Unecaselle oucasèle est unecabane en pierre sèche servant autrefois d'abri pour les humains ou les animaux ou de resserre-à-outils dans le hautQuercy, en particulier dans lescausses au nord de la vallée du Lot.
La caselle à Félix à Issendolus (Lot) : à son faîte, une croix en fer forgé est fichée dans une boule de pierre sculptée
Le terme caselle / casèle, forme francisée du dialecte quercinoiscasello /casèlo (occitan normalisécasèla) désigne, sur les causses au nord de la vallée du Lot et en particulier lecausse de Gramat, les édifices de plan circulaire ou quadrangulaire à toit conique de lauses sur voûte encorbellée. Le vocablecabano (oc.cabana), pour sa part, appartient au sud de la vallée du Lot, où il désigne toute cabane en pierre sèche, à l’exception de la guérite rudimentaire[1]. Son équivalent français,cabane, suivi du qualificatif « depierre sèche », possède une valeur générique[2].
Remarque : Le terme se rencontre aussi en Lozère sur lecausse Méjean occidental et sur lecausse de Sauveterre, dans l'Aveyron sur lecausse Comtal et lecausse Rouge, dans l'Hérault sur les communes duCros et deSaint-Michel (sur la continuation ducausse du Larzac) et sur la commune de Soubès ; la forme palataliséechaselle /chasèle a cours en Lozère sur le causse Méjean oriental et sur le causse de Sauveterre[2].
Cependant, certains auteurs ont embrouillé la situation terminologique en appliquant systématiquement et indistinctement la francisationcaselle non seulement aux guérites de murailles (ougariottes) et aux cabanes en pierre sèche mais aussi à des bâtiments en maçonnerie liée au mortier et d'un niveau plus élevé dans la hiérarchie architecturale.
Il convient par ailleurs de noter que les constructeurs et propriétaires des bâtiments en pierre sèche n'employaient pas nécessairementcasello/casèlo oucabano : ils recouraient aussi à des désignatifs fonctionnels : poulailler, en français local « galinier » ou « galinière »[3] (oc.galinièr etgalinièra)[4], étable (oc.estable), bergerie (oc.jaça), garde-pile (oc.garda-pila), chai (oc.chai), pigeonnier (oc.pijonièr), etc.[5].
Lacaselle se prêtait à un grand nombre de fonctions, décelables à certains détails d’aménagement intérieur ou extérieur :
abri de vigne (présence d'une banquette circulaire ou de dalles encastrées faisant office de sièges) ;
garde-pile dans le périmètre de la ferme (à côté d’une aire de battage dallée) ;
cellier à l’intérieur de la ferme ou dans la vigne même (avec cuve, barriques et matériel vinaire) ;
poulailler, dans la ferme ou en plein champ (avec orifice d’accès pour les volatiles sous la rive de la toiture, perchoirs et niches à l’intérieur pour la ponte) ;
soue ouétable, précédée d’une courette, dans la cour de ferme (pour abriter le cochon familial, ou une chèvre ou encore deux ou trois brebis) ;
écurie pour un âne ou un mulet (entrée plus haute que celle des autres cabanes) ;
bergerie, au sein de la ferme ou dans les champs ou les bois (pour abriter, selon sa taille, de 10 à 20 moutons) ;
pigeonnier, fonction dévolue à l’espace sous le couvrement, accessible par un trappe dans un plancher, l’espace inférieur étant réservé à une autre fonction (des corbeilles d’osier accueillaient les volatiles, dont l’accès se faisait par un rudiment de lucarne) ;
dans le périmètre de la ferme, chambre à coucher pour un domestique) (grande lucarne sur le toit ou fenêtre sous le toit) ;
habitation temporaire, aux époques de travaux dans les champs ou les vignes éloignés (présence d’une cheminée, d’un évier, de niches, d’un dallage, éventuellement d’une citerne extérieure) ;
habitation permanente, avec pour occupant unouvrier agricole, souvent célibataire, ou une femme seule, indigente[6].
↑Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du causse de Limogne, inBulletin de la Société des études du Lot, t. XCIV, 2e fasc. 1973, avril-juin, pp. 103-132, p. 106 :« Dans les causses au nord de la vallée du Lot (Causse de Gramat notamment) les habitants appellent ordinairement les cabanes en pierre sèche « casellos », en français caselles ou cazelles (dérivé de case). Au sud du Lot on les appelle simplement « cabanos », en français cabanes (du gauloiscapana) ».
↑a etbCabanes en pierre sèche de France, Édisud, 2004, 248 p., en part. chap. V « Mise au point terminologique », pp. 61-66.
↑Roger Sénat, Gérard Canou,Caselles du Quercy, Éditions du Laquet, Martel, 2001, 192 p., p. 83 :« les caselles-poulaillers (appelées plutôt chez nous « galiniers » ou « galinières ») ».
↑Raymond Sindou, dansLe vocabulaire de la ferme au pays de Cahors (contribution) (thèse de lettres, Paris IV, 1972), donnegalinyèro,golinyèro ougolinyè.
↑Terminologie des constructions en pierre sèche du Lot, inL'architecture rurale en pierre sèche (CERAPS, Paris), t. I, 1977, pp. 36-39.
↑Roger Sénat, Gérard Canou,Caselles du Quercy, Éditions du Laquet, Martel, 2001, 192 p., en part. chap. Les besoins des hommes, pp. 47-132 et Caselles habitations, pp. 133-146.
↑La petite architecture rurale en pierre sèche dans le Quercy médiéval : l'apport des archives, inBulletin de la Société des études du Lot, t. XCVI, 2e fasc. 1975, avril-juin, pp. 109-117.
Christian Lassure,Essai de classification fonctionnelle des constructions en pierre sèche du Lot, Paris, 1976, 102 p. (réédition en 2004, en tant que No 24 d'Études et recherches d'architecture vernaculaire (CERAV, Paris), No 24, 75 p.)
Roger Sénat, Gérard Canou,Caselles du Quercy, Éditions du Laquet, Martel, 2001, 192 p. (réédition Tertium éditions, Vayrac 46110 - préface de Jean-Claude Requier, 2011, 192 p.)