Unchahid (arabe : شَهيد [šahīd],martyr) est celui que l'on considère comme unmartyr dans les pays arabes, du point de vue de l'islam ou des gouvernements. Le sens du mot arabe est proche de celui du motgrec (μάρτυς, gén. μάρτυρος [martüros],témoin) puisque le motchahid (i bref) (شَاهِد [šāhid],témoin; spectateur) signifie lui aussitémoin. Il s'agit évidemment de témoigner de sa foi. En Égypte, l'appellation est attribuée par le gouvernement, même si les familles de personnes décédées s'en réclament, et dans les années récentes spécialement pour les victimes de larévolution de 2011[1].
Ce terme, qui possède un sens plus large que le sens chrétien (celui qui est tué pour ne pas renier sa religion), est utilisé pour désigner ceux qui meurent à cause duJihad.
Le motchahid provient de laracineش ه د (š-h-d) composée des trois consonnesshīn,hā etdāl, et qui désigne le fait d'observer, d'être présent à et d'être témoin de[7].
En français, lagraphiechâhid — avec unaccent circonflexe sur lea — est utilisée pour « témoin » (شَاهِد /šāhid) ; la graphiechahîd — avec un accent circonclexe sur lei — l'est pour « martyr » (شهيد /šahīd)[7],[8],[9].
Le lien entre « témoin » et « martyr » n'est pas propre à l'arabe[7] puisque, par exemple, en français, « martyr » estemprunté aulatin ecclésiastiquemartyr qui provient dugrec ancienμάρτυς (mártus) — gén.μάρτυρος (márturos) — qui signifie « témoin »[7].
D'autre part,châhid (شَاهِد /šāhid) est l'intensif dechahîd (شهيد /šahīd)[8],[9]. La signification première dechâhid serait ainsi « grand témoin ». Il aurait acquis sa signification secondaire « martyr » par influence dusyriaquesahedo signifiant « témoin-martyr »[10],[11].
Si pour lechristianisme, lemartyre est essentiellement un témoignage de foi qui se fait dans l'amour y compris pour les juges et les bourreaux[12], le chahid de l'islam peut être un soldat qui meurt en combattant pendant lejihâd ; il se voit promettre le paradis :
Que ceux qui veulent échanger la vie présente contre celle de l'au-delà combattent dans le chemin de Dieu ! Qu'ils succombent ou qu'ils soient vainqueurs, Nous leur accorderons une généreuse récompense.
"Qu'ils succombent ou qu'ils soient vainqueurs" lors d'un combat spirituel ou physique signifie "Qu'ils meurent ou qu'ils ne meurent pas", ils défendent avant tout la vie.
Dans l'islam, lataqiya autorise la dissimulation de sa foi pour échapper au danger. En revanche, le combattant dujihad qui meurt au combat est un martyr[13]. Pour leschiites, les principaux martyrs sontAli quatrièmecalife, assassiné par leskharijites en661 et son filsHusayn, qui trouva la mort àKerbala dans une bataille contre le califeYazidIer en680. Chez les chiitesduodécimains majoritaires enIran, le martyre de Husayn est un élément central qui a d'ailleurs investit l'idéologie de l'islam révolutionnaire qui aura porté la révolution iranienne de1979, ainsi que la promotion politique du martyr au cours de laguerre Iran-Irak. La sociologue Amélie M. Chelly appelle l'idéologisation moderne du phénomène religieux de martyre la "martyrophilie" (Istishhad). La martyrophilie est présentée comme une aspiration sacralisée à mourir pour l'État et non pour un élément traditionnellement religieux : "Par cette sacralisation d’une autre cause que celle de Dieu, on glisse du martyre originel à une martyrophilie, un amour du martyre érigé en nouvelle valeur sociale."[14]
Est un chahîd, la personne décédée demort accidentelle. C'est ce qu'illustre unhadîth rapporté par lesahabiHurayara d'après lequel leProphète a dit :« les martyrs sont au nombre de cinq : l'homme mort à la suite d'une maladie du ventre ; l’homme mort par lapeste ; lenoyé ; le mort sous des décombres et enfin celui qui est mort au service de Dieu »[15],[16].
Par exemple, le nom même desBrigades des martyrs d'Al-Aqsa (arabe: كتائب شهداء الأقصى [katā'ib šahdā' al-aqṣā]) branche armée duFatah, montre toute l'ambiguïté du mot chahîd.
EnAlgérie, le motchahid désigne couramment[2] un« combattant algérien mort pour l'indépendance » du pays[2].
Abdelmalek Ramdane, tué le dans la forêt des Ouled Larbi sur la commune deLapasset (auj. Sidi Lakhdar) près deMostaganem, est considéré comme le premierchahîd (« martyr ») de la guerre d'indépendance[21],[22]. Son nom a été donné à la commune deOuillis où cent autres combattants sont morts le[23].
Le commandant Adda Benaouda, ditSi Zeghloul, tué le à laferme Berakhrakh du douar Ouled Aïcha sur la commune d'El Hamri près deRelizane, est considéré comme le dernierchahîd (« martyr ») de la guerre d'indépendance.
Lors de la pandémie du Covid 19, le gouvernement turc a pris la décision d’honorer les personnels de santé morts du covid-19 en leur attribuant le statut de «martyr»[27].