Lachaire (dulatincathedra, « siège ») ou plus complètement lachaire de vérité ouchaire à prêcher, est à l'origine le siège d'unévêque dans sonéglise principale (maintenant désigné sous le terme decathèdre). Par extension la chaire désigne le mobilier d'église où se tient leprédicateur durant une assemblée liturgique. Elle est agencée de manière à accroître au mieux la visibilité et l’audibilité du prédicateur.
La chaire symbolisant la fonction d'autorité et d'enseignement, le mot a plusieurs sens dérivés comme celui dechaire universitaire.
La réforme liturgique introduite par leconcile de Trente (XVIe siècle) redonnant une grande place à laParole de Dieu, l’architecture d’Église - tant dans l’immobilier que dans le mobilier - s’adapte pour mettre en évidence la lecture destextes sacrés et la rapprocher du peuple de Dieu par laprédication qui s’ensuivait, appeléehomélie (ou plus communément sermon). C’est ainsi qu'à partir de l’époque baroque (XVIe siècle) des chaires de vérité, balcon surélevé auquel on accède par un petit escalier, dans leséglisescatholiques, sont placées dans lesnefs, adossées à un pilier du côté gauche (et au milieu de l’assemblée) et leurs cuves surmontées d’unabat-voix, pour une meilleure audibilité. Au fil des temps, un art particulier des chaires de véritébaroques se développe et des chefs-d’œuvre monumentaux sont créés[1].
Depuis la réforme liturgique duconcile Vatican II, introduisant des célébrations eucharistiques plus conviviales avec prédication plus personnelle les chaires de vérité ne sont que rarement utilisées et celles qui n'avaient pas de valeur patrimoniale ou artistique furent retirées deséglises. En outre l'usage moderne des microphones et haut-parleurs facilite grandement l'audibilité, où que se trouve le célébrant ou le prédicateur. Leprêtre ne doit plus se rendre au centre de lanef (en « chaire ») pour donner sonsermon.
LaChaire de saint Pierre est unerelique, dont le nom s'emploie lorsque lepape parle avec toute son autorité de successeur de saint Pierre (ce que l'on appelle « parlerex cathedra »). L'expression est bien plus ancienne et se retrouve dans la bouche Jésus« Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse » (Mt 23,2).
Généralement sur pilier unique, mais parfois soutenues enencorbellement, les cuves des chaires de vérité sont adossées à un pilier de lanef. On y accède par des escaliers, parfois dissimulés à l’intérieur des murs. Les facettes extérieures des cuves sont décorées de personnages bibliques ou de la primitive Église associés à l’enseignement ou au commentaire de la parole de Dieu : très fréquemment lesquatre évangélistes et souvent lesPères de l'Église. Là où les chaires sont le plus élaborées, il n’est pas rare de voir au pied du pilier de la cuve une scène évangélique complète en bois sculpté : souventJésus lui-même enseignant aux enfants ou à la Samaritaine (Jn 4:1-26)
Architecturalement, uneéglise est une grande salle qui peut recevoir un public nombreux, massé dans lanef (la partie longue de l'église). La chaire est un point d'où on peut s'adresser à ce public, à une époque où lemicrophone n'existait pas. Elle se trouve généralement au milieu de la nef, le long d'un mur ou contre un pilier, pour que le prédicateur puisse être entendu par le plus de monde possible.
Traditionnellement, elle est « du côté de l'Évangile » (donc à gauche pour l'observateur, côté nord si l'église est orientée) dans les églises normales. En revanche, dans les cathédrales, sa position normale est à l'opposé du siège épiscopal, donc à droite (sud de la nef). Dans les églises à jubé, celui-ci tenait primitivement le rôle de la chaire, donc celles qui s'y trouvent ont été rajoutées par la suite.
La chaire est constituée[3] de la cuve[4] qui constitue la place du prédicateur, et parfois d'un dossier qui à l'arrière relie lacuve à la partie supérieure appeléeabat-voix[5].
L'art baroque est pour l'architecture religieuse[6] avant tout un art triomphant. Issu de laContre-Réforme dans les pays catholiques, il met en scène les différents points de vue de l'église, dont la chaire est aussi un élément essentiel. Elle doit impressionner l'auditoire des fidèles. Elle est souvent surmontée sur l'abat-voix d'anges, de trompettes, d'instruments, etc. pour accompagner la parole et leprêche. La colombe du Saint-Esprit est souvent représentée pour symboliser l'inspiration divine dusermon, ainsi que le soleil de la Sainte-Trinité qui illumine les cœurs et les consciences.