Le terme n'est pas utilisé pour une guerre qui a lieu dans une seule région du globe. Le plus souvent, les frontières continentales sur la terre ferme servent à délimiter le lieu du théâtre, alors que les frontières océaniques servent de délimiteurs pour les conflits survenant en mer. Pour considérer qu'il y a plus qu'un théâtre, il faut qu'au moins l'un des adversaires soit impliqué dans deux théâtres différents, sinon il s'agit de guerres distinctes.
C'est le domaine de l'art opératif, niveau intermédiaire entre la (Grande) stratégie et la tactique (voirEdward Luttwak).
Probablement le meilleur, mais pas le premier, exemple de guerre avec plusieurs grands théâtres est laSeconde Guerre mondiale. Cette guerre avait au moins trois théâtres militaires : européen,pacifique etafricain, bien que ce dernier soit considéré par certains historiens militaires comme un complément au théâtre européen. Le terme est souvent équivalent de « front ». Lefront de l'Est peut être vu comme distinct dufront de l'Ouest.
« Le terme « théâtre d'opération » était défini dans les manuels de combat [américains] comme les régions terrestres et maritimes à envahir ou à défendre, incluant les activités administratives concomitantes aux opérations militaires (voir figure intituléeCharte 12). Conformément à l'expérience de la Seconde Guerre mondiale, c'était généralement une grande surface terrestre où des opérations seraient menées en continu, surface divisée en deux parties principales : la zone de combat, ou zone de conflit, et la zone de communications, ou zone nécessaire à l'administration du théâtre. À la suite de l'avancée des armées, ces surfaces et les zones qui les partageaient seraient déplacées dans de nouveaux lieux géographiques qui serviraient de nouvelles zones de contrôle[trad 1]. »
À chaque théâtre correspond en général une campagne.
En France, en 1944, on distinguait le théâtre de Normandie — sur lequel se sont déroulées plusieurs batailles et opérations : labataille de Caen, l'opération Cobra, la bataille de laPoche de Falaise, etc. — qui s'est déplacé vers le nord et l'est, et, totalement indépendant, à plusieurs centaines de kilomètres de là, le théâtre de Provence.
Un autre exemple est celui de laguerre des Six Jours livrée parIsraël en 1967 contre l'Égypte, laJordanie et laSyrie sur trois fronts ou théâtres des opérations : leSinaï, laCisjordanie et leplateau du Golan. Un dernier exemple est celui de laguerre du Kippour de 1973 livrée par Israël sur deux fronts, au sud sur le théâtre du Sinaï, au nord sur le théâtre du plateau du Golan.
Le concept de théâtre militaire a été utilisé dans plusieurs guerres, et a souvent servi de pivot stratégique pour l'un des adversaires impliqués.
Par exemple, lors de laGuerre civile américaine, l'une des clés stratégiques desnordistes était d'attaquer lessudistes à la fois sur les théâtres est et ouest. Profitant de leurs plus grandes ressources, ils obligeaient les sudistes à étirer leurs forces armées. La capture deVicksburg parUlysses Grant, bloquant du même coup l'accès à larivière Mississippi, a eu une influence marquée sur les opérations à l'est du généralRobert E. Lee, car celui-ci ne pouvait plus recevoir les marchandises nécessaires à la poursuite des efforts de guerre.
Lorsque Grant est devenu commandant de toute l'armée de l'Union, il a ordonné aux généraux sous ses ordres de coordonner leurs efforts pour empêcher les sudistes de transférer leurs troupes d'un théâtre à l'autre.
« Ce terme définit une partie de l'espace dans lequel se déroule une guerre où ses frontières sont protégées, et possède donc une sorte d'indépendance. Cette protection peut être une forteresse, ou d'importants obstacles naturels, ou encore un lieu situé à une grande distance d'un autre lieu où se déroule la guerre. Une telle portion n'est pas une simple partie du tout, mais bien une petite partie complète en elle-même. En conséquence, dans de telles conditions, les changements qui surviennent dans d'autres lieux où se déroule une guerre ont peu d'influence ou seulement une influence indirecte sur ce lieu. Pour mieux saisir de quoi l'on parle, supposons que dans ce lieu une percée est faite, alors que dans un autre une retraite a lieu, ou encore que dans ce lieu se déroule une action défensive, alors que dans un autre une attaque se déroule. Cependant, une telle notion n'est pas applicable universellement, elle sert ici seulement à indiquer une ligne de démarcation[trad 2]. »