Ils n'ont pas laissé de trace écrite et ne nous sont connus que par despatronymes ettoponymes épars, et des rares descriptions qu'en donnent des textesgrecs etromains. On ne sait pas s'ils étaientindo-européens car on ignore leur origine. Les chercheurs anciens et contemporains sont partagés quant à leur affiliation au mondegaulois ouceltique : les Ligures, comme bien d'autres peuples dont on ignore presque tout, font l'objet d'hypothèses.La plupart des chercheurs contemporains affirment qu'il est préférable, en l'absence de preuves concrètes, de ne pas les considérer comme gaulois ou celtiques.[réf. souhaitée]
On sait peu de choses sur l'ancienne langue des Ligures car même si de nombreuses traces d'écriture ont été découvertes, celles-ci ne permettent pas pour l'instant de l'étudier. Cet alphabet mystérieux se retrouve dans toute laLigurie et date duVIe siècle av. J.-C. La plupart de ces gravures sont réalisées sur des stèles représentant des guerriers[1],[2].
Les Ligures sont nommésΛιγυεςLigyes engrec etLigures (issu deLiguses) enlatin[3]. Le motLigure est probablement d'originegrecque[4]. Certains historiens commeHérodote relièrentLygies etLydie, les Lydiens d'Asie mineure étant censés avoir débarqué enÉtrurie.Hécatée de Milet les nommeLiguses ouLigures auVIe siècle av. J.-C.[5].Camille Jullian,Pascal Arnaud etDominique Garcia ont quant à eux suggéré que le mot était issu du greclygies, soit « haut perché ».Ligures pourrait alors signifier « les braillards »[4]. Une autre explication est que le terme viendrait de la façon dont ils situaient leurs villages au sommet de collines dominant une plaine environnante, il reste de nombreux « villages perchés » de ce type dans tout le sud-est de la France, comme :Bormes-les-Mimosas, associé à la tribu ligure des Bormanni,Cogolin,Ramatuelle.
Par ailleurs, l'archéologue italien,Nino Lamboglia a émis l'hypothèse, non réfutée à ce jour, de l'existence d'une racine indigèneliga, signifiant « marais ».
D'aprèsPlutarque, ils se nommaient eux-mêmesAmbrōnes tout comme un autrepeuple originaire du nord de l'Europe auquel ils se sont confrontés au côté de Marius[6],[7]. Cetethnonyme serait lié à un mot signifiant « eau » et la racineamb signifierait « de part et d'autre » (d'une rivière ou de deux nations). LesAmbrons sont un peuple celte qui apparaît assez tôt dans laplaine du Pô. Ils fusionneront progressivement avec les populations ligures autochtones. C'est sans doute ce qui explique l'association entre les Ligures du nord de l'Italie et les Ambrons de la plaine du Pô. D'autres Ambrons celtes venus du centre de l'Europe avec lesCimbres et lesTeutons figureront parmi les envahisseurs celtes et germains duIer siècle av. J.-C. vaincus parMarius ; tandis que les Ambrons déjà installés dans le nord de l'Italie figuraient parmi les mercenaires celtes recrutés par Rome.
Roger Dion a fait l'hypothèse en 1959 que les auteurs grecs appelaientLigures l'ensemble des peuplades moins civilisées deMéditerranée occidentale et que le terme ne désigne donc pas un peuple précis dans les écrits anciens[8].
Quoi qu'il en soit de toutes les théories le nom "ligure" a traversé les siècles et n'a jamais changé. L'origine de ce nom est actuellement inconnue et semble antérieure à l'arrivée des Romains, des Carthaginois ou des Grecs. Les Grecs et en particulier Strabon citent plusieurs fois les Ligures. Quand Hannibal est arrivé en Italie, les Ligures ont participé avec les Carthaginois aux batailles contre les Romains et ceux-ci sont appelés les Ligures. Les Romains les appelaient déjà ligures et les Grecs « λιγούρες » qui se traduit aussi par ligures. Dans aucun texte ancien il n'est fait mention d'un autre nom pour définir ce peuple[9].
Les langues de la péninsule italienne au IIIe siècle av. J.-C.. En rose, les langues d'origine non indo-européenne.
La géographie de Strabon, du livre 2, chapitre 5, section 28 :
« LesAlpes sont habitées par de nombreuses nations, toutes celtiques à l'exception des Ligures, qui, bien que d'une race différente, leur ressemblent étroitement dans leur mode de vie. Ils (les Ligures)habitent cette partie des Alpes qui est àcôté des Apennins, et aussi une partie desApennins eux-mêmes. Cette dernière crête montagneuse traverse toute la longueur de l'Italie du nord au sud et se termine audétroit de Sicile[10]. »
L'écrivain, naturaliste et philosophe romainPline l'Ancien écrit dans son livre "L'Histoire Naturelle" livre III chapitre 7 sur les Ligures et laLigurie :
« Les plus célèbres des tribus ligures au-delà desAlpes sont les Salluvii, les Deciates et les Oxubii (...) La côte de laLigurie s'étend sur 211 milles, entre les fleuvesVar etMagra[11]. »
Tout commeStrabon,Pline l'Ancien situe la Ligurie entre les fleuves duVar et de laMagra. Il cite également les peuples ligures vivant de l'autre côté des rives du Var et des Alpes. Il écrit dans son livre "L'Histoire Naturelle" livre III chapitre 6 :
« La Gaule est séparée de l'Italie par le fleuveVar, et par la chaîne desAlpes (...) Forum Julii Octavanorum, une colonie, qui est aussi appelée Pacensis et Classica, le fleuve Argenteus, qui le traverse, puis le district des Oxubii et celui des Ligauni (populations ligures), au-dessus desquels se trouvent les Suetris, les Quariats et les Adunicates (populations celtes). Sur la côte, nous avonsAntipolis, ville de droit latin, le district des Deciates (population ligures), et la fleuveVar, qui vient du mont Cema, dans les Alpes[11]. »
Leur origine géographique, avant leur arrivée dans les régionsProvence etLigurie actuelles, fait l'objet de nombreuses spéculations. Une partie des chercheurs les accredite d'une origine indo-européenne, les classant parmi les peuples celtiques voire pré-celtiques, que d'autres mettent en doute :
André Piganiol, dans sonEssai sur les origines de Rome[12], estimait que les Ligures n'étaient pas d'origine indo-européenne. Il ajoute que les Ligures étaient en conflit avec les tribus de laGaule celtique « La guerre entre les Ligures et les Celtes a duré jusqu'à la pleine lumière de l'histoire. »[13].Camille Jullian, lui s'oppose aux idées de Piganiol[13].
Un fragment d'un texte desCatalogues d'Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), cité parStrabon[14], cite les Ligures parmi les trois grands peuples barbares, aux côtés desÉthiopiens et desScythes, alors que quelques siècles plus tardÉphore de Cumes remplacera les Ligures par les Celtes aux côtés des Scythes, des Éthiopiens et des Indiens. L'interprétation la plus fréquente de ce texte est que les Ligures dominaient alors l'extrémité occidentale du monde connu des Grecs. Ce fragment a été considéré comme valable parHenri d'Arbois de Jubainville,Camille Jullian ou plus récemment parGuy Barruol,Giovanni Colonna ouFilippo Maria Gambari. Cependant, il est aujourd'hui souvent considéré comme non authentique, à la suite de la découverte d'unpapyruségyptien duIIIe siècle citant lesLibyens à la place des Ligures. On considère parfois aussi que c'est le papyrus qui contient une erreur de transcription[15].
Ainsi,Camille Jullian considère, d'après ses recherches, les Ligures comme un peuple indo-européen, celtique (au sens large du terme), non gaulois (Gaule celtique) du fait de la proximité des termes (peuples, oppidas), de la façon de vivre et de l'opposition politique. Concernant le caractère celtique des Ligures deProvence, il précise que « l'état de guerre, il y eut aussi l'état de paix : les habitants de la Provence étaient dits un mélange de Celtes et de Ligures, des Celto-Ligures. Et dès que la paix romaine survint, aucun contraste de langue ou de mœurs n'empêcha les Ligures de prendre les mœurs des Celtes ».
Dans son livreHistoire de la Provence : des origines à la révolution française,Raoul Busquet[5] cite deux auteurs qui déterminent l'origine des Ligures. Il cite d'abordAvienus qui fixe, dans son œuvre l'Ora Maritima, leur origine dans leJutland ou dans les territoires environnants. Il précise que d'autres auteurs commeKarl Viktor Müllenhoff,Henri d'Arbois de Jubainville, ouAndré Berthelot ont appuyé cette hypothèse à l'aide de ce que Busquet qualifie d'éléments folkloriques identifié en Italie du Nord, dans l'Eridan (Plaine du Pô). Puis il donne les témoignages dePlutarque qui apparentait les Ligures auxambrons. Mais Busquet conclue par relativiser la véracité de ces origines « Elle a paru se complaire à l'extraction nordique des Ligures, à laquelle cependant s'opposent invinciblement les descriptions physiques et tout ce que nous ont transmis les auteurs grecs voisins du début de notre ère »
Pour Maria Gabriella Angeli Bertinelli et Angela Donati, de l'université de Gênes, « les Ligures sont donc des Celtes de communautés différentes, une identité n'annule pas forcément l'autre. (I Liguri sono dunque dei Celti di diverse comunità, un'identità non cancella necessariamente l'altra.) »[18].
DansPhèdre,Platon mentionne ce peuple : " Venez, vous, Muses à la voix légère, que vous deviez ce surnom à la nature de votre chant ou bien au peuple musicien des Ligures."
La géographie deStrabon, issu du livre 2, chapitre 5, section 28 :
« LesAlpes sont habitées par de nombreuses nations, toutes celtiques à l'exception des Ligures, qui, bien que d'une race différente, leur ressemblent étroitement dans leur mode de vie. Ils [les Ligures]habitent cette partie des Alpes qui est à côté desApennins, et aussi une partie des Apennins eux-mêmes. Cette dernière crête montagneuse traverse toute la longueur de l'Italie du nord au sud et se termine audétroit de Sicile[10]. »
Avienus, dans sa traduction en latin d'un vieux récit de voyage, probablement marseillais, qu'on peut dater de la fin duVIe siècle av. J.-C., indique que les Ligures se seraient jadis étendus jusqu'à lamer du Nord, avant d'être repoussés (ou dominés et assimilés) par lesCeltes jusqu'auxAlpes. Avienus situe égalementAgde à la limite du territoire de Ligures et de celui desIbères[8].
Les auteurs modernes et contemporains, en s'intéressant aux peuples de l'Antiquité, ont cherché à déterminer leurs origines et ce qu'ils étaient. Pour ce faire, ils se basaient principalement sur les récits des anciens et sur leurs études toponymiques. Dès lors, il exista deux grands courants de pensée :
L'hypothèse d'une expansion pan-européenne
PourBernard Sergent, dans son ouvrageLes Indo-Européens paru en 1995, les indications données par les auteurs antiques quant à l'extension des Ligures dans certaines régions de France (Languedoc), d'Italie (Toscane,Lombardie,Latium) d'Espagne et duPortugal semblent confirmées par l'étude de l'onomastique de ces régions. De même, l'onomastique de laSicile, de la vallée duRhône, de laCorse et d'une partie de laSardaigne inciterait à supposer une présence ligure[25].
Certains estiment que les Ligures constituent un peuple indigène de la Gaule méridionale, auquel sont venus successivement se mêler lesIbères et lesCeltes. Toutefois, comme on l'a déjà souligné, la langue ligure semble d'origine indo-européenne.[réf. nécessaire]
Mais l'apparition et le développement des fouilles archéologiques va permettre de déterrer des vestiges et ainsi accepter ou non par les chercheurs certaines théories et en faire émerger de nouvelles.
L'extension a eu lieu avant celle des peuplesceltiques etitaliques[22]. Les Ligures ont auVIIe siècle av. J.-C. été débordés à l'ouest par lesIbères, qui les rejetèrent à l'est de l'Hérault, puis duRhône, mais aujourd'hui cette expansion est plutôt vue comme la conséquence d'un développement commercial que d'une invasion guerrière. Le développement de lacolonie deMassalia a également fait reculer la culture ligure[8]. Ensuite, ils durent également reculer devant les Celtes. En Italie, ils furent repoussés à la fois par les Celtes et par lesÉtrusques. Ils ont finalement été intégrés à l'Empire romain sousAuguste[22].
Il apparaît de fait que jusqu'à la fin du XXe siècle, a eu tendance à être "extrapolé" le terme de Ligures à une population 1/ antérieure aux Celtes proprement dits, de l'Âge du Fer, 2/ sensiblement sur la même aire : France, Suisse, Italie du Nord... ; qui correspond en réalité, en terminologie archéologique stricte, à la population liée autour de -2000 à lacéramique campaniforme ; tandis que le "profil" civilisationnel celte proprement dit est celui qui se diffuse à partir deHallstatt, après -1000, associé à la métallurgie du fer. Le phénomène campaniforme étant apparu dans la Péninsule ibérique, et s'étant diffusé à partir de là, les auteurs précités avaient donc partiellement raison même si cette diffusion est surtout intervenue un millénaire plus tôt (vers -2500) que les -1500 généralement évoqués. En revanche, nous savons aujourd'hui que le phénomène fut d'abord et avant tout culturel et commercial, et non par migration, génétiquement détectable du moins[30] ; en tout cas jusqu'à ce que cette céramique soit appropriée par des populations proto-indo-européennes des abords des Alpes qui en ont "accéléré" la diffusion (vers les îles Britanniques notamment). Des études plus récentes pourraient tendre toutefois vers un caractère plus démique de la diffusion depuis la Péninsule : "Pour Oğuzhan Parasayanet al., l'analyse intégrée des données génomiques révèle que, d'une part, des populations « campaniformes maritimes » (MBB) et des utilisateurs de tombes collectives du sud-ouest de l’Europe se déplaçant vers le nord, de l'autre, les porteurs d’ascendance steppique utilisant des gobeletsAll-Over-Ornamented AOO/AOC du nord-ouest avec des rituels d’enterrement à tombe unique se déplaçant vers le sud se sont rencontrés dans le nord de la France. Ils émettent l’hypothèse que la culture campaniforme est née d’une synthèse d’éléments culturels issus de la rencontre en France de ces deux populations. Ce mélange aurait conduit à un groupe mixte"[31]. Un tel phénomène de "fusion"-"intégration" entre une culture ou civilisation établie (ici, le mégalithisme de l'ouest européen), et des "barbares" s'y diffusant plus ou moins progressivement (ici, les éléments venus de la steppe et déjà solidement établis en Europe centrale), ne serait pas unique et s'est déjà produit beaucoup plus près de nous dans l'histoire : tout simplement, au Haut Moyen Âge.
Si la langue des Celtes nous est connue car 1/ certaines variantes existent encore, 2/ ils ont parfois écrit, et 3/ leurs contemporains grecs ou romains ont pu la documenter ; nous n'avons rien de tel pour nous prononcer sur l'indo-européanité des "Ligures" campaniformes sur le plan linguistique. L'archéo-génétique nous permet aujourd'hui d'attester une indo-européanisation massive au plan génétique (ascendance "steppe", haplogroupe R1b) mais le lien avec une évolution linguistique n'est pas automatique, comme le montre le cas des Basques, à 80% des hommes R1b, mais de langue pré-indo-européenne (tandis que les Sardes se caractérisent par une prédominance absolue de la génétique néolithique européenne, mais leur langue a été latinisée sous l'Empire romain).
En 1927,Joseph Déchelette constate que lestumulus ligures de la vallée du Rhône sont identiques à ceux érigés par les Celtes[4].
« La reprise de l’étude des sources, tant archéologiques que textuelles, a montré qu’à la fin de l’âge du Fer, l’oppidum d’Entremont, traditionnellement considéré comme leur capitale, était placé à l’interface entre deux sortes de populations distinguées par Strabon, à l’est des “Ligures”, à l’ouest des “Celto-Ligures” [19] [44], ce que semble conforter la répartition des inscriptions gallo-grecques. Mais l’organisation même d’un si vaste territoire, où les géographes et les historiens antiques placent un multitude de petits peuples [16], n’apparaît pas avec clarté, et l’énumération des caractères communs à ceux-ci, du point de vue de l’archéologie [45], n’apporte rien à l’affaire dans la mesure où ces caractères sont aussi communs à la plupart des habitants de Gaule méditerranéenne.»[32]
En 1955,Jean Jannoray publie une analyse des fouilles du site d'Ensérune dans laquelle il souligne la continuité du peuplement des sites archéologiques de la Gaule méditerranéenne et il signale l'impuissance des archéologues à identifier les apports proprement ligures parmi les vestiges archéologiques[28],[15].
Selon un ouvrage de l'archéologue Giovanni Ugas paru en 2006, il est probable que lesCorses (ou en tout cas une partie d'entre eux) appartiennent à la famille des peuples ligures qui peuplaient pendant les périodes préhistoriques et protohistorique une grande partie de l'Italie septentrionale et de la France méridionale[34].
Il existe trois acceptions concernant les compositions des peuples Ligures :
les extraits des grecques et des romains de l'Antiquité (avec plus ou moins de fiabilité et dont les connaissances ont évolué avec le temps) ;
l'interprétation des historiens modernes se basant sur les récits des anciens (voire à les mélanger pour combler leurs lacunes, quitte à confondre des siècles d'évolution), étendue à leurs hypothèses personnelles jamais prouvées (invasion de celtes, origine non indo-européenne, etc.) ;
l'interprétation des historiens contemporains se basant sur leurs prédécesseurs, sur les fouilles archéologiques et sur leurs hypothèses personnelles (renforcement des hypothèses comme quoi les ligures comme appartenant à la civilisation celtique).
LaProvence comprend une multitude de peuples et tribus que les grecs appellent d'abord Ligyens et que les romains appelleront Ligures. Cette appellation générale évoluera plus tard sous le nom de « Celto-ligures » qui peut signifier à l'époque, selon les chercheurs modernes, « Les Ligures de la Celtique »[36], remplaçant ainsi l'ancienne acception, de moins en moins défendue, de mélange entre Celtes et Ligures[36],[37].
Ainsi, les Ligures, ou Celto-ligures, présents enProvence sont généralement localisés entre lesAlpes et leRhône. L'emplacement de ces peuples étaient souvent mal connu, ce qui valu des appellations confondues et des emplacements parfois erronés.
« Il y a peu de provinces dans l'Europe qui ayent soufert d'aussi grands changements que la Provence. Après été long-tems gouvernée par des Rois, elle fut subjuguée par les Romains. Ce fût la première conquête qu'ils firent dans les Gaules. Elle s'appeloit pour lors le Pays desSaliens, & elle faisoit partie de l'ancien Royaume de Ligurie, les Romains l'ayant soumise à leur domination, non seulement ils en abolirent les Coutumes ; mais encore ils en changèrent le nom, & ils lui en donnèrent un qui marquoit sont excellence lors qu'ils lui donnèrent simplement celui de PROVINCE. »[38]
Les scientifiques de l'antiquité, souvent grecs et romains, vont progressivement décrire les Ligures. Les récits de leurs observations sont parfois biaisés soit parce qu'ils ne se sont pas suffisamment mêlés aux habitants pour clairement les identifier, soit parce que les Ligures, pour ces auteurs, ont fait l'objet de stéréotypes ou d'exagérations personnelles. De plus, les récits de certains auteurs sont séparés de plusieurs siècles et entre-temps les choses ont pu évoluer comme les territoires, la linguistique, la culture, l'architecture et d'autres thématiques amenant souvent à des brouillages, pour les hauteurs modernes et contemporains dans la compréhension des Ligures.
Hécatée de Milet (550 av. J-C à 480 av. J.-C.)
Selon Michel Blats, « Pour Hécatée (vers 500 av. J.-C.), outre Monoikos,Massalia se situe « en Ligystique au-dessous de la Celtique » et les Ligyens s’étendent au moins jusqu’à la basse vallée de l’Aude occupée par le peuple desÉlisyques, regroupés aux abords de l’étang Helice (étang de Bages et Sigean) et du fleuveAtax (l’Aude) dans un royaume ayant pour capitale Naro ; Hécatée qualifiait l’étang et le fleuve de Narbaioi. On ignore l’emplacement d’Ampelos également qualifié de πόλις τῆς Λιγυστικῆς. La définition par Hécatée des Elisyques comme peuple ligyen contredit l’affirmation de Strabon (III, 4,19) – « les premiers auteurs appellent Ibérie tout le pays situé au-delà du Rhône et de l’isthme entre les golfes gaulois » –, éventuelle simplification d’une information plus complexe rapportée par le Pseudo-Scylax dont une partie de l’œuvre pourrait remonter au VIe s. »[39].
Polybe (199 av. J-C à 133 av. J.-C.)
Il incluait à Ouest, lesOxybiens et lesDéciates[40] et fixé la limite Est près dePise : « Le territoire des Ligures s'étend du côté de la mer, jusqu'à Pise, la première ville étrusque à l'Ouest, et vers l'intérieur jusqu'à Arretium »[41].
Strabon (60 av. J-C à 20 ap. J.-C.) : Pour Michel Bats : «De même, Strabon livre à la fois une définition géographique et ethnique des Salyens. L’espace géographique comprend le littoral et les Alpes en arrière du littoral, d’au-delà de Massalia jusqu’au territoire d’Antibes, et vers l’intérieur « les plaines et les montagnes » entre Massalia, le Rhône, la Durance, le Lubéron et les Alpes. La définition ethnique précise les peuples qui les bordent, en dehors du littoral où ils sont mêlés aux Grecs :
vers l’Est, les Ligyens ;
au delà de la Durance, d’Avignon à Cavaillon, les Cavares ;
vers le Nord, les Albiens, les Albièques et les Voconces ;
à l’Ouest, sur la rive opposée du Rhône, les Volques. »[42]
les Ligyens sont localisés entre le Rhône et le Var (fleuve) (selon les auteurs anciens d'après Strabon) ;
les Celto-Ligyens sont entre Arles et le massif de la Sainte-Baume et les Ligyens entre Brignoles, le massif des Maures et le Var (fleuve) (selon les auteurs plus récents pour Strabon) ;
les Salyens sont entre Arles et Antibes et les Ligyens à partir d'Antibes (au temps de Strabon).
Pline l'ancien (23 à 79 apr. J.-C.)
Selon Patrick Thollard, qui reprend les études de Pline, les ligures commencent à partir du Golfe de Saint-Tropez en allant vers l'Italie.Les Salyens, sous l'appellation de Salluvii sont localisées dans la région Aixoise.Thollard émet un doute si les Salui (localisé dans le golfe de Saint-Tropez) ne sont pas en réalité les Salluvii.
Claude Ptolémée (100 à 168 apr. J.-C.)
Selon Patrick Thollard, qui reprend les études de Ptolémée, la Ligystique commence au nord de Nikaia (Nice) dans les montagnes.Les Salyens, sont localisés entre Arles, Saint-Rémy-de-Provence et la région d'Aix.
L'interprétation des récits anciens avant l'archéologie
Les lettrés, les historiens ou encore les linguistes seront nombreux à essayer d'identifier avec précision les composantes de l'espace des Ligures. Pour ce faire, ils se basaient essentiellement sur les récits des anciens grecs et romains, ainsi que de l'étude des noms de lieux. Ils ne pouvaient pas posséder à l'époque des recherches archéologiques. Dès lors, selonPatrick Thollard, ils pouvaient être amenés à répéter des erreurs commis par les anciens en citant notammentPline etPtolémée. Ce dernier, selon Thollard, est le plus précis mais il aurait mélangé à la fois les noms de peuples ou de localités[37].
délimité à l'Est auCanal de Craponne, au Nord par laDurance, à l'Ouest par les Alpines (Alpilles) et la lisière de la Crau. Un peuple desSalyens, les Salvii, était aussi présent à l'Ouest de ces premiers entre leLouérion et les Alpines (Alpilles) et avaitGlanum pour capitale
L'auteur, selon les écrits dePline, laisse penser qu'ils étaient lesSalyens et étaient présents dans larégion de la Trévaresse qui se compose de trois principales collines d'où le nom Tricolli
Ils étaient localisés sur le territoire desAnatilii et représentent les peuples de laCamargue et de laBasse-Crau. Leur territoire était délimité au Nord par la crête desAlpilles, à l'Ouest par le Rhône, au Sud par lesétang de Déseaumes et d'Entressen et à l'Est par lesSalyens. L'étymologie de Désuviates provient du latin Desuatus qui donna également le nom à l'étang de Déseaumes
Ils étaient localisés sur l'embouchure duRhône et occupaient la Basse-Crau, laCamargue et les îles duRhône. L'auteur donne deux pistes concernant l'étymologie du termeAnatilli soit celtique qui signifierait "habitants d'une île ou d'une terre fertile", soit d'un nom grec signifiant l'Orient, puisque les habitants de se peuple commerçaient avec les grecs d'Agde
Selon Ptolémée, ils ont un territoire allant de Marseille à Fréjus. D'aprèsCaton d'Utique qui est cité par Pline, lesCommoni seraient lesCenomani qui étaient soient des liguriens soit desSalyens. L'auteur propose de mettre lesCommoni entre l'Étang de Berre et Marseille du fait de l'étymologie du nom Cenomani qui se rapproche du celtique man (hommes) et de Cœnus (habitants du Cœnus). Il finit par délimiter leur territoire entre l'Étang de Berre etToulon, et que celui-ci fût coupé en deux avec l'arrivée des Phocéens. Ce qui donna naissance auxCommoni occidentaux et auxCommoni orientaux (appelé aussi Anamari et qui pourraient être un autre peuple celto-ligure, selonPolybe)
Ils sont localisés parCésar dans les montagnes de Marseille selon l'auteur et réfute les arguments de certains géographes qui les ont localisés dans les environs deRiez. Les Albiciens étaient délimités par la chaîne de montagne de Roquefort au Sud qui les séparait des Anamari ou Commoni orientaux, à l'Ouest parMarseille etAllauch, au Nord par lesSalyens et à l'Est vers la limite du département desBouches-du-Rhône.
En 1938, le géographeÉtienne Garcin délimite le peuple desSalyens celto-ligures comme un espace entouré par d'autres peuples :
L'auteur estime que lesCommoni (selonPtolémée) ouSegobrigii (selonJustin), avant l'arrivée des phocéens, étaient sur un territoire qui longeait le littoral méditerranéen duRhône àFréjus, et que c'est à partir de la colonisation grecque que les peuples ligures étaient nommés de différents façons. Le nom Commoni sera ensuite uniquement conservé aux peuples à l'Ouest (Commoni occidentaux, du Bouc jusqu'au Cap Méjan) et à l'Est (Commoni orientaux, du cap de la Croisette jusqu'au-delà deToulon) deMarseille. Ils étaient séparé au Nord par lesSalyens et formées chacune, deux confédérations distinctes.
En 1847,Étienne Garcin décrit la Celto-ligurie (ou celto-lygie selon ses termes) comme un territoire composé de huit nations distinctes, dont la principale qui servait de « boussole » aux autres, était celle desSalyens. Ces nations étaient elles-mêmes composés de plusieurs États. On retrouvait donc parmi ces nations[44],[45] :
Ils sont localisés sur un axe Ouest-Est entreRians etFréjus, dont le centre correspondant approximativement à l'actuelle autoroute A8. (ou Suelteri, assimilés par la nation celto-ligure des Salluviens
Albeces,Bodiontici (cet ethnonyme signifie « ceux du gué »)[47],Eguituri,Meminii (il s'agissait peut-être plutôt d'un État celtique ; cet ethnonyme signifie « ceux qui se souviennent »)[48], Reii (cet ethnonyme signifierait « les royaux »)[46],Variacenses
Bormani (dont la capitale était àSolliès et dont le territoire s'étendait sur la vallée du Gapeau jusqu'au littoral d'OlbiaHyères (cet ethnonyme signifierait « les adorateurs du dieuBormo », équivalent deBorvo)[49]),Commoni,Camatulici (assimilés par la nation celto-ligure des Salluviens[50]),Déciates (région d'Antibes, entre leLoup et laSiagne[51]),Oxybiens (massif de l'Estérel et territoire entre l'Argens et laSiagne[51], assimilés par la tribu celtique des Salluviens[50])
Ils sont localisés d'Ouest en Est entre leToulon et le fleuve duVar, et du Sud au Nord par la merMéditerranée et le territoire desSuelteri
Pour lesCenomani, il précise que les "Soldats celtes de l’armée deSigovèse et deBellovèse, qui, après avoir secouru les Marseillais contre lesSaliens, abandonnèrent leurs chefs et s’établirent sur le littoral, depuisMarseille jusqu’auVar. Ils se réunirent aux Commoni et autres peuples qui s’y trouvaient déjà; et, d’un commun accord, ils construisirent des habitations dans les sites les plus favorables. C’est ainsi qu’Aubagne,Telo Martius,Olbia,Fréjus et autres lieux prirent naissance."[52] Alors queBellovèse quitta le peuple celte desbituriges (environ deBourges, il alla avec son armée s'installer enLombardie où il fonda l'actuelMilan et dont on retrouve le peuple Cenomani sur ce territoire. Certains auteurs comme Étienne Garcin estiment que ce seraitSigovèse, le frère deBellovèse, qui se serait installé entre Marseille et Toulon. En revanche, d'autres auteurs estiment queSigovèse et ses hommes seraient parties s'installer dans laforêt hercynienne enAllemagne. Il faut cependant prendre ses informations avec précaution carSigovèse etBellovèse sont considérés comme des personnages légendaires, et il est par conséquent possible que des migrations celtes enProvence n'étaient soit pas présente soit peu importante et provenant d'autres peuples.
L'interprétation des récits anciens avec l'archéologie
Les chercheurs récents vont remettre plus ou moins en cause, les récits de la plupart des auteurs antiques et apportent des nuances ou plus de précisions à l'aide des recherches archéologiques et de la réinterprétation des dires des explorateurs grecs et romains anciens. À titre d'exemple, le chercheurPatrick Thollard critique la mention des peuples parPtolémée comme étant peu pertinente : « celle-ci est tout sauf précise et fiable ! ».
Strabon pose des limites par rapport à la position d'autres peuples.
vers l’Est, les Ligyens ; au delà de la Durance, d’Avignon à Cavaillon, les Cavares ; vers le Nord, les Albiens, les Albièques et les Voconces ; à l’Ouest, sur la rive opposée du Rhône, les Volques[42].
La délimitation orientale, au contact des Ligyens/Ligures est variable selon les auteurs. D'autres classent encore une partie des Salyens comme des Ligures nonCeltes ou celtisés, jusqu'aux environ d'Aix-en-Provence. Pour d'autres encore, la limite varie entreAntibes et leVar.
Les auteurs anciens ont d'abord décrit les Ligyens (nom grec) et les Ligures (nom romain) comme une ethnie unique. Ce nom visait dans un premiers temps les populations autour de Massalia (Marseille) puis c'est généralisé à la Provence et à la Ligurie pour la majorité des auteurs. Ce n'est qu'à partir de l'expansion romaine que les grecs vont s'intéresser à ceux de la Ligurie italienne[39]. Ce seraStrabon qui va être le premier a admettre une différence entre les ligures de Provence (notamment lesSalyens) et les ligures d'Italie, tout en précisant que ces derniers ne sont pasCeltes : « Cette montagne [les Alpes] abrite de nombreux peuples celtiques, à l’exception des Ligyens : ceux-ci, sont d’une souche différente, mais ont un genre de vie très voisin »[37].
Les Ligures sont les peuples présents enItalie et se différencient des Celto-Ligures et des Celtes selonÉtienne Garcin (1835)[44].
Les Ligures Ingauni avaient pour capitaleAlbium Ingaunum, aujourd'huiAlbenga. Vaincus parAppius Claudius Pulcher en -185, ils reprirent les armes contrePaule Émile en -181, mais furent réduits l'année suivante[57].
En l'absence de tradition écrite dans leur culture, les seules connaissances que l'on possède sur les Ligures et leur présence ne sont attestées que par les sourcesgrecques etlatines ; sources étayées et confortées au moyen de l'archéologie. Les Ligures étaient un peuple alpin dont le domaine de présence attestée s'étendait approximativement sur les actuelles régions desProvence-Alpes-Côte d'Azur, duPiémont et de laLigurie.
Les outils et les armes enbronze présentent des similitudes avec ceux de laculture d'Unétice et d'autres groupes au nord desAlpes. SelonBernard Sergent, les origines de la langue ligure, selon lui liée aux familles deslangues celtiques etitaliques, seraient à rechercher dans la culture de Polada et dans celle du Rhône au début de l'âge du bronze, émanations méridionales de la culture d'Unétice.
Établissements d'habitations sur pilotispréhistoriques dans le nord de l'Italie
L'ancien nom du fleuve Pô (Padus en latin) a été segmenté enBod-encus ouBod-incus, le suffixe étant caractéristique de l'anciennelangue ligure[62]. Le motBodincus apparaît dans lenom de lieuBodincomagus, une ville ligure sur la rive droite du Pô en aval de Turin d'aujourd'hui[63].
Selon une légende, Brescia et Barra (Bergame) sont fondées par Cydno, l'ancêtre des Ligures, à une époque qu'on peut estimer à la fin de l'âge du bronze[64]. Ce mythe semble avoir un grain de vérité, car de récentes fouilles archéologiques ont mis au jour les restes d'une colonie datant de 1200 av. J.-C. que les érudits présument avoir été construits et habités par des Ligures[65],[66]. D'autres érudits attribuent la fondation de Bergame et de Brescia auxÉtrusques[67].
Avec le faciès des habitations sur pilotis et des barrages, la continuité de la culture de Polada précédente de l'âge du bronze ancien semble ininterrompue. Les villages, comme dans la phase précédente, sont sur pilotis et concentrés dans le bassin dulac de Garde. Dans les plaines apparaissent plutôt des villages avec des digues et des fossés.
Les colonies étaient généralement constituées demaisons sur pilotis ; l'économie était caractérisée par des activités agricoles et pastorales, la chasse et la pêche étaient également pratiquées ainsi que la métallurgie du cuivre et du bronze (haches, poignards, épingles etc.). La poterie était grossière et noirâtre[68].
La métallurgie du bronze (armes, outils, etc.) était bien développée parmi ces populations. Quant aux coutumes funéraires,crémation etinhumation étaient pratiquées.
La rencontre avec les Grecs : La fondation de Massalia
Entre leXe et leIVe siècle av. J.-C., les Ligures sont présents enProvence autour de ce qui deviendra le site de laMarseille antique (Massalia ou Massilia). SelonStrabon, les Liguriens, vivant à proximité de nombreuses tribus de montagnards celtiques, étaient un peuple différent (ἑτεροεθνεῖς) mais« étaient similaires aux Celtes dans leurs modes de vie »[10]. Massalia, dont le nom a probablement été adapté d'un nomligure existant[69], a été la premièrecolonie grecque en France. Il a été créé au sein de Marseille moderne vers 600 av. J-C par des colons venant dePhocée (aujourd'huiFoça, dans la Turquie moderne) sur la côteégéenne de l'Asie Mineure. La connexion entre Massalia et les Phocéens est mentionnée dans laGuerre du Péloponnèse deThucydide[70] qui note que le projet phocéen a été combattu par lesCarthaginois, dont la flotte a été vaincue.
La fondation de Massalia a été racontée sous la forme d'une légende. Un nommé Protis ou Euxenès, originaire de Phocée, en recherchant un nouvel avant-poste commercial ouemporion pour faire fortune, découvrit lacrique méditerranéenne duLacydon (qui deviendra le "Vieux-Port"), alimentée par un ruisseau d'eau douce et protégée par deux promontoires rocheux[71]. Protis fut invité à l'intérieur des terres, à un banquet organisé par Nannu, le chef de la tribu ligure locale de Segobrigi, pour des prétendants cherchant la main de sa fille Gyptis en mariage. À la fin du banquet, Gyptis présenta la coupe de vin cérémonielle à Protis, indiquant son choix sans équivoque. Après leur mariage, ils déménagèrent sur la colline juste au nord du Lacydon ; et de ce règlement a grandi Massalia[71].Graham Robb donne plus de poids à l'histoire de Gyptis, bien qu'il note que la tradition était d'offrir de l'eau, pas du vin, pour signaler le choix d'un partenaire de mariage[72]. Plus tard, les indigènes formèrent un complot pour détruire la nouvelle colonie, mais le plan fut divulgué et Conran, roi des autochtones, fut tué dans la bataille qui suivit[71]. Les Grecs avaient probablement exprimé leur intention d'étendre le territoire de la colonie, et c'est pourquoi Conran (le fils de Nannu), tenta de la détruire. Cependant, la résistance des Liguriens eut pour effet de réduire les prétentions des Grecs qui renoncèrent à l'expansion territoriale. Les Massaliotes recentrèrent leur activité sur le développement du commerce, d'abord avec les Liguriens, puis avec les Gaulois, jusqu'à ce que Massalia devienne le port le plus important de laGaule.
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À partir duXIIe siècle av. J.-C., de l'union descultures précédentesde Polada et deCanegrate, c'est-à-dire de l'union des populations liguriennes préexistantes avec l'arrivée des populations celtiques, en même temps que la naissance de laculture de Hallstatt au centre de l'Europe et laculture Villanova dans le centre de l'Italie, une nouvelle civilisation s'est développée que les archéologues appellent Golasecca, du nom du lieu où les premières découvertes ont été trouvées.
L'expansion étrusque dans la plaine du Pô et l'invasion des Gaulois ont confiné les Liguriens entre les Alpes et les Apennins, où ils ont offert une telle résistance à la pénétration romaine qu'ils ont acquis une réputation auprès des anciens pour leur férocité primitive.
En regardant le nord-ouest de l'Italie jusqu'au fleuve Pô, alors que dans la Lombardie moderne et le Piémont oriental, la culture de Golasecca a émergé, dans la partie la plus occidentale il y a 2 principaux groupes tribaux : lesTaurins dans la région de Turin et lesSalasses dans l'Ivrée et laVallée d'Aoste.
Bien qu'ils aient eu des échanges commerciaux intenses, ils étaient des concurrents des Grecs, avec lesquels ils se heurtaient souvent. À partir de, la présence étrusque dans la vallée du Pô a connu une nouvelle expansion du scénario après labataille d'Alalia, entraînant une limitation progressive des mouvements étrusques dans la haute mer Tyrrhénienne[74]. L'expansion au nord des Apennins est caractérisée par ce moment comme visant à identifier et contrôler de nouvelles routes commerciales.
Leur politique expansionniste est différente de celle des Grecs : leur expansion se fait principalement par voie terrestre, essayant progressivement d'occuper les zones qui les bordent. Même s'ils étaient de bons marins, ils n'ont pas trouvé de colonies lointaines, mais à tout le moins desemporiums destinés à soutenir le commerce avec les populations locales. Cela a créé une ambivalence dans les relations avec les Ligures : d'une part, ils étaient d'excellents partenaires commerciaux pour tous les emporiums côtiers, d'autre part, leur politique expansionniste les a amenés à faire pression sur les populations ligures installées au nord du fleuve Arno, les faisant reculer dans les zones montagneuses du nord des Apennins.
Même dans ce cas, l'opposition ligure empêcha les Étrusques d'aller plus loin ; en effet, bien que traditionnellement la rivière Magra soit considérée comme la frontière entre les régions ligure et étrusque, il est attesté que les colonies étrusques au nord de l'Arno (par exemplePise) ont été périodiquement attaquées et pillées par les tribus ligures des montagnes.
Comme déjà mentionné, l'hostilité aux frontières n'a pas empêché une relation commerciale intense, comme en témoigne la grande quantité de céramiques étrusques trouvées dans les sites ligures. De cette période date la fondation de l'oppida de Genua (aujourd'huiGênes, environ , le noyau urbain duCastello (peut-être un ancien oppidum ligure) a commencé[75], pour un commerce florissant, pour s'étendre vers le Prè d'aujourd'hui (la zone de prairies) et le Rivo Torbido. Certains érudits pensent que Gênes était un emporium étrusque et que ce n'est que plus tard que la tribu ligure locale prit le contrôle (ou fusionna avec les Étrusques)[76].
À partir de ce moment, Gênes, habitée par les Genuati ligures, était considérée par les Grecs, compte tenu de son fort caractère commercial, commel'emporium des Ligures : bois pour la construction navale, bétail, cuir, miel, textiles faisaient partie des produits ligures d'échange commercial.
Les conflits face aux peuples de la péninsule italienne
« Les Élisyques posent un problème similaire. Ce peuple est connu pour avoir envoyé quelques-uns des siens combattre en Sicile, aux côtés de Phéniciens, de Libyens, d’Ibères, de Ligures, de Sardes et de Corses, lors de labataille d’Himère en 480 av. n. è., et pour avoir constitué, dit-on, un “royaume féroce” autour de sa capitale, Naro/ Narbonne, probablement Montlaurès »[77].
Michel Dubuisson explique queCaton l'Ancien avait une certaine rancœur vis-à-vis des Ligures à travers leurs relations avec les carthaginois[78]. Les Ligures avaient aidé les carthaginois en 205, alors ennemi de Rome, durant ladeuxième guerre punique en facilitant le débarquement des troupes deMagon Barca, le frère cadet d'Hannibal à la différence des gaulois. Certains Ligures intervenaient aussi en mercenaires durant lapremière guerre punique.Les Salyens, l'un des plus grands peuples de la Ligurie provençale étaient alliés des carthaginois dans laseconde guerre punique.
La guerre face à Rome et création de la Gaule Narbonnaise
Camille Jullian[79], d'aprèsStrabon, parle desSalyens et des autres Lygiens (Ligures) dans une guerre les opposant à Rome :« Les anciens auteurs grecs appellent Ligyens les Salyens et pays ligystique le pays occupé par les Massaliotes. Les auteurs postérieurs emploient pour ce peuple le nom de Celto-ligyens et lui attribuent en plus toute la région des plaines jusqu'à Luerio et jusqu'au Rhône. Cette région, divisée en dix districts, fournissait une armée comportant non seulement de l'infanterie, mais aussi de la cavalerie. De tous les Celtes transalpins, les Salyens furent les premiers à tomber sous la domination des Romains après une longue guerre opposant ces derniers à la fois à ce peuple et à celui des Ligyens, qui leur barraient la route menant en Ibérie par le littoral. En effet, ces deux peuples exerçaient leur brigandage sur terre et sur mer et se montraient si puissants que la route était à peine praticable même à de grandes armées. Enfin après quatre-vingts ans de guerre, les Romains obtinrent à grand-peine que le passage fut laissé libre sur une largeur de douze stades aux voyageurs en mission officielle. Par la suite, cependant, ils réussirent à abattre complètement leurs adversaires et à s'approprier le gouvernement de leurs territoires en leur imposant par surcroît un tribut. ».
Cependant, Yves Roman[79] contredit les propos deCamille Jullian en critiquant sa confusion entre la terre et la mer pour l'interprétation des propos deStrabon où Jullian donnait la victoire àQuintus Opimius. Roman prend une autre citation deStrabon qui précise que c'estCaius Sextius Calvinus qui expulsa les indigènes ligures du littoral :« C'est ainsi que Sextius, celui qui vint à bout des Salyens, après avoir fondé non loin de Massalia la ville qui porte à la fois son nom et celui d'eaux thermales aujourd'hui, dit-on, en partie refroidies, y établit une garnison romaine et expulsa les Barbares de tout le littoral qui conduit de Massalia en Italie, alors que les Massaliotes ne parvenaient pas à les tenir définitivement en respect. Il ne put, d'ailleurs, en triompher lui-même complètement et ne fut que juste assez fort pour les obliger à reculer jusqu'à douze stades de la mer, là où la côte offre de bons ports, et jusqu'à huit stades, là où elle est rocailleuse, mais il fit cadeau aux Massaliotes du terrain ainsi évacué. ».
Roman[79], d'aprèsStrabon étale la guerre des Romains contre les Ligures et lesSalyens sur 80 années et se divise en deux étapes. La première vit« les Salyens et les Ligures contraints d'octroyer, sur terre, la liberté de passage aux missions officielles romaines. » alors que la seconde vit Rome triompher de ses adversaires et s'emparer de leur territoire.Tite-Live plaça le début des guerres romaines face aux Ligures en Provence vers 240av. J.-C. Les expéditions deQuintus Opimius contre les Oxybii et Dekiates ont eu lieu environ 80 ans plus tard.
Rome entre en contact hostile avec les Ligures après lapremière guerre punique et dès son implantation enGaule cisalpine. L'historien romainFlorus décrit ainsi le peuple que combattent les Romains lors de laguerre des Ligures (239-173 av. J.-C.) :« Les Ligures, retranchés au fond des Alpes, entre leVar et laMagra, et cachés au milieu de buissons sauvages, étaient plus difficiles à trouver qu’à vaincre. En sécurité dans leurs retraites et par la promptitude à fuir, cette race infatigable et agile, se livrait à l’occasion plutôt au brigandage qu’à la guerre. Salyens, Décéates, Oxybiens, Euburiates, Ingaunes, tous surent éluder longtemps et souvent la rencontre de nos armées ; enfin,Fulvius entoura leurs repaires d’un vaste incendie ;Baebius les fit descendre dans la plaine, etPostumius les désarma totalement si bien qu’à peine leur laissa-t-il du fer pour cultiver la terre »[80].Tite-Live rapporte que vers-189, les Ligures infligent un revers militaire à la légion romaine deLucius Baebius Dives se rendant enHispanie[24].
Jules César cite, dans laGuerre des Gaules, les Centrons, les Graiocèles, les Caturiges, qui tentèrent en58 av. J.-C. de s'opposer à son passage entre Océlum en Gaule cisalpine et le territoire desVoconces[82].
Les Ligures n'ont laissé que peu de monuments rudimentaires en dehors de leursoppida. Raoul Busquet leur attribue les milliers de gravures rupestres qui subsistent dans laVallée des Merveilles, mais ne les qualifies pas d'éléments artistiques, seulement de « figures assez grossièrement dessinées. » sous forme de bœufs libres ou attelés à des charrues, des armes (épées, haches, etc.), des pioches, des faucilles[83].
Les géographes de l'Antiquité, en plus de décrire le territoire, s'attachaient aussi à caractériser les habitants.
Pour Busquet, en se basant sur les anciennes descriptions, les Ligures étaient « en somme des indigènes dont l'existence est précaire et souvent difficile, et dont la moralité, si l'on y regarde de près, n'est pas loin de valoir celle des conquérants plus civilisés qui les ont vaincus. ». Les Romains considéraient généralement les Ligures comme « des êtres essentiellement trompeurs, menteurs, féconds en ruses, naturellement pillards »[84].
Le même auteur affirme dans son ouvrage que les Ligures étaient « par aptitude et par nécessité, laborieux et tenaces. Ils vivaient sur des terres en général peu fertiles et en tiraient leur subsistance au moyen d'un travail ingrat. Ils étaient d'opiniâtres défricheurs. Sur la côte ils étaient pêcheurs et, toutes les fois qu'ils le pouvaient, pirates et ravageurs d'épaves. Mais tant qu'ils ne furent pas entraînés par les Celtes ils ne furent guerriers, chez nous, que pour se défendre. ».
Certaines de leurs descriptions sont parfois exagérées comme celle deCamille Jullian queRaoul Busquet ironise dans son œuvreHistoire de la Provence : des origines à la révolution française[84] car Jullian, selon Busquet, avait un parti pris contre les Gaulois « Mettez aux prises le plus grand Gaulois et un frêle Ligure : c'est le Gaulois qui sera vaincu. ». Jullian les décrivait comme « de petite taille, de corps maigre et ramassé, mais de forte charpente garnie de muscles solides, aux membres d'une incroyable élasticité. - La fatigue n'abattait jamais le Ligure ; ses organes et ses articulations semblaient répondre à sa volonté avec une précision immédiate. ».
Pour Michel Dubuisson, « il y a deux façons de regarder l'autre »[78]. La première façon consiste en l'étude ethnographique qui est réservée « à un petit nombre de privilégiés, qui ont la possibilité de se mêler suffisamment longtemps à la vie quotidienne d'un peuple étranger et qui sont en mesure d'émettre des jugements nuancés et non prévenus. ». La seconde façon se base sur les stéréotypes que l'on peut avoir vis-à-vis d'une population ou d'un individu : « La plupart des gens, au contraire, tendent naturellement à se satisfaire d'appréciations sommaires, fondées sur des généralisations abusives reproduites sans vérification, quand elles ne sont pas inventées de toutes pièces. ».Il précise que le stéréotype est un préjugé qui peut-être bien enraciné et associé à l'humour.
Le même auteur donne une description des Ligures qu'il qualifie de proche des Gaulois et sont caractérisés, dans la majorité des textes anciens, par les stéréotypes autour de « la rudesse et la rusticité de leurs mœurs et leur courage purement physique et irréfléchi, voire leur sauvagerie, à la guerre. ». Il donne des citations de plusieurs auteurs à leur égard qui correspondent à la description etnographique données parDiodore etStrabon :« montani duri atque agrestes » (Cicéron), « rudes et bons combattants ;feritas ingenita(u) » (Tite-Live),« assuetumque malo Ligurem » et « Ligurum ductor fortissime bello » (Virgile)[78].
D'ailleurs pour Michel Dubuisson,Diodore nous apprend que « la dureté du pays, boisé ou aride et caillouteux, a rendu les hommes physiquement vigoureux et durs à la tâche, qualités qui se retrouvent au combat ; elle les a également amenés à devoir compter pour leur subsistance sur l'indispensable complément que leur fournissent la chasse et la cueillette. Ces activités primitives les maintiennent dans un état de demi-sauvagerie, très éloigné de la civilisation (ils ne connaissent même pas le vin !). Mais le caractère inhospitalier de leur patrie a également poussé nombre de Ligures à chercher fortune ailleurs, faisant d'eux des marins hardis et des pirates redoutables. »[78].
Même si Dubuisson fait état d'une proximité entre les Ligures et les Gaulois, il ne les classe pas avec ces derniers dans son étude comparative.En effet, il signale que les Ligures comportent des traits de stéréotypes propres aux peuples orientaux, aux Grecs et aux Carthaginois, comme « fallaces », « lubrici ». Il note d'ailleurs queCaton l'Ancien avait une vision assez péjorative des Ligures car ceux-ci avaient offert la possibilité aux Carthaginois de débarquer en Ligurie, que certains mercenaires ligures s'étaient battu contre Rome ou encore parce que les Ligures s'étaient à plusieurs reprises révoltés. C'est avec cette rancœur qu'il a participé à propager des stéréotypes à l'encontre des Ligures et notamment une « assimilation au moins partielle des Ligures aux Carthaginois »[78].
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PourAlfred Maury, les Ligures forment des peuples celtiques ou qui avait été celtisé à une époque reculée et suppose que les envahisseurs celtes ont soumis et absorbés les autochtones qui habitaient un espace délimité au nord par lesAlpes, au Sud par laMéditerranée, à l'Ouest par leRhône et à l'Est parMagra. Pour appuyer ses dires, l'auteur utilise l'exemple du nom du peuple desSégobriges localisé près deMarseille et de leur roi Nannos comme typiquement celte de même pour l'idiome de quelques tribus[85].
PourDominique Garcia, laProvence outre son caractère celtique revêt des éléments de cultures étrangères : « on peut considérer le sud-est comme un espace celtique périphérique mais bien comme une aire culturelle ouverte et dynamique, espace d’innovation et d’intégration. Ainsi, les différents éléments marqueurs de la culture celtique n’apparaissent pas comme moins nombreux en Gaule méditerranéenne que dans le reste de l’Europe occidentale, mais ils sont ici associés à d’autresrealia, issus des trafics méditerranéens et à des productions régionales découlant de ces contacts commerciaux. »[86].
L'influence culturelle et commerciale grecque de Massalia est moins importante à mesure que les distances s'accroissent. Ainsi, à environ 50 km d'Arles, au-delà de la confluence de l’Ardèche et duRhône, Garcia explique que les « amphores massaliètes sont sensiblement moins nombreuses » et que « les produits grecs sont quasiment absents au-delà de laDurance » entre leVIe siècle etVe siècle a.v. J.-C[87].
Les Ligures de Provence exploitaient le fer[88] selonRaoul Busquet dont il dresse une petite liste pour lesBouches-du-Rhône et leVar de mines de fer abandonnées ou de gisements de rognons (à Kierbas, quartier deTrets, à la Serignagne, quartier dePeynier, etc.) ou encore detumuli découverts àBerre-l'Étang,Mimet,Peynier, à la Serignane (quartier dePeynier), àPourrières, àPlan-d'Aups-Sainte-Baume, àSaint-Savournin. L'auteur précise des éléments retrouvés comme « des échantillons en tessons, ou entier par aventure, de céramique fine, enfumée et lustrée, consistant en grande jattes à pied, en vase globuliformes, des objets en bronze, bracelets de poignets ou de biceps, tranchets et rasoirs, des bassines, des rivets de fer destinés à des trépieds ou des montures sur roulettes. ». Il caractérises les Ligures comme « assez simples mais déjà ingénieux dans la recherche de commodité domestique et de l'ornement.».
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En 1824,Christophe de Villeneuve-Bargemon, savant et préfet des Bouches-du-Rhône, décrit ainsi les"Lieux d'habitation et de rassemblement" des Celto-Ligures enProvence, et notamment les confédérations desSalyens et celle desCommoni:
Ces peuples n'avaient pas de villes proprement dites avant l'arrivée des Phocéens. Mais ils avaient des camps fortifiés (Oppidum) pour se défendre en cas de guerre ; des marchés (Emporium) où ils se rendaient, à certaines époques de l'année, pour échanger leurs denrées, et, enfin, des lieux de rassemblement (Mallus) où résidaient ordinairement le chef et ses principaux capitaines, et chacun de ces lieux était comme le quartier général de toute une nation[89].
(On notera toutefois le caractère anachronique du recours au termeMallus, qui est une catégorie germanique médiévale).
PourRaoul Busquet[90], lesoppidas « ne servaient jamais de lieu d'habitation : c'étaient des postes d'observation et des refuges en cas d'alerte. ». Ils étaient nombreux enProvence et pour l'auteur, le plus impressionnant est celui de Baou Roux àBouc-Bel-Air.Il décrit lesoppidas comme presque toujours établis à la pointe d'éperons rocheux. Ils sont composés de murs de pierres sans ciment qui entouraient l'oppidum. Le long des murs, il y avait des formes quadrangulaires voire presque circulaires qui correspondaient à l'emplacement de redoutes ou de tours. Il rajoute aussi « sur les points culminants ou dégagés, des « cases » sont creusées dans la roche pour servir de poste de guet ; elles étaient garnies de charpentes rudimentaires et de feuillages. ».
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SelonDominique Garcia[87], la Provence possède trois axes principaux façonnés par les échanges économiques :
La vallée du Rhône ;
La voie maritime ;
La voie Héracléenne.
Le premier axe « à la fois terrestre et fluvial, incontestablement le plus important, est constitué par la vallée du Rhône, elle-même rejointe par les chemins bordant le cours des principaux affluents du fleuve. Cette voie de communication et ce réseau d’habitats sont bien connus ; on signalera le probable rôle de relais, entreArles etLyon, qui peut être attribué à des sites commeAvignon (à 34 km d’Arles), l’oppidum de Barry à Bollène (à 35 km d’Avignon) ou celui deSoyons. »
Le troisième axe structurant, correspond à « la piste côtière qui traverse la plus grande partie du territoire ibérique et le relie à l’Italie par lesAlpes et le midi gaulois.Timée la cite sous ce nom auIVe siècle-IIIe siècle av. J.-C. (« il est dit qu’il existe une voie appelée « l’Héracléenne » partant d’Italie qui conduit jusqu’au pays des Celtes, Celto-ligures et Ibériens ») et il signale : « qu’un Hellène ou un homme y passe, les riverains prennent garde qu’il ne lui arrive aucun mal, car ceux-là en porteraient la peine chez qui le mal serait fait » … Jusqu’auRhône, c’est probablement cet itinéraire qu’a suiviHannibal en passant par Emporion, Illebiris, Ruscino etNarbonne : nous aurions là quelques étapes de cet axe de circulation terrestre. Cette piste était probablement plus aménagée qu’on ne le pense, comme le prouve la fouille récente d’un diverticule – daté du milieu de l’âge du Fer – àMarguerittes dans leGard. À l’est duRhône, nous savons d’aprèsStrabon, qui relate les écrits de Polybe, que la voie par le littoral existait bien à son époque : « il (Polybe) nomma seulement quatre passages : le premier par le territoire des Lygiens, tout près de la mer Tyrrhénienne, ensuite celui qui traverse le territoire desTaurini et qu’utilisaHannibal… ». Il décrit la route littorale comme étant « d’abord Massaliotique, puis Lygistique ». Le long de ces axes, les limites de développement des villes dépendaient alors de la concurrence exercée par d’autres villes pour la possession des ressources, concurrence qui s’opère d’abord par le contrôle des territoires en contiguïté, ensuite par celui des marchés plus lointains, dans des réseaux en connexion. »
« le regroupement des populations dans des habitats sédentaires qui occupent de façon privilégiée des espaces aux potentialités variées, généralement les bordures de piémont ou de vallées, voire l’embouchure des fleuves. Ces installations sédentaires traduisent l’adoption de nouvelles pratiques agraires accompagnées d’un essor démographique sensible. »[87].
« L’activité commerciale méditerranéenne – phénicienne, étrusque mais surtout massaliote – qui va renforcer le rôle des sites lagunaires et d’embouchures de fleuve en leur conférant un rôle économique, celui de centres d’échange et de gestion des produits (stockage, transvasement…). Ceci va entraîner les premiers mouvements de diffusion de produits, donc des flux de biens et de personnes entre le littoral et l’arrière-pays, le long des axes naturels de circulation, en particulier les vallées des principaux fleuves côtiers.»[87]
De ces facteurs, plusieurs cités vont se développer à l'image d'Arles, de l'oppidum de Saint-Blaise ou encore l'oppidum du Mont-Garou pour la partie provençale.Dominique Garcia explique que les populations seront concentrées davantage sur les « hauteurs dominant les confluences de rivières » contrairement aux « plateaux et les zones de semi-montagne » qui semblent « très faiblement occupés ».
l'abandon ou la destruction de certaines agglomérations au bénéfice d'autres mieux situées, notamment si elles étaient trop éloignées des axes principaux ou de « l'embouchure d'une vallée » ;
le développement de plusieurs agglomérations comme « Lattara ou Arelate et la re-dynamisation de l’axe rhodanien »[87].
De ces échanges commerciaux et mouvement d'hommes, Garcia donne quelques précisions « comme la pratique probable de la transhumance, la diffusion de certains produits vers l’arrière-pays (le sel par exemple) ou vers le littoral (les métaux) mais aussi (surtout) les liens avec le commerce méditerranéen, comme l’approvisionnement en produits manufacturés (en priorité le vin) ou la diffusion des produits locaux (céréales en particulier) ». Ce trafic est « constant et globalement régulier » durant l’âge du Fer. Certaines agglomérations deviendront des sites relais grâce à un poids économique et administratif plus important.
Dominique Garcia note toutefois, en plus de ces généralités, que « seuls deux grands sites au développement urbain remarquable font exception à la structuration de l’habitat », à savoirGlanon (Saint-Rémy-de-Provence) etNîmes grâce à la pratique d'activités « agricoles ou commerciales »[87]. Le chercheur énonce plusieurs hypothèses, en débat, en faveur du développement deGlanon comme « son positionnement sur une voie de transhumance », son rôle religieux : « sanctuaire marché où prédominerait le culte d’Hercule protecteur des troupeaux, son sanctuaire de l’eau guérisseur (de la confédération salyenne ?) paraît plus à même d’avoir stimulé son développement ». Il précise queNîmes a pu également connaître une situation similaire, notamment religieuse.
L'auteur conclu en disant qu'il est possible que « ce flux d’hommes et de biens a permis l’établissement ou le maintien de liens ethniques, politiques et/ou religieux. Ce sont également ces axes structurants du réseau urbain, leur évolution et leur adaptation aux activités commerciales méditerranéennes, qui ont, en grande partie, accéléré la hiérarchisation urbaine en gaule méridionale. »
La langue des Ligures antiques était réputée orale et ne faisait pas l'objet d'écriture. Les chercheurs n'ont pas relevé jusqu'à nos jours des textes ligures retranscrits dans l'écriture d'une puissance étrangère voisine comme les Romains ou les Grecs contrairement à la languegauloise. Les Ligures des Appennins étaient qualifiés parCaton l'Ancien d'Illiterati[90].
D'aprèsDominique Garcia[91],Albert Grenier trouvait des similitudes entre les Gaulois et les Ligures « presque de même langue qu’eux et de même origine (…) ».
PourPascal Arnaud[92], les Celto-Ligures « étaient bien, par la langue et par la culture, des Gaulois » tout en rappelant queStrabon disait la même chose.
On connaît des éléments de cette langue seulement par quelques noms propres (ethnonymes,toponymes,anthroponymes) et quelques termes cités dans les textes antiques. Ainsi,Hérodote signale que le motsigynna aurait signifié « marchand »[93]. SelonPline l'Ancien, les Ligures appelaient lePôBodincus, ce qui signifierait « sans fond »[94], et leseigle était nomméasia dans la langue de Taurini[95].
Pendant longtemps, les historiens ont cherché à identifier des liens entre les Ligures et les Celtes. Le ligure était généralement considéré comme une langue indo-européenne.[réf. nécessaire] Le pionnier de cette théorie est l'historien etceltologueHenri d'Arbois de Jubainville. Certains auteurs (Benvenuto Terracini,Paul Kretschmer,Hans Krahe), pour expliquer la présence d'ethnonymes non indo-européens, ont fait l'hypothèse qu'un peuple indo-européen aurait imposé sa domination à des populations pré-indo-européennes.Bernard Sergent considère quant à lui le ligure comme un membre particulier du groupe celtique[96].
PourPascal Arnaud, les recherches sur les linguistiques ne permettent pas d'identifier des caractéristiques proprement ligures : « Aucune approche linguistique n'a permis de mettre en évidence une aire linguistique compatible avec une partie cohérente des espaces désignés dans l'antiquité comme ligures. Les suffixes modernes en -asc ou -osc, réputés caractéristiques de cet ensemble, sont depuis longtemps reconnus indépendants des Ligures. Plus sérieuse, l'étude de la diffusion des toponymes en -incum a montré, quoiqu'on en ait dit, qu’elle est très étroitement limitée à l’Arc alpin, et ne coïncide donc avec aucun des espaces dans lesquels on tend normalement à inscrire les Ligures. Quant aux hydronymes du type Gard/Var/Doria qui sont généralement considérés comme pré-indo-européens, on les retrouve jusque dans la région de Saint-Lô... »[99].
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Deux religions sont identifiés pour les populations ligures. L'une plus ancienne qui est l'animisme et une autre plus récente qui est la religion gauloise. Cette religion gauloise pourrait-être une évolution de l'animisme local. La religion gauloise sera ensuite remplacée par le christianisme. En Provence, des éléments de cultes différents venant d'autres régions du pourtour méditerranéen ont été trouvés par les archéologues ce qui démontre, peut-être, des pratiques cultuelles restreintes de la part de voyageur ou simplement d'éléments issus de marchandage.
D'aprèsCamille Jullian, il n'existe pas de certitude quant à la religion des Ligures et les propositions sont toutes hypothétiques.
Au même titre que les religions des primitifs de l'antiquité, celle des Ligures relevait de l'animisme, « sur les sources, sur les arbres, sur les collines et les cimes des monts, sur leSoleil adoré dans diverses positions journalières, sur laLune, sur l’Étoile du Soir et l’Étoile du Matin, et aussi sur laTerre la divinité majeure et la plus vénérée. », comme le préciseRaoul Busquet[100]. Ce dernier ajoute que cette religion « comportait des rites deconjuration et desimmolations de victimes humaines. Elle comprenait le culte des morts - avec la croyance en la survie des âmes, au moins de celles des chefs et des riches qui jamais et nulle part ne se sont lassés des agréments de leur séjour terrestre - avec la pratique simultanée de l'incinération et de l'inhumation, sans qu'il soit possible de distinguer clairement la raison de l'emploi de l'un ou l'autre procédé ».Raoul Busquet précise que l'incinération ordinaire chez les autochtones est incomplète par l'exclusion des membres du corps.
Busquet leur attribue la réalisation des dessins gravés dans laVallée des Merveilles.
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Extrait deLucain[101],[102] sur la religion gauloise : Et nunc tonse Liger, quondam per colla decora Crinibus effusis toti praelate Comatae : Et quibus immitis placatur sanguine diro Teutates, horrensque feris altaribus Hesus ; Et Taranis scythicae non mitior ara Dianae. Vos quoque, qui fortes animas, belloque peremtas, Laudibus in longum vates demittitis aevum, Plurima securi fudistis carmina, bardi. Et vos barbaricos ritus, moremque sinistrum Sacrorum, druidae, positis repetistis ab armis.
Traduction : Vous voilà libres,Comates aux longs cheveux errants sur des épaules blanches ; et toi, Ligurien, dont le front est sans chevelure, mais dont la valeur est plus célèbre. Vous qui apaisez par des flots de sang humainTeutatès l’impitoyable, l’autel horrible d’Hésus, etTaranis plus cruelle queDiane taurique ; vous par qui revivent les fortes âmes disparues dans les combats, chantres dont la louange donne l’éternité,bardes ! vous ne craignez plus de répéter vos hymnes ;druides ! vous reprenez vos rites barbares, vos sanglants sacrifices que la guerre avait abolis.
↑a etbRaoul Busquet, Histoire de la Provence : des origines à la révolution française, Editions Jeanne Laffitte, 1954 (réimpr. 2006),p. 31.
↑Plutarque, dansMarius 10, 5-6, écrit que les Ambrons ont commencé à crier « Ambrones! » comme cri de guerre ; les Ligures qui combattaient aux côtés des Romains, en entendant ce cri et en y reconnaissant un nom de leur pays qu'ils utilisaient souvent avec leursdescendants (οὕτως κατὰ ὀνομάζουσι Λίγυες), retournèrent le criAmbrones!.
↑Dominique Garcia, traduit en italien par Maria Gabriella Angeli Bertinelli, Angela Donati, « Città e Territorio : la Liguria e il mondo antico »,Atti del IV, incontro internazionale di storia antica, Genova, 19-20 febbraio 2009, Giorgio Bretscheinder editore, 2010
↑M. Py, Les Gaulois du Midi, de la fin de l’âge du Bronze à la conquête romaine,nouvelle édition revue et augmentée, collection Les Hespérides, Errance, 2012, 400 p., 202
↑Patrick Thollard, La Gaule selon Strabon. Du texte à l’archéologie, Chapitre V Peuples et territoires : les Arécomiques et les Tectosages
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SophieCollin Bouffier,« Marseille et la Gaule méditerranéenne avant la conquête romaine », dans Bernadette Cabouret-Laurioux, Jean-Pierre Guilhembet et Yves Roman (directeurs d'ouvrage),Rome et l’Occident :IIe s. av. J.-C. auIIe s. apr. J.-C., Presses Universitaires du Mirail,(ISBN978-2-8107-0052-3,lire en ligne), pages 35 à 60
Raoul Busquet,Histoire de la Provence : des origines à la révolution française, Editions Jeanne Laffitte, 1954 (réimpr. 2006)