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Château d'Ivry-la-Bataille

48° 53′ 06″ N, 1° 27′ 25″ E
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Pour les articles homonymes, voirIvry.

Château d'Ivry-la-Bataille
Les ruines du donjon.
Présentation
Type
Fondation
Xe siècle-XIIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Style
Propriétaire
Patrimonialité
État de conservation
en ruineVoir et modifier les données sur Wikidata
Sites web
Localisation
Adresse
La Butte TalbotVoir et modifier les données sur Wikidata
Ivry-la-Bataille,Eure
 France
Région historique
Coordonnées
Carte

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Lechâteau d'Ivry-la-Bataille est un ancienchâteau fort, de la fin duXe siècle, aujourd'hui ruiné, dont les vestiges se dressent sur le territoire de la commune française d'Ivry-la-Bataille, dans le sud-est dudépartement de l'Eure, enrégion Normandie. Il est entièrement détruit en 1424.

Les ruines du château sont classées au titre desmonuments historiques.

Localisation

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Le château occupe un promontoire, au nord deDreux, au bord du plateau en forte avancée qui domine de 70 m la vallée de l'Eure et le bourg d'Ivry-la-Bataille, constituant un point de contrôle visuel du pays environnant. La commune, anciennementIvry-la-Chaussée, dont le nom d'Ibriacum apparaît dans la documentation auXIe siècle, est à mettre en rapport avec la célèbrebataille d'Ivry qui opposa le futurHenri IV aux troupes de laLigue catholique, le.

Du fait de sa situation, cette forteresse défendait les frontières sud-orientales duduché de Normandie, enjeu stratégique entre lacouronne de France et celle d'Angleterre, aux confins de laNormandie et de l'Île-de-France, face auPays Chartrain. Il surveillait notamment le pont qui enjambe l'Eure à cet endroit[1]. Ce verrou sur la vallée de l'Eure, s'inscrit dans la ligne de défense où l'on retrouve le château deSaint-Clair-sur-Epte, celui deGisorsetc.

Historique

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Le châtelet d'entrée, duXIIIe siècle.

Des chercheurs pensent que le site aurait pu être occupé dès l'époque antique, en corrélation avec une voie antique reliantÉvreux àParis. L'archéologie n'a pas encore confirmé cette hypothèse.

À la fin duXe siècle,Richard Ier de Normandie, vu l’intérêt stratégique de cette importante place frontière, la confie à son frère utérinRaoul d'Ivry[2],[note 1]. Ce dernier entreprend la construction d'une grande structure castrale en maçonnerie aux alentours de l'an mille (vers 960)[3], à l'emplacement d'uneaulacarolingienne, avec l'aide supposée de l’architecte Lanfroy.Orderic Vital auXIIe siècle, raconte qu'Aubrée aurait fait élever une« tour célèbre, énorme et très fortifiée » (turris famosa, ingens et munitissima)[4],[5]. La fortification aurait été commandée par Aubrée (Alberède)[note 2], femme de Raoul, à un certain Lanfred, architecte qui avait bâti lechâteau de Pithiviers. Le donjon élevé vers l'an mille est, avec les tours deRouen et d'Avranches, parmi les premières fortifications de pierre apparues enNormandie[4].

Vers 1029,Hugues d'Ivry,évêque de Bayeux, qui a succédé à son père Raoul à son décès vers 1015[4] comme comte d'Ivry, se révolte contreRobert Ierle Magnifique et arme le château avec une garnison française. Mais le duc de Normandie récupère le château et y installe une garnison ducale. Hugues devra s'exiler un temps avant de pouvoir rentrer en grâce. En 1040, Alberède, fille naturelle d'Hugues d'Ivry, entreprend une nouvelle campagne de travaux sur le château (celle du second tiers duXIe siècle)[7]. Ce personnage cité par Guillaume de Jumièges est bien réel, par opposition[8] à celui semi-légendaire d'Orderic Vital. Vers 1050, nouvelle reprise en main ducale avecGuillaume le Bâtard, le titre de comte d'Ivry disparaît. Toujours d'après Orderic Vital, Guillaume confie le château à la garde deRoger de Beaumont[9]. Guillaume Louvel, fils d'Asselin, après la mort de son frère Goel reçu le château[10]. Guillaume avait épousé une sœur deGaléran IV de Meulan, lui même fils deRobert Ier de Meulan et petit-fils de Roger de Beaumont.

Vers 1089,Robert Courteheuse le cède à Guillaume de Breteuil, arrière-petit-fils de Raoul[11] et donne à Roger de Beaumont en échange celui deBrionne[9], provoquant la fureur de ce dernier, alors que pourRobert de Torigni, c'est Robert lui-même qui aurait négocié cet échange[12].

En 1119,Louis VI le Gros incendie le château. En 1177, la tour est remise entre les mains d'Henri II Plantagenêt[11]. En 1194,Philippe Auguste s'empare de la forteresse[11], lors d'une campagne militaire dans la région. En 1195 à la suite du traité d'Issoudun, le château d'Ivry est rattaché audomaine royal[13].

Pendant laguerre de Cent Ans, en 1419, commandé par Pierre Dorgessin, la forteresse capitule au mois de mai[11] face aux Anglais après un siège de40 jours. Les Français, avec à leur tête Géraud de la Pallière, gentilhomme gascon au service deCharles VII, la reprennent durant l'été 1423 et la conserveront un an[11], s'en servant comme base pour mener des coups de mains et inquiéterÉvreux. Les Anglais, estimant que la reprise d'Ivry devient une priorité, assiègent à nouveau le château en, avec à leur tête leduc de Bedford. La place capitule le, et leur est rendue le. Faute de pouvoir y maintenir une garnison, les Anglais entreprennent la destruction des parties supérieures, préférant détruire la forteresse plutôt que de la voir retomber aux mains des Français. En 1449, leconnétableJean de Dunois se rend définitivement maître de la ville d'Ivry. En 1456[11], dans unaveu, il est fait mention de l'état de ruines du château« par loccasion de la guerre […] abattu et démoulu et mis a totalle destruction. ».

Le château, ruiné par les Anglais et ayant perdu tout intérêt stratégique, n'est plus mentionné que dans l'estimation du domaine. En 1547[11],Diane de Poitiers achète la baronnie d'Ivry. En 1567, le château« que l'on dit avoir été démoly par les Anglais au règne du royCharles VII » est évalué avec la garenne qui l'entoure. En 1740[11], dans une estimation dressée par un expert du nom de Mouchet, le château est« tiré à néant […] il consiste seulement en quelques restes de débris de bâtiments dont on ne peut faire usage. ».

Après sa destruction et son arasement, les vestiges, devenus carrière de pierres et comblés de terre, tombent peu à peu dans l'oubli. Vers 1960, seule une colline boisée d'où émergent quelques pans de murs marque encore l'emplacement de la forteresse. C'est en 1968 que Robert Baudet,ébéniste à Ivry, entreprend, avec le club archéologique qu'il vient de créer, le dégagement des substructures. Après vingt ans de travaux, le sol d'origine réapparaît et les ruines du château ressortent de terre et permettront en 1990 son classement au titre desmonuments historiques. LecastellologueJean Mesqui, l'archéologue anglais, Edward Impey, ou l'historien de la Normandie,Lucien Musset, reconnaissent l'intérêt de l'ouvrage et publient les premières analyses des vestiges, en se focalisant sur ses parties les plus anciennes datant de l'an mille. De 2007 à 2010, de nouvelles fouilles archéologiques, et le ré-examen des ruines, permirent d'éclairer l'histoire du château.

Description

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L'intérieur du donjon et l'accès aux salles basses.

Troisfossés parallèles, ainsi qu'un quatrième profondément taillé à même la roche sur le flanc ouest, isolaient le château du reste du plateau ; le tout constituant une position défensive enéperon barré. Uneenceinte flanquée est venue ultérieurement doublé la défense. Sur son flanc est, le site domine le bourg d'une hauteur de cinquante mètres environ, qui s'est implanté au pied de la butte, le long de l'Eure, autour du pont commandé par le château[1].

Commencée vers 960[note 3], la construction primitive est uneaula (salle princière carolingienne), grande construction rectangulaire de 32 × 25 mètres de côté. À la base des murs d'une épaisseur de3 mètres, on remarque unappareil en arête-de-poisson[14] caractéristique des constructions carolingiennes ainsi que l'emploi dechaînage en briques sur quelques éléments dont uncontrefort. À la fin duXe siècle, des travaux en font unlogis-donjon, à contreforts, qui s'élevait a priori sur deux niveaux et englobait une chapelle dite deSaint-Ursin et une tourelle[7].

Cet ensemble imposant est dû, selon la légende, à l'architecteLanfred (ouLanfroi[15],[note 4]), qui aurait ensuite été décapité par ordre d'Alberède[note 5], femme ducomte Raoul[18].

Dans le courant duXIe siècle, le premier niveau du château d'origine est rendu aveugle par l'apport d'une masse considérable de remblais. Ivry présente alors un plan rectangulaire avec dans l'angle nord-est, l'abside de la chapelle. De tels travaux n'ont probablement pas été entrepris sans l'aval du duc de Normandie, et l'on pourrait y voir l’œuvre deGuillaume le Conquérant, sachant qu'il existe une nette ressemblance entre la tour d'Ivry et celle deLondres (vers 1070), la première aurait alors servi de modèle à la seconde[note 6]. Après la prise d'Ivry en 1194 parPhilippe Auguste, celui-ci rase la moitié ouest de la tour et surélève la partie conservée, la transformant en une sorte de « donjon » qui perd ainsi sa fonction résidentielle, transférée dans labasse-cour située plus au sud[note 7]. Le château sera encore réaménagé avant sa prise en 1429 par les troupes d'Henri V avec l'adjonction d'unchâtelet devant le principal accès à la forteresse, et probablement auXIVe siècle, renforcée dans son angle nord-est par une grosse tour[19].

De nos jours, il ne subsiste du donjon carré, planté dès la fin duXIe siècle face au domaine royal[1], que le premier niveau.

Protection aux monuments historiques

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Les parties apparentes, ainsi que le sol des parcelles sur lesquelles elles sont situées, susceptibles de contenir des vestiges sont classées au titre desmonuments historiques par arrêté du[20].

Visite

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Propriété de la commune, le site a fait l'objet de fouilles importantes et est accessible librement et toute l'année.

Notes et références

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Notes

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  1. Avec le titre de comte - on se reportera à l'article sur Raoul d'Ivry pour sa signification.
  2. « La comtesse Aubrée de Canville, épouse de Raoul d'Ivry, fit construire (vers 990) sur le sommet d'une butte qui s'élevait dans son château une tour remarquablement fortifiée qui domine toujours la forteresse. La comtesse, affirmeOrderic Vital, après avoir terminé à force de travaux et de dépenses cette fortification difficile, [fit exécuter Lanfred] par le désir de l'empêcher de faire pareil travail pour d'autres seigneurs. Enfin ce fut pour cette forteresse qu'Aubrée fut tuée par son mari parce qu'elle avait voulu l'en chasser »[6].
  3. Cette date n'est pas confirmée.
  4. Lanfred est également l'architecte duchâteau de Pithiviers.
  5. Alberède ou Aubrée est la seconde épouse du comte, vers 1011[16]. Ce qu'omet de préciser le chroniqueurOrderic Vital. En revanche cette période trouble correspond à un conflit entre Normandie et Blois qui se terminera par la paix deCoudres. Lanfroi travaillant aussi àPithiviers, place alliée des blésois[17], cela peut expliquer sa fin tragique.
  6. Dominique Pitte voit à Ivry un chaînon de l'évolution entre ledonjon de Doué-la-Fontaine et latour de Londres.
  7. Celui-ci réserva au forteresses dont il se rendît maître des transformations importantes : il rase latour de Rouen et la remplace par un nouveau château dressé au nord de la ville. Dans les villes conquises il dresse des tours imposantes, comme àGisors (« tour du Prisonnier »),Lillebonne,Verneuil (« Tour Grise »),Vernon.

Références

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  1. ab etcAndré Châtelain,L'évolution des châteaux forts dans la France au Moyen Âge, Éditions Publitotal,, 319 p.,p. 46.
  2. Stéphane William Gondoin, « Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant »,Patrimoine normand,no 94,‎ juillet-août-septembre 2015,p. 36(ISSN 1271-6006).
  3. Damien Bouet, « Châteaux romans de Normandie »,Moyen Âge,no 131,‎ novembre-décembre 2022, janvier 2023,p. 7(ISSN 1276-4159).
  4. ab etcFollain et Pitte, 2015,p. 45.
  5. Bouet 2022,p. 8.
  6. Bernard Beck,Châteaux forts de Normandie, Rennes,Ouest-France,, 158 p.(ISBN 2-85882-479-7),p. 19.
  7. a etbJean Mesqui,Les seigneurs d’Ivry, Bréval et Anet auxXIe et XIIe siècles. Châteaux et familles à la frontière normande, Caen,.
  8. Raphaël Bijard, « Héloïse de Pithiviers », surAcademia,.
  9. a etbAnne-Marie Flambard Héricher (préf. Vincent Juhel),Le château de Vatteville et son environnement, de la résidence comtale au manoir de chasse royal,XIe – XVIe siècle,vol. Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie,t. XLVIII, Caen,Société des antiquaires de Normandie,, 393 p.(ISBN 978-2-919026-27-2),p. 27 et 28.
  10. Flambard Héricher 2023,p. 34.
  11. abcdefg ethFollain et Pitte, 2015,p. 46.
  12. Flambard Héricher 2023,p. 28.
  13. Beck 1986,p. 66.
  14. AndréChâtelain,Châteaux forts et féodalité en Île de France, duXIe au XIIIe siècle, Éditions CREER,, 507 p.(ISBN 978-2-902894-16-1,lire en ligne), p 219.
  15. Denis Joulain, « Le Château d'Alberède : essai d'histoire du château d'Ivry », suropenbibart.fr(consulté le).
  16. Véronique Gazeau,Le patrimoine d’Hugues de Bayeux (c. 1011-1049).p. 139-147.
  17. « Hugues de Beauvais - Le Comte Palatin de l’An Mil »,.
  18. M. Guizot,Histoire de la Normandie,t. III(lire en ligne),p. 364.
  19. Follain et Pitte, 2015,p. 52.
  20. « Château », noticeno PA00099460, sur la plateforme ouverte du patrimoine,base Mérimée,ministère français de la Culture.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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