Sa construction est lancée en 1163 sous l'impulsion de l'évêqueMaurice de Sully, et s'étale sur près de deux siècles, pour se terminer au milieu duXIVe siècle. Après laRévolution française, entre 1845 et 1867, la cathédrale bénéficie d'une importante restauration, parfois controversée, sous la direction de l'architecteEugène Viollet-le-Duc, qui y incorpore des éléments et des motifs inédits, dont unenouvelle flèche. Pour ces raisons, le style n'est pas d'une uniformité totale : la cathédrale possède certains des caractères dugothique primitif et dugothique rayonnant. Les deuxrosaces qui ornent chacun des bras dutransept sont parmi les plus grandes d'Europe.
Leviolent incendie du détruit laflèche et la totalité de la toiture couvrant lanef, lechœur et letransept. Il s'agit du plus important sinistre subi par la cathédrale depuis sa construction. Dès lors, Notre-Dame est fermée au public. La reconstruction à l'identique des parties détruites ou gravement endommagées est décidée en 2020. Lacérémonie officielle de réouverture de Notre-Dame a lieu le et l'ouverture au public le.
Marcel Aubert appuie la thèse de son élève en affirmant que l'église, dont le mur occidental s'élevait à environ40 mètres en avant de la façade actuelle, est l'ancienne églisemérovingienne de lacathédrale Saint-Étienne de Paris, abandonnée à partir de 857 et en ruines en 1112. Lacathédrale primitive Notre-Dame de Paris est située plus à l'est, sur l'emplacement d'une partie de lanef, dutransept et duchœur de la cathédrale actuelle. Sonabside est préservée jusqu'à la construction du nouveau chœur en 1163, le culte se poursuivant dans sa nef pendant les travaux de la nouvelle cathédrale jusqu'en 1180[6].
En 1160, l'évêque de ParisMaurice de Sully décide (initiative personnelle, initiative des chanoines ou initiative du roi des FrancsLouis VII[9] ?) la construction d'un sanctuaire d'un nouveau type, beaucoup plus vaste, à la place de la cathédrale romane démolie au fur et à mesure, les pierres sacrées étant parfois retaillées ou utilisées pour les fondations[4]. Comme dans l'ensemble de l'Europe de l'Ouest, lesXIe et XIIe siècles se caractérisent en effet par une rapide augmentation de la population des villes françaises, liée à un important développement économique, et les anciennes cathédrales deviennent pour la plupart trop petites pour contenir l'afflux des fidèles. Les spécialistes estiment que la population parisienne passe de 25 000 habitants en 1180, début du règne dePhilippe II Auguste, à 50 000 vers 1220, ce qui en fait la plus grande ville d'Europe, en dehors de l'Italie[10],[11].
Coupe schématique de la grande nef montrant ses deux bas-côtés d'égale hauteur et ses tribunes, telle qu'elle se présentait en 1220–1230[13]. Vers 1230, à la suite de l'agrandissement des fenêtres hautes, on remplace les arcs-boutants supérieurs à double volée par de grands arcs-boutants à simple volée, tels que le montre la photo ci-dessous.Dictionnaire raisonné de l'architecture française duXIe au XVIe siècle, parEugène Viollet-le-Duc, 1856.Les arcs-boutants de la nef, qui datent des environs de l'an 1230.La moitié inférieure de la face sud de la tour sud, fort peu ornée, a des allures austères de forteresse[Note 1].
1163–1182 : construction du chœur et de ses deuxdéambulatoires. Selon le chroniqueurRobert de Torigni, le chœur est achevé en 1177 et le maître-autel estconsacré par le cardinal Henri de Château-Marçay,légat du pape et Maurice de Sully, le[18]. Des messes sont alors célébrées dès 1080[19] ;
1182–1190 : construction des quatre travées orientales de la nef, des bas-côtés et des tribunes. La construction de la nef commence en 1182, après la consécration du chœur. Certains pensent même que les travaux débutent dès 1175. Les travaux s'arrêtent après la quatrième travée, laissant la nef inachevée ;
1190–1225 : construction de la base de la façade et des deux travées occidentales de la nef. On commence l'édification de la façade en 1208. À partir de cette année, les portails sont construits et décorés. L'étage de la rose date de 1220–1225. La construction des travées occidentales de la nef reprend en 1218 afin de contrebuter la façade ;
vers 1225–1230 : selon Viollet-le-Duc, qui en trouve les traces dans le monument, un incendie détruirait à cette époque la charpente supérieure et les combles[20] ;
1225–1250 : construction de la partie haute de la façade et des deux tours. Agrandissement des fenêtres hautes (suppression des petites rosaces) pour remédier à l'obscurité (vers 1230). Simultanément, la toiture des combles des tribunes est remplacée par des terrasses et de nouveauxarcs-boutants, dotés dechaperons àchéneaux, permettant l'évacuation des eaux de pluie de la partie supérieure de l'édifice.
Entre 1235 et la fin des années 1250, construction, pour célébrer les messes périodiques, des chapelles latérales de la nef entre lesculées des arcs-boutants à partir de l'extrémité ouest jusqu'au transept[21]. La tour nord est achevée en 1240. En 1250, s'achève la construction de la tour sud. À cette date, pendant le règne du roiLouis IX, la cathédrale est terminée et totalement fonctionnelle. Les phases ultérieures de l'édification concernent des additions, embellissements, réparations et modifications parfois fort importantes.
La construction de la cathédrale de Paris ne dure qu'environ75 ans, jusqu'au début des travaux de réalisation des chapelles latérales entre les contreforts, à partir de 1235. Cette rapidité de construction nécessite un financement important. Le livre d'Henry Kraus surL'Argent des cathédrales montre que cette première phase de construction ne mobilise, pour l'essentiel, que des biens propres de l'évêque et duchapitre de religieux. La construction de la cathédrale profite peut-être d'une période de prospérité et de paix.
Pendant le règne dePhilippe Auguste, le domaine royal s'agrandit considérablement par l'acquisition de laNormandie et duLanguedoc, ce qui entraîne une augmentation des finances de la monarchie, mais aussi de la bourgeoisie parisienne, qui participe à la gestion de ce nouveau domaine royal. Si les rois participent peu au financement de la cathédrale, ils fournissent cependant le cadre politique et économique favorable à la construction d'une église à la mesure des enjeux de leur règne. Ils renforcent leur autorité et le prestige politique de lamonarchie capétienne face auxféodaux et à sa rivale anglaise et tentent de se prévaloir d'un prestige religieux. Leur intérêt pour la cathédrale s'affirme nettement à partir du moment où le pouvoir royal se fixe progressivement à Paris, lorsqueLouis VI (1108-1137) et plus encore Philippe Auguste (1179-1223) en font leur capitale[Note 4].
Les comptes de la fabrique de la cathédrale n'ont pas été conservés. Les biens de l'évêque et du chapitre sont connus par lecartulaire de la cathédrale, publié parBenjamin Guérard[Note 5]. Comme le fait remarquer ce dernier (pageCLXVII), le cartulaire de l'église Notre-Dame ne donne aucun renseignement sur la construction de la cathédrale. Par exemple, l'évêque possédait une grande partie des terres sur la rive droite de laSeine, et le chapitre l'île de la Cité. Le cartulaire note que plusieurs biens de l'évêque ont été vendus par des bourgeois et ont dû servir à financer la construction de la cathédrale. L'obituaire de la cathédrale a conservé le don de100 livres fait par Maurice de Sully, en 1196, pour acheter le plomb nécessaire à sa couverture. Un autre revenu de l'évêque provenait du tiers de l'impôt de la couronne sur les transactions faites auxhalles de Paris[22]. La contribution des chanoines du chapitre a été apportée en prélevant lataille sur les sujets des fiefs que possédaient les chanoines. Quand une nouvelle taille a été annoncée en 1250 pour la construction de la cathédrale, lesserfs des fiefs du chapitre ont refusé de s'en acquitter. Le chapitre les a alors fait emprisonner.Blanche de Castille est intervenue pour les faire libérer, mais ils ont été condamnés à payer. Ce n'est qu'en 1263 que 636 serfs ont pu racheter leurmanumission[23].
La participation des bourgeois de Paris n'apparaît qu'à partir du début de la construction des chapelles latérales, en 1235.
À cette époque, les portails dutransept, construits en styleroman, contrastent par la sévérité de leur style avec la grande façade gothique, richement ornée au goût du jour. La reconstruction des parties romanes est décidée sans délai par l'évêque Renaud Mignon de Corbeil (1250–1268) pour aligner les façades des transepts avec celles des chapelles latérales de la nef qui sont terminées vers 1250 et du chœur entreprises à la suite.
Jehan de Chelles,Pierre de Montreuil,Pierre de Chelles,Jean Ravy,Jean le Bouteiller etRaymond du Temple sont les maîtres d'œuvre qui se sont succédé durant cette période. Jehan de Chelles procède à l'allongement dutransept, au nord vers 1250 puis au sud et fait réaliser la façade nord du transept et sarosace. Après sa mort en 1265, son travail sur le croisillon sud est terminé par Pierre de Montreuil, lequel est à l'origine de la façade sud du transept et de sa rosace. Pierre de Montreuil achève également les chapelles et la porte rouge. De même, il commence le remplacement desarcs-boutants duchœur. Il meurt à son tour en 1267.
Son successeur Pierre de Chelles construit lejubé et commence les chapelles du chevet en 1296. Ces dernières sont achevées par Jean Ravy, qui est maître d'œuvre de 1318 à 1344. Jean Ravy commence la construction des arcs-boutants du chœur d'une portée de15 mètres. Il commence aussi la confection de la clôture du chœur. En 1344, son neveu Jean le Bouteiller lui succède et travaille jusqu'en 1363. Après sa mort, son adjoint Raymond du Temple termine les travaux, notamment la clôture du chœur.
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Les artistes de laRenaissance se détournèrent de l'art gothique considéré comme l'œuvre de barbares, aussi n'hésitèrent-ils pas à camoufler les piliers, recouvrir les murs et arcades d'immenses tapisseries et tentures. Lastatuaire baroque envahit les nefs chargées déjà de nombreux autels etpupitres, de tombeaux etcénotaphes[24].
Le maître-autel, œuvre deNicolas Coustou, encadré par les statues de Louis XIV (Antoine Coysevox) et de Louis XIII (Guillaume Coustou).La cathédrale en 1840.Cedaguerréotype montre l'édifice dans un état de délabrement avancé avant le grand programme de restauration lancé parEugène Viollet-le-Duc.On peut noter l'absence des statues de la galerie des rois (détruites à la Révolution française) et le portail du Jugement dernier radicalement transformé parJacques-Germain Soufflot.
En 1726, le cardinalLouis-Antoine de Noailles, archevêque de Paris, modifie l'architecture de la cathédrale, il en change« tous les profils », au niveau des pignons, roses et clochetons du côté sud[28]. Il renforce les arcs-boutants, les galeries, les terrasses, et fait reconstruire la grande voûte de la croisée du transept, qui menaçait de tomber en ruine[28]. Il rénove la charpente et la toiture, dont il fait changer tous les plombs. Il fait remplacer les gargouilles par des tuyaux de plomb changeant l'évacuation d'eau des pluies. À l'intérieur, il fait supprimer l'ancienjubé médiéval et fait incruster de marbre blanc une chapelle pour sa famille[29]. Les travaux se sont peut-être étendus aux voûtes du bras sud du transept, car la date « 1728 » a été découverte (par les scientifiques qui accompagnent le chantier de restauration consécutif à l'incendie de 2019) gravée sur l'une des clés de voûte[30].
En 1756, leschanoines, qui jugent l'édifice trop sombre, demandent aux frèresLe Vieil de détruire les vitraux duMoyen Âge et de les remplacer par du verre blanc . Ensuite les murs de la cathédrale sontbadigeonnés. Les rosaces sont cependant conservées[24]. Enfin, à la demande du clergé,Jacques-Germain Soufflot, architecte del'église de Sainte-Geneviève, fait disparaître letrumeau et une partie dutympan du portail central, orné duJugement dernier, pour laisser passer plus aisément ledais des processions. Soufflot construit un nouveau portail et une sacristie au sud du chœur[31].
Le, la cathédrale, qui était propriété de l'archevêché de Paris, estmise à la disposition de la nation, comme l'ensemble des biens du clergé[32]. Depuis, l'État est resté propriétaire de la cathédrale[33].
Le,Louis XVI etMarie-Antoinette viennent assister discrètement à une messe dans une des chapelles de la cathédrale. Après le décret de laConstitution civile du clergé, le chapitre de la cathédrale est supprimé. L'archevêqueAntoine-Éléonor-Léon Leclerc de Juigné ayant émigré,Jean-Baptiste Gobel est élu à sa place et prend possession de la cathédrale devant une foule nombreuse. Au fil du temps, des décrets la dépouillent de ses objets précieux, suppriment le traitement deschantres et lui interdisent toute procession extérieure. Gobel est contraint à la démission et sera décapité en avril 1790[32].
En février 1791, par une suite de décrets de l'Assemblée constituante, pris sur une proposition de la mairie de Paris[35], la cathédrale Notre-Dame devient le siège de laparoisse de la cité par transfert des prérogatives exercées jusqu'alors par 10 petites églises de l'île[36],[Note 6].
Au cours de laRévolution française, de nombreux actes devandalisme visent la cathédrale : lesrois de Juda de la galerie des Rois de la façade sont décapités et enlevés — on croyait qu'il s'agissait desrois de France représentés pour exalter la monarchie capétienne. On a retrouvé21 des 28 têtes originelles ainsi que de nombreux fragments en 1977, elles se trouvent actuellement aumusée de Cluny[37]. Toutes les grandes statues des portails sont également détruites, à l'exception de la Vierge dutrumeau du portail duCloître[38]. Leculte de la Raison fait son apparition à Notre-Dame de Paris le ainsi que lafête de la Liberté. Par décret, la cathédrale devient untemple de la Raison[39]. Ce culte est organisé parPierre-Gaspard Chaumette, et lemaître-autel se voit transformé en autel de ladéesse Raison[32]. Fin novembre de cette année, le culte catholique est interdit à Paris, la cathédrale est transformée enentrepôt de vin[32],[40].
Le, unoffice religieux est pour la première fois à nouveau célébré à la cathédrale, alors que, raconte l'historienJean Leflon,« les verrières sont brisées, les pavements défoncés, le sol encombré de gravats ». Sous leDirectoire, des conflits opposent plusieurs autorités religieuses, pour savoir à qui revient la gestion de la cathédrale. Les offices reprennent, sa gestion est surveillée par un comité d'administration composé delaïcs. Les fidèles y assistent entassés dans lechœur rapidement déblayé contrairement au reste de la cathédrale, où traînent des gravats ; ses finances restent par ailleurs précaires mais se relèvent à partir de 1800. Les relations sont difficiles avec les autorités, qui multiplient les mesures vexatoires. En 1797 puis en 1801, la cathédrale accueille deuxconciles, le second servant au Premier consulNapoléon Bonaparte à négocier leConcordat avec lapapauté[32].
Une fois la paix retrouvée, la cathédrale est dans un état de délabrement tel que les responsables de la ville commencent à envisager la possibilité de l'abattre totalement. Le grand romancierVictor Hugo, admirateur de l'édifice, écrit alors son romanNotre-Dame de Paris, qui a un énorme succès et veut notamment sensibiliser le public à la valeur d'un tel monument, alors qu'en 1831, l'année de la publication de son roman, des émeutiersanti-légitimistes pillent lasacristie et sontrésor, brisent lesvitraux et dévastent l'archevêché[42]. Il réussit à créer un large mouvement d'intérêt populaire en faveur de la cathédrale. Son roman a rendu vie à un monument alors marginalisé et l'a rendu plus familier aux Parisiens. À cela s'ajoute le poids d'un nouveau courant européen, leromantisme qui s'efforce de donner aux hommes une nouvelle conception du monde. Par son roman, Victor Hugo contribue largement à sauver lechef-d'œuvre meurtri d'un destin fatal[43].
Le sort de Notre-Dame focalise différents courants de pensée : lecatholicisme bien sûr qui désire réconcilier la France avec la piété et la foi d'antan, lemonarchisme qui s'efforce de renouer avec un proche passé, mais aussi le courantlaïc.
La cathédrale Notre-Dame pendant les travaux de 1845–1863 : la sacristie est terminée mais la flèche pas encore rétablie. Le Quai de Montebello et le chevet de Notre-Dame (détail), Émile Harrouart, avant août 1858,musée Carnavalet.
Leministre des Cultes de l'époque décida d'un grand programme derestauration[44]. L'architecteÉtienne-Hippolyte Godde, chargé depuis 1820 de l'entretien de l'édifice et dont les méthodes de restauration faisaient l'unanimité contre elles, fut écarté. On se tourna versJean-Baptiste Antoine Lassus etEugène Viollet-le-Duc qui s'étaient distingués sur le chantier de laSainte-Chapelle. Ces derniers déposèrent un projet et un rapport, et ayant emporté l'appel d'offres en 1844, présentèrent en 1845 un budget de 3 888 500 francs, qu'ils durent réduire à 2 650 000, pour la réfection de la cathédrale et la construction d'unesacristie. L'Assemblée nationale vota une loi accordant cette somme[45],[Note 7] et c'est ainsi qu'après de longues années d'attente, la restauration put vraiment débuter. Les premiers travaux se portent sur la galerie des Rois, dont les colonnes sont abîmées par la corrosion des fers. En 1845–1846, la restauration est menée sur les niches des contreforts de la façade occidentale, en très mauvais état. Ces travaux sont très bien renseignés par les devis et archives du chantier encore conservées. Plus importantes que prévu, ces restaurations ont néanmoins laissé en place certains éléments sculptés, sur lesquels on a pu observer auXXe siècle d'importantes traces de polychromie orange, rouge et verte[46].
Le maigre budget fut épuisé en 1850. Les travaux s'arrêtèrent. Viollet-le-Duc dut présenter à plusieurs reprises de nouvelles propositions afin que les travaux pussent se terminer. Au total, plus de douze millions de francs furent ainsi octroyés. Lassus étant décédé en 1857, c'est Viollet-le-Duc seul qui termina la restauration le.
L'état lamentable desmaçonneries de la cathédrale était généralisé, la porte rouge par exemple était en ruine[a 1]. On ne comptait plus lespinacles brisés, lesgables effondrés. Quant à la grandestatuaire desportails et de la façade, il n'en restait plus grand-chose. Les restaurateurs durent effectuer un profond travail de recherche afin de restituer (à l'identique si possible, ce qui l'était rarement à l'époque) les parties dégradées, ce dont témoignent les écrits et dessins deViollet-le-Duc[44].
Exemple de la restitution du programme sculpté effectuée par l'équipe de sculpteurs de Viollet-le-Duc : statue de saint Denis sur le contrefort sud de la façade ouest.
C'est la restitution du programme sculpté de la cathédrale qui constitue la principale réussite des deux architectes. Ils ont d'emblée voulu reconstituer toute l'ornementation sculpturale détruite, en s'inspirant ou copiant des œuvres de la même époque et restées intactes (Amiens,Chartres etReims). Pour ce faire, les architectes réunirent une équipe d'excellents sculpteurs sous la direction d'Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. Beaucoup d'entre eux provenaient de l'atelier dePierre-Jean David d'Angers et se connaissaient. Plus de cent grandes statues furent ainsi créées à destination de l'extérieur, dont les douze statues en cuivre entourant la base de la flèche, œuvres de Geoffroi-Dechaume lui-même, qui témoignent du grand talent de ce sculpteur[Note 8]. Viollet-le-Duc apporta un très grand soin à la réalisation de ces statues. Elles étaient d'abord dessinées par ses soins, puis unemaquette grandeur nature enplâtre était réalisée. On apportait alors les corrections nécessaires, jusqu'à ce que l'œuvre fût jugée satisfaisante. À ce moment seulement, on procédait à la réalisation de la statue définitive en pierre. Aucune liberté de création n'était laissée aux sculpteurs, dont le travail était totalement contrôlé par les architectes.
Notre-Dame était dotée d'une flèche médiévale construite auXIIIe siècle[a], qui fragilisée par les intempéries fut démontée à la fin duXVIIIe siècle[b].
La cathédrale est restée sans flèche jusqu'à sa restauration, commencée par Lassus et poursuivie, après sa mort en 1857, par Viollet-le-Duc. Le projet est approuvé par le ministre de l'Instruction publique et des Cultes en mars 1858[49]. Sa conception est inspirée par la flèche de lacathédrale Sainte-Croix d'Orléans (elle-même inspirée par celle de lacathédrale Notre-Dame d’Amiens)[50]. Les travaux commencent par la démolition de l'ancienne charpente de la souche de la flèche, entre le et le, puis pose du plancher provisoire au-dessus de la voûte centrale, début du montage de l'échafaudage de la flèche le, fin le, fin du montage de l'échafaudage de la flèche le[51]. La nouvelle flèche est réalisée entre février et août 1859 par l'entreprise de charpente Auguste Bellu (1796–1862)[52] — qui a déjà travaillé à Orléans — pour la structure en bois et par lesateliers Monduit pour la couverture métallique. Elle est inaugurée le. La hauteur de la flèche est alors de96 mètres.
En 1965, les douze fenêtres hautes de la nef et les douze petites rosaces à alvéoles des tribunes furent garnies de24 vitraux colorés remplaçant les verres gris et ternes implantés par les chanoines auXVIIIe siècle. Non figuratifs, ils sont l'œuvre du peintre-verrierJacques Le Chevallier qui utilisa les produits et couleurs duMoyen Âge. L'ensemble utilisait une quinzaine de tons, à dominanterouge etbleue (la graduation allant d'ouest en est du bleu vers le rouge)[55]. En 1969, des militants communistes parviennent à hisser un drapeau nord-vietnamien au sommet de la flèche après avoir saboté l'escalier qui y mène[56],[57] ; il a fallu une audacieuse mission d'hélicoptère des pompiers pour retirer l'étendard[58]. Dans un incident similaire, le, lors d'un rassemblement de soutien aux militants duFront de libération de la Bretagne, desautonomistesbretons parviennent aussi à accrocher unGwenn ha Du (drapeau) au sommet de laflèche de la cathédrale, nécessitant à nouveau l'envoi d'un hélicoptère pour le décrocher[59].
Dans les années 1990, les procédés modernes ont permis de redonner à la pierre extérieure de la cathédrale noircie par les siècles, sa pureté et une blancheur supposée d'origine. On distinguait deux couches distinctes depollution qui noircissait la pierre :
une partie brune correspondant à la partie de la pierre exposée à l'air et aux rayons du soleil ;
une couche noire de surface constituée degypse (sulfate hydraté decalcium) qui attirait les particules issues de lapollution de l'air de Paris.
La crasse, représentant un danger pour la pierre, a été éliminée. Les sculptures ont été traitées parlaser, micro-gommage et compresses humides afin de pulvériser la poussière sans altérer lapatine du temps. Les pierres trop détériorées ont été remplacées par d'autres, identiques, prélevées en région parisienne dans des gisements decalcaire lutétien coquiller semblable. De plus, un réseau de fils électriques, invisibles depuis le sol, a entraîné le départ despigeons responsables d'altérations importantes au niveau des pierres.
De à, une structure provisoire de type beffroi, le « Chemin du jubilé » est installé sur le parvis, suivant l'anciennerue Neuve-Notre-Dame et débouchant sur un belvédère et un gradin de600 places donnant une vue inédite de la façade de la cathédrale. Elle est garnie des prénoms des employés de la cathédrale et des saints de la liturgie chrétienne.
La pollution cause des dommages importants (chute dechimères, ruine depinacles…) qui conduisent en 2017 l'archevêché à lancer un appel à des dons pour un montant espéré de100 millions d'euros sur20 ans afin de réparer la flèche dont il faut refaire l'étanchéité (10 millions d'euros de travaux), pour la sacristie située tout à côté de la cathédrale (10 millions), consolider les arcs-boutants du chevet (20 à 30 millions)[60].
Les travaux de restauration dela flèche doivent durer trois ans, pour un coût de11 millions d'euros. Le, les seize statues monumentales deViollet-le-Duc qui entouraient la flèche sont déposées, à grand renfort de levage, en vue de leur réhabilitation[62]. Elles échappent ainsi aux dommages de l'incendie quatre jours plus tard.
Dans la soirée du[63], dans les environs de18 heures[64], ungrave incendie se déclare[65]. Le sinistre détruit latoiture de la cathédrale et sacharpente duXIIIe siècle, la flèche deViollet-le-Duc, et plusieurs voûtes formant le plafond (celle de la croisée du transept, celle du transept nord, et une travée de la nef)[66],[67]. L'incendie déclenche une émotion considérable en France mais aussi dans le monde entier. Sur les rives de la Seine, Parisiens et touristes se rassemblent. De nombreux catholiques se mettent en prière.
La nouvelle flèche de Notre-Dame de Paris se dévoile début 2024.
L'incendie est maîtrisé le lendemain matin grâce à l'intervention d'environ 650 pompiers[68]. Une cinquantaine d'enquêteurs commencent peu après la fin de l'incendie leurs investigations afin d'émettre des hypothèses sur les causes éventuelles de l'incendie de la cathédrale[64]. Le jour même du déclenchement de l'incendie, leprésident de la République,Emmanuel Macron, annonce que la cathédrale sera reconstruite[69],[70] et, le lendemain, lors d'une allocution télévisée spéciale, il déclare :« Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d'ici cinq années[71]. » Le jour suivant, le Premier ministre,Édouard Philippe, annonce qu'un concours international d'architecture sera lancé pour reconstruire la flèche de la cathédrale[72].
Des dons de particuliers, d'entreprises et d'institutions publiques affluent deFrance et de l'étranger, 340 000 donateurs à hauteur de846 millions d'euros, record mondial de mécénat.
Le, à l'occasion d'une édition spéciale deFrance 2 en direct de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, leprésident de la RépubliqueEmmanuel Macron déclare que « nous tenons les délais » et que laréouverture au public aurait bien lieu le. Il invite le papeFrançois à assister à cette réouverture, mais l'Église annonce que ce dernier n'envisage pas de venir, souhaitant ne pas « détourner le regard vers lui à cette occasion », et laisser ainsi la « vedette » à la cathédrale elle-même[73],[74],[75].
Pour laréouverture de l'édifice, le, des personnalités du monde entier, notamment des dirigeants politiques mais aussi des donateurs ayant participé financièrement à la reconstruction de la cathédrale, sont invitées.Laurent Ulrich, archevêque de Paris, rouvre les portes de la cathédrale et bénit l'orgue. Les sauveteurs présents lors de l'incendie et les artisans ayant participé à la reconstruction sont félicités au cours d'une longue ovation.
Ce choix est contesté par les opposants au projet qui soulignent que les vitraux concernés par le projet n'ont pas été touchés par l'incendie[77]. Elle affirme vouloir « rendre hommage à Viollet-le-Duc » alors que ses vitraux vont remplacer ceux du maître : cette démarche interroge, selon des critiques d'art, sur l'éthique de l'artiste[78].
Par ailleurs, Emmanuel Macron annonce la création d'un musée consacré à la cathédrale Notre-Dame au sein de l'Hôtel-Dieu[79],[80].
En 1431, couronnement comme roi de France du roi d'AngleterreHenriVI, vers la fin de laguerre de Cent Ans (1337–1453), à l'âge de dix ans[84]. Il ne fut jamais reconnu.Charles VII avait déjà été couronné roi de France en 1429 àReims.
3ventôseanIII (), après la chute de Robespierre, décret rétablissant la liberté des cultes et de séparation des Églises et de l'État. Les églises et les chapelles non séquestrées par l'État ou les municipalités peuvent être rouvertes.
24thermidoranIII (), les23 clés de la cathédrale sont remises par le comité civil de la section de la Cité à laSociété catholique, constituée par66 personnes, dont l'abbé Grégoire, qui fait partie du groupe des « Évêques réunis à Paris », qui en avait fait la demande. La première église où une messe a été célébrée parJean-Baptiste Pierre Saurine est l'église Saint-Médard de Paris le.
, aprèsréconciliation de l'Église par l'abbé Grégoire et ses collègues, célébration de la première messe dans la cathédrale pour la fête de l'Assomption. La cathédrale est alors dans un triste état, plus de vitres aux fenêtres, les autels détruits, quelques planches pour fermer les portes. La Société catholique de Notre-Dame va devoir d'abord trouver les prêtres, le personnel et les fonds nécessaires au fonctionnement de la cathédrale. Il n'y a plus d'évêque de Paris depuis la mort de Jean-Baptiste Gobel.
Pendant la Révolution de juillet 1830 (« Trois Glorieuses ») : le 28 juillet, des insurgés hissent le drapeau tricolore au sommet de l'Hôtel de ville et des tours de Notre-Dame, provoquant une intense émotion dans la population parisienne. Le 29 juillet. Notre-Dame et lepalais de l'archevêché de Paris jouxtant la cathédrale sont saccagés[90].
Les 14 et, lors des émeutes de Saint-Germain-l'Auxerrois, un second saccage de Notre-Dame et de l'archevêché a eu lieu par des insurgés, le pillage vise notamment la sacristie et le trésor de Notre-Dame[83]. Cette « dévastation » est alors jugée plus importante que celle de l'année précédente[90].
Le, à la demande deHyacinthe-Louis de Quélen, a lieu la première conférence d'Henri Lacordaire, dans le cadre desConférences de Carême de Notre-Dame, spécialement destinées à l'initiation de la jeunesse au christianisme. Celles-ci, interrompues en 1836, reprennent à partir de 1841 et se poursuivent jusqu'à nos jours.
En, accueil solennel du maréchal Philippe Pétain par le cardinalEmmanuel Suhard, archevêque de Paris. Célébration des obsèques dePhilippe Henriot, par le même archevêque, en juin 1944.
En, le généralDietrich von Choltitz obéit à l'ordre deAdolf Hitler, qui demandait la destruction de Paris et notamment de Notre-Dame, mais aucun minage ne fut entrepris sur la cathédrale.
Le, le cardinal Suhard, accueille le général de Gaulle ainsi que les membres du Gouvernement et les ambassadeurs desÉtats-Unis, d'URSS et deGrande-Bretagne. L'archevêque célèbre un office au cours duquel unTe Deum d'action de grâces pour la victoire est chanté, suivi de l'exécution deLa Marseillaise aux grandes orgues[93].
Jusqu'à laRévolution française, la cathédrale est la propriété de l'archevêché de Paris. Elle est mise « à la disposition de la nation » par undécret du 2 novembre 1789. Depuis, l'État est propriétaire de la cathédrale[96],[97].
Chaque année, l'État accorde deux millions d'euros à l'entretien et à la restauration de la cathédrale, tandis que l'Église prend en charge le fonctionnement courant pour plusieurs millions d'euros. La cathédrale emploie une cinquantaine de personnes, auxquelles s'ajoutent des bénévoles[98].
Comme la plupart des cathédrales françaises, Notre-Dame de Paris a un plan en forme de croix latine. Son entrée et ses deux tours sont orientées ouest-nord-ouest, sonabside est orientée est-sud-est. Letransept est orienté selon un axe nord-nord-est, sud-sud-ouest. Lanef principale comporte dixtravées, lechœur cinq. L'axe de celui-ci est légèrement dévié par rapport à l'axe de la nef. L'abside est semi-circulaire à cinq pans[99].
La nef est flanquée de doublescollatéraux qui se prolongent par un doubledéambulatoire. Après les trois premières travées,29chapelles latérales ourayonnantes comportent un total de37 travées quadrangulaires. La cathédrale peut contenir jusqu'à 9 000 personnes dont 1 500 dans les tribunes.
Les principales dimensions sont les suivantes[100],[101] :
Bien que construite après le chœur[102], la nef relève du premier style gothique, avecvoûtes sexpartites, cependant sans alternance de piles fortes et de piles faibles comme on le voit à lacathédrale Saint-Étienne de Sens. Letransept, bien identifiable de l'extérieur du monument, ne fait pas saillie par rapport aux collatéraux et aux chapelles latérales. Il n'a pas decollatéraux.
Pinacle de la façade sud montrant l'érosion de la pierre, en 1918.
La cathédrale est essentiellement bâtie enpierre de taille provenant des anciennescarrières souterraines de Paris, situées dans le5e arrondissement dans un premier temps (lors de la construction du chœur), puis plutôt dans le12e arrondissement et àCharenton (lors de la construction de la nef). On y exploitait des formationscalcaires de grande qualité : lescalcaires du Lutétien, datant de 40 à46 millions d'années, très caractéristiques de l'architecture de toute la région parisienne. Les calcaires lutétiens ne sont pas présents partout, ils forment un étage géologique de quelques mètres d'épaisseur seulement à Paris, constitué decouches superposées et aux propriétés (texture, dureté) forts différenciées d'un banc à l'autre, et dont une partie seulement est utilisable. À l'époque gothique, on utilisait ces pierres depuis déjà plus d'un millénaire, depuis l'époque gallo-romaine, et on disposait donc d'une bonne connaissance des propriétés et du comportement de chacune des variétés vis-à-vis du vieillissement et des intempéries. Cette expérience a été mise à profit pour la construction de la cathédrale[103],[104].
Les calcaires tendres, notamment des « lambourdes », ont été utilisés pour l'intérieur des murs et pour l'architecture abritée, comme les voûtes ou les arcades des tribunes. En revanche les calcaires coquillers durs (calcaires àcérithes, des coquilles coniques de gastéropodes fossilisées qui se sont déposées près du littoral auLutétien), issus des « bancs francs » dans les carrières, ont été utilisés pour les pierres exposées à l'extérieur, ainsi que pour les assises des fûts des grosses colonnes à l'intérieur, qui doivent supporter du poids. Durant l'époque moderne, le calcaire dur à cérithes était surtout utilisé à Paris pour les soubassements des bâtiments, mais plus guère pour l'élévation. Le « liais », un calcaire lutétien dur et au grain très fin à petitesmilioles, dont la consistance se rapproche un peu du marbre, a été utilisé notamment comme pierre statuaire (comme la célèbre statue d'Adam), et pour quelques petits éléments architecturaux, comme les colonnettes monolithiques des tribunes et celles qui longent les piliers dans la nef (mais pas dans le chœur), ainsi que pour les meneaux et les remplages des fenêtres. Le liais n'étant présent qu'en un banc de faible épaisseur dans les carrières (30 à 40 cm d'épaisseur), il a déterminé le format allongé des sculptures. De par sa densité, il est propice à la mise en œuvre endélit (avec la stratification naturelle de la pierre disposée verticalement, et non horizontalement dans le sens naturel), mais cette disposition offre une plus faible capacité de charge[105].
Jusqu'à l'incendie de 2019, les charpentes de la toiture ainsi quela flèche étaient en bois, principalement duchêne, et leur couverture était faite de plaques deplomb. Elles ont été reconstruites avec les mêmes matériaux.
Le point zéro des routes nationales partant de Paris.
Leparvis est la grandeesplanade sur laquelle s'ouvre la cathédrale. Le mot « parvis » vient dulatinparadisius,paradis. Lorsque la cathédrale fut construite, le parvis était assez étroit. La cathédrale était située parmi d'innombrables bâtiments en bois de petite taille, telles que des maisons, boutiques et auberges. Unefontaine du Parvis Notre-Dame s'y trouvait de 1625 à 1755. Le parvis conserva des dimensions modestes jusqu'auXVIIIe siècle, époque à laquelle l'architecte Beaufrand l'agrandit[107]. Il fut remodelé à plusieurs reprises par la suite, notamment depuis 1960[108].
On trouve sur le parvis lepoint de départ des quatorzeroutes nationales rayonnant depuis Paris, à quelques mètres de l'entrée de la cathédrale.
Les deux tours carrées de la façade occidentale ne sont pas exactement jumelles bien que construites sur un modèle identique : une base pleine surmontée des étages caractéristiques de l'élévation de la façade et un dernier étage dont les quatre faces sont percées de deux hautes et longues baies àvoussures brisées ornées de boudins et decrochets. Une double ligne de gros crochets feuillus cerne le sommet de ces tours couvertes d'une terrasse de plomb bordée par unebalustrade ajourée. La tour nord (gauche) d'époque un peu plus récente (construite de 1235 à 1250 environ) est légèrement plus forte et plus large que la tour sud (elle daterait de 1220 à 1240 environ), ce qui se remarque depuis le centre du parvis. À cette différence correspond, au niveau de l'étage du balcon de la Vierge situé sur la façade, une largeur nettement plus importante ducontrefort nord de la tour nord par rapport au contrefort sud de la tour sud[110].
Entre les deux tours, à l'arrière de la galerie supérieure de la façade faite d'unecolonnade, et à l'avant du pignon occidental de la nef, il existe une sorte d'esplanade, toit plat qu'on appelle l'aire de plomb ou la cour desréservoirs. Des plaques de plomb la recouvrent, et des bassins y avaient été aménagés pour contenir de l'eau utilisable rapidement en cas d'incendie. En arrière de l'aire de plomb, s'élève le grandpignon triangulaire qui termine à l'ouest le comble de lanef : sur sa pointe, un ange regarde en direction de la tour sud et sonne la trompette duJugement dernier[111].
Les tours de la cathédrale, hautes de 69 m[112], sont accessibles au public et offrent une vue imprenable sur Paris[113].
La tour sud abrite un escalier de387 marches[114]. Au premier étage, au niveau de la galerie des rois et de larosace, se trouve une grande salle gothique comportant un comptoir d'approvisionnement pour touristes et visiteurs. On peut y voir en plus diverses statues originales de la cathédrale ainsi que des toiles deGuido Reni,Charles André van Loo,Étienne Jeaurat etLodovico Carracci.
La façade ouest comprend quatre niveaux : le rez-de-chaussée entièrement occupé par les trois portails ; le premier étage percé de troisarcades, dont la centrale encadre la rose ; le deuxième étage constitué de la grande galerie surmontée de la galerie deschimères, le dernier étage des tours qui culminent à 69 m de hauteur.Caractéristiques dunombre d'or
Lefrontispice penche de30 cm du côté nord et les portails présentent un dévers vers l'ouest[Note 11]. En raison du désordre dans les fondations dû à une instabilité superficielle du sous-sol, les parties du bâtiment ont été déplacées par les forces combinées du poids de la pierre (voûtes, arches) et de la pression des vents qui ont généré des déformations structurelles pendant les premiers mois suivant l'achèvement de la construction et la dépose descintres, alors que la prise du mortier très lente (elle peut demander plus d'un an) n'est pas achevée. Les tours inachevées qui auraient dû être surmontées d'une flèche gothique de plan orthogonal[Note 12], s'expliquent ainsi non pour des raisons financières mais pour ce comportement structurel détecté par les bâtisseurs médiévaux à l'aide d'unfil à plomb utilisé régulièrement pour évaluer la « santé » d'un édifice[118],[119].
Lors de la construction, les profondes portes ne reçoivent pas immédiatement leurs décors sculptés, réalisés et montés indépendamment. La chronologie de la construction des maçonneries, de la réalisation des sculptures et de leur installation ne coïncident donc pas exactement, ce qui a entraîné quelques irrégularités de montage, seulement perceptibles par une observation rapprochée[120].
Vue d'ensemble du portail du Jugement dernier.La Pesée des âmes par l'archangesaint Michel, détail du Jugement dernier, refait lors de la restauration de la cathédrale auXIXe siècle.Représentation de l'Enfer au bas des quatre dernières voussures de droite.Remarquer sur la cinquième voussure le diable couronné et grassouillet écrasant trois damnés : un riche, un évêque et un roi.
Il s'agit du portail principal de la cathédrale. La sculpture dutympan date des années 1210[121]. Elle représente d'une manière étendue les scènes duJugement dernier – lorsque, selon la tradition chrétienne, les morts ressuscitent et sont jugés par leChrist. Sur lelinteau, on peut voir les morts sortir de leurs tombes. Ils sont réveillés par deux anges qui, de chaque côté, sonnent de la trompette. Parmi ces personnages, tous vêtus, on peut voir un pape, un roi, des femmes, des guerriers, et même unNoir d'Afrique[122].
Sur le registre suivant, l'archangeMichel utilise une balance pour peser lespéchés et lesvertus. Deuxdémons essayent de faire pencher l'un des plateaux de leur côté. Les élus sont à gauche, tandis qu'à droite les damnés enchaînés et terrifiés sont menés enenfer, poussés par d'autres démons, laids et cornus. Sur le registre supérieur, leChrist, le torse à moitié nu pour montrer ses plaies, préside cette cour divine. Deux anges, debout, à droite et à gauche, tiennent les instruments de laPassion du Christ. De chaque côté, laVierge Marie etsaint Jean sont placés à genoux et implorent lamiséricorde du Christ.
Lesclaveaux inférieurs desvoussures sont occupés, du côté des damnés, par des scènes de l'Enfer, et du côté des élus, par lespatriarches, parmi lesquels on voitAbraham tenant des âmes dans un repli de son manteau[123],[a 2],[124]. Il s'agit là d'une démonstration bien concrète de l'imagerie chrétienne développée auMoyen Âge par l'Église, qui influence alors grandement le peuple. Encore à cette époque, la scène était entièrement peinte et dorée. Groupés au paradis sur les premières voussures, les anges qui regardent la scène du Jugement ont plutôt l'air curieux et étonné. L'impression générale est loin d'être pessimiste. L'enfer n'occupe qu'une très petite partie de l'ensemble et tout est fait pour souligner lamiséricorde divine. La Vierge Marie et les saints du paradis, symbolisés par saint Jean, intercèdent pour l'humanité, et l'image de Jésus montrant ses plaies rappelle qu'il est venu sur terre en tant queRédempteur.
Au piédroit gauche, du côté du paradis, figurent lesvierges sages, alors qu'au piédroit opposé, se tiennent lesvierges folles. Les sculptures de ces vierges ont également été refaites auXIXe siècle[125]. Sous les grandes statues des piédroits, on peut voir deuxbas-reliefs conçus sous forme de médaillons, l'un à gauche, l'autre à droite, superposant des représentations desVertus auxVices opposés, et ce d'après des scènes de la vie, facilement compréhensibles par le peuple chrétien de l'époque. LaDouceur par exemple utilise le symbole de l'agneau, laForce est représentée par une femme portantarmure, l'Inconstance ou l'Indiscipline nous montre unmoine jetant sonfroc aux orties[Note 14]… Cette thématique est reprise dans larosace ouest. La plupart de ces scènes ont également près de huit siècles d'âge.
Le portail comporte deuxlinteaux. Au linteau inférieur, des rois d'Israël et des prophètes entourent l'Arche d'alliance. Celle-ci se trouve juste au-dessus du dais recouvrant la statue de laVierge à l'Enfant, foulant aux pieds le serpent, symbole deSatan, et située autrumeau du portail (refaite auXIXe siècle). Le linteau supérieur représente la « dormition » (mort) de la Vierge. Deux anges la sortent - ou la mettent ? - du tombeau, en présence du Christ qui bénit sa mère et montre de la main gauche le ventre où la Parole de Dieu prit chair. Lesapôtres, y comprisPaul; entourent la défunte. Aux deux extrémités, saint Paul etsaint Jean sont représentés abrités respectivement par lefiguier et l'olivier.
Au sommet dutympan, on assiste auCouronnement de la Vierge. Celle-ci est assise à la droite duChrist ; et un ange, se trouvant au-dessus d'elle, place une couronne en or sur sa tête. Lesvoussures encadrant le tympan sont occupées par desprophètes, des rois, des anges et despatriarches.
Les grandes statues despiédroits représentent notamment dessaints parisiens. À gauche se trouvent un empereur (non identifié) et saint Denis décapité, portant sa tête et entouré de deux anges. À droite : saint Jean-Baptiste, saint Étienne, sainte Geneviève et le Pape Sylvestre. Lesbas-reliefs mutilés des niches situées sous ces statues représentent des scènes de leur vie respective.
Particularité intéressante de ce portail : les faces latérales dutrumeau, ainsi que les parties centrales des piédroits situées près desvantaux sont constituées d'une série debas-reliefs représentant lezodiaque, les travaux des mois chez les pauvres et chez les riches, les saisons et les âges de la vie, le tout magnifiquement traité.
La tentation d'Adam au jardin d'Éden par le diable, en l'occurrence la diablesseLilith, grande séductrice dotée d'une queue de serpent.
Enfin, la partie inférieure dutrumeau, sous les pieds de la Vierge est ornée d'un superbebas-relief en trois séquences représentant le passage d'Adam etÈve au jardin d'Éden ouparadis terrestre, et la tentation d'Adam suivie dupéché originel. La première scène nous montre Dieu prélevant une côte à Adam endormi au pied d'un arbre, et transformant la côte en Ève, afin qu'il eût une compagne« semblable à lui », comme dit le texte.
La seconde partie du bas-relief représente lepéché originel. Le couple se trouve aux pieds de l'arbre de la connaissance du bien et du mal auxfruits défendus. Lediable a la forme d'une femme séduisante munie d'une longue queue de serpent. Il s'agit peut-être deLilith, personnage biblique absente de labible canonique, mais présente dans les écritsrabbiniques duTalmud deBabylone. D'après latradition juive, elle serait la première épouse d'Adam qui aurait quitté le paradis terrestre à la suite de son refus de se soumettre à ce dernier en adoptant la position inférieure lorsqu'ils faisaient l'amour. Elle refusa ensuite d'obéir àDieu qui lui intimait l'ordre de se soumettre à Adam. Chassée de la surface de la Terre, cette séductrice perverse finit par devenir diablesse et favorite deLucifer. Elle revint tenter le couple dont elle était jalouse, afin de précipiter leur malheur. Cette idée est toutefois remise en cause par le fait qu'il est très rarement fait mention de Lilith dans les sources chrétiennes contemporaines.
Enfin, la dernière scène de ce bas-relief représente l'expulsion des premiers hommes hors dujardin d'Éden. Il s'agit dumythe expliquant le passage de la Nature à la Culture (selonClaude Lévi-Strauss), l'Homme quittant là le statut animal. Dieu avait averti le serpent que la femme serait dorénavant sa pire ennemie et lui écraserait la tête. Le fait d'avoir précisément placé cette scène sous les pieds de la Vierge Marie, elle qui réhabilite totalement la femme et est nomméeNouvelle Ève, est hautement symbolique.
Ecclesia et Synagoga, façade principale de Notre-Dame de Paris. Les yeux de la Synagogue sont bandés par un serpent menaçant, « esprit du mal »[130].
Les troisportails sont bordés de quatre statues (une statue entre chaque portail). Aux deux côtés duportail du Jugement dernier, on peut reconnaître, à gauche l'Église et Synagogue à droite, les deux se répondant sur la façade ouest[131]. Viollet-le-Duc a pris soin de les dessiner lui-même auXIXe siècle.
Il s'agit d'une doubleallégorie fréquente dans l'art chrétien duMoyen Âge[131] où les deux femmes sont représentées, l'une et l'autre jeunes et belles.Ecclesia symbolise lechristianisme, etSynagoga lejudaïsme mais plus précisément son « aveuglement » spirituel, puisque, selon le point de vue chrétien, lepeuple juif n'a pas su reconnaître la divinité deJésus-Christ. Pour que son ignorance éclatât aux yeux de tous, l'artiste dresse la Synagogue vaincue en belle place près de l'Église triomphante, selon la doctrine dusupersessionnisme[132],[133],[Note 10].
L'Église catholique apparaît sous les traits d'une figure royale : la tête droite, coiffée d'une couronne haute ; elle tient dans une main lecalice et dans l'autre unehampecrucifère, tandis que la couronne royale de Synagoga, présentée tête nue inclinée, est tombée à ses pieds, lestables de la Loi sont sur le point de lui échapper des mains et qu'un serpent lui sert de bandeau, la gueule grande ouverte, prêt à mordre[134],[133]. Viollet-le-Duc écrit qu'elle est « aveuglée par l'esprit du mal »[130]. L'art reflétant les passions populaires, les artistes ont le dessein de rabaisser la Synagogue[132]. Le serpent sur ses yeux l'assimile audiable et sous-entend que l'« aveuglement » des Juifs est l'œuvre deSatan[135]. Cette sculpture apparaît ainsi comme unecaricature des autres Synagogues, statues des cathédrales deReims et deStrasbourg, qui lui sont nettement antérieures.
Galerie avec les 28 rois deJudée ayant précédé le Christ.Viollet-le-Duc représenté sous l'aspect d'un roi deJudée, à la huitième statue sur la gauche[Note 13].Têtes décapitées à la Révolution française des rois de Juda qui ornaient la façade de la cathédrale Notre-Dame de Paris (musée de Cluny).
Vingt-et-une têtes originelles ont été retrouvées en 1977, à l'occasion de travaux entrepris pour la rénovation de l'hôtel Moreau,rue de la Chaussée-d'Antin dans le9e arrondissement de Paris, où Jean-Baptiste Lakanal (frère deJoseph Lakanal) les avait sauvées de la destruction[137], et sont actuellement exposées aumusée national du Moyen Âge (musée de Cluny)[138]. Bien que mutilées par leur chute, elles ont conservé des traces depolychromie (du rose sur les pommettes, du rouge pour les lèvres, du noir pour les sourcils, etc.)[44].
Lors de la restauration de la galerie des rois en 1998–1999 sont apparues des inscriptions sur les bases de trois statues de rois :
statue d'Achab : « Pierre Émile Queyron, premier inspecteur de Notre-Dame portrait parJean-Louis Chenillion son ami - 1860 » ;
statue d'Éla : « Le visage de cette statue est le portrait de Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame en 1858 sculpté par Chenillon » ;
statue d'Amasias : « Antoine Lassus, architecte de Notre-Dame, mort en 1857 portrait par Jean-Louis Chenillion son ami - 1859 ».
Les statues de la galerie des rois ont été commencées une dizaine d'années après le début des restaurations de Lassus et Viollet-le-Duc par une équipe entourantAdolphe-Victor Geoffroy-Dechaume.
La galerie des Rois est surmontée d'une petite terrasse bordée d'une balustrade ajourée qui forme la galerie de la Vierge[139]. Une statue de laVierge est placée au centre, entourée de deux anges avec deschandeliers symbolisant d'un côté laFaute et de l'autre laRédemption. Elle fut commandée parViollet-le-Duc pour remplacer la statue originale de l'époque médiévale, sévèrement endommagée par les années et les conditions climatiques, et réalisée en 1854 parAdolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. Larosace ouest se trouvant derrière cette statue constitue une auréole idéale. Viollet-le-Duc plaça également des statues d'Adam etÈve (sculptées parJean-Louis Chenillion) devant lestrumeaux desbaies géminées de chaque côté de larosace. Il s'agit là, d'après la plupart des experts, de l'erreur principale de Viollet-le-Duc dans une restauration qui, sinon, peut être qualifiée de remarquable. Tout semble prouver qu'aucune statue n'ait existé à cet emplacement. Les statues d'Adam et Ève auraient en fait dû être placées dans lesniches de la façade intérieure du bras sud dutransept.
La construction de lanef commença en 1182, après la consécration duchœur. Certains pensent même que les travaux débutèrent dès 1175, avant la consécration[141]. Les travaux s'arrêtèrent après la quatrièmetravée laissant inachevée la nef tandis qu'on commença l'édification de la façade en 1208. L'édification de la nef fut reprise en 1218 afin de contrebuter la façade.
À la fin des années 1220, le quatrième architecte de Notre-Dame entreprit de modifier totalement le plan initial au niveau de la partie supérieure de l'édifice, alors que celui-ci était encore en cours de construction. L'obscurité de Notre-Dame, jugée trop importante dès le début de la construction, était devenue insupportable, surtout par comparaison avec la clarté dans laquelle baignaient les sanctuaires plus récents encore en construction. Une mise à niveau devenait indispensable si l'on désirait que la cathédrale restâtla référence et ne fût pas considérée comme archaïque. On procéda donc à d'importantes modifications. L'architecte entreprit alors l'allongement des baies vers le bas par suppression de l'ancien troisième niveau, celui desroses de l'ancien édifice donnant sur les combles des tribunes. On supprima dès lors ces combles au profit d'une terrasse coiffant ces tribunes et formée de grandes dalles.
Se posait alors le problème de l'évacuation des eaux de pluie qui risquaient de stagner à la suite de la suppression du toit incliné des tribunes. L'architecte dut de ce fait introduire un élément nouveau dans l'architecture, dont nous sommes aujourd'hui encore héritiers : recueillir les eaux de pluie sous la toiture par un système dechéneaux, et les évacuer de proche en proche par des conduits verticaux vers un système se terminant au niveau de longuesgargouilles destinées à les projeter au loin de l'édifice[a 4]. Cela constituait un système tout à fait nouveau de gestion des eaux de pluie au sommet des bâtiments.
En corollaire, toute une série d'autres modifications durent être effectuées au niveau supérieur de l'édifice (parties hautes du vaisseau principal) : reprise de la toiture et de la charpente, remontée des murs gouttereaux, création de chéneaux. Surtout on remplaça les arcs-boutants supérieurs à double volée par des grands arcs-boutants à simple volée lancés au-dessus des tribunes.
Face sud de la cathédrale : vue des grands arcs-boutants de la nef ainsi que du système d'évacuation des eaux de la grande toiture : conduites verticales, chaperons des arcs-boutants, sommets des culées et enfin longues gargouilles.
Ces grandsarcs-boutants sont remarquables et témoignent du génie de l'architecte de l'époque. Ils sont d'une seule longue volée, lancés au-dessus descollatéraux et leur tête soutient le haut desmurs gouttereaux de la cathédrale. Ces têtes s'appuient au droit de conduits verticaux destinés à évacuer l'eau deschéneaux de la toiture de lanef. L'extrados des arcs-boutants est creusé d'une gouttière qui traverse le sommet de laculée et se termine par une longuegargouille. Ces arcs-boutants n'étaient pas essentiellement destinés à contrebuter l'édifice, mais à régler le problème de l'évacuation des eaux de pluie, devenu fort important après la transformation de la toiture des tribunes en terrasse. C'est ce qui explique la faiblesse relative de ces arcs. Leur construction est incontestablement une prouesse, ce qui se manifeste par leur grande longueur, mais aussi par leur minceur. Leur rôle étant faible dans le soutien de lavoûte du vaisseau principal, l'architecte s'est permis d'être audacieux.
Il faut souligner que la grande portée de ces arcs-boutants est tout à fait exceptionnelle dans l'architecture gothique duMoyen Âge. En effet, dans les édifices de l'époque, bordés de doublesbas-côtés ou de doubles déambulatoires, les culées de ces énormes arcs-boutants devaient prendre un terrain considérable en dehors des églises. Or le terrain était chose à épargner dans les villes du Moyen Âge, dont la superficie était rendue inextensible par les murs qui enserraient les cités. Les arcs-boutants de la cathédrale de Paris, qui franchissent d'une seule volée les doubles bas-côtés de la nef comme le double déambulatoire du chœur, sont un exemple unique. Ordinairement, dans ce cas, les arcs-boutants sont à deux volées, c'est-à-dire qu'ils sont séparés par un point d'appui intermédiaire qui, en divisant la poussée, détruit une partie de son effet et permet ainsi de réduire l'épaisseur des contreforts extérieurs ou culées. C'est ainsi que sont construits les arcs-boutants de lacathédrale Notre-Dame de Chartres, ceux de lacathédrale Saint-Étienne de Bourges, ainsi que ceux du chœur de celle de lacathédrale Notre-Dame d'Amiens ; ces trois derniers édifices sont eux aussi dotés soit de doubles bas-côtés soit d'un doubledéambulatoire[142].
Façade sud.Portail Saint-Étienne.Vue de la façade sud, de sa rosace et du pignon qui la surmonte.
Commencé parJehan de Chelles en 1258, leportail Saint-Étienne également connu sous le nom de porte Saint-Marcel ou porte des Martyrs[143], fut terminé parPierre de Montreuil. Il se situe au niveau du bras sud dutransept. Letympan du portail Saint-Étienne est occupé par desbas-reliefs qui racontent la vie du premiermartyr chrétien,saint Étienne, selon lesActes des Apôtres. Divisé en trois registres horizontaux superposés, le décor du tympan se lit de bas en haut et de gauche à droite : saint Étienne prêchant lechristianisme et saint Étienne mené devant le juge au registre inférieur, lalapidation de saint Étienne et sa mise au tombeau au registre médian, et le Christ bénissant entouré de deux anges au registre supérieur. Letrumeau est occupé par une grande statue de saint Étienne, œuvre deAdolphe-Victor Geoffroy-Dechaume exécutée auXIXe siècle.
La triplevoussure de l'Intrados de la porte est sculptée de pas moins de vingt-et-un martyrs, auxquels des anges offrent des couronnes. On retrouve làsaint Denis sans tête,saint Vincent,saint Eustache,saint Maurice,saint Laurent avec son gril,saint Clément,saint Georges, et d'autres dont l'identité n'a pu être déterminée. De chaque côté du portail, trois statues d'apôtres, elles aussi modernes, destinées à remplacer celles fracassées par les vandales de la Révolution. Au-dessus du portail, se trouve ungable ajouré surmonté de larosace sud de la cathédrale offerte parSaint Louis. Comme celle du nord, la rosace sud voit son diamètre atteindre 13 m, et, si l'on y ajoute laclaire-voie sous-jacente, la hauteur totale de la verrière atteint presque19 mètres.
Au dernier étage de la façade, unpignon s'élève au-dessus de la rosace. C'est un des plus beaux exemples des pignons construits à l'époque (1257). Il est lui-même percé d'une rose ajourée, qui éclaire le comble dutransept. Sur l'archivolte de la rosace est posé unentablement portant unebalustrade, derrière laquelle court unegalerie. Ceci permet le passage depuis les galeries supérieures de l'est de la cathédrale vers celles de l'ouest, galeries qui longent les toitures. Le pignon proprement dit s'élève de ce fait un peu en retrait par rapport à la rosace, et son épaisseur est de70 centimètres. Il est allégé par la rose qui éclaire le comble et par desécoinçons. Deux grandspyramidions le flanquent formant les parties supérieures descontreforts qui contrebutent la rosace. Trois statues décorent le sommet et les deux angles inférieurs du pignon. Celle du sommet représente le Christ apparaissant en songe àsaint Martin, revêtu de la moitié du manteau donné par ce dernier au pauvre de la légende. Les deux autres statues situées à gauche et à droite de la base du pignon, représentent saint Martin et saint Étienne. Le tout donne une impression de grande harmonie. La rose du comble est d'une proportion parfaitement en rapport avec la grande rosace dutransept. D'après Viollet-le-Duc, la grande beauté de cette construction ne fut pas surpassée ailleurs dans l'architecture gothique[144].
La face nord de la tour nord et ses trois contreforts. Celui du centre, le plus faible des trois, soutient en fait un escalier à vis éclairé de rares meurtrières. La seule grande ouverture dans cette muraille est une longue baie perpétuellement plongée dans la pénombre.Les grands arcs-boutants avec leurs culées massives et leurs longues gargouilles.
Le portail du cloître se situe au niveau du bras nord du transept, et a été construit vers 1250 par l'architecteJehan de Chelles[145]. La construction de la façade nord est en effet un peu antérieure à celle de la façade sud.
Façade du croisillon nord du transept avec la rosace.
La façade nord en 2010.
Presque toujours dépourvue d'ensoleillement et située dans une rue animée, cette façade nord a moins de succès auprès des visiteurs que celle du sud. Un peu moins décorée, elle est divisée en trois étages, en léger retrait les uns par rapport aux autres. Le niveau inférieur est celui du portail surmonté de son grandgable. Le niveau moyen est constitué d'une gigantesque verrière comprenant la granderosace, duXIIIe siècle, surmontant une claire-voie. Enfin l'étage supérieur est celui dupignon triangulaire masquant l'extrémité des combles du bras nord du transept.
Autrumeau du portail, une statue de la Vierge sans enfant. Cette statue a pu échapper à la destruction en 1793, mais l'enfant Jésus qu'elle portait a été brisé. On dit que c'est l'épouse deLouis IX,Marguerite de Provence, qui aurait servi de modèle au sculpteur. Les six grandes statues des piédroits détruites à la Révolution française n'ont pas été reconstituées auXIXe siècle, lors de la grande restauration menée parEugène Viollet-le-Duc. La partie inférieure dutympan, lelinteau, représente des scènes de l'enfance deJésus-Christ. Ces sculptures sont parmi les plus belles œuvres sculptées sur ce thème. Elles montrent le rôle de Marie dès l'enfance de Jésus. Les quatre scènes représentées sont la naissance de Jésus dans une humblecrèche, l'offrande autemple de Jérusalem après la naissance de Jésus, la persécution des enfants par le roi de JudéeHérode et lafuite en Égypte de Joseph et Marie pour protéger l'Enfant.
La partie supérieure du tympan présente le très populaireMiracle de Théophile, un des« Miracles de la Vierge » (voirMiracles de Nostre Dame) dont leMoyen Âge tardif était friand. Il s'agit d'une histoire« faustienne » du Moyen Âge[Note 19].Théophile d'Adana, clerc de l'évêque d'Adana enAsie Mineure, était jaloux de ce dernier. Pour le supplanter, il vend son âme audiable. Lepacte est consigné sur un parchemin que ce dernier emporte. Avec l'aide du diable, Théophile parvient à humilier son évêque. Mais il se repent et, ne sachant comment sortir de la situation où il s'est mis, il implore la Vierge. Celle-ci menace le diable et le force ainsi à remettre le parchemin. Il s'agirait de la source d'inspiration de la légende deFaust.
La façade ducroisillon nord présente les mêmes éléments architecturaux que celle du croisillon sud : un beaugable surmonte leportail, et une galerie de vitraux ou claire-voie occupe l'espace entre l'étage du portail et celui de larosace. Celle-ci, grand chef-d'œuvre de l'architecture religieusegothique, mesure plus de 13 m de diamètre, comme la granderosace sud. Le tout est surmonté d'unpignon richement décoré et analogue à celui du sud, sans être identique. Il est percé d'une rose éclairant lescombles dutransept nord, ainsi que de troisoculi. À sa base, de chaque côté, s'élève un grandpinacle peu sculpté (contrairement auxvoussures) ayant la forme d'un élégant clocheton, surmontant chacun un des deux puissantscontreforts encadrant la façade[48].
La façade nord de Notre-Dame, largement privée de soleil et ne bénéficiant pas de la proximité de laSeine, n'a pas la même popularité que la façade sud souvent baignée de lumière. Formant la bordure sud de larue du Cloître-Notre-Dame, elle gagne cependant à être admirée. On y retrouve un visage moins connu de Notre-Dame. Les gigantesquesarcs-boutants, dotés de longuesgargouilles grimaçantes et appuyés sur de massivesculées, montrent clairement que la cathédrale est aussi une lourde et impressionnante construction de pierre. C'est au niveau de la face nord de la tour nord (16 mètres de largeur à la base) que cet aspect apparaît le plus nettement. La partie inférieure de la tour, haute de plus de30 mètres, avec ses trois contreforts massifs, presque sans décorations ni ornements, avec ses blocs de pierre taillés avec rigueur et continuellement à l'ombre, donne même à l'édifice un aspect quelque peu écrasant.
Vers 1270, le maître d'œuvrePierre de Montreuil construisit une petite porte sanstrumeau, appelée« portail rouge » en raison de la couleur de sesvantaux. Commandée parLouis IX, cette porte était réservée auxchanoines duchapitre, afin de faciliter leur circulation entre Notre-Dame et l'« enclos canonial »,quartier de l'île de la Cité réservé aux demeures des chanoines et situé au nord-est de la cathédrale, entre le fleuve et cette dernière. Eux seuls l'empruntent pour se rendre directement aux offices[146].
Encadrée par deux ensembles de guirlandes de feuillages et de fleurs d'églantier[147], l'uniquevoussure entourant le tympan représente six scènes de la vie desaint Marcel,évêque de Paris : l'exorcisme d'un juif, le baptême par immersion du juif, la messe avec un criminel bientôt repenti[Note 22], l'instruction des clercs de son église, la victoire sur le dragon à l'aide de son bâton épiscopal qu'il plante dans la gueule du monstre anthropophage[Note 23], lerecouvrement de la parole à l'évêque Prudence[148].
La porte rouge s'ouvre dans la cathédrale tout près duchœur, par une des chapelles latérales nord du chœur.
Vue du chevet de la cathédrale et de ses trois niveaux de fenêtres, en 2014. Les fenêtres des chapelles rayonnantes comme celles des tribunes sont surmontées d'ungable. Il en va de même de la partie inférieure des culées des grands arcs-boutants. Unefrise debillettes court sous la balustrade supérieure.Datant du début duXIVe siècle, les grands arcs-boutants du chevet de Notre-Dame furent lancés parJean Ravy et ont une portée de 15 m.
Lechevet est constitué par un demi-cercle situé dans la partie la plus à l'est de la cathédrale. Il correspond à l'abside de l'intérieur de l'édifice, entourée du rond-point dudéambulatoire et deschapelles absidiales. Le chevet est la partie la plus ancienne du sanctuaire. Il fut bâti durant la première phase de construction, de 1163 à 1180. Une série d'admirables grandsarcs-boutants dotés d'élégantspinacles soutient son mur supérieur arrondi.
On ne sait pas si des arcs-boutants soutenaient dès le début le chevet et le chœur. Le fait est qu'on n'en trouve actuellement nulle trace. AuXIXe siècle, Viollet-le-Duc n'en fit pas mention non plus, et aucune source antérieure ne nous aide[a 5]. L'opinion la plus généralement admise est donc qu'il n'en existait pas, tout comme les actuels bras dutransept n'ont jamais été soutenus par des arcs-boutants. Les diverscontreforts suffisent à soutenir l'ensemble. Les premiers arcs-boutants auraient dès lors été construits peu avant 1230, par le quatrième architecte de la cathédrale, et ce chronologiquement peu avant ceux de la nef. Comme pour la nef, leur fonction de soutien de l'édifice aurait été mineure au regard de leur rôle dans l'évacuation des eaux de pluie (voir le paragraphe concernant les arcs-boutants de lanef).
Les bandes de ces pentures ont une largeur de16 à 18 centimètres, sur une épaisseur de2 centimètres environ. Elles sont composées de plusieurs bandes réunies et soudées de distance en distance au moyen d'embrasses (figure 2). Celles-ci non seulement ajoutent une grande résistance à l'ensemble, mais permettent de recouvrir les soudures des branches recourbées.
Figure 1 - L'artiste forge séparément chacune des brindilles pour les rassembler par après[155].
Figure 2 - Les cinq pièces principales de la penture inférieure de la porte Sainte-Anne[156].
Dans son testament,Maurice de Sully laisse la somme de cinq milledeniers pour le toit de la cathédrale, qui n'était recouvert que de matériaux temporaires jusqu'à sa mort en 1196[158]. Le toit est recouvert de 1 326 tuiles de plomb de5 millimètres d'épaisseur. Chacune a dixpieds-du-roi de long sur trois de large (1 pied-du-roi =32,484 centimètres et une toise = 6 pieds-du-roi). Le poids total en est évalué à210 tonnes[159].
Avec l'architecture gothique, la construction desogives nécessite des toitures à forte pente. Celles de Notre-Dame de Paris sont de55 °. Au moment de l'édification de lacharpente, les gros troncs se font rares étant donné les défrichements de l'époque. Les charpentiers utilisent ainsi des bois à section plus réduite et donc plus légers, ce qui permet l'élévation des charpentes et l'accentuation de leurpente. Dans le chœur construit en premier, il existe une charpente antérieure avec des bois abattus vers 1160–1170. Cette première charpente a disparu, mais certaines de sespoutres sont réutilisées dans la seconde charpente, mise en place en 1220. À cette date, il est en effet procédé au rehaussement du mur gouttereau de2,70 mètres dans le chœur, afin de le porter au même niveau que celui de la nef. Les fenêtres hautes ont également été agrandies.
Construite totalement en bois dechêne, la charpente est du style de l'époque de la construction de la cathédrale du premier tiers duXIIIe siècle (l'année 1220 est généralement retenue)[Note 24]. Elle est familièrement appelée la« forêt de Notre-Dame ». Ses dimensions sont de120 mètres de longueur,13 mètres de largeur dans la nef,40 mètres de longueur dans le transept et10 mètres de hauteur. Au total, la charpente de bois a été constituée de 1 300 chênes[4], ce qui représente plus de21 hectares de forêt[161].
À partir de 1843, les architectesJean-Baptiste Antoine Lassus puisEugène Viollet-le-Duc[162] reprennent la toiture, qui n'avait plus été entretenue depuisLouis XVI. D'une part, ils consolident et restructurent la charpente[Note 25]. D'autre part, ils renouvellent complètement les techniques des toitures enplomb, en utilisant destasseaux àchanfreins très inclinés supportant les plaques de plomb maintenues par des agrafes sur un plancher desapin (ditvoligeage) porté par la charpente. Pour permettre une meilleure étanchéité, ils font souder les plombs à la chaleur[163].
La charpente est complètement détruite par l'incendie de 2019 alors qu'elle n'avait pas connu d'incendie majeur jusque-là[164].
Gargouilles du sommet d'un arc-boutant du chœur, côté nord.
Lesgargouilles ont été mises en place à l'extrémité desgouttières pour évacuer l'eau de pluie de la toiture et ne désignent que les extrémités des conduits d'écoulement des eaux[165]. Comme elles dépassent dans le vide, les masses d'eau parfois impressionnantes des averses sont rejetées loin des murs de la cathédrale[165] qui ainsi ne s'abîment pas. Elles ont souvent la forme d'animauxfantastiques, voire effrayants. Elles datent duMoyen Âge[165]. Des gargouilles se trouvent notamment au niveau des grandsarcs-boutants du chœur. Le système d'écoulement des eaux du toit de l'abside se termine par une canalisation sur le sommet des arcs-boutants puis par de longues gargouilles.
Leschimères sont ces statues fantastiques situées en haut de l'édifice, au sommet de la façade : la Galerie des chimères[166]. Tous les angles de cettebalustrade servent de support ou de perchoir à des démons, des monstres et des oiseaux fantastiques. Ces éléments n'existaient pas auMoyen Âge et ont été ajoutés parViollet-le-Duc dans unstyle néogothique auXIXe siècle.
La flèche de Notre-Dame en 2006. Faite d'environ 500 t debois et 250 t deplomb[167], elle culmine à 96 m.La base de la flèche de Notre-Dame est entourée de quatre groupes de statues de trois apôtres chacun, œuvres du sculpteurAdolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. Ce groupe-ci, situé au nord-est, est composé desaint Luc, précédé de son taureau symbolique et suivi de deux apôtres.Saint Thomas représenté sous les traits d'Eugène Viollet-le-Duc.
La premièreflèche fut construite au-dessus de lacroisée du transept au milieu duXIIIe siècle, vers 1250[168],[169],[170]. Des constructions aussi hautes souffrent du vent qui plie et affaiblit leurs structures : la flèche fut lentement déformée et les solives se faussèrent. Afin d'éviter tout risque d'effondrement, elle fut démontée entre 1786 et 1792[171], après plus de cinq siècles d'existence.
La flèche était gardée par les statues desDouze Apôtres et des quatreévangélistes, réalisées en cuivre repoussé. Lors de l'incendie de 2019, les statues n'étaient plus en place car elles avaient été déposées quelques jours auparavant, pour des travaux derestauration.
Cette seconde flèche brûle et s'effondre lors de l'incendie du, excepté le coq et ses reliques qui ont été récupérés en dehors de la zone de l'incendie.
Nef en 2025.Nef vue d'ouest en est.Vue des trois premières colonnes bordant la nef au sud (droite). La troisième (à droite sur la photo) est parfaitement cylindrique, la seconde (au centre) comporte une colonne engagée, la première (à gauche) en comporte quatre et répond de ce fait au modèle de lacathédrale Notre-Dame de Chartres.Nef et orgue.Clé de voute centrale, 2024.
Lanef se compose d'une sorte d'« avant-nef » ounarthex de deuxtravées situées sous et entre les tours, suivies de huit autres travées. Levaisseau central d'une largeur de12 mètres entre les axes des colonnes est bordé de deuxcollatéraux àvoûtes quadripartites tant au nord qu'au sud, soit un total de cinq vaisseaux pour seulement trois portails, ce qui est exceptionnel. Deux rangées de septchapelles latérales, construites entre lesarcs-boutants du vaisseau s'ouvrent, de la quatrième à la dixième travée, sur les collatéraux extérieurs. L'élévation est à trois niveaux. Le premier est constitué des grandesarcades ouvrant sur les collatéraux intérieurs. Le second correspond à une tribune àclaire-voie ouvrant sur la nef par des baies composées de trois arcades, lesquelles reposent sur de finescolonnettes. Au-dessus de ces arcades, lesremplages de ces baies sont pleins. Les tribunes sont garnies de petitesroses. Enfin, le troisième niveau est celui des fenêtres hautes qui comportent deuxlancettes surmontées d'unoculus.
Les14 chapelles latérales sont éclairées par des fenêtres à quatre lancettes, groupées par deux et surmontées de trois oculipolylobés. D'une part, la tribune étant profonde et lesvitraux de sa claire-voie très sombres, et d'autre part, les fenêtres des chapelles collatérales étant fort éloignées du vaisseau central, l'éclairage de la nef repose essentiellement sur les fenêtres hautes et est de ce fait assez faible. La nef présente plusieurs irrégularités. La première travée est plus étroite que les autres ; il en résulte que la tribune n'y a que deux arcades tandis que la fenêtre haute est unebaie simple. De plus elle ne possède pas de chapelle latérale. La dernière travée a une élévation à quatre niveaux, due à Viollet-le-Duc : la fenêtre haute est plus courte, et dans l'espace ainsi formé entre fenêtre haute et niveau des tribunes, on a introduit unoculus dentelé en forme de roue. Une telle structure est analogue à celle dutransept voisin. Le chœur, situé plein Est, est très légèrement désaxé sur la gauche par rapport à la nef centrale, ce qui symbolise selon latradition la tête affaissée du Christ sur la croix[4].
La lapidation deSaint Étienne, œuvre deCharles Le Brun orne la première chapelle droite de la nef. C'est le may de 1651.Le prophète Agabus prédisant à saint Paul ses souffrances à Jérusalem, peinture de Louis Chéron (1660–1713) - Cinquième chapelle latérale nord de la nef.
On appelleMays[174] à Notre-Dame une série de 76 tableaux offerts à la cathédrale par la confrérie des Orfèvres, presque chaque année à la date dupremier mai (d'où leur nom), en hommage à la Vierge Marie, et ce de 1630 à 1707. Les orfèvres avaient de longue date leur propre chapelle au sein du sanctuaire. En 1449, fut instituée par la confrérie des Orfèvres de Paris la tradition de l'Offrande du May à Notre-Dame de Paris. Cette tradition prit différentes formes au fil du temps. AuXVe siècle, il s'agissait d'un arbre, décoré de rubans que l'on dressait devant lemaître-autel en signe depiété mariale. Puis la tradition évolua vers le don d'une espèce detabernacle auquel étaient accrochés des poèmes. À partir de 1533, on accrocha aussi des petits tableaux se rapportant à la vie de la Vierge. On les appelle « les petits mays ». En 1630 enfin, en accord avec lechapitre de religieux, les petits mays furent remplacés par les grands mays. C'étaient de grands tableaux d'environ 3,5 sur 2,5 m de dimension.
Ces Mays étaient commandés à des peintres d'Histoire de renom, qui devaient soumettre leurs esquisses auxchanoines de la cathédrale. Parmi eux, on compte notammentAubin Vouet,Jacques Blanchard,Laurent de La Hyre,Sébastien Bourdon,Charles Le Brun,Eustache Le Sueur ou encoreNoël Coypel. Après la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture, en 1648, les artistes choisis étaient tous membres ou proches de cette dernière. Ces commandes devinrent rapidement une forme de concours de peinture religieuse. Leur sujet était généralement pris dans lesActes des Apôtres, commeLa Prédication de saint Paul à Éphèse d'Eustache Le Sueur en 1649[175]. Après les avoir exposés sur le parvis, on les accrochait au niveau des arcades de la nef ou du chœur (ceux peints sousLouis XIII etAnne d'Autriche sur la partie haute des murs de latravée, ceux sousLouis XIV dans la nef ; les moins importants sont installés dans les chapelles[176]). Pour les peintres, c'était une grande promotion de voir ainsi exposée l'une de leurs œuvres, témoignage de leur savoir-faire. Cela leur permettait également de recevoir de nouvelles commandes[177].
Ayant une visée didactique à destination des fidèles, les mays s'ancrent dans le contexte de la reconquête des âmes de laContre-Réforme catholique[176].
Les Mays furent dispersés à la Révolution française et beaucoup disparurent. Récupérés ensuite, ils embarrassèrent auXIXe siècle le restaurateurViollet-le-Duc qui, orienté vers la pureté de l'artgothique, n'avait que faire de cette encombrante décorationbaroque ouclassique. Certains sont entreposés aumusée du Louvre, d'autres dans quelques églises ou dans divers musées français (notamment lemusée des Beaux-Arts d'Arras, qui en conserve quatorze, lemusée des Beaux-Arts de Rouen, ou encore lemusée des Augustins de Toulouse). Un se trouve enAngleterre. Il en reste une cinquantaine actuellement. Deux furent détruits en 1870 et en 1944. D'autres ont été retrouvés (par exemple le may de 1680 en 2007 et le may de 1698 en 2021). Les plus importants furent récupérés par la cathédrale et ornent aujourd'hui les chapelles latérales de la nef de Notre-Dame. En 2019, treize y étaient accrochés ; retirés puis examinés après l'incendie survenu en avril, ils n'ont pas été gravement endommagés[176].
Le martyre de saint Barthélemy, de Lubin BauginAperçu des peintures murales rénovées de la cathédrale.
Depuis la réouverture de la cathédrale en 2024, les chapelles latérales nord sont consacrées à des saints. On trouve d'ouest en est, de la façade vers le chœur :
la chapelle desaint Paul Chen, décapité en Chine en 1861 et considéré commemartyr :L'Œuvre de la Sainte-Enfance, groupe sculpté deVictor Geoffroy-Dechaume (vers 1864) ; tableaux deYin Xin (2017) et reliques consacrés à Paul Chen ;
la chapelle desaint Denys, premier évêque de Paris :Le Martyre de saint Barthélémy, tableau deLubin Baugin (1650) ;Saint Denys prêchant la Foi, statue deNicolas Coustou (1722) ;Le Crucifiement de saint Pierre, tableau deSébastien Bourdon etmay de 1643 ;
la chapelle desainte Geneviève, patronne de Paris :La Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste et sainte Geneviève de Lubin Baugin ; statue de sainte Geneviève par Victor Geoffroy-Dechaume (1865) ;Le centurion Corneille aux pieds de saint Pierre, tableau d'Aubin Vouet etmay de 1639 ;
la chapelle desaint Vincent de Paul :Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés, tableau deCarle van Loo (1743) ; statue de saint Vincent de Paul par Victor Geoffroy-Dechaume (vers 1864) ;Saint Pierre guérissant les malades de son ombre, tableau deLaurent de La Hyre etmay de 1635 ;
la chapelle desaint Joseph, époux de Marie (réservée aux confessions) :Saint Joseph et l'enfant Jésus, groupe sculpté par Victor Geoffroy-Dechaume (1865).
La première chapelle (travée 4) est l'ancienne chapelle des orfèvres. Depuis 1964, elle leur a été restituée. On y trouve le may de 1651 :La lapidation deSaint Étienne parCharles Le Brun. La deuxième chapelle héberge leMartyre desaint André également deCharles Le Brun. C'est le may de 1647. On y voit également lemartyre desaint Barthélémy œuvre deLubin Baugin peintre duXVIIe siècle.
La troisième chapelle contient le may de 1643,Crucifiement deSaint Pierre œuvre deSébastien Bourdon[178], lequel profite de cette commande exceptionnelle pour se lancer dans une composition audacieuse (complexité des lignes de force par un réseau de diagonales, créant une dynamique baroque inédite dans l'œuvre de l'artiste)[179]. La quatrième chapelle contientPrédication de Saint Pierre à Jérusalem (may de 1642), peinture deCharles Poerson. La cinquième chapelle contientLe centurionCorneille aux pieds de Saint Pierre, may de 1639, œuvre d'Aubin Vouet.
La sixième chapelle contient le may de 1637,La conversion deSaint Paul parLaurent de La Hyre. On y admire également uneNativité de la Vierge desFrères Le Nain. La septième chapelle contient le may de 1635,Saint Pierre guérissant les malades de son ombre parLaurent de La Hyre également.
Depuis la réouverture de la cathédrale en 2024, les chapelles latérales nord sont consacrées à des grands personnages masculins de l'Ancien Testament, mettant presque systématiquement en regard un tableau duxviie siècle à gauche, une sculpture ou un objet d'art duxixe siècle au fond et une tapisserie duxxe siècle à droite. On trouve ainsi d'ouest en est, de la façade vers le chœur :
la chapelle deNoé :La Naissance de la Vierge deLouis Le Nain etMathieu Le Nain (vers 1640) ; fonts baptismaux du bronzier Louis Bachelet d'aprèsViollet-le-Duc (1860) ;Polynésie, le Ciel etPolynésie, La Mer, tapisseries d'après une peinture deHenri Matisse ;
la chapelle deMoïse :Saint Paul rend aveugle le faux prophète deNicolas Loir (may de 1650) ; autel d'après Viollet-le-Duc (années 1860) ;Composition 1982, tapisserie d'après une peinture deZao Wou-ki (1982) ;
la chapelle d'Isaïe :La Flagellation de saint Paul et de saint Silas deLouis Testelin (may de 1655) ; statue desaint Landry de Geoffroy-Dechaume (1865) et autel d'après Viollet-le-Duc (années 1860) ;Suaireno 2, tapisserie d'après une peinture deMario Prassinos (1990) ;
la chapelle deDavid :Les Fils de Sceva battus par le démon deMathieu Elias (1702) ; confessional et autel d'après Viollet-le-Duc (années 1860) ;Laudes, tapisserie d'après uncarton deDom Robert (1981) ;
la chapelle deSalomon :Les Prédictions du prophète Agabus à saint Paul deLouis Chéron (may de 1687) ; statue desaint Charles Borromée par Geoffroy-Dechaume (vers 1867) et autel d'après Viollet-le-Duc (années 1860) ;Composition à l'oiseau, tapisserie d'après une peinture deGeorges Braque (1972) ;
la chapelle d'Élie, réservée à la prière : groupe sculpté représentant sainte Anne et la sainte Vierge (Geoffroy-Dechaume, 1864) et autel d'après Viollet-le-Duc (1864).
Les chapelles latérales nord avant l'incendie de 2019
la deuxième chapelle : on peut y voirSaint Paul rend aveugle le faux prophète Barjesu, may de 1650 œuvre deNicolas Loir ;
la troisième chapelle ou chapelle de la Sainte-Enfance (ou Enfance Missionnaire), contient le reliquaire desaint Paul Tchen, martyr. Ce dernier, séminariste chinois au grand séminaire de Tsingay, enChine, fut décapité pour sa foi en juillet 1861, avec trois autres chrétiens chinois. Ces quatre martyrs furent béatifiés en 1909 par le papePie X et canonisés parJean-Paul II le. La chapelle abrite aussi le may de 1655 représentantLa flagellation de saint Paul et de saint Silas deLouis Testelin ;
sixième chapelle : may de 1702,Les fils de Scéva battus par le démon parMathieu Elias. Les fils de Scéva étaient deuxexorcistesjuifs[Note 13]. On peut y voir aussiLe martyre de sainte Catherine peinture du peintre-graveurJoseph-Marie Vien, daté de 1752 ;
enfin la septième chapelle contient la pierre tombale du chanoine Étienne Yvert.
Lechœur de la cathédrale est entouré d'un doubledéambulatoire. Il se compose de cinqtravées rectangulaires ou droites surmontées de deuxvoûtes sexpartites. L'abside est à cinq pans, correspondant à cinqchapelles rayonnantes. L'élévation de la première travée est semblable à celle dutransept, c'est-à-dire comporte quatre niveaux : une petiterosace est intercalée entre le niveau des tribunes et celui des fenêtres hautes. Par contre, les autres travées y compris celles de l'abside, ont une élévation à trois niveaux, semblable à celle de lanef (grandes arcades, tribune et fenêtres hautes). Tout autour du chœur, la tribune est éclairée par des baies à deux lancettes, structure que l'on retrouve au niveau des fenêtres hautes. Les deux lancettes de ces dernières sont surmontées d'un grandoculus.
Le chœur de la Notre-Dame a été profondément remanié au début duXVIIIe siècle, lorsqueRobert de Cotte implanta levœu de Louis XIII suivant la décision deLouis XIV. Les travaux se déroulèrent de 1708 à 1725 et se terminèrent donc bien après la mort deLouis XIV. La cathédrale subit alors quelques pertes irréparables : le cardinalLouis-Antoine de Noailles (archevêque de Paris) fait détruire leJubé duXIIIe siècle[181],[182] et le fait remplacer par une lourde décoration que la révolution de 1789 détruira. Une bonne partie de la clôture du chœur, chef-d'œuvre duXIVe siècle est démolie, de même que d'anciens tombeaux, desstalles et lemaître-autel. Les murs sont badigeonnés (pour la première fois) et en 1726 le cardinal de Noailles fait refaire« toute la couverture en plomb (poids total du plomb : 220240 livres), quelques parties de la grande charpente, plusieurs arcs-boutans, les galeries, terrasses, et reconstruire la grande voûte de la croisée qui menaçait ruine »[181].
Pour satisfaire au nouveau rite catholique défini auconcile Vatican II, le chœur a été quelque peu agrandi, il occupe désormais également la moitié orientale de lacroisée du transept. L'autel deTouret, commandé en 1989 par l'archevêqueJean-Marie Lustigerl[183] est endommagé à la suite de la chute des gravats et de la flèche lors de l'incendie de 2019. Il est remplacé par un autel en bronze qui a la forme d'un bol, imaginé par le designerGuillaume Bardet[184].
Lapietà deNicolas Coustou est placée derrière l'autel. De part et d'autre de celui-ci se trouvent les statues des deux rois,Louis XIII parGuillaume Coustou etLouis XIV sculpté parAntoine Coysevox. Une série de six statues d'ange en bronze entourent l'ensemble et portent chacun un instrument de laPassion du Christ : une couronne d'épines, les clous de la crucifixion, l'éponge imbibée de vinaigre, l'inscription qui surmontait la croix, le roseau avec lequel le Christ fut fouetté et la lance lui ayant transpercé le cœur. Depuis les années 1990, la pietà est surmontée de l'ensembleCroix et Gloire réalisé parMarc Couturier. LaCroix est une structure sculptée en bois recouverte à la feuille d'or. LaGloire, objet-halo au-dessus de laCroix, d'une constitution analogue, suggère une forme de poisson, symbole chrétien[185]. L'œuvre survit à l'incendie du[186].
Lesstalles en bois sculpté sont installées des deux côtés du chœur. Il y en avait 114. Il en reste 78, dont52 hautes et26 basses. Elles ont été réalisées au début duXVIIIe siècle par Jean Noël et Louis Marteau d'après les plans deRené Charpentier etJean Dugoulon. Les hauts dossiers des stalles sont ornés debas-reliefs et séparés par destrumeaux décorés derinceaux et des instruments de la Passion. De chaque côté, les stalles se terminent par une stalle archiépiscopale, surmontée d'unbaldaquin avec des groupes d'anges sculptés par Dugoulon. L'une de ces deux stalles est réservée à l'archevêque, l'autre étant destinée à un hôte important. Le bas-relief de la stalle de droite représente le martyre desaint Denis, celui de gauche la guérison deChildebert Ier parsaint Germain, évêque de Paris.
Clôture méridionale du chœur, en polychromie : Jésus apparaît aux Saintes Femmes (règne dePhilippe IV le Bel — début duXIVe siècle).Clôture méridionale du chœur : Jésus apparaît aux apôtres et à Thomas.
Avant les transformations effectuées parRobert de Cotte pour l'installation du vœu de Louis XIII, lechœur était clos par une muraille àsoubassementhistorié, qui, commençant à l'est, c'est-à-dire au sommet de l'abside, se poursuivait vers le nord, et, arrivée à la rencontre dutransept, continuait vers le sud, se relevant sur unjubé qui clôturait la partie occidentale du chœur et redescendant de l'autre côté, à l'angle ducroisillon méridional, pour achever de ceinturer la totalité du chœur en remontant jusqu'à l'est. Cette œuvre fut mutilée par l'amputation de sa partie orientale d'abord, pour installer des colonnes classiques enmarbre pour masquer les colonnes et ogives d'origine, témoins de l'artgothique duMoyen Âge, qualifié alors d'« art médiocre » ou« art barbare ». C'est ensuite sa partie occidentale qui disparut lorsque l'on détruisit le jubé. Elle ne subsiste donc plus qu'a titre de clôture latérale adossée auxstalles deschanoines.
En partant de la droite du chœur, on rencontre d'abord, latéralement à droite, lasacristie des messes dont le fond correspond au bras occidental ducloître du Chapitre de religieux (voir plus loin le paragraphe concernant le Trésor de la cathédrale et la Sacristie du Chapitre). La chapelle suivante contient le tombeau deDenys Affre qui fut tué en 1848, à l'entrée de larue du Faubourg-Saint-Antoine (voir la plaque au1er étage). Il voulait calmer les émeutiers qui avaient dressé des barricades dans le faubourg car l'armée avait amené des canons sur laplace de la Bastille pour tirer sur lesbarricades. Le généralJacques-Marie Cavaignac de Baragne voulut dissuader l'archevêque d'y aller, mais Denys Affre voulait parlementer pour éviter que l'armée ne tirât. Il fut applaudi sur la première barricade mais lorsqu'il arriva à la seconde, il reçut un coup de feu dans le dos, dans les reins. Il mourut deux jours après.
La chapelle Saint-Guillaume est la première des cinq chapelles rayonnantes de l'abside de la cathédrale. On y trouve le mausolée du lieutenant-généralHenri Claude d'Harcourt parJean-Baptiste Pigalle. Le thème de cette composition (« la réunion conjugale ») était défini dans le contrat passé entre le sculpteur et la comtesse le[187]. On y trouve le monument deJean Jouvenel des Ursins et de son épouse Michelle de Vitry (XVe siècle). LaVisitation de la Vierge deJean Jouvenet, datée de 1716 présente dans la chapelle a été placée depuis la réouverture de la cathédrale en 2024 dans le narthex.
Dans la chapelle suivante, chapelle Saint-Georges ornée d'une fresque desaint Georges terrassant le dragon deLouis Steinheil (1870)[188], se trouvent le tombeau de Georges Darboy (fusillé en 1871, avec trente autres prêtres pris en otage par lesCommunards), œuvre deJean-Marie Bonnassieux, ainsi qu'une statue de saintGeorges de Lydda. De 1379 à la Révolution française, cette chapelle fut celle des cordonniers.
Enfin la dernière des chapelles absidiales ou chapelle Saint-Louis abrite le tombeau du cardinalLouis-Antoine de Noailles sculpté par Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume.
Les dernières chapelles entourant le chœur sont les chapelles latérales nord : dans la chapelle Saint-Germain, on peut voir le tombeau d'Antoine-Éléonor-Léon Leclerc de Juigné (mort en 1809), exécuté d'après les plans deViollet-le-Duc.
Transept nord.La croisée du transept et le départ du croisillon sud. Au centre de la photo, contre le pilier sud-est de la croisée : la statue de laVierge à l'Enfant duXIVe siècle diteNotre-Dame de Paris, provenant de lachapelle Saint-Aignan hors de la cathédrale. À l'arrière-plan : le chœur avec les stalles et la partie sud de la clôture du chœur. À gauche, contre le pilier, le mémorial au million de morts britanniques de la Première Guerre mondiale.
Letransept est plus large que lanef (plus ou moins14 mètres contre 12 pour la nef). Il n'a pas debas-côtés, la stabilité de l'ensemble étant assurée par lescontreforts extérieurs.
Le transept comprend lacroisée du transept[Note 26] et deux croisillons de troistravées. Les deux travées les plus proches de la croisée du transept sont couvertes d'unevoûte sexpartite, la troisième d'une voûte quadripartite. Dans les deux premières travées, l'élévation est à quatre niveaux, et non pas trois comme la nef. Les grandes arcades s'ouvrent sur les bas-côtés de la nef. Le deuxième niveau est toujours constitué des tribunes. Ce qui change est l'adjonction d'un troisième étage formé d'oculi semblables à des roues. Le quatrième niveau enfin est celui des fenêtres hautes. Celles-ci sont plus petites que celles de la nef, puisque l'adjonction des oculi les a amputés de la hauteur correspondante. Au total, le sommet de la voûte atteint la même hauteur que celui de la nef ou duchœur.
Le mur de la troisième travée est plein au niveau des grandes arcades. Il est ensuite surmonté de deux niveaux d'arcatures décoratives aveugles dans lecroisillon sud, mais d'un niveau seulement dans le croisillon nord.
Monument aux morts britanniques.
La partie orientale de la croisée du transept est occupée par le nouveaumaître-autel de la cathédrale (voir le paragraphe concernant le chœur de la cathédrale).
L'Adam de Notre-Dame est l'un des plus beaux nus du Moyen Âge. Sculpté en pierre vers 1260, comme le jubé dont il occupait l'angle sud-est, il fut transféré dans le bras sud du transept. Aujourd'hui, pour mieux le protéger, il se trouve aumusée national du Moyen Âge ou musée de Cluny.
Tout près de là, se trouve une plaque rappelant que c'est dans la cathédrale Notre-Dame de Paris qu'a eu lieu le procès deréhabilitation deJeanne d'Arc.
Presque face à la statue de la Vierge Notre-Dame, sur le pilier sud-ouest de la croisée, se trouve le mémorial au million de morts de l'Empire britannique tombés durant laPremière Guerre mondiale et dont la plupart reposent en France. Avant la Révolution française, se trouvait accolée au premier pilier oriental, côté sud, une statue équestre en bois dePhilippe IV le Bel dressée enex-voto, face à l'autel de la Vierge, le roi ayant attribué sa victoire duMons-en-Pévèle à la protection de Marie[192],[193],[194],[Note 27]. On peut également voir dans ce croisillon une plaque signalant l'endroit où se trouvaitPaul Claudel en, lorsque, âgé de18 ans et brusquement touché par une illumination religieuse, ilse convertit au catholicisme.
L'énormerosace de 13,1 m de diamètre, offerte parLouis IX et située au haut du mur d'extrémité du croisillon, conserve une partie seulement de sesvitraux d'origine, certains d'entre eux ayant été remplacés lors d'une restauration en 1737. La rosace souffrit encore lors de larévolution de 1830, à la suite de l'incendie de l'archevêché tout proche. Elle subit dès lors une nouvelle restauration menée parViollet-le-Duc qui la fit pivoter de15 degrés afin de lui donner un axe vertical robuste pour la consolider. Elle est organisée autour du Christ qui en occupe le centre. Tout autour, sont représentées lesvierges sages et les vierges folles, des saints et des saintes, des anges, des apôtres.
Le mur de fond ducroisillon nord comporte trois niveaux : une porte, surmontée d'un pan de mur sans ornement. Le deuxième niveau est constitué d'uneclaire-voie à neufarcades de deuxlancettes. Enfin un troisième étage est constitué de la rosace.
Couronne de lumières ou Grand lustre de la croisée du transept décrochée et déposée au sol en 2012.
AuMoyen Âge, on appelaitlampesier oulampier unlustre en forme d'anneau souvent de large diamètre, portant des petits godets à huile munis de mèches, et suspendu par une ou plusieurs chaînes, ordinairement trois. Il pouvait être en fer, en bois ou encore en argent ou en cuivre. Ces lampiers portaient parfois un grand nombre de godets ou de chandelles de cire : on les appelait alors « couronnes de lumière ». Elles étaient allumées à l'occasion des grandes fêtes et autres solennités.
Les grandes cathédrales, dont Notre-Dame, en étaient pourvues. Ces « couronnes » étaient richement ornées : faites de cuivre doré, on leur adjoignait des émaux, des boules de cristal, des dentelles de métal et d'autres ornements destinés à leur donner un aspect éblouissant. Ces « couronnes de lumière » n'avaient pas pour seules fonctions d'éclairer et d'enjoliver le sanctuaire ; elles avaient aussi une fonction religieuse : elles représentaient aux jours de fête la lumière du Christ éclairant le monde.
La couronne de lumières de Notre-Dame de Paris et les 12 lustres en bronze doré de la nef qui l'accompagnent sont classés monument historique au titre d'objet[196].
Le Grandorgue actuel de Notre-Dame de Paris[197],[198] est le fruit des travaux successifs de plusieurs grandsfacteur d'orgues : construction dans lebuffet actuel parFrançois Thierry en 1733, reconstructions parFrançois-Henri Clicquot en 1783, puis parAristide Cavaillé-Coll en 1868 ; restaurations parBoisseau depuis 1960, avec la collaboration de Synaptel en 1992. En 1868, il comprenait86 jeux. À l'heure actuelle, après de multiples ajouts et restaurations, il compte115 jeux réels depuis 2014. On dénombre près de huit mille tuyaux. La transmission est devenue numérique pour les cinqclaviers ainsi que le tirage des115 jeux réels. Après celui de l'église Saint-Eustache de Paris, il est le deuxième plus grand orgue de France.
L'orgue de chœur comprend trente jeux répartis sur deux claviers et unpédalier. Il comporte deux mille tuyaux et est placé du côté nord du chœur, au-dessus desstalles. Son titulaire estYves Castagnet depuis 1988.
En 1863, on installa un orgue deJoseph Merklin dans un buffet gothique dessiné par Viollet-le-Duc. Il fut plusieurs fois modifié et restauré. On l'installa au-dessus des stalles du côté nord du chœur. De restauration en restauration, il fut jugé irrécupérable en 1966, et remplacé en 1969 par l'orgue actuel créé parRobert Boisseau.
L'incendie d'avril 2019 a épargné le buffet mais pas la partie instrumentale de l'instrument. Les tuyaux n'ont pas fondu mais l'orgue a pris l'eau dans de telles proportions qu'une reconstruction a été décidée.
Musique sacrée à Notre-Dame de Paris est le nom de la structure qui gère aujourd'hui l'enseignement musical et l'animation des offices dans la cathedrale par laMaîtrise Notre-Dame de Paris.
Depuis 1994 jusqu’à l’incendie, Sylvain Dieudonné était également chef de chœur à Notre-Dame[200] ; il était responsable du Département de musique médiévale. Spécialiste duchant grégorien, il enseignait et dirigait laliturgie grégorienne à Notre-Dame. Il est aussi chercheur etmusicologue[201].
Actuellement, le chœur d'enfants est dirigé par Émilie Fleury[202].
Notre-Dame de Paris accueille régulièrement des ensembles vocaux ou instrumentaux, français ou étrangers. Le dernier à avoir donné un concert à Notre-Dame (12 avril 2019) a été leSAMOHI Choir (Santa Monica High School(en) Choir), un chœur californien de haut niveau composé d'une soixantaine de choristes, filles et garçons âgés de 16 à18 ans pour la plupart[203]. Cet ensemble, qui venait d'effectuer une tournée en France, s'est encore produit le lendemain 13 avril à l'église Saint-Sulpice de Paris[204].
Les cloches de Notre-Dame de Paris comprennent, depuis 2013, dix cloches. Le grosbourdonEmmanuel est installé depuis 1686 dans lebeffroi sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris. En 2013, un nouveau petit bourdonMarie est ajouté àEmmanuel et huit nouvelles cloches sont installées dans le beffroi nord en remplacement de quatre cloches datant duXIXe siècle.
Les inventaires de 1343 et 1416 ne mentionnent pas les salles primitives qui abritent le premiertrésor de Notre-Dame de Paris, utilisé comme réserve monétaire en cas de besoin. Les rois de France en vendent des pièces ou les envoient à la fonte en période de crise ou de guerre. Pillé en 1793, le trésor est reconstitué à partir de 1804, avec notamment la remise à l'archevêché de Paris desreliques de la Sainte-Chapelle puis il est enrichi par des dons et des commandes duChapitre[205].
Le trésor actuel de Notre-Dame de Paris est exposé dans l'immeublenéogothique de la sacristie du Chapitre, construit de 1840 à 1845 sous la houlette deJean-Baptiste Antoine Lassus etEugène Viollet-le-Duc[206], et situé au sud du chœur de la cathédrale. On y accède par une des chapelles latérales droites du chœur. Le public peut actuellement le visiter tous les jours sauf le dimanche[40]. On peut y voir notamment des pièces prestigieuses comme laCouronne d'épines et d'autres reliques de laPassion du Christ,ostensoirs etreliquaires, un grand lutrinà la baroque envolée, une collection decamées des papes[207].
Dans les années 1830, la construction d'une nouvellesacristie du chapitre s'imposait. En effet, le bâtiment précédent, construit parJacques-Germain Soufflot entre 1755 et 1758, et gravement endommagé lors des émeutes du, avait connu un triste sort le. Ce jour-là en effet le palais archiépiscopal et la sacristie furent pillés et détruits[208]. Il s'agissait d'un édifice mêlant les styles grec et gothique : un escalier doté de deux rampes donnait sur une pièce ronde voûtée où l'on entreposait leschâsses et les reliques, tandis que les ornements étaient conservés à l'étage du dessus[209].
Le budget de 2 650 000 francs pour la restauration de la cathédrale, voté par l'Assemblée nationale en 1845, permettait non seulement la réfection du sanctuaire, mais aussi la construction de cette sacristie, et ce pour un montant de 665 000 francs pour le gros œuvre. Comme on l'a vu, l'édification de cette dernière s'avéra bien plus coûteuse, le sous-sol très instable nécessitant des fondations profondes de quelque 9 m. Quant au style, Viollet-le-Duc opta pour dunéogothique inspiré duXIIIe siècle, afin de le mettre en harmonie avec le chevet de la cathédrale. Les travaux commencent en 1849[209]. La sacristie est reliée à la cathédrale par deux bras parallèles enserrant de ce fait un espace affecté à un petit cloître carré, le cloître du Chapitre.
Les vitraux avaient été prévus blancs au départ, maisProsper Mérimée ayant souligné les inconvénients de cette absence de coloration, on en vint rapidement à mettre en place des vitraux de couleur. Ceux de la salle principale de l'édifice qui représentent une série d'évêques de Paris furent exécutés parLaurent-Charles Maréchal deMetz.
Les arcatures des galeries du cloître possèdent dix-huit verrières dont les vitraux sont de couleurs plus légères, œuvre d'Alfred Gérente d'après les dessins deLouis Steinheil[210]. Ces verrières représentent la légende de sainteGeneviève de Paris, patronne de la ville de Paris. On peut voir au bas de chaque vitrail une inscription latine décrivant la scène[réf. souhaitée]. Seules les six dernières scènes de la vie de la sainte peuvent être admirées par les visiteurs. Ce sont ceux qui se trouvent dans le couloir donnant accès au Trésor. Au sommet de la principale verrière du cloître, se trouve un vitrail représentant le couronnement de la Vierge.
Illustrations de quatre verrières
Sainte Geneviève rend la vue à deux aveugles.
Sainte Geneviève remplit miraculeusement les vases destinés aux bâtisseurs d'une chapelle.
Sainte Geneviève obtient par sa prière que la pluie qui menace la récolte s'éloigne.
Les pièces principales exposées au trésor sont lesreliquaires de laSainte Couronne d'Épines et d'un fragment de laCroix du Christ, ainsi qu'un clou de cette dernière. Ne sont présentés au public que les reliquaires que divers donateurs duXIXe siècle (dontNapoléon Ier etNapoléon III) offrirent pour les accueillir, puisque lors de la Révolution française, le trésor fut pillé, et les divers objets qu'il contenait dispersés ou détruits.
Autre pièce de grande valeur, l'ancien reliquaire de la Sainte Couronne d'Épines qui fut créé en 1804 parCharles Cahier. Selon la tradition, la Couronne d'Épines fut acquise deBaudouin II de Courtenay, dernierempereur latin de Constantinople, parLouis IX,roi de France. Elle est visible durant lecarême et laSemaine sainte. Lors de la restauration de 1845 effectuée par l'équipe de Viollet-le-Duc, la création d'une nouvellechâsse-reliquaire pour la Couronne d'Épines s'imposa. Ce nouveau reliquaire, en bronze et argent dorés, diamants et pierres précieuses, date de 1862. Il a une hauteur de88 centimètres pour une largeur de49 centimètres. Il fut réalisé d'après le dessin de Viollet-le-Duc par l'orfèvrePlacide Poussielgue-Rusand, le même qui exécuta la couronne de lumières de la cathédrale.Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume a collaboré à sa réalisation pour la sculpture des figures. Le trésor contient aussi des reliques deSaint Louis, roi de France : des vêtements (dont lachemise de Saint Louis), un fragment de sa mâchoire et d'une côte.
Depuis la réouverture de la cathédrale en 2024, la Sainte Couronne est abritée dans un nouveau reliquaire disposé dans la chapelle axiale.
Dans la salle principale, se trouve une collection d'orfèvrerie, dont les reliquaires, notamment uneVierge à l'Enfant, offerte à la cathédrale par le roiCharles X en 1826, œuvre d'Jean-Baptiste Claude Odiot. Dans la même salle, on peut voir une vaste collection d'objets du culte (ciboires,burettes,aiguières, , etc.) ;
Dans la salle capitulaire, une collection de 258camées à l'effigie de tous les papes depuissaint Pierre jusqu'àPie IX ;
Parmi les objets antérieurs à la Révolution, rassemblés dans un meuble spécialement dessiné par Viollet-le-Duc, se trouve une croix enébène et cuivre, avec un Christ en ivoire attribué àFrançois Girardon ;
Parmi les œuvres les plus récentes, on peut voir une cuve baptismale et son aiguière ainsi qu'un chandelier pascal, œuvres du sculpteur et orfèvreGoudji (1986). Lors desJournées mondiales de la jeunesse (JMJ) de 1997,Jean-Paul II utilisa cette cuve baptismale : depuis lors, l'image du baptême descatéchumènes dans la cuve baptismale de Goudji a fait le tour du monde.
Propriété de l'État (cad. 2014 AX 2) au cœur de l'île de la Cité,site protégé par arrêté du, la cathédrale Notre-Dame de Paris, consacrée à une utilisationcultuelle et ouverte au public, est classéemonument historique sur laliste de 1862[212]. Lamédiathèque de l'architecture et du patrimoine conserve plus de 3 000 illustrations du monument. Près de400 œuvres (éléments d'architecture, sculptures, tableaux, verrières, orgues, monuments funéraires, œuvres d'orfèvrerie, livres, etc.) conservées dans la cathédrale sont classées monument historique au titre d'objet[213].
La cathédrale Notre-Dame est l'un des chefs-d'œuvre d'architecture duMoyen Âge réunis par le paysage fluvial desrives de la Seine à Paris, site classé en 1991 sur la liste dupatrimoine mondial par l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) au titre des critères (i) (« représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain »), (ii) (« témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ») et (iv) (« offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine »)[214]. Elle constitue une référence dans la diffusion de l'architecture gothique, illustrant les manières de bâtir utilisées à partir duXIIe siècle[215].
Érigée en basilique le par une bulle du papePie VII, en pleine période de « recharge sacrale », elle est la deuxième basilique mineure du Nord de la France après celle deNotre-Dame du Folgoët instituée en 1427[217].
Notre-Dame de Paris dépend de l'archidiocèse de Paris, mais contrairement aux lieux de culte catholique qui dépendent généralement d'uneparoisse, la cathédrale Notre-Dame de Paris, située sur le territoire de la paroisse Saint-Louis-en-l'Île[218], n'est pas un lieu de culte de cette paroisse[219].
Son responsable n'a donc pas le titre de « curé de la paroisse » mais de « recteur-archiprêtre de la basilique métropolitaine Notre-Dame de Paris ». Cette charge est exercée depuis le parOlivier Ribadeau Dumas[220].
Depuis 1967, huit recteurs archiprêtres se sont succédé :
Depuis sa réouverture au culte, la cathédrale accueille à nouveau des offices religieux quotidiens. En semaine, lamesse est célébrée trois fois par jour, à 8h (à 8h30 le samedi), 12h et 18h. Le dimanche, quatre messes sont habituellement proposées : à 8h30, 10h (engrégorien), 11h30, et à 18h, cette dernière étant souvent célébrée par l’archevêque de Paris[221].
Outre la célébration de l’Eucharistie, l’Office divin rythme également la vie liturgique de la cathédrale : lesVêpres sont chantées quotidiennement à 17h30 (à 17h15 le samedi et le dimanche), et lesLaudes sont célébrées chaque dimanche à 9h30[221].
D’autres temps de prière et de dévotion sont proposés tout au long de la semaine, notamment l’Angélus trois fois par jour, la récitation duchapelet du lundi au samedi à 15h, ainsi que l’adoration eucharistique le jeudi soir[221]. Lesacrement de la réconciliation est également proposé à la cathédrale : du lundi au samedi, des prêtres assurent les confessions de 10h à 12h et de 14h à 18h, et le dimanche de 16h à 18h[222].
En incluant les célébrations dominicales, les fêtes liturgiques et les grandes cérémonies diocésaines, plus de 2 000 offices et célébrations religieuses ont lieu chaque année sous les voûtes de la cathédrale, dont environ 1 200 sont animés par la maîtrise[223].
Notre-Dame de Paris est, avec environ vingt millions de pèlerins et visiteurs par an, dont quatorze millions entrant dans la cathédrale, records atteints en 2012[224],[225], le monument le plus visité de France (devant labasilique du Sacré-Cœur de Montmartre, lemusée du Louvre, leparc du château de Versailles et latour Eiffel[226]) et d'Europe ; soit une moyenne de plus de 30 000 personnes par jour. La cathédrale fait ainsi partie des sites victimes de leur succès, générant un « surtourisme ». Avant l'incendie de 2019, les jours de grande affluence, ce sont plus de 50 000 pèlerins et visiteurs qui y pénétraient, générant des « files d'attentes incroyables », selonJean-François Rial, PDG deVoyageurs du monde et président de l'Office de tourisme de Paris[227], alors que la basilique de Saint-Denis, qui selon lui « vaut largement Notre-Dame », est très peu visitée[227].
SelonMaurice Garçon, l'édifice, avec ses creux et ses saillants, est conçu pour être éclairé par la lumière solaire. L'éclairage artificiel, venant du sol, inverse l'ordre des ombres[228].
Notre-Dame de Paris est le titre d'unroman deVictor Hugo publié en1831 : la cathédrale constitue un personnage à part entière, qui relieQuasimodo, le sonneur difforme, la danseuse gitane ditela Esmeralda, et le prêtreClaude Frollo. Victor Hugo y évoque un incendie de la cathédrale[230]. Ce roman est à la fois une histoire de compassion et d'héroïsme, et, face au projet de démolition dû à l'état de délabrement de l'édifice, un appel salvateur de Victor Hugo pour sa restauration. Le roman de Victor Hugo a donné lieu à de multiples adaptations cinématographiques, scéniques et télévisuelles.
Apparitions de la cathédrale dans d'autres romans :
L'image deJoseph Staline traversant la cathédrale à cheval est utilisée dansNekrassov,comédie parodique dumaccarthysme à la française, présentée en 1955 parJean-Paul Sartre, le héros étant un escroc qui pour échapper à la police et la prison se fait passer pour un ministre soviétique en fuite, qui dispose d'un plan d'invasion de la France par l'URSS.
Gérard de Nerval publie en 1832 un poème intitulé « Notre-Dame de Paris » :
Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ; Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde, Tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde Rongera tristement ses vieux os de rocher ! Bien des hommes, de tous les pays de la terre, Viendront, pour contempler cette ruine austère, Rêveurs, et relisant le livre de Victor : Alors, ils croiront voir la vieille basilique, Toute ainsi qu'elle était, puissante et magnifique, Se lever devant eux comme l'ombre d'un mort !
Escalader la nuit (2011) – ParSophie Nauleau. Une ascension radiophonique et poétique de la flèche de Notre-Dame de Paris. France Culture - Atelier de la création[231][audio]
Prix de l'œuvre de l'année 2012 décerné par la SCAM.
Jannic Durand, Anne Dion-Tenenbaum, Michèle Bimbenet-Privat, Florian Meunier,Le trésor de Notre-Dame de Paris - Des origines à Viollet-le-Duc, catalogue de l'exposition éponyme aumusée du Louvre présentée du 19 octobre 2023 au 29 janvier 2024, éditions Hazan, 2023, 336 p.(ISBN9782754113526).
La Première Cathédrale :« […] C'est de l'Île-de-France que viennent les chênes et les peupliers [...] Les gens lèvent la tête où les architectes lancent les clochers. »Gilbert Bécaud interprète cette chanson depuis le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris le soir de Noël 1976[233].
Notre Dame, opéra romantique en deux actes, d'après un texte deVictor Hugo, parFranz Schmidt et Leopold Wilk (1902–1904, éd. Drei-Masken-Verlag, Munich). Création à Vienne, 1914.
Notre-Dame de Paris, les secrets des bâtisseurs,docufiction en capture de mouvements de Emmanuel Blanchard, produit par Program 33, AT-Prod, Circus, SolidAnim etFrance Télévisions, diffusé en 2020.
La cathédrale est évoquée et modélisée dans certains jeux vidéo, notamment ceuxse déroulant à Paris. Elle est parfois le théâtre d'une mission ou d'une quête :
dansTimeSplitters 2 (2002), le joueur incarne unsoldat temporel et se retrouve dans la cathédrale en 1895, pour arrêter une armée de morts-vivants ;
dansCivilization IV (2005) etCivilization V (2010), la cathédrale est considérée comme une « merveille », qui offre des avantages au premier joueur qui la construit dans la partie ;
dansThe Saboteur (2009), la cathédrale est le point central de la zone de jeu qui représente un Paris occupé par les nazis pendant laSeconde Guerre mondiale ;
dansRemember Me (2013), la cathédrale est visible à certains points du jeu (sans pouvoir être explorée) au milieu d'un Paris néo-futuriste en 2084 ;
dansAssassin's Creed Unity (2014), qui se déroule pendant laRévolution française, le joueur peut escalader et visiter virtuellement Notre-Dame de Paris[235]. Il a fallu deux ans pour modéliser la cathédrale. Cependant, il ne s'agit pas d'une reconstitution exacte et certains vitraux ou divers éléments,protégés contre la reproduction[réf. nécessaire], ont été repensés ;
dansEagle Flight (2016), le joueur incarne enréalité virtuelle unaigle envue subjective dans un Paris que la nature a reconquis, sans présence humaine. Il est possible de voler à l'intérieur de la cathédrale ;
dansOverwatch (2016), ajoutée dans le cadre de la mise à jour de février 2019, la carte de Paris permet au joueur d'observer la cathédrale en fond[237] ;
dansMinecraft (2008), la cathédrale est construite (dernière mise à jour en 2020) de l'extérieur, l'intérieur restant vide ;
dansAge of Empires IV (2021), la cathédrale est considérée comme une « merveille » avec la civilisationfrançaise.
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↑Remarque 1 : Aucun texte ne permet de préciser la date de construction de la flèche. Dans leur livre,Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris,p. 8,Ferdinand de Guilhermy etEugène Viollet-le-Duc indiquent qu'un incendie a eu lieu entre 1235 et 1240 détruisant les charpentes supérieures des galeries ainsi que la seconde volée desarcs-boutants. Dany Sandron écrit que la cathédrale a été profondément remaniée en 1220–1230 avec l'agrandissement des fenêtres hautes de lanef centrale qui a nécessité le surhaussement desmurs gouttereaux afin de mettre en place deschéneaux pour recueillir les eaux de pluie du toit et évacuer les eaux par les volées des arcs-boutants, qui ont été reconstruits après un incendie d'après Viollet-le-Duc, creusées en gouttières vers lesgargouilles. Cette transformation peut expliquer l'achèvement tardif des tours de la cathédrale, vers 1240. En même temps ont été ajoutées des chapelles entre les culées descontreforts de la nef centrale, qui ont entraîné l'ajout de nouvelles façades descroisillons nord et sud dutransept pour les aligner sur les chapelles, parJean de Chelles, puisPierre de Montreuil, à partir de 1258 avec les grandes roses. Il propose d'associer la construction de la flèche de la croisée du transept avec une charpente couverte de plomb à la construction des nouvelles façades du transept, avant la continuation des travaux dans lechœur et lechevet. Viollet-le-Duc date la construction de la flèche du début duXIIIe siècle, d'après le décor de crochets d'un chapiteau de poinçon. L'analyse dendrochronologique de bois pouvant provenir de la souche de la flèche médiévale donne une date plus tardive pour la mise en œuvre : les années 1290. Dany Sandron émet l'hypothèse que la construction de la flèche avait pour but de réaffirmer la prééminence de la cathédrale par rapport à toutes les églises de Paris, et en particulier de laSainte-Chapelle consacrée en 1248, dont la flèche avait une hauteur supérieure aux tours de Notre-Dame. Avec ses83 mètres de hauteur, la flèche de la croisée de Notre-Dame n'était dépassée que par les86 mètres de la flèche en pierre de labasilique Saint-Denis.
↑Remarque 2 : Dans son article de 1860 sur la reconstruction de la flèche de la cathédrale,Eugène Viollet-le-Duc fait remarquer que la flèche médiévale existe encore en 1789 et n'est plus représentée à partir de 1797. Il attribue le démontage de la flèche pour des raisons de sécurité à l'architecteÉtienne-Hippolyte Godde, inspecteur des travaux publics du département de la Seine à partir de 1801, responsable de Notre-Dame de Paris jusqu'en 1842. La souche de la flèche, en mauvais état, existait encore sous la toiture de la cathédrale en 1858.
↑Cette partie de la tour est flanquée d'une tourelle polygonale percée demeurtrières et abritant un escalier permettant l'accès aux étages supérieurs. La base des tours date des années 1190–1225, c'est-à-dire du règne dePhilippe II Auguste.
↑Cette légende naît probablement de la confusion avec ladédicace de l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés par ce pape le. La vue de l'évêque de Paris Maurice de Sully dans le cortège indispose les moines soucieux de l'indépendance de l'abbaye royale qui bénéficie d'uneexemption pontificale, si bien qu'ils chassent l'évêque. VoirMarcel Le Clère,Paris, de la préhistoire à nos jours, éditions Bordessoules,,p. 158.
↑Parmi les familiers de Sully qui sont évoqués dans divers actes de sa chancellerie, figurent en 1164 un laïc « Ricardus cementarius » (Richard le maçon) et, en 1170 et 1187, un « Symon carpeutarius » (Symon le maçon), ces deux termes de métiers pouvant avoir une acception plus large à cette époque et désigner des architectes, mais cela relève de la conjecture. Source :Benjamin Guérard,Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris,t. 5,,p. 47, 49 et 72.
« En 1217, alors que la cathédrale n’était pas achevée, il [Philippe Auguste] procéda à une sorte de refondation. Il la dota d’importantes reliques : des cheveux de la Vierge, trois dents de saint Jean-Baptiste, des pierres de la lapidation de saint Étienne, la calotte du crâne de saint Denis. Ces reliques insignes vinrent compléter le corps de saint Marcel et accrurent considérablement le prestige de Notre-Dame. Enfin, c’est sans doute avec la mort de Philippe Auguste en 1223 que se prit l’habitude d’exposer le corps mort du roi défunt dans la cathédrale avant son enterrement à l’abbaye de Saint-Denis. »
— Claude Gauvard,Notre-Dame de Paris, Presses universitaires de France,,p. 89
↑Entre 1815 et 1914, la valeur dufranc (franc ditgerminal à l'époque correspondant à 0,322 5 gramme d'or à 90 %) resta stable et peut être estimée à l'équivalent de10 euros (2008). Le crédit ouvert par l'Assemblée équivalait donc à quelque25 millions d'euros, ce qui était tout à fait insuffisant, vu l'ampleur des travaux.
↑Sur la centaine de grandes statues sculptées par l'équipe de restaurateurs, Geoffroi-Dechaume en réalisa trente : dix-huit de pierre et douze de cuivre repoussé. Parmi les autres sculpteurs de l'équipe, se trouvaient notamment Chenillion, Fromanger, Michel-Pascal, Toussaint, Elmerich, Prinsay et Vatrinelle. Seul Adolphe-Victor Geoffroi-Dechaume a atteint la gloire posthume.
↑Viollet-le-Duc aurait été en faveur de ces flèches selonAlain Erlande-Brandenburg, qui se base sur des documents laissés par l'architecte :
« Viollet-le-Duc en analysant le monument avait constaté que les souches des tours avaient été prévues pour recevoir des flèches dont il proposa la restitution. »
Toutefois Viollet-le-Duc lui-même s'oppose à cette idée dans saDescription de Notre-Dame, cathédrale de Paris, publiée en 1856 (de Guilhermy et Viollet-le-Duc 1856,p. 28).
↑a etbDeux vierges couronnées personnifiant à gauche l'Église triomphante avec son calice et son sceptre, symbole royal ; à droite, la Synagogue détrônée par l'Église, qui incline la tête et perd son diadème, les yeux recouverts d'un serpent faisant office de bandeau, symbole de son « aveuglement » spirituel.
↑En décembre 2010, unescanographie laser haute résolution de toute la cathédrale est entreprise par Andrew Tallon, historien de l'art auVassar College, dans le contexte d'un documentaire de Christine Le Goff et Gary Glassman,« Les Cathédrales dévoilées », diffusé sur Arte en avril 2011 (DVD Arte Éditions, 2011). Ces relevés laser mettent en évidence ces déformations structurelles. CfAndrew Tallon,« La technologie 3D au service de Notre-Dame », dans cardinal André Vingt-Trois et al. (dir.),Notre-Dame de Paris, Strasbourg/Paris, La Nuée Bleue/Place des Victoires,coll. « La grâce d'une cathédrale »,,p. 158-160
↑Cet inachèvement se perçoit au niveau de la section des tours : quadrangulaire, elle devient octogonale au niveau de leur couronnement assuré par destrompes lancées dans les angles au sommet du dernier niveau. Cf Dany Sandron,op. cit.,p. 111
↑Les« miracles » sont des pièces de théâtre, jouées devant les églises pour l'édification et la récréation des fidèles.Le Miracle de Théophile, écrit parRutebeuf vers 1260 est le plus célèbre de tous.
↑Les statues qui garnissaient les ébrasements ont disparu. Les soubassements sont sculptés d'animaux et monstres inclus dans des losanges perlés et disposés en quinconce sur cinqregistres. Cf.Jean Bayet, « Le symbolisme du cerf et du centaure à la Porte Rouge de Notre-Dame de Paris »,Publications de l'École Française de Rome,vol. 21,no 1,,p. 451-498(lire en ligne).
« De part et d’autre de la Vierge que couronne son fils figurent un roi agenouillé et une reine. Pierre de Montreuil les sculpta vers 1270 : ce roi est donc Saint Louis, la reine, Marguerite de Provence, peut-être Blanche de Castille. Quant au couronnement, il permettait plusieurs interprétations. C’était celui de la Vierge devenue reine. Mais sa couronne figurait symboliquement l’Église aux yeux des théologiens et, par son intermédiaire, Notre-Dame devenait aussi l’épouse du Christ ; c’était également un rappel du couronnement du roi lors de son sacre. L’Église et l’État étaient donc étroitement mêlés. Le chapitre cathédral de Notre-Dame en était intimement persuadé et il a été justement l’un des artisans de cette osmose, contribuant à faire naître l’État dans le giron de l’Église. »
↑Cette scène est peut-être une allusion à un miracle de saint Marcel : renouvelant lesNoces de Cana, il aurait puisé l'eau de la Seine pour la transformer en vin de communion qui avait été volé.
↑En souvenir de ce miracle, le clergé de Notre-Dame promenait tous les ans, pour lesjours des Rogations, un dragon d'osier dans la gueule duquel les passants jetaient leurs offrandes (gâteaux, fruits). Ce folklore médiéval a pris fin en 1730. Cf.Yves-Marie Bercé,Notre-Dame de Paris, 1163-1963 : exposition du 8e centenaire, Presses artistiques,,p. 7
↑Selon Viollet-le-Duc, la charpente des combles est, par sa conception, de la même époque que la façade. Cf. Messieurs Lassus et Viollet-le-Duc,Projet de restauration de Notre-Dame de Paris, Imprimerie Lacombe, Paris, 1843,p. 14.
↑Suivant les conseils pour la restauration en 1849 par Viollet-le-Duc et Mérimée à lire surwikisource.org.
↑C'est là que furent retrouvés en 2022 deux cercueils dont l'un renferme le corps du chanoineAntoine de La Porte, mort le
↑La statue qui disparut sous la Révolution française représentait un chevalier casqué, monté sur un cheval richement caparaçonné.
↑Françoise Prévot, « La cathédrale et la ville en Gaule dans l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge »,Histoire urbaine,no 7,,p. 17-36(lire en ligne).
↑ab etcMichel Rouche,« Jubilé de cathédrale Notre-Dame de Paris - La symbolique des cathédrales : approche historique, religieuse, sociale », émissionLa voix est libre surRadio Notre-Dame, 19 décembre 2012.
↑Victor Mortet,Maurice de Sully, évêque de Paris, 1160–1196. Étude sur l'administration épiscopale pendant la seconde moitié duXIIe siècle.
↑Marc Bloch, « Blanche de Castille et les serfs du Chapitre de Paris »,Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France,t. 38,,p. 224-272(lire en ligne).
↑a etbMM. Lassus et Viollet-le-Duc,Projet de restauration de Notre-Dame de Paris, Imprimerie Lacombe, Paris, 1843,p. 18.
↑Dans É. de Barthélemy, le cardinal de Noailles, évêque de Châlons, archevêque de Paris : d'après sa correspondance inédite, 1651–1728, L. Techener, Paris,p. 89.
↑Andreas Hartmann-Virnich et Yves Gallet, « Découvertes à Notre-Dame - Réflexions sur la clef de voûte du bras sud du transept »,Bulletin Monumental,,p. 301-304(lire en ligne[PDF]).
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↑Charles Laboulaye, article « Couverture »,Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, de l'agriculture, des mines, etc. : description des procédés de l'industrie française et étrangère, éd. Librairie du dictionnaire des arts et manufactures, Paris, 1870–1873,p. 217, à lire sur le site de la BNF Gallica.
↑il en subsiste selon Viollet-le-Duc une gravure deJean Pèlerin et quelques fragments dans un dessin curieux, conservé à la Bibliothèque royale< Estampes — Topographie, et Artifices de la perspective, de Viator, trad. Pellegrin.