Lecatharisme (dugrecκαθαρός /katharós, « pur ») est l'appellation contemporaine d'un ensemble de mouvementschrétiens en rupture avec l'Église catholique, qui s'est particulièrement répandu dans leMidi de la France entre l'an 1000 et 1244.
Le nom de « cathares » a été donné par les adversaires de ce mouvement, alors qu'il est absent des milliers de protocoles de l'Inquisition languedocienne, où il n'est mentionné par aucun inquisiteur, accusé ou témoin[2], pas plus qu'il n'est présent dans les documents médiévaux[3] — sauf chezEckbert de Schönau, un moine rhénan, dans sesSermones contra Catharos et Valdenses (1163-1167)[4].
C’est seulement depuis les années 1950 que le terme de « cathare » est plus largement préféré à d'autres — auparavant, les chercheurs parlaient plus volontiers d’« albigeois » et d’« albigéisme » – dans une évolution « dont les causes relèvent de l’histoire contemporaine et non de motifs scientifiques »[2]. Exclusivement utilisé par des sources savantes, qui se réfèrent généralement davantage aux hérésies de Rhénanie ou d’Italie qu'à celle du Languedoc, l’histoire du terme « cathare » est ainsi « exclusivement une histoire savante et textuelle, qui ne se confond pas (même si elle la rencontre à partir duXIIe siècle) avec celle des comportements et des idées des populations accusées d’hérésie »[2].
On retrouve ensuite le terme « cathare » à la fin duXIe siècle, utilisé sous la plume du canonisteYves de Chartres[2] dans sonPrologue[7], où il reprend un passage d’une lettre datée duVe siècle adressée par le papeInnocentIer aux évêques deMacédoine à propos de « ceux qui se nomment eux-mêmes cathares, c'est-à-dire purs »[8]. En1163, le moinebénédictinrhénanEckebert de Schönau reprend mot pour mot cette formule dans sesTreize sermons contre les Cathares[9] pour désigner ses adversaires dont il dénonce la doctrine et qu'il contribue à faire juger et condamner dans la région deCologne. Ensuite, en 1164, il compose sonLiber contra hereses katarorum (« Livre contre les hérésies cathares ») largement nourri de citations empruntées auDe hæresibus d'Augustin. Eckbert précise que les adeptes de ces doctrines sont identifiés sous différentes dénominations : « Ces gens-là, notre Germanie les appelle “Cathares ” [en langue vulgaire], la Flandre “Piphles”, la Gaule “Texera” d'après leur usage du tissage »[10].
Eckbert attribue à ces nouveaux « cathares » des croyancesmanichéennes qui caractérisaient en fait d'autres sectes décrites par Augustin. Invité par l’archevêque de CologneRainald von Dassel à venir débattre publiquement de cette secte dont plusieurs membres venaient d’être brûlés, Eckbert avait conceptualisé le catharisme dès1155 à partir de différentes traditions manichéennes (cathari,catharistæ etcatafrigæ)[11], même s'il peinait à préciser exactement leur doctrine[10].
Le terme apparaît ensuite en 1179, dans le canon 27 duconcile de Latran III, tenu sous l'autorité du papeAlexandre III, parmi d'autres noms désignant les hérétiques : « patarins », « publicains », « albigeois et autres… »[12]. Vers 1200, on retrouve le mot dans un ouvrageDe hæresi catharorum in Lombardia (« De l'hérésie des Cathares en Lombardie ») et, à la même époque,Alain de Lille, qui n'ignore pas l'étymologie grecque[13], propose plusieurs autres étymologies alternatives dansDe fide catholica (« De la foi catholique »). La première rattache le mot àcasti, « chaste », « juste » ; la deuxième au greckathar, qui signifierait que des cathares suintent le vice[a] ; enfin au motcatus « car, à ce qu'on dit, ils baisent le derrière d'un chat, sous la forme duquel, dit-on, leur apparaît Lucifer »[b].
On a longtemps hésité sur les liens entre le catharisme et lebogomilisme[24]. Ces deux doctrines furent considérées alors comme proches dumanichéisme, car le clergé romain disposait d'ouvrages de réfutation, notamment ceux d'Augustin, ancien manichéen lui-même. Le bogomilisme né en Bulgarie, subsista enBosnie, où il aurait été lareligion officielle jusqu'à la conquêteturque, à la fin duXVe siècle.
Il faut aujourd'hui revoir de fond en comble la thèse de filiation indirecte (déjà largement critiquée et récusée parMichel Roquebert)[25]. Les historiens réévaluent la possibilité d'échanges et de convergences des doctrines entre « cathares » et « bogomiles », ainsi que leurs origines doctrinales, qui remontent aux premiers siècles du christianisme (écrits canoniques de saintPaul, doctrine deMarcion, doctrine deValentin). Les recherches menées sur les sources grecques et orientales (Pierre de Sicile) montrent que la doctrine bogomile aurait été transmise par lespauliciens expatriés volontaires ou chassés de l'Arménie (Turquie actuelle) vers laThrace bulgare auVIIe et auIXe siècle. La doctrine paulicienne avait été fondée auVIIe siècle en Arménie par Constantin-Silas, aussi connu sous le nom deConstantin de Mananalis[26], à la suite de la transmission d'évangiles et de lettres pauliniennes par un diacre possiblementmarcionite vu la région et l'époque considérées. Le lien est encore plus patent lorsque l'on examine le fondement doctrinal faisant référence au dieu étranger et inconnu notamment[c].
Des communautés hérétiques sont apparues enEurope occidentale vers l'an Mil, sous différents noms selon les régions :manichéens,néo-manichéens (terme deBernard Gui),origénistes,piphles,publicains,tisserands (nord de la France),bougres,patarins (terme utilisé surtout en Italie),albigeois, enAllemagne, enAutriche[d], enFlandre, enChampagne, enBourgogne. Le fait que les relevés doctrinaux soient conformes à la base de la doctrine cathare (au sens large du terme) permet de relier ces différentes émergences, même si la répression les a fait disparaître de ces régions.
La présence de l'évêque de France àSaint-Félix-Caraman, cité dans laCharte de Niquinta (dont l'authenticité est largement contestée par une partie de la recherche contemporaine ainsi que l'est sa teneur), a servi d'argument pour les défenseurs d'hypothétiques liens entre ces communautés du Nord et celles d'Occitanie.
Lacroix occitane, fut un « symbole de ralliement cathare »[27], puisqu'elle fut la croix des armoiries des comtes deSaint-Gilles, devenues celle descomtes de Toulouse, puis duLanguedoc, avant la croisade catholique et l'Inquisition visant à éradiquer le catharisme[27].
Les réactions des autorités civiles ou ecclésiastiques et des populations expliquent cette géographie du catharisme et sa persistance dans leMidi. SelonMichel Roquebert, cette tolérance religieuse est peut-être due à une longue cohabitation avec d'autres confessions :arianisme de la périodewisigothe, proximité de l’Espagne islamique, présence de nombreux Juifs. Pour ce qui est de l'Italie du Nord, l'implantation du catharisme, très différent de celui qui se développa en France, profite du conflit entre le pape et l'empereur. C'est dans ces régions que lesbons hommes se sont organisés en communautés d'hommes ou de femmes dirigées par des anciens, desdiacres et desévêques. Ces communautés étaient constituées de plusieurs « maisons ». On y aurait souvent pratiqué des métiers liés à l’artisanat local, et fréquemment le tissage, en référence aux premières communautés chrétiennes. Plusieurs communautés constituaient une Église, oudiocèse cathare, à la tête duquel se trouvaient des évêques.
Lesfemmes cathares tiennent un rôle prépondérant dans le mouvement cathare. Nombreuses, on les retrouve tant du côté des croyantes que des Parfaites. Les communautés religieuses féminines sont nombreuses dans les églises cathares occitanes, et sont ouvertes sur la société, combinant les fonctions d'un clergé régulier en même temps que séculier[29].
Des recherches dans les années 2000 ont démontré que cette hérésie a été largement instrumentalisée notamment parRaymond V, comte de Toulouse. C'est ce que l'on peut voir dans sa lettre écrite en1177 au chapitre général deCîteaux. En effet, c'est avant tout pour se protéger desPlantagenêt — qui dominaient Maine, Anjou, Normandie, Aquitaine et Angleterre — qu'il fait condamner en1165 des bons hommes àLombers[30].
L'importance de l'hérésie cathare a souvent été exagérée par les premiers écrivains et historiens du catharisme, puis par les mouvements régionalistes les évoquant. Les études actuelles rappellent que le phénomène cathare est très minoritaire, mais concerne quand même entre 2 et 5 % de la population du midi languedocien[31].
La majorité des cathares qui fuyaient étaient des commerçants et des artisans ; contrairement aux nobles qui dans l'ensemble n'émigraient pas, « à moins que leur tête n'eût été mise à prix [comme les défenseurs de Montségur]. Ils préféraient prendre le maquis chez eux, se nourrissant de l'espoir qu'ils finiraient par recouvrer leur château »[33].
L'élaboration institutionnelle du catharisme ressemblait à celle dumanichéisme perse (le prophèteMani se déclarait successeur deZarathoustra,Bouddha etJésus-Christ) : il y avait deux sortes de membres, les « auditeurs » (dans le manichéisme) ou « croyants » (dans le catharisme), au premier niveau, et au niveau d'initiation élevée, il y avait les « appelés » (dans le manichéisme) ou les « parfaits/bonshommes » (dans le catharisme). Ces derniers étaient chargés pleinement du Salut. Dans le manichéisme comme dans le catharisme, ils s'interdisaient toute parole haineuse, la consommation de chair animale et de sang, et d'engendrer des enfants[34].
Le catharisme ne s'appuie pas sur unethéologie puisqu'il considère queDieu, inconnaissable et non accessible, est absent de ce monde. Cette doctrine est le fruit d'un travail de recherchescripturaire, prenant en compte leNouveau Testament, notamment l'Évangile selon Jean[e] et l'Évangile selon Luc. Le Nouveau Testament est traduit auXIIIe siècle enoccitan[35]. Il a longtemps été admis que ces initiatives ont été mal perçues par la papauté qui, sous le pontificat d'Innocent III, aurait interdit les traductions de laBible en langue vulgaire[36].Guy Lobrichon écrit :« En temps normal, les autorités ecclésiastiques ne songent pas à limiter la diffusion de telles traductions, et les interdisent encore moins. Innocent III, dans une lettre fameuse à l’Église de Metz, ne s’en prend nullement aux traductions de la Bible, mais aux interprétations qui peuvent émaner des conventicules néfastes des hérétiques. Lorsque leConcile de Toulouse (1229) décrète l’interdiction formelle pour les laïcs de posséder des traductions enlangues romanes, il émet une ordonnance de police, dans la foulée d’une répression active qui paraît limitée aux domaines du comte de Toulouse »[37]. Il ajoute :« Léonard E. Boyle a fait justice d’une opinion qui court encore les manuels d’histoire »[38].
Dans le catharisme, Jésus-Christ est comparé, par sakénose, à unoiseau, « unpélican qui est lumineux comme lesoleil et qui accompagne le soleil […] afin que le mal ne pût à l'avenir mutiler ses petits [les créatures de Dieu] et leur enlever le bec. »[39].
L'esprit est transmis, soit par les générations depuis le premier homme, soit par transmigration dans un nouveau-né après la mort (réincarnation)[40].
C’est uniquement par leSaint-Esprit que l'esprit peut être libéré du monde physique, et c’est par lebaptême, par imposition des mains[41], reçu par lesapôtres et transmis par eux, que l’esprit pourra accéder auSalut.
Les cathares, se considérant alors comme les seuls vrais disciples desapôtres, souhaitaient adopter le modèle de vie, les rites et les sacrements, despremières communautés chrétiennes. Ils s'appuyaient principalement sur les enseignements duNouveau Testament, et leur unique prière était leNotre Père. Les cathares rejetaient aussi la guerre, l'Enfer, l'Incarnation et l'Ancien Testament (à l'exception des Livres des Prophètes)[42]. Ils considéraient que toutes les pratiques etsacrements instaurés progressivement par l'Église dès les premiers siècles n’avaient aucune valeur :
le sacrement dubaptême, que lesprêtres confèrent notamment aux nouveau-nés[f] : une des justifications données à ce rejet du baptême sur les enfants était que le baptême par l'eau faisaitpleurer les nouveau-nés (était donc donné contre leur gré), comme la circoncision juive, et n'avait ce faisant aucune valeur morale aux yeux des cathares[27] ;
le sacrement de l'Eucharistie : ils refusent de croire en latranssubstantiation, c'est-à-dire la transformation dupain et duvin en corps etsang du Christ lors de leur consécration par le prêtre lors de la messe. En revanche, en mémoire de la dernièreCène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissaient le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles. C’était le rituel du « pain de l’Oraison » ;
le sacrement dumariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l'union charnelle de l'homme et de la femme, union à l'origine dupéché originel d'Adam etÈve selon leur interprétation de laGenèse : « [Les cathares] se montraient simplement moins rigoristes en ce qui concerne le péché de chair [que les catholiques]. […] On sait que pour les Parfaits tout acte de chair retardait indéfiniment le salut ; mais ils n'imposaient pas la continence à ceux qui ne se sentaient ni le désir ni le pouvoir de la garder. Aussi ne faisaient-ils aucune différence entre le mariage légal et le concubinat : ils permettaient l'un et l'autre aux simples Croyants. […] Le mariage, tel que les cathares et la plupart des hérétiques méridionaux l'ont conçu, n'était point sacramentel et ne devait reposer que sur l'amour, le consentement et la fidélité réciproque. Pour Pierre Clergue, deMontaillou, le mariage est parfaitement accompli lorsque chacun des conjoints a promis sa foi à l'autre. » Les Parfaits pouvaient dissoudre le mariage quand le divorce était jugé nécessaire[43] ;
De même que, dans certains courants de l'Église chrétienne primitive, l'idéal cathare était fondé sur une vieascétique, alors que le sacrement du mariage aurait été créé plus tardivement. Ils n'attachaient pas d'importance auxéglises bâties qui n'étaient pas pour eux les seuls lieux du culte, car la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles. Enfin, leur seul sacrement est le baptême parimposition des mains. Toutefois, ce baptême ne peut être administré à un jeune enfant de moins de 13 ou 14 ans, car il est jugé inapte à discerner l'importance de cet acte[g]. Le baptême cathare, nomméconsolamentum, devait être administré à une personne en connaissance de cause et sur la base de sa conviction.
Le sacrement duconsolament (« consolation » enoccitan, dulatinconsolamentum) ou « baptême d'esprit et de feu » par imposition des mains et de l'évangile de Jean sur la tête du postulant, est le seul à apporter le salut en assurant le retour au ciel de la seule partie divine de l'homme : l'esprit. Il est le point de départ d'un choix de vie en accord avec la doctrine cathare (justice et vérité), permettant à la nature divine de l'impétrant de se détacher partiellement de la nature mondaine ou charnelle, et d'accéder au salut. Leconsolament officialise donc le choix du novice ou du mourant à mener une vie chrétienne. Il n'est que la reconnaissance d'un état et non un apport d'une qualité extérieure[h]. Ce sacrement jouait un rôle essentiel dans les communautés cathares car il était à la fois sacrement d'ordination et de viatique (extrême-onction), alors appelé « consolament des mourants ».
Leconsolament était conféré par un membre de la hiérarchie et engageait celui qui le recevait dans unevie religieuse qui, comme toute ordination, suppose de prononcer des vœux et de respecter une règle. Ici il s'agissait de pratiquer l'ascèse, de s'engager à ne pas manger de nourritures provenant des animaux (viandes, œufs, lait, graisses animales…), de pratiquer la moraleévangélique, comprise comme l'interdiction de jurer, de mentir, et de tuer. Il faisait d'un croyant cathare unbon homme ou unebonne dame, membre duclergé, prédicateur, et capable d'apporter lui-même leconsolament aux mourants.
Leconsolament était donc aussi administré aux mourants qui en faisaient la demande, c'est-à-dire aux simples croyants qui n'avaient pas franchi le pas de l'ordination durant leur vie, mais souhaitaient rencontrer leSaint-Esprit, leur donnant une chance d'accéder au salut avant de mourir. Les prières des « parfaits »,bons hommes oubonnes dames, après la mort du consolé, pouvaient durer encore quatre jours.
Le catharisme était opposé à lapropriété privée[44], en particulier pour l'usage des terres. La terre ne doit « appartenir » en principe qu'à celui qui la travaille, et non à un quelconque propriétaire n'en ayant point l'utilisation directe ; le catharisme refusait clairement laféodalité de l'époque, etc., d'où son succès parmi les travailleurs non possédants[27]. L'idée que les cathares étaient des adversaires de la propriété privée est parfois débattue[45].[Passage problématique]
Étant ordonnés, les parfaits entraient dans un ordre religieux, mais sans sortir dusiècle. Ils étaient en effet astreints au travail manuel pour vivre, ce qui leur donnait un avantage considérable pour leurprédication, en les maintenant au contact de la population qu'ils instruisaient directement, via des traductions desÉcritures saintes enlangue vernaculaire, contrairement auclergé catholique qui refusait à l'époque l'accès direct du peuple aux textes sacrés. Cela leur rapportait également l'argent du produit de leur travail. Cet argent leur permettait, par exemple, de se déplacer et, avec les dons et les legs, de créer les conditions de l'existence d'unehiérarchie. En revanche lapauvreté personnelle était prescrite.
Les cathares vivaient dans des « maisons de parfaits », intégrées aux villes et aux villages, qui leur permettaient de rencontrer la population et de prêcher, et leur servaient d'atelier. Des jeunes y étaient envoyés par leurs parents simples fidèles ou déjà ordonnés, pour leur formation en vue de leur propre ordination. Tout « parfait » rejoignait une maison de « parfaits », et y travaillait de ses mains, y compris les nombreuses épouses nobles et leur progéniture qui faisaient partie des rangs des cathares. Le sacrement de mariage n'étant pas reconnu, elles se séparaient de leur mari, généralement lui-même simple croyant.
Leconsolament des mourants pouvait être conféré dans les maisons des « parfaits », dans laquelle le consolé était transporté et mourait. Lorsque vint le temps des persécutions, les « parfaits » durent se cacher chez des fidèles, mais ils y payèrent toujours leur nourriture par le travail manuel.
Pour le cathare, Dieu étant absent de ce monde, le Bien se confond avec le spirituel et le monde matériel est vu comme mauvais. Non seulement le cathare ne doit pas participer à ce monde matériel en ayant des enfants, ce qui reviendrait pour lui à emprisonner une âme dans un corps créé par le principe Mauvais, mais le corps, le plaisir sexuel sont aussi mauvais : la sexualité est une impureté[46].
Néanmoins, dans la pratique, la chasteté n'impliquait que les « parfaits » voués totalement à la religiosité cathare ; les simples croyants du catharisme étaient libres d'avoir des relations sexuelles mutuellement consenties (et même hors mariage, puisque le mariage catholique était vu sans aucune valeur), par goût de plaisir érotique réciproque ou ne serait-ce que pour permettre à des âmes de se réincarner dans une famille cathare, une cathare ayant par exemple déclaré à un inquisiteur :« Bien que toute union charnelle de l'homme et de la femme déplaise à Dieu, je ne crois pas pourtant qu'ils commettent un péché, si cela est agréable à l'un et à l'autre »[47].
Avec l'intention de se rapprocher despremiers chrétiens, les « parfaits » cathares envisageaient un salut passant par un grand zèle religieux, parfois jusqu'à l'ascétisme.Afin de ne pas procréer[réf. nécessaire][i], ils étaient astreints à l'abstinence sexuelle[j], et devaient constamment aller par deux personnes du mêmesexe. Chacun avait sonsòci, ou compagnon, ou sasòcia pour les femmes. Cette prédicationau coin du feu de deux personnes de même sexe conduira à l'accusation debougrerie (c'est-à-dire d’homosexualité) fréquemment enregistrée dans les registres de l'Inquisition. Cette façon de vivre toujours au moins à deux tenait à la conviction que l'esprit seul ne peut éviter de se fourvoyer alors qu'avec au moins un compagnon ou une compagne, les tentations de la chair sont plus faciles à combattre.
Les « parfaits » ne devaient ni mentir, ni jurer[k], s'abstenir de tout vice, de toute méchanceté, en un mot être simplement debons chrétiens selon les Évangiles. Cela devait inévitablement conduire à l'édification de toute la population chrétienne. Néanmoins, le catharisme toucha essentiellement une population bourgeoise ou noble, sauf dans la dernière période. Outre l'interdit du meurtre, les « parfaits » ne devaient pas tuer les animaux. Ils devaient s'abstenir de toute consommation de produits animaux car issus de la reproduction animale. En cela ils s'interdisaient toutes viandes. Lejeûne était de pratique courante, mais le jeûne le plus strict prévoyait du pain et de l'eau. Troiscarêmes annuels étaient pratiqués. L'« endura » est un jeûne à mort, suivant leconsolament et qui a pu conduire certains « parfaits » à la mort pendant l'inquisition en raison de situation particulière.
Dernière obligation faite surtout aux hommes : la prédication. Les « parfaits » devaient prêcher le salut par l'ordination duconsolament et la morale évangélique. Cette prédication se faisait dans les maisons ateliers, mais également parfois chez des fidèles ou sur la place publique.
— René Nelli,La Vie quotidienne des Cathares du Languedoc auXIIIe siècle, 1969.
Pour les cathares, l'abstinence de nourriture animale n'est pas une privation[48].Guilhem Bélibaste, dernier « parfait » cathare connu, a dit à propos des pratiques de privations catholiques : « lejeûne que vous faites vaut autant que le jeûne duloup »[27]. Il s'agit plutôt d’un prolongement de l’interdit du meurtre à toute vie animale. Le catharisme, là encore, se distingue par son interprétation des Prophètes d'Israël (les seuls écrits de l'Ancien Testament acceptés par le catharisme), ces Prophètes d'Israël étant considérés comme rejetant les pratiques sanglantes pour obtenir de la viande, même sous couvert d'un culte religieux (avecOsée, VI, 6 ;Michée, VI, 6-7-8 ;Isaïe). En effet, tous les animaux, dans la perspective cathare, sont susceptibles d'avoir reçu une âme céleste[27] ; la théorie de ce principe est expliqué ainsi par un parfait cathare :
« Les esprits déchus habitent et entrent dans les corps qui se présentent indifféremment, comme ils le peuvent, entrant aussi bien dans le corps des bêtes que dans un corps humain. […] Les esprits des animaux fuient ce qui leur est nuisible et recherchent ce qui leur est profitable. C'est pourquoi c'est un égal péché de tuer un animal ou un homme puisque l'un comme l'autre est doué de raison et de connaissance. »
— cité parJean Duvernoy,La religion des cathares, Bibliothèque historique Privat, p. 64[49].
Levégétarisme cathare était un refus de commettre la violence à l'égard d'une créature « ayant du sang », principe pour eux des « vrais chrétiens » :
« Si un criminel dangereux les attaquait, ils pouvaient se défendre ; tuer lavipère ou le loup. Encore qu'à l'époque du catharisme triomphant, un « parfait » ne l'eût sans doute point fait, car il était aussi grave de tuer une bête « ayant du sang » que de tuer un homme. »
— René Nelli,la vie quotidienne des Cathares du Languedoc auXIIIe siècle[27].
On retrouve, à l'autre extrémité de la période cathare, des indications explicites de l'idée d'âme reçue également par toute vie animale : deux femmes deMontaillou (Ariège), vers 1300, discutent religion : « ma commère, ce serait un grand péché de tuer cettepoule ! – Est-ce un si grand péché de tuer une poule qu'on le dit ? – Oui, car dans notre religion, les âmes humaines, quand elles sont sorties des corps des hommes et des femmes, se mettent ou s'introduisent dans des poules[27] ».
Le refus de tuer lavolaille est untopique de la littérature médiévale[27] : un inquisiteur dénonce à l'empereur les cathares amenés àGoslar par leducGérard Ier de Lorraine vers1053, un autre inquisiteur fait brûler un Toulousain qui lui avait répondu qu'il ne voyait pas quelle faute avait commise cecoq, pour qu'il dût le tuer (vers le milieu duXIIIe siècle)[27] ; le même fait brûler deux dames deFoix dont les déguisements demaures lors de leur fuite n'avaient pas abusé leur aubergiste toulousaine, qui renseignait l'inquisition : prétextant qu'elle s'en allait faire le marché, l'aubergiste leur demanda de tuer et de plumer lespoules pendant son absence afin de l'avancer dans son travail ; comme lorsqu'elle fut revenue les poules étaient toujours vivantes, l'aubergiste ne dit pas un mot, appâtée par la prime promise aux délateurs ; elle ressortit et revint avec deux sergents de l'Inquisition qu'elle avait déjà alertés[27]. Cette épreuve remplaçait avantageusement lesordalies en usage si longtemps contre les hérétiques dans le nord de la France[27].
Lespoulets ne sont pas seuls en cause[27]. Les cathares fréquentaient les paysans et essayaient de modifier leur mentalité[27]. Ils leur recommandaient, par exemple, de traiter les animaux avec douceur[27].
Si les parfaits tombaient par hasard sur un animal pris au piège, ils avaient le devoir de le délivrer, mais, de ce fait, ils causaient un dommage auchasseur. Alors, bien que leur rituel ne leur en fît pas obligation, ils faisaient partir lelièvre et laissaient à sa place une pièce de monnaie[27].
Les Inquisiteurs exigeaient dessympathisants hérétiques — seulement en tant que premiers repentants (en cas de récidive, il y avait condamnation aubûcher) — qu'unecroix latinejaune fût cousue sur leurs vêtements, l'une sur le dos l'autre sur la poitrine, signe d'infamie[50]. Ils restaient sous la surveillance active des recteurs qui chaque dimanche les frappaient avec des verges[27].
En1119, le papeCalixte II réunit unconcile à Toulouse. Celui-ci dénonce notamment les déviants qui condamnent les sacrements duBaptême, de l'Eucharistie, duMariage et leSacerdoce et enjoint au comte de Toulouse de sévir contre eux.
L’Église juge le catharisme dangereux car il décourage la procréation, puisqu’il considère le corps comme une chose mauvaise et les rapports sexuels comme impurs. Quant aux femmes enceintes, Rome n'admet pas que les hérétiques considèrent que leur âme ne peut être sauvée si elles meurent pendant la grossesse. La pratique du jeûne intégral, appelé « endura », est également condamnée comme une forme de suicide[51]. Mais l’Endura (dont l'équivalent dans l'hindouisme et lejaïnisme est lePrayopavesa ouSallekhana) n'était« valable que pour ceux qui allaient mourir » (afin d'abréger les souffrances de l'agonie dans un détachement ascétique) ; de plus, les« Croyants ayant reçu le Consolamentum choisissait librement de se laisser mourir. […] Des malades, écrit Rainier Saconi, qui ne pouvaient plus dire le Pater, aimaient mieux mourir d'inanition que de pécher, et ils demandaient à ceux qui les servaient de ne plus les alimenter. […] L’Endura a toujours été, cependant, exceptionnelle »[52].
En1139 a lieu ledeuxième concile du Latran. La présence des hérétiques dans le Midi de la France inquiète l'Église Catholique qui envoieBernard de Clairvaux, fondateur de l'Ordre desCisterciens, et le cardinal-évêque d'Ostie en inspection dans la région deToulouse et d'Albi. Motif supplémentaire de crainte, les hérétiques ont recruté à Toulouse de « riches personnages » et des chevaliers de la région se sont également laissés entraîner. Pire encore, la doctrine séduit« des clercs, des prêtres, des moines et des religieuses »[53].
En1163, leconcile de Tours fustige « l'hérésie condamnable qui a surgi il y a longtemps dans le pays de Toulouse ».
L'Église s'inquiétait beaucoup de l'hostilité cathare envers la maternité et la famille. Les croyantes enceintes étaient mises en garde de porter des démons dans leur ventre. Une « perfecta » conseillait une croyante de prier Dieu pour être libérée du démon dans son ventre ; une autre avertissait une femme enceinte que si elle était morte pendant la grossesse, elle ne pouvait pas être sauvée[54]. Mais ces apostrophes de Parfaites refusant la maternité furent assez exceptionnelles[55], car« les Parfaits enseignaient que, tant que l'appétit des plaisirs charnels n'était pas éteint, les réincarnations étaient nécessaires pour purifier les âmes […]. De toute façon, on ne voit pas que leLanguedoc se soit dépeuplé auxXIIe et XIIIe siècles, sinon, dans une certaine mesure, par l'effet des guerres et de la persécution »[55].
Ainsi que beaucoup d'autres mouvements dissidents ou contestataires tels que l'arianisme ou levaldéisme, les cathares deviennent l'objet d'une lutte permanente. L'Église romaine tente de protéger la chrétienté occidentale des hérésies mettant en péril la sociétéféodale qu'elle tente de discipliner depuis le début duXe siècle.
Un critère qui sera souvent utilisé est leur refus du mariage, qui permettra de les nommer orgiaques et impies.
Les tentatives d'éradication de l'hérésie par la prédication
Dispute entresaint Dominique et des albigeois, où les livres des deux parties furent jetés au feu pour uneordalie. L’histoire raconte que ceux de saint Dominique furent miraculeusement préservés des flammes. Peinture parPedro Berruguete.
Face à cet échec de faire disparaître cette hérésie ainsi que celle desvaudois, le papeInnocent III lance en1208 contre les « albigeois[N 1] », ou cathares, la première croisade qui se déroulera sur le territoire de lachrétienté occidentale. L'objectif ecclésiastique de la croisade contre les albigeois est de mater une hérésie, mais pour les chevaliers participants, le richecomté de Toulouse est une proie de choix, moins loin que laTerre sainte.
Philippe Auguste,roi de France, en guerre contre le roi d'AngleterreJean sans Terre et réticent à voir le pouvoir pontifical s'octroyer le droit de démettre un suzerain, ne veut pas participer personnellement à cette croisade. Il laisse toutefois ses vassaux libres de toutes actions. La guerre durera vingt ans (1209–1229).Eudes III,duc de Bourgogne, lecomte de Nevers et lecomte de Saint-Pol prennent la tête des troupes levées par le pape. Le pouvoir spirituel est assuré parArnaud Amaury, qui nommeSimon IV de Montfort chef de la croisade.
Le château deMontségur, pris en 1244 après un siège de plusieurs mois, et reconstruit vers la fin duXIIIe siècle.
L'ost croisé s'ébranle au début de l'été 1209. Lesiège de Béziers s'achève sur le massacre de la population, puis lesiège de Carcassonne s'achève avec la capture et l'assassinat du vicomteRaimond-Roger Trencavel. En 1210, le nouveau vicomte guerroie dans les environs de Carcassonne pour asseoir son autorité. L'été, il bénéficie de renforts croisés venus du nord, mais l'hiver, il ne peut compter que sur une poignée de fidèles dontGuy Ier de Lévis etBouchard de Marly. En 1211, le comte de ToulouseRaymond VI est excommunié ; ce fait autorise Simon de Montfort à attaquer son fief. Il conquiert d'abord l'Albigeois puis mène en vain lesiège de Toulouse.
Pierre II d'Aragon prend alors la mesure du danger d'une conquête française de l'Occitanie sur laquelle il lorgne. En 1212, il joint ses troupes à celles du comte de Toulouse et assiègeMuret où est enfermé Simon de Montfort. Lors de labataille, le roi d'Aragon est tué. Le comte de Toulouse se retire mais les milices toulousaines sont massacrées. Cette victoire croisée consacre le triomphe de Montfort et une période de paix relative suit en 1214-1215.
Le conflit reprend en 1216, par lesiège de Beaucaire. En 1217, Toulouse se révolte et les croisésassiègent Toulouse au printemps 1218 ; Simon de Montfort y est tué. Son filsAmaury VI de Montfort reprend la lutte mais perd progressivement toutes les conquêtes de son père. En 1224, il cède ses droits en Languedoc au roi de FranceLouis VIII.
Le rapport de force s'inverse et la puissance royale oblige le comteRaymond VII de Toulouse à se soumettre au roi. En 1229, il signe leTraité de Meaux-Paris où il donne en épouse sa filleJeanne, unique héritière, au frère du roi,Alphonse de Poitiers. La croisade armée prend fin et la paix revient. Une période de prospérité débute, matérialisée par une forte augmentation de la population ; pour la loger, la région se lance dans la construction de nombreusesbastides.
La répression contre les cathares commence dès le début de la croisade : les hérétiques pris ont le choix entre revenir dans le giron de l'Église catholique romaine ou périr sur le bûcher. La paix revenue, en,Grégoire IX publie la constitutionExcommunicamus, qui prescrit la détention à vie pour les hérétiques repentis et la peine de mort pour les hérétiques obstinés. Il confie la mission d'éradication à l'Inquisition, confiée aux ordres religieux desPrêcheurs, ou Dominicains, du nom de son fondateurDominique de Guzmán etFranciscains.
Leur mission repose sur l'emprisonnement des hérétiques et leur questionnement pour révéler la liste de leurs coreligionnaires. Les arrestations se font en série et ne touchent pas les catholiques pratiquants. Cet état de fait permet un essor économique après les ravages de la croisade. Les opérations militaires ne cessent pas pour autant. La plus connue est lesiège de Montségur en 1243-1244 et la mort sur le bûcher de plus de 200 croyants cathares.
↑En fait Alain de Lille confondcathar, « pur », et « katarroos », écoulement
↑À l’époque, dans le Nord de la France le chat noir est la personnification du diable.
↑La notion dedieu inconnu se trouve dans lesActes des Apôtres, chapitre 17, verset 23. Paul de Tarse fait un discours à l’aréopage d'Athènes, où il utilise l’inscription dedieu inconnu qu’il a trouvée sur un autel pour annoncer aux athéniens le Dieu chrétien, révélé enJésus-Christ.
↑Dans uneHistoire du diocèse de Sankt Pölten (Basse-Autriche) de Friedrich Schragl, on peut lire le passage suivant qui éclaire les relations entre le pouvoir autrichien et les cathares autrichiens :« En Autriche, on parle pour la première fois d’hérétiques vers 1207 lorsque le duc Léopold VI fit remarquer qu’il était nécessaire de créer un diocèse viennois. En 1210, les annales de Klosterneuburg rapportent que le duc avait fait exécuter de nombreux patarins (c'est-à-dire des cathares) qu’il avait d’abord soumis à la torture et qui avaient trouvé beaucoup de partisans. Il faut donc en conclure qu’ils étaient assez répandus. Les faits ultérieurs indiquent que les tentatives d’extermination de la secte n’eurent pas de succès. »
↑Il n'y a pas nécessité pour la personne baptisée d'être consciente de la valeur du sacrement dans l'Églisecatholique ouorthodoxe, mais souvent lesprotestants ne donnent le baptême qu'aux adolescents ou aux adultes. C'est notamment le cas desanabaptistes.
↑Cette conception dubaptême se retrouve chez certains protestants appelésanabaptistes.
↑Cette compréhension de la notion desacrement est différente de la plupart des confessionschrétiennes.
↑La procréation donnant lieu à une vie nouvelle avec un nouveau corps, elle est condamnée par la doctrine cathare, pour qui tout ce qui est corporel est mauvais.[réf. nécessaire]
↑Dans lecatholicisme, lachasteté est différente de la continence : la chasteté consiste à ne pas avoir de relations sexuelles immorales et s'applique à tous les croyants, alors que la continence ne s'applique qu'aux prêtres, aux religieux et religieuses, qui s'abstiennent de toute relation sexuelle.
↑L'interdiction de jurer fut utilisée par lesinquisiteurs pour identifier et condamner les « parfaits ».
↑Uwe Brunn,Des contestataires aux « cathares ». Discours de réforme et propagande antihérétique dans les pays du Rhin et de la Meuse avant l’Inquisition, Collection des Études Augustiniennes, Études Augustiniennes, 2006.
↑a etbJulien Théry-Astruc, « Les cathares ont-ils existé ? : Entretien avec Robert I. Moore »,l'Histoire,no 430,,p. 41
↑AlessiaTrivellone, « Cathars in Question, edited by Antonio Sennis »,Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies,(ISSN2115-6360,DOI10.4000/crm.14387,lire en ligne, consulté le)
↑AlainBoureau, « La circulation des hérésies dans l’Europe médiévale »,Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques. Archives,no 42,,p. 19–30(ISSN0990-9141)
↑CharlesSchmidt,Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois, J. Cherbuliez,(lire en ligne)
↑Jean-Louis Biget, « Le Midi hérétique : construction d’une image (vers 1140-1209) »,Religions et histoire : hérésies et inquisition,no 46, 2012,p. 41-45.
↑Jean-Louis Biget,Hérésie et inquisition dans le midi de la France, Paris, Picard (Les médiévistes français), 2007, p.xx.
↑Guy Lobrichon, « Usages de la Bible »,La Bible au Moyen Âge, Éditions Picard, « Les médiévistes français », 2003,p. 43.
↑« Innocent III and Vernacular Versions of Scripture », dansThe Bible in the Medieval World. Essays in Memory of B. Smalley, Oxford, Blackwell, 1995,p. 97-107.
↑Interrogatoire de Bernard Franque de Goulier (paroisse de Vicdessos).Le registre d'Inquisition de Jacques Fournier, op. cit. vol. I
« On ne saurait guère douter d'ailleurs de l'inanité absolue que présente la seconde, celle qui tendrait à faire des Cathares des adversaires de la propriété. Aucun texte n'existe qui indique qu'ils l'aient jamais attaquée ni interdite à leurs croyants. »
↑Michel Roquebert,« Mouvement et doctrine cathares. L’exemplarité de Montségur (1204-1244) », dans Gabriel Audisio,Religion et exclusion (XIIe – XVIIIe siècles), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence,, 218 p.(ISBN9782853994910,lire en ligne),p. 41-48.
« soci », ou « socia », vient de l'occitan qui veut dire « compagnon » ou « compagne » : les parfaits devaient toujours se déplacer à deux comme les dominicains et dans les écrits de l’inquisition, il est toujours dit « untel et son soci ou sa socia ».
Historiens contemporains ayant étudié le catharisme
édition, introduction, traduction, notes et index : GuillaumeMonachi,Contre Henri, schismatique et hérétique suivi deContre les hérétiques et les schismatiques (anonyme), Paris, éditions du Cerf (Sources chrétiennes, 541), 2011.
Les livres et articles de recherche historique sur le catharisme sont regroupés par auteurs, eux-mêmes classés par ordre alphabétique :
Jean-Louis Biget,Hérésie et inquisition dans le midi de la France, Paris : Picard (Les médiévistes français), 2007(ISBN9782708408036)[compte rendu (page consultée le 12 janvier 2010)].
Le Vrai visage du catharisme, La Louve, 2008, éd. revue et corrigée.
Uwe Brunn,Des contestataires aux « cathares » : Discours de réforme et propagande antihérétique dans les pays du Rhin et de la Meuse avant l'Inquisition, Paris, Institut d'études augustiniennes, 2006.
Mark G. Pegg, « La croisade, une affaire très politique », dans « Les cathares. Comment l'Église a fabriqué des hérétiques »,L'Histoire, 430,,p. 52-57.
Roland Poupin,La Papauté, les cathares et Thomas d’Aquin, Toulouse, Loubatières, 2000,(ISBN978-2-8626-6307-4).
Roland Poupin,Les Cathares, l’âme et la réincarnation, Toulouse, Loubatières, 2000.
Jacques Berlioz,Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. La croisade contre les albigeois vu parCésaire de Heisterbach, Éditions Loubatières, 1994.
Richard Bordes, Jean-Louis Gasc, collectif,Troubadours et cathares en Occitanie médiévale : organisé par Novelum section périgorde de l'Institut d'Estudis Occitans, l'Hydre Édition, 2004.
Anne Brenon :
Pèire Autier (1245-1310) - Le dernier des cathares, Paris,Éditions Perrin, 2006.
Et Dieu reconnaîtra les siens, de Jean-Louis Marteil, en 4 tomes :La main de Dieu,Les Chiens de sang,L'ombre de la Croix,La hache et le bûcher, L'Hydre Éditions.
L'Hiver du Catharisme, d’Anne Brenon, en 2 tomes :L'Impénitente, en 2001,Les Fils du Malheur, en 2002, L'Hydre.