Catane (enitalien :Catania ; ensicilien :Catania/kaˈtanja/[1]) est la deuxième ville deSicile derrièrePalerme, en superficie comme en population[2]. Située sur la côte est de la Sicile, au bord de lamer Ionienne et au pied du volcan actif de l'Etna, elle se hisse à la10e place des villes les plus peuplées d'Italie et samétropole, la plus densément peuplée de l'île, regroupe 58 communes pour un total de 1 107 702 habitants. La population de la ville proprement dite s'élève à 297 200 habitants, ce qui en fait la première commune italienne ne disposant pas du statut de chef-lieu régional[3].
Son histoire est ponctuée de catastrophes géologiques qui l'ébranlent jusque dans ses fondations : presque intégralement rasée par un tremblement de terre dévastateur en1169 ; une éruption de l'Etna génère d'abondantes coulées de lave qui ont bien failli l'engloutir en 1669, suivies d'un nouveauséisme qui entraîne des destructions considérables vingt-quatre ans plus tard.
En 2016, l'Associazione nazionale Italia Liberty lui décerne le prix deBest LibertyCity (« citéArt nouveau de l'année ») afin de mettre en avant son patrimoineLiberty remarquablement bien conservé[7],[8],[9],[10],[11].
Le territoire municipal est étagé entre les contreforts montagneux de l'Etna au nord et le terrain essentiellement plat de laplaine de Catane au sud. Cette vaste plaine agricole ('a Chiana), la plus étendue de Sicile, est irriguée au sud par leSimeto, dont l'embouchure est constituée en 1984 en une réserve naturelle couvrant près de 2 000 hectares (Oasi del Simeto).
Strabon juge l'emplacement de Catane au pied de l'Etna comme relevant à la fois d'une malédiction et d'une bénédiction. En effet, si les éruptions parfois violentes du volcan ont maintes fois détruit la cité au fil des âges, les cendres qui s'en échappent enrichissent le sol de laplaine et le rendent particulièrement fertile, optimal pour la viticulture.
Le golfe d'Ognina, au nord de la ville, correspond au mythique « port d'Ulysse » (lePortus Ulixis ouPortus Odysseus cité parPline l'Ancien), où le héros et ses compagnons accostèrent sur la terre du cyclopePolyphème.
Les plages de Catane alternent entre sable doré (la Plaja) et sable noir (la « petite rade » de San Giovanni Li Cuti). L'expression dialectale « li cuti » correspond aux « aiguisoirs » et peut désigner des « rochers » ou des « affiloirs », lieux propices au riblage et à l'érosion des écueils.
Son port, dans lequel se jette le fleuve côtier (et partiellementsouterrain) de l'Amenano, juste au sud de la piazza Duomo, prend la forme d'unefaucille[12]. Le fleuve canalisé ressurgit à la fontaine de l'Amenano, chef-d'œuvre enmarbre blanc surnommé « acqua a 'llinzolu » (« eau des draps ») par les lavandières de Catane, situé entre laPescheria (marché aux poissons) et la place de la cathédrale.
Juste à l'extérieur des remparts occidentaux, le fleuve alimentait autrefois le lac de Nicito, tari par la coulée de lave lors de l'éruption de 1669. La rue du même nom (via Nicito) commémore l'emplacement de ces eaux disparues.
Les hivers sont très modérés (températures diurnes moyennes entre 12 et20 °C[14]) même si la ville enregistre une amplitude thermique nocturne assez prononcée relativement aux autres villes littorales de cette latitude ; les gelées nocturnes, aussi rares soient-elles, ne sont pas impossibles et la neige peut se montrer abondante sur les hauteurs de l'Etna (mais pas sur la ville, qui est justement abritée des vents du nord par l'ombre orographique du volcan). Les chutes de neige les plus récentes à Catane ont eu lieu les, et, mais la dernière ayant réellement persisté et blanchi le sol remonte au. La plupart des précipitations annuelles sont concentrées entre octobre et avril, accentuant la division de l'année entre une saison humide et une période de sécheresse intense pendant les mois d'été. Catane reçoit environ 750 mm de pluie annuellement, mais cette quantité peut varier considérablement d'une année sur l'autre, oscillant parfois entre 1 200 et seulement 250 mm.
Le record absolu de froid, -7 °C, a été enregistré à la date du1er février 1962[15]. À l'inverse, le 24 juillet 2023, la température a atteint un pic de 47,6 °C[16].
Tableau climatologique de CATANIA / FONTANAROSSA (période 1991-2020).
Le noyau originel à partir duquel la cité se développe se trouve sur une éminence du monte Vergine (49 mètres d'altitude) née d'une éruption préhistorique de l'Etna datée d'il y a près de 10 000 ans avant le présent et correspondant à l'actuelle piazza Dante Alighieri, où se dresse désormais lemonastère de San Nicolò l'Arena. Le site bénéficiait de sa position surélevée offrant une relative protection face aux invasions maritimes ainsi que de la proximité d'un cours d'eau, l'Amenano, séparé de la terrasse d'Acquicella (15 m) par une vallée encaissée qui sera comblée par les coulées de lave de l'éruption de 1669. La colline de Santa Sofia (303 m), qui semble répondre à la première sur le plan topographique, accueille de nos jours la « citadelle universitaire », près de la route deGravina di Catania, commune populeuse de la banlieue catanaise.
Selon une enquête, les Catanais passent en moyenne56 minutes par jour dans les transports en commun, la plupart du temps pour se rendre sur leur lieu de travail ou en revenir. 13 % des usagers des transports urbains voyagent plus de2 heures par jour. Le temps moyenne d'attente à un arrêt ou une station est de20 minutes, tandis que 46 % des usagers attendent généralement plus de20 minutes chaque jour. La distance moyenne que les gens parcourent habituellement en un seul trajet de transports en commun est de 4,7 km, et seuls 3 % d'entre eux dépassent 12 km[18].
Monnaie deKatánē (Ve siècle av. J.-C.).U Liotru, symbole de Catane qui lui a valu son nom sous la domination arabe.
Nom d'origine donné à la ville par lapopulation autochtone de Sicile, lesSicules, qui se traduit par « râpe, racloir, couteau à écorcher, écorcherie » ainsi que,in extenso, « lieu âpre, territoire tranchant et raboteux, sol rêche », à mettre en relation avec les décors delave du panorama et de sa collocation géographique aux pentes de l'Etna. Le biographe grecPlutarque confirmera cette interprétation[21],[22].
Version hellénisée du toponyme desSicules. Pour une brève période, sous la houlette du tyran syracusainHiéronIer, elle fut appeléeΑἴτνη (Aítnē ouÆtna), période sous laquelle futfrappé letétradrachme d'Ætna, réputé pour être la pièce de monnaie la plus chère au monde.
Formeslatinisées du nomgrec. La première a eu majeure fortune pour l'assonance et la féminisation du vocablecatinus, qui possède un double sens. Il peut signifier soit « écuelle, bol », soit « baie marine ou golfe ». Les deux sens trouvent leur justification évidente dans la position naturelle de la ville, « enfoncée sur la lave comme une couronne » et « située à proximité dugolfe de Catane ».Tetrapolis (« les quatre villes ») fut employé cérémonieusement afin de commémorer le premier arrangement urbanistique des colonieschalcidienne et latine (constituées de quatre agglomérations originairement distinctes) jusqu'à leur inexorable fusion : laDemetria, laLuna, l'Aetnapolis et laCivitas.
Balad-al-Fil (بلد الفيل, « village, territoire de l'éléphant » parAl Idrissi[23]),Madinat-al-Fil (مدينة الفيل, « cité de l'éléphant » parAl-Muqaddasi), dans les deux cas en référence à la même sculpture en pierre de lave épousant la forme de l'animal éponyme érigée de nos jours sur la fontaine de la piazza Duomo,Wadi Musa (وادي موسى, « rivière de Moïse », nomarabe du fleuveSimeto),Qaṭāniyyah, (قطانية,légumineuses qui prédominaient dans les champs de laplaine de Catane jusqu'à l'arrivée au pouvoir desAghlabides, qui supplantent massivement les cultures traditionnelles par celles desagrumes dans toute laSicile). C'est de ce dernier toponyme, qui découle des précédents, que la ville tient son nom contemporain.
Les dénominations médiévalesCathania etCatanea sont d'usage jusqu'à l'émergence de la forme moderne et contemporaineCatania.
Catane est qualifiée de « protectrice des rois » en raison de la présence de la cour aragonaise au castello Ursino (1282-1412). Ses armoiries civiques, lisible dans le recueil desCivitates Orbis Terrarum (volume V, 1598), énonce : « Castigo Rebelles, Invictos supero, Catania tutrix regum » (« Je châtie les rebelles, je vaincs les invincibles, Catane protectrice des rois »)[24].
En 1836, elle reçoit le prestigieux surnom d'« Atene Sicula » (l'Athènes sicilienne) en raison de son ouverture sur la mer et de sa vocation commerçante. Sur un ton plus enclin au sarcasme, elle est parfois affublée du surnom de « Milan de Sud » en référence à son dynamisme lors duboom économique des années 1960[25].
La colline de monte Vergine occupe une position stratégique entre la mer, l'Etna et la plus vaste plaine cultivable de Sicile. Des traces de fréquentation humaine préhistorique y ont été détectées en plusieurs points, notamment dans le secteur de l'ancienmonastère bénédictin de l'église San Nicolò l'Arena ainsi qu'aux abords de la via Teatro Greco. Les vestiges découverts dans le périmètre du monastère[26] remontent à une période allant du néolithique à la fin de l'âge du cuivre (énéolithique), tels qu'une tombe à fosse polissoïde.
Bien que des trouvailles sporadiques de l'âge du fer soient attestées dans le secteur, celui-ci est probablement inhabité en 729 av. J.-C., année lors de laquelle, selonThucydide, descolons grecs de la cité voisine deNaxos, dirigés par lesoikistes Théoclès et Évarque originaires deChalcis enEubée, fondent respectivement Λεοντῖνοι (Leontinoi) et Kατάvη (Katánē)[28], quatre ans aprèsSyracuse. Après sa mort, Évarque serahéroïsé et son tombeau érigé sur l'agora de la cité.
Katane est bien vite associée au mythe d'Amphinomos et Anapias. Au cours d'une légendaire éruption de l'Etna, les deux jeunes hommes éponymes auraient délaissé tous leurs biens afin de prendre la fuite en transportant leurs parents âgés sur leurs épaules. La coulée de lave se serait alors scindée pour les épargner. Des statues sont érigées et des pièces de monnaie sont frappées à leur effigie afin de commémorer leur sacrifice héroïque, et le lieu de leur sépulture sera renomméCampus Piorum (« le Champ des Pieux »). Cette légende rencontra un écho majeur auprès despoètes latins, tels queLucilius le Jeune etClaudien, qui en firent de longues descriptions[29].
La cité, qui atteint l'apogée de son influence au début duVe siècle av. J.-C., devient un grand centre d'apprentissage. Elle attire des poètes aussi renommés qu'Ibycos etStésichore d'Himère (vers 630–555 av. J.-C.). Ce dernier serait enterré dans un somptueux sépulcre à l'extérieur de l'une des portes de la cité, nommée en son honneurporta Stesichoreia. Le philosopheXénophane de Colophon (vers 570–475 av. J.-C.), fondateur présumé de l'écoleéléatique, y a dispensé ses derniers enseignements[31]. En outre, l'introduction de la danse pour accompagner la mélodie de la flûte est attribuée à Andron, citoyen de Katane[32]. Le philosophe péripatéticienThéophraste rapporte que Katane est l'uniquepolis de sa connaissance dont les conventions lors d'un marché (contre oral) ne sont pas matière à procès[33] ;Platon y fait référence dans sesLois[34].
En 476 av. J.-C., elle est conquise parHiéronIer, tyran deSyracuse, qui désire asseoir son autorité sur lespoleis sicéliotes. Il rase la cité et déporte ses habitants àLéontinoi puis la refonde sous le nom d'Aítnē (Ætna, dumont Etna) et la repeuple de mercenaires[35],[36] : il en fait parvenir 5 000 duPéloponnèse et 5 000 autres directement deSyracuse. Ce violent épisode, d'une durée totale de quinze ans, a produit les pièces d'argent les plus précieuses de l'Antiquité grecque et est célébré parPindare, qui chante les louanges du tyran auto-proclaméoikiste (« fondateur ») de la nouvelle cité[37], ainsi que parEschyle dans l'une de ses tragédies dont nous avons perdu la trace (Les Etnéennes). En 465 av. J.-C.,Thrasybule, successeur de Hiéron, est évincé du pouvoir, signifiant la chute de la tyrannie desDeinoménides àSyracuse. Quatre ans plus tard (461 av. J.-C.), les habitants originels de Katane regagnent leur cité, lui restituant par la même occasion son nom d'origine, et en expulsent les colons doriens invités par Hiéron qui se retirent à la place forte d'Inessa[38]. Un vastethéâtre d'une capacité d'accueil de 7 000 spectateurs est édifié sur l'acropole à cette époque.
Elle s'allie àLéontinoi pour contrer la puissance syracusaine dans les années 420 av. J.-C.Alcibiade se serait adressé aux Catanais à l'occasion d'un discours afin de les convaincre d'apporter leur soutien à la cité d'Athènes dans le contexte de laguerre du Péloponnèse et de l'expédition de Sicile visant à punir la cité de Syracuse. MaisThucydide rapporte que Katane, dont la population craignait d'éventuelles représailles de la part de Syracuse, n'apporta qu'une aide limitée en dépit de son soutien moral à l'entreprise athénienne. Elle permet néanmoins à l'armée d'Athènes de stationner un an dans la cité[39]. Ses craintes se confirment lorsqu'elle est de nouveau exposée aux visées expansionnistes de Syracuse à la suite de la défaite d'Athènes. En 403 av. J.-C.,Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, étend sa domination sur la façade orientale de la Sicile dans le but de disputer l'hégémonie auxCarthaginois présents dans l'ouest de l'île. Ainsi, Katane est brutalement saccagée par les troupes du tyran qui vend ses citoyens comme esclaves et la repeuple de mercenairescampaniens. Elle est brièvement occupée par les Carthaginois sous le commandement d'Himilcon et deMagon, à la suite de la grande bataille navale de Catane en 397 av. J.-C. Les tyrans syracusains sont chassés tandis que leurs sujets campaniens sont contraints de se retirer sur les pentes de l'Etna[40].
Callippe, assassin deDion de Syracuse, dirige brièvement la cité. En 338av. J.-C.,Timoléon défait le tyranMamercus de Catane et rompt l'alliance de la cité avec Carthage[41]. Katane retrouve une fragile indépendance mais change fréquemment d'allégeance au cours des guerres opposantAgathocle de Syracuse aux Carthaginois. La cité soutient massivementPyrrhusIer qu'elle accueille avec faste avant de tomber aux mains des Romains en 263 av. J.-C.[42]
Théâtre romain dans le centre historique de Catane.
Lors de lapremière guerre punique,Catina est l'une des premières cités siciliennes à se soumettre à laRépublique romaine, sous laquelle elle est enrichie de grands édifices publics. En effet, la cité est prise parManius Valerius Messalla dès 263 av. J.-C.[43] Un cadran solaire pillé à la ville en guise de butin est déposé dans leComitium, à Rome[44]. Dès lors, Catina devient unecivitas decumana, c'est-à-dire qu'elle doit payer un dixième de ses revenus agricoles annuels en impôt à Rome. Le conquérant de Syracuse,Marcus Claudius Marcellus, fait édifier un gymnase dans la cité[45].
Catina entretient par la suite des relations paisibles avec Rome et, bien qu'elle n'ait pas obtenu le statut de cité confédérée (foederata civitas) comme ses voisinesTauromenium (Taormine) etMessana (Messine), elle connaît une grande prospérité sous domination romaine.
Brièvement conquise par des esclaves rebelles lors de lapremière guerre servile vers 135 av. J.-C.[46],Caius Licinius Verres la reprend et pille ses richesses comme ailleurs en Sicile. Une violenteéruption de l'Etna consume la ville en 121 av. J.-C. Les coulées de lave submergent presque entièrement la ville, et les cendres incandescentes s'écoulent en telle quantité que des toits s'effondrent. En guise de dédommagement, Catina est exemptée de ses redevances habituelles à Rome pendant dix ans[47].Cicéron mentionne à plusieurs reprises Catina comme l'une des cités les plus riches et florissantes de son temps grâce à son port via lequel elle exporte blé et céréales[48]. Elle conserve ses institutions municipales et son premier magistrat porte le titre deProagorus.
Aqueduc romain de Catina à Valcorrente.Vestiges de l'aqueduc romain, tableau deJean-Pierre Houël.
En 44 av. J.-C., lors de larévolte sicilienne,Sextus Pompée choisit la Sicile comme base d'opérations et Catina se rallie à sa cause. Le général y rassemble une armée et une flotte redoutables, avec le soutien des esclaves rescapés des grandes villas patriciennes. Après la victoire d'Auguste en 36 av. J.-C., la plupart des terres agricoles de Sicile sont désertées puis redistribuées aux vétérans des légions impériales, ce qui permet paradoxalement à la cité, devenuecolonie latine en 21 av. J.-C., de renouer avec sa prospérité d'antan. Dès l'année suivante, une nouvelle révolte, menée cette fois par le gladiateur Selurus, sème le chaos dans la région pendant quelque temps[49]. D'aprèsStrabon, Catina est l'une des rares cités siciliennes encore florissantes après avoir connu toutes ces dévastations[50]. Elle abrite alors le plus long aqueduc de la Sicile romaine, qui mesure 24 km de long en partant des sources de Santa Maria di Licodia.
Selon la traditionhagiographique reprise dansLa Légende dorée,sainte Agathe serait née à Catane auIIIe siècle. Refusant les avances de Quintien,proconsul de Sicile, celui-ci la fit enfermer ettorturer : on lui arracha alors les mamelons à l'aide de tenailles. Elle reçut la visite de l'apôtre Pierre, qui apaisa ses blessures, puis succomba à sonmartyre le 5 février 251. On raconte que sa mort fut accompagnée d'un terribleséisme. Le 5 février 252, l'Etna entra en éruption, déversant un flot de lave en direction de Catane. Les habitants s'emparèrent alors du voile qui recouvrait la sépulture de la sainte et le déployèrent face aux flammes qui s'arrêtèrent aussitôt, épargnant la cité.
Après la chute de l'Empire romain d'Occident, la Sicile est conquise au début duVIe siècle par lesOstrogoths du roiThéodoric le Grand, qui fait ériger les nouveaux remparts de Catane en réemployant les pierres de l'amphithéâtre. La ville repasse auxRomains (Byzantins) en 535 avant de tomber sous domination islamique au début duIXe siècle. La période de l'émirat de Sicile fut une ère de décadence pour la ville de Catane ainsi que tout l'orient sicilien de culturegréco-byzantine, négligé au profit de la partie occidentale de l'île où le pouvoir est transféré àPalerme pour la première fois.
En 1071, Catane est reconquise par lesNormands qui font ériger leduomo (cathédrale) entre lesXIe et XIIe siècles.Roger de Hauteville y bâtit une structure civile et ecclésiastique entièrement novatrice en confiant la poursuite de l'évangélisation des populations musulmanes et de la réorganisation civile aux moines bénédictins, qui reçoivent l'autorisation de fonder une abbaye dédiée à sainte Agathe ; cette décision reçoit l'approbation d'Urbain II par unebulle pontificale du 9 mars 1092. Ainsi, dès 1072, la ville est dirigée par ses évêques qui disposent également du titre de comtes de Catane. En 1081, une furieuse bataille s'engage dans les environs et 160 cavaliers normands, conduits parJourdain de Hauteville,Robert de Sourdeval et Elia Cartomi, parviennent à vaincre une armée de plusieurs milliers de fantassins et cavaliers musulmans (chiffre sans doute exagéré par les sources). Le, Catane subit un séisme engendrant un grand nombre de destructions et de victimes.
Castello Ursino, construit sous Frédéric II de Hohenstaufen.
Catane est mise à sac par des soldatssouabes lors de la conquête de l'île par l'empereurHenri VI, entre 1194 et 1197. En 1232, la ville, encore profondément meurtrie par les calamités, se révolte contre le fils et successeur d'Henri VI, l'empereurFrédéric II, qui parvient à apaiser les tensions en élevant Catane au rang de ville royale, mettant un terme aux prérogatives de ses évêques[52]. À ce titre, il élève unchâteau d'où il émet édits et lois lors de ses visites locales.
Abusée par ladynastie angevine, la population de Catane prend part à la révolte desVêpres siciliennes qui offre l'île àPierre III d'Aragon (dont l'épouse,Constance, était la fille du roiManfred). La ville demeure un port stratégique en tant que position aragonaise. Au cours d'une nouvelle révolte civile en 1299, elle est capturée par une armée angevine, qui occupe la ville jusqu'à son évacuation définitive de la Sicile en 1302[53]. Le royaume échoit à une branche cadette de lacouronne d'Aragon.
Sarcophage de sainte Agathe de Catane.
AuXIVe siècle, la ville est choisie parMartinIer comme siège du Parlement de Sicile et résidence royale. En 1347, le traité de paix mettant fin à la longue guerre dynastique entre Aragonais et Angevins est signé à Catane. Cependant, elle perd son rôle capital au début du siècle suivant lorsque la Sicile intègre directement lacouronne d'Aragon, tout en conservant son autonomie et ses privilèges d'origine en 1409. En 1376, les reliques de sainte Agathe sont déposées dans la cathédrale de Catane. Elle subit une épidémie depeste en 1423.
Plan de Catane en 1575.Éruption de l'Etna en 1669 (Giacinto Platania).La vaste piazza del Duomo, avec la cathédrale et la fontaine de l'Éléphant, ensemble monumental apparu lors de la reconstruction post-sismique de la ville.
Avec l'unification des couronnes de Castille et d'Aragon au début duXVIe siècle, la Sicile et Catane sont intégrées à l'Empire espagnol[54], ce qui ne s'est pas fait pas sans susciter des révoltes locales, notamment en 1516 et en 1647[55]. Aux pieds de l'Etna, Catane a souvent été touchée par des coulées delave dont une qui rejoignit lamer en 1669, et fut presque entièrement détruite en1693 par untremblement de terre de degré 11 sur l'échelle de Mercalli. Ce dernier, qui toucha l'ensemble du Val di Noto, fut particulièrement ravageur puisqu'il dévasta 60 villes et villages, provoquant la mort de 93 000 personnes[56] dont 16 000 à Catane, soit les deux tiers de sa population[57], où ne restèrent intacts que très peu d'ouvrages au nombre desquels le castello Ursino, quelques portions des murs antiques et l'amphithéâtre romain. La reconstruction fut lancée rapidement par la couronne espagnole sous la direction du vicaire généralGiuseppe Lanza avec l'aide des architectes, artisans maçons et sculpteurs deMessine, alors très imprégnés dustyle baroque tardif. Le style baroque initial fut cependant atténué par l'apport néo-classique deGiovanni Battista Vaccarini (1702-1768) et de son frère Giacomo Amato. Les architectes refusèrent de reconstituer à l'identique l'ancienne ville trimillénaire avec ses ruelles tortueuses et étroites, responsables du grand nombre de victimes, et choisirent un plan moderne et antisismique : une maille urbaine orthogonale abritant des bâtiments de deux étages seulement, parsemée de grandes places devant permettre aux habitants de se réfugier en cas de tremblement de terre, et sillonnée de grands axes routiers autorisant des évacuations rapides. Les voies principales furent conçues avec pour largeur16 mètres, les voies centrales12 mètres, les voies secondaires8 mètres. L'éléphant, symbole de la ville, fut récupéré parmi les décombres du palazzo della Loggia.
La reconstruction qui s'ensuivit a vu la naissance ou la renaissance des monuments suivants :
1693-1735 : construction de la chiesa di San Nicolo (transept de105 mètres de longueur) ;
1734-1758 : construction de la cathédrale Sant'Agata (duomo) ;
1735-1765 : construction de la badia di Sant'Agata (intérieurrococo) ;
Au début duXIXe siècle, Catane est à l'avant-garde du mouvement indépendantiste sicilien. En 1860, l'expédition des Mille menée parGiuseppe Garibaldi permet de conquérir laSicile, arrachée auroyaume des Deux-Siciles. Dès l'année suivante, Catane est intégrée au royaume d'Italie nouvellementunifié. Face aux avancées de la gauche (souvent autonomiste) enSicile, Crispi dissout en 1889 le conseil municipal présidé par le socialiste Giuseppe De Felice[59].
La première moitié duXXe siècle est marquée par un cycle de destructions et de reconstructions répétées pour Catane. Entre 1923 et 1928, la ville subit deux éruptions majeures de l'Etna. L'éruption de 1923, qui s'est étendue du 6 au, a causé d'importants dégâts. Celle de 1928 fut encore plus dévastatrice, dont la coulée de lave a détruit un village environnant.
Pendant laSeconde Guerre mondiale, Catane fut gravement endommagée par les bombardements alliés en raison de son port stratégique, de sagare de triage, et de la présence de deux bases aériennes au service de l'Axe (Gerbini etFontanarossa). La ville subit87 raids aériens, principalement au printemps et à l'été 1943, c'est-à-dire avant et pendant l'invasion alliée de la Sicile. Ces attaques ont détruit un total de28 églises et la majorité des palais historiques de la ville, tué750 habitants et forcé une grande partie de la population citadine à fuir vers la campagne[60],[61],[62]. Après de violents combats à travers l'est de la Sicile, Catane est capturée par la8e armée britannique le.
Après la guerre et la proclamation de laRépublique italienne en 1946, Catane tenta de rattraper son retard économique et social par rapport aux régions du nord de l'Italie. La ville fut confrontée aux problèmes caractéristiques duMezzogiorno : retard industriel et infrastructurel considérable et forte présence de lamafia.
Malgré ces défis, la ville a connu une période de développement économique, social et culturel soutenu des années 1960 aux années 1990. Toutefois, au début duXXIe siècle, la ville a dû faire face à une stagnation économique et sociale aggravée par la crise financière en 2008[63]. Elle n'en demeure pas point le principal centre économique de la Sicile orientale.
La ville de Catane proprement dite (comune di Catania) est divisée en sixarrondissements administratifs appeléscircoscrizioni :
I. Centro storico - II. Picanello-Ognina / Barriera-Canalicchio - III. Borgo-Sanzio - IV. San Giovanni Galermo-Trappeto-Cibali - V. Monte Po-Nesima / San Leone-Rapisardi - VI. San Giorgio-Librino / San Giuseppe la Rena-Zia Lisa-Villaggio Sant'Agata
Outre la ville de Catane (311 584 habitants), les26 communes avoisinantes composant son aire urbaine forment une agglomération de 498 650 habitants[64],[65]. Cet ensemble urbain partage un même tissu économique et social avec pour cœur organique le centre-ville de Catane.
Laville métropolitaine de Catane, instituée en 2015 à la place de l'ancienneprovince homonyme, comprend57comuni outre Catane elle-même et rassemble 1 107 702 habitants.
En, la population de Catane comptait 315 601 habitants, dont 47,2 % d'hommes et 52,8 % de femmes. Les mineurs (moins de18 ans) représentaient 20,5 % de la population, contre 18,9 % pour les retraités. La moyenne italienne est de 18,1 % et 19,9 % respectivement.
L'âge moyen des habitants de Catane est de41 ans, contre une moyenne nationale italienne de42 ans. Entre 2002 et 2007, la population catanaise a diminué de 3,3 %, tandis que celle de l'Italie dans son ensemble a augmenté de 3,8 %. Cettedécroissance démographique dans la commune de Catane s'explique principalement par le départ d'une grande partie de la population du centre-ville vers des zones résidentielles situées dans les communes de l'aire métropolitaine. Ainsi, bien que la population de la commune de Catane diminue, celle des communes périphériques augmente, entraînant une augmentation globale de la population locale.
Letaux de natalité actuel à Catane est de10,07 naissances pour 1 000 habitants, comparé à une moyenne nationale de9,45 naissances.
Catane abrite de nombreuxclubs couvrant une large gamme de disciplines sportives. Le club le plus célèbre de la ville est leCatania FC, l'équipe de football suivie par environ un demi-million de supporters[70]. L'autre grand club local est l'Orizzonte Catania, le principal club dewater-polo féminin en Italie, avec24 titres de champion national (dont 15 consécutifs entre 1992 et 2006), ainsi que8 titres en Coupe des champions européens.
Elle est la ville la plus couronnée de succès dans les sports collectifs de tout le sud de l'Italie avec77 sacres nationaux (en), se positionnant ainsi devantNaples etBari. En ce qui concerne les sports individuels,56 athlètes de Catane ont remporté des titres mondiaux, 54 des titres européens, et 139 des titres nationaux. AuxJeux olympiques, les athlètesitaliens originaires de Catane ont décroché un total de7 médailles d'or,8 médailles d'argent et4 médailles de bronze.
La ville organise la compétition automobile Catania-Etna, organisée par l'Automobile Club d'Italia. Cette compétition remonte à 1923 et se tient régulièrement depuis 1947. Suspendue en 2010 en raison d'un grave accident, elle a fait son retour lors de la46e édition fin juin 2021[71].
De 1960 à 2011, Catane a accueilli l'événement international du Trofeo Sant'Agata, unecourse sur route qui se déroulait dans les rues du centre-ville chaque année le, jour du début de la fête de sainte Agathe.
La ville a également été l'hôte de plusieurs événements sportifs internationaux :
Palazzo dell'Università, campus du centre-ville de Catane.
Fondée en 1434 sous les noms deSiculorum Gymnasium etSiciliae Studium Generale, l'université de Catane est la plus ancienne université de Sicile[72]. Elle compte12 facultés et accueille plus de 62 000 étudiants[73],[74].
Elle abrite également laScuola superiore di Catania (École supérieure de Catane), qui vise à l'excellence en matière d'éducation et propose des programmes destinés aux enseignants[75].
La ville est également le siège du prestigieuxIstituto musicale Vincenzo-Bellini, un institut supérieur d'études musicales (conservatoire)[76], ainsi que de l'Accademia di Belle-Arti, un institut supérieur d'études artistiques.
Les fêtes desant'Agata : 3-4-5 février, à l'occasion annuelle de son martyre / 17 août, récurrence de la translation de ses reliques deConstantinople et de leur restitution au sol natal ;
Le port de Catane est relié au hub logistique route-rail deBologne. En septembre 2020,Mercitalia Logistics a inauguré la première liaison ferroviaire directe entre Catane et le Nord de l'Italie, en remplacement d'une ancienne ligne mixte maritime-ferroviaire[78].
Catane, piazza dei Martiri - vue des cheminées industrielles en arrière-plan.Centre commercial Etnapolis.
Catane est un important centre industriel à l'échellesicilienne. La ville est renommée pour son industrie pétrochimique et l'extraction dusoufre.
À la fin duXIXe siècle, Catane s'est fortement industrialisée. Cependant, l'économie locale a été gravement affectée par les répercussions de laPremière Guerre mondiale, qui entraînent une crise économique dans les années 1920 et, dès la décennie suivante, la fonction économique de Catane était réduite à un petit port de pêche avec des industries abandonnées. Après les nouvelles destructions engendrées par laSeconde Guerre mondiale, l'économie catanaise a connu un nouvel essor à partir des années 1950, si rapide qu'elle fut surnommée laMilano del Sud (« Milan du Sud »). Cette croissance économique s'est doublée d'un essor démographique grâce à l'exode rural en provenance des campagnes ou des petites villes siciliennes comme Enna, Raguse et Caltanissetta.
De nos jours, malgré les défis structurels auxquels elle fait face, Catane possède l'une des économies les plus dynamiques du Mezzogiorno. Elle conserve un secteur industriel et agricole solide, ainsi qu'un secteur touristique en plein essor, attirant des visiteurs internationaux venus découvrir ses monuments historiques et l'Etna. La ville abrite les sièges ou bureaux d'entreprises telles queSTMicroelectronics, ainsi que plusieurs autres sociétés chimiques etpharmaceutiques. Des projets récents visent à stimuler encore davantage l'économie locale, tels que la construction d'Etnapolis[79], un grandcentre commercial conçu parMassimiliano Fuksas et inauguré en 2005, ou encoreEtna Valley[80], technopôle regroupant des bureaux de haute technologie.
Le symbole de la ville de Catane estu Liotru, ou la fontaine de l'Éléphant (fontana dell'Elefante), assemblée en 1736 parGiovanni Battista Vaccarini sur la piazza del Duomo. Elle représente un éléphant en pierre de lave surmonté d'un obélisque égyptien provenant deSyène (3,61 mètres de haut, datation inconnue). D'après la légende, l'éléphant originalement conçu par Vaccarini était dépourvu d'attributs masculins, ce qui fut perçu comme une insulte à la virilité des hommes de Catane. Afin d'apaiser les tensions, Vaccarini aurait été contraint d'ajouter des testicules à la statue.
La stèle octogonale granitique de l'obélisque contient dans ses gravures latérales deshiéroglyphes relatifs aux cultesisiaques, particulièrement célébrés dans la Catane cosmopolite gréco-romaine. Aux temps romains, il fut employé comme l'une des deuxmetae de l'anciencirque catanais où se déroulaient les démonstrations gymniques. On y fêtait lesAgonalia.
Le régionalismesicilienu Liotru est une déformation phonétique du nom d'Héliodore, membre de la noblesse byzantine de Catane qui, après avoir échoué à devenir évêque de la ville, serait devenu un sorcier avant d'être condamné au bûcher. La légende raconte qu'Héliodore lui-même aurait sculpté l'éléphant de lave et qu'il l'aurait monté pour fuir à toute vitesse jusqu'à Constantinople. Une autre version de la légende prétend qu'Héliodore pouvait se transformer en éléphant à sa guise.
La présence d'éléphants dans la tradition iconographique de Catane est probablement autant liée à la zooarchéologie qu'aux croyances populaires. En effet, la faune préhistorique de laSicile à l'époque duPaléolithique supérieur comprenait deséléphants nains. Le paléontologue Othenio Abel a suggéré que la présence de ces éléphants nains pourrait être à l'origine de la légende descyclopes. Les Grecs, en découvert des crânes d'éléphants nains – environ deux fois plus grands qu'uncrâne humain et dotés d'une grandecavité nasale au centre (confondue avec un œil unique) – auraient supposé qu'il s'agissait de crânes de géants monoculaires.
Le muséum deminéralogie,paléontologie etvolcanologie de Catane conserve le squelette complet et remarquablement bien préservé d'unElephas falconeri. Les anciens peuples de l'Etna sculptaient ainsi des artefacts en pierre de lave pour idolâtrer ce proboscidien mythique.
Palazzo Rosa.Palazzo delle Poste.Lapiazza del Duomo, due à Giovanni Battista Vaccarini qui a reconstruit la façade de lacathédrale entre 1730 et 1736. L'urbaniste a fait bâtir le palais municipal ou « palais des Éléphants » en 1741. On y trouve aussi la fontaine de l'Éléphant. L'alternance des siècles engendrera les différentes dénominations qui ont toujours remarqué le rôle de pivot de la vie religieuse et institutionnel de cette place au sein de la cité. Elle fut la « grande place » de Catane sous l'Empire Romain (laPlatea Magna), la « place majeure » médiévale (la piazza Maggiore) et enfin la « place de Sainte-Agathe » (chianu ri Sant'Àita) avant d'être définitivement symbolisée du neuf arrangement baroque de l'architecte palermitain ;
Lepalazzo degli Elefanti (« palais des Éléphants »), conçu par Vaccarini, abrite l'hôtel de ville de Catane ;
Le palazzo dell'Università (« palais de l'Université »), conçu par la famille Battaglia, accueille le siège ainsi que la bibliothèque principale de l'université de Catane ;
Dômes de la badia di Sant'Agata (à gauche) et de la cathédrale (à droite).Chiesa di San Benedetto.Chiesa di San Biagio.Basilica della Collegiata.Chiesa di San Francesco d'Assisi all'Immacolata.Chiesa di San Placido.Lacathédrale de Catane (1070–1093, reconstruite après le séisme de 1693) ;
Lachiesa di Sant'Agata la Vetere (254), plus ancien lieu de culte chrétien dédié à sainte Agathe, elle fut consacrée, aussitôt après l'Édit de Milan (313), probablement sur les lieux du martyre et de l'ensevelissement de la sainte. L'adjectif latinvetere,veteris indique son rôle de première cathédrale de la ville et son ancienneté. C'est là quesainte Lucie de Syracuse se rendra en pèlerinage pour demander grâce pour sa mère malade. Détruite par le séisme de 1693, elle fut rebâtie en 1722. L'intérieur contient les restes des fondations de la façade primitive et de la sacristie, et l'ancien écrin en bois qui fit fonction de coffre pour les reliques de la sainte. En outre, au centre de l'abside est positionné le sarcophage de marbre historié avec les scènes de la « chasse au sanglier de Calydon » en style chrétien byzantin-normand. Elle fut la toute première sépulture à accueillir les dépouilles torturées de la jeune fille, hâtivement déposées dans cette caisse par un groupe de Christicoles (adorateurs du Christ), seuls éplorés témoins oculaires de son martyre ;
La chiesa di Sant'Agata al Borgo (1669, reconstruite après le séisme de 1693) ;
La chiesa di Sant'Agata al Carcere (1760), construite au-dessus de la geôle (carcere) où sainte Agathe fut emprisonnée durant le procès sanguinaire dressé à son encontre ;
La chiesa di San Francesco Borgia, ancien collège des Jésuites ;
La chiesa di San Gaetano alle Grotte (260), ainsi nommée en raison de la présence degrottes situées sous sesfondations, les soi-disant « Grottes Blanches » auxfresques desIVe et XVIe siècles. Elles sont un système de cavités souterraines recouvertes partiellement d'anciennescoulées laviques qui avaient la fonction decatacombes (le cadavre de sainte Agathe y fut déposé après son martyre). Le temple abrite une petite chapelle à côté de laquelle se trouve une vasque dont les eaux étaient utilisées pour les baptêmes. Il s'élève à l'endroit où un évêque catanais construisit la première église chrétienne de la ville en l'an 260. Détruite par les Sarrasins, elle fut reconstruite au début duXIe siècle. En 1508, elle fut dédiée à saint Gaétan. De nouveau détruite en 1674, elle fut reconstruite en 1800 par l'évêque Corrado Deodato Moncada. Sur la façade, une admirable statue de saint Gaétan accompagné de l'enfant Jésus ;
La basilica di San Nicolò l'Arena (1687), extension inachevée dumonastère de San Nicolò l'Arena (1558), qui comprend un escalier monumental et un cloître d'inspiration baroque, un deuxième cloître et des jardins luxuriants et éclectiques à l'accès libre, un musée, une bibliothèque et des sous-sol en partie creusés dans la pierre de lave. Les touristes y côtoient les étudiants de l'université intégrée en ses murs ;
La ville de Catane a été ensevelie par des coulées de lave à dix-sept reprises dans son histoire. Sous les couches de la ville actuelle se trouvent les vestiges de la villeromaine qui l'a précédée ainsi que celles de la cité grecque encore plus ancienne. Bon nombre des monuments anciens de la cité grecque ont été perdus, et la plupart des témoignages subsistants de l'époque antique sont d'origine romaine. Aujourd'hui, divers vestiges anciens sont disséminés dans le centre-ville, intégrés dans un parc archéologique (parco archeologico greco-romano di Catania).
Théâtre gréco-romain : il existait déjà auVe siècle av. J.-C. mais fut remanié plusieurs fois sous lesJulio-Claudiens, lesFlaviens etHadrien. Les éléments scéniques ont disparu (sauf des colonnes exposées au musée de Catane) mais plusieurs colonnes du portique subsistent. La cavea orientée au sud et construite en basalte noir avec des sièges plaqués de marbre blanc comptait 23 rangs de sièges dans sa partie inférieure, 10 rangs dans sa partie médiane et 5 dans la partie supérieure[82], avec un diamètre de 87 mètres. Il pouvait accueillir environ 7 500 spectateurs qui y accédaient par les vomitoires desservis par trois corridors semi-circulaires ;
Odéon de 1 500 places, construit à côté du théâtre avec la même orientation au sud. Sa cavea semicirculaire mesure42 mètres de diamètre et l'orchestre 10 mètres ;
Le compositeur d'opéraVincenzo Bellini est né au palazzo Gravina-Cruyllas, situé dans le centre-ville de Catane. Ce palais abrite aujourd'hui un musée qui lui est dédié.
Giovanni Verga est lui aussi né à Catane en 1840. Considéré comme le plus grand représentant duvérisme,mouvement littéraire italien proche dunaturalisme, il a dépeint dans ses romans la vie des classes populaires siciliennes, des pêcheurs aux tailleurs de pierre, en écrivant dans un mélange de langue littéraire et de dialecte local.
La ville de Catane abrite le siège du journalLa Sicilia ainsi que la chaîne de télévisionAntenna Sicilia. Plusieurs autreschaînes de télévision locales et magazines de presse gratuite siègent aussi à Catane.
La ville est également le théâtre duCatania Jazz Festival, qui se déroule généralement sur plusieurs mois d'hiver avec des concerts dans toute la ville. De la fin des années 1980 aux années 1990, Catane a connu unescène musicale populaire dynamique et unique. Des groupes depop et derock indépendants, des stations de radio locales et des labels de musique dynamiques ont émergé, faisant vivre à la ville une période culturelle effervescente. Des artistes commeCarmen Consoli et Mario Venuti, ainsi que des groupes de rockindépendant reconnus internationalement commeUzeda, sont issus de ce bouillonnement culturel catanais.
La gastronomie occupe une place centrale dans la culture de Catane. La cuisine locale met en valeur les caractéristiques de lacuisine sicilienne tout en développant une identité propre à la ville.
Lesarancini sont sans doute le plat destreet food le plus emblématique de la ville : ces boulettes de riz farcies, enrobées de chapelure et frites, prennent à Catane une forme conique pour évoquer la forme de l'Etna. Parmi les spécialités typiquement locales figurent lacipollina (feuilleté garni d'oignon, tomate et jambon), labolognese (petite pizza recouverte de tomate, mozzarella, jambon, œuf dur et feuilleté), et lescrispelle (beignets farcis à laricotta ou aux anchois). Laviande de cheval est servie dans des échoppes appeléesarrusti e mancia (« grille et mange »), où elle est cuite au barbecue en plein air[83].
Bastaddi affucati oubrocculi affucati (chou-fleur ou brocoli mijoté) ;
Caponata (légumes sautés) ;
Scacciata (tourte garnie de fromage), traditionnellement consommée pourNoël.
La pâtisserie catanaise est renommée et varie selon les saisons et les événements. Lors de la fête de Sainte-Agathe, patronne de la ville, on déguste descassatelle (petitescassate) et desolivette (pâte d'amande en forme d'olive). ÀPâques, on prépare desaceddi ccu l'ovu (œufs durs enrobés de biscuit). Enété, lagranita est omniprésente dans la ville. Durant lafesta dei morti (fête des morts,1er novembre), on prépare des biscuits comme l'ossa di mortu, lesrame di Napoli ou lesnsuddi. Les seins d'Agathe sont une spécialité culinaire locale notamment préparée à l'occasion de la fête de la sainte patronne de la ville. Cette friandise perpétue le récit d'une jeune Agathe ayant subi l'amputation de ses seins pour avoir éconduit un proconsul romain[84].
Les deux devises latines de Catane sont lisibles sur les targes marmoréennes du monumental arc de triomphe sur lapiazza Palestro, dit « porta Garibaldi ». Elles citent :
Melior de Cinere Surgo (« Je renais meilleure de mes cendres ») ;
Armis Decoratur, Litteris Armatur (« Décorée avec les armes, armée avec les lettres »).
La devise actuelle de la ville est :Catania tutrix regum (« Catane protectrice des rois »).
↑Pierre Lévêque, « Les colonies chalcidiennes de la côte orientale »,La Sicile, Presses universitaires de France, « Nous partons pour », 1989, p. 261-278.[lire en ligne]
↑FabrizioNicoletti, « L'acropoli di Catania nella preistoria »,Published in Fabrizio Nicoletti (editor), Catania Antica. Nuove prospettive di ricerca, Palermo,(lire en ligne, consulté le)
↑Jean-Yves Frétigné,Histoire de la Sicile : des origines à nos jours, Paris/18-Saint-Amand-Montrond, Pluriel / Impr. CPI Bussière,, 477 p.(ISBN978-2-8185-0558-8 et2-8185-0558-5),p. 339
Santi Correnti.La città semprefiorente. Catania, Greco, 1977.
Santi Correnti e Santino Spartà.Le strade di Catania. Catania, Newton & Compton, 1998.
Ilaria Di Pietra,Catania. Viaggi e viaggiatori nella città del vulcano, Giuseppe Maimone Editore, Catania 2007
Antonino Recupero,Catania. Città del mediterraneo, (Fotografia di Alfio Garozzo. Prefazione di Andrea Camilleri), Giuseppe Maimone Editore, Catania 2007,(ISBN978-88-7751-273-4)