Unecavatine (de l'italiencavare« extraire »[1]) est une courte pièce vocale poursoliste utilisée dans lesopéras ou lesoratorios duXVIIIe siècle et duXIXe siècle, et qui ne comporte qu'une ou deux sections sans reprises. À l'origine, elle n'était qu'un prolongement plusmélodique durécitatif accompagné, avant l'air proprement dit. Par la suite, elle devint une sorte d'intermédiaire entre l'air et l'arioso (auquel on l'a parfois assimilée), utilisé comme air de présentation.
Parmi les cavatines les plus connues :Casta Diva dans l'opéraNorma deVincenzo Bellini (1831),Salut, demeure chaste et pure dansFaust deGounod etUna voce poco fa dansLe Barbier de Séville deRossini.
Une autre cavatine célèbre est tirée desNoces de Figaro deMozart : celle chantée par Barberine au quatrième acte« L'ho perduta, me meschina ». Elle est reprise entre autres dans les filmsKaos (1984) desfrères Taviani etLes Témoins d'André Téchiné (2007).
Dans le domaine de lamusique de chambre,Camille Saint-Saëns a composé uneCavatine en ré bémol majeur op.144 pour trombone et piano (1915), et la cavatine duquatuor à cordes no 13 de Beethoven est un des sommets d'expressivité du genre[2].
Dans ses premiers textes des années 1870, Arthur Rimbaud utilise le terme « cavatine » dans l'un de ses poèmes :
ROMAN
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière....
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffonD'azur sombre, encadré d'une petite branche,Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fondAvec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.La sève est du champagne et vous monte à la tête...On divague ; on se sent aux lèvres un baiserQui palpite là, comme une petite bête....
III
Le cœur fou robinsonne à travers les romans,Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,Passe une demoiselle aux petits airs charmants,Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,Tout en faisant trotter ses petites bottines,Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif....- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...!
- Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants,Vous demandez des bocks ou de la limonade..- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ansEt qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Le terme « cavatine » au vers 24, outre son sens premier explicité ci-dessus, désigne sans doute des romances à la française dont Baudelaire déjà soulignait l'importune mièvrerie.
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent dugénérique de fin de l'œuvre audiovisuelle présentée ici.