La Catalogne est l'une des17 communautés autonomes d'Espagne, et possède son identité (article 1 de son statut d'autonomie)[3] qui est notamment représentée par songouvernement, son drapeau (lasenyera) et sa langue (lecatalan), entre autres éléments. Elle est régie par unstatut d'autonomie. Depuis le, elle est définie comme « réalité nationale » par sonstatut d'autonomie de 2006. Le préambule de cette loi, qui n'a pas de valeur juridique, déclare que leparlement catalan définit la Catalogne commenation[4],[5]. Le parlement de Catalogne, majoritairement indépendantiste, a proclamé le laRépublique catalane[6],[7],[8],[9], conduisant l'Espagne à suspendre provisoirement tous les pouvoirs de lagénéralité de Catalogne.
Administrativement, la communauté autonome de Catalogne actuelle est divisée en quarante-deuxcomarques, regroupées en quatreprovinces :Barcelone (Barcelona),Gérone (Girona),Lérida (Lleida) etTarragone (Tarragona). Les agglomérations les plus importantes sont celle de Barcelone, par ailleurs deuxième aire urbaine d'Espagne en talonnant de peuMadrid[10], et celle deTarragone.
Un manuscrit deAl-Udri(en) (antérieur à son décès en 1085) mentionne le toponymeTalūniya, auquel le préfixe "ca" ou "cala" aurait été ajouté pour donner "cataluniya" ou "calatuniya"[13],[14].
Le nom de la Catalogne a commencé à être utilisé auXIIe siècle[28] en référence au groupe de territoires qui composaient lamarche d'Espagne, qui sont progressivement devenus indépendants des autorités franques.
Nombre d'hypothèses ont été émises sur l'étymologie du toponyme mais toutes ont été repoussées, notamment pour des motifs d'ordrephonétique[29] :
Gothia,Gothland, puisGothlandia : la « terre desGoths », vu que la marche d'Espagne aurait été l'une des terres des Goths[30]. Cependant, la fin « -lunya » du nom catalanCatalunya oriente, sur le plan linguistique, vers une expression latineGotia Longa (ouGota lonna), soit « Gothie étendue » (jusqu'à Barcelone), autrement dit « Grande Gothie » par opposition à ce qui serait la « petite Gothie » duIXe siècle connue sous le nom demarquisat de Gothie[31],[32]. Cette interprétation est corroborée par la forte admiration des ancêtres goths entretenue localement pendant lesIXe et Xe siècles qui ont vu l'affirmation du comté de Barcelone.
Selon Grousset,L'empire des steppes (Editions Payot, Paris, 1965), p119 « [certaines tribus d'Alains] passèrent en Espagne, se mèleront aux Suèves en Galice, ou formeront avec les Wisigoths un élément mixte qui donnera peut-être son nom au pays « goth-alain » ou Catalogne (?) »
Lacetani « Lacétains », nom d'une tribuibère établie au nord-ouest de la Catalogne actuelle, dont le nom pourrait avoir évolué enKatelans parmétathèse, puis enCatalans[33],[34],[35].
LeNéolithique débute en terres catalanes environ 5 800 à 4 500 ans av. J.-C., même si le degré de sédentarisation était nettement inférieur à celui d'autres régions ; en effet, l'abondance de zones boisées permit de maintenir un rôle majeur à la chasse et à la cueillette au sein des activités de subsistance. Quoi qu'il en soit, plusieurs culturesnéolithiques vont se développer dans la région : leCardial (site deLa Draga près deBanyoles), la culture des sépultures en fosse montrant des influences duChasséen (mines deGavà). Suivent ensuite leCampaniforme auChalcolithique d'environ à environ, puis lacivilisation des champs d'urnes à l'âge du bronze entre 1 200 et[réf. nécessaire].
À l'époque pré-romaine, le territoire de Catalogne, comme le reste de la partie méditerranéenne de la péninsule, a été peuplé par lesIbères. D'après les éléments livrés par l'archéologie et les recherches les plus récentes, il semble falloir abandonner l'idée, longtemps défendue par l'historiographie, que les Ibères soient un peuple migrateur venu d'Afrique, mais qu'ils soient le fruit d'apports de population différentes (notamment indo-européennes) ayant fini par développer une culture commune. Les Ibères connaissent un développement qui prend sa source au début duIer millénaire av. J.-C. et se termine avec laconquête romaine dans le courant duIIe siècle av. J.-C.[39].
En réalité, ce n'est qu'à partir duVIe siècle av. J.-C. que les régions duNord de l'Ibérie, et surtout la région de la basse vallée de l'Èbre, commencent à prendre plus de visibilité sur le Sud, jusque-là favorisé par ses activités minières et ses relations commerciales avec les peuples puniques. Cette région septentrionale, comprenant l'actuel territoire de la Catalogne, jusque-là d'un caractère plutôt agricole en regard des territoires du Sud, miniers, connaîtra un développement singulier, avec le développement d'une civilisation proto-urbaine, l'entrée dans l'âge du fer et l'invention d'uneécriture. Certaines agglomérations deviennent des cités importantes, notammentIlerda (Lérida) à l'intérieur des terres,Biscargis (à l'emplacement inconnu mais situé au sud de la Catalogne actuelle ou au nord de la Communauté valencienne),Hibera (peut-êtreTortosa) ouIndika (Ullastret). LesIbères de cette région (dont les principaux peuples sont lesIlergetes, lesIndigetes, lesLacétans ou lesCerretains) entretiennent également des relations avec les peuples du Nord de laMéditerranée :Gaulois,Grecs, et plus tardRomains. Des colonies marchandes côtières ont été établies par lesanciens grecs qui se sont installés à Emporion (Empúries) et àRoses[réf. nécessaire].
Après la chute de l'Empire romain d'Occident, la région est l'un des principaux foyers d'installation desWisigoths et l'un des points de départ de leur conquête d'une grande partie du reste de la péninsule Ibérique. Ils contribuent à ramener une stabilité et un essor économique, ainsi qu'au développement de nouveaux centres urbains qui existaient déjà à l'époque romaine mais qui étaient jusque-là d'importance secondaire, à commencer parBarcino ouBarcelone. Celle-ci sert d'ailleurs de capitale auRoyaume wisigoth en415, de507 à510 et de531 à548[réf. nécessaire]. En718, elle est passée sous contrôle musulman et est devenue une partie d'al-Andalus, une province duCalifat omeyyade.
En 1137, le comteRaimond-Bérenger IV de Barcelone reçut la donation duroyaume voisin d'Aragon du roiRamire II d'Aragon, et en 1150 épousa sa fille,Pétronille, établissant l'union dynastique du comté de Barcelone avec le royaume d'Aragon, ce qui donna naissance à une monarchie composite connue sous le nom deCouronne d'Aragon, qui développe un mode d'administration original, très décentralisé pour répondre aux fortes différences tant politiques qu'économiques et linguistiques des deux parties de la couronne, le royaume d'Aragon et laprincipauté de Catalogne[réf. nécessaire].
La principauté de Catalogne amorce son déclin avec lapeste noire de 1348 qui touche durement les principales cités de la principauté (à commencer parBarcelone), ainsi qu'à la disparition du roiMartin Ier d'Aragon, le Vieux, dernier souverain de la maison de Barcelone, mort sans héritier en 1410[réf. nécessaire].
À l'extinction de la dynastie catalane d'Aragon en 1410, l'élection du CastillanFerdinand Ier le Juste en 1412 est suivie par les règnes de ses filsAlphonse V (de 1416 à 1458) puisJean II (déjà associé au trône tandis que son frère guerroie en Italie).
En 1462, une rébellion se produit contreJean II d'Aragon. À cette occasion, leRoussillon et la Cerdagne sont donnés en gage au roi de FranceLouis XI qui les occupe militairement. Le conflit dure jusqu'en 1472, et Jean finit par triompher des prétendants opposés.
Le fils de Jean II,Ferdinand II d'Aragon dit le Catholique, épouse en 1469 celle qui deviendraIsabelle la Catholique. Il en soutient les prétentions à succéder àHenry de Trastamare sur le trône de Castille, et, l'issue de laGuerre de Succession de Castille, le couple s'impose. L'Aragon, dont la Catalogne, est en union dynastique avec la Castille. Après l'invasion duroyaume de Navarre en 1512, les monarchies ibériques furent formellement réunies en une seule monarchie d'Espagne en 1516. Chaque royaume de la monarchie conservait ses institutions politiques et maintenait ses propres parlements, lois, administration et monnaies séparées[réf. nécessaire]. Mais la Castille est l'entité dominante.
LorsqueChristophe Colomb fit sa découverte dans l'Amérique lors d'une expédition commanditée par l'Espagne, il commença à déplacer le centre de gravité économique et commercial de l'Europe (et les ambitions de l'Espagne) de la Méditerranée à l'océan Atlantique.Castille et Aragon étaient des entités séparées jusqu'en 1716 malgré une couronne partagée et les colonies nouvellement établies dans les Amériques et le Pacifique étaient castillans. Pendant trois siècles, les Catalans se rebellent à de nombreuses reprises pour défendre leurs droits face à un pouvoir castillan de plus en plus expansionniste et cherchent à échapper à l'effort militaire de l'Empire espagnol[réf. nécessaire].
En 1640 éclate larévolte des faucheurs (Segadors). Les Catalans s'opposent au centralisateur ministreOlivares qui veut supprimer leurs privilèges locaux pour les faire participer à l'effort deguerre, jusque-là supporté seul par laCastille[réf. nécessaire]. Les Catalans révoltés proclament dans un premier temps unerépublique catalane, puis font appel àLouis XIII, proclamé comte de Barcelone[réf. nécessaire]. Par letraité des Pyrénées son filsLouis XIV conclut avec le roi d'Espagne une partition de la Catalogne[réf. nécessaire]. LeRoussillon, leVallespir, leConflent et le Nord de laCerdagne rejoignent le royaume de France, tandis que le reste de la principauté, reconquis progressivement par le roi d'Espagne entre 1644 et 1652, se voit reconnaître le respect des lois et institutions catalanes.Els Segadors (Le chant des Faucheurs) est l'hymne national[réf. nécessaire] officiel catalan.
La nouvelle dynastie affirme l'instauration d'unemonarchie absolue et centralisée par lesdécrets de Nueva Planta (« nouvelle base »). La nouvelle organisation est inspirée du modèle français, et comme ailleurs lesusages, laCort General et les autres institutions du royaume d’Aragon, de Valence et des Baléares, qui constituaient la couronne aragonaise, sont abolis. Le décret (du) concernant l'Aragon, dont la Catalogne, a aussi pour but et effet de punir les vaincus : les fonctions nouvelles qui remplacent les anciennes passent aux mains de fidèles du Roi. Le Castillan est imposé dans l'enseignement et dans l'administration. Ne subsiste que le droit civil, et quelques privilèges fiscaux et militaires. L'indépendance de l'Aragon, et donc de la Catalogne, est terminée. La Catalogne sort brisée et soumise de cette épreuve, et il faut attendre plus d'un siècle pour assister à sa renaissance.
Elle s'industrialise rapidement auXIXe siècle[réf. nécessaire], et entre ensuite dans l'ère industrielle avec beaucoup plus de dynamisme que la plupart des autres territoires espagnols[réf. nécessaire]. Le territoire catalan a vu la première ligneferroviaire dans la péninsule Ibérique en 1848, reliant Barcelone àMataró, construite avec capitaux privés[réf. nécessaire]. Comme dans la plus grande partie de l'Europe, laclasse ouvrière s'est transformée en unprolétariat industriel, vivant et travaillant dans des conditions souvent inhumaines.
En 1914, les partis catalanistes ont gagné la création de laMancommunauté de Catalogne, sans autonomie spécifique, mais avec un ambitieux programme de modernisation[réf. nécessaire]. Elle est abolie en 1925[réf. nécessaire] par la dictature espagnole deMiguel Primo de Rivera . En 1931 est proclamée laRépublique catalane[réf. nécessaire] confédérée à l'Espagne à la suite de la victoire électorale des partis catalanistes de gauche et obtient en échange, après négociation avec le nouveau gouvernement de laRépublique espagnole, un statut d'autonomie en 1932 qui ressuscite l'institution de laGénéralité de Catalogne (en catalan :Generalitat de Catalunya), présidée par l'indépendantiste de gaucheFrancesc Macià. Sous la présidence de Francesc Macià (1931-1933) etLluís Companys (1933-1940), tous deux membres de laGauche républicaine de Catalogne (en catalan :Esquerra Republicana de Catalunya, ERC), la Généralité développe un programme social et culturel avancé, malgré la grave crise économique et les vicissitudes politiques de l’époque[réf. nécessaire].
Le statut est suspendu en 1939 lorsque la Catalogne, fidèle à la République, chute face aux troupes nationalistes deFranco à la fin de laguerre d'Espagne, événemen annonciateur de laSeconde Guerre mondiale. En 1940, le président catalan,Lluís Companys, est arrêté en France par les Allemands, livré au régime franquiste par laFrance de Vichy à laGestapo, qui le fait condamner et fusiller auchâteau de Montjuïc.
Destructions causées par un raid aérien allemand surGranollers, 31 mai 1938.
Durant ladictature franquiste, la répression politique concerne aussi les usages publics de la langue et des symboles de l'identité catalane[réf. nécessaire]. Les drapeaux, les hymnes commeEls Segadors ou leCant de la Senyera, la célébration des fêtes comme laDiada Nacional, voire lasardane, sont considérés comme des signes de subversion et sont déclarés illégaux. Ainsi, le,l'interprétation duCant de la Senyera par le public aupalais de la musique catalane en présence de plusieurs ministres franquistes est l'élément central desévénements du Palais de la Musique qui se soldent par la condamnation à sept ans de prison du jeune militant nationalisteJordi Pujol[48]. Jordi Pujol, future figure du nationalisme catalan, premier président élu de la Généralité (le gouvernement regional de Catalogne) après la mort de Franco, à la tête de cette région espagnole pendant 23 ans (1980-2003) finira pour avouer une fraude fiscale qui a duré 34 ans[49]. Concernant l'enseignement, seules les leçons en langue « chrétienne » (castillane) sont autorisées. Les toponymes sont hispanisés, l'usage ducatalan est interdit dans les administrations et en public, par l'introduction du slogan : « Si tu es Espagnol, parle espagnol ! »[réf. nécessaire]. Ceci va si loin que le chanteurJoan Manuel Serrat n'a pas le droit de participer auConcours Eurovision de la chanson 1968, parce qu'il veut y chanter la chansonLa la la en catalan[réf. nécessaire]. La Catalogne, comme les autres régions aux identités spécifiques (comme lePays basque, par exemple), commence par réagir en cultivant sa culture dans le domaine privé, puis en s'abstenant massivement aux votes populaires de toutes sortes[réf. nécessaire]. Cette résistance passive persiste de façon majoritaire jusque dans lesannées 1970, ayant trouvé au début desannées 1960 son expression dans laNova Cançó (la nouvelle chanson)[réf. nécessaire]. Les compositeurs de chansons tout d'abord anonymes trouvent leurs modèles dans leFolk anglo-saxon, dans lachanson ou dans leur patrimoine de chansons populaires[réf. nécessaire]. L'usage s'est tout particulièrement développé de chanter dans les arrière-salles de cafés des chansons en catalan, interdites dans l'espace public[réf. nécessaire]. Les compositeurs écrivent eux-mêmes leurs œuvres, et en raison de la répression toujours menaçante, ne se produisent que dans des cadres modestes[réf. nécessaire]. Les chants ont souvent pour sujet le sentiment d'allégeance à un groupe[réf. nécessaire]. Parmi les représentants connus de laNova Cançó, on compteLluís Llach (notamment avec sa chansonL'Estaca, le pieu, avec laquelle il faisait allusion au régime dictatorial et qui devient l'hymne de la résistance aufranquisme),Francesc Pi de la Serra,Maria del Mar Bonet etRaimon. En Catalogne, l'entrée en scène de Raimon le (connue comme le18 de maig a la villa) est devenu un des événements forts de cette lutte[réf. nécessaire], avec les centaines de milliers de spectateurs affluant malgré les policiers distribuant des coups de matraque autour d'eux[50]. L'abbaye de Montserrat, où sont dites des messes dans la langue catalane interdite, devient aussi connue dans ce contexte[réf. nécessaire]. Le chant de louanges à la ViergeVirolai de Montserrat a remplacé pendant l'ère franquiste l'hymne catalan interditEls Segadors[réf. nécessaire].
La guerre civile avait ravagé l'économie espagnole. L'infrastructure avait été endommagée, les travailleurs avaient été tués et les activités quotidiennes entravées. La reprise économique a été très lente et ce n'est que dans la seconde moitié des années 1950 que l'économie de la Catalogne a atteint les niveaux d'avant-guerre de 1936[réf. nécessaire]. Après une période initiale où l'Espagne a tenté de construire uneautarcie dans laquelle l'économie s'est peu améliorée, le régime de Franco a changé sa politique économique en 1959 et, dans les années 1960 et au début des années 1970, l'économie est entrée dans une période d'expansion économique rapide[réf. nécessaire].
Après la mort deFranco, la Généralité de Catalogne est rétablie en 1977 avec le retour d'exil de son présidentJosep Tarradellas[réf. nécessaire]. Celui-ci occupe le poste par intérim jusqu'auxélections de 1980, qui voientJordi Pujol, souverainiste catalan de centre-droit, plusieurs fois emprisonné sous la dictature franquiste, être élu président de la Généralité. Il occupe ce poste pendant six mandats consécutifs[réf. nécessaire]. Le père de Jordi Pujol fonde la Banca Catalana en 1958. Elle fait faillite en 1982 dans des circonstances peu claires, laissant un trou de 1,6 milliard d'euros[51] payé par le contribuable espagnol[52]. En 1984, le procureur général dépose une plainte contre Jordi Pujol et vingt anciens administrateurs de Banca Catalana pour des crimes de détournement et de complot[53]. Jordi Pujol parle alors de manœuvre de Madrid contre la Catalogne. En novembre 1986, la session plénière extraordinaire de la Cour territoriale de Barcelone (composée de 42 juges) estime que la preuve est insuffisante pour poursuivre le président de la Generalitat[53]. Fin juillet 2014, après que Jordi Pujol a reconnu une fraude fiscale, les médias espagnols font état des enquêtes de la justice sur sa famille et de sommes dépassant les cent millions d'euros se trouvant dans treize pays différents. Cet argent serait le résultat de « 23 à 30 ans de commissions sur des travaux publics ». Confronté à ces révélations, il doit renoncer à son poste de président honorifique du parti Convergence démocratique de Catalogne[49]. Son épouse et quatre de ses enfants auraient fait transiter près de 3,7 millions d'euros en un mois, en 2010, sur des comptes en Andorre et en Suisse. Un autre de ses fils, Oriol Pujol, ancien numéro deux de CDC et bras droit d'Artur Mas, a abandonné son siège au parlement catalan après avoir été mis en examen pour un scandale de corruption présumé[49]. Latransition démocratique permet l'expression libre des idées indépendantistes et la restauration d'institutions autonomes. Commençant à se faire sentir durant les deux dernières décennies de la période franquiste, une forte effervescence économique et sociale s'ensuit, portée par letourisme de masse, l'industrie (automobile par exemple, avec les usinesSeat installées dans lazone franche de Barcelone depuis 1953), l'urbanisme innovant deBarcelone qui devient le lieu d'expression d'architectes à la renommée internationale ou lesJeux olympiques d'été de 1992. Par ailleurs, la Catalogne devient un territoire bien intégré aux grands réseaux de la mondialisation et de l'Union européenne,Barcelone étant classée dans la catégorie desvilles mondiales « alpha » par lelaboratoire d'idéesGaWC[réf. nécessaire] tandis que l'eurorégion Pyrénées-Méditerranée est créée avec l'Aragon, lesîles Baléares et les régions françaises deMidi-Pyrénées et duLanguedoc-Roussillon en 2004. Par ailleurs, un homme politique catalan,Josep Borrell, occupe laprésidence duParlement européen de 2004 à 2007[réf. nécessaire].
Le mouvement pour l'indépendance du début duXXIe siècle
Le, unréférendum pour l'indépendance de la Catalogne est annoncé. Ce dernier se tient le dans un contexte de vives tensions entre l'État espagnol, qui a déclaré cette consultation illégale, et la Généralité de Catalogne[54],[55]. En effet, leTribunal constitutionnel espagnol a suspendu le la loi définissant les modalités légales de création d'un État catalan votée par leParlement de Catalogne. Le parquet ordonne aux forces de police d'empêcher la tenue de tout référendum. Bien qu'étant soutenu par l'essentiel de ses homologues européens, le gouvernement espagnol deMariano Rajoy est vivement critiqué dans la presse internationale pour l'ampleur de la répression[56],[57],[58],[59].
Lors d'une intervention devant le Parlement réuni le 2017,Carles Puigdemont proclame que« avec les résultats du référendum, la Catalogne a gagné le droit d'être un État indépendant ». Peu après la fin de la séance, les députés indépendantistes, bien que minoritaires à la suite des élections de 2015 (47,7 % du vote populaire), signent une déclaration qui reconnaît« la République catalane comme État indépendant et souverain, fondé sur le droit, démocratique et social ». Bien que le texte n'y fasse pas référence, son application est suspendue en conséquence du discours de Carles Puigdemont devant les parlementaires,« pour entreprendre un dialogue, arriver à une solution négociée pour avancer face aux demandes du peuple catalan »[60], laissant donc à la Catalogne 8 secondes d'indépendance. La déclaration ne sera pas publiée auJournal officiel de la communauté autonome et n'a pas été formellement approuvée par un vote des députés, ce qui la laisse sans valeur ni effet juridiques aux termes de la loi de transition juridique, qui imposait une proclamation par le Parlement réuni en session[61].
Le 12 octobre 2017, la chaîne de télévision françaiseFrance24 publiait un article avec des exemples de fake news « Images d'une grève de mineurs de cinq ans, un jeune garçon paralysé et les doigts cassés d'une femme : les images qui envahissent les médias sociaux espagnols pendant la crise de l'indépendance de la Catalogne ont une chose en commun. Ce sont toutes de fausses nouvelles »[62].
Le 27 octobre 2017, la Catalogne engage un« processus constituant » pour se séparer de l'Espagne[63] suivi quelques minutes plus tard par un vote du Sénat espagnol autorisant la mise sous tutelle de la Catalogne en vertu de l'article 155 de la Constitution[64]. Le 14 octobre 2019, neuf dirigeants indépendantistes catalans sont condamnés à des peines allant de neuf à treize ans d’emprisonnement[réf. nécessaire]. Ces condamnations entrainent en protestation de fortes mobilisations[réf. nécessaire]. Le 17 octobre 2019, le quotidien françaisLe Monde publiait des informations à propos de la radicalisation d´« une partie du mouvement indépendantiste »[65]. Le 18 octobre, la manifestation est durement réprimée par la police, faisant 579 blessés, dont quatre personnes qui ont perdu un œil à cause de l’utilisation de balles en caoutchouc[66]. Le 18 octobre, la journaliste française Elise Gazengel publiait dans son compte de Twitter qu´avec d´autres journalistes, ils avaient remarqué que « certains casseurs ne parlent même pas espagnol. Le ministère de l'Intérieur confirme ce matin que des anarchistes allemands et français ont été détectés hier »[67].
Selon uneenquête journalistique publiée en mai 2022, laRussie aurait poussé la Catalogne à proclamer son indépendance, en lui promettant un appui militaire et financier en échange de facilités pour y créer une place financière pourcryptomonnaies[68],[69].
Carte topographique du système pyrénéen, comprenant le territoire de la Catalogne.
Avec une superficie de32 106km2, la Catalogne est la sixième communauté la plus étendue d'Espagne. Offrant une certaine diversité debiotopes et de paysages qui ont été forgés par des conditions géologiques, hydrographiques, climatiques etanthropiques particulières, le territoire catalan est constitué en 2009 à 40 % deforêts, à 29,1 % de solscultivés, à 16,3 % dematollars (garrigues), à 6,2 % de zones urbanisées, à 5,3 % deprairies, à 2,5 % de nu naturel et à 0,6 % d'eaux continentales[70].
Des scientifiques observent, depuis 2017 en particulier, une régression significative de certaines zones du littoral sous l'effet duchangement climatique et de l’artificialisation des sols. Les reculs moyens enregistrés vont jusqu’à 9,8 mètres par an àBadalone et 7,5 mètres àMontgat. Lesdeltas sont également affectés par l’érosion. À l’embouchure de l’Ebre, les pertes sont de l’ordre de 10 à 15 mètres par an au cours des dernières décennies[71].
Enfin, occupant une grande partie de l'arrière-pays catalan, la dépression centrale catalane est une plaine située entre lesPyrénées au nord et lacordillère pré-littorale à l'est et au sud. Le Sud de laprovince de Lérida (lePonent) et le Centre decelle de Barcelone (lesComarques centrales) occupent ce territoire. Il s'agit d'une vaste plaine dont l'altitude varie entre 200 et 600 mètres. Le bassin sédimentaire et les eaux qui descendent des Pyrénées, qui forment la partie nord-orientale du réseau hydrographique de l'Èbre, ont créé un terreau fertile pour les terres agricoles, renforcé par la construction de nombreux canaux d'irrigation, tout en servant à la production hydroélectrique.
Le bassin occidental est le plus important, apportant une moyenne de18 700hm3 par an, tandis que le bassin oriental ne fournit qu'une moyenne de2 020hm3 par an. Ce déséquilibre est dû aux forts débits fournis par l'Èbre, fleuve le plus long et le plus puissant de la péninsule Ibérique, et l'un de ses principaux affluents, leSègre. Irriguant l'essentiel de la dépression centrale catalane ainsi que ledelta de l'Èbre au sud de la communauté, ce bassin occidental a grandement contribué au développement de l'agriculture depuis leNéolithique, tandis que c'est là qu'ont été construits l'essentiel des barrages hydroélectriques de Catalogne, dans les contreforts ou basses vallées dupiémont pyrénéen. La Catalogne est, en outre, relativement riche eneaux souterraines, mais là encore les inégalités sont importantes entre les comarques, étant donné la structure géologique complexe du pays. Dans lesPyrénées catalanes et leurspiémonts persistent plusieurslacs glaciaires. Le plus important lac naturel de Catalogne est toutefois d'originekarstique, à savoir celui deBanyoles dans lePla de l'Estany au nord-est (111,7ha).
La Catalogne est essentiellement soumise à unclimat méditerranéen tempéré par salatitude au sein de l'hémisphère nord. Les zones les plus densément peuplées sur le littoral des provinces deTarragone,Barcelone etGérone sont les plus représentatives de ce domaine climatique (étés très chauds et secs, printemps et automnes plus humides et pluvieux, hivers doux). Toutefois, en raison de la topographie variée, ce climat développe de nombreuses caractéristiques particulières selon les endroits, en étant notamment soumis à une influencemontagnarde (avec plus de précipitations et des températures moyennes qui baissent avec l'altitude, pouvant se diviser entre une influence de moyenne montagne dans l'essentiel de la Cordillère pré-littorale et dupiémont pyrénéen, avec moins de neige, et de haute montagne dans la plupart des massifspyrénéens, la Cordillère transversale et quelques îlots dans la Cordillère pré-littorale) etcontinentale (sec la moitié de l'année, forte amplitude thermique entre les saisons) dans la partie occidentale de la dépression centrale. Par ailleurs, deux autres domaines climatiques s'étendent dans des parties plus réduites du territoire de la Communauté : unclimat alpin (basses températures et neige en hiver, fortes précipitations) sur les plus hauts sommets desPyrénées le long de la frontière avec la France au nord, unclimat océanique (très pluvieux, froid et humide) dans le versant supérieur dubassin de la Garonne correspondant auval d'Aran[76].
Le vent dominant, comme dans une grande partie de l'Europe, est leponant ouvents d'ouest, venant de l'océan Atlantique et de l'anticyclone des Açores. Par ailleurs, tant au nord qu'au sud peuvent dominer desvents de couloir plus puissants, froids et secs venant du nord générés par l'effet Venturi et le passage de massifs montagneux, que ce soit laTramontane soufflant du nord surtout dans laplaine de l'Empordà, ou leMistral (d'une autre origine que le Mistral français, causé par des perturbations des vents dominants traversant les Pyrénées et la basse vallée de l'Èbre entre les Cordillères ibériques et pré-littorales catalanes) venant du nord-ouest dans ledelta de l'Èbre. S'y ajoutent des vents plus irréguliers comme lesbrises de mer (Marinada) ou demontagne ainsi que lefoehn. Les vitesses moyennes annuelles du vent (à 10 m du sol) vont de1m/s àVielha dans leval d'Aran (protégée par les montagnes environnantes) jusqu'à10m/s àPortbou (où l'observatoire se situe au sommet d'une montagne)[78].
Enfin, l'ensoleillement est étroitement lié à lanébulosité et non à la pluviométrie à proprement parler. Cette insolation se situe en Catalogne entre 2 000 et 2 600 h annuelles[79].
La Catalogne est touchée depuis 2020 par une secheresse d'une durée historique[80].
Biodiversité, pressions anthropiques et protection de la nature
Le parc national d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice.
La variété des substrats géologiques, des sols, des conditions climatiques, d'altitudes ou de distance par rapport à la mer a permis le développement d'unebiocénose assez diversifiée, offrant un échantillon représentatif à petite échelle despaysages ouest et sud européens. Il y a plus de 600 types d'habitats naturels et semi-naturels. La faune et la flore présentent un relativement faible taux d'endémisme, avec une majorité d'espèces se trouvant en d'autres endroits d'Europe, tout particulièrement dans le domaine méditerranéen. Toutefois, si 65 % de la Communauté autonome sont peu ou pas artificialisés, la Catalogne est également très vulnérable aux pressions anthropiques auxquelles elle est soumise.
En effet, plus de 7 millions de personnes, soit la quasi-totalité de la population catalane, sont concentrées dans 30 % du territoire principalement dans les plaines littorales. À l'agriculture intensive, à l'élevage et auxactivités industrielles se sont ajoutés unafflux touristique massif — plus de 20 millions de visiteurs annuels —, un taux d'urbanisation voire demétropolisation important qui a entraîné un fortétalement urbain — les deux tiers des Catalans habitent dans l'aire urbaine de Barcelone, tandis que la proportion de sols urbanisés est passée de 4,2 % en 1993 à 6,2 % de la totalité du territoire catalan en 2009, soit une croissance de 48,6 % en seize ans[70] — et un réseau dense d'infrastructures de transports. Ceci s'accompagne d'une certainedéprise agricole (baisse de -15 % de l'ensemble des espaces cultivés en Catalogne entre 1993 et 2009) et d'une menace pour les milieux naturels, surtout pour lesmatollars (-1,3 % sur la même période)[70]. Les activités humaines ont également mis certaines espèces animales en péril, voire ont entraîné leur disparition du territoire, comme pour leloup gris et probablement l'ours brun des Pyrénées. La pression créée par ce modèle de vie fait que l'empreinte écologique du pays dépasse, et de plus en plus, la superficie administrative de la Communauté[81].
Face aux problématiques ainsi posées, les autorités ont initié plusieurs mesures ou institutions ayant pour finalité de protéger lesécosystèmes naturels. Ainsi, en 1990, le gouvernement catalan a créé le Conseil de protection de la nature (Consell de Protecció de la Natura), un organe consultatif ayant pour but d'étudier, de protéger et de gérer les milieux naturels et paysages de Catalogne. Par ailleurs, la Généralité a également lancé un Plan d'espaces d'intérêt naturel (Pla d'Espais d'Interès Natural ou PEIN) en 1992 tandis que dix-huit espaces naturels de protection spéciale (Espais naturals de protecció especial ou ENPE) ont été institués, avec un seulparc national, celui d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice, quatorze parcs naturels de Catalogne – des Hautes-Pyrénées (Alt Pirineu), des marais de l'Empordà, deCadí-Moixeró, ducap de Creus, des sources duTer et duFreser, deCollserola, dudelta de l'Èbre, desPorts, du Montgrí,îles Medes et bas-Ter, duMontseny, deMontserrat, de Sant Llorenç del Munt et de l'Obac, de laserra de Montsant et de lazone volcanique de la Garrotxa — ainsi que trois endroits naturels d'intérêt national (Paratge natural d'interès nacional ou PNIN) — le Pedraforca, le bois de Poblet et lesAlbères.
Le territoire catalan offre donc une forte diversité de milieux et de paysages, particulièrement impactés par les activités humaines, liées à un réseau dense d'infrastructures de transports et de communication.
Réseau de transport trans-européen en Catalogne. La Catalogne, au sud-est des Pyrénnées est notamment reliée à Perpignan et Narbonne, en bordures de l'image, ainsi qu'à Saragosse et Valence en dehors de l'image.
Du fait de sa situation, sa topographie et son histoire, la Catalogne est une des régions de la péninsule Ibérique les plus ouvertes sur le reste de l'Europe et du monde, s'appuyant sur des réseaux de communication terrestres, maritimes et aériens relativement denses. Les réseaux sont essentiellement organisés en étoile autour de Barcelone, tandis que l'axe tracé par l'antiqueVia Augusta romaine le long de la côte méditerranéenne reste d'une importance majeure dans l'organisation des transports terrestres (routiers et ferroviaires) catalans mais aussi à l'échelle européenne (route européenne 15 ou E15,lignes à grande vitesse ou LGV de laRenfe-SNCF en Coopération).
Autoroutes régionales et de l'État, Catalogne (et Îles Baléares).
Le réseau routier, centralisé versBarcelone, s'étend sur environ 12 000 km, dont 1 648,5 km d'autoroutes ou voies express à grande capacité (689 d’autopistes, presque entièrement àpéage, 769,5 d’autovies majoritairement gratuites, 104 de routes dédoublées totalement gratuites et 86 de voies préférentielles payantes à une seule chaussée)[82],[83].
En 2018, la Catalogne regroupe 21 % de la mortalité routière urbaine de l'Espagne avec 105 des 489 tués[85].
Pour la période 2025-2030, 425 kilomètres de routes supportant un trafic journalier de 5000 véhicules et gérées par le gouvernement de Catalogne doivent être partiellement dédoublées enroute en 2+1 pour réduire la mortalité de 20% et les blessures graves de 50% pour un montant de 666 millions d’euros[86].
L'organisation du réseau ferroviaire catalan suit principalement celle du réseau routier. En effet, là encore le poids du carrefour barcelonais s'impose, les principales lignes convergeant vers la capitale tandis que son agglomération est elle-même parcourue par de nombreuxtrains de banlieue appelésRodalies ainsi que par l'uniquemétro de Catalogne (le deuxième plus étendu d'Espagne). De même, les liaisons entre la frontière française au nord-est et celle avec la communauté valencienne au sud-ouest, en suivant la ligne de côte, forment un axe particulièrement important et fréquenté. Le réseau s'étend sur 1 600 km[87].
Les trois autres capitales provinciales et grandes agglomérations catalanes disposent également de leurs aéroports internationaux : l'aéroport de Gérone-Costa Brava (GRO) au nord-est qui, grâce à l'implantation deRyanair qui en a fait l'une de ses bases majeures, a vu sa fréquentation fortement augmenter au cours desannées 2000 au point de devenir, avec un pic à 5,5 millions de passagers en 2008, retombé à 1,7 million en 2016, le deuxième aéroport de Catalogne[91] ; l'aéroport de Reus (REU) au sud-ouest, près deTarragone, qui dessert laCosta Daurada et l'important complexe de loisirsPortAventura World avec des vols internationaux essentiellement saisonniers ; l'aéroport de Lleida-Alguaire (ILD) àAlguaire près deLérida à l'ouest, qui est le seul de ces aéroports internationaux à ne pas être une propriété étatique mais à appartenir à laGénéralité de Catalogne. Enfin, un aéroport essentiellement domestique,celui d'Andorre–La Seu d'Urgell (LEU), également propriété de laGénéralité de Catalogne, dessert autant les Pyrénées catalanes que laprincipauté d'Andorre, avec quelques liaisons internationales avec laFrance ou lePortugal. Il faut également citer l'aéroport de Sabadell.
L'aménagement de ces infrastructures, fruit de la topographie et de l'histoire du territoire catalan, répond ainsi fortement à l'organisation administrative et politique de cette communauté autonome.
LaConstitution espagnole de 1978 déclare que l'Espagne est une nation indissoluble qui reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des régions qui la constituent[102]. On reconnaît à la Catalogne, comme auPays basque et à laGalice, un statut particulier de « communauté historique ». Compte tenu de la capacité d'accéder à l'autonomie, cela a entraîné en 1979 le statut d'autonomie de la Catalogne. Dans un processus initié par l'Andalousie et achevé en 1985, les quatorze autrescommunautés autonomes ont obtenu leurs propres statuts d'autonomie. À partir de 2003, on enregistre une série d'amendements concernant les divers statuts d'autonomie (notamment, aux côtés de la Catalogne, ceux de l'Aragon, laCommunauté valencienne, lesîles Baléares et lesîles Canaries).
D'après le statut d'autonomie de 1979 et l'actuel, approuvé en 2006, « la Catalogne, en tant quenationalité, exerce son gouvernement autonome en se constituant en communauté autonome, conformément à la Constitution et au présent statut, qui est sa norme institutionnelle fondamentale »[2].
Le préambule de 2006 sur lestatut d'autonomie affirme que leParlement a défini la Catalogne comme une nation, mais que la Constitution espagnole reconnaît la Catalogne comme une réalité nationale. Le préambule n'a pas de valeur juridique, donc le statut est le même que ce qu'il était en 1979, c'est-à-dire une communauté autonome. Bien que ce statut ait été approuvé à la fois par le Parlement catalan et par le Parlement espagnol et, plus tard, par un référendum en Catalogne[103][réf. nécessaire], il a été juridiquement contesté par la communauté autonome d'Aragon, la communauté autonome desîles Baléares et la Communauté valencienne[104], ainsi que par leParti populaire. Les objections sont fondées sur divers aspects tels que lepatrimoine culturel et le principe de « solidarité entre les régions ». En novembre 2008, leTribunal constitutionnel est chargé d'évaluer la constitutionnalité des articles en cause. Le 10 juillet 2010, elle récuse les nouveaux statuts comme non conformes à la constitution sur plusieurs points tels que les notions de nation, de justice autonome et la fiscalité. Cette décision entraîne une manifestation rassemblant plus d'un million de personnes le lendemain[105].
La Catalogne dispose de sa propre autonomie et possède des compétences dans quelques domaines. Le, le Parlement catalan a adopté le projet de loi de réforme dustatut de la Catalogne, qui a ensuite été débattu devant l'Assemblée parlementaire espagnole àMadrid. Après des discussions ayant montré des divisions, et une révision à la baisse négociée par le président du gouvernement espagnol et le chef du premier parti catalan, le projet a été adopté par l'Assemblée et proposé aux Catalans par référendum. Malgré certains indépendantistes ayant appelé à voter non (car le projet ne reconnaissait pas la Catalogne comme nation, ne lui laissait pas la totale maîtrise des impôts, des ports et des aéroports), presque 75 % des votants l'ont accepté le.
Cependant le taux de participation était légèrement inférieur à 50 %. Le nouveau statut a été en partie annulé par leTribunal constitutionnel le 10 juillet 2008 (6 % des articles furent annulés ou amendés).
LaGénéralité de Catalogne (en catalan :Generalitat de Catalunya) est l'institution par laquelle l'autonomie de la Catalogne est organisée. Elle se compose du parlement, de la présidence, du gouvernement et d'autres institutions créées par le pouvoir législatif espagnol.
Legouvernement de Catalogne (Govern de Catalunya, en catalan), est l'organe collégial chargé de la direction de la politique et de l'administration publique de la Généralité, il détient le pouvoir exécutif et réglementaire. Il est composé du président de la Généralité, dupremier conseiller (ou du vice-président) et des ministres.
La Catalogne est divisée aujourd'hui en trois divisions administratives : lesmunicipalités (encatalan :municipis), lescomarques (encatalan :comarques), niveau administratif comparable aux communautés de communes françaises, et lesprovinces (encatalan :províncies), division générale de l'Espagne, mais les provinces sont en cours de remplacement par une nouvelle division régionale catalane, lesvigueries (encatalan :vegueries).
En dehors de Barcelone, il y a d'autres villes importantes, commeTarragone,Lérida,Gérone.
La région métropolitaine de Tarragone comprend 811 401 personnes[109] et est la deuxième région métropolitaine de Catalogne.
Entre 1900 et 2001, la population de la Catalogne a été multipliée par 3[110]. Cette augmentation est due à l'expansion démographique en Espagne au cours desannées 1960 et au début desannées 1970 et aussi à l'exode rural. Cette vague de migration est arrivée dans plusieurs régions d'Espagne, en particulier l'Andalousie, l'Estrémadure etMurcie.
Originaire du territoire historique de la Catalogne, lecatalan en est une des trois langues officielles et jouit d'un statut particulier depuis l'approbation du statut d'autonomie de la Catalogne de 1979, qui déclare qu'il est le langage « propre à la Catalogne »[111]. Les autres langues qui ont un statut officiel sont l'espagnol ou castillan, officiel dans toute l'Espagne, et l'occitan (l'occitan gascon, parlé dans leval d'Aran, appelé localementaranais)[112].
Sous la dictature franquiste, le catalan est, de 1939 jusque dans les années 1970, exclu du système d'éducation public et de toutes les autres institutions officielles et publiques. Il est même interdit de donner aux enfants des prénoms catalans[réf. nécessaire]. L'exode rural en provenance d'autres zones de l'Espagne réduit l'usage social de la langue dans les zones urbaines. Dans une tentative visant à inverser cette tendance, le rétablissement de l'autonomie des institutions de la Catalogne a entrepris une politique linguistique à long terme visant à accroître l'utilisation du catalan[113] et a, depuis 1983, promulgué des lois qui visent à protéger et à étendre l'usage du catalan. Certains groupes considèrent ces efforts comme une manière de décourager l'utilisation de l'espagnol[114],[115].
Aujourd'hui, le catalan est la langue principale du gouvernement autonome de Catalogne et des autres institutions publiques qui relèvent de sa juridiction, coofficielle sur le territoire à côté de l'espagnol. L'éducation publique de base est dispensée en catalan, à l'exception de trois heures par semaine consacrées au castillan.
Selon l’enquête linguistique réalisée en 2008 par le gouvernement de la Catalogne, qui diffère sensiblement de celle de 2003, une majorité revendique l'espagnol comme la langue à laquelle elle s’identifie (46,5 % pour l'espagnol contre 37,2 % pour le catalan ; en 2003 les chiffres étaient de 47,5 % pour l'espagnol et 44,3 % pour le catalan ; entre-temps la part de ceux qui s’identifient autant à l’une qu’à l’autre langue a progressé, passant de 5,0 % à 8,8 %). Dans la vie quotidienne, l’usage habituel du catalan est passé de 46,0 % à 35,6 % (de 47,2 % à 45,9 % pour l’espagnol ; et de 4,7 % à 12,0 % pour l’emploi indistinct de l’une comme de l’autre). 55,0 % des citoyens ont déclaré l'espagnol commelangue maternelle, pour 31,6 % le catalan (en 2003, respectivement 56,1 % et 36,2 %), et 3,8 % déclarent deux langues maternelles (contre 2,5 % en 2003). Enfin, 94,6 % des personnes interrogées déclarent comprendre le catalan ; 78,3 %, le parler ; 81,7 %, le lire ; 61,8 % l’écrire (les chiffres pour l’espagnol sont respectivement de 99,9 %, 99,7 %, 97,4 % et 95,6 %)[116].
De même, grâce au statut d’autonomie de 1979, l’aranais (la variété d’occitan parlée dans leval d'Aran) est devenu officiel et a été soumis à une sauvegarde particulière dans le val d’Aran. Ce territoire de 10 295 habitants est le seul endroit où un dialecte de l’occitan a reçu un statut officiel. Depuis le 9 août 2006 avec l’entrée en vigueur dunouveau statut d'autonomie de la Catalogne, l’occitan est devenu officiel dans toute la Catalogne[117],[118].
Langues que les Catalans identifient comme les leurs (2008)[116]
En Catalogne, l’instruction est obligatoire de six à seize ans, et l’école publique est gratuite. Tout l'enseignement en Catalogne se fait encatalan, avec trois heures par semaine d'espagnol et trois d'anglais.
L'enseignement maternel est encouragé, même s'il n'est pas obligatoire. AppeléEducació Infantil ou populairement connu sous le nompàrvuls, il est composé par trois ans (P-3, P-4, P-5). L'enseignement primaire catalan se déroule en six années dans le CEIP (Centre d'Educació Infantil i Primària = Centre d'Éducation Infantile et Primaire, ouEscola = École). L'Enseignement secondaire obligatoire (ESO) dure quatre années et leBatxillerat deux ans. Les deux sont réalisés àl'Institut d'Educació Secundària (ouInstitut ~ lycée). Par ailleurs, troisétablissements scolaires français à l'étranger appartenant au réseau de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) existent àBarcelone : l'école française Ferdinand-de-Lesseps (maternelle et élémentaire), le plus ancien établissement français de péninsule Ibérique (fondée parFerdinand de Lesseps en 1859)[120] ; lelycée français de Barcelone (de la maternelle au lycée) est le plus important de Catalogne et a été fondé en 1924 ; le lycée français de Gavà (LFG) Bon Soleil (ancien collège Bon Soleil, de la maternelle au lycée), créé en 1969[121]. L'Institut français de Barcelone, créé en 1919, assure également des missions d'enseignement du Français langue étrangère ainsi que des actions d'échanges culturels entre laFrance et la Catalogne.
En Catalogne, trois langues sont présentes, on parle donc de régionplurilingue. La langue de l'enseignement en Catalogne est le catalan, mais le castillan peut être utilisé comme langue d’enseignement[124]. Dans le val d'Aran, l'occitan (dans sa variété aranaise) est la langue d'enseignement de toutes les écoles maternelles et primaires. Le castillan et le catalan sont aussi enseignés, oralement. Dans les écoles primaires, les trois langues officielles sont enseignées et sont utilisés dans les différentes matières. Durant les deux dernières années de l'enseignement secondaire (ESO), deux heures par semaine sont consacrées à l'apprentissage de chacune des trois langues officielles[125].
Dans les lycées catalans, il y a la possibilité de suivre des cours de langues ou des cours culturo-linguistiques. Des cours de communication orale ainsi que des examens oraux sont intégrés aux programmes pour favoriser la pratique de l’oral[124].
Il existe également des projets qui participent à des programmes européens pour favoriser les échanges entre des pays pour permettre aux étudiants de partir. Ainsi ces étudiants ont la possibilité d'être intégrés dans le pays ou les pays des langues qu’ils étudient. Cela permet aux élèves d’encore plus développer leurs langues étudiées.
Le sport occupe une place toute particulière dans le cœur des Catalans, notamment lefootball. On peut citer leFC Barcelone[126]. Une véritable institution depuis 1899 qui occupe le stade duCamp Nou dans le quartier deLes Corts au nord de la ville. Le club de football est une des sections duclub omnisportsFC Barcelone. Celui-ci se distingue aussi enbasket-ball,handball ethockey sur patins ; l'élection du président duBarça est pour les Catalans aussi importante que les élections municipales à l'Ajuntament. Elle est traitée avec une campagne médiatique locale invoquant les voix dessocis, les adhérents du club, nombreux parmi les habitants de Barcelone. Il existe également un deuxième club de football de haut niveau dans la ville. Il s'agit duRCD Espanyol Barcelone[127] qui a déménagé en août 2009 àCornellà[128].
Televisió de Catalunya est l'organisme chargé de la diffusion des chaînes de télévision publiques en Catalogne. Elle est sous la régulation de l'organisation politique de laGénéralité, via l'institution duConseil de l'audiovisuel, élu par le Parlement de Catalogne. Elle dispose actuellement de quatre chaînes, toutes en catalan :TV3 et sa déclinaison satellitaireTV3 Cat,Super3 /33,3/24 etEsport3. Il existe aussi une importante chaîne régionale privée, 8tv.
En 2007, lePIB de la Catalogne atteint 202 509 millions d'euros et le PIB par habitant 24 445 €[134]. Cette même année, la croissance du PIB s'élève à 3,7 %[134]. Dans le contexte de la crise financière de 2008, la Catalogne a subi une récession de près de 2 % de son PIB en 2009[135].
La Catalogne est la première destinationtouristique de l'Espagne. Les principales destinations touristiques de la Catalogne sont la ville de Barcelone, les plages de laCosta Brava à Gérone et laCosta Daurada de Tarragone. Dans lesPyrénées, il existe plusieurs stations de ski. Les touristes viennent essentiellement d'Espagne et du Portugal, et dans une moindre mesure duBenelux et de la France[136].
Lescaisses d'épargne ont une grande implantation en Catalogne. Dix des 46 caisses d'épargne espagnoles sont catalanes.La Caixa est la première caisse d'épargne d'Europe[137]. La premièrebanque privée d'origine catalane estBanc Sabadell, qui occupe le quatrième rang des banques privées en Espagne[138].
LaBourse de Barcelone qui représente, en 2004, près de205 milliards d'euros d'échange, est la deuxième bourse d'Espagne après laBourse de Madrid.Fira de Barcelona organise des congrès à caractère international sur les différents secteurs de l'économie[réf. nécessaire].
La principale dépense économique pour les familles catalanes est l'achat d'une maison. Selon les données de la Société d'estimation du, la Catalogne est, après Madrid, la deuxième communauté d'Espagne où le prix du logement est le plus cher : 3 397 euros pour un mètre carré sont payés en moyenne. Par villes, cependant, Barcelone est la ville la plus chère d'Espagne, avec un prix moyen de 3 700 euros au mètre carré[réf. nécessaire].
L'endettement de la région, avec52 milliards d'euros de dette en 2012, est particulièrement élevé, la plaçant dans une situation de quasibanqueroute. En mai 2012, le président de la Catalogne,Artur Mas, envisage un possible défaut de paiement[139].
La Catalogne est également la Communauté autonome à compter le plus de sites inscrits sur laliste indicative de l'Espagne, avec neuf biens depuis 2016 dont sept culturels, un naturel et un mixte :
la Catalogne participe, avec onze autres Communautés autonomes, à l'« itinéraire culturel du vin et du vignoble à travers les villes méditerranéennes », inscrit en 1998.
Lestrois cheminées de la Centrale thermique deBadalone-Sant Adrià sont la deuxième construction la plus haute de Catalogne, et font partie des éléments représentatifs du paysage urbain deBarcelone.
Quoi qu'il en soit, le catalan littéraire revient en force auXIXe siècle avec laRenaixença (« renaissance ») culturelle et politique, inspirée par le mouvementromantique européen et représentée par des écrivains et des poètes tels queJacint Verdaguer pour la poésie,Narcís Oller pour ses romans etÀngel Guimerà pour le théâtre. Ce renouvellement littéraire, intellectuel mais aussi linguistique se maintient dans la durée, grâce auxJeux floraux de Barcelone créés en 1859, au travail du grammairienPompeu Fabra, qui a produit les normes du catalan moderne, ainsi qu'à l'Institut d'études catalanes (IEC,Institut d'Estudis Catalans) fondé en 1907. Au tournant duXXe siècle, lemodernisme catalan s'exprime également sur le plan littéraire, avec par exempleJoan Maragall ouSantiago Rusiñol, contribuant à la transformation « d’une culture régionale traditionaliste en une culture nationale moderne » selon levalencienJoan Fuster et portant la construction intellectuelle et politique ducatalanisme[réf. nécessaire].
Après laTransition démocratique (1975-1978) et la restauration de laGénéralité (1979), la vie littéraire et le marché éditorial sont revenus à la normale[réf. nécessaire] et la production littéraire en catalan est soutenue par un certain nombre de politiques linguistiques visant à protéger la culture catalane. Outre les auteurs mentionnés ci-dessus, d'autres auteurs pertinents depuis le retour de la démocratie comprennentJoan Brossa,Jesús Moncada,Núria Perpinyà ouQuim Monzó.
Lasardane est considérée comme la danse catalane populaire la plus caractéristique, interprétée au rythme dutamborí (tambourin), dutible et de latenora (de la famille deshautbois), de latrompeta (trompette), dutrombó (trombone), dufiscorn (de la famille desbugles) et de lacontrabaix (contrebasse) à trois cordes joués par unecobla. D'autres airs et danses de lamusique traditionnelle sont lecontrapàs (plus désuet aujourd'hui),ball de bastons (le « bal de bâtons »), lamoixiganga, lesgoigs (cantiques populaires) ou encore lajota dans la partie sud. Leshavaneres sont caractéristiques dans certaines localités maritimes de laCosta Brava, comme àPalafrugell dont elles sont originaires et en particulier pendant les mois d'été lorsque ces chansons sont chantées en plein air accompagnées d'uncremat (rhum brûlé).
Les premières exhibitions cinématographiques en Catalogne ont lieu àBarcelone, d'abord par la présentation dukinétoscope de l'AméricainThomas Edison,place de Catalogne le puis ducinématographe des frèresAuguste et Louis Lumière austudio desFotògrafs Napoleon surLa Rambla à Noël 1896. Les premières œuvres espagnoles sont produites àBarcelone à partir de 1897, avec les travaux deFructuós Gelabert — natif du quartier deVila de Gràcia àBarcelone et dont le film de fictionRiña en un café (1897) est considéré historiquement comme le premier d'Espagne — et deSegundo de Chomón (Aragonais d'origine mais vivant àBarcelone). La capitale catalane devient alors le centre de la première industrie cinématographique ibérique, en reprenant et diffusant d'abord les productions étrangères (surtoutfrançaises,italiennes etdanoises) puis en développant ses propres films, reproduisant les grandes tendances mondiales ducinéma muet de l'époque (films comiques, historiques, mélodrames, reprise de classiques de la littérature ou du théâtre) tout en exagérant leur caractère espagnol, d'où l'appellationespañoladas qui leur est souvent accolée à partir de cette époque. Cet « âge d'or » du cinéma barcelonais culmine au début desannées 1920[148],[149],[150],[151].
Tournage deLa Horda, court métrage de Ramon Monfà Escolà, 1969.
C'est durant ladictature que naît l'École de Barcelone (Escuela de Barcelona en espagnol,Escola de Barcelona en catalan), mouvement créé dans lesannées 1960 par un groupe de cinéastes issus pour l'essentiel de la bourgeoisie et des militants de la gauche antifranquiste, en lien avec lagauche divine et lePSUC, inspirés par laNouvelle Vaguefrançaise et en concurrence avec lenouveau cinéma espagnol (NCE) madrilène. Créant uncinéma d'art et d'essai, généralement en espagnol, ils privilégient l'expérimentation formelle au fond (répétition des flash-back, « désolidarisation » des séquences entre elles, utilisation d’une symbolique cryptique), en réaction à la narrative classique du NCE, tout en livrant en filigrane une critique de la société espagnole. Parmi les réalisateurs les plus représentatifs de cette période figurentVicente Aranda,Jorge Grau,Pere Portabella ou Joaquim Jordà i Català.
Après latransition démocratique et l'adoption dunouveau statut d'autonomie en 1979, lagénéralité de Catalogne restaurée devient un acteur majeur de la production, faisant désormais de la défense d'un cinéma spécifiquement catalan et de la défense de la culture et de la langue catalanes des enjeux majeurs de cette industrie en Catalogne. Trois styles dominent depuis lors. Tout d'abord, lecinéma d'auteur, dans la continuité de l'École de Barcelone, met en avant l'expérimentation et la forme, tout en s'attachant à développer des thèmes sociaux et politiques — en promouvant lecatalanisme, la redécouverte d'une histoire nationale, la libération des mœurs en lien avec laMovida, les inégalités sociales, les quartiers défavorisés et populaires deBarcelone. Porté d'abord parJosep Maria Forn ouBigas Luna, puis parMarc Recha,Jaime Rosales etAlbert Serra, ce cinéma a obtenu une certaine reconnaissance internationale[153]. Ensuite, ledocumentaire est devenu un autre genre particulièrement représentatif du cinéma catalan contemporain, initié véritablement par Joaquim Jordà i Català etJosé Luis Guerín, puis entretenu par le master de documentaire de l'université Pompeu-Fabra. Enfin, et surtout, lecinéma d'horreur et lethriller se sont aussi imposés comme une spécialité de l'industrie cinématographique catalane, s'exportant particulièrement bien, grâce notamment à la vitalité duFestival international du film fantastique de Catalogne deSitges, mieux connu comme le Festival de Sitges, créé en 1968. Plusieurs réalisateurs ont acquis une renommée mondiale grâce à ce genre, à commencer parJaume Balagueró et sa sérieRec — coréalisée avec leValencienPaco Plaza —,Juan Antonio Bayona etL'Orphelinat (El Orfanato en version originale espagnole) ou encoreJaume Collet-Serra etEsther,Sans identité (Unknown en version originale anglaise) puisNon-Stop.
Lemusée du Cinéma - collection Tomàs Mallol (Museu del Cinema - Col·lecció Tomàs Mallol en catalan) deGérone abrite l'une des plus importantes expositions permanentes d'objets de cinéma et de pré-cinéma au monde. D'autres institutions importantes pour la promotion du septième art sont lesprix Gaudí (Premis Gaudí en catalan, qui ont remplacé à partir de 2009 les prix Barcelone du cinéma eux-mêmes créés en 2002), unerécompense servant d'équivalent pour la Catalogne desGoyas espagnols ou desCésars français. Lesprix Sant Jordi du cinéma (Premi Sant Jordi de Cinematografia en catalan), plus anciens car remontant à 1957 et décernés par la délégation de laRadio Nacional de España àBarcelone, s'adressent plus largement au cinéma espagnol.
Lesfestes majors sont les fêtes patronales des villes et villages de Catalogne. Dans les plus grandes célébrations les éléments de la culture populaire catalane sont habituellement présents : les processions ou défilés degegants (géants) etcorrefocs de démons et des pétards, accompagnés de danses et chants traditionnels et decastells. Parmi les fêtes traditionnelles et populaires les plus représentatives figurent lePatum de Berga ayant lieu dans la ville deBerga (située au nord de Barcelone), laSant Jordi, lanuit de la Saint-Jean (Nit de Sant Joan en catalan) ou lafête de la châtaigne (Castanyada en catalan) dans toute la Communauté autonome,La Mercé deBarcelone, lerassemblement de l'escargot (Aplec del Caragol en catalan) deLérida et lesfêtes du feu du solstice d'été dans les Pyrénées (Falles del Pirineu en catalan), entre autres.
Plusieurs traditions locales entourent enfin les festivités deNoël. L'une d'entre elles est la figure populaire duTió de Nadal (« Bûche de Noël »), un personnage ayant la forme d'un tronc de bois creux qui est censé « déféquer » de petits présents aux enfants qui le frappent en chantant une comptine. Une autre coutume est de faire unPessebre (crèche de Noël), qui comprend habituellement leCaganer, une figurine représentée dans l'acte de défécation[154]. Comme dans le reste de l'Espagne, l'apport traditionnel de cadeaux ne se fait pas àNoël mais durant lanuit des rois (Nit de Reis) par lesRois mages (Reis d'Orient ou simplementels Reis en catalan,Reyes Magos en espagnol).
Le drapeau de la Catalogne est un symbole national catalan.
Les couleurs dublason, le « Sang et or », d'origines médiévales, revêtent une importance identitaire forte pour les Catalans. Il existe trois drapeaux de la Catalogne utilisant ces couleurs, chacun ayant plus ou moins un sens différent :
Il y a ledrapeau de la Catalogne officiel :la Senyera. Cesymbole vexillologique, qui reprend les couleurs (degueules etor) et les motifs (les « Quatre barres » ou quatrepals) dublason de la Communauté, qui est le même que celui de l'anciennecouronne d'Aragon. Il est composé de quatre bandesrouges sur un fond doré. Il s'agit d'un symbole officiel, accordé une première fois par lestatut d'autonomie de 1932 avant d'être interdit par ladictature franquiste à partir de 1939. Il est définitivement reconnu dans lesnouveaux statuts d'autonomie de 1979 puis2006. D'autres communautés autonomes espagnoles utilisent des symboles proches, en raison de leur ancienne appartenance elles aussi à lacouronne d'Aragon, comme laCommunauté valencienne ou lesîles Baléares, tout en revendiquant clairement leur différence avec la Catalogne.
Il existe un drapeau symbolisant larevendication indépendantiste en Catalogne. Les Catalans l'appellent l'Estelada blava (« l'Étoilée bleue » en français) dont le giron est bleu frappé d'une étoile blanche en son centre. C'est la version originale de l’Estelada, à laquelle il est fait référence dans des publications de 1918. Il s'inspire alors à la fois de l'emblème historique (laSenyera) et du nouveaudrapeau de Cuba, qui vient de prendre son indépendance vis-à-vis de l'Espagne. Desannées 1960 à1990, ce drapeau a souvent été écarté au profit de l’Estelada roja à une époque où les idées socialistes et communistes dominaient dans les milieux indépendantistes. Mais elle fait un retour en force après la chute des régimes communistes en Europe de l'Est et l'intensification du processus d'intégration européenne, beaucoup de gens identifiant l'étoile blanche à un nouvel État au sein dudrapeau de l'Union européenne. Aujourd'hui, elle est redevenue le principal symbole de la lutte pour l'indépendance de la Catalogne Sud et Nord (soit la Communauté deCatalunya en Espagne et également la partie catalane desPyrénées-Orientales qui actuellement est enFrance).
Et aussi l’Estelada groga ou vermella ouroja (« l'Étoilée rouge ») : elle se distingue par un giron de couleur jaune et une étoile de couleur rouge, les couleurs du drapeau et du blason des Pays catalans. L'utilisation de cette couleur avait à l'origine une connotation qui l'apparentait à la notion de défense d'un État indépendant communiste ou socialiste. Dans les dernières années, l'étoile rouge du drapeau continue à être utilisée par une partie de la gauche politique mais aussi comme un drapeau d'affirmation de l'unité des Pays catalans et de la lutte pour leur émancipation nationale.
D'après lalégende, inventée très probablement en 1551 par l'historien valencienPere Antoni Beuter et largement diffusée dans la culture populaire catalane[155], l'empereurCharles le Chauve demande au comteGuifred le Velu de lui prêter main-forte contre lesNormands. Au cours de la bataille,Guifred est atteint par une flèche. Le soir, l'empereur franc se rend dans la tente du comte catalan, allongé sur sa couche près de laquelle se trouve son bouclier, un champ d'or vierge de tout décor. Il trempe quatre doigts dans la blessure ouverte deGuifred et trace, d'un geste, les quatre barres rouge donnant ainsi à la Catalogne, ses armesd’or à quatre pals de gueules.
Sur le plan historique, les plus anciens témoignages de ce blason sont des sceaux du comteRaimond-Bérenger IV de Barcelone, époux de la reinePétronille d'Aragon, puis de leur fils et successeurAlphonse II le Chaste, datant du milieu ou de la fin duXIIe siècle[156]. Il existe un débat entre historiens et héraldistes sur les origines de cet emblème, la thèse la plus défendue étant celle le liant à lalignée descomtes de Barcelone, ce que font la plupart des documents datant de la fin duMoyen Âge[157]. L'union des territoires constituant lacouronne d'Aragon s'étant faite autour de lamaison de Barcelone, ses armoiries seraient alors devenues celle de lamaison royale d'Aragon et de la plupart de leurs possessions. D'autres spécialistes ont au contraire émis l'idée que ces couleurs viendraient dessouverains d'Aragon avant le mariage dePétronille avecRaimond-Bérenger IV de Barcelone, y voyant leurs origines dans les couleurs pontificales, les rois aragonais ayant entretenu des liens précoces avec le Saint-Siège[158]. Enfin, une dernière théorie suggère que l'origine des armes proviendrait du mariage en 1112 du comteRaimond-Bérenger III de Barcelone avec la comtesseDouce de Provence. Douce, descendante deGuillaume le Libérateur et du comteBoson II d'Arles, aurait ainsi apporté à son époux et à sa descendance les armes de sa Provence. C’est en effet dans lavallée du Rhône que les écus avec décor comportant despals sont originaires[159].
Quelles que soient leurs origines, les armes aux quatrepalsgueules et or ont donné à partir duXIIe siècle les couleurs de laprincipauté de Catalogne et de lacouronne d'Aragon. Elles sont communément appelées les « Quatre Barres » ou « Sang et or ». Ces couleurs forment aujourd'hui ledrapeau catalan, dans lequel lespals sont devenues des bandes horizontales (fasces en termes héraldiques). Afin de ne pas les confondre aveccelles, verticales, de Provence, les quatrepals ont été disposées plus tard horizontalement. En revanche, sur le sceau officiel de laGénéralité de Catalogne comme sur lesarmes de la Communauté autonome, lespals restent verticales.
La Catalogne a ses propres symboles nationaux[160], définis au nombre de trois à savoir, outre laSenyera :
Lafête nationale de la Catalogne (Diada Nacional de Catalunya en catalan), plus communément appeléeLa Diada, est célébrée chaque11 septembre depuis 1886[161]. Elle commémore la dernière défense lors dusiège de Barcelone en 1714 qui a marqué, de fait, la fin de l'existence de laprincipauté de Catalogne en tant qu'État. Fêtée clandestinement durant ladictature franquiste, elle est reconnue légalement en 1980[162]. Les principales manifestations de ce jour férié incluent des dépôts de gerbe par les autorités, partis politiques et associations aux monuments dédiés àRafael Casanova i Comes (dernier chef des conseillers duConseil des Cent deBarcelone) etJosep Moragues (général qui a mené les opérations militaires du côté catalan dans laguerre de Succession d'Espagne) présents dans de nombreuses communes de la Communauté, mais aussi par les organisations indépendantistes auFossar de les Moreres àBarcelone (ancien cimetière de labasilique Sainte-Marie-de-la-Mer de Barcelone devenu un charnier durant lesiège de 1714). De plus, outre les nombreux concerts, manifestations ou expositions organisés chaque année durantLa Diada, de nombreux particuliers suspendent des drapeaux (laSenyera ou l’Estelada, qu'elle soit bleue ou rouge) aux balcons ou fenêtres, tandis qu'il est typique de s'offrir et de manger duPa de Sant Jordi (« pain de Saint Georges »), un pain à lasoubressade et au fromage formant les quatrepals sang et or dublason.
La rose et le livre, les éléments protagonistes de la fête de saint Georges en Catalogne.
La Diada de Sant Jordi (fête desaint Georges) est largement célébrée dans toutes les villes de la Catalogne, le 23 avril, commémorantGeorges de Lydda,saint patron de la Catalogne dans la tradition catholique depuis leXVe siècle. Faisant référence, parmédiévalisme, auxJeux floraux, aux anciennesfêtes votives (celle de la Sant Jordi ayant été marquée par une « Foire aux roses » ou aux « Amoureux »)[165], elle est remise au goût du jour par le mouvement littéraire de laRenaixença dans la deuxième moitié duXIXe siècle pour devenir alors un des symboles de l'identité catalane[166]. Puis, en 1926, l'écrivain et éditeur Vicent Clavel i Andrés, originaire deValence mais établi àBarcelone, directeur de l’Editorial Cervantes, propose aux libraires barcelonais d'instituer une fête pour soutenir et diffuser les livres, la date retenue étant finalement celle de laSant Jordi[167]. Depuis lors, cette fête, considérée comme une autre fête nationale (non officielle) pour la Catalogne, est l'occasion d'un échange de livres et de roses entre femmes et hommes, tandis que les Catalans vont également arborer lessenyeres comme une manifestation de fierté nationale.
D'autres hymnes, bien que non reconnus légalement, revêtent également une importance identitaire forte. Ainsi, avant 1993,Els Segadors était déjà utiliséde facto comme hymne à égalité avec leCant de la Senyera (« Chant du drapeau » en français), un poème deJoan Maragall mis en musique par l'Orfeó Català et joué pour la première fois en 1896 pour une cérémonie de bénédiction dudrapeau de la Catalogne àMontserrat. Il s'agit notamment du chant interprété par des militantscatalanistes et anti-franquistes devant des ministres du gouvernement du général Franco durant lesévénements du Palais de la Musique du, considéré comme l'un des actes fondateurs d'une renaissance dunationalisme catalan durant ladictature. De même,L'Estaca (« Le Pieu »), composée en 1968 parLluís Llach, est à l'origine le symbole de l’opposition au franquisme en Catalogne, puis de toute lutte pour la liberté, tout en étant fortement intégrée au folklore populaire catalan.
La devise duFC Barcelone écrite dans les tribunes du Camp Nou.
L'un des plus célèbres symboles internationaux de la Catalogne est l'équipe de football duclub omnisportsFC Barcelone, dont l'importance identitaire est incarnée par sa devise,Més que un Club, sescouleurs, leblaugrana (bleu etgrenat) et sonhymne,El Cant del Barça (« Le Chant du Barça »). Chaque saison, il se livre à l'une des rivalités espagnoles les plus célèbres,El Clàssic (en catalan,El Clásico en espagnol), qui oppose leFC Barcelone auReal Madrid. De fait, le club nourrit traditionnellement une attache très forte aucatalanisme et plus généralement à tout ce qui se rattache à sa région de Catalogne[168], en opposition au centralisme deMadrid[169]. Organisation catalane parmi les plus célèbres dans le monde, le club est vu comme un héros de la défense de la culture et de la langue catalane, utilisée dans tous les documents officiels du club. LaSenyera apparaît sur l'écusson, sur le maillot ou encore sur le brassard de capitaine. Enfin, le club a publiquement apporté son soutien à l'adoption de la loi sur lestatut d'autonomie de la Catalogne, en 1932, 1979 et 2006. Cet engagement continu est reconnu officiellement le 21 décembre 1992 par laGénéralité de Catalogne présidée parJordi Pujol, qui lui attribue laCreu de Sant Jordi[170]. Certains historiens, commeManuel Vázquez Montalbán, considèrent que le FC Barcelone est pour de nombreux Catalans l'alternative d'une sélection catalane sur la scène internationale[171].
Lepic du Canigou (en catalan :Canigó), montagne célébrée par les poètes catalans depuis leXIIIe siècle, qui se trouve sur le territoire français (Pyrénées-Orientales), est au cœur d'autres festivités célébrées dans toute la Catalogne (et, plus généralement, dans l'ensemble desPays catalans) : laFlama del Canigó (« Flamme du Canigou »), ravivée au sommet du pic chaque année entre le 22 et puis diffusée par des volontaires dans tout le pays pour allumer lesfeux de laSaint-Jean.
La Catalogne est également reconnue au niveau international pour sa haute cuisine, avec notamment des restaurants commeEl Bulli ouEl Celler de Can Roca qui dominent régulièrement les classements internationaux[175].
↑La Catalogne, en tant que nationalité, exerce son autogouvernement en se constituant en Communauté Autonome en vertu de la Constitution et du présent Statut, qui constitue sa norme institutionnelle basique. Article premier, du titre préliminaire du statut d'autonomie catalan, approuvé par référendum le. Source :« original en catalan, sur gencat.net »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?),« original en espagnol, sur congreso.es »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?). Cet article, où le terme de nation s'efface au profit de celui de nationalité (reconnu par la Constitution) a pleine valeur juridique, contrairement au préambule.
↑« Le jour où la Catalogne a déclaré son indépendance »,RFI,(lire en ligne, consulté le).
↑« DIRECT. Indépendance de la Catalogne : Mariano Rajoy destitue le président catalan Carles Puigdemont et dissout le Parlement de Barcelone »,Franceinfo,(lire en ligne, consulté le).
↑Thomas N. Bisson, « The Organized Peace in Southern France and Catalonia, ca. 1140 - ca. 1233 »,The American Historical Review, vol. 82, 1977,p. 290-311.
↑Michel Zimmermann, « Origines et formation d'un État catalan. 801-1137 », dans Joaquim Nadal i Farreras et Philippe Wolff (dir.),Histoire de la Catalogne, Toulouse : Privat, 1982, p. 237-271.
↑Pierre Vilar,La Catalogne dans l'Espagne moderne : recherches sur les fondements économiques des structures nationales,vol.I, Paris : Flammarion, 1977, p. 421.
↑Alinéa 5 de l'article 6 (« La lengua propia y las lenguas oficiales. ») du statut de 2006 :
« La lengua occitana, denominada aranés en Arán, es la lengua propia de este territorio y es oficial en Cataluña, de acuerdo con lo establecido por el presente Estatuto y las leyes de normalización lingüística. »
↑La llengua occitana, denominada aranès a l'Aran, és la llengua pròpia d'aquest territori i és oficial a Catalunya, d'acord amb el que estableixen aquest Estatut i les lleis de normalització lingüística.