Massif des Alpes et localisation des Préalpes de Digne.
Le territoire se situe en limite est des Baronnies orientales, sur des formations calcaires provençales duJurassique supérieur et duCrétacé inférieur (roches sédimentaires issues d'un ancien océan alpin), entre trois formations géologiques majeures des Alpes[4] :
la faille de la Durance au sud-ouest, dans la vallée.
Lors de laglaciation de Riss, unediffluence du glacier de la Durance envahit la vallée du Sasse, et recouvre la quasi-totalité de la commune. Seuls les sommets de Saint-Laurent et de la Brèche d’Entraix émergeaient. Lors de laglaciation de Würm, l’extension du glacier est bien moins importante, et aucune partie de la commune n’est recouverte[7].
Le terroir de Châteaufort forme un coude, suivant le cours duSasse. Au sud de Châteaufort, on compte de très nombreux ravins où coulent des torrents intermittents (ravin de Foussouret (en limite deValernes), ravin des Martins, ravin de Bâtie Vieil), seul ravin de Terre Basse qui coule au pied du village ayant un écoulement pérenne. Plus au nord, le Riou d’Entraix coule du sud-est vers le nord-ouest, puis on retrouve des torrents intermittents, le ravin de Saint-Véran, le ravin de Saint-Vincent, et le ravin de Maynard qui fait la frontière avecClamensane[2].
Troisroutes départementales desservent la commune de Châteaufort, sans se croiser ; deux se raccordent au réseau à l’extérieur de Châteaufort[2] :
laRD 454 s’embranche à Nibles sur laRD 951, route qui dessert la vallée du Sasse. LaRD 454 monte au village, puis redescend dans la vallée pour se diriger versSaint-Geniez ;
laRD 804 qui vient de Valernes, dessert le hameau des Mayols et se finit en cul-de-sac ;
laRD 804 traverse Châteaufort entreClamensane etValavoire ; un rameau s’en détache pour desservir Saint-Véran.
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Lecanton de La Motte-du-Caire auquel appartient Châteaufort est en zone 1a (risque très faible mais non négligeable) selon la classification déterministe de 1991, basée sur lesséismes historiques[18], et en zone 4 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[19]. La commune de Châteaufort est également exposée à trois autres risques naturels[19] :
Au, Châteaufort est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[22].Elle est située hors unité urbaine[23] et hors attraction des villes[24],[25].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (92,5 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (98,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (42,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (36,5 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (13 %), zones agricoles hétérogènes (7,5 %)[26].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom actuel de la localité est une francisation du nom nord-occitan apparu pour la première fois vers 1030 (Castro forti)[27].
Selon le couple Fénié, le toponyme Entraix (utilisé pour deux villages, un torrent [le riou d’Entraix] et la Brèche d’Entraix, un col) est formé sur la racineoronymique préceltique*Tr-[28].
En 2009, la population active s’élevait à neuf personnes, dont deux chômeurs[29]. Ces travailleurs sont majoritairementsalariés (cinq sur sept)[30] et travaillent majoritairement dans la commune (quatre actifs sur sept)[30]. L’essentiel des emplois de la commune se trouvent dans l’agriculture, le secteur secondaire étant totalement absent[31].
Fin 2010, lesecteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche) comptait deux établissements agricoles actifs au sens de l’Insee (exploitants non-professionnels inclus) et aucun emploi salarié[31].
Le nombre d’exploitations professionnelles est trop faible, et couvert par le secret statistique dans l’enquête Agreste du ministère de l’Agriculture. Il était de trois en 1988[32]. Il s’agit uniquement d’éleveursovin[33].
Fin 2010, lesecteur tertiaire (commerces, services) comptait un seul établissement, du secteur administratif (regroupé avec le secteur sanitaire et social et l’enseignement), salariant une personne[31].
D'après l’Observatoire départemental du tourisme, la fonction touristique est assez importante pour la commune, avec entre un cinq touristes accueillis par habitant[40], malgré l’absence de structures d’hébergement. Les résidences secondaires constituent donc la seule capacité d’accueil[41] : au nombre de 16, elles représentent 60 % des logements[42],[43].
Dans l’Antiquité, le territoire de Châteaufort fait partie de celui desSogiontiques (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud desBaronnies à laDurance, et recouvre une partie dumassif des Monges. Les Sogiontiques sont fédérés auxVoconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à laprovince romaine deNarbonnaise. AuIIe siècle, ils sont détachés des Voconces et forment unecivitas distincte, avec pour capitaleSegustero (Sisteron)[44]. Des monnaies romaines desIIIe et IVe siècles, des céramiques, destegulae attestent de la présence gallo-romaine dans le terroir[3].
La localité apparaît pour la première fois dans les chartes vers1030[45], à l’époque où unemotte castrale est élevée[46]. Elle était alors déjà désignée commede Castro Forti[47]. Très rapidement, les seigneurs, qui rendaient hommage auxcomtes de Provence[47], prennent le nom de leur fief (et s’intitulent « de Châteaufort »)[45]. Leur château était construit au sud du village, sur une petite éminence. Une basse-cour était aménagée en dessous, l’ensemble n’excédant pas les 100 m2[48].
Leprieuré ainsi que de vastes territoires relevaient de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, qui en percevaient les revenus[49]. AuXIVe siècle, les Châteaufort sont coseigneurs avec les Justas, les Valavoire, les Venterol et les Laveno. Quand un Laveno épouse Garsende de Justas, fille de Justas de Peipin, la part de seigneurie sur Châteaufort est incluse dans ladot[45].
La communauté de Châteaufort absorbe auXVe siècle les deux communautés du Castellet d’Entraix (11 feux en 1315) et de La Pène (20 feux en 1297), qui ne se sont pas relevées de la crise duXIVe siècle (Peste noire etguerre de Cent Ans). Elles relevaient de laviguerie deSisteron[49]. L’église d’Entraix, consacrée à Notre-Dame-de-Bethléem-et-Saint-Pierre, était unprieuré relevant de Cluny, qui a probablement été abandonné à la fin duXIVe siècle[48].
À l’époque moderne, le village d’Entraix comptait une tuilerie et trois moulins (à farine, à huile et un foulon pour la laine) qui utilisaient tous les quatre l’énergie hydraulique[48]. Son église est constamment en mauvais état et menace ruine en permanence[50].
Durant laRévolution française, pour suivre le décret de laConvention du25 vendémiairean II invitant les communes ayant des noms pouvant rappeler les souvenirs de la royauté, de laféodalité ou des superstitions, à les remplacer par d'autres dénominations, la commune change de nom pourRochefort[51], ouRochefort-sur-Sasse[52].
AuXIXe siècle, la construction de laRD 951, qui se fait en rive droite du Sasse, détourne le trafic qui se faisait auparavant par la route royale, rive gauche et passant par Châteaufort[3] et Entraix entreSisteron etValavoire[3].
Comme de nombreuses communes du département, Châteaufort se dote d’écoles bien avant leslois Jules Ferry : en 1863, elle compte déjà deux écoles dispensant uneinstruction primaire aux garçons, au village chef-lieu et à Saint-Véran[53]. Aucune instruction n’est donnée aux filles : ni laloi Falloux (1851) qui impose l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants, ni la premièreloi Duruy (1867), qui abaisse ce seuil à 500 habitants[54], ne concernent la commune de Châteaufort[55]. La deuxième loi Duruy (1877) lui permet, grâce aux subventions de l’État, de construire deux écoles neuves[56] et ce n’est qu’avec les lois Ferry que les filles furent scolarisées à Châteaufort.
Les derniers habitants d’Entraix abandonnent le village dans les années 1930[48].
Jusqu’au milieu duXXe siècle, lavigne était cultivée dans la commune, uniquement pour l’autoconsommation. Cette culture, qui s'est maintenue dans l'entre-deux-guerres mondiales[57], a depuis été abandonnée[35].
De par sa taille, la commune dispose d'un conseil municipal de 9 membres (article L2121-2 duCode général des collectivités territoriales[59]). Lors duscrutin de 2008 il n’y eut qu’un seul tour : Edmond Jaubert a été réélu conseiller municipal avec le second total de 25 voix soit 96,15 % des suffrages exprimés. La participation a été de 86,87 %. Il a ensuite été élu maire par le conseil municipal[60].
L'élection du maire est la grande innovation de la Révolution de1789. De1790 à1795, les maires sont élus au suffrage censitaire pour 2 ans. De 1795 à 1800, il n’y a pas de maires, la commune se contente de désigner un agent municipal qui est délégué à lamunicipalité de canton.
En 1799-1800, leConsulat revient sur l'élection des maires, qui sont désormais nommés par le pouvoir central. Ce système est conservé par les régimes suivants, à l'exception de laDeuxième République (1848-1851). Après avoir conservé le système autoritaire, laTroisième République libéralise par la loi du 5 avril1884 l'administration des communes : leconseil municipal, élu au suffrage universel, élit le maire en son sein.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[70]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[71].
À l’embranchement de laRD 951 et de la route qui monte au village, se trouve un ancienrelais de poste[77].
Une maison noble, dite ancien château, se trouve à l’entrée du village<[78], ainsi qu’unpigeonnier[79]. Le château date probablement duXVIIe siècle : il est doté d’une chapelle de la Sainte-Famille par les seigneurs, les Aguilhenqui[50].
L’église Saint-Laurent, de styleroman, est construite auXVIIe siècle, et restaurée en 1826 : son chevet est plat, elle possède un petitclocher-mur[80]. Elle bénéficie de travaux d’embellissement et de restauration à partir de 1707[50]. Elle est orientée au nord-est[50].
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Maurice Gidon,Les chaînons de Digne, Carte très schématique, montrant les rapports entre les chaînons des Baronnies orientales (moitié nord) et ceux de Digne (moitié sud), avec l'avant-pays de la nappe de Digne (partie occidentale)
↑Maurice Jorda, Cécile Miramont, « Les Hautes Terres : une lecture géomorphologique du paysage et de ses évolutions », inAnnoville et de Leeuw 2008,p. 33.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Dossier départemental sur les risques majeurs dans les Alpes-de-Haute-Provence, Préfecture des Alpes-de-Haute-Provence,(lire en ligne), p.39.
↑a etbMinistère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement,Notice communale sur la base de données Gaspar, mise à jour le 27 mai 2011, consultée le 9 juillet 2012.
↑Ministère de l'Agriculture, « Orientation technico-économique de l’exploitation »,Recensements agricoles 2010 et 2000. (lien : attention, le fichier fait 4,4 Mio).
↑Jean-Bernard Lacroix, « Naissance du département », inLa Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence,no 307,1er trimestre 1989,108e année,p. 113.
↑Irène Magnaudeix,Pierres assisses, pierres mouvantes : Usages et représentations de la pierre par les habitants du Haut-Vançon, Mane, Les Alpes de Lumière, Forcalquier, 2004.(ISBN2-906162-73-6),p. 24.
↑Michel de La Torre,Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Paris, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », 1989, Relié, 72 p. (non-paginé)(ISBN2-7399-5004-7).