Laceinture de Kuiper (parfois appeléeceinture d'Edgeworth-Kuiper, prononcé ennéerlandais :/ˈkœypər/[1]) est une zone duSystème solaire s'étendant au-delà de l'orbite deNeptune, entre 30 et55unités astronomiques (au)[2]. Cette zone en forme d'anneau est similaire à laceinture d'astéroïdes, mais plus étendue,20 fois plus large et de 20 à200 fois plus massive[3],[4]. Comme la ceinture d'astéroïdes, elle est principalement composée depetits corps, restes de la formation du Système solaire, et d'au moins troisplanètes naines,Pluton,Makémaké etHauméa (Éris est unobjet épars, situé au-delà de la ceinture de Kuiper). En revanche, tandis que la ceinture d'astéroïdes est principalement composée de corps rocheux et métalliques, les objets de la ceinture de Kuiper sont majoritairement constitués de composés volatils gelés comme leméthane, l'ammoniac ou l'eau.
En dehors dePluton, repéré dès 1930, et son satelliteCharon, détecté en 1978, le premier objet de Kuiper fut découvert en 1992[5]. Ce serait le principal réservoir descomètes périodiques dont la période de révolution est inférieure à200 ans. Lescentaures et lesobjets épars, tels qu'Éris, en seraient issus.Triton, le plus gros satellite deNeptune, pourrait être un objet de la ceinture de Kuiper qui aurait été capturé par la planète[6]. (134340) Pluton est le plus grand objet connu de la ceinture de Kuiper[7].
La ceinture de Kuiper ne doit pas être confondue avec lenuage d'Oort, zone encore théorique et supposée être mille fois plus éloignée. Les objets de la ceinture de Kuiper, ainsi que les objets épars et tout membre potentiel des nuages deHills et d'Oort, sont collectivement nommésobjets transneptuniens[8].
L'astronome américain d’origine néerlandaiseGerard Kuiper, en l'honneur de qui fut nommée la ceinture de Kuiper.
À la suite de la découverte dePluton en 1930, de nombreux astronomes émirent l'hypothèse que d'autres corps pourraient être situés dans la même zone duSystème solaire. Diverses théories furent émises concernant l'existence de la région appelée aujourd'hui ceinture de Kuiper durant les décennies suivantes. Ce n'est cependant qu'en 1992 que la première observation directe d'un de ses membres fut réalisée. Il est toutefois difficile d'attribuer la paternité de l'invention à un astronome, étant donné le nombre et la variété des théories proposées.
Le premier astronome à avoir suggéré l'existence d'une population transneptunienne estFrederick C. Leonard. En 1930, peu après la découverte de Pluton, il émit l'hypothèse que Pluton n'était que le premier d'une série de corps « ultra-neptuniens »[9].
En 1943, dans leJournal of the British Astronomical Association,Kenneth Edgeworth émit l'hypothèse selon laquelle, dans la région au-delà de Neptune, le matériau de lanébuleuse solaire était trop espacé pour se condenser en planètes, et avait donc plutôt formé une myriade de petits corps[10]. Il conclut que« la région externe du Système solaire, au-delà de l'orbite des planètes, est occupée par un très grand nombre de petits corps de taille comparable »[11] et que, de temps en temps, un des objets« s'écarte de sa propre sphère et apparaît comme un visiteur occasionnel dans leSystème solaire interne »[12], objet désigné de nos jours sous le nom de « comète ».
En 1951, dans un article publié dans le journalAstrophysics,Gerard Kuiper émit l'idée d'un disque s'étant formé au début de l'évolution du Système solaire et qui n'existerait plus. Les travaux de Kuiper se fondaient sur l'hypothèse que Pluton était de la taille de la Terre, hypothèse commune à l'époque ; dans ce cas, Pluton aurait alors éparpillé les petits corps vers lenuage d'Oort ou en dehors du Système solaire. Selon la formulation de Kuiper, il n'existerait plus aucune ceinture de Kuiper[13].
L'hypothèse prit diverses formes au fil des décennies suivantes : en 1962, le physicienAlastair Cameron postula l'existence d'une« énorme masse de petits matériaux aux frontières du Système solaire »[14], tandis qu'en 1964,Fred Whipple estima qu'une « ceinture cométaire » pourrait être assez massive pour être à l'origine des anomalies constatées de l'orbite d'Uranus à l'origine de la recherche de laplanète X, ou au moins pour modifier l'orbite descomètes connues[15]. Les observations démentirent cette hypothèse[16].
En 1977,Charles Kowal découvritChiron, unplanétoïde glacé en orbite entreSaturne et Uranus[17]. En 1992,Pholos fut découvert sur une orbite similaire[18]. Actuellement, une population entière de corps analogues aux comètes, lescentaures, est connue dans cette région entreJupiter et Neptune. Leurs orbites sont instables au-delà de la centaine de millions d'années, une durée de vie brève par rapport à l'âge du Système solaire. Les astronomes estiment que cette position devrait être fréquemment alimentée par un réservoir externe[19].
Les télescopes au sommet deMauna Kea ont permis de découvrir le premier objet de la ceinture de Kuiper.
L'étude des comètes apporta d'autres preuves de l'existence de la ceinture. Les comètes ont une durée de vie finie, l'approche du Soleil sublimant leur surface et les réduisant petit à petit : leur population doit être réalimentée fréquemment car dans le cas contraire, les comètes auraient disparu du Système solaire[20]. Si l'origine des comètes de longue période est lenuage d'Oort, l'existence de comètes à courte période (inférieure à200 ans) était moins bien expliquée, sauf à penser qu'elles étaient toutes des comètes à longue période déviées par les géantes gazeuses. Dans les années 1970, la vitesse de découverte de telles comètes devint incompatible avec l'hypothèse selon laquelle toutes les comètes étaient issues du nuage d'Oort[21] : un objet du nuage d'Oort doit être capturé par les planètes géantes pour devenir une comète à courte période. En 1980,Julio Fernandez affirma que pour chaque comète déviée dans le Système solaire interne depuis le nuage d'Oort, 600 devaient être éjectées dans l'espace interstellaire. Il spécula qu'une ceinture cométaire située entre 35 et 50 ua permettrait de rendre compte du nombre de comètes observées[22]. En 1988, Martin Duncan, Tom Quinn etScott Tremaine effectuèrent un ensemble de simulations informatiques pour déterminer si toutes les comètes observées pouvaient provenir du nuage d'Oort. Ils conclurent que celui-ci ne pouvait pas être à l'origine des comètes à courte période, notamment parce qu'elles sont situées près du plan de l'écliptique, tandis que les comètes du nuage d'Oort viennent de l'ensemble du ciel. Les simulations correspondaient aux observations lorsqu'une ceinture analogue à celle décrite par Fernandez était incluse dans le modèle[23]. Il semblerait que ce soit parce que les termes « Kuiper » et « ceinture cométaire » apparaissaient dans la première phrase de la publication de Fernandez que Tremaine nomma cette région la « ceinture de Kuiper »[24].
Simulation montrant les planètes externes et la ceinture de Kuiper : a) Avant la résonance 2:1 de Jupiter et Saturne, b) Dispersion des objets de la ceinture de Kuiper dans le Système solaire après la migration de Neptune, c) Après l'éjection d'objets de la ceinture de Kuiper par Jupiter.
La ceinture de Kuiper serait constituée deplanétésimaux, des fragments dudisque protoplanétaire qui entouraient initialement leSoleil et qui n'ont pas réussi à former des planètes, mais seulement de petits corps, le plus grand mesurant moins de 3 000 km de diamètre.
L'origine et la structure complexe de la ceinture de Kuiper demeurent mal comprises. Les modèles actuels échouent à expliquer précisément la distribution d'objets dans la ceinture de Kuiper et ce problème « continue de mettre en défaut les techniques analytiques ainsi que les ordinateurs et les logiciels de simulation les plus rapides »[29]. Le futur télescopePan-STARRS pourrait permettre d'approfondir la question[3].
Les simulations informatiques modernes montrent que la ceinture de Kuiper fut fortement influencée parJupiter etNeptune. Elles suggèrent également qu'Uranus et Neptune n'ont pas été formées à leurs orbites actuelles car la matière n'était pas en quantité suffisante sur ces orbites pour permettre l'apparition d'objets d'une telle masse. Ces planètes se seraient formées plus près de Jupiter et auraient ensuite migré au début de l'évolution du Système solaire. Des travaux de Fernandez et Ip de 1984 émettent l'hypothèse qu'un phénomène d'échange demoment angulaire entre les objets épars et les planètes pourrait être à l'origine de la migration de ces dernières[30]. À un stade de l'évolution du Système solaire, les orbites de Jupiter et de Saturne ont pu se retrouver enrésonance 2:1 de sorte que Jupiter effectuait exactement deux tours du Soleil quand Saturne en faisait un. Une telle résonance aurait fortement perturbé les orbites d'Uranus et Neptune, provoquant un échange de leur orbite et une migration externe de Neptune dans une proto-ceinture de Kuiper, perturbant fortement cette dernière[31]. Cette migration de Neptune aurait déplacé de nombreux objets transneptuniens vers des orbites plus lointaines et plus excentriques[32].
L'influence seule de Neptune semble cependant trop faible pour expliquer une perte de masse aussi importante. Les autres hypothèses proposées incluent le passage d'une étoile à proximité ou l'émiettage des petits objets, par collisions, en une poussière suffisamment fine pour être affectée par le rayonnement solaire[33].
La ceinture de Kuiper classique semble être composée de deux populations distinctes. La première, nommée population « dynamiquement froide », possède, à l'instar des planètes, des orbites presque circulaires avec uneexcentricité inférieure à 0,1 et uneinclinaison inférieure à 10°. La deuxième, « dynamiquement chaude », possède des orbites nettement plus inclinées sur l'écliptique, jusqu'à 30°. Ces deux populations furent nommées ainsi non pas à cause de leur température, mais par analogie avec les particules d'un gaz dont la vitesse relative s'accroît avec la température[41]. Les deux populations ont également des compositions différentes ; la population froide est nettement plus rouge que la chaude, suggérant une origine distincte. La population chaude se serait formée près de Jupiter et aurait été éjectée par les géantes gazeuses. La population froide se serait formée plus ou moins à son emplacement actuel, bien qu'elle ait pu être ensuite rejetée vers l'extérieur par Neptune lors de la migration de cette planète[3],[33].
Distribution des orbites descubewanos (en bleu),plutinos (en rouge) etobjets épars proches (en gris). Le diagramme indique l'inclinaison d'un objet en fonction de son demi-grand axe ; la taille de chaque cercle illustre la taille relative d'un objet par rapport aux autres.
De nombreux objets de la ceinture de Kuiper sont enrésonance orbitale avecNeptune ; le rapport de leurpériode orbitale avec celle de Neptune est une fraction entière. Plus de200 objets en résonance 2:3 sont connus (c'est-à-dire qu'ils effectuent exactement deux révolutions autour du Soleil quand Neptune en fait trois)[42], parmi lesquelsPluton etses lunes. Les membres de cette famille portent le nom deplutinos et ont un demi-grand axe d'environ 39,4 ua.
Parmi les plutinos les plus grands, on trouveOrcus etIxion qui pourraient être désignées planètes naines, lorsque leurs caractéristiques physiques auront été déterminées plus précisément[43],[44]. De nombreux plutinos, y compris Pluton, ont une orbite qui croise celle de Neptune. Ils ne sont cependant pas susceptibles d'entrer en collision avec la planète en raison de la résonance des orbites. Les plutinos possèdent uneexcentricité élevée, ce qui suggère qu'ils n'occupent pas leur orbite initiale mais ont été déplacés lors de la migration de Neptune[45].
La résonance 1:2 (dont les objets parcourent une demi-orbite pour chacune de Neptune) correspond à des demi-grands axes d'environ 47,7 ua, et est peu peuplée[46].
Les objets qui la peuplent sont parfois appeléstwotinos. D'autres résonances mineures existent à 3:4, 3:5, 4:7 et 2:5[47]. En outre, Neptune possède desastéroïdes troyens qui occupent sespoints de Lagrange L4 et L5, des régions gravitationnellement stables en avance et en retard sur son orbite. Cestroyens de Neptune sont parfois décrits comme étant en résonance 1:1 avec Neptune. Leur orbite est remarquablement stable et il est improbable qu'ils aient été capturés par Neptune. Ils se seraient formés en même temps que la planète[45].
L'hypothèse couramment acceptée est que la zone a été soumise à des résonances orbitales instables lors de la migration de Neptune et que les objets présents ont été déplacés ou éjectés de la ceinture[48].
Historiquement, les premiers modèles de la ceinture de Kuiper suggéraient que le nombre de grands objets augmenterait d'un facteur deux au-delà de 50 ua[49]. La chute brutale du nombre d'objets au-delà de cette distance, connue sous le nom de « falaise de Kuiper », fut complètement inattendue et reste inexpliquée en 2008. Selon Bernstein, Trillinget al., la diminution rapide du nombre d'objets de rayon supérieur à 100 km au-delà de 50 ua est réelle et ne correspond pas à un biais observationnel.
Une explication possible serait que les matériaux seraient trop épars ou en quantité insuffisante pour s'agréger en de grands objets. Il est également possible que de grands objets se soient formés, mais qu'ils aient été déplacés ou détruits pour des raisons inconnues[50]. SelonAlan Stern duSouthwest Research Institute, la cause pourrait en être l'interaction gravitationnelle d'ungrand objet planétaire inconnu, de la taille de Mars ou de la Terre[51].
Cette limite ne signifie pas qu'aucun objet n'existe plus loin, ni n'exclut l'existence d'une deuxième ceinture de Kuiper plus éloignée. En fait, en 2004, la découverte deSedna a confirmé l'existence d'objets entre la ceinture de Kuiper et le lointain et hypothétiquenuage d'Oort.
Dimensions relatives deshuit plus grands objets transneptuniens connus par rapport à la Terre.Illustration de la loi du nombre d'objets en fonction du diamètre.
Depuis la découverte du premier objet en 1992, plus de mille autres objets ont été découverts dans la ceinture de Kuiper et celle-ci contiendrait plus de 70 000 corps de plus de 100 km de diamètre[5].
En 2007,Pluton était le plus grand objet connu de la ceinture de Kuiper avec un diamètre de 2 300 km[52]. Depuis 2000, plusieurs objets de la ceinture de Kuiper de diamètre compris entre 500 et 1 200 km ont été découverts.Quaoar, un objet classique découvert en 2002, a un diamètre supérieur à 1 200 km.Makémaké etHauméa dont les découvertes furent annoncées simultanément le sont encore plus grands. D'autres objets, tels queIxion (découvert en 2001) etVaruna (découvert en 2000) ont un diamètre d'environ 500 km[3].
Bien que Pluton soit l'un des plus gros corps de la ceinture de Kuiper, plusieurs objets en dehors de la ceinture de Kuiper mais qui pourraient en être issus, sont plus grands que cette planète naine.Éris, unobjet épars, est environ 27 % plus massif, quoique légèrement plus petit, de même queTriton (17 %), un satellite de Neptune.
En 2015, seuls cinq objets du Système solaire,Cérès,Pluton,Hauméa,Makémaké etÉris, sont officiellement considérés comme des planètes naines, les quatre derniers cités étant desplutoïdes. Cependant, plusieurs autres objets de la ceinture de Kuiper ont une taille suffisante pour qu'ils soient sphériques et pourraient être classés parmi les planètes naines dans le futur[53].
Malgré sa grande étendue, la masse totale de la ceinture de Kuiper est assez faible, estimée à environ un dixième de celle de la Terre[3]. La plupart des objets sont faiblement lumineux, ce qui est en accord avec les modèles de formation paraccrétion, dans la mesure où seule une partie des objets possédant une certaine taille ont été capables de grossir davantage. De manière générale, le nombre d'objets d'une certaine tailleN est inversement proportionnelle à une certaine puissanceq du diamètreD : N ~ D-q. Cette relation de proportionnalité est confirmée par les observations et la valeur deq est estimée à4 ± 0,5[54]. Dans l'état actuel des connaissances (2008), seule lamagnitude des objets est connue ; leur taille est déduite en supposant leuralbédo constant.
Deux des trois plus grands objets de la ceinture de Kuiper possèdent des satellites :Pluton en possède cinq etHauméa deux. En outre,Éris, un objet épars, qui se serait formé dans la ceinture de Kuiper, en possède un. La proportion d'objets de la ceinture de Kuiper possédant un satellite est plus élevée pour les grands objets que pour les petits, ce qui suggère un mécanisme de formation différent[55]. Par ailleurs, 1 % (soit un pourcentage élevé) des objets seraient des systèmes binaires, c'est-à-dire deux objets de masse relativement proche en orbite l'un autour de l'autre[56]. Pluton etCharon sont l'exemple le plus connu.
La masse totale des objets de la ceinture de Kuiper a été estimée à partir d'un recensement des objets par télescope, en se fondant sur leur nombre et leur magnitude, en estimant l'albédo moyen à 0.04 et la densité moyenne à 1 g/cm3. Cela donne une masse à peu près équivalente à seulement 1 % de la masse terrestre[57].
Les études menées sur la ceinture de Kuiper depuis sa découverte ont permis de déterminer que ses membres sont principalement composés de glaces : ils sont constitués d'un mélange d'hydrocarbures légers (comme leméthane), d'ammoniac et deglace d'eau, une composition identique à celle descomètes[58]. La température de la ceinture est d'environ50K[59], soit−223 °C : les composés sont donc présents à l'état solide.
La distance et la faible taille des objets de la ceinture de Kuiper rendent extrêmement difficile la détermination de leur composition chimique parspectroscopie. Quelques succès ont néanmoins été obtenus[59]. En 1996, des données spectrographiques de(15789) 1993 SC furent obtenues et mirent en évidence que sa surface avait une composition similaire à celle dePluton ou de la lune de Neptune,Triton ; de grandes quantités de glace de méthane ont été identifiées[60]. De la glace d'eau a été détectée sur plusieurs objets, dont(19308) 1996 TO66[61],Huya etVaruna[62]. En 2004, l'existence de glace d'eau cristalline et d'hydrate d'ammoniac fut établie surQuaoar. Ces deux substances auraient été détruites si elles avaient existé depuis le début du Système solaire, ce qui suggère qu'elles sont apparues à la surface de Quaoar récemment, soit par une activité tectonique interne, soit à la suite d'impacts météoritiques[59].
La couleur des objets de la ceinture de Kuiper a été l'une des premières caractéristiques qu'il a été possible de déterminer[63]. Ces premières données ont indiqué une grande diversité de couleurs, allant du gris au rouge profond[64], suggérant que leurs surfaces sont composées d'un grand nombre de matériaux différents, allant des glaces sales aux hydrocarbures[64]. Cette diversité de couleurs a surpris les astronomes qui s'attendaient à observer des objets uniformément sombres, en raison de la perte de leurs composés volatils gelés, du fait des rayons cosmiques[65]. Diverses explications ont été avancées, dont une réalimentation des surfaces par impact ou un dégazage[63]. Selon une analyse des objets de la ceinture de Kuiper connus en 2001, réalisée par Jewitt et Luu, ces variations de couleurs sont trop extrêmes pour être simplement expliquées par des impacts aléatoires[66].
Projection des orbites des objets transneptuniens en vue polaire (en haut) et écliptique (en bas). Les objets épars sont tracés en noir, les cubewanos en bleu et les objets en résonance 2:5 avec Neptune en vert.
D'après leCentre des planètes mineures, qui catalogue officiellement tous les objets transneptuniens, unobjet de la ceinture de Kuiper (KBO) est, par définition, un objet dont l'orbite est située exclusivement dans la région nomméeceinture de Kuiper, quelles que soient son origine ou sa composition. Les objets en dehors de la ceinture sont classés sous le terme d’objets épars[67]. Cependant, dans certains cercles scientifiques, le termeobjet de la ceinture de Kuiper est utilisé pour désigner tout planétoïde glacé, originaire du Système solaire externe, qui aurait fait partie de la ceinture, même si son orbite s'est par la suite déplacée au-delà de la ceinture de Kuiper (vers la région du disque des objets épars). Ils décrivent fréquemment lesobjets épars sous le nom d’objets de la ceinture de Kuiper épars[68].Éris est ainsi souvent considéré commeobjet de la ceinture de Kuiper (KBO), bien que, techniquement, ce soit unobjet épars (SDO). Il n'existe pas en 2007 de consensus parmi les astronomes sur la définition limitative de la ceinture de Kuiper.
Lescentaures, qui ne sont pas normalement considérés comme partie de la ceinture de Kuiper, seraient également des objets épars de cette ceinture, mais qui auraient migré vers l'intérieur du Système solaire plutôt que vers l'extérieur. LeCentre des planètes mineures regroupe les centaures et les objets épars sous le terme d'objets de la ceinture de Kuiper épars[67].
Triton, la lune de Neptune, photographiée par la sondeVoyager 2.
Pendant sa période de migration,Neptune aurait capturé l'un des plus grands objets de la ceinture de Kuiper, l'actuelle luneTriton. Triton est la plus grande lune du Système solaire dont l'orbite soitrétrograde, ce qui suggère une origine distincte des grandes lunes de Jupiter et Saturne, dont on suppose qu'elles se sont formées par accrétion en même temps que la planète, autour de laquelle elles sont en orbite. Triton aurait donc été capturé, déjà formé, par Neptune. Le processus de capture reste inexpliqué, mais il laisse à penser que Triton se serait formé au sein d'une population nombreuse d'objets, dont la gravité permettrait de ralentir suffisamment son mouvement pour permettre sa capture[69].
Les analyses spectrales de Triton et Pluton montrent qu'ils sont formés des mêmes matériaux, comme leméthane et lemonoxyde de carbone. Ces différents arguments suggèrent que Triton était à l'origine un membre de la ceinture de Kuiper, capturé lors de la migration de Neptune[70].
Les comètes du Système solaire peuvent être grossièrement divisées en deux catégories, en fonction de leur période orbitale.
Les comètes à longue période proviendraient dunuage d'Oort. Parmi les comètes à courte période, on distingue celles de lafamille de Jupiter et celles de lafamille de Halley. Ce dernier groupe, nommé d'après son prototype, lacomète de Halley, serait originaire du nuage d'Oort, mais aurait été déplacé vers l'intérieur du Système solaire par l'attraction des géantes gazeuses[20]. L'autre groupe, la famille de Jupiter, serait issu de la ceinture de Kuiper : la grande majorité des comètes de cette famille proviendraient du disque des objets épars qui sont eux-mêmes d'anciens membres de la ceinture de Kuiper[71]. Les centaures seraient un stade dynamiquement intermédiaire entre les objets épars et la famille de Jupiter[72].
Malgré leur probable origine commune, les comètes de la famille de Jupiter et les objets de la ceinture de Kuiper présentent de nombreuses différences. Bien que les centaures partagent la coloration rougeâtre de nombreux objets de la ceinture de Kuiper, les noyaux des comètes sont plus bleus, indiquant une composition chimique ou physique différente[20]. L'hypothèse la plus communément acceptée est que la surface des comètes est recouverte par des matériaux issus de l'intérieur lorsqu'elles s'approchent du Soleil, ce qui enterre les matériaux rouges plus anciens[20].
La ceinture de Kuiper n'a pour l'instant jamais été explorée par une sonde spatiale. Cependant, la missionNew Horizons, lancée le et qui a survoléPluton le, doit ultérieurement survoler un autre objet de la ceinture de Kuiper dont le choix n'était pas encore arrêté lors du survol. Le second objet devait avoir un diamètre compris entre 40 et 90 km et, dans l'idéal, être blanc ou gris, contrairement à la coloration rouge de Pluton[74]. Selon John Spencer, un astronome de l'équipeNew Horizons, le second objet n'a pas été sélectionné tout de suite car l'équipe scientifique attend les données issues dePan-STARRS afin d'avoir le choix le plus large possible[75]. Ce projet est destiné à détecter en grand nombre les petits corps du Système solaire, parmi lesquels les objets de la ceinture de Kuiper[76], et devait être pleinement opérationnel à partir de 2009[77], soit trois ans après le lancement de la sonde. Le, la NASA annonce que la sonde visitera(486958) 2014 MU69 (aujourd'hui nomméArrokoth), le survol étant prévu pour janvier 2019. En et, la sonde prend quelques clichés à grande distance duquasi-satellite de Pluton(15810) Arawn.
Cette section doit êtreactualisée. Des passages de cette section sont obsolètes ou annoncent des événements désormais passés.Améliorez-la oudiscutez-en.
Entre 2019 et 2021,New Horizons visite plus de vingt autres corps de la ceinture de Kuiper, en étudie les propriétés de surface et la forme, et recherche la présence de satellites. Elle étudie aussi l'environnement spatial de la ceinture de Kuiper : hélium, vent solaire et particules chargées[82].
Le roman courtSur la route d'Aldébaran, écrit parAdrian Tchaikovsky, se déroule dans la ceinture de Kuiper, au large dePluton. Un artéfact d'origine extraterrestre est détecté dans cette zone du Système solaire et un vaisseau spatial d'exploration emportant vingt-neuf astronautes y est envoyé conjointement par laNASA, l'Agence spatiale européenne etRoscosmos.
↑J. L. Elliot, S. D. Kern, K. B. Clancy, A. A. S. Gulbis, R. L. Millis, M. W. Buie, L. H. Wasserman, E. I. Chiang, A. B. Jordan, D. E. Trilling et K. J. Meech, « The Deep Ecliptic Survey: A Search for Kuiper Belt Objects and Centaurs. II. Dynamical Classification, the Kuiper Belt Plane, and the Core Population »,The Astronomical Journal,vol. 129,no 2,,p. 1117-1162(DOI10.1086/427395).
Les objets dont le nom est en italique sont ceux qui auraient eu des anneaux dans le passé (−) ou devraient en avoir dans le futur (+), mais n'en ont pas aujourd'hui. Les objets dont le nom est barré sont ceux autour desquels l'existence d'anneaux a été suspectée ou envisagée, mais est aujourd'hui exclue.
La version du 24 mai 2008 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.