Lacensure est la limitation de laliberté d'expression par un pouvoir (étatique, religieux ou privé) sur des livres, médias ou diverses œuvres d'art, avant ou après leur diffusion (censurea priori eta posteriori) au public.
Par extension, certains auteurs parlent de censure doctrinale mais aussi de censure indirecte, non officielle, sous forme de pression due notamment à laconcentration des médias, et d'autocensure déclenchée par la crainte ou la menace de censure.
En latin, le sens primaire du verbecensere avait une valeur religieuse : « déclarer solennellement et selon les formes ». Son sens secondaire a été « juger, évaluer » avec les motscensor etcensura, qui ont pris aussi le sens de « critique »[2].
À l'origine, le poste decenseur, créé àRome en -443, avait pour but de répartir les citoyens en cinq classescensitaires. Il évolue ensuite en garantissant aussi le contrôle de l'adjudication des travaux publics, et la sanction morale des citoyens (frapper d'infamie et de déshonneur)[3].
En latin chrétien, lacensura est un examen sévère fait au nom de Dieu. Le besoin de maintenir l'orthodoxie religieuse développe la censure des idées et des opinions. Mais cette répression ne pouvait s'appliquer, avant l'imprimerie, qu'à des textes déjà en circulation[2].
Avec l'arrivée de l'imprimerie, le nombre d'ouvrages explose, risquant d'échapper au contrôle des autorités religieuses. Celles-ci créent un cadre plus draconien, notamment un système permanent d'examen préalable des textes à imprimer.
Dans plusieurs sociétés antiques, la censure était considérée comme un moyen de régulation des mœurs et de la vie politique. En Chine, la première loi sur la censure fut instaurée en l'an 300[4]. Le plus célèbre cas de censure antique est celui deSocrate, condamné à boire laciguë pour avoir« incité les jeunes à la débauche »[5]. Le combat pour laliberté d'expression remonte aussi loin,Euripide défendant déjà la liberté d'expression auIVe siècle av. J.-C.[réf. souhaitée]. Pour les religions monothéistes, la condamnation dublasphème est un thème central depuis l'un des premiers livres recueillis dans laBible, leLévitique :« Si un homme insulte son Dieu, il doit porter le poids de son péché ; ainsi celui qui blasphème le Nom du Seigneur sera mis à mort ».
Les autorités de l'Église catholique nommaient descensores librorum chargés de s'assurer que rien de contraire à la foi ne puisse être publié. Cette première étape de vérification était sanctionnée par leNihil obstat (pas d'obstacle à la publication). Une deuxième étape permettait à l'évêque de donner son autorisation d'imprimer (Imprimatur, « qu'il soit imprimé ! »). En 1515 lors duVe concile du Latran, le papeLéon X, ordonne dans sabulle pontificaleInter sollicitudines qu'à l'avenir personne n'ose imprimer ou faire imprimer un livre dans quelquediocèse que ce soit, sans qu'il n'ait été examiné avec soin par l'évêque ou son représentant, sous peine d'excommunication. En 1559 l'inquisition établit l'Index librorum prohibitorum, liste de livres interdits aux personnes non averties. Celui-ci perdurera jusqu'au concileVatican II.
Dans le domaine des œuvres picturales de nombreuses toiles ont fait l'objet de censure par ajout de feuillage (feuille de vigne) ou d'habits sur les œuvres originales pour en voiler les nudités exposées commeAdam et Ève chassés de l'Éden deMassaccio à lachapelle Brancacci de l'église Santa Maria del Carmine de Florence ou la censure duJugement dernier deMichel-Ange de lachapelle Sixtine, qui n'a jamais pu aboutir malgré les demandes réitérées du pape. À l'époque, l'œuvre avait fait scandale, surtout parce que les quelque quatre cents personnages représentés y étaient nus, même leChrist.Paul IV songea un moment à supprimer toute la fresque, mais il se contenta finalement de faire voiler pudiquement certains personnages parDaniele da Volterra, qui y gagna le surnom deBraghettone (culottier). AuXVIIe siècle encore,Clément XII fit recouvrir d'autres personnages.
Le respect de ces préceptes et interdits moraux issus de la religion dominante a conduit à des classifications dans les bibliothèques et à la mise à l'écart des publications concernées pour le grand public : en particulier la constitution de l'enfer de bibliothèque, tel quecelui de la BNF.
Dans les pays protestants la censure s'exerce aussi, mais de façon particulière. Après laPaix d'Augsburg de 1555, il se crée une série d'États-Églises différents (« tel prince, telle religion »). Les divisions entre protestants font que la censure ne s'exerce pas seulement sur les catholiques, mais aussi sur les autres protestants. Un étatluthérien interdit les ouvragescalvinistes et inversement. Cette fragmentation ne permet pas une censure d'ensemble comme chez les catholiques, avec création d'un index général détaillé. Chaque censure protestante s'exerce localement et ne peut aller au-delà de son territoire politique[6].
La censure protestante peut s'exercer au cas par cas, ou sur des catégories de livres. En 1543 la ville deNuremberg ordonne de purger les ouvrages de philosophie de tous les passages incompatibles avec la pensée deLuther. En 1559, la ville deBâle exhume et brûle, avec ses livres, le corps de l'anabaptisteDavid Joris, mort en 1556. La ville calviniste deGenève, à partir de 1550, exerce une censure des plus étroites : les manuscrits sont lus avant d'être imprimés, et les ateliers d'imprimerie périodiquement contrôlés. Les autorités genevoises exercent aussi une censure morale avec la destruction d'exemplaires des œuvres deRabelais, deTerence, d'Ovide, ou desromans de chevalerie etcontes licencieux. De passage à Genève,Michel Servet sera arrêté et brûlé vif en 1553. En 1601, le Duc luthérien deWurtemberg interdit les livres calvinistes,papistes, anabaptistes et deSchwenkfeld[6].
En pays catholique, comme en pays protestant, selon les lieux ou les périodes, des villes peuvent être plus tolérantes, éditant des auteurs d'obédience différentes, commeAnvers, Bâle,Strasbourg.Francfort était, et reste réputée auXXIe siècle, pour safoire aux livres, se tenant deux fois par an, où convergeaient des auteurs, imprimeurs et acheteurs venus de toute l'Europe.
Il existait un trafic clandestin de livres interdits circulant par les voies habituelles sur de longues distances. Le livre interdit était glissé parmi des centaines de livres autorisés, ou portait un faux-titre sur une couverture factice. Les inspecteurs aux frontières pouvaient être soudoyés. Un historien a trouvé une lettre manuscrite d'un Vénitien de 1574, écrivant à un ami de Paris. Il lui demandait un livre de Francfort qui devait être acheminé par navire àVenise à telle période, car l'inquisiteur serait alors un ami de famille, qui lui laisse accès à « tout ce qui n'est pas vraiment pernicieux dans sa totale substance »[7].
Pendant laRévolution française, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du affirme solennellement :« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. » (article 10) et« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi. » (article 11)[10]. En d'autres termes, il est possible de sanctionner une publication, mais en aucun cas d'empêcher celle-ci. Presque supprimée en fait depuis 1789, à peu près abolie en droit par le décret du 13 janvier 1791, la censure est rétablie par le décret du 2 août 1793 qui ordonne la fermeture des théâtres et l’arrestation des directeurs coupables de jouer des pièces inciviques ; puis le Conseil général de la Commune leur fait la loi. Enfin, le 21 mai 1794, la Convention ressaisit la censure, qu’elle attribue à son comité d’instruction publique. Celui-ci prend fort au sérieux ses pouvoirs, morigène directeurs, auteurs, et contient le zèle des ultra-révolutionnaires.
En1810, un décret deNapoléon rétablit officiellement la censure[11],[12]. Suit une succession de suppression et de rétablissement de la censure. Les articles ou dessins censurés étaient alors remplacés par des espaces blancs. La censure disparaît officiellement lors de lapromulgation de laLoi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881[13]. Cette loi confie au systèmejudiciaire l'essentiel du contrôle des informations publiées en France. Ce contrôle s'effectue après diffusion, ce qui limite les abus de pouvoirs. Toutefois, la censure théâtrale subsiste jusqu'en1906[réf. souhaitée].
La censure n'a jamais été officiellement rétablie en France comme dans les époques passées, sauf en temps de guerre, notamment lors des deux guerres mondiales. Ainsi les directeurs de journaux recevaient-ils de l'autorité compétente des consignes sur les informations à mettre en évidence en première page, à éliminer, ou à réduire à l'état d'entrefilets dans les pages les moins lues.
Avec la proclamation de l'état de siège, le 2 août 1914, laliberté de la presse est suspendue. Les autorités peuvent censurer non seulement les informations militaires, mais aussi« tout ce qui tend à surexciter l'opinion ou à affaiblir le moral de l'armée ou du public ». Les journaux paraissent avec des espaces blancs dans les pages ou s'autocensurent préventivement. Les journaux qui passent outre sont saisis, les responsables étant passibles du conseil de guerre[14].
Cette période de censure voit la création duCanard enchaîné en 1916. Le titre du journal satirique y fait directement référence :canard (terme d'argot pour journal)enchaîné (par la censure). Malgré ses multiples carrés blancs, il continue de paraître en défiant les autorités« tu auras mes plumes mais tu n'auras pas ma peau »[14].
Sous lerégime de Vichy, on alla plus loin et la censure devint préventive[réf. souhaitée]. Pour laguerre d'Algérie, le pouvoir innova et décida de saisir les journaux (notamment ceux qui évoquaient les actes detorture)[15]. Il existe encore actuellement une forme decensure en France; elle est cependant du ressort des tribunaux sous la forme d'interdits de publication ou d'ordonnance.
Despacifistes de premier plan ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir dénoncé la guerre. En 1941, après avoir pris la parole au Pigeon Park de Wellington au mépris de l'interdiction des réunions pacifistes, Archie Barrington fut arrêté et condamné à un an d'emprisonnement avec travaux forcés[16]. L'année suivante, Ormond Burton, pasteur méthodiste et vétéran décoré de la Première Guerre mondiale, fut emprisonné pendant deux ans et demi pour avoir publié un document « subversif » : un bulletin de la Christian Pacifist Society[17].
La censure des correspondances a été pratiquée dans toute l'Europe, à partir de l'ouverture despostes royales aux particuliers, malgré la reconnaissance officielle du secret des lettres, et ce par tous les régimes, jusqu'à la fin du règne deNapoléon III (cf.Cabinet noir). La censure postale a cependant été rétablie en temps de guerre par les différents belligérants au nom de leur intérêt national, mais elle l'a alors été de façon ouverte, avec apposition de diverses marques de censure et bandes de fermeture (cf.Histoire postale).
Au début duXXIe siècle commence un grand débat sur le rôle desgéants du Web dans le contrôle d'accès à l'information sur internet. Il est question de savoir si ces grandes entreprises doivent favoriser la communication entre des personnes opposantes à un gouvernement, comme pendant le Printemps Arabe, ou au contraire de réduire, de limiter cette communication dans le but de maintenir la paix sociale.
Toutes les grandes entreprises du web appliquent actuellement une politique, non de censure complète de l'information, mais de restriction drastique de l'accès à certaines d'entre elles, tandis que d'autres sont promues artificiellement.
En janvier 2018,Facebook donne un aperçu de sa nouvelle politique de promotion et de dégradation des informations, basée notamment sur la source d'information et des valeurs de l'entreprise[18]. En cas de publication d'un contenu « trompeur ou préjudiciable », Facebook applique trois solutions : le supprimer, en réduire la diffusion ou le « contextualiser », c'est-à-dire ajouter des liens vers des articles défendant une opinion contraire[19]. Selon Facebook, ce genre de méthodes permettrait de réduire l'accès à ce contenu jusqu'à 80 %[20].
L'autocensure est une forme de censure que s'applique à elle-même une personne, une institution, ou une organisation, déclenchée par la crainte ou la menace de censure par une autorité politique, financière, ou religieuse.
Selon un sondage réalisé auprès des membres de la Guilde des auteurs réalisateurs de documentaires, au sujet de leurs investissements personnels dans des projets sur la période 2016-2021, 60% ont reconnu "s’autocensurer"[21] avant même de proposer un documentaire, afin d'éviter qu’il ne soit refusé[21], et 63% ont estimé "ne plus être à l'initiative de leurs films mais réaliser une commande initiée par la chaîne de télévisions ou le producteur"[21]. La réalisatrice Elizabeth Drévillon, présidente de la Guilde des auteurs réalisateurs de documentaires[21], et le journaliste d'investigationJean-Baptiste Rivoire, ex-rédacteur en chef adjoint du magazine "Spécial investigation" de Canal+, fondateur du média "Off-investigation" auditionnés en février 2022 par la commission d'enquête sur la concentration dans les médias créée au Sénat[21], ont estimé que la pression des chaînes sur les auteurs-réalisateurs de documentaires aboutissait à une« autocensure »[21], avec pour conséquence un« préjudice au débat démocratique »[21].
Dans un sens plus large la censure regroupe différentes formes d'atteinte à laliberté d'expression. Le fonctionnement desmédias implique de nombreuses personnes ayant chacune à son niveau un pouvoir de modification voire de suppression de certaines propositions initialement faites. Nombreux sont ceux qui assimilent une telle action à de la censure dans les faits, ce qui étend assez largement la définition de la censure. Même s'il n'en demeure pas moins que les propriétaires des médias évitent de publier ce qui peut déplaire à des clients, à l'État, à des syndicats, etc. et que même les professionnels s'abstiennent généralement de simplement proposer un article potentiellement litigieux (auto-censure).
Quelquefois, une information spécifique et unique dont la véritable existence est à peine connue du grand public, est gardée dans une subtile situation de quasi-censure, étant classée comme « subversive » ou « inconvenante ». Le texte de 1978 deMichel Foucault,La Loi de la pudeur, par exemple – défend l’abolition del’âge du consentement, et depuis août 2006, est presque totalement invisible sur Internet, que ce soit en français ou anglais, et n’apparaît même pas sur les sites Web spécialisés sur Foucault. Paradoxalement, les appels à la censure constituent souvent une véritable publicité qui, en éveillant la curiosité du public, provoque l'effet inverse à celui recherché. Les filmsAmen. etLa Dernière Tentation du Christ, le romanLes Versets sataniques ont reçu une publicité qu'ils n'auraient sans doute pas eue sans les menaces dont ces œuvres ou leurs auteurs ont été la cible.
Trois ans et demi plus tard, toujours à l'ORTF, l'écrivainMaurice Clavel quitte le plateau de télévision au cours d'un débat avec le ministreJean Royer pour protester contre une coupe dans un reportage en lançant la célèbre formule "Messieurs les censeurs, bonsoir !".
DepuisSpinoza, laliberté d'expression est devenue l'un des socles de laphilosophie politique, qu'elle soitlibérale ourépublicaine. On définit ainsi la censure comme la limitationarbitraire par legouvernement de la liberté d’expression : la censure s'exerce d'en haut. Certains philosophes, pourtant, ont légitimé une telle censure dans certaines situations déterminées. Les opposants à toute censure affirment non seulement laliberté d'opinion, mais défendent le droit de chacun de « tout dire », y compris à leurs pires ennemis. C'est à ce titre, par exemple, queNoam Chomsky a pu défendre le droit desnégationnistes à rendre public leur discours[22], bien qu'il soit en complet désaccord avec celui-ci. Ainsi, le débat sur les lois restreignant les discoursrévisionnistes continuent à agiter le monde contemporain, en opposant notamment les États-Unis et le monde anglo-saxon au continent européen — — qui, il est vrai, a fait l'expérience directe de l'Holocauste — qui, dans l'ensemble, réprime de tels propos. Le problème est bien sûr complexe, et les positions en général nuancées, bien que fermes. Ainsi, si Chomsky prend parti pour une liberté d'expression illimitée, l'historienPierre Vidal-Naquet tolérait de même le droit de chacun à s'exprimer, tout en affirmant qu'on ne discute pas avec des négationnistes, de la même façon qu'un « astronome ne discute pas avec unastrologue ».
Enfin, le droit à la liberté d'expression constitue le fondement desdémocraties libérales, tandis que lemarxisme a pu justifier la restriction temporaire de certains discours, au nom d'une conception de la « dictature du prolétariat ». La tradition marxiste rappelait ainsi que si les libéraux défendent le droit formel à la liberté d'expression, ils n'en assurent pas nécessairement les moyens matériels de l’exercer : ainsi, celle-ci peut être restreinte par les pouvoirs économiques (censure économique), entre autres par le biais de laconcentration des médias (à l'œuvre aussi dans le domaine de l'édition). À ce titre, le philosophe italienAntonio Gramsci écrivait dans l’Avanti!, le 18 avril 1919 :
« À l’« initiative privée » qui se promet — par les complots, par le poignard, par des gestes audacieux — d'anéantir l'élan irrésistible de la lutte de classe, menée par le prolétariat pour son autonomie dans la production industrielle et agricole et dans les obscurs méandres de la politique internationale, l'appareil autoritaire de l'organisation étatique ajoute l'artillerie lourde de ses institutions : la censure, le monopole du télégraphe, du téléphone, de la poste, des chemins de fer, l'agence Stefani. L'artillerie légère de l'initiative privée attaque la classe prolétarienne (…) L'artillerie lourde de l'appareil d'État protège les dévastations de l'artillerie légère (…) Mais l'histoire qui est essentiellement liberté, et vérité, ne se laisse pas enfermer dans une bouteille comme le diable par le magicien (…) Hier les journaux de la bourgeoisie de Milan et de Turin n'ont pas paru : la solidarité de classe des typos a supprimé pour un jour la déloyauté et le mensonge antiprolétarien. La Vérité, mutilée, a triomphé dans cette modeste édition turinoise de l’Avanti! (…) la classe ouvrière et paysanne se révèle, avec une efficacité toujours accrue, comme l'Anti-État, qui peut opposer à l'État capitaliste un colossal appareil de forces (…) Le journal est la grande tranchée de la lutte de classe ; mais le journal est fabriqué par les ouvriers, c'est grâce au travail de l'ouvrier que la nouvelle et l'opinion prennent une forme sensible (…) Chaque force adverse doit être combattue avec des forces adéquates : à la censure du mensonge et de la déloyauté, qui veut impunément poursuivre et intensifier le travail accru de la délinquance privée, au mensonge et à la déloyauté, la classe prolétarienne doit opposer, dans ses corporations compétentes, la censure rouge. »
— Antonio Gramsci, « Les ruses de l'histoire », 19 avril 1919, publié sans signature dans l'Avanti! le 19 avril 1919 (inÉcrits politiques I, Gallimard, 1974, p. 217-219)
Antonio Gramsci pensait le problème non pas dans les termes de la liberté formelle d'expression, mais dans une opposition de rapports de force, censure contre censure. En posant la question de l'idéologie, les marxistes soulignent ainsi l'effet d'une censure insidieuse, l'hégémonie, qu'il convient de combattre en lui opposant un discours libre et offensif. Dès lors, il convient de distinguer entre plusieurs types de censure, politique, économique, etc., et, selon Gramsci, de leur opposer non pas une liberté d'expression individuelle, mais une censure rouge, force d'opposition collective.
EnRépublique démocratique du Congo (151e rang en2014), l'organe de censure se nomme Commission Nationale de Censure des chansons et des spectacles (CNCCS). Elle a pour rôle de contrôler toutes les chansons et spectacles généralement quelconques dans les médias, places publiques, etc. Elle est gérée par un haut magistrat et supervisée par le Ministère de la Justice et Garde des Sceaux.
Dans de nombreux pays, la censure d'informations générales, politiques ou commerciales s'exerce généralement par voie de décisions de justice et non par le contrôle d'un organe de censure pérenne.
La censure au Québec est historiquement associée au pouvoir religieux. À partir des années 1950, la censure devient un enjeu séculier et concerne le pouvoir judiciaire à travers le sujet de l'obscénité[24],[25].
En Ontario, en 2019, prétextant opérer un geste visant la réconciliation avec les premiers peuples, le Conseil scolaire catholique Providence procède, sous l'égide de Suzy Kies, à la destruction de 5 000 œuvres littéraires. Cette action s'inscrit notamment par la destruction d'une trentaine d'entre-elles par autodafé en 2019 lors d'une cérémonie de purification. Les œuvres mises à l'index, incluant des bandes dessinées d'Astérix,Lucky Luke etTintin, sont accusées de propager des stéréotypes et du racisme. Les gestes sont dénoncés par plusieurs auteurs, sans être unanimement dénoncées par l'ensemble des leaders politiques canadiens, notamment le Premier ministre Justin Trudeau[26]. Pour Jean-Philippe Uzel, spécialiste de l’art autochtone à l’UQAM, « brûler des livres, c’est réécrire l’histoire. Et le faire devant des enfants dans un but éducatif, c’est une aberration totale »[27].
EnCôte d'Ivoire, leCNCA est l'organisme qui a, entre autres, pour rôle de censurer. Les documents censurés incluent : clips jugés proches de lapornographie, etc.
L'histoire de la censure en France est une suite d'abolitions et de rétablissements successifs : celle de l'Ancien Régime avait été abolie en 1791 par laRévolution française qui proclame la liberté des spectacles, mais rétablie en 1794 par la contre-révolution deThermidor et renforcée parNapoléon1er.
Des faits de censure directe ou indirecte sont constatés à plusieurs périodes. En décembre 1971, l'écrivainMaurice Clavel quitte le plateau de la première chaine de télévision au cours d'un débat avec le ministreJean Royer pour protester contre une coupe dans un reportage en lançant la célèbre formule "Messieurs les censeurs, bonsoir !".
En juin 2000, le groupe de rock françaisMatmatah est condamné à15 000 francs d'amende pour« provocation à l’usage de stupéfiants » et« présentation sous un jour favorable de l’usage et du trafic » à cause de sa chansonL'Apologie. En novembre 2005, le députéUMPFrançois Grosdidier porte plainte contre divers groupes de rap français, certains dissous, pour avoir pratiqué selon lui, une« incitation au racisme et à la haine. » Déposée dans le contexte desémeutes de l'automne, elle est vue, à gauche, comme un« acharnement » et une tentative de censurer la« parole des quartiers ». Les groupes concernés sont :Monsieur R,Smala, les groupesLunatic (dissous),113,Ministère A.M.E.R. et les chanteursFabe et Salif[29]. En outre, le groupe de rapLa Rumeur a été poursuivi par le ministère de l'intérieur pour des propos tenus dansLa Rumeur Magazine. La plainte a été déposée en 2002 par le ministère de la Justice mais a fait l'objet d'une décision de non-lieu rendue en première instance le 17 décembre 2004. Le procureur de la République en a fait appel en 2005 (alors queDominique de Villepin dirigeait l'Intérieur).
LeConflit nord-irlandais fut souvent censuré parBBC, ITV &Channel 4 enIrlande du Nord. En 1985, le livreSpycatcher: The Candid Autobiography of a Senior Intelligence Officer d'un agent duMI-5 Peter Wright (1916-1995).
LeTerrorism Act 2006 censure les discours desdjihadistes contre la nation[36]. En 2008, le tableau deLucas CranachVenus (1532) à l'affiche dans le métro de Londres pour l'exposition duRoyal Academy of Arts, fut retiré, car considéré comme un outrage à la pudeur[37]. La même année, un article de l'encyclopédie en ligneWikipédia, a été censuré pendant plusieurs jours à cause de la présence sur saversion anglaise de la pochette de l'albumVirgin Killer du groupe de hard rockScorpions, représentant une fille préadolescente nue, avant que l'Internet Watch Foundation (organisation à l'origine du signalement de la page aux FAI) revienne sur ses positions. Des centaines de foyers ont ainsi été privés d'accès à Wikipédia[38],[39],[40].
Le dimanche 2 mars 2025, le filmNo other land, réalisé par un collectif israélo-palestinien, a remporté l'Oscar du meilleur documentaire. Le lendemain, le ministre israélien de la Culture a demandé aux cinémas et aux institutions culturelles subventionnées de ne pas le programmer[41].
La copie du tableau de Tiepolo,La Vérité dévoilée par le Temps, choisi parBerlusconi lui-même pour la salle de presse de sa présidence du conseil, a été censuré enaoût 2008 par ses conseillers, en cachant le sein dévoilé et visible de laVérité[42].
Le la chaîneitalienneRai 2 a diffusé, une version censurée du filmLe Secret de Brokeback Mountain, dans laquelle deux scènes ont été coupées (la scène où est évoquée, la première relation sexuelle entre les deux héros et la scène où ils s'embrassent)[43]. Cette diffusion a suscité une polémique en Italie de la part des téléspectateurs et des associations homosexuelles.
Il existe un ministère de laPropagande qui garde la main sur les médias. Le Bureau du film contrôle la diffusion des films en Chine : il a par exemple fait retirer des salles le film américainDa Vinci Code au mois de juin 2006[44]. La télévision n'échappe pas à la censure puisque le gouvernement a décrété que les dessins animés (la plupart sont japonais ou américains) seront interdits entre 17h et 20h à partir du1er septembre 2006[45]. Le Bureau du cinéma peut interdire un film sous divers prétextes : ainsi, le film deLou Ye,Palais d'été, a été censuré au motif qu'il comportait « trop de scènes sexuelles et de sujets sensibles »[46]. Les cinéastes doivent obtenir une autorisation pour tourner leurs œuvres.
L'indépendance desmédias russes est mise en doute par certains commentateurs, commeMarie Mendras, selon laquelle, en 2006, au moins la moitié des journaux télévisés des deux chaînes gouvernementales est dédiée aux faits et gestes du président Poutine[47]. Depuis 2003-2004, Moscou a resserré son emprise sur les chaînes de télévision privées telles queNTV[réf. nécessaire]. Après laprise d'otages de Beslan en 2004, lesIzvestia avaient publié plusieurs photographies de la tragédie et le rédacteur en chef avait été renvoyé immédiatement[réf. nécessaire]. Les radios et la presse indépendantes (Écho de Moscou,Novaïa Gazeta,Kommersant…) sont présentes surtout àMoscou etSaint-Pétersbourg.Internet reste libre, mais ne touche, en 2009, que 27 % des Russes[48].
Le 4 mars 2022, Vladimir Poutine signe une loi votée par laDouma limitant fortement laliberté d'expression et l'accès à l'information[49]. La loi prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour quiconque publiera des informations mensongères sur le conflit en Ukraine[49]. Elle concerne les particuliers ainsi que les médias russes et étrangers[49]. Par exemple, le média indépendant russeZnak a fermé son site[49]. L'ONGReporters sans frontières estime que le dirigeant russe est « clairement en train de mettre son pays sous cloche »[49]. Le classement de RSF place la Russie à la150e place sur 180 États pour la liberté de la presse[49]. Leréseau socialFacebook est également bloqué par les autorités russes depuis le[49].
Au cours du même conflit, le reporter Mikhaïl Afanasyev, responsable du comité de protection des journalistes Novy Fokus[51], est arrêté après avoir médiatisé le cas de onze Gardes nationaux contestataires enSibérie. Il est poursuivi pour avoir propagé de « fausses informations » et encourt ainsi une peine pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison[52]. Le même jour, d'autres journalistes et medias sont frappés sous le même prétexte[53].
Opposée à l'invasion de l'Ukraine, la comédienneLia Akhedjakova écrit surTelegram : « J’ai honte de mes concitoyens. […] Comme je suis fatiguée de cette grandeur imaginaire de la Russie. Je veux aller en Ukraine après sa victoire »[54]. Elle subit les critiques du vice-président du conseil municipal de Moscou qui laisse entendre que des mercenaires de la société militaire privéeWagner pourraient perturber la représentation : « Si Akhedzhakova est accompagnée sur scène par les « musiciens » [le surnom des mercenaires de Wagner], cela pourrait s'avérer être une sacrée performance. Madame Akhedzhakova, êtes-vous fan de Wagner ? » Un théâtre deSaint-Pétersbourg annule ensuite une représentation théâtrale qu'elle devait interpréter[55]. Précédemment, leThéâtre Sovremennik deMoscou a annulé les représentations d'une autre pièce interprétée par la comédienne, après qu'un groupe d'officiers s'est opposé à ses supposées « propagande homosexuelle », « insultes aux anciens combattants » et « incitations à la haine ethnique ». Des militants, habitués à perturber des programmes culturels, ont porté plainte contre le directeur artistique car il visait à « détruire la mémoire de laGrande Guerre patriotique et le faisait avec une méchanceté particulière »[56].
Paul Ranc dans son livreLa Franc-Maçonnerie sous l'éclairage biblique[57], a affirmé que le B'nai B'rith (organisation paramaçonnique juive) a financé larévolution russe et qu'elle avait pour but d'instaurer unpouvoir mondial juif[58]. Le B'naï B'rith suisse fera condamner son livre par la justice en juin1990[59].
Pendant l'Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, le Parlement ukrainien bannit le 19 juin la musique russe récente dans les transports publics et dans les médias et l'importation de livres imprimés en Russie, en Biélorussie ainsi que dans les territoires ukrainiens occupés et l'impression de livres de citoyens russes[60].
LeFairness & Accuracy In Reporting (FAIR) est une organisation créée en 1986 pour combattre la censure dans les médias auxÉtats-Unis. D'autres sociétés abordent également la censure commeCOINTELPRO etGoogle Earth[61],[62].
Les jeux vidéo sont souventpris comme cible par la censure. Les insultes inclus dans les dialogues du jeuConker's Bad Fur Day ont été censurées surNintendo 64 et la versionXbox (Conker: Live and Reloaded)[64]. La versionSuper NES deWolfenstein 3D est réputée à cause de ses nombreuses modifications et censures imposées par les normesNintendo of America, de l'époque ; ainsi, l'ensemble des signesnazi et des représentations d'Adolf Hitler ont été retirées de cette version[65]. EnAllemagne, les passants du jeu de voitureCarmageddon ont été remplacés par des zombies ou des robots ; le jeu n'a jamais été distribué au Brésil[réf. nécessaire]. Toujours en Allemagne,Team Fortress 2 est censuré ; le sang est remplacé par des petites giclures jaunes, et les morceaux de corps, par des jouets et des objets mécaniques (hamburgers, canards en plastique, dentiers, réveils, etc.), afin d'éviter de rappeler la violence et les horreurs de laSeconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. EnAustralie,Left 4 Dead 2 est également censuré : il y a moins de sang, et les zombies disparaissent quand ils meurent[66].
Internet est devenu la principale source d'information en particulier chez les plus jeunes générations[70]. Pratiquée en général au niveau des États, le filtrage des informations et contenus sur internet est une réalité dans un grand nombre de pays à plus ou moins grande échelle.
Additionnellement, la concentration des services internets dans les mains de quelques grandes entreprises leur permet de manipuler l'information, de censurer et de faire disparaître d'internet dans le monde entier des contenus et des auteurs non souhaités[71].
Cette sous-section aborde la question de la censure pour des motifs religieux ou à caractère religieux à l'époque contemporaine comme il est précisé dans la section de tête
Nathalie Roelens développe une analyse approfondie de la censure de symboles chrétiens dans son article « Deux croix censurées : la connotation religieuse dans l’affiche de cinéma »[72]
Deux événements majeurs ont marqué l'époque contemporaine : la publication en 1988 du livreLes Versets sataniques et l'affaire des caricatures deMahomet.Les Versets sataniques fut considéré comme tellement blasphématoire que l'ayatollahKhomeini édicta en 1989 une fatwa de mort contre l'auteur qui fut alors forcé d'entrer dans la clandestinité. En outre, le livre a suscité des manifestations hostiles pacifiques ou violentes dans le monde ainsi que des manifestations de soutien au titre de la liberté d'expression. D'autre part, des tensions diplomatiques sont apparues entre les pays occidentaux et les pays ayant l'islam pour religion d'État. Ces tensions et l'hostilité perdurent encore actuellement. Lescaricatures de Mahomet sont une série de dessins parus dans un journal danois, et dont l'un représente le prophète de l'islam Mahomet vêtu d'un turban en forme de bombe. Les dessins illustraient un article consacré à l'autocensure et à la censure considérées comme s'accroissant pour les sujets touchant à la religion musulmane depuis l'assassinat du réalisateur Theo van Gogh. Ces caricatures ont provoqué des manifestations hostiles pacifiques ou violentes dans le monde ainsi que des manifestations de soutien au titre de la liberté d'expression. Il convient de noter que le deuxième événement a fait émerger la notion de« diffamation des religions » soutenue à l'ONU par l'Organisation de la Conférence islamique.
En décembre 2005 en France,Le Fanatisme ouMahomet de Voltaire, une pièce de théâtre, a été empêchée[73],[74],[75]. En février 2006 enFinlande, le rédacteur en chef d'une revue culturelleKaltio, bande dessinée de 5 pages sur Mahomet (masqué)[76], a été licencié. En septembre la même année en RFA : la représentation du spectacleIdoménée, Roi de Crète de Mozart est annulée[77],[78]. En octobre en Grande-Bretagne, retrait d'une dizaine de dessins érotiques de l'artiste Hans Bellmer d'une exposition qui lui était consacrée[79].
Avril 2009 enTurquie,Nedim Gürsel, auteur, est convoqué devant un tribunal pour avoir menacé à la paix sociale dans son roman intituléLes Filles d'Allah[81]. En octobre enBelgique, l'expositionCocktail, ou autoportrait en société qui est une reconstitution d’un espace de prière musulmane représenté à l’infini a été démontée plus tôt que prévu par suite d'agressions répétées. L'auteur, Mehdi-Georges Lahlou, a expliqué le but de son œuvre :« Une trentaine de tapis de prière sont disposés au sol en direction de la Mecque. Devant chaque tapis est placée une paire de chaussures masculines, qui représente l’homme en prière. Au milieu, sur un tapis vert, est disposée une paire de chaussures rouges brillantes à talons. Dans ma pratique, j’utilise très souvent ce seul stigma féminin pour me « travestir » et donc questionner ma sexualité »[82].
Depuis la fin duXXe siècle, les politiques de santé publiques de lutte contre le tabagisme ont abouti à des actes relevant de la censure dans le domaine de l'image. Ainsi en France,« Laloi Évin [1991] interdit toute propagande ou publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac ou des produits du tabac. Hulot, personnage créé par Jacques Tati, fumait la pipe. […] Tati est mort avant la loi Évin. […] Considérant que la photographie de Tati jouant Hulot sur son solex, extraite du filmMon oncle, serait une infraction à la loi, suivant en cela une « jurisprudence » établie hors des tribunaux par la BNF et Gallimard qui avaient supprimé la cigarette deJean-Paul Sartre sur le catalogue de l’exposition consacrée à ce dernier, et celle de la Poste procédant à la même suppression pour Malraux sur un timbre »[83], [la SNCF et la RATP avec la société METROBUS] ont décidé d’affubler le tuyau (de pipe) d'une hélice à vent [jaune]. Voilà donc des œuvres (un film, une photographie) révisées et dénaturées, d’une double manière[84].
La censure peut prendre aussi la forme d'un encadrement lié à l'âge du public. Un tel type de « censure positive[réf. nécessaire] » comporte par exemple des classifications de films selon des critères préétablies, comme la représentation de lasexualité (pornographique ou non) ou de laviolence.
↑abcdef etg"Les auteurs-réalisateurs de documentaires "s’autocensurent", affirment leur syndicat face au Sénat" le 3 février 2022, surFrance 24[1]
↑Igounet, Valérie et Rudy, Reichstadt, « Négationnisme et complotisme : des exemples typiques de désinformation »,Le temps des médias,no 30,,p. 139-151(lire en ligne)
Hugues Lethierry,Vivre ou philosopher : les ciseaux d'Anastasie, éditeur Petit pavé, Angers, 2019, 201 pages(ISBN978-2-84712-605-1)
Laurent Garreau :Archives secrètes du cinéma français (1945-1975) : Et Dieu créa la censure, préface de Jacques Rigaud, Presses universitaires de France, Perspectives critiques, 2009, 352 p.(ISBN978-2-13-057486-6)
Albert Montagne :Histoire juridique des interdits cinématographiques en France (1909-2001), préface de Jean Sagnes, L'Harmattan, coll. Champs visuels, 2007, 360 p.(ISBN978-2-296-04192-9)
BernardJoubert,Dictionnaire des livres et journaux interdits : par arrêtés ministériels de 1949 à nos jours, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie,, 1218 p.(ISBN978-2-7654-0951-9 et276540951X)
Nathalie Collard et Pascale Navarro,Interdit aux femmes : le féminisme et la censure de la pornographie, Boréal,, 143 p.(ISBN978-2-89052-755-3 et2890527557)
PaulMoreira,Les Nouvelles Censures : dans les coulisses de la manipulation de l'information, Paris, Robert Laffont,, 286 p.(ISBN978-2-221-10863-5) dans les coulisses de la manipulation de l'information.
États-Unis,XXe et XXIe siècles : quelles censures ? : un article de Claire Bruyère, professeure émérite, civilisation et littérature américaine, université de Paris 7, dans Laurent Martin (dir.),Les censures dans le monde, PUR, 2016