Cet article a pour sujet la civilisation celtique antique jusqu'à la conquête romaine et la christianisation de l'Irlande. Pour plus d'informations sur les nations celtiques contemporaines, voir l'articlePays celtiques. Pour plus d'informations sur les différents peuples celtes, voir l'articlePeuples celtes
La première mention écrite du nom des Celtes (engrec ancien :Κελτοί /Keltoí ouΚέλται /Kéltai) pour désigner ungroupe ethnique est due àHécatée de Milet, historien et géographe grec, en[1], qui parlait d'un peuple vivant près deMassilia (actuelleMarseille)[2]. AuVe siècle av. J.-C.,Hérodote se référait auxKeltoí vivant aux environs de la source duDanube, ainsi que dans l'Extrême-Ouest de l'Europe[3]. L'étymologie du termeKeltoi n'est pas claire. Différentes racinesindo-européennes pourraient en être à l'origine : *kʲel, « cacher », « dissimuler » (présent aussi dans levieil irlandais :ceilid) ; *kʲel, « échauffer » ou « mettre en colère» ; *kel, « pousser »[4]. Certains auteurs supposent que ce terme est d'origine celtique, tandis que d'autres le considèrent comme inventé par lesGrecs. LalinguistePatrizia de Bernardo Stempel appartient à ce dernier groupe et suggère qu'il signifie « les grands »[5].
AuIer siècle av. J.-C.,Jules César a rapporté que les peuples connus des Romains commeGaulois (Galli) s'appelaientCeltii dans leur langue etGallii dans la sienne[6], ce qui suggère que même si le nomKeltoi a été accordé par les Grecs, il a été adopté dans une certaine mesure comme unnom collectif par lespeuples de Gaule. LegéographeStrabon, écrivain sur laGaule, vers la fin duIer siècle av. J.-C., se réfère à la « race qui s'appelle maintenant à la fois gauloise et galate », bien qu'il utilise également le terme « Celtique » commesynonyme de « Gaule », qui est séparée de l'Ibérie par lesPyrénées. Pourtant, il rapporte des peuples celtiques en Ibérie, et utilise également les noms ethniquesCeltiberi etCeltici pour les peuples là-bas, à la différence deLusitani etIberi[7].Pline l'Ancien a noté l'utilisation du termeCeltici, enLusitanie, comme nom de famille d'aristocrates[8], ce que les découvertesépigraphiques ont confirmé[9],[10].
LelatinGallus (pl.Galli) pourrait provenir à l'origine d'un nom ethnique ou de nation celtique, peut-être emprunté en latin, pendant lesexpansions celtiques en Italie, au début duVe siècle av. J.-C. Sa racine peut être leproto-celtique *Galno, signifiant « puissance, force », d'où levieil irlandais « audace, férocité », et legallois « être en position, pouvoir ». Les noms de nation commeGallaeci et dugrec Γαλάται (Galatai, latiniséGalatae, voir la région deGalatie enAnatolie) ont très probablement la même origine[11], l'étymologie deGallaeci ne fait pas l'unanimité et pourrait très bien être pré-celtique[12]. Lesuffixe-atai pourrait être uneflexion grecque ancienne[13]. Les auteurs classiques n'appliquaient pas les termes Κελτοί ouCeltae aux habitants de laGrande-Bretagne ou de l'Irlande, ce qui a conduit certains savants, par préférence, à ne pas utiliser le terme pour désigner les habitants de l'âge du fer britannique[réf. nécessaire].
Celtique se réfère à unefamille de langues et, plus généralement, signifie « des Celtes » ou « dans le style des Celtes ». Plusieurscultures archéologiques sont considérées comme celtiques en nature, basées sur des ensembles uniques d'objets. Le lien entre le langage et l'artefact est facilité par la présence d'inscriptions[18]. L'idée relativement moderne d'une identité culturelle celtique identifiable ou « Celticité » se concentre généralement sur les similitudes entre les langues, les œuvres d'art et les textes classiques[19], parfois aussi parmi les artefacts matériels, l'organisation sociale, lapatrie et lamythologie celtique[20].
La question de l'origine des peuples celtes fait l'objet de nombreuses hypothèses et s'inscrit dans le cadre de la diffusion deslangues indo-européennes en Europe, cette parenté linguistique n'a jamais été remise en question[22],[23]. La question de leur émergence reste délicate à cerner, en raison de la difficulté à relier avec certitude descultures archéologiques à des groupes linguistiques. Néanmoins, plusieurs hypothèses fondées sur des donnéeslinguistiques,archéologiques etgénétiques permettent de retracer les grandes étapes menant à la formation des groupesproto-celtiques[22].
L'hydronymie celtique est répartie dans un espace situé sur la frange alpine septentrionale le long du Danube, et s'étend jusqu'au cours supérieur et moyen du Rhin et du Rhône, y compris les affluents. La zone de départ de la culture de Hallstatt ne s'accorde pas à cette zone, même si les plus importantes trouvailles de l'Ouest Hallstatt et de La Tène précoce se trouvent dans cette zone[30],[31].
Le Hallstatt (de 1200 à), qui chevauche l'âge du bronze final et le premierâge du fer, tire son nom d'un site archéologique qui se trouve àHallstatt, dans leSalzkammergut, enAutriche[32].
Cette période est caractérisée par des épées de bronze et de grandes épées de fer. Les cavaliers à longue épée, ordre jusqu'alors inconnu, apparaissent sporadiquement dans les tombes, entourés de rites et accompagnés d'éléments (service à boisson, produits exotiques importés, tombe à char, or) qui préfigurent les symboles de la nouvelle classe dirigeante. L'utilisation du cheval est l'un des attributs qui distinguent les détenteurs du pouvoir. Les tombes féminines offrent de nombreuses parures, desfibules volumineuses, typiques du goût exubérant de l'époque. Les sépultures riches possèdent très souvent d'impressionnants services en bronze constitués de seaux,situles (seaux aux bords refermés), bassins et tasses[33].
Les Celtes établissent des citadelles sur desoppida dominant de vastes étendues. Parmi les plus importantes, une douzaine semblent jouer un rôle économique et politique, et constituent une puissante fédération de communautés organisées sur le même modèle, en Allemagne du sud (Heuneburg), enSuisse et dans l'est de la France (oppidum Saint-Marcel auPègue,tombe de Vix).
La Tène ou second Âge du fer, succédant au Hallstatt, marque la fin de la protohistoire. Elle tire son nom de celui d'un site archéologique découvert en 1857 à Marin-Epagnier, sur la pointe nord-est du lac de Neuchâtel, à l'embouchure de la Thielle, dans le canton de Neuchâtel en Suisse. Elle est attestée en Europe centrale et de l'Ouest. Elle est caractérisée par un armement nouveau dont notamment une épée plus longue[26]. Certains auteurs, comme Massimo Guidetti[38], contestent le rattachement de la péninsule Ibérique à cette culture. La transition d'une civilisation celtique à l'autre semble être le fruit de modifications sociales au sein des sociétés plus que d'une invasion par d'autres groupes celtes.
À la suite d'un appel à l'aide deMarseille, menacée par les peuplades celtiques voisines, Rome annexe laNarbonnaise durant le dernier tiers duIIe siècle av. J.-C. Les invasions de bandes armées (migration desCimbres et desTeutons en) et la pression démographique des Germains entraînent des migrations de peuples celtiques vers l'ouest, comme celle desHelvètes conduits par leur roiOrgétorix, et suscitent des tensions avec les peuples gaulois.
La guerre des Gaules, menée parJules César entre 58 et 51 av. J.-C., marque la conquête progressive de laGaule. L’objectif initial de César est de contrer la migration desHelvètes, qu’il défait en 58 av. J.-C., puis de repousser lesGermains d’Arioviste. Dès l’année suivante, il entreprend une campagne contre les peuplesbelges, consolidant l’emprise romaine sur le nord du territoire. En 56 av. J.-C., ses lieutenants soumettent lesVénètes enArmorique et lesAquitains au sud-ouest. La dernière phase de la guerre, de 51 à 50 av. J.-C., consiste en la pacification des derniers foyers de résistance, avec le siège d’Uxellodunum comme ultime épisode militaire[55]. Si, à l'ouest, les Celtes sont défaits par les Romains menés par Jules César[56], à l'est, les Celtes sont également progressivement écartés : les fouilles montrent que l'oppidum deStradonice (Bohême) est incendié, probablement par les Germains en 9 ou ; les sépultures laissent à penser que se développe une civilisation germanique sur ces terres.
La fin de la période de La Tène est marquée par le début duprincipat d'Auguste en En effet, si laguerre des Gaules (entre58 et) marque le basculement des peuples de Gaule interne dans l'orbite romaine, les archéologues considèrent généralement que les véritables changements culturels n'auront lieu qu'une génération plus tard à partir du règne d'Auguste et de la réorganisation administrative des Gaules. Dans les îles Britanniques, les archéologues font même descendre la civilisation laténienne au moins jusqu'en43apr. J.-C., date du début de laconquête de l'île.
Après l'échec desexpéditions de César, Rome entretient sous Auguste des relations diplomatiques et commerciales avec les souverains insulaires, sans intervention militaire directe. L’expédition deClaude en 43 apr. J.-C. aboutit à la conquête du sud de l’île, malgré une résistance marquée, notamment celle deCaratacos[57]. En 61, les abus de l’administration romaine déclenchent la révolte desIcéniens, conduite par la reineBoudicca, qui ravageCamulodunum,Londinium etVerulamium avant d’être écrasée. SousVespasien puis Agricola (77-84), la conquête s’étend vers le nord, avec victoire sur lesCalédoniens aumont Graupius. En 122,Hadrien fait ériger un mur fortifié pour contenir lesPictes[58].
Devant migrer dans un premier temps vers l'ouest, puis devant affronter les entreprises guerrières de Rome, les populations celtes ont été absorbées dans des ensembles politiques plus vastes et plus cohérents[24].
La conversion desGaëls et en premier lieu de leurs élites auchristianisme fait entrer l'Irlande dans leMoyen Âge européen. La religion change, mais pas la classe sacerdotale : si ledruidisme disparaît, les druides sont les premiers convertis et deviennent lesprêtres de la nouvelle Église. L'apport des nouveaux enseignements au substrat celtique donne naissance à ce que l'on appelle lechristianisme celtique.
Les conditions de l'évangélisation sont mal connues et les sources dont nous disposons sont largementhagiographiques. En431, le papeCélestinIer envoie unGaulois, nomméPalladius, évangéliser les « Scots ». En452, leBritto-Romain Maewyn Succat, connu sous le nom desaint Patrick, débarque dans l'île. Il semble que le premier ait essentiellement œuvré dans leLeinster et que le second ait évangélisé dans l'Ulster et leConnaught. Patrick est réputé pour avoir chassé les serpents de l'île et expliqué lasainte trinité par l'exemple de la feuille de trèfle.Lasociété celtique étant de typethéocratique[réf. nécessaire], la conversion n'a pu se faire que par la classe sacerdotale et Patrick aurait « démontré » aux druides que samagie était plus puissante que la leur. Si certains traits de la tradition celtique n'ont pas totalement disparu, les Irlandais se sont trouvés confrontés à la fin duVIIIe siècle à une autre culture, celle desVikings.
Sur le plan des données linguistiques, leslangues celtiques, fournissent un corpus linguistique partiel mais précieux pour l’étude historique des Celtes. Leslangues celtiques insulaires (gaélique etbrittonique), bien attestées à partir du Moyen Âge, permettent d’approcher indirectement certaines structures sociales et croyances anciennes[64]. Lestoponymes,ethnonymes etanthroponymes celtiques constituent une source spécifique de l'onomastique. Les toponymes représentent souvent les seules traces linguistiques de populations disparues[65].
Sur le plan archéologique, les nécropoles constituent la catégorie de vestiges la plus ancienne et la plus abondamment documentée de l’archéologie celtique[66]. À la fin duXIXe siècle, plusieurs fouilles cherchent à documenter l’ensemble des sépultures, indépendamment de leur richesse[67]. Les habitats protohistoriques de l’âge du Fer constituent la seconde source archéologique principale permettant d’appréhender la continuité de l’occupation et les dynamiques du peuplement[68]. À ces habitats s'ajoute le tissu urbain servant à connecter les différents lieux et en particulier dans les espaces d'activités économiques importantes[69].
Sur le plan génétique, les populations celtiques seraient caractérisées par différents sous-groupes de l'haplogroupe duchromosome YR1b-M269, introduit en Europe par les migrations indo-européennes il y a environ 5 000 ans[70]. L'haplogroupe R1b-M269, représentant 60 % des lignées masculines en France, pourrait être associé auxIndo-Européens s'étant diffusés en Europe au début de l'âge du bronze et qui auraient remplacé une grande partie de la populationnéolithique masculine existante[71],[72]. Des études complémentaires affinées portent sur leshaplogroupesR-P312-3/R-U152[73] etR-P312-4/R-L21[74]. Ces études permettent de mieux comprendre les relations spatio-temporelles[75], les processus de diffusion ainsi que les associations avec un certain nombre de groupes de populations voisines[76],[77],[78].
Dès l'Antiquité, les auteurs grecs et latins s'intéressent à décrire les coutumes de la population celtes qu'ils désignent comme les principaux représentants du mondebarbare. Ces premiers textes ne s'intéressent pas aux Celtes autrement que sous le prisme de la menace militaire qu'ils représentent[79],[80]. La construction instrumentalisée est particulièrement renforcée par les auteursPolybe etTite-Live[81]. Au début duMoyen Âge, le christianisme, et la levée de l'interdit de la retranscription, produit une littérature de souche celtique qui exalte la valeur des exploits guerriers et d'aventures fabuleuses[82]. En France, c'est également à partir duXIIe siècle qu'on situe laGaule comme à l'origine duRoyaume de France et ce malgré une royautéfranque qui se revendique une originetroyenne[83].
Durant laRenaissance, seules les élites insulaires, pratiquant encore des langues celtiques, commencent à poser les premiers jalons de l'approche scientifique de laceltologie dès leXVIe siècle[84]. L'identité qui se dessine des Celtes se fait dans des objectifs contemporains comme lorsque les auteurs protestants revendiquent une société démocratique, ou pour soutenir des revendications nationales, gallicanes ou unitaires[85]. À partir duXVIIIe siècle, deux courants influencent fortement la réécriture de l'historiographie celte : laceltomanie d'une part, centrée enGrande-Bretagne, et lesLumières en France. La celtomanie découle de l'attrait littéraire et artistique pour les Celtes dans une visionromantique[86]. Le mouvement des Lumières renforce quant à lui l'intérêt pour le passé celte et la découverte de l'identitégauloise en opposition à la légitimation de l'Ancien Régime reposant sur les mythes antiques gréco-latins[86].
L'historienJean-Louis Brunaux, spécialiste des Gaulois, est assez proche de l'idée que la notion de Celtes est une construction moderne[99]. Il doute de la réalité d'une civilisation celte. À ses yeux, l'idée d'une langue celtique est un postulat non démontré. Les ressemblances entre breton, gaélique, gallois… s'expliqueraient davantage par les contacts et les influences entre des peuples voisins que par l'existence d'une langue mère. Brunaux s'accorde avec l'idée émise parTolkien :« Les Celtes […] sont un sac magique dans lequel on peut mettre ce que l'on veut et d'où on peut sortir à peu près n'importe quoi[100] », ce, d'autant plus facilement qu'ils n'ont presque pas laissé d'écrits.
Plus qu'un peuple ou une civilisation, il considère les Celtes à l'origine comme une confédération de tribus vivant autour duMassif central dans le but de commercer avec lesPhéniciens puis les Grecs. De commerciale, cette association aurait pris un caractère diplomatique puis politique. Les Celtes se seraient étendus à travers l'Europe, à partir non pas de l'Europe centrale mais du centre sud de la Gaule, sous forme de colonisation et non de migrations[99]. Cette interprétation se situe à l'opposé des travaux de la plupart des spécialistes du monde celtique, qui, commeVenceslas Kruta, soulignent au contraire l'existence d'une civilisation spécifique, immédiatement identifiable par sa langue, les vestiges matériels qu'elle a laissés, les croyances et les mythes que les spécialistes de la mythologie comparée ont pu reconstituer[26].
Le contact entre les mondes celtique et germanique reste difficile à mettre en valeur. La première énigme apparaît lors de laguerre des Cimbres :ce peuple semble avoir migré du nord de l'Europe (plus précisément duJutland) auIIe siècle av. J.-C., puis avoir été défait à labataille d'Aix. Bien que généralement considéré comme germanique en raison de sa région d'origine, des incertitudes sur sa langue ou sa culture ont pu apparaître, notamment du fait de nombreux anthroponymes celtiques parmi ses chefs[101]. LesTeutons n'apparaissent dans les textes que lors de labataille de Noreia (sud de l'Autriche). La jonction entre les deux groupes aurait eu lieu[101] en Allemagne centrale près duMain, région celtique avant sa germanisation au milieu du premier millénaire avant notre ère. Il est donc possible que ces migrations aient pu donner lieu à des confédérations de tribus mêlant Celtes etGermains, d'où l'incertitude.
C'estJules César qui définit précisément quelques décennies plus tard[102], par leRhin, la limite entre Celtes et Germains. Le but politique paraît établi, d'une part, par le caractère trop simple de cette limite, et, d'autre part, par le fait que Celtes et Germains ont pu coexister au-delà ou en deçà de cette limite[103]. Serge Lewuillon qualifie cette limite d'aberration, dans un contexte où Celtes et Germains ont pu se côtoyer et échanger culture et coutumes[104]. SelonLucien Bély, les Celtes étaient présents au-delà du Rhin[105]. Le cas desBelges illustre bien le problème dans la mesure où personne ne peut aujourd'hui affirmer à quel groupe culturel se rattachaient les peuples de la région. César entretient lui-même l'incertitude en ne classant la région ni dans la « Celtique », ni dans la « Germanie ». Les études toponymiques, linguistiques ou anthroponymiques n'ont jamais pu éclaircir la question. Les différents auteurs sont partagés entre l'option celtique (Jean Loicq), l'option germanique avec aristocratie celtique (Ugo Janssens), et d'autres encore penchent vers une théorie plus récente dénomméebloc du Nord-Ouest, défendue notamment parRolf Hachmann,Georg Kossack(de) ouHans Kuhn, et où le nord-ouest de l'Europe continentale aurait connu une culture distincte des Celtes et des Germains. Au demeurant, l'étymologie même deGermain proviendrait (sans certitude) d'une tribu belge de langue celtique, degair signifiant « voisin », etmaon signifiant « peuple » (Conrad Gessner), hypothèse qui est réfutée par leChambers Dictionary of Etymology[106] (voirNom des Germains).
Pierre Gastal, spécialiste de la civilisation gauloise, s'intéresse au tempérament des Celtes et commenteStrabon : « À l'évidence, la nature celtique persistera longtemps dans notre tempérament français. Notre passion des grandes causes et des grands principes, que les Anglo-Saxons qualifient d'arrogance, la promptitude à s'enflammer aussi vite qu'à se décourager, la présomption et l'évasion devant les difficultés, la propension aux disputes et aux divisions stériles. Mais cette surprenante capacité de se ressaisir, de se rassembler quand la situation semble désespérée et que la survie est en jeu… Tout cela, les auteurs anciens en ont témoigné en leur temps, notamment Strabon qui rapporte le sens exacerbé de la justice et de la contestation des Gaulois : « Ils s'indignent toujours des injustices dont — à leur idée — leurs proches sont victimes » (IV, 4, 2). Dans notre histoire nationale, le Français duXXIe siècle retrouve sans mal maints exemples de ces traits de caractère jusqu'à l'époque contemporaine[107]. »
Le terme « Bretons » (enlatin :Britanni) désigne d'abord les habitants de l'île de Bretagne[108], ouBretagne insulaire (en latin :Britannia), ou plus exactement ceux de la partie de l'île limitée au nord par les fleuvesClyde et Forth (enÉcosse aujourd'hui).
L'opinion traditionnelle selon laquelle les Britanniques celtes ont migré initialement du continent, principalement depuis l'autre côté de laManche, avec leurs langues, leur culture et leurs gènes à l'âge du fer a été remise en cause au cours des dernières décennies par l'affirmation de plusieurs chercheurs selon laquelle les langues celtiques s'étaient plutôt répandues vers le nord le long de la côte atlantique pendant l'âge du bronze[109], et par les résultats d'études génétiques qui montrent une grande continuité entre l'âge du fer et les populations britanniques plus anciennes[110],[111], ce qui suggère que ladiffusion trans-culturelle a également été très importante dans l'introduction des langues celtiques en Grande-Bretagne.
Le qualificatifgaélique désigne communément l'ensemble de ces langues. Leur forme la plus anciennement documentée est levieil irlandais, qui était la langue des Gaels ouGaëls, qu'on appelle parfois aussi lesScotii. L'adjectifgaélique, qui se rapporte à leurs langues, se distingue de l'adjectifgael, qui se rapporte à leur culture.
Lespeuples celtes de la péninsule Ibérique, concernant lesquels l'héritage archéologique est modeste et les langues vernaculaires celtiques sont faiblement attestées, font l'objet d'interrogations. Si ces interrogations touchent l'Europe du Sud en général, elles visent particulièrement lapéninsule Ibérique. Bien qu'il soit établi que des populations celtiques se sont fixées dans ce qui est aujourd'hui l'Espagne et lePortugal[112], leur impact sur les cultures préexistantes reste sujet à caution sur le plan archéologique ou historique. Plusieurs inscriptions en langue celtique utilisant l'alphabet ibérique, c'est-à-direceltibérique, ont pu être mises au jour enCastille, mais aucune ailleurs. Sur le plan archéologique, de nombreux auteurs et chercheurs ont encore des doutes aujourd'hui sur le lien réel entre les cultures celtiques attestées d'Europe centrale et les éléments archéologiques trouvés en Espagne. Graves-Brownet al. utilisent le terme de « mythologisation » concernant la problématique celtique dans le Nord de l'Espagne[113]. La culture descastros du Nord-Ouest de l'Espagne n'est pas formellement reconnue comme étant rattachée aux oppida celtiques d'Europe centrale et de Grande-Bretagne[114]. La répartition des chars celtiques se concentre en Europe centrale et de l'Ouest, alors que le matériel archéologique est très rare ou absent en péninsule Ibérique ou en Italie[115].
La même problématique existe sur le plantoponymique ou historique. La toponymie celtique tend à se raréfier dans le sud-ouest de la France, région où étaient établis lesAquitains, peuple de culture pré-indo-européenne, aussi appelés lesProto-Basques. Se basant sur le faible nombre de toponymes celtes dans le nord de l'Espagne, Hector Iglesias conclut que les Celtes ont probablement formé dans cette région des groupes épars ou aristocratiques, mais jamais majoritaires[116]. De nombreux noms de lieux galiciens sont à rapprocher de la toponymiebasque et pyrénéenne, notamment l'étymologie même de « Galice », et l'on ne dénombre pas davantage de toponymes celtiques dans ces régions qu'en Aragon ou en Castille, où l'on a retrouvé par ailleurs des inscriptions en langue celtique écrites en alphabet ibérique. Si des éléments toponymiques celtiques sont indubitablement attestés (par exemple-briga) dans une grande partie de l'Espagne, hormis dans la partie est de peuplement ibère, on y relève curieusement, par exemple, la faible occurrence du suffixe*-āko- (latinisé en-acum, -acus dans les textes), pourtant répandu dans les zones de peuplement ou d'ancien peuplement celtique. Cela pourrait indiquer une disparition précoce deslangues celtiques, ce suffixe ayant eu une fonction toponymique tardive. La rareté de ce suffixe en Espagne est comparable à sa rareté dans le Sud de l'Aquitaine en dessous de la Garonne jusqu'aux Pyrénées et dans l'est de la Provence, qui suggère quant à elle la présence d'un fort substrat non celtique ou une disparition précoce du gaulois. Le cas de l'appellatif-briga en Espagne et au Portugal est encore discuté, mais bon nombre de toponymes l'incluant sont composés avec un premier élément inexplicable par le celtique (par exempleCoimbra). En outre, beaucoup d'entre eux sont composés avec un nom d'empereur ou de général romain, tels queJulióbriga,Augustóbriga, etc. alors que des dédicaces analogues sont composées avec différents éléments celtiques en Gaule, tels que-durum (Augustodurum),-dunum (Augustodunum),-magus (Caesaromagus),-nemetum (Augustonemetum),-ritum (Augustoritum),-bona (Juliobona), etc., appellatifs qui ne sont pas utilisés dans les dédicaces aux empereurs et généraux dans le Nord-Ouest hispanique. L'utilisation exclusive de-briga dans ce cas et dans l'autre laisse penser qu'il s'agit là d'un emprunt au celtique et non pas d'un terme autochtone.
Le concept même de « Celtibère » est sujet à caution : ainsi,Dominique Garcia, faisant une analyse grammaticale des anciens textes romains et grecs, conclut que l'expression « Celto-Ligures », utilisée par les mêmes auteurs qui emploient le terme de « Celtibères », désignait dans les faits des peuplesLigures[120] ; cependant, la langue des Celtibères, connue grâce à de très nombreuses inscriptions en alphabet ibère et en alphabet latin, est clairement identifiée comme celtique par les linguistes[121].
Ce sont surtout les régions se réclamant d'un héritage celtique comme la Galice ou les Asturies pour lesquelles Beatriz Díaz Santana[122] ou Hector Iglesias[116] expriment de sérieux doutes sur l'impact des Celtes. L'apparition auXIXe siècle dugalléguisme n'est peut-être pas entièrement étrangère à l'éveil d'une conscience celtique de circonstance auquel Graves-Brownet al. font référence[123].
Des sources antiques évoquent lesCeltes d'Italie, bien que leur appartenance linguistique ne soit pas connue. En outre, les liens entre l'archéologie et les cultures correspondantes ne sont pas clairement établis : pour Venceslas Kruta[124], faire un lien entre la présence d'un matériel archéologique et une culture relève de la« spéculation ». Pierre-Yves Milcent a une opinion similaire[125].
Les toits sont faits en chaume, c'est-à-dire de la paille de céréales ou des roseaux séchés, attachés par gerbes et permettant à l'eau de pluie de s'écouler sur les côtés. Sur le sommet du toit, on met du torchis, donc un mélange de terre, souvent planté d'herbe, pour terminer la jonction entre les deux côtés du toit. Les maisons sont soutenues par des poutres en bois et entre elles du torchis. Les maisons n'ont souvent qu'une pièce où vit toute la famille, voire plusieurs familles dans les grandes maisons. Les maisons sont regroupées dans un village, parfois entouré de palissades, de protections naturelles si le site le permet ou de murs. Quand le site forme une vraie fortification, on l'appelle un oppidum. Comme ces maisons ne sont pas conçues pour durer des siècles, on n'en retrouve pratiquement rien aujourd'hui.[réf. nécessaire]
Les familles celtes ont des extensions à leurs maisons, comme le grenier à céréales sur pilotis pour protéger les céréales des rongeurs, mais aussi un enclos agricole et des champs.
À l'intérieur de la maison, on peut retrouver un foyer pour se chauffer, un lit collectif pour ne pas mourir de froid durant la nuit, parfois unmétier à tisser et plusieurs objets d'art.
Les guerriers utilisent des armes plutôt modernes pour leur époque. Ils sont les inventeurs de la cotte de mailles et font d'excellents cavaliers. Les Celtes développent une tactique de charge frontale en hurlant en essayant d'effrayer au maximum l'adversaire. La guerrière celte existe aussi bien dans la mythologie (exemple :Medb) que dans l'histoire (Boadicée)[134]. Les Celtes de l’âge du fer disposaient d’un équipement militaire caractérisé par l’usage du bouclier, de la lance et de l’épée, dont la forme évolua avec les techniques de combat. L’infanterie constituait le cœur des armées, tandis que la cavalerie, issue de l’aristocratie, formait un corps d’élite particulièrement apprécié comme auxiliaire par les Romains. Des variantes régionales, notamment en Ibérie, reflétaient une plus grande mobilité tactique[135].
Les sociétés celtes reposent sur une balance de pouvoirs entre les différentes aristocratie, avec notamment d'un côté les rois et d'un autre lesdruides[136]. Cette balance des pouvoirs est symbolisée par l'union du roi à la déesse de la terre qu'il gouverne, le liant dès lors aussi à la fertilité de ces dernières[136].
Le nom du roi issu de l'indo-européen*rēg- dénote la « rectitude »[137]. Le roi est d'abord l'énonciateur du droit. Il est un pacificateur qui protège ses sujets, comme l'indique le théonymeToutiorix[137]. Il est garant du succès militaire et, pour cette raison, sa présence est indispensable dans la bataille[137]. Il est enfin celui qui assure la fertilité des terres et du bétail[137]. Aussi sa position est-elle risquée. Le roi qui manque à ses obligations est« souvent victime d'une mort tragique proche dans certains récits du sacrifice ou de ladevotio[137]. »
La fonction du druide repose sur l'éloquence de ces derniers, parfois qualifiés de poètes. Ils sont garants de la préservation de la tradition orale, des récits historiques, généalogiques et mythologiques. Ils pratiquent également des rituels invoquant des oracles, interprétant les rêves et annonçant des présages. Le druide peut cumuler les fonctions de prêtre, poète, historien, juge, troubadour ou encore professeurs[136].
Dans la société celte, la position de la femme ne fait pas l'objet d'un consensus académique. Dans certains cas, des femmes se battent aux côtés des soldats et ont des positions politiques équivalentes. Cependant, ces données sont discutables et certains considèrent que ces cas sont plutôt exceptionnels et que la femme possède peu de droits et est soumise à son mari[136].
Pièce celte en argent de Dünsberg (Hesse), nommée « le petit homme dansant ». Réplique.
Les sépultures prouvent l'étendue du commerce des Celtes avec tous les peuples de l'ancienne Europe. Sont exportés fer, étain, sel, bois, lin, laine, des armes, des outils, des textiles et des chaussures. Les importations sont principalement le verre, le vin et d'autres produits de luxe de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient.
L'économie des Celtes repose sur l'agriculture et l'élevage. L'activité agricole celte parvient à assurer des surplus suffisants pour soutenir le développement de l'artisanat et l'implantation d'un réseau urbain étendu. Les habitats ruraux regroupent un nombre limité de familles exploitant des territoires de plusieurs dizaines de kilomètres carrés comportant des zones cultivées, despâturages et des bois[138].
L'animal domestique principal est lebovin, qui, en plus de fournir de la viande, du lait (fromage) et du cuir, est indispensable pour le travail des champs[139]. Lesmoutons (laine) et lesporcs sont également élevés. À ces animaux s'ajoutent de petits animaux de basse-cour comme les poules, les oies et les canards[140]. Les chiens sont utilisés en tant que chiens de troupeau comme pour lachasse. Les chevaux sont un symbole du statut social et sont importants pour les campagnes militaires. Ils sont probablement élevés de manière intensive par certaines tribus.
L’alimentation des Celtes repose sur les ressources de l’Europe tempérée, issues de l’agriculture céréalière sédentaire et complétées par le développement de l’élevage spécialisé. Elle associe des produits végétaux, principalement des céréales et des légumineuses, et des produits animaux, tels que la viande et les produits laitiers. La fabrication du beurre et du fromage est maîtrisée depuis au moins le IIe millénaire av. J.-C., bien que leur part exacte dans le régime alimentaire soit difficile à établir[141].
Les céréales, stockées dans des greniers, sont moulues à la main, à partir duVe siècle av. J.-C. au moyen de meules rotatives, pour produire la farine destinée à la consommation domestique. Celle-ci sert à préparer bouillies, galettes oupains au levain. La consommation de viande, principalement bovine et porcine, est moins régulière, l’abattage ayant lieu à certaines périodes. La viande bovine est bouillie, rôtie ou grillée, tandis que celle de porc fait l’objet de techniques de conservation donnant salaisons, jambons, lard et peut-être déjà des saucisses[141]. Les produits issus de la salaison celte sont prisés et exportés[140]. Des quartiers de porc conservés sont déposés dans certaines sépultures, notamment dans les régions danubiennes, avec des outils de découpe. La chasse occupe une place marginale, et l’élevage de volailles fournit viande et œufs[141]. Des découvertes archéologiques (restes de repas) àHallstatt, on peut déduire que les Celtes mangeaient un plat encore courant en Autriche, leRitschert(de), ragoût d'orge et de fèves avec accompagnement de porc fumé[réf. nécessaire].
Les Celtes produisent diverses boissons fermentées, telles que lacervoise, l’hydromel et peut-être un vin léger, consommées surtout lors des festins collectifs liés aux grandes fêtes ou à des événements particuliers. Le vin importé, rare et coûteux, reste réservé à l’aristocratie, qui en fait un élément central de ses banquets[141]. Du fait que le mot latin pour labière (cervisia) est un mot d'emprunt celtique, on a supposé que les Celtes maîtrisaient lafabrication de la bière. Les auteurs romains décrivent, cependant, la boisson avec un fort dégoût. À Hochdorf etGlauberg, de l'hydromel a été détecté dans les trouvailles de pollen sur les sites archéologiques.
Contrairement aux pratiques méditerranéennes, l’huile d’olive est absente du régime celtique ; les matières grasses utilisées pour la cuisine proviennent exclusivement d’animaux, principalement beurre et saindoux[141].
Toutefois, quelques caractéristiques majeures le distinguent nettement de l'art des autres civilisations qui étaient en contact avec l'aire culturelle celtique :
les représentations des divinités semblent avoir existé, mais les témoignages en sont rares, d'époque gallo-romaine ou difficiles à identifier (l'une des sources les plus connues est lechaudron de Gundestrup) ;
si l'on excepte le cas de laHesse et celui du Midi de la Gaule, il semble également que la statuaire de pierre n'ait pas été le domaine de prédilection des Celtes.
Une caractéristique majeure de l'art celte est la prédominance de motifs anthropomorphes ou issus de la nature, tels que les entrelacs, et une tendance à l'abstraction. Issue du schématismehallstattien, cette tendance atteint son apogée à travers les enluminures desmanuscrits celtiques d'Irlande et d'Écosse de la période chrétienne insulaire, tels que le célèbrelivre de Kells ou ceux du monastère deIona.
La statuaire retrouvée sur certaines tombes représente des hommes debout dotés d'excroissances de part et d'autre de la tête évoquant une feuille degui.
Les Celtes n'ayant presque pas laissé de traces écrites, la connaissance que nous avons de la religion et de la culture celtes est tributaire des textes laissés par les Grecs, les Romains et les auteurs chrétiens[142].
La religion présente les mêmes caractéristiques générales que l'on retrouve chez les peuplesindo-européens. Les comparatistes ont montré que les éléments essentiels présents dans les récits mythologiques, les formules, les schèmes notionnels et les éléments du culte s'inscrivent dans une « tradition indo-européenne »[143]. Le vecteur de cette conception du monde et de cette tradition est une « classe sacerdotale » — les druides — comme en Inde ou en Iran ou plus simplement, comme chez les Germains, la noblesse guerrière[143]. On y retrouve notamment les « traces très nettes » de la religion cosmique indo-européenne qui inclut le cycle des saisons, de l'année. Celle-ci forme le cadre général qui détermine l'histoire de l'univers[143], puis, dans quelques épisodes légendaires, le schéma triparti étudié parGeorges Dumézil, c'est-à-dire la tripartition de la fonction juridique et religieuse, de la force notamment guerrière, enfin de la richesse et des valeurs de re/production[143].
Détail d'un panneau intérieur duchaudron de Gundestrup, musée national du Danemark, Copenhague.
Parmi les principales divinités, leDagda, « Dieu bon », issu visiblement du Ciel diurne indo-européen, patronne l'aspect juridique de la fonction souveraine. Il a été rapproché duJupiter gaulois[143]. Il est opposé à son frère Ogme/Ogmios, dont certains des traits dérivent directement du Ciel nocturne, lié à la magie[143]. De nombreuses déesses et héroïnes (Belisama,Morrigan,Bodb,Macha…) présentes dans les mythes sont issues de l'Aurore indo-européenne[143]. Il existe également un *Lugus panceltique (leMercurius de César). Issu du couple indo-européen desDioscures, les Jumeaux divins, une des plus anciennes figures du panthéon indo-européen,LugSamildanach « aux multiples arts », par son intervention, restaure l'ordre et le droit lorsque les autres dieux sont tombés dans l'oppression[143]. Son nom se retrouve dans ceux de plusieurs grandes cités (Lyon,Laon,Legnica) et dans la grande fête irlandaiseLugnasad[143].
L'immortalité de l'âme était une des croyances des anciens Celtes, ce qui explique peut-être les témoignages sur leur vaillance et leur intrépidité au combat, puisque la peur de la mort était absente. En revanche, la notion de laréincarnation doit être écartée de leur religion, cette suggestion étant due à des lectures erronées[144].
Les Celtes croyaient également en un au-delà. L’Autre Monde celtique n'est pas le lieu des morts, même si certains héros de la littérature irlandaise en sont familiers. C’est principalement le séjour des dieux et de leurs messagères (bansidh)[145].
La notion desacrifice est présente dans la spiritualité des Celtes. Il s’agit de rendre sacré (consacrer à la divinité) un objet, un animal ou plus rarement un être humain. Le sacrifice requiert un prêtre sacrificateur, obligatoirement un druide, un objet ou un être sacrifié (propitiatoire ou expiatoire) et l'assemblée[146]. D’autres pratiques sont connues par la littérature irlandaise : lageis, leglam dicinn, l’imbas forosnai, ledichetal do chennaib cnâime[147]. Après une bataille gagnée, les Gaulois coupent les têtes des morts ennemis pour les rajouter à leurs collections de têtes[148].
Selon les sources irlandaises, l'année celtique était rythmée par quatre grandesfêtes religieuses au caractère obligatoire, dont deux majeures :Samain au ou (selon notre calendrier) etBeltaine au ou, et deux de moindre importance :Imbolc le1er ou le etLugnasad le[149],[150]:18.
Le druidisme est une institution pan-celtique. De manière comparable à d'autres sociétés indo-européennes, les druides forment un corps professionnel issu de l'aristocratie, de spécialistes des techniques du droit et du culte associés à la fonction souveraine. Auxiliaires de la royauté, ils veillent aux activités de parole et d'enseignement en assurant la transmission du savoir traditionnel[137].
Le druidisme est une exclusivité de la civilisation celtique et ne résiste pas à la romanisation des zones où il est implanté en Europe, ni à la christianisation de l’Irlande. Pour Philippe Jouët, «L’illusion d’une continuité doctrinale, même partielle, entre druidisme et christianisme repose sur une interprétation erronée ou tendancieuse de quelques textes d'élaboration récente[151]».
Sans entrer dans les spécifications de la classe sacerdotale, trois types de « professions » à caractère religieux sont connus dans le monde celte :
le druide est un membre de la classe sacerdotale dont les domaines d'attribution sont la religion, le sacrifice, la justice, l'enseignement, la poésie, la divination, etc. ;
lebarde est spécialisé dans la poésie orale et chantée, son rôle est de faire la louange, la satire ou le blâme ;
levate est un devin, il s'occupe plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine. Les femmes participent à cette fonction de prophétie.
Comme le signale bienClaude Sterckx, le cinéma et la bande dessinée actuels n'offrent qu'une « parodie invraisemblable » de ce que sont les Celtes. Il qualifie la plupart des films de « grotesques ». Les albums d'Astérix, qui forment la représentation la plus connue du public, sont selon lui une « caricature de tous les poncifs ». Les représentations basées sur lalégende arthurienne, là aussi bien connues du public, sont très anachroniques et davantage issues d'un fonds littéraire fictionnel que de données historiques[153].
Dans la culture populaire, le Celte et les éléments celtiques ont une grande importance dans la littérature et s'accompagne de diverses connotations mystiques. Cette image est régulièrement véhiculée au sein d'ouvrages occultes. L'emprunt de mots à consonance celtique vise également à véhiculer des valeurs héroïques propre aux récits romantiques[154].
↑Jules César,La Guerre des Gaules,1.1 : « Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois. » Trad.Désiré Nisard.
↑Andrew and Arnold MSpencer and Zwicky,The handbook of morphology, Blackwell Publishers,(ISBN0-631-18544-5),p. 148.
↑Lhuyd, E.Archaeologia Britannica;An account of the languages, histories, and customs of the original inhabitants of Great Britain. (reprint ed.) Irish University Press, 1971,p. 290(ISBN0-7165-0031-0).
↑John ThomasKoch,Celtic culture : a historical encyclopedia, ABC-CLIO,(ISBN1-85109-440-7),p. 532.
↑Julij Emilnov, « Ancient Texts on the Galatian Royal Residence of Tylis and the Context of La Tène Finds in Southern Thrace. A Reappraisal »,Search of Celtic Tylis in Thrace (III c. BC) Proceedings of the Interdisciplinary Colloquim arranged by the National Archaeological Institute and Museum at Sofia and the Welsh department,,p. 67-88.
↑Jean Chaline,Généalogie et génétique – la saga de l'humanité : migrations, climats et archéologie, Paris,Ellipses,,p. 254.
↑« L'un des plus importants mouvements migratoires serait celui des proto-Indo-Européens caractérisés par les haplogroupes de l'ADN-Y R1a et R1b provenant des peuples des steppes pontiques et asiatiques utilisant des sépultures recouvertes de tumulus, les kourganes »,Chaline 2014,p. 307.
↑Bède le Vénérable les désigne sous le nom deBrettones et les auteurs français contemporains utilisent souvent le terme deBritons pour les distinguer des habitants de laBretagne Armorique
↑Le Roux et Guyonvarc'h 1986, section glossaire, p. 414, sont catégoriques :« La tradition celtique ne contient aucune trace d'une croyance à la réincarnation. »
↑Voir l’étude approfondie deChristian-J. Guyonvarc'h,Le Sacrifice dans la tradition celtique : les rites, la doctrine et les techniques, Brest, Armeline,, 302 p., 21 cm(ISBN978-2-91087-831-3,OCLC231792171).
↑Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux,Les Druides,p. 177 et suiv.
↑Pierre Lambrechts,L’Exaltation de la tête dans la pensée et dans l’art des Celtes, Bruges, De Tempel,, 127 p.(OCLC786121677,lire en ligne),p. 38.
Christian Y. M. Kerboul,Les royaumes brittoniques, co-publication éditions du Pontig/Coop Breizh, Sautron & Spézet(ISBN2-9510310-3-3) et(ISBN2-84346-030-1).
Petr Drda et Alena Rybová,Les Celtes de Bohême, coll. « Hespérides », Paris, Errance, 1995, 192 p., ill.(ISBN978-2-87772-087-8).
Miklós Szabó,Les Celtes en Pannonie. Contribution à l'histoire de la civilisation celtique dans la cuvette des Karpates (coll. « Études d'histoire et d'archéologie »), Paris, Presses de l'École normale supérieure, 1988, 112 p.(ISBN9782728801381)
Miklòs Szabó,Les Celtes de l'Est : le second âge du fer dans la cuvette des Karpates, coll. « Hespérides », Paris, Errance, 1992, 208 p., ill.(ISBN978-2-87772-065-6).
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Bernard Sergent et Fabien Régnier,Dictionnaire des femmes et hommes celtiques illustres de l'Antiquité et du haut Moyen Âge, Yoran Embanner, 2022, 384 p.(ISBN978-2-36747-072-6)