à 855, le territoire champenois, excepté donc cette partie deBourgogne qu'est alors lecomté de Troyes, est inclus à la suite dutraité de Verdun dans l'éphémèreFrancie médiane puis, en vertu dutraité de Prüm dans la tout aussi éphémèreLotharingie. En 858, c'est l'archevêque de ReimsHincmar qui met un terme à l'invasion de laFrancie occidentale parLouis le Germanique. Lecomté de Troyes est alors confisqué àEudes, qui a soutenu l'Empereur. En 870, letraité de Meerssen donne le reste du territoire champenois restélotharingien àCharles le Chauve, roi deFrance (« Francia »), la séparant ainsi définitivement de la futureLorraineimpériale avec laquelle elle formait la premièreAustrasie.

Agrégation de comtés par les herbertiens (871-1020)

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En 871,Eudes de Troyes récupère légalement lecomté de Troyes qui avait été confisqué à son pèreEudes. Par le mariage de son frère,Robert Porte Carquois, qui lui succède à sa mort en 876, avecGisèle, lescomtes de Troyes entrent dans une alliance royale.Adalelme, le neveu deRobert Porte Carquois, dont la femme est morte prématurément sans laisser d'enfants, lui succède. En 894,Adalelme meurt à la guerre aux côtés de son frèreAdémar d'Angoulême et lecomté endéshérence revient légalement à son suzerain,Richard le Justicier,duc de Bourgogne.

En cette fin duIXe siècle, l'antiquecité melde, comme elle avait appartenu àSoissons, appartient aucomte de Vermandois, lenivelonideThierry. Son héritier,Herbert de Vermandois, petit-fils parson père duroi carolingien des Lombards déchuBernard, étend son territoire jusque sur leVexin pour faire face à l'invasion normande. En 925,Herbert II, le fils d'Herbert de Vermandois, investit Reims et crée uncomté de Reims au profit de son fils de cinq ans,Hugues. Six ans plus tard, l'usurpateurRaoul l'en chasse une première fois. En,Hugues, désormais majeur et aidé de son père, reconquiert leRémois puis leRethelois, érigé encomté parArtaud de Reims, l'archevêque de Reims déchu, comme une position de repli défendue par le neveu de ce dernier,Manassès. Six ans plus tard,Hugues de Vermandois, son père ayant été pendu trois ans plus tôt, peine infamante, doit de nouveau renoncer àReims à la suite de l'intervention de l'EmpereurOtton, venu avec les troupes deConrad de Bourgogne restaurerLouis d'Outremer sur le trône deFrancie occidentale.

En 950, un des petits-fils d'Herbert,Robert de Meaux, épouse la petite fille deRichard le Justicier, Adélaïde, dite Werra. À la mort de son beau pèreGilbert,comte principal des Bourguignons, en 956, il en hérite lecomté de Troyes, qui se trouve désormais réuni aucomté de Meaux qui lui était échu comme sa part d'héritage dix ans plus tôt. En 984, le fils deRobert,Herbert de Troyes, héritant de son oncleHerbert d'Omois, récupère l'Omois et agrandit le domaine familial ducomté de Reims dont son autre oncle,Hugues de Reims, avait été dépossédé par l'Empereur au profit de l'archevêque de Reims.

En dépit de cette instabilité aristocratique, à l'aube du millénaire, l'école cathédrale dechapitre de Reims, dontGerbert d'Aurillac estécolâtre de 972 à 982, devient un centre intellectuel de premier plan. En moins d'un siècle et demi, lesVermandois herbertiens ont rassemblé les trois comtés fondamentaux de la future Champagne. Deux générations plus tard, l'un de leurs héritiers va s'efforcer de les dominer à lui seul.

Rivalité entre thibaldiens et capétiens (1021-1124)

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Les grands vassaux deFrance et laBretagne en 1035. En jaune, lesfiefs deBlois, Champagne etBeauvaisis que possèdeThibaud étranglant le domainecapétien, en bleu, que tientRobert[13].

En 1021,Eudes de Blois, héritier naturel du titre de son grand oncle, lecomte de Reims, frère desa grand-mère paternelle, hérite en outre de son cousin germainÉtienne deVermandois, sans descendance, descomtés deTroyes,Meaux,Omois etVitry. Lecomte palatinEudes est le petit-fils deThibaud de Blois, rival en son temps dumarquisHugues le Grand, et qui s'était proclamé gouverneur deNeustrie affranchi de tout suzerain[14]. Thibaud avait vu sa prééminence éphémère sur laFrancie occidentale ravie par le fils d'Hugues le Grand,Hugues Capet, reconnu en 960duc des Francs par soncousin germain, leroiLothaire. La réunion du futur territoire de la Champagne dans la main d'unthibaldien menace lecapétienRobert le Pieux.

Deux ans plus tard l'archevêque de Reims,Ebles de Roucy, pousse le roi à saisir au profit de l'archevêché letemporel ducomté de Reims. Lacommise est prononcée sans que personne ait les moyens de la faire appliquer mais cela suffit pour obliger lesvassaux à prêterhommage à l'archevêque, élevé au rang depair en 1060. Comme l'atteste un siècle plus tard la « grande charte champenoise », la mainmise ecclésiastique sur la partie nord de la Champagne la voue à laviticulture, spécialité confiée aux monastères, non seulement parce qu'ils fournissent levin de messe, dont le marché annuel fait l'objet de contrats très importants, mais aussi parce qu'ils valorisent des terres inadaptées à la culture du blé.

L'immensediocèse rémois, parce que les possessions ecclésiastiques y sont considérables, échappe ainsi durablement avec la ville dusacre à la future maison de Champagne. Celle-ci doit se contenter de réunir lecomté de Meaux etcelui de Troyes, qui ne sont reliés que par le bourg deDouze Ponts. Le titre decomte de Champagne pour désigner la suzeraineté sur cet ensemble est attesté à partir de 1065, à l'époque du petit-fils d'Eudes de Blois,Eudes de Champagne, puis de l'oncle de celui-ci,Thibaud de Blois, après qu'il a spolié son neveu. L'usage est probablement antérieur mais n'est pas documenté. Il est repris en 1102 par le benjamin d'Eudes de Champagne banni,Hugues de Champagne, lequel, déshéritant son propre fils, le transmet en 1125 au petit-fils du même oncleThibaud de Blois,Thibaud le Grand, dont le cadet,Étienne de Blois, deviendraroi d'Angleterre.

Pour autant, lecomte de Champagne exerce son influence sur lerémois en manœuvrant ses alliances, comme en 1107 quand il annule l'investiture deGervais de Rethel à l'archevêché de Reims décidée par leroi.

Le comté de Champagne

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Article détaillé :Comté de Champagne.

Le pôle champenois des Blois (1125-1151)

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Maisonromane supposée avoir été une des troissynagogues deProvins. Lesfoires de Champagne prospèrent grâce à des réseaux internationaux animés principalement par descahorsins, deslombards et desjuifs.

Thibaud le Grand est le fils d'Adèle de Normandie, sœur duroi d'AngleterreHenri et femme savante qui illustre le règne des femmes provoqué par le départ des maris encroisade et la naissance de lasociété courtoise. Elle exerce larégence sur le double domaine de laMaison de Blois, val deLoire et Champagne, jusqu'en 1120. C'est l'époque où, lesjuifs bénéficiant en Champagne d'une relativetolérance, prospèrent lestossafistes.

Émancipé,Thibaud le Grand jouit d'une administration sans égale et d'un réseau d'alliés fiable qui lui permet d'étendre sa suzeraineté sur de nombreuses seigneuries dans lediocèse de Reims et sur le port clef deNogent. Il négocie avec l'abbaye de Saint-Denis les donations defiefs qu'elle ne maîtrise plus depuis lesinvasions normandes mais qui fournissent de nouveauParis en blé. En 1129, auconcile de Troyes, il fonde avecHugues de Payns l'ordre du Temple, qui devient en quelques décennies le premier réseau bancaire. AvecPierre Abélard, il fonde la même année une abbaye de prestige, leParaclet. Sous la direction d'Héloïse refondant la liturgie, l'abbaye devient le premier centre de production musicale de son temps et la première école pour femmes.

Ce n'est qu'à la génération suivante, en 1152, à l'avènement de son fils aînéHenri le Libéral, que la Champagne devient un état distinct, ledomaine de Blois revenantau cadet.

La Champagne thibaldienne (1152-1283)

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Rosa gallica officinalis diterose de Provins, symbole du raffinement de la cour champenoise. Lagénétique ne permet pas de déterminer le rôle exact d'une rose qui aurait été importée en 1254 dans l'élaboration de l'hybrideRosa damascena. La rose de Provins elle-même, associée à lamédecine, par exemple sous forme deconfits, véhiculait une image d'avant garde. Des coussins de pétales séchés étaient offerts aux rois et archevêques pour marquer leurs visites. Leur prix dépassait celui d'un poids équivalent en or.

Henri le Libéral recueille le bénéfice des alliances de sa mèreMathilde de Carinthie avec les cours les plus importantes et plus encore des institutions mises en place en 1147 par son pèreThibaud le Grand :

Elles contribuent à faire de la Champagne la province la plus prospère de l'époque. Six fois plus populeuse qu'aujourd'hui,Provins est alors la troisième ville deFrance, aprèsParis etRouen. Lecomte de Champagne est plus riche que sonsuzerain, leroi de France. À la cour de larégenteMarie de France,Chrétien de Troyes,Gace Brulé,Gautier d'Arras,Guyot de Provins,Huon d'Oisy,Geoffroi de Villehardouin, abandonnant lelatin aux moines, font émerger, un siècle après l'exemplenormand deTurold comme en écho à leur contemporaine lapoétesse Marie, une littérature en langue vulgaire.

Le fils aîné du comte et de la comtesse,Henri, est élu en 1192roi de Jérusalem. En 1201, le neveu et successeur de celui-ci,Thibaud le Chansonnier, hérite de son père mort quelques jours avant sa naissance lapairie de France et de sa mère leroyaume de Navarre. C'est à celle-ci qu'échoit, trois ans après la mort deMarie de France, larégence. Elle fixe àProvins sa résidence et celle de ses successeurs. La capitale comtale devient une ville spécialisée dans le « ners de Provins », étoffe delaine produite par les innombrablesmoutons de la « Champagne pouilleuse », puis teinte en noire dans leDurteint et certifiée par lesceau de la corporation des maîtrestisserands. Elle devient aussi la capitale de la mode, qui est dessinée enItalie et portée tant à la cour qu'à la ville.

Lesguerres de succession de Champagne provoquent en 1226 l'érection d'une des plus formidablesenceintes fortifiées de l'époque, lerempart de Provins, achevé dix ans plus tard. La succession réglée en 1234, la prospérité revient au prix d'unedévaluation de lalivre deProvins. En 1254, la cour de la régenteMarguerite de Bourbon, troisième femme de feuThibaud le Chansonnier, reçoit, dit la tradition,Robert de Brie de retour decroisade, lequel a dans ses bagages un plant derose de Damas. Desboutures ducultivar odorant sont remises auxnobles visiteurs et se diffuse dans toutes les cours d'Europe.

En 1276,Blanche d'Artois, belle fille de feueMarguerite de Bourbon, veuve depuis deux ans etrégente à son tour, épouseEdmond de Lancastre. Prince consort pendant huit ans, c'est ce frère duroiÉdouard qui décide de porter sur sesarmes larose de Provins, que la secondeMaison de Lancastre prendra en 1485 comme emblème de sa victoire contre laMaison d'York à la fin de laguerre des Deux Roses, larose de Lancastre.

La Champagne des Dames : en un siècle décisif, la Champagne a été gouvernée cinquante et une années par quatre régentes.

La Champagne capétienne (1284-1453)

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La Champagne est réunie audomaine royal à la suite du mariage prononcé le entreJeanne de Navarre et l'héritier du trônePhilippe le Bel, prince de seize ans qui accède autrône de France l'année suivante. Le comté de Champagne conserve une existence juridique jusqu'à la mort de celui-ci en 1314 et c'est son filsLouisX le Hutin, en tant qu'unique héritier tant du trône que de la principauté champenoise, qui rattache cette dernière au domaine royal. Auparavant, le gouvernement dePhilippe le Bel s'empressa, pour renflouer les caisses du royaume en déficit, de ruiner le commerce champenois non seulement en spoliant et détruisant le principal réseau bancaire sur lequel il s'appuyait, l'ordre du Temple, mais en décrétant des impôts successifs pour les nombreuxjuifs champenois, 25 000livres comme « don de joyeux » pour fêter son avènement en 1285, destailles arbitraires en 1288, 1291, 1293, 1296, une taille majorée de 14 % en 1298, de nouveau des tailles confiscatoires en 1299, 1300 et 1301.

Cependant, avec l'extinction descapétiens directs, si le trône revient àPhilippe VI de Valois, le comté de Champagne tout comme le royaume de Navarre reviennentde jure àJeanne II. Néanmoins, Philippe VI ne souhaite laisser sa cousine trop puissante etlui retire le contrôle du comté de Champagne et de Brie. En avril 1328, le grand conseil assemblé àSaint-Germain-en-Laye adoube la décision du roi[15],[16]. Jules Viard[17] décrit cette ultime union ainsi :

« Les droits queJeanne tenait de sonaïeule et de sonpère ne s’étendaient pas seulement sur la Navarre, mais encore sur la Champagne et la Brie. Ces deux provinces formaient comme le prolongement de l’Ile-de-France vers l’est, c’est-à-dire vers l’e-Empire, et leur rattachement au domaine royal accroîtrait sa force en même temps que se sécurité. AussiPhilippe le Long, par les traités du 17 juillet 1316, du 27 mars 1318[18]etCharles IV le Bel, par des lettres du mois de janvier 1328[19],[20], avaient-ils cherché par d’habiles transactions à ménager leur réunion à la couronne ;Philippe de Valois n’eut qu’à suivre leurs traces. Les négociations furent longues et de nombreux pourparlers eurent sans doute lieu, car ce fut seulement le qu’àVilleneuve, près d’Avignon, le traité définitif de l’abandon de la Champagne et de la Brie au roi et à ses successeurs fut conclu. En échange de ces provinces, Philippe VI donnait à Jeanne, reine de Navarre, et àson époux :

  1. lescomtés d’Angoulême et deMortain,
  2. 5 000livres tournois de rente annuelle et perpétuelles à prendre sur le Trésor à Paris,
  3. 3 000 livres tournois de rente à prendre sur le Trésor, en attendant qu’on leur fit assiette sur des terres ;
  4. 7 000 livres parisis également de rente à prendre aussi sur le Trésor, pour 70 000 livres parisis que le roi leur avait données.

Ils tiendraient le tout de la couronne de France en baronnie et pairie, à une foi et hommage avec les comtés d’Angoulême et de Mortain. Ainsi fut accomplie la réunion irrévocable de la Champagne et de la Brie à la France, un peu plus de cinquante ans après quePhilippe III le Hardi l’avait préparée par le mariage de son filsPhilippe le Bel, avecJeanne, reine de Navarre et comtesse de Champagne et de Brie. »

La Champagne, épargnée dans un premier temps, est profondément touchée à partir de 1358 par laguerre de Cent Ans, dont elle devient un des principaux champs de bataille parcourus par lesroutiers. Le, les mercenaires d'Étienne Marcel etCharles de Navarre renforcés deJacquesassaillent Meaux[21]. Sept milleJacques sont jetés dans laMarne etMeaux est incendiée par lescroisés ducaptal de Buch[22]. Les pillages sont perpétrés loin dans les campagnes, comme àNogent[23], incendié l'année suivante au terme d'unechevauchée duroiÉdouard. Le àChaudefouace, lagrande compagnie deBrocard de Fenestrange et la milice de l'évêque de TroyesHenri de Poitiers repoussent les troupes anglaises d'Eustache d'Abrichecourt dansNogent etPonts.

Le front se déplace à travers la Champagne. Lesgranges, usines agricoles qui rassemblent matériels et personnels, sont incendiées, les bâtiments isolés qui pourraient servir de bastions sont rasés[24], les campagnes désertées, la population qui survit à lapeste noire se réfugie dans les villes, la circulation des marchandises et des personnes devient très risquée, la production agricole s'effondre et fait place à une économie de guerre. De 1417 à 1433, la capitale comtale est occupée par l'armée anglaise. Letraité de Troyes signé en 1420 ne fait que figer la situation et n'apporte pas la paix.

La province de Champagne

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Gouvernement Général militaire de Champagne

 – 

DrapeauBlason
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Gouvernement Général de Champagne à la veille de laRévolution parmi lesGouvernements généraux et particuliers découpées dans les frontières contemporaines[25].
Informations générales
StatutGouvernement militaire
CapitaleTroyes
Langue(s)Champenois,français[26],wallon
ReligionCatholicisme
Démographie
Population-
GentiléChampenois
Histoire et événements
1314Rattachement définitif à la France parLouis X le Hutin

Entités précédentes :

Entités suivantes :

modifier -modifier le code -voir Wikidata(aide)

La Champagne de la Renaissance à la Révolution (1454-1790)

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Carte duGouvernement de Champagne et Brie en 1771 avec pour capitaleTroyes[27].
La circonscription administrative et militaire confiée à ungouverneur, représentant de l'exécutif, est divisée enBrie champenoise (Provins), Champagne propre (Châlons),Rémois (Reims),Rethelois (Rethel),Perthois (Vitry) etVallage (Joinville). Y sont rattachés leSénonais (Sens), leBassigny (Langres), leBarrois (Bar-le-Duc), leClermontois (Clermont-en-Argonne).

À la fin duXVe siècle, la Champagne est rattachée fiscalement à l'Île-de-France pour former lagénéralité d'OutreSeine etYonne. Elle en est séparée en 1542 pour former la généralité de Champagne mais laBrie, avecProvins, reste dans lagénéralité deParis tandis queLangres, antiquementbourguignonne, lui revient.

Lesintendants de Champagne siègent àChâlons de 1615 à 1789[28]. Leur circonscription subit au sein desCinq Grosses Fermes la contrebande desfaux-saulniers qui y revendent avec une plus-value, d'environ deux cents pour cent, lesel gemme de laLorraine voisine, où lagabelle est abaissée par le régime fiscal de « salines ».

Grandes batailles

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La Champagne fut le théâtre de grandes batailles de l'histoire de France :

Notes et références

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  1. a etbGrégoire de Tours,Historia Francorum, V, 14,Chapitre cathédral Saint Maurice,Tours, 594.
  2. Alain Rey &Josette Rey-Debove,Le petit Robert, vol. I,p. 242,Dictionnaires Le Robert,Paris, juin 1986(ISBN 2-85036-066-X).
  3. Alain Rey &Josette Rey-Debove,Le petit Robert, vol. I,p. 283,Dictionnaires Le Robert,Paris, juin 1986(ISBN 2-85036-066-X).
  4. Frédéric Godefroy,Lexique de l'ancien français,p. 75,Honoré Champion,Paris, 1994(ISBN 2-85203-358-5)(BNF 35692201).
  5. a etbP. Laplagne Barris,Sceaux gascons du Moyen Âge,p. 74,Société historique de Gascogne,Éditions Honoré Champion,Paris, 1888, (BNF).
  6. a etbP. Laplagne Barris,Sceaux gascons du Moyen Âge,p. 73, Société historique de Gascogne,Champion,Paris, 1888, (BNF).
  7. P. Laplagne Barris,Sceaux gascons du Moyen Âge,p. 75, Société historique de Gascogne,Champion,Paris, 1888, (BNF).
  8. F. Godefroy,Lexique de l'ancien français,p. 379,Champion,Paris, 1994.
  9. Robert deHesseln,Dictionnaire universel de la France... par M. Robert de Hesseln, chez Desaint,(lire en ligne)
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Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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