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Casbah d'Alger

36° 47′ 00″ nord, 3° 03′ 37″ est
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Pour les articles homonymes, voirCasbah (homonymie).

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Casbah d'Alger *
Image illustrative de l’article Casbah d'Alger
Ruelle de la Casbah.
Coordonnées36° 47′ 00″ nord, 3° 03′ 37″ est
PaysDrapeau de l'AlgérieAlgérie
Numéro
d’identification
565
Année d’inscription (16e session)
TypeCulturel
Critères(ii) (v)
Superficie54,7 ha[1].
RégionÉtats arabes **
Géolocalisation sur la carte :ville d'Alger
(Voir situation sur carte : ville d'Alger)
Casbah d'Alger
Casbah d'Alger
Géolocalisation sur la carte :Alger
(Voir situation sur carte : Alger)
Casbah d'Alger
Casbah d'Alger
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
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Lacasbah d'Alger, communément appelée laCasbah (enarabe :القصبة,Al-qaṣabah?, « la citadelle ») correspond à la vieille ville oumédina d'Alger, capitale de l'Algérie, dont elle forme un quartier historique inscrit aupatrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco depuis 1992. Administrativement, elle est située dans lacommune deCasbah, au sein de lawilaya d'Alger.

Probablement peuplée dès le néolithique comme divers sites duSahel algérois, les premières mentions de la ville remontent à l'Antiquité, où elle est d'abord un portpunique, puisberbère et enfinromain. Le cadre urbain actuel est conçu auXe siècle par les Berbères sous la dynastie desZirides, il est ensuite enrichi par les apports des autres dynasties berbères qui dominent successivement leMaghreb central. La Casbah atteint son apogée durant la période de larégence d'Alger, de laquelle elle est le siège du pouvoir politique. Colonisée par lesFrançais en 1830, elle est progressivement marginalisée car les centres de pouvoir sont déplacés vers la nouvelle ville. Elle occupe un rôle central pendant laguerre d'Algérie, servant de bastion aux indépendantistes duFLN. À l'indépendance du pays, en 1962, elle ne retrouve pas son rôle central et redevient un espace marginalisé de la ville.

Exemple d'architecture islamique et d'urbanisme des médinas arabo-berbères, elle est aussi un symbole de laculture algérienne, un objet d'inspiration artistique et le siège d'unsavoir-faire artisanal ancestral. Des acteurs locaux se battent pour faire vivre sonpatrimoine matériel etimmatériel.

Géographie

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Toponymie

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Pour l'étymologie du nom « Alger » ou « Al Jaza'ir » voir l'articleAlger.

La casbah d’Alger tire son nom de lacitadelle qui la surplombe (désignée enarabe par le mot :القصبة,Al Kasabah)[2].Le terme « casbah » était à l'origine attribué au point culminant de lamédina — la vieille ville — de l'époqueziride ; par extension, il s'est ensuite appliqué à toute lamédina, délimitée par lesremparts de l'époque de larégence d'Alger, auXVIe siècle[3].

Situation et topographie

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Vue du centre d'Alger depuis la mer.
Vue sur la Casbah avec en arrière-plan le massif de Bouzeréah.
Plan du quartier avec les diverses rues.
Plan de la Casbah.

La Casbah se situe dans le centre de laville d'Alger dont elle constitue le cœur historique. La cité occupe historiquement une place stratégique car sa localisation géographique est centrale à l'échelle de l'Algérie et duMaghreb[4]. Elle fait face à lamer Méditerranée et est construite sur un terrain présentant un dénivelé de 118 mètres. La Casbah offre ainsi, à première vue, le décor d'un enchevêtrement de maisons construites sur une pente. L’étroitesse et la sinuosité de ses rues en font une zone sans voitures, dont le ravitaillement ou le ramassage des ordures se fait encore traditionnellement à dos d'âne[5]. Elle forme un triangle dont la base rejoint labaie d'Alger, ce qui lui donne, vue de la mer, un aspect de « pyramide colossale » ou d'« amphithéâtre triangulaire »[6]. La blancheur de ses maisons et leur disposition alimentent le lyrisme d'auteurs qui voient la ville d'Alger sous la forme d'un « sphinx »[7].La citadelle, surplombant le site de la médina, lui donne un aspect de « ville bien gardée », d'où son surnom en arabeEl Djazaïr El Mahroussa. Cette réputation existe jusqu'enEurope, où le souvenir de l'échec de Charles Quint en 1541 perdure jusqu'audébarquement français de 1830[8].

L'implantation sur le site remonte à l'époque punique, dont la trace la plus ancienne date de la fin duVIe siècle av. J.-C. À cette époque, les Carthaginois cherchent à installer une série de relais sur le littoral méridional de la mer Méditerranée pour contrôler divers flux commerciaux, orsubsaharien, argent d'Espagne ou étain desîles Cassitérides. Ce dispositif, appelé « échelles puniques », permet aux navigateurs de trouver refuge et d'avoir un lieu où échanger leur marchandise. Le site d'Alger, alors appeléIkosim, présente des îlots qui peuvent abriter un mouillage et répond, à l'époque, à la nécessité de trouver un relais entre deux établissements puniques espacés de 80 km,Bordj el Bahri (Rusguniae) etTipaza.

L'emplacement est protégé, d'une part, par le rivage de Bab-el-Oued et, d'autre part, par la baie de l'Agha exposée aux vents dunord et de l'est, comportant quatre îlots proches du rivage[note 1]. Sur le rivage, un promontoire de 250 mètres sert alors de refuge. Lemassif de Bouzaréah fournit desmoellons de calcaire, et les environs de la terre à brique et des ressources en eau[9]. Ce rôle portuaire de la ville est confirmé par le géographecordouanAl Barki qui rapporte, auXIe siècle, que la ville est protégée par une rade, ses îlots et sabaie et qu'elle sert de point de mouillage d'hiver. Le site est à diverses époques, outre le refuge de navires commerciaux, celui de pirates et de corsaires[4].

Arrière-pays

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Lemassif de Bouzeréah, culminant à 400 mètres, fait partie de l'ensemble duSahel algérois, lequel ouvre sur laplaine de la Mitidja puis, plus au sud, sur le massif del'Atlas, dont Alger est le débouché[4]. Cet arrière-pays contribue à enrichir la ville au cours de l'histoire par ses productions agricoles issues de l'élevage et de l'apiculture. La ville se caractérise, dès leMoyen Âge, par la présence de propriétaires agricoles, par son caractère commerçant et par son statut d'important port méditerranéen ; elle exporte en effet les diverses productions locales. Cela attire la convoitise des divers conquérants qui dominent successivement leMaghreb[4]. Alger est également située aux marges de laKabylie et devient, à partir duXVIe siècle, le principal lieu d'accueil des populations qui en proviennent, détrônantBéjaïa, autre cité importante duMaghreb central. Elle attire donc les productions de cetterégion ainsi que sa main d'œuvre[10].

Hydrogéologie

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L’eau qui alimente l'ancienne médina provient duSahel algérois et desnappes phréatiques du Hamma, d'Hydra et deBen Aknoun. Elle était acheminée par un réseau d'aqueducs datant de l'époque de larégence d'Alger, lequel est toujours en place ; il est désormais remplacé par un réseau de distribution plus moderne, datant du début duXXe siècle[11].

La Casbah est alimentée par quatre aqueducs principaux durant la régence d'Alger, dont certains sont en fonction jusqu'au début duXXe siècle. Les eaux proviennent des environs : leSahel, Telemly, le Hamma, Hydra et Bitraria[12]. L'eau des nappes phréatiques est remontée par un système denorias pour être accumulée dans des bassins qui gonflent le débit des aqueducs. Un réseau de galeries filtrantes permet aussi de collecter les filetsaquifères mineurs. Après avoir transité par les aqueducs, l'eau se déverse dans des réservoirs aux portes de la ville, eux-mêmes points de départ de canalisations allant vers diverses fontaines.Les aqueducs sont bâtis entre1518 et1620 et cheminent à travers leFahs[note 2] pour alimenter la médina. Ils ne reposent pas simplement sur un écoulement gravitaire, mais emploient la technique dusouterazi ou tours-siphons. Cette technique consiste à faire passer un conduit d'eau par un pilier en hauteur. Si, à première vue, elle ralentit le débit d'eau, elle présente des avantages certains : évacuation de la pression d'air, harmonisation de la hauteur d'eau dans les différents conduits et maîtrise relative du débit[13]. Cette technique dusouterazi se retrouve àConstantinople et dans certaines villes d'Espagne et duMaghreb[11].

Les sources se trouvent dans une zone d'affleurementscalcaires, degneiss et de filons de granulites reposant sur uneassise schisteuse. L'alimentation en eau, outre les sources, les aqueducs et les fontaines, s'effectue grâce à despuits domestiques d'une profondeur de 50 à 70 mètres, percés dans les couches de gneiss ou de schiste[11].

Histoire

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Carte de la Casbah indiquant les différentes parties du quartier.
La casbah d'Alger et les divers sites historiques.
Article connexe :Alger.

La casbah d'Alger est une anciennemédina dont l'origine est millénaire si l'on prend en compte le passépunique etromain du site[note 3]. Elle est considérée comme un bien culturel d'importance mondiale en raison de son patrimoine ancien et de l'histoire dont elle témoigne[14].

Préhistoire

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Le site de la Casbah ne présente pas de traces d'un peuplement préhistorique. Néanmoins, sachant qu'on a des preuves d'un tel peuplement aux alentours immédiats (Sahel algérois), il est probable que ces traces ont, en fait, été masquées par l'urbanisation ancienne, dense et permanente du site et qu'il fut, lui aussi, peuplé dès leNéolithique[9].

L'Antiquité punique, numide et romaine

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Articles détaillés :Civilisation punique,Royaume de Maurétanie etAfrique romaine.
Schéma d'un puits et de ses différents niveaux.
Schéma du puits antique de la basse Casbah.

On ne peut dater précisément l'établissement de la ville antique d'Alger (Ikosim) par lesphéniciens, même s'il est probable que ce soit postérieur à la fin duVIe siècle av. J.-C. Il semble que deux ports sont fondés dans labaie d'Alger ; l'unRusguniae (Bordj el Bahri) à l'est, permet aux navigateurs de s'abriter des vents d'ouest ; l'autreIkosim (Alger) à l'ouest, permet de s'abriter des vents d'est. Datant de cette époque, on a retrouvé une stèle punique, rue du Vieux Palais à Alger, un sarcophage en pierre en1868, dans le jardin Marengo, contenant des bijoux d'époque et, surtout, de nombreuses pièces de monnaie dans le quartier de la Marine[15].

Ces 158 pièces puniques enplomb et enbronze, datant duIIe au Ier siècleav. J.-C., qui portent l'inscription « IKOSIM » permettent alors d'attester du nom antique d'Alger, jusque-là pressenti sans preuve. Selon Cantineau, l'étymologie punique du motIkosim renvoie en fait à deux mots accolés :i signifiant l'« île » etkosim signifiant « hibou » ou dans une traduction alternative « épine ». Ainsi le nom antique d'Alger,Ikosim signifie soit « île des hiboux », soit « île des épines ». Victor Bérard, appuyé par Carcopino, préfère quant à lui la traduction d’« île aux mouettes ». Un puits antique a également été découvert dans le quartier de la Marine ; il contenait des tessons de poterie de diverses époques. Pour lapériode antique, les vestiges retrouvés témoignent des relations commerciales avec le nord de la Méditerranée (Gaule,Espagne,Sud de l'Italie) duIIIe au Ier siècleav. J.-C. puis, plus tardivement, de la présence romaine jusqu'auVe siècle[note 4],[15].

La chute de Carthage, en146 av. J.-C., n'entraîne pas de grands changements pourIkosim qui fait partie du royaume numide puis entre dans l'aire d'influence du royaume maure du roi Bocchus et de ses successeurs. LaMaurétanie, qui correspond à cette partie ouest de l'Afrique du Nord, reste indépendante jusqu'en40 ap. J.-C., où elle se retrouve, après une période de règne de rois vassaux telPtolémée de Maurétanie, sous la domination de l'Empire romain. Le nom d'Ikosim est latinisé enIcosium et des colons romains s'y installent dès la période des rois vassaux, avant même la conquête romaine. Ainsi, la ville voit s'installer précocement desmagistrats romains, comme en témoigne une base honorifique en latin concernant leroi Ptolémée, retrouvée dans la rue Hadj Omar de la Casbah[15].Une autre inscription faisant référence à Ptolémée figure sur une dalle dans le minaret de lagrande mosquée[15].

En40 ap. J.-C., la Maurétanie est réduite au rang de province par l'empereur Caligula.Icosium dépend d'un procurateur-gouverneur qui s’installe àCaesarea (Cherchell).Vespasien octroie les privilèges dudroit latin àIcosium, devenue ville romaine, quoiqu'avec des droits réduits par rapport aux colonies dedroit romain[15],[16].

La ville délimitée par le rempart antique devait déjà recouvrir plus ou moins une zone similaire à celle qu'elle occupe durant la période de larégence d'Alger, mais les habitations se concentrent surtout dans la partie voisine de la mer ; les pentes plus abruptes devaient être occupées par des jardins. Au-dessus d'une ville basse où la population est dense, les hauteurs comportent probablement des quartiers résidentiels ; le tout est entouré par desvillas rurales. Divers vestiges d'époque ont été découverts autour du site de la Casbah, ils montrent le tracé d'une ancienne route romaine menant vers le quartier deBelouizdad[15],[16].

Les anciennesnécropoles, situées en dehors de la ville selon les usages romains, donnent une indication encore plus affinée du périmètre de la ville d'Icosium. Les tombeaux retrouvés indiquent que les sépultures se trouvent au nord et au nord-ouest de la ville, ce qui est un constante historique que l'on retrouve aux époques berbères et turques, puis de nos jours avec le cimetière deSaint-Eugène, dont la particularité est d'être éloigné de deux kilomètres de la Casbah alors que les cimetières sont traditionnellement placés directement sous les remparts[15].

Il est difficile de retrouver les axes de la ville antique à cause des nombreux remaniements du tissu urbain. Cependant, la basse Casbah a été remplacée en partie par une ville moderne d'époque coloniale, laquelle suit les tracés et les axes déjà en place dans l'Antiquité.

On ne connait pas grand chose de la vie économique, sans doute portuaire, de la ville à l'époque.

La vie religieuse est d'abord consacrée aupanthéon romain puis, à une époque impossible à dater précisément, la ville devientchrétienne. Elle connaît plusieurs évêquesdonatistes oucatholiques. Des vestiges de cette époque ont été retrouvés lors des fouilles récentes, dans les années 2000, liées auxtravaux du métro d'Alger et à l’aménagement de la place des Martyrs. On a ainsi trouvé unebasilique romaine, ornée de mosaïques et dont la portée de l’espace central atteint près de 10 mètres, datant probablement duIIIe ouIVe siècle et une nécropole d'époque byzantine[17].

Il y a peu d'informations sur les siècles qui suivent, excepté la mise à sac de la ville parFirmus en371 ou372. L'histoire antique d’Icosium se dilue ensuite dans l'histoire de laprovince de Maurétanie puis dans celle de la domination byzantine jusqu'à la fondation, en 960, de la médina actuelle — El Djazaïr Beni Mezghana — parBologhin Ibn Ziri, qui ouvre un nouveau chapitre de l'histoire de la ville[15].

La période des Zirides et du Maghreb central sous les dynasties berbères

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Articles détaillés :Zirides etMaghreb central.
Vue sur un bâtiment blanc et son minaret.
LaGrande Mosquée,Jamaa El Kebir, construite à l'époque desAlmoravides.

La Casbah correspond à la vieille ville d'Alger, lamédina, bâtie parBologhine Ibn Ziri en960 sur les ruines de l'ancienne ville romaine d'Icosium, située dans le territoire de la tribu berbère desBeni Mezghenna[4]. Cette fondation auXe siècle semble confirmée par le fait que durant laconquête arabe, aucun auteur n'a relevé ce nom et qu'il faut attendre leXe siècle pour que les auteurs de l'Orient en fassent mention. Le nom donné parBologhine ibn Ziri serait une référence aux îles qui faisaient face au port d’Alger à l'époque et qui furent plus tard rattachées à sa jetée actuelle, enarabeAl-Djaza’ir (الجزائر), « Les Îlots »[4],[18]. Selon d'autres hypothèses, avancées parAl-Bakri, célèbre polygraphe andalou, le nom correct serait celui conservé par la tradition orale des habitants de la ville la désignant commeDzeyer, qui serait un hommage àZiri fondateur de la ville. D'ailleurs les habitants de la ville jusqu'à nos jours se désignent commeDziri[19].

Ibn Hawkal, un négociant deBagdad, décrit la ville auXe siècle[18] :

«  La ville d'Alger est bâtie sur un golfe et entourée d'une muraille. Elle renferme un grand nombre de bazars et quelques sources de bonne eau près de la mer. C'est à ces sources que les habitants vont puiser l'eau qu'ils boivent. Dans les dépendances de cette ville se trouvent des campagnes très étendues et des montagnes habitées par plusieurs tribus des Berbères. Les richesses principales des habitants se composent de troupeaux de bœufs et de moutons qui paissent dans les montagnes. Alger fournit tant de miel qu'il y forme un objet d'exportation et la quantité de beurre, de figues et d'autres denrées est si grande qu'on en exporte à Kairouan et ailleurs[4]. »

DuXe siècle auXVIe siècle, selonLouis Leschi, Alger est une ville berbère, entourée par des tribus berbères pratiquant la culture céréalière dans laMitidja ou l'élevage dans l'Atlas, procurant à la ville des revenus importants issus du commerce[4]. Al-Muqaddasi, visitant la ville vers985, reprend l'essentiel des observations de Ibn Hawkal.Al Bakri, quant à lui, note l'importance du patrimoine antique de la ville. Il note la présence d'undār al-mal‛ab (théâtre, amphithéâtre), de mosaïques et des ruines d'une église ; il relève également la présence de nombreux souks (leswak) et d'une grande mosquée (masgid al-ǧāmi). Il décrit aussi le port comme bien abrité, fréquenté par des marins d'Ifriqiya, d'Espagne et d'« autres pays »[18].

Alger passe aux mains desAlmoravides en1082.Youssef Ibn Tachfin, leur souverain, fait alors édifier lagrande mosquée d'Alger, connue sous le nom deJamaa el Kebir. En1151,Abd al-Mumin, un berbère Zénète deNedroma, reprend Alger auxAlmoravides, il devient calife desAlmohades, de tout le Maghreb et de l'Andalousie[20].

AuXIVe siècle, la tribu arabe des Ṯa‛laba constitue un fief local autour de la ville et s'érige en dynastie locale de magistrats à la tête d'un « sénat bourgeois ».Al-Djaza’ir ne survit qu'en étant vassale desZianides deTlemcen, qui bâtissent le minaret de lagrande mosquée, desHafsides deTunis et desMérinides deFès qui construisent lamedersaBū‛Inānīya[18].

Cependant l'activité depiraterie qui s'y développe pousseFerdinand d’Aragon, sur la lancée de laReconquista, à prendre et fortifier l’îlot en face d'Alger (le Peñon) pour neutraliser la ville.Salim at-Toumi, chef de la ville, cherche à se défaire de cette emprise espagnole et fait appel àAruj Barberousse. C'est le début de l'établissement de larégence d'Alger, période durant laquelle la ville tient le rôle de capitale du Maghreb Central[4],[18].

La régence d'Alger

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Article détaillé :Régence d'Alger.
Tableau représentant le dey d'Alger et le consul de France en 1827.
LeDey Hussein dans son palais de la Casbah et la fameuse scène du « coup d’éventail ». Le 30 avril 1827, le dey soufflette de son éventail le consul de France. C'est l'une des causes de tensions entre les deux pays qui débouchent, trois ans plus tard en1830, sur laprise d'Alger.

Les frères Barberousse chassent définitivement lesEspagnols de l’îlot duPeñon en 1529.Aruj Barberousse décide de créer un véritable port en reliant l’îlot à la terre ferme, réalisant la jetée et l'amirauté d'Alger, ainsi qu'une rade pour les navires. Ces aménagements permettent à la ville de devenir la principale base descorsaires en Méditerranée occidentale. Alger devient la capitale de sa régence et c'est le même terme d'Al Jazâ'ir qui, dans les actes internationaux, s'applique à la fois à la ville et au pays qu'elle commande[21],[note 5].Charles Quint organise l'expédition d'Alger en 1541, qui est un échec. Les défenses de la ville sont alors remaniées surtout vers la mer ; la ville est entourée d'une enceinte percée par les portesBab Azoun,Bab El Oued,Bab J'did,Bab Dzira et défendue par une série de forts (bordj), établis duXVIe au XVIIe siècle :Lefanar,Goumen,Ras el Moul,SettiTaklit,Zoubia,Moulay Hasan (devenuFort l’Empereur après l'occupation française), Qama’at El Foul etMers Debban. Plus tard sont construits leBordj J'did, datant de 1774, puis ceux deLebhar etMa-Bin au début du XIXe siècle[25].

La forteresse qui domine la ville est bâtie entre1516 (commencée parArudj Barberousse) et1592 (achevée sous le règne deKheder Pacha)[26]. Cependant les chefs de la Régence siègent au palais de laDjenina, appelé par la populationdar soltan el kedim, démoli durant la colonisation. Elle ne devient la résidence du souverain qu'en1817 sousAli-Khodja, avant-dernier dey d'Alger, qui, pour échapper à la tyrannie de la milice, abandonne le palais de laDjenina situé trop au centre de la ville et fait transporter le Trésor public à la Casbah où il s'enferme avec une garde particulière de 2 000 Kabyles[25].

Outre les produits agricoles et manufacturés, la ville tire ses revenus ducorso : la « piraterie barbaresque ». L'esclavage est également pratiqué, surtout pour les travaux domestiques et il faut également noter une présence non négligeable de captifs européens. Ces captifs, dont les conditions de vie sont assez douces lorsqu'il est envisageable d'en obtenir une rançon, connaissent une vie plus misérable quand ils sont employés dans les galères[25]. Le gouvernement oubeylik, prélève une partie des revenus de « la course » en Méditerranée. Ces revenus permettent de financer la milice et d'effectuer des travaux publics (système d'égout, aqueducs…). Les corsaires appelésreïs, et les personnalités dubeylik établissent des demeures luxueuses dans la partie basse de la ville et les familles arabes s'établissent essentiellement dans sa partie haute.L'âge d'or de la piraterie auXVIIe siècle provoque une série d’expéditions européennes, sous forme de bombardements de la ville. Elle doit aussi faire face à des tremblements de terre (1716 et 1755) et à des épidémies de peste (1740, 1752, 1787 et 1817). Ces facteurs combinés à une perte d'importance économique et à une instabilité politique font que la population de la ville diminue. De plus de 100 000 habitants auXVIIe siècle, elle passe à environ 30 000 habitants en 1830[25],[27].

  • Faubourg de la porte Bab Azzoun
    Faubourg de la porte Bab Azzoun
  • Réplique de la porte Bab Azzoun, Paris
    Réplique de la porte Bab Azzoun, Paris
  • Remparts sud
    Remparts sud
  • Gravure porte Bab El Oued
    Gravure porte Bab El Oued
  • Remparts nord et faubourg porte Bab El Oued
    Remparts nord et faubourg porte Bab El Oued
  • Porte Bab El Oued
    Porte Bab El Oued
  • Remparts Bab El Oued
    Remparts Bab El Oued
  • Lithographie porte Bab El Oued
    Lithographie porte Bab El Oued
  • Gravure porte Bab Djedid
    Gravure porte Bab Djedid
  • Porte Bab Djedid
    Porte Bab Djedid
  • Remparts sud et porte Bab Djedid
    Remparts sud et porte Bab Djedid
  • Gravure porte Bab Dzira
    Gravure porte Bab Dzira
  • Porte Bab Dzira, port d'Alger
    Porte Bab Dzira, port d'Alger
  • Porte Bab Dzira
    Porte Bab Dzira
  • Mosquée de la pecherie et Porte Bab El Bhar
    Mosquée de la pecherie et Porte Bab El Bhar
  • Porte Bab El Bhar
    Porte Bab El Bhar

La Casbah voit, le 30 avril 1827, se dérouler la fameuse scène dite du « coup d'éventail », qui sert de prétexte à laprise d'Alger par les Français le 5 juillet 1830 sous le règne deCharles X. Son dernier locataire est ledey Hussein. Lecomte et maréchal de Bourmont y séjourne en juillet 1830 après la prise de la ville[28].

La période de la colonisation française

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Article détaillé :Conquête de l'Algérie par la France.
Portait de Bourmont.
Lemaréchalde Bourmont, conquérant de la Casbah en1830.

L'armée française fait son entrée àAlger le. Laprésence française va considérablement changer l'aspect d'Alger et de samédina. Les Français apportent des transformations à la ville en démolissant une grande partie de la basse Casbah et en y érigeant l'actuelle « place des Martyrs »[29]. La Casbah, qui allait à l'origine jusqu'à la mer, est reléguée à l'arrière-plan de la ville par le front de mer et son architecture en arcade. La colonisation se traduit aussi par le tracé de nouvelles rues qui entourent la Casbah et pénètrent aussi son espace. Sur le plan architectural, les Français introduisent le style haussmanien et démolissent les murailles de la vieille ville[30].

Rue dans la casbah d'Alger, 1830
Eugène Isabey
Musée des Beaux-Arts de Narbonne

La période des démolitions s'étend jusqu'en1860, lorsqueNapoléon III met un coup d’arrêt à cette politique et prend fait et cause pour lemufti de laGrande Mosquée d'Alger en empêchant d'affecter d'autres mosquées au culte chrétien sur le modèle de laKetchaoua et de celled'Ali Bitchin[31].

La période française est aussi marquée, plus tardivement, par un courant architecturalnéo-mauresque dont les plus célèbres réalisations sont lamedersa Thaâlibiyya en1904 et laGrande poste d'Alger en1913[29].La « ville arabe » est organisée traditionnellement autour de sa mosquée et de sonsouk, mais la période de la colonisation introduit un nouveau rapport à l'espace. Alger devient une ville où cohabitent le nouveau et l'ancien, le sacré et le temporel, définissant ainsi de nouveaux espaces de sociabilité[32].

Avec la construction de nouveaux quartiers européens, la Casbah, qui représentait la totalité de la ville d'Alger en 1830, commence à être perçue comme un sous-espace urbain, résiduel et instable, car la centralité urbaine (économique, politique…) se déplace vers ces nouveaux quartiers. Pourtant, elle présente encore des espaces de sociabilité comme les mosquées, les cafés maures, les places (rahba) et les hammams. Ce schéma reste valable jusqu'après l'indépendance et la Casbah n'a jamais retrouvé son importance[33].

  • Reconstitution de la Casbah en 1830.
    Reconstitution de la Casbah en1830.
  • Alger en 1890 : le front de mer colonial et la Casbah en arrière-plan.
    Alger en1890 : le front de mer colonial et la Casbah en arrière-plan.
  • Mosquée de Sidi-Abd-er-Rhaman et rempart d'Alger au milieu du XIXe siècle.
    Mosquée de Sidi-Abd-er-Rhaman et rempart d'Alger au milieu duXIXe siècle.
  • Fontaine près la porte Neuve, au milieu du XIXe siècle.
    Fontaine près la porte Neuve, au milieu duXIXe siècle.

La guerre d'Algérie

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Articles détaillés :Zone autonome d'Alger etBataille d'Alger.
Porte d'entrée d'une ancienne maison.
Au premier plan, la maison, située au 3 rue Caton, où fut arrêtéYacef Saadi par les parachutistes du1er REP le 28 septembre 1957.
Maison mauresque en ruine
Ruines de la maison, située au 5 rue des Abderrames, qui a servi de cache àAli la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Petit Omar et Hamid Bouhmidi, après sa destruction par les parachutistes du1er REP, le 8 octobre 1957.

Le mouvement nationaliste, qui se développe dans le pays aux débuts duxxe siècle, s'exacerbe dans les années 1950, amenant à laguerre d'Algérie. La Casbah est un des bastions des nationalistes.

En 1956, nouvellement élus par le « congrès de la Soummam », les membres du CEE (Comité de coordination et d'exécution),Abane Ramdane,Larbi Ben M'hidi,Krim Belkacem,Saad Dahlab etBenyoucef Benkhedda,véritables dirigeants de la révolution, décident de s'établir dans la Casbah où ils pensent avoir une plus grande emprise sur les militants du FLN, de meilleures liaisons et surtout parce qu'ils sont persuadés que la capitale est propice à la clandestinité totale, avec ses planques, ses caches multiples, ses nombreux agents de liaison perdus dans la masse et les protections de toute sorte dont ils peuvent bénéficier. Siéger à Alger, c'est aussi être au cœur de l'Algérie et y pratiquer laguérilla urbaine, aussi importante à leurs yeux que les combats et les actions dans les djebels[34].

La Casbah est le lieu essentiel de la « bataille d'Alger » en 1957[35]. Cette bataille voitYacef Saadi, le chef de laZone Autonome d'Alger (ZAA) et des indépendantistes, s'opposer à la10e division parachutiste du généralMassu. Sur le terrain, la « bataille » est remportée par l'armée française qui démantèle complètement les réseauxFLN et l'organisation politico-administrative de laZone autonome d'Alger, en employant des méthodes qui sont ensuite systématisées : recherche du renseignement par tous les moyens, y compris latorture, puis, surtout à partir de juin 1957, retournement et manipulation des ralliés vêtus debleus de chauffe, encadrement et contrôle de la population[36]. Les rues de la Casbah menant aux quartiers européens sont bouclées avec des barbelés et surveillées par la police et leszouaves[37].

L'infiltration par leGRE du capitaineLéger du réseau de courriers deYacef Saadi permet la localisation de ce dernier qui est capturé le 23 septembre 1957, au 3 rue Caton dans la Casbah. En octobre, c'est l'exécuteur du FLN,Ali la Pointe qui, cerné avec ses compagnonsHassiba Ben Bouali, Hamid Bouhmidi etPetit Omar au 5 rue des Abderrames, voit son refugeplastiqué par les parachutistes du1er REP, dans une énorme explosion qui tue également dix-sept civils du voisinage dont quatre fillettes de quatre et cinq ans[38].

La Casbah est également concernée par lesmanifestations de décembre 1960, où la population algérienne descend dans les quartiers européens, puis par les manifestations populaires au moment de l’indépendance de l'Algérie.

Après l'indépendance

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Vue sur une place et la vieille ville en arrière-plan.
La Casbah vue depuis la place des Martyrs ; au premier planJamaa al-Jdid.

À l'indépendance de l'Algérie, la Casbah va connaitre un exode, le départ des familles d'origine du quartier, les citadins oubeldiya, vers les appartements européens deBab el Oued ouEl Biar, plus spacieux. La Casbah devient un espace de spéculation et de transit où les habitants louent et sous-louent leurs possessions[39]. Les habitants d'origine sont alors remplacés par des ruraux.

Les plans de restaurations se succèdent, sans succès, par manque de volonté politique. La Casbah devient vite un espace surpeuplé et vétuste qui ne retrouve pas son rôle central dans la ville d'Alger. Mais elle reste aussi, aux yeux de la population algérienne, un symbole de la lutte contre les injustices et un lieu de mémoire collective[39]. L'Unesco classe la Casbah patrimoine mondial de l'humanité en1992 et participe depuis à la préservation des lieux. Des associations locales et des habitants s'impliquent aussi dans la restauration des lieux et dans l'animation de la vie sociale. La citadelle qui surplombe le site est, elle, en cours de restauration avancée[40].

Personnalités

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Structure socio-urbaine

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Pour les données économiques voir l'articleCasbah (Alger) concernant la commune administrative pour laquelle les statistiques sont établies.

L'urbanisme de la Casbah d'Alger est typique desmédinas arabo-berbères duMaghreb. L'apportottoman, plus tardif, se retrouve essentiellement dans l'architecture militaire, notamment celle de la citadelle qui surplombe la ville[3]. Le termecasbah désigne à l'origine cette seule citadelle avant de se généraliser à tout le périmètre de la médina, borné par les fortifications édifiées sous larégence d'Alger auXVIe siècle[3]. La Casbah d'Alger est un tissu urbain complexe et mystérieux pour les visiteurs, notamment les peintres orientalistes. En effet la position naturelle du site explique ses rues sinueuses, véritables méandres, caractéristiques de la ville ancienne, car la Casbah occupe un site en relief faisant face à la mer. SelonRavéreau, c'est le site qui crée la ville, alors queLe Corbusier constate que les maisons et les terrasses sont orientées vers la mer, pourvoyeuse de ressources et de bonnes nouvelles,el kheir, ou de mauvaises (naufrages, marins disparus…) La vieille ville est fondamentalement tournée vers laMéditerranée et elle tourne le dos à l'arrière-pays. Elle est coupée de son lien direct à la mer pendant la colonisation, du fait de la construction des boulevards littoraux[41].Les ruelles très étroites donnent parfois sur des impasses ou des passages voûtés appeléssabat[3],[42]. L'âne est une des rares montures à pouvoir accéder à l'ensemble de la Casbah, ainsi depuis l'époque de larégence d'Alger, c'est lui qui est employé pour le ramassage des ordures[43]. Au réseau dense des ruelles traditionnelles s'ajoutent des rues carrossables périphériques comme la « rue d'Isly », et des pénétrantes comme la « rue de la Lyre », qui datent de lapériode coloniale[44].

La Casbah possède une organisation de l'espace urbain en adéquation avec le site et son relief. Jusqu'à aujourd'hui elle reste tournée vers « l'amirauté » qui est son port historique.Le Corbusier juge son urbanisme parfait, remarquant l'étagement des maisons qui fait que les terrasses ont chacune une vue sur la mer[45]. L'organisation spatiale reflète la vie sociale. Certains espaces sont considérés comme intimes, c'est le cas des terrasses de maisons qui sont essentiellement réservées aux femmes. Lehawma, qui désigne le quartier, est considéré comme un espace semi-privé, alors que les centres de négoce (lessouks), les fontaines et les lieux de pouvoir sont considérés comme totalement publics[46]. La Casbah possède aussi, dans chaque quartier, des mosquées et deskouba de saints locaux tels ceux deSidi Abderrahmane[47] et de Sidi Brahim dont le tombeau se trouve dans l'Amirauté d'Alger[48]

Une ruelle étroite avec l'entrée ornementée d'une maison.
Ruelle de la vieille ville.

La Casbah d'Alger est traditionnellement découpée en une « basse Casbah » dont une grande partie fut rasée pour laisser place à des bâtisses de type colonial et à l'actuelle place des Martyrs, et une « haute Casbah », mieux conservée, comprenant la citadelle etDar Soltan, le dernier palais duDey. La basse Casbah est traditionnellement le lieu d'échange et de pouvoir de la vieille ville. C'est là où se concentrent les centres de décision traditionnels, comme l'ancien palais du dey, laDjenina, démoli durant la colonisation,Dar Hassan Pacha qui devient le palais d'hiver dugouverneur de l'Algérie durant la colonisation, mais aussi lepalais des Raïs, celui descorsaires de larégence d'Alger. C'est d'ailleurs ce quartier qui concentre les modifications de l'administration coloniale, soucieuse de s'implanter au cœur d'Alger pour marquer son empreinte sur la ville. La muraille et les portes sont partiellement démolies par les militaires français pendant le réaménagement de la ville. Mais elles restent dans la mémoire populaire à travers la toponymie[49]. Ainsi il est habituel de se repérer àAlger grâce aux dénominations des anciennes portes de la ville telles queBab El Oued (qui donne son nom au quartier mitoyen),Bab Jdid,Bab el Bhar etBab Azzoun[50]. Dans la Casbah on retrouve dessouks comme celui du quartier de lamosquée Ketchaoua et deJamaa el houd (l'anciennesynagogue d'Alger). Certains souks ont gardé leurs spécialités, comme celui de la rueBab Azzoun, consacré à l'habillement traditionnel (burnous,karakou…) ou encore celui de la rue des Dinandiers[51]. Le souk algérois, interdit au début de la période coloniale, est encore, pour la population, le moyen d'échange le plus courant notamment à travers la pratique dutrabendo (pratique du commerce informel)[52]. Les rues avoisinant la mosquéeKetchaoua sont ainsi souvent envahies pas les marchandises, restituant une certaine ambiance de la vieille ville ayant trait au lien et aux pratiques sociales et économiques[51]. La Casbah conserve deshammams fonctionnels, tel le « hammam Bouchlaghem », qui date de l'époque ottomane et qui est fréquenté par les communautés juives et musulmanes de la ville[6]. L'ancienne vocation commerçante de la cité s'incarne au travers de sesfoundouks, comme celui à proximité deJamaa el kebir, dont il reste une cour entourée d'arcades superposées ou encore celui de la citadelle[53].

Depuis l'époque de larégence d'Alger, la Casbah a toujours joué un rôle de premier plan enAlgérie, offrant des opportunités aux habitants pauvres mais aussi aux commerçants des campagnes. Elle attire par exemple nombre deKabyles, dont la région est proche, mais aussi, dans une moindre mesure, des paysans de toutes les régions d'Algérie après l'indépendance du pays. Cetexode rural se traduit par une surpopulation relative du site de la Casbah. Elle reste une porte d'entrée pour la ville d'Alger et un lieu de transit et d'asile pour les plus démunis. La fuite des familles d'origine vers d'autres quartiers, commeBab El Oued, à la recherche d'appartements européens, fait que la Casbah est en pleine mutation sociale par le renouvellement perpétuel d'une fraction de ses habitants depuis l'indépendance[54].

La Casbah reste aussi marquée socialement par sonartisanat traditionnel qui constitue une ressource pour beaucoup de familles. Les artisans se regroupaient enzenkat (rues commerçantes) ; ainsi lesdinandiers avec leurzenkat n'hass (ruelle du cuivre). Du fait des mutations sociales durant la colonisation puis de l'indépendance, l'artisanat subit un net déclin. Les artisans ne se groupent plus encorporation ou enzenkat, et beaucoup préfèrent abandonner un métier qui ne leur assure plus des revenus suffisants dans une société moderne. Mais des associations locales, les habitants et, dans une moindre mesure, les autorités, se mobilisent pour préserver ces métiers mais aussi défendre leur rôle social grâce aux écoles d'apprentissage où des jeunes sont formés aux métiers artisanaux[55].

Rue de la Casbah en juillet 1967
Ecole dans la Casbah en juillet 1967

La Casbah est le lieu de rencontre de deux formes de socialisation. Celle desbeldiya (citadins), natifs du quartier, et qui peut être qualifiée de « mythique » dans le sens où elle repose sur un processus de symbolisation de la ville permettant de justifier certaines pratiques sociales[note 6]. L'autre forme de socialisation est celle des migrants qui forgent des formes culturelles spécifiques. Leur contribution à la culture populaire dans sa musique, ses cafés, ses « bandits d’honneur », témoigne de leur enracinement dans la ville. En pratique se sont souvent les symboles de cette culture populaire, dont les dépositaires sont pour la plupart d’origine rurale, qui servent de références aux discours nostalgiques sur la Casbah.Hadj el Anka, très célèbre chanteur de musiquechaâbi, né à Bab Jdid (haute Casbah), est ainsi cité comme l'un des symboles de la vie casbadji. L'image de cette culture populaire, conviviale, solidaire et tolérante alimente les descriptions de la vie quotidienne à la Casbah[56].

  • Terrasse d'une maison
    Terrasse d'une maison de la Casbah.
  • Rue couverte.
    Un passage voûté ousabbat.
  • Des maisons dont les façades sont pratiquement collées.
    Constructions rapprochées témoignant d'une urbanisation dense.
  • Vue d'ensemble sur les terrasses de la Casbah.
    Terrasses descendant « en escalier » vers la mer.
  • Dalles peintes avec le motif de la Cashbah.
    Dalles peintes avec le motif de la Cashbah.

Peuplement et démographie

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Femmes dans leur salon mauresque.
Femmes « maures »[note 7] d'une famille de notables (v. finXIXe siècle).

La population d'Alger à l'époque antique n'est pas très importante, la cité est une petite bourgade peuplée essentiellement de Berbères romanisés. AuXe siècle, lors de lapériode ziride, elle devient une petite agglomération prospère, mais dont la population est peu nombreuse car elle pouvait, dans son intégralité, se réfugier sur les îlots en cas d'attaque. Le caractère exclusivementberbère du peuplement d'Alger est nuancé par l'arrivée des Tha‛alaba, une petite tribuarabe chassée duTitteri auXIIIe siècle. Un mouvement d'arabisation linguistique et progressif de la cité s'ensuit, notamment dans le domaine religieux[27].

L'essor de la ville auXVIe siècle etXVIIe siècle[note 8], se traduit également sur le plan démographique. Elle compte 60 000 habitants vers la fin duXIVe siècle et plus de 150 000 habitants auXVIIe siècle. La ville devient alors un agrégat de diverses populations méditerranéennes aux dépens de son substrat berbère déjà entamé. La population ne comporte plus qu'un dixième deKabyles, en raison de la méfiance desTurcs de larégence d'Alger vis-à-vis de ces populations originaires d'unerégion politiquement indépendante, structurée autour de deux États dissidents, leRoyaume de Koukou et leRoyaume des Beni Abbès[27].

Le reste de la population est composé d'Arabes d'Alger dont certains sont des descendants des Tha‛alaba, d'andalous ou detagarins venus à partir duXIVe siècle[25]. Alger accueille aussi 25 000 morisques au début duXVIIe siècle qui contribuent à l'expansion urbaine de la ville[57]. Elle abrite enfin des citadins originaires d’autres villes de la Régence tels qu'Annaba,Constantine etTlemcen[58]. Ces habitants se distinguent des Arabes de l'intérieur, notamment par leur parler arabe citadin, difficilement compris par les nomades du Sud[59] et encore moins par les Berbères. Ils se consacrent à l'administration, au commerce ou à lareligion. Les Turcs, quant à eux, tiennent les principaux postes de l'administration, de l'armée et de la marine. La ville attire aussi de nombreux renégats chrétiens parmi lesquels sont recrutés lescorsaires. Un autre groupe de population est celui desberrani, « gens de dehors »[58], communautés rurales essentiellement originaires des cités et oasis du sud saharien (Biskris,Laghouatis etMozabites)[59]. Il existe unecommunauté juive, composée des ruraux du pays venus habiter en ville, ou de ceux originaires d'Espagne à partir duXIVe siècle puis deLivourne à partir duXVIIe siècle[25]. On trouve aussi desKouloughlis et desNoirs affranchis[59].

À partir de la fin de l'âge d'or de lapiraterie barbaresque, auXVIIe siècle, la population d'Alger commence à décroître. Elle passe de 150 000 habitants auXVIIe siècle à 50 000 habitants à la fin duXVIIIe siècle et seulement 25 000 habitants à la veille de laconquête française. À la suite de laprise de la ville par les Français en1830, le refus de vivre sous la domination chrétienne va provoquer l'émigration de près de la moitié de la population. Ainsi en1831, le recensement fait état de 12 000 habitants. Ces chiffres s'expliquent par la fuite desTurcs de la ville (6 000 personnes), ainsi que par le départ des populations citadines vers l'intérieur du pays[27].

Globalement la ville d'Alger ne retrouve son niveau de population musulmane qu'en1901, grâce à l'afflux massif de populationskabyles conduisant à un mouvement de « re-berbérisation » de la ville. Ainsi, auXXe siècle, la Casbah abrite-t-elle ainsi un grand nombre de familles originaires duDjurdjura[27].

Après l'indépendance, la Casbah connait un autre exode. Les familles citadines déménagent vers les quartiers anciennement occupés par les Européens. L'exode rural va compenser cette émigration des familles. Le périmètre de la Casbah reste un des endroits les plus densément peuplés du monde, mais sa densité et sa population tendent à diminuer depuis lesannées 1980. Les habitants migrent vers des quartiers moins concentrés d'Alger. Ce processus de dédensification résidentiel permet aux quartiers populaires de se vider de leur excédent de population. Ce phénomène est renforcé par la disparition d'habitations, à la suite de leur effondrement. La commune administrative de Casbah, dont le périmètre est légèrement plus large que le site classé, compte 45 076 habitants en2004 contre 70 000 habitants en1998 ; le site historique abrite 50 000 habitants en1998, pour une densité de 1 600 habitants/ha alors que ses capacités d’accueil se situent autour de 900 habitants/ha[60],[61].

Architecture

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Encorbellement ornemental d'une maison mauresque.
Fenêtre d'un encorbellement appelé localementkbou.

La Casbah d'Alger apparaît comme un exemple typique des villes traditionnelles maghrébines, qu'on trouve sur la partie occidentale de laméditerranée et l'Afrique sub-saharienne. L'ensemble urbain qui constitue la Casbah conserve toujours son intégrité, malgré les diverses mutations et, globalement, les caractéristiques esthétiques de l'art islamique et les matériaux originaux sont préservés[3].

La Casbah possède encore sa citadelle, des palais, des mosquées, des maisons à patio central (Wast al-dar), des mausolées et deshammams qui participent toujours à l'identité du site. L'architecture militaire de la Casbah comporte des legs ottomans, datant de la période de larégence d'Alger, mais l'architecture civile garde l'authenticité desmédinas maghrébines[3]. Cependant la Casbah apparaît comme un espace en mutation ; en effet,durant la colonisation, certaines bâtisses sont démolies pour implanter des habitations de style européen, principalement sur le front de mer et aux limites de laville européenne. La Casbah possède donc aussi, à sa périphéries, des immeubles de style haussmannien datant de l'époque coloniale, intégrés dans son patrimoine classé[3]. On compte aussi certaines modifications de l'habitat avec l'introduction de matériaux non authentiques, et la disparition du circuit commercial de materiaux traditionnels tels que le thuya[62]. Sa marginalisation sur le plan social et l'inefficacité des plans de sauvegarde en font un site menacé malgré son classement par l'Unesco[3].

Techniques de construction

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Les murs et les arcades

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Un schéma montrant l'organisation d'un mur de briques.
Structure d'un mur en commande à deux strates.

Les murs de la Casbah sont des murs en commande, c'est-à-dire qu'ils sont composés debriques jointoyées. Ces murs peuvent comporter un appareillage mixte et présenter une diversité de matériaux (moellons,bois…) Une des typologies employées est la commande de murs à deux strates, dont l'une, en brique, est rigide et l'autre, à armature de bois, est flexible ; cela présente l'avantage d'êtreparasismique. La structure verticale comporte desarcades en brique et descolonnes. Il en existe deux types, les arcs outrepassés brisés et ceux en ogive. Des rondins de thuyas peuvent être disposés au départ des arcs-chapiteaux ou à l'intersection des deux arcs[63].

Les couvertures et planchers

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Lacouverture peut être maçonnée, ou à structure de bois. Les couvertures maçonnées sont souvent desvoûtes croisées, qui peuvent être employées pour des espaces domestiques tels que les entrées, les paliers d'escaliers ou les grands espaces d'édifices majeurs (palais, mosquées…)Les structures de bois concernent souvent les planchers ou les toits de terrasse : ils sont composés de rondins, par-dessus lesquels sont disposés des branchages ou desvoliges qui vont supporter unmortier de terre et de chaux. Ce mortier est lui-même support de carreaux decéramique ou d'une étanchéification à lachaux pour les terrasses. Les structures métalliques, utilisées comme support de planchers sont plus récentes car elles datent de lapériode coloniale (XIXe siècle)[64]. Ce matériau non traditionnel a mal vieilli et de nombreux désordres sont dus à son emploi[62].

Les ouvertures et escaliers

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Les franchissements dans les structures maçonnées peuvent être réalisés au moyen d'arcatures, elles-mêmes maçonnées, ou enplates-bandes de bois ou demarbre[65]. Dans les patios, les arcs sont le plus souvent desarcs outrepassés formant une légère ogive[62]. Les escaliers dans la Casbah sont des structures maçonnées avec une structure en bois. Une plate-forme inclinée est coulée sur des rondins de bois, par-dessus laquelle des briques vont former des marches. Ladécoration varie, le marbre orne les grandes demeures alors que l'ardoise est employée dans les maisons modestes[65].

Les ornements

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Divers éléments servent à orner les habitations de la Casbah :balustrades en bois, ouvrants de portes,chapiteaux etcarreaux de céramiques pour les sols et les murs[66]. Les portiques et lesgaleries donnent une spécificité architecturale à la Casbah. L'agencement des arcs en ogive est typique de sa composition spatiale. Lepatio est l'exemple de cet agencement, où l'harmonie de l’enchaînement des arcs peut masquer les variations géométriques, pour peu qu'ils aient une constance dans la hauteur (qui part de la naissance de l'arc à sa clef). Les variations d'ouvertures des arcs ne perturbent pas l'harmonie visuelle de l'ensemble[66]. Les arcs de la Casbah sont souvent de type outrepassé ; leurs formes, en ogives ou brisées, constituent une spécificité algérienne[67].

L'ornementation caractéristique est composée notamment de frises horizontales et d'appliques verticales. Ces ornements d'arcades sont en céramiques et la dimension des anneaux est en harmonie avec l'ensemble architectural. Les besoins en carreaux étant considérables, ils sont pour partie importés, d'Italie, deFrance, deHollande[66]… Enfin les chapiteaux, dont certains sont récupérés des ruines romaines du site d'Icosium, servent à orner la partie supérieure des colonnes[66]. Les chapiteaux et lesabaques renforcent la singularité de l'architecture de la Casbah[68].

  • Fût torsadé d'une colonne.
    Fût torsadé d'une colonne.
  • Chapiteau composite en marbre blanc, orné d'un croissant.
    Chapiteau composite en marbre blanc, orné d'un croissant.
  • Balustrade en bois ouvragé.
    Balustrade en bois ouvragé.
  • Ensemble ornemental d'une arcade : frise en céramique, abaque et chapiteau.
    Ensemble ornemental d'une arcade : frise encéramique,abaque et chapiteau.
  • Ouvrant de porte intérieure sculptée de motifs géométriques.
    Ouvrant de porte intérieure sculptée de motifs géométriques.
  • Encadrement orné de porte
    Encadrement orné de porte

Architecture domestique

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Patio d'une maison d'Alger.
Vue sur unpatio d'une maison de la Casbah d'Alger.

L'architecture domestique de la Casbah est représentative d'un habitat humain traditionnel issu de la culture musulmane et à caractère profondément méditerranéen. La typologie est relativement stable entre lepalais et la demeure du modeste artisan. La maison typique de la Casbah apparaît groupée, mitoyenne et ne présente qu'une seule façade. On estime que ce mode de regroupement des habitations remonte à l'époqueziride. La surface d'emprise au sol est généralement comprise entre 30 m2 et 60 m2[62].

Elle possède toujours une vue sur lamer grâce à sa terrasse, la lumière est généralement apportée par lepatio ou, moins fréquemment, par une fenêtre qui donne sur la rue. La porte d'entrée comporte toujours une grille pour permettre l'aération des étages inférieurs à partir de l'air frais des ruelles. La maison algéroise se veut tournée vers l'intérieur, plus précisément vers son patio (west dar), qui est le cœur de la vie et qui comporte un puits (bir). C'est un espace de convivialité pour les familles, qui sont jusqu'à quatre à occuper une maison, mais aussi l'espace traditionnel d'accueil des visiteurs. Les murs sont des ouvrages de maçonnerie, constitués avec des briques de terre peu cuites et un mortier comprenant de lachaux et de la terre épaisse. Les planchers sont réalisés avec des rondins de bois et les soubassements sont construits selon une technique de voûte en berceau. La couverture est plate, faite avec une épaisseur de terre importante, jusqu'à 70 cm en terrasse, et le revêtement est constitué de mortier composé de terre et d'adjuvant naturels, le tout recouvert de chaux[62].Le système d'évacuation des eaux usées des maisons est un véritableréseau d'égouts en brique sous la voirie, qui suit la pente du site, et qui date de l'époque de larégence d'Alger. Les branchements sont réalisés avec des éléments de poterie qui s'emboîtent. Depuis la colonisation le réseau a été modernisé[62].

Puits ancien dans une maison
Un puits domestique dans un patio.

La typologie domestique de la Casbah se décompose en plusieurs sous-ensembles, la « maison alaoui », la « maison à chebk », la « maison à portique » et les palais[62]. La maison alaoui est la seule à ne pas disposer de patio, l'air et la lumière arrivant par les fenêtres. Construite sur une petite parcelle, le rez-de-chaussée, de taille réduite par rapport à l'emprise totale au sol en raison de la déclivité des terrains, peut être affecté à un commerce ou à un local de stockage. L'étage — quelquefois les deux étages — comporte une pièce unique de grande dimension. Pour gagner de l'espace ce type d'habitat a recours à desencorbellements.

La maison à chebk est souvent une dépendance (douera) d'une maison plus grande et elle répond à des contraintes d'espace minimal. Le patio, très étroit, se situe à l'étage et est pavé demarbre, alors que les pièces sont pavées de carreaux enterre cuite. Les murs emploient aussi des carreaux decéramique et de lachaux.La maison à portique est la typologie par excellence de la maison à patio, tournée vers l'intérieur. Dans les étages, elle peut céder de la surface aux maisons voisines et possède au deuxième étage une belle pièce avec unkbou (un encorbellement gagné sur la rue dans l'axe de la pièce). Le patio et les fenêtres sont ornés de carreaux de céramiques de couleur aux motifs géométriques ou floraux[62].

Typologie de la médina

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Schéma d'une rue en dénivelé.
Coupe de la rue Aroubi ; les maisons sontmitoyennes, endénivelé et s'appuient les unes sur les autres (type portant).

Lesmédinas algériennes s'inscrivent dans une évolution de la typologie urbaine au fil du temps. En effet, il est établi que laville, l'espace urbain, est un village qui évolue vers une typologie proto-urbaine, puis urbaine, à travers l'histoire. Le passage d'un noyau proto-urbain à un noyau urbain se traduit au niveau morphologique par une densification horizontale puis verticale, schéma classique de l'évolution des habitations à travers les siècles[69].

La densification, pour une parcelle donnée, consiste à en occuper tout l'espace ; ensuite vient la superposition des modules constructibles pour obtenir les étages.Alger est une ville à développement variable, présentant les états successifs de cette évolution. Elle a atteint un niveau d’urbanisation important dès la période médiévale, et comporte une typologie évoluée d'édifices allant jusqu'à quatre niveaux au-dessus du rez-de-chaussée, avec une moyenne de deux niveaux dans la Casbah. Au contraire, laCasbah de Dellys, aussi ancienne que celle d'Alger, présente une typologie de type proto-urbaine, où les escaliers de la cour ne sont pas intégrés dans l'ensemble pour donner naissance à unpatio et constituent encore un moyen architectural de distribution occasionnel vers les pièces en étage[69].

La typologie de la médina est dense horizontalement et introvertie ; les maisons à patio qui occupent une parcelle centrale peuvent même être mitoyenne sur leurs quatre côtés (cette typologie se retrouve àAlger,Blida,Miliana etDellys). Les maisons partagent un, deux ou trois murs mitoyens entre elles. L'espace limité de l'îlot, dans lequel prolifèrent les maisons similaires et voisines, influence la typologie individuelle de la maison. L'ensemble forme un bâti continu caractéristique de la Casbah, de type « portant »[70],[71].

Palais et résidences

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Les principaux palais et résidences actuels de la Casbah sontDar Aziza,Dar Hassan Pacha,Palais Mustapha Pacha,Palais Ahmed Bey,Dar El Hamra,Dar Khedaoudj el Amia,Dar El Kadi,Dar Soltan,la Maison du Millénaire,palais des Raïs,Dar Essadaka etDar El Souf[72] ; il faut ajouter à ce patrimoine les palais extra-muros duFahs d'Alger et les demeures incluses comme dépendances d'institutions publiques (hôpitaux, lycée)[73].

Gravure ancienne d'une place et d'un palais.
Palais de la Jenina et actuelleplace des Martyrs sur une gravure de1832 ; le palais est démoli vers1856.
Palais de la Jenina en 1856. (tirage albuminé)

Le plus vieux des palais est celui de laJenina, ravagé par un incendie en 1844. Ce palais, ancien fort berbère, est la résidence des souverains locaux d'Alger au Moyen Âge, notamment le dernier,Salim at-Toumi. Il est donc antérieur à larégence d'Alger, période durant laquelle il est le siège du pouvoir. Les Algérois l'appellentDar Soltan el qedim et il est le centre du pouvoir jusqu'à1817. Il ne subsiste qu'une partie de cet ensemble dontDar Aziza[74], situé sur la place des Martyrs en face de lamosquée Ketchaoua. Le palais deDar Aziza est typique des demeures algéroises duXVIe siècle. Haut de trois étages à l'origine, il est amputé de son dernier étage lors du tremblement de terre de 1716. Il sert de magasin en 1830, et perd en 1832 l'escalier menant à la terrasse. Il devient, après quelques aménagements, la résidence de l'archevêché sous la colonisation française.Dar Aziza est très riche en décorations murales faites de marbre sculpté. Il comporte un magnifique patio orné de jets d'eau, de boiseries, de faïences et de claustras à verres de couleur[75].

LePalais Mustapha Pacha est édifié en 1798. Une particularité de ce palais est qu'il contient un demi-million de carreaux de faïence ancienne originaires d'Algérie, deTunisie mais aussi d'Espagne et d'Italie. Le marbre de sa fontaine provient d'Italie et les portes sont en cèdre. C'est actuellement le musée de lacalligraphie d'Alger[76].

LePalais Hassan Pacha est un palais de style maghrébin construit en 1791 et remanié pendant la période coloniale avec des éléments de styles néogothique et orientaliste[77].

LePalais Ahmed Bey se situe dans la Basse Casbah, dans le quartier Souk-el-Djemâa, bordant larue Hadj Omar. Il fait partie de l'ensemble des palais de laDjenina. Il est édifié auXVIe siècle en tant qu'habitation dudey, reprenant le style typique de l'époque. Il abrite maintenant la direction du Théâtre national algérien[78].

Lepalais des Raïs est l'un des derniers vestiges de la médina situé en bord de mer et sa restauration est récente. Ce palais est celui des corsaires, il alterne les espaces publics et privés. Il comprend trois bâtiments palatiaux et sixdouerates (maisons plus modestes), aux décors raffinés comme en témoignent les carreaux de céramique, les balustrades en bois ouvragé, les colonnes en marbre et les plafonds richement ornés. Il abrite aussi un ancienhammam et unmenzah, une terrasse qui surplombe le site et donne sur la mer. Ce palais fait office de nos jours de maison de la culture[79].

Durant l'époque de la régence d'Alger, nombre de palais d'été sont situés extra-muros dans leFahs d'Alger. LeFahs désigne les environs et les faubourgs de la médina d'Alger ; il constitue un espace bien distinct de la médina. C'est le lieu d'implantation des divers palais d'été et résidences avec jardins. Un des palais les plus connus de cet ensemble est celui du Bardo qui abrite lemusée national du Bardo[80],[81].

Mosquées

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Parmi les mosquées de la Casbah d'Alger les principales sontJamaa Ketchaoua,Jamaa el Kebir,Jamaa el Jdid,Jamaa ali Bitchin,Jamaa sidi Ramdane,Jamaa Sidi M'hamed Cherif,Jamaa el Berrani,Jamaa el Safir etJamaa li houd[82].

La mosquée la plus ancienne de la Casbah d'Alger estJamaa El Kebir, la grande mosquée construite en1097 parYoussef Ibn Tachfin dans lestyle almoravide. Elle est construite à une époque où l'influence de l'art andalou se fait sentir sur le Maghreb. Ce qui caractérise le plus cette mosquée c'est sa salle de prière et son minaret. La salle de prièreshypostyle est centrée et ses puissants piliers sont reliés par de grands arcs festonnés, lobés pour ceux des nefs, unis et polis pour ceux des travées. Lemirhab est décoré de colonnes et de céramiques. Leminaret, refait par un sultanzianide deTlemcen en1324, est de forme quadrangulaire, surmonté d’un lanternon, orné de céramiques et de fines sculptures. La galerie extérieure n’est pas d'origine, elle est constituée à partir des colonnes de marbre à chapiteaux décorés provenant de la mosquéeEs-sayida, jadis située sur la place des Martyrs, démolie durant la colonisation[83].

Jamaa Sidi Ramdane est une des mosquées médiévales de la médina, elle date duXIe siècle[84]

Jamaa Ketchaoua est une œuvre unique, témoin de l'histoire de la Casbah. Elle est fondée en1436, à une époque antérieure à larégence d'Alger, lorsque les dynasties berbères régnaient sur la ville. Son architecture mêle les styles mauresques, turcs et byzantins. En effet son architecture est remaniée durant l'époque de la Régence puis, surtout, durant la colonisation française où elle fait office de cathédrale avant de revenir au culte musulman à l'indépendance du pays[85].Un bâtiment plus important est construit vers1613, sous le gouvernement de larégence d'Alger, puis de nouveau remanié en1794, sous le gouvernement deHassan Pacha[86]. Son architecture est inspirée des mosquées construites en Turquie dans le style byzantin. À partir de1844, sous la colonisation, des remaniements pour l'adapter à son usage d'églisecatholique font disparaître leminaret de style maghrébin à section carrée d'origine ; on construit les deux tours de la façade ainsi qu'unchœur dans le prolongement de la salle de prières. L'église est classéemonument historique par l'administration française en1908 et réaffectée au culte musulman à l'indépendance de l'Algérie[85].

Jamaa al-Jdid est une des mosquées les plus récentes. Elle est construite en1660 par le deyMustapha Pacha dans un style très proche de celui desOttomans. Elle comporte des coupoles qui rappellent celles d'Istanbul. Cependant, son minaret, haut de 27 mètres, est de style maghrébin avec une composante originale : il comporte une horloge depuis1853, provenant de l'ancien palais de laDjenina, démoli durant la période coloniale. Elle est destinée auxTurcs de la ville, suivant le ritehanafite, et sa proximité avec la mer lui vaut son surnom de « mosquée de la pêcherie ». La légende raconte que ce serait un captif chrétien qui aurait dessiné ses plans, ce qui expliquerait sa forme en croix latine. L'intérieur est décoré avec des boiseries et leminbar est composé de marbre d'Italie[87].

Jamaa el Berrani, littéralement la « mosquée des étrangers », est une mosquée datant de1653, reconstruite en1818 parHussein dey au pied de lacitadelle d'Alger pour accueillir le tribunal de l'Agha. Elle doit son nom aux étrangers qui venaient y prier avant leur audience auprès du dey. Elle est ensuite affectée au culte catholique durant une partie de la colonisation[88].

La Casbah possède aussi beaucoup de petites mosquées commecelle d'Ali Bitchin, un renégat d'origine vénitienne converti à l'islam, dont le vrai nom est Picenio. Elle fut construite en1622 par ce riche négociant. Elle est d'un style ottoman avec ses nombreuses coupoles mais elle comporte un minaret carré de type maghrébin. À l'origine sa salle de prière était sans ornements, blanchie à lachaux. Mais au fil du temps ont été ajoutés desstucs et autre décorations d'intérieur. L'édifice est en cours de restauration[89],[90]. D'autres mosquées sont construites à proximité de mausolées, à l'image deJamaa Sidi Abderrahmane, érigée à côté du mausolée du même nom en1696. Elle comporte des coupoles et un minaret richement orné[91].

Gravure ancienne représentant une mosquée.
Gravure représentantMosquée Es-sayida (v.1830), démolie durant lapériode coloniale.
Vue sur une synagogue blanche avec une coupole.
L'ancienne synagogue d'Alger,Jamaa li houd, devenue mosquée (v.1902).

La Casbah comportait également des mosquées qui furent démolies durant la période coloniale et qui ont marqué la mémoire de la ville. Il y avaitMosquée Es-sayida (Mosquée de la dame)[92],[93], anciennement située à la place des Martyrs, et démolie en 1832. Ses colonnades servirent à aménager le péristyle deJamaa el Kebir, lagrande mosquée, en1836, pour compenser l'impopularité de sa démolition et des aménagements coloniaux[94].

D'autres mosquées comme celle deM'sella à côté deBab el Oued, en 1862[94], deJamaa Mezzomorto, construite par le deyMezzomorto, celle deJamaa m'ta Sattina Maryam, celle de « Notre Dame Maryam », en 1837, sont détruites lors de divers aménagements urbains[95].Jamaa li houd, la « mosquée des juifs », est une synagogue bâtie entre 1850 et 1865, qui devient une mosquée à l'indépendance du pays, à la suite dudépart de la communauté juive locale[96].

Medersa et mausolées

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La Casbah compte quelquesmedersas dont la plus connue est lamédersa Thaâlibiyya. Elle est bâtie en1904 sous l'administration du gouverneurCharles Jonnart, qui fait la promotion dustyle néo-mauresque, appelé parfois « style Jonnart ». Ce style est aussi celui de nombreux bâtiments de l'époque, comme laGrande Poste d'Alger et lagare d'Oran. La medersa est construite pour rendre hommage au célèbre théologien maghrébin duXIVe siècle,Sidi Abderrahmane, considéré comme le saint patron de la ville d'Alger[97]. La Casbah comptait quatre-vingtzaouïas et medersas avant la colonisation, dont la plupart ne sont plus en service[98] ou sont devenues mosquées comme la zaouïa deSidi M'hamed Cherif[99].

La Casbah comporte plusieursfigures maraboutiques parmi lesquelles Sidi Brahim, protecteur de la mer, dont le tombeau est dans l'amirauté ; Sidi M'hamed Chérif, dont la fontaine est réputée ; Sidi H'lal, saint deBab el Oued et Sidi Bouguedour considéré comme le « chef des marabouts »[100]. Les mausolées de Sidi Hlal, Sidi boudgour et Sidi Aberrahmene ainsi que la mosquée de Sidi M'hamed Cherif sont en cours de restauration[101].

Lamedersa Thaâlibiyya est bâtie à proximité du tombeau de Sidi Abderrahmane. Lemausolée autour de ce tombeau est érigé auXVIIe siècle, et reçoit la visite de lareine Victoria qui, touchée par la grâce des lieux, fait don de lustres en cristal qui ornent toujours le tombeau.Sidi Abderrahmane est considéré comme le saint patron d'Alger et son mausolée est richement orné avec des versets duCorancalligraphiés sur les murs[5].

Ce mausolée, avec sa mosquée dotée d'un cimetière extérieur, occupe ainsi une double fonction : religieuse et funéraire[102]. On y retrouve aussi la tombes de Sidi Ouali, saint venu d'orient et dont la légende raconte qu'il aurait déchaîné la mer contre les navires deCharles Quint lors dusiège d'Alger (1541). Le cimetière abrite aussi des personnalités comme les saints Walî Dada, Sidi Mansour ben Mohamed ben Salîm et Sidi 'Abd Allah, des souverains de larégence d'Alger commeAhmed Bey de Constantine et lesdey Moustapha Pacha etOmar Pacha mais aussi des figures populaires comme l'écrivainMohamed Bencheneb (1869-1929) et l'illustre miniaturiste enlumineurMohamed Racim (1896-1975)[102].

  • Vue sur un bâtiment avec des coupoles noires.
    Lamedersa Thaâlibiyya, bâtie dans un style néo-mauresque en1904.
  • Vue sur un bâtiment blanc avec minaret.
    Mausolée de Sidi Abderrahmane, faisant fonction de petite mosquée et de cimetière. Certains souverains de la Régence d'Alger ou dignitaires religieux y sont enterrés.

Citadelle et structures défensives

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Articles détaillés :Citadelle d'Alger etPortes de la Casbah d'Alger.
La Casbah d'Alger parCharles Frédéric Chassériau.

La citadelle, laCasbah proprement dite, sur les hauteurs de lamédina, s'étend sur 9 000 m2 dont 7 500 m2 de bâti. Sa construction remonterait à l'année1597, sur le site d'un établissementziride. Elle devient siège du pouvoirdeylical en1817[103],[104].

C'est un complexe qui comprend[103] :

Plan de la citadelle (1830)
Plan de la citadelle (1830). A-palais du Dey ; P-palais des Beys ; F-mosquée du Dey ; Y-mosquée des janissaires ; I, K -Harem.
  • le palais dudey ;
  • un palais affecté auxbeys de Constantine, Oran et Médéa, vassaux du dey ;
  • deux mosquées, l'une pour le dey et l'autre pour lesjanissaires ;
  • lapoudrière, établissement militaire destiné à fabriquer du salpêtre et de la poudre à canon ;
  • les vestiges decasemates et un ancien jardin où se trouvaient des arbres exotiques, des plantes recherchées et une volière d'oiseau rares ;
  • des bastions et remparts ;
  • un harem ancien ;
  • un pavillon d'été ;
  • les bains d'Agha ;
  • un jardin d'été ;
  • un jardin d'hiver ;
  • le parc des autruches.

La poudrière aurait explosé auXVIIIe siècle et a été reconstruite. On note également qu'après le tremblement de terre d'Alger de 1716, beaucoup de bâtiments ont étéreconstruits.

Durant lapériode coloniale, les Français morcèlent l'ensemble qui constituait la citadelle pour faire passer une route, l'actuelle rue Mohamed Taleb[104]. La citadelle d'Alger est toujours en cours de restauration en 2015[40].

  • La « Casbah » - Citadelle d'Alger
  • Vue depuis les hauteurs des fortifications.
    Vue des fortifications de la citadelle qui donne son nom deCasbah à la vieille ville.
  • Vue sur une mosquée.
    Vue sur le minaret de la citadelle.
  • Vue sur la partie supérieur d'un palais.
    Vue sur une partie du palaisDar Soltan, palais du dernier Dey d'Alger.

Cependant la citadelle ne constitue pas la seule structure défensive. À l'origine la ville est entourée d'une enceinte percée par les portesBab Azoun,Bab el Oued,Bab Jedid etBab Jezira ; elle est défendue par un dispositif plus large de forts (borj), établis duXVIe au XVIIe siècle, tels ceux deel Fanar dans le port, celui deMoulay Hasan (ouFort l’Empereur) dans l'arrière-pays, et deTamentfoust de l'autre côté de labaie d'Alger.Borj el Fanar existe toujours tout comme les forts de l'amirauté, mais beaucoup furent démolis durant la période coloniale[25].Sur le front de mer, un des derniers témoins des structures de la ville est lepalais des Raïs. Sa façade maritime d'aspect massif comporte des canons tournés vers la mer[79]. La Casbah était entourée, à la base, d'un mur d'enceinte dont il ne reste que des vestiges, comme celui en face laprison de Serkadji[105].

Dégradation du bâti et décadence sociale

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Un patio avec des signes de dégradation.
Une maison dégradée de la Casbah.

La Casbah doit faire face à des défis liés à son statut depatrimoine habité. Depuis lapériode coloniale, elle est reléguée au second plan, perdant progressivement son rôle de centre urbain. Elle connaît des démolitions pour faire place à un nouvel urbanisme[107]. La vieille ville est vue, à l'époque coloniale, comme un archaïsme : dangereuse, repaire de marginaux et siège d'une population pauvre. Mais hormis les démolitions de la basse Casbah et la construction de quartiers périphériques, le bâti ne subit pas de dégradations majeures durant cette période car il émerge chez les habitants« une forme de gestion communautaire des espaces tant publics que privés » en résistance au modèle haussmannien d'urbanisme alors promu par les autorités coloniales[108].

Dans l'évolution post-indépendance, le rôle des habitants est antagoniste. En effet, depuis1962, elle devient une zone de relégation et de déchéance sociale. L'entretien des espaces publics perd de son efficacité avec la raréfaction deszabalines (éboueurs) et dessiyakines (arroseurs, nettoyant les rues avec de l'eau de mer) et une accumulation des ordures et des gravats. Ces dégradations sont dues, en partie, aux bouleversements de la population de lamédina, dont beaucoup d'habitants sont arrivés après l'indépendance sans « expérience urbaine ». La Casbah doit aussi faire face à l'exode d'une partie de ses anciens habitants , lesbeldiya ou « citadins ». Il faut également souligner le rôle de l’État algérien, qui mène une politique urbaine insuffisante et dont aucune administration ne s'est implantée dans la Casbah entre1962 et1985. La médina continue donc de perdre sa centralité urbaine[108]. Après l'indépendance, la Casbah va également accueillir les migrants issus de l'exode rural, pour lesquels elle constitue une porte d'entrée dans la ville. Elle devient un véritableghetto urbain, un espace repoussoir qui, pourtant, est situé au cœur de la ville qui n'offre aucune centralité pratique[107]. La population de la Casbah est ainsi alimentée par les couches les plus défavorisées desAlgérois et la crise du logement entretient la surdensité du quartier. Il faut ajouter à cela une crise culturelle et identitaire, avec l'apport dubéton au sein des maisons et la perte de la fonction de certaines parties comme lepatio (west dar), contourné par des communications entre les pièces[108]. Le patio était en effet un point de rencontre des différentes familles qui étaient liées entre elles. Avec l'occupation désormais par des familles ne se connaissant pas[62] et soucieuses de ne pas partager leur intimité avec les voisins, ces patios perdent une partie de leur raison d'être. Ainsi, paradoxalement, les plans de sauvegarde qui se concentrent sur les palais et maisons bourgeoises, laissent s'installer une altération du tissu architectural de l'ensemble urbain : continuité des terrasses perturbée, disparition des céramiques… Cela traduit une vision étroite du patrimoine de la part d'une administration pour laquelle l'espace urbain complexe est vu comme encombrant. Cependant, la volonté de restauration s'enrichit de plus en plus de la notion de réhabilitation sociale[60].

L'insécurité et l'enclavement du quartier participent à une marginalisation sociale qui elle-même entretient la dégradation du cadre urbain. Les propriétés sont à 76 % des biens privés, généralement desindivisions (bienshabous), ce qui complique le financement des restaurations et l'entretien. Cette situation juridique entrave l'intervention de l'État. Les plans d'actions sont renouvelés avec souvent les mêmes méthodes, ce qui en reproduit les échecs sur le terrain. Cela explique le fait que de la restauration du patrimoine reste en suspens depuis des décennies[60]. Sur les 1 200 maisons destyle mauresque comptabilisées en1962, cinquante seulement sont restaurées, environ deux cent cinquante se sont effondrées et quatre cents sont murées et inoccupées, quoique réoccupées indûment à 50 %[60].

L'échec des plans successifs de réhabilitation serait lié à l'absence de vision globale incluant la vision des habitants ou d'acteurs importants sur le terrain, associations, habitants les plus anciens de la médina… Ces derniers n'étant pas associés aux divers projets de réhabilitation depuis l'indépendance, les opérations sont souvent compromises. Enfin les projets sont souvent confiés à des bureaux d'étude et de réalisation étrangers, ayant du mal à s'inscrire dans les savoir-faire architecturaux locaux et pouvant traduire de la part des autorités algériennes un certain « complexe du colonisé », incapables de mobiliser des compétences locales[108],[109]. Les acteurs associatifs, quant à eux, se mobilisent contre ce qu'ils dénoncent comme une « culture de l'oubli » mais la mise en place d'actions concrètes de leur part reste marginale[110].

2018- 2019 : Projet de réhabilitation et polémique

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À la fin des années 2010, la régionÎle-de-Francejumelée avec la wilaya d'Alger – soutient financièrement un projet de réhabilitation de la Casbah, orchestré par l'architecteJean Nouvel[111]. Cela suscite des critiques, une pétition de 400 Algériens (surtout de la diaspora) dénonçant le fait que ce dernier soit issu de l'ancienne puissance coloniale[112]. DansLe Huffington Post, l'architecte Kamel Louafi leur répond vertement :« Tous ces signataires qui agissent et travaillent en dehors de leur pays dénient ce droit à Jean Nouvel et lui demandent de laisser les confrères et consœurs d'Alger s'occuper de la Casbah, comme si on devenait intelligent par naissance ou appartenance ethnique »[113],[114].

Culture

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Artisanat

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Vue sur une ruelle et un étal de dinanderie traditionnelle de la Casbah.

Le secteur de l'artisanat dans la Casbah est en déclin. Il n'a fait l'objet d'aucune politique de soutien fructueuse et, combiné à un tourisme en berne, son état apparaît en rupture avec l'histoire de la vieille ville où il fut florissant[115].Les maîtres artisans restants ne sont pas très nombreux et les métiers artisanaux doivent faire face aux contraintes fiscales et au prix des matières premières. C'est le cas, par exemple, de la dinanderie, confrontée à une diminution du nombre des artisans, à une raréfaction et à la cherté de la feuille de cuivre. De plus, les objets traditionnels sont concurrencés par les produits manufacturés[116],[117].

À l'époque de larégence d'Alger, les artisans dépendaient ducaïd el blad (commissaire de la ville), un haut fonctionnaire proche dudey. Il se crée alors des quartiers spécialisés, plutôt des ruelles ouzenkat, dédiées à un corps de métier[118]. Les boutiques et les corporations encore en vigueur à la fin duXIXe siècle ont disparu dans les années précédant laPremière Guerre mondiale[119].

Un des métiers les plus illustres de l'artisanat algérois est ladinanderie, dont la pratique remonte à la période médiévale[118].Les objets fabriqués par les dinandiers sont essentiellement lessniwa, plateaux en cuivre richement ornés de motif géométrique, lesmibkhara, encensoirs, lesl'brik ettassa, aiguières et bassines, lesberreds, théières, et lestebssi laâchaouets, couscoussiers à couvercle conique[120]. Les motifs employés sont desétoiles, des formes géométriques et des fleurs comme lejasmin[121].Lucien Golvin voit dans la dinanderie algéroise un legs ottoman, ou du moins des convergences avec les pays qui furent sous domination ottomane ; certains décors en témoigneraient comme les tulipes, œillets, cyprès et fleurs étalées, qui se retrouvent sur divers objets en cuivre ciselé ou incisé[122].

Algéroise portant unKarakou duXIXe siècle.

La Casbah est aussi un important centre de travail du bois. La technique employée est le bois ciselé et parfois peint pour réaliser des coffres, des miroirs et des tables richement décorés[123]. Les boiseries d'art des bâtiments anciens continuent d'être restaurées par les artisans locaux[124]. On fabrique encore dans la Casbah une forme de coffre (sendouk) fait de bois peint. Ces objetssont appelés « coffres de mariée » car ils servent souvent, en milieu rural notamment, à accueillir le trousseau de mariage. Ils comportent deux poignées de chaque côté et une serrure pour en assurer la fermeture. L'ornement se compose de motifsarabo-andalous, souvent à caractère floral, qui font occasionnellement place à des représentations d'animaux comme le coq ou le paon[125].

Il existe encore un artisanat de confection d'habits traditionnels, comme lekarakou, lecaftan, lehaïk et letarbouche. Les boutiques à proximité deJamaa li houd sont les seules à vendre le « savon d'Alger » (saboun D'zair)[126].

La valeur culturelle de ces métiers commence à susciter l'intérêt des habitants, mais aussi de l'État, qui investit, encore timidement selon les artisans, dans des dispositifs de défiscalisation et des écoles spécialisées[126]. Certaines initiatives de création d'entreprises artisanales apportent un souffle nouveau aux métiers concernés ; c'est le cas, par exemple, des activités de réalisation et de restauration d'objets en bois peint[127].

  • Femmes d'Alger tissant un tapis (v.1899).
    Femmes d'Alger tissant un tapis (v.1899).
  • Un artisan dinandier.
    Un artisan dinandier.
  • Atelier de menuiserie de la Casbah.
    Atelier de menuiserie de la Casbah.
  • Lustre artisanal en cuivre.
    Lustre artisanal en cuivre.
  • Broderie de soie dite point d'Alger du XVIIIe siècle
    Broderie de soie ditepoint d'Alger duXVIIIe siècle

La Casbah dans les arts

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Cinéma

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Alger est au cœur d'une filmographie riche, dont peu de capitales dans le monde peuvent se prévaloir jusqu'auXXe siècle[128]. Une quarantaine de longs métrages et une centaine de courts métrages y sont tournés dans le courant duXXe siècle. C'est le cas des filmsSarati le Terrible (1922),Tarzan, l'homme singe (1932),Pépé le Moko (1937),Casbah (1938),Au cœur de la Casbah (1952),L'Étranger (1968),Z (1969) etLa Bataille d'Alger deGillo Pontecorvo (1969). « Pépé le Moko » reste perçu comme un film à la gloire de la Casbah, qui vole la vedette à l'acteurJean Gabin. La Casbah inspire la production locale à partir de 1969, La Bombe (1969),Tahia ya Didou (1971),Omar Gatlato (1976),Automne, octobre à Alger (1988),Bab-el-Oued City (1994),Viva Laldjérie (2004) etDélice Paloma (2007)[128].

La différence entre les productions locales et coloniales ne réside pas dans la technique de réalisation ou l'esthétique des films, mais dans la place qu'y occupe l'Algérien. En effet le cinéma français, avant l'indépendance, est souvent caractérisé par une absence de l'indigène algérien[128]. En 2012, le filmEl Gusto aborde le patrimoine musical algérien et la culture de la Casbah à travers les retrouvailles entre des musiciens musulmans et juifs d'Algérie[129].

Les Terrasses (Es-stouh) est unfilm dramatiquefranco-algérien réalisé parMerzak Allouache et sorti en2013.

Musique

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Les troupes musicales
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Gnaoui d'Alger avec songuembri (vers 1906).

Dans la Casbah d'Alger l'esprit festif existait au quotidien à travers des manifestations de rues de divers musiciens et saltimbanques. Ainsi, les troupes debaba salem qui déambulaient et animaient fréquemment les ruelles à l'approche des fêtes comme lemawlid. Très populaires, elles étaient généralement composées d'Africains originaire duSahara, souvent appelésgnaoua. Ces Gnaouas portent généralement des vêtements sahariens de différentes couleurs, un collier de coquillages et jouent duguembri, ducaisson, dukarkabou et dutambourin. Lesbaba salem se sont raréfiés de nos jours, même s'ils se produisent toujours dans les rues d'Alger[130].

L'autre type de troupes folkloriques sont leszornadjia, employées dans les festivités. Elles tirent leur nom de lazorna, une sorte de hautbois, et produisent une musique rythmée notamment par letbel, une sorte de tambour, et lebendir. Ces troupes dezornadjia se produisent notamment dans les mariages[130].

La musique arabo-andalouse
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Articles détaillés :Sanâa (musique) etChaâbi algérien.

La musiquechaâbi (« populaire ») s'inscrit dans lerépertoire arabo-andalou. Elle finit par s'imposer comme un symbole d'une culture populaire et citadine. C'est une musique encore vivante, un art ayant traversé les époques et renvoyant dans l'imaginaire collectif à l'image d'une ville intemporelle. En effet ce genre musical s'appuie, notamment, sur des poèmes séculaires, lesqçid, qu'il remet au goût du jour[131]. Les instruments employés sont lemandole algérien, instrument spécifique inventé pour lechaâbi, leoud, leluth oriental, lebanjo, leviolon, letar et laderbouka[131].

Ce genre musical apparaît au début duXXe siècle dans les couches populaires de la Casbah, dont beaucoup issues des campagnes sont d'originekabyle. Lechaâbi est fortement teinté d'accents berbères et se décline également enlangue kabyle, outre son répertoire enarabe algérien. Les maîtres fondateurs de cet art ont pour nomCheikh Nador,Hadj El Anka etCheikh El Hasnaoui. Lechaâbi algérois se fait connaître par la célèbre chansonYa Rayah deDahmane El Harrachi, traduite et interprétée dans le monde entier. Les thèmes récurrents sont l’écho du patrimoine, la plainte ancestrale, le mal du pays mais aussi des chants ancestraux de fêtes et de célébrations religieuses[130]. Cette musique se joue souvent en soirée, dans lespatios et particulièrement durant le mois duramadan.Hadj El Anka fonde la première classe de cette discipline au conservatoire d'Alger en1957[129].

Lechaâbi est aussi un style musical qui partagé entre les habitants musulmans et juifs de la Casbah. Parmi les chanteurs judéo-arabe les plus illustres on peut citerLili Boniche[129]. Sa musiqueAna el Warka est reprise pour le générique de l'émission deFrance 2,Des mots de minuit[132]. Des initiatives comme celles de l'orchestreEl Gusto visent à les rassembler et à populariser ce patrimoine culturel de la Casbah sur les scènes internationales[129].

La peinture

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Peinture représentant des magasins de style mauresque.
« Algerian Shops » deLouis Comfort Tiffany : représentation de boutiques algériennes (v.1875).
LaCasbah d'Alger (1840) parCharles Frédéric Chassériau (1802-1896)
Peinture représentant des femmes dans un salon de style mauresque.
« Femmes d'Alger dans leur appartement »,huile sur toile d’Eugène Delacroix (1798–1863), datée de1834, exposée aumusée du Louvre,Paris,France.

La Casbah d'Alger a inspiré divers peintres algériens et étrangers, notamment à travers le courant de l'orientalisme. Dès leXIXe siècle, elle est une source d'inspiration pour les artistes comme le peintre Eugène Delacroix[133], leur permettant de se plonger dans la ville arabe[134]. Un des peintres les plus célèbres pour ses représentations de la Casbah estMohammed Racim, natif de la Casbah. Ses œuvres illustrent la période ancienne de la Casbah en remettant au goût du jour la tradition populaire algérienne ; elles sont actuellement, en grande partie, conservées au Musée national des beaux arts d'Alger[134].Louis Comfort Tiffany, peintre américain, connait lui aussi une période orientaliste et visite Alger en 1875[135]. Entre 1957 et 1962, le peintreRené Sintès peint la Casbah. Ses peintures, en particulierPetit Matin,La Marine etCouvre-feu reflètent l'atmosphère des troubles secouant la ville d'Alger durant laGuerre d'Algérie[136].

Les institutions culturelles

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Ancienne photo d'un intérieur de coupole.
Intérieur de la coupole deDar Souf (v. 1893), partageant avecDar Moustapha Pacha le rôle d'ancienne « bibliothèque nationale et antiquités d'Alger » de 1863 à 1950.
Vue sur un patio richement décoré.
Palais des Raïs, siège du « centre des arts et de la culture ».

La Casbah abrite dès leXIXe siècle desinstitutions culturelles comme la « bibliothèque nationale et antiquités d'Alger », fondée en 1863, contenant 30 000 volumes et 2 000 manuscrits arabes, turcs et persans[137]. Le palais deDar Khdaoudj el Amia est aussi une institution culturelle. Siège de la première mairie d'Alger entre 1833 et 1839, il se voit attribuer par leGouvernement Général d’Algérie le rôle de « service technique d'artisanat » et une exposition permanente d'arts populaire s'y installe. En 1961 il devient « musée des arts et traditions populaires » puis, en 1987, « musée national des arts et traditions populaires »[138]. En1969, Alger accueille la première édition dufestival panafricain d'Alger. À cette occasion, la Casbah accueille divers artistes du continent ou de ladiaspora africaine, mais également des mouvements révolutionnaires comme lesBlack Panthers. Cefestival est reprogrammé en 2009, année où le patrimoine de la Casbah est également mis à l'honneur[139].

Lepalais des Raïs, à la suite de sa restauration en 1994, abrite le « centre des arts et de la culture », où sont organisées des expositions temporaires, muséales et des spectacles sur la terrasse comportant une batterie de canons donnant sur la mer[140].

La Casbah accueille également certains ateliers et visites du « festival culturel international de promotion des architectures de terre », organisés par le ministère de la culture algérien. En2007, Alger est désignée comme « capitale de la culture arabe », ce qui est l'occasion de réactiver la question du patrimoine et de sa restauration. Cette manifestation culturelle voit l'inauguration du « musée algérien de la miniature et de l’enluminure », installé dans le palais deDar Mustapha Pacha[141].Dar Aziza, un palais de la basse Casbah faisant partie de l'ancien ensemble du palais de laDjenina, est le siège de l'« agence nationale d’archéologie » avant de devenir actuellement le siège de l’« office de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés »[142].

Le patrimoine écrit

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Ancienne photo de l'entrée d'un bâtiment mauresque.
Ancien bâtiment de labibliothèque nationale d'Algérie dans la Casbah.

La ville d'Alger possède unpatrimoine écrit historique important. AuXIXe siècle, la ville comporte plusieurs collections provenant de mosquées, dezaouïas et de particuliers. L'ensemble du patrimoine littéraire a été affecté, à l'image des édifices, par les transformations et démolitions de l'époque coloniale. C'est durant cette période que naissent des initiatives pour préserver et répertorier ce patrimoine.Adrien Berbrugger est à l'origine de la collection conservée à la bibliothèque d'Alger, fondée en1836. Les manuscrits sont locaux ou étrangers (Égypte, Andalousie, Maroc, Turquie…) et traitent de domaines culturels ou scientifiques.En1872, on a répertorié 866 volumes dans diverses bibliothèques : celle de lagrande mosquéeJamaa el Kebir, celle deJamaa al-Jdid, celles deSidi Ramdane et deSidi Aberrahmane.Jamaa al Jdid abrite à l'époque 555 volumes, acquis grâce aux dons desdeys d'Alger[note 9]. Cet inventaire de1872 permet de constater queJamaa el Kebir, semble avoir perdu les deux tiers de sa collection de 1830. D'autres inventaires sont réalisés en 1907 et 1911. En 1909 parait le « catalogue de la grande mosquée d'Alger », dressé parMohamed Bencheneb[143].La collection de cette mosquée comporte des ouvrages religieux, des exemplaires duCoran, desrecueils de hadiths, des ouvrages traitant de la vie du prophète, dudroit malékite ouhanéfite, de lathéologie, de la morale et de lagrammaire[144].

Un autre type de patrimoine écrit est leTachrifat de larégence d'Alger ou « registre des choses nobles ». C'est un registre et une compilation de données administratives sur la Régence. En 1830, les registres trouvés dans le palais du dey et chez les principaux administrateurs sont déposés dans les archives arabes des domaines. Ces registres sont relatifs à la perception des impôts et à l’administration des biens du beylik et des corporations religieuses. On y retrouve, éparpillées, diverses informations, relations de faits historiques ou d'événements remarquables, des règlements sur divers objets, des notes sur l’administration, sur les esclaves chrétiens et sur les tributs payés à la Régence par diverses nations. LeTachrifat est l'un de ces recueils d'archives ; il est traduit au début de la période coloniale[145],[146]. L'ensemble de ces documents, issus de l'administration pré-coloniale, constitue le « fonds des archives de l’ancienne régence d'Alger » ; il est conservé aux archives algériennes dont le siège est hors de la Casbah[147]. Labibliothèque nationale d'Algérie, comprenant les fonds anciens, est située dans des palais anciens avant de déménager, en1954, hors de la Casbah ; l'ensemble des collections est conservé dans l'actuel bâtiment près dujardin du Hamma[148].

L'eau dans la culture

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Le rôle de l'eau dans la Casbah doit être replacé dans sa dimension historique. L'eau et sa distribution dans la ville dépendent de plusieurs domaines notamment l'architecture et l’ingénierie, mais aussi des usages qui en sont faits. Laqualité de vie « liée à l'eau », qui définit l'aquosité, est un enjeu propre à beaucoup de villes méditerranéennes. L'eau, en plus de participer à l'originalité urbaine d'une ville, contribue à alimenter tout unpatrimoine immatériel (légendes, folklore[149]…)

Laville d'Alger est riche d'un patrimoine hydraulique permettant à sa population d'avoisiner les 100 000 habitants auXVIIe siècle et d'en faire une capitale méditerranéenne. Un des premiers éléments de ce patrimoine sont les « sources sacrées » : la « Fontaine des Génies » ouSeb’aa Aïoun (les sept sources) était une source d'eau douce de nos jours effacée par la construction du front de mer ; ces jaillissements d'eau douce en pleine mer leur conféraient un caractère mystique. Ledjinn de cette fontaine,Seb’aa Aïoun, est, pour lesSub-sahariens,Baba Mûsa, surnomméAl-Bahari, l'esprit aquatique d'eau douce venu duNiger. La sourceAïn Sidi ‘Ali az-Zwawi doit son nom au saint Ali az-Zwawi mort en1576 et est évoquée parDiego de Haëdo. L'eau, à laquelle les habitants prêtaient de nombreuses vertus, coulait à l'origine dans son mausolée situé en dehors de la porte Bab Azoun et de nos jours détruit. Cependant la source coule toujours dans une boutique de la rue Patrice Lumumba[150]. Parmi les fontaines les plus célèbres on peut noter celles reliées à unmarabout, ce qui leur confère une dimension mystique comme celle deSidi AbdelKader, deSidi Ali Ezzaoui, deMhamed Cherif, deMzaouqa, deSidi Ramdane[151] et d'autres commeAïn Bir Chebanaetc. Celle deMhamed Cherif est connue pour avoir le pouvoir d’apaiser les angoisses et les tracas grâce à trois gorgées de son eau[152].

Lesfontaines d'eau sont aussi considérées comme des œuvres de générosité publique et à ce titre sont désignées dans la toponymie algéroise par le termearabe desabil ou, généralement au pluriel,sebala, ce terme désignant littéralement une œuvre charitable et désintéressée. Selon Kameche-Ouzidane[153], ce terme provenant duCoran, qui signifie littéralement « voie, route, chemin », est à l'origine de l'expressionfi sabil Allah, traduisant l'idée d'une action désintéressée et généreuse. Il va désigner progressivement à travers les âges les fontaines et les bassins d'eau potable publics aménagés par la générosité d'une personne. Ce genre de dons permet de perpétuer le nom du donateur et d'assurer son salut dans ce qui est considéré comme un « monde périssable ». De nombreuses gravures sur les fontaines rendent compte de l'utilité de l'eau et l'importance des fontaines comme utilité publique. Cette utilité étant d'autant plus grande qu'initialement, les fontaines étaient, avec les sources, un endroit obligé pour se procurer de l'eau, et qu'elles ne pouvaient en aucun cas être privées ; les donateurs, tout comme les habitants des palais, avaient interdiction de construire de telles fontaines dans leurs habitations[62]. L'autre forme d'approvisionnement en eau était celle des nombreux puits (environ 2 000 puits recensés pour 3 000 habitations au début de l'ère coloniale), et autant deciternes, situées dans les sous-sols, qui permettaient la récupération de l'eau de pluie tombant sur les terrasses[11].

La fontaine dite de la « Cale aux Vins » encastrée de nos jours dans un mur dumusée des antiquités d'Alger comporte uneépigraphe de 1235, très expressive, concernant l'utilité publique des eaux et le rôle du bienfaiteurHussein Pacha comme en témoigne la traduction de Gabriel Colin[154] :

« C’est par l’eau que tout vit ! Le gouverneur, sultan d’Alger, Huseyn pacha, dont les pieuxdesseins tendent toujours aux bonnes œuvres et qui, sans jamais s’éloigner de labienveillance, amène l’eau en tous lieux, a fait couler cette onde et a construit cette fontaine.En irriguant cet endroit, il a abreuvé celui qui avait soif. Bois en toute aisance une eaufraîche à l’amour de Huseyn. »

Cependant, sur les 150 fontaines qui furent en fonction dans la médina, il n'en reste qu'une dizaine de fonctionnelles. Désignées par les mots arabesaïn (fontaine) oubir (puits), elles dénotent d'un certain plaisir de vivre dans la cité à travers ses espaces publics. Ainsi la Fontaine des Veuves (Aïn al-Ahjajel), avait-elle pour réputation d'avoir le pouvoir de rendre un mari aux veuves. Ces fontaines font partie intégrante de la médina, elles subsistent, quoique taries, comme lieux de mémoire, notamment par leurs appellations et leur rôle dans la toponymie de la vieille ville[155].

  • Fontaine mauresque dans une ruelle.
    Aïn Sidi Mhamed Cherif.
  • Fontaine mauresque dans une ruelle.
    Aïn Sidi Ramdane.
  • Fontaine mauresque dans une ruelle.
    Aïn Bir Chebana.
  • Fontaine et son bassin dans un patio.
    Fontaine dans le patio deDar Mustapha Pacha.
  • Fontaine mauresque dans une ruelle.
    Bir Djebah.

Tradition orale

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La culture orale est importante dans la tradition algéroise, notamment à travers le jeu de laboqala[note 10]. Laboqala, dans sa forme classique, est unpetit poème de quatre ou cinqvers, récité ou parfois improvisé. Ces petits poèmes, transmis par l'oralité ou de petits recueils, constituent unpatrimoine de plusieurs siècles[156],[157].Ce jeu de poésie oscille entre le divertissement et ladivination. Dans ce dernier cas il s'accompagne parfois d'un rituel magico-religieux et n'est pas propre à la ville d'Alger mais à l'ensemble des villes du littoral algérien et de son arrière-pays,Alger,Blida,Béjaïa,Médea,Miliana,Cherchell… Le contenu de laboqala est souvent unedevinette ou un texte mystérieux, parfois une parole de sagesse ; il est donc sujet à interprétation. Ces séances sont traditionnellement organisées par des femmes, mais les hommes peuvent aussi s'y joindre. Les réunions se font souvent autour d'une table bien garnie, sur les terrasses des maisons ou lespatios[156].Les séances se tiennent généralement la nuit ainsi que la veille de jours importants ou de certains jours de la semaine, les mercredis, vendredis et dimanches. Ces séances sont très fréquentes durant lemois du Ramadan. Le motboqala provient du terme arabe désignant une cruche en terre cuite qui contient de l'eau, mise sur un brasier, et autour de laquelle peuvent avoir lieu divers rituels[note 11],[157].

Les séances commencent par une invocation :« Fâl ya fâlfal djibli khbâr man koul blad » (Présage, Ô présage, apporte moi des nouvelles de toutes les contrées). La langue employée dans ces jeux deboqala est l'arabe algérien, avec des emprunts aux langues avec lesquelles il est en contact (berbère,turc,espagnol etfrançais) car son lieu de production est essentiellement citadin. Si l'on ne connait pas l'origine de cette pratique, elle présente une structure littéraire proche de l'écrit et se caractérise par une pureté du style, un rythme et des sonorités qui lui confèrent sa popularité. On peut noter une ressemblance avec lapoésie andalouse ancienne, lehawzi, les chants populaires deTlemcen. Ce genre littéraire est encore de nos jours une pratique assez répandue car sa diversité thématique lui permet d'intéresser des auditoires divers et donc d'être assez consensuel selon les circonstances. De plus il permet de frapper l'imaginaire de l'auditoire et de combler un certain désir d'évasion de celui-ci[156],[48].

Notes et références

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Notes
  1. Ces îlots sont actuellement intégrés à la jetée du port.
  2. LeFahs désigne les environs immédiats d'Alger, à l’extérieur des murs de la médina.
  3. SelonMarcel Le Glay cité par Tsouria Kassab,p. 1, des monnaies puniques ont été retrouvées dans la Basse Casbah.
  4. Le premier niveau, allant au-delà de 13 mètres, a permis de mettre au jour des poteries duIIIe au Ier siècleav. J.-C. dont certaines de typecampanien attestant des relations commerciales avec l'Italie du Sud, lescolonies grecques de la Gaule, voire lacôte orientale de l'Espagne et laGaule. Dans un deuxième niveau, allant de 13 mètres à 8,45 mètres, on retrouve des poteries rouges d'Arezzo ou de typegallo-romaines. Enfin, le troisième niveau, allant de 8,45 mètres à 6,40 mètres, ne recèle que de lapoterie romaine, sans décor et de plus en plus grossière, datant probablement desIIIe,IVe et Ve siècles.
  5. Les historiens français Ahmed Koulakssis etGilbert Meynier relèvent que« c’est le même terme, dans les actes internationaux, qui désigne la ville et le pays qu’elle commande : Al Jazâ’ir[21]. » Gilbert Meynier précise par ailleurs que« même si le chemin est parsemé d’embûches pour édifier un État sur les décombres des États zayanide et hafside, […] désormais, on parlera dedawla al-Jaza’ir[22] (le pouvoir-état d’Alger) […] Cette période voit l'installation d'une organisation politique et administrative qui va participer à la mise en place de l'entité algérienne :watan al jazâ'ir (pays d'Algérie) et la définition de frontières avec les entités voisines à l'est et à l'ouest[23],[24]. »
  6. Par exemple le rattachement à un saint patron de la ville signifie une filiation et une ascendance liées à un imaginaire symbolisant la citadinité. On parle desouled Sidi Abderrahmane, littéralement les descendants du saintSidi Abderrahmane, comme transcription de l'expression « enfants de la ville » (ouled el bled).
  7. Le terme « maure », très employé auXIXe siècle, désigne les Arabes citadins d'Alger.
  8. C'est à cette période qu'elle devient capitale de laRégence d'Alger.
  9. Les deys étant de rite hanéfite, cela expliquerait l'importance de leurs dons pourJamaa al Jdid, principalement consacrée au rite hanéfite, en comparaison notamment au volume des dons effectués pourJamaa al Kebir, la grande mosquée, de rite malékite.
  10. Parfois orthographiébouqala oubūqāla.
  11. Il peut s'agir de parfumer l'eau avec de l'encens ou diverses essences mais aussi de chasser lemauvais œil et lesdjinns.
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  157. a etbGuemriche 2012,p. 65.

Annexes

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Bibliographie

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Ouvrages

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Histoire
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Urbanisme et patrimoine
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Art
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Généraliste
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Périodiques

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Histoire
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Urbanisme et patrimoine
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Art
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Généraliste
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Articles connexes

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Géographie

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Histoire

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Guerre d'Algérie

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Cinéma

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