Lepeuple des Carnutes ne doit pas être confondu avec l'un des septpagi de son territoire, lepagus carnutenus (pays chartrain), basé àAutricum, ni avec lacivitas carnutorum (cité des Carnutes), nom donné au territoire administratif après laconquête romaine.
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![]() Monnaie carnute, au nom deTasgetios. | |
Ethnie | Celtes |
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Langue(s) | gaulois |
Religion | celtique |
Villes principales | Cenabum (Orléans) (capitale avant -52) Autricum (Chartres) (capitale après -52) |
Région d'origine | Beauce |
Région actuelle | Eure-et-Loir,Loiret,Loir-et-Cher et une partie desYvelines, (France) |
Rois/monarques | Tasgetios |
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LesCarnutes sont unpeuple de laGauleceltique vivant sur le riche plateau deBeauce[1], dans le centre de laFrance métropolitaine. Ils ont donné leur nom à la ville deChartres.
Carnutes est l'équivalent du latincornuti « les cornus » par allusion aux ornements du casque guerrier. Le suffixe-et(o) (Veneti,Caleti, etc.) est réduit ici à -t- après le thème en -u-*karnu- : latincornu[2].
Ce nom est mis en rapport avec celui desCarni etCarnonacae,Carnutes signifierait exactement « ceux à la corne » → « les cornus »[3]. L'inscription gallo-grecque (texte celtique utilisant l'alphabet grec) de Montagnac contient le datif deCarnonos qui signifie peut-être « dieu cornu, dieu à la corne », avec le vocalisme-no- fréquent dans les noms divins[3]. LeCernunnos dupilier des Nautes parisiaques en serait une variante[3]. Enfin, on possède un adjectif gaulois-latincarnuātus « cornu ». Cette racine se retrouve dans le breton et le galloiscarn « sabot »[3].
Du point de vue politique et militaire, César – qui leur en veut et les déteste tout autant que leurs voisins lesSénons – nous donne, tous comptes faits, l'impression d'un peuple relativement peu organisé. Mais il est vrai qu'en face d'une source unique et partiale, les impressions peuvent être trompeuses.
À la fin de la Gaule indépendante, les Carnutes occupent un très vaste territoire qui couvre :
La structure des finages beaucerons a été effacée par l'occupation gallo-romaine, de même que l'essentiel du réseau de communications. Cependant, le « Gué-de-Longroi » (canton d'Auneau), forme composite latino-celtique (longum +rito, gué), atteste sans doute le passage d'un vieux chemin deChartres vers lesParisii, qui n'a pas été recouvert par unevoie romaine.
Les cours d'eau ont presque tous des noms pré-celtiques.
Les géographes de l'Antiquité leur donnent deux villes :Autricum ( Ἀύτρικον, dans la Géographie dePtolémée,II, 1) et, sur la boucle de la Loire,Cenabum, (Κήναβον, dans la Géographie deStrabon,V, 2, 3) qui la qualifie d'emporium des Carnutes (τὸ τῶν Καρνούντον - « karnounton » - ἑμπόριον).
Les Carnutes occupaient une vaste province dans le sud-ouest duBassin parisien, avec deux principaux pôles :Autricum (Chartres) etCenabum (Orléans). La seconde obtint d'ailleurs son indépendance lors de la réforme territoriale des années 320[4].
César nous apprend que les Carnutes possédaient également beaucoup de places fortes et de villages plus ou moins importants (Dreux,Blois,Vendôme,Chambord...), et que la région est parsemée de fermes. La toponymie celtique locale est abondante, mais difficile à dater et ne livre que peu d'éléments utiles pour connaître la structure du terroir.
On peut repérer quelques « places fortes » en-dunum (voirDun (forteresse) :Châteaudun,Meung-sur-Loire(Magdunum) et l'Oppidum Noviodunum de César, attesté àNeung-sur-Beuvron, aux confins de la cité biturige ; deux ou trois marchés, dontNoviomagus àNogent-le-Roi (sur une route vers le payscénoman), ainsi qu'àNouan-le-Fuzelier et àNouan-sur-Loire... Un établissement gaulois existait également au nord, au confluent de l'Eure et de laBlaise, mais doit être rapporté auxDurocasses.
Leur situation profite du double débouché de laLoire vers le sud et de l'Eure vers le nord pour pratiquer le commerce.
Les Carnutes sont un des peuples les plus célèbres de la Gaule celtique. Ils n'apparaissent pas pour autant parmi les plus puissants. Leur principale richesse est certainement dans l'exploitation agricole de laBeauce, largement défrichée depuis lenéolithique et qui produit déjà des excédents de céréales (blé tendre,seigle,sarrasin,avoine,orge), alimentant un commerce actif et vraisemblablement fructueux, dont témoigne une abondantenumismatique[5].
Le commerce ne devait pas se limiter à l'exportation de céréales : il existait certainement un transit terrestre de marchandises vers l'Eure et la Loire (ou le Loir), et des communications fluviales avec les pays de la façade atlantique. Mais si la richesse carnute est hors de doute, on ne peut pas parler d'un « or carnute » comme on parle d'un « or arverne ».
On connaît desstatères d'or dès la fin duIIe siècle et, de manière plus originale, des subdivisions du statère. Toute une série de monnaies, associant l'aigle et le serpent, sont caractéristiques des Carnutes ; leur droit porte souvent une tête imitée plus ou moins servilement du denier deTitus, frappé à Rome en 79 ap. J.-C. Il existe également despotins régionaux abondants. Ce monnayage se poursuit activement en se diversifiant après la conquête, notamment sous forme des célèbresPixtilos -confermonnaie gauloise.
Bien qu'ils exploitent sans doute les minerais duPerche, ils sont très loin de la capacité industrielle desÉduens etLingons, leur artisanat même n'a pas laissé de traces exceptionnelles.
Pendant les deux premières années de laGuerre des Gaules, les Carnutes ne font pas parler d'eux. En 57-56 av. J.-C., c'est en pays carnute queCésar envoie ses légions prendre leurs quartiers d'hiver, ce qui indique que le pays passe pour sûr. Peut-être les Carnutes (ou du moins leur aristocratie), qui commercent avec les Romains, pensent-ils alors tirer profit de la situation.
Si l'on suit César, leur cité est alors une espèce de « république oligarchique », prenant la succession d'une royauté antérieure. Il faut certes se méfier : ce schéma relève du tropisme habituel de toute historiographie romaine, et vise à justifier la politique du proconsul.
Car César tente alors de soumettre les Carnutes (de même que les Sénons) à un régime de protectorat, qui ne doit pas être sans rapport avec l'importance économique reconnue à leurs pays. Il favorise ainsi l'accession d'un « roi » au pouvoir, un certainTasgetios, « de très haute naissance et dont les ancêtres avaient régné sur leur cité ».
Nous avons une trace deTasgetios en dehors de César, parce qu'il eut le temps d'émettre une monnaie : elle porte au revers son nom, autour d'un char ailé, et au droit un mot mystérieux : ELKESOOVIX, dans lequel on a voulu voir soit le nom, soit le titre d'un ancêtre.
MaisTasgetios n'est pas très populaire. Dès l'automne 54 av. J.-C., César rapporte qu'il a été assassiné par ses ennemis « ouvertement soutenus par un grand nombre de ses concitoyens ». Les Carnutes ne semblent pas le remplacer : apparemment ils se passent fort bien d'un roi.
La révolte desBelges a des répercussions au sud de laSeine. LesSénons s'agitent à leur tour, et ce n'est peut-être qu'à partir de ce moment qu'ils se rapprochent étroitement des Carnutes. Ils veulent faire subir à leur roi postiche,Cavarinos, le sort deTasgetios, maisCavarinos réussit à s'enfuir et à se réfugier auprès de César. Dès que les légions font mine d'intervenir, les Sénons, par l'intermédiaire de leurs « protecteurs »Éduens, envoient une ambassade pour obtenir le pardon du proconsul, qui exige alors cent otages. Les Carnutes s'empressent d'envoyer à leur tour ambassadeurs et otages, par l'intermédiaire desRèmes, alliés de Rome, et qui seraient également leurs « protecteurs » (mais quel sens cette « protection » pouvait-elle avoir avant l'intervention romaine en Gaule ?). César, apparemment, « pardonne », mais l'année suivante, il convoque àDurocortorum en pays des Rèmes une assemblée des cités gauloises ; il y fait juger le sénonAcco « chef de la conjuration des Sénons et des Carnutes », celui-ci est exécuté « à la romaine », c'est-à-dire battu de verges jusqu'au coma, puis achevé par décapitation. César retourne en Italie, laissant Plancus hiverner chez les Carnutes, pour enquêter sur le meurtre deTasgetios.
En 52 av. J.-C., le climat change. La mort atroce d'Acco – qui paraît avoir été un chef respecté, au-delà même de son peuple – a joué un rôle dans la mobilisation des Gaulois contre César.
Les chefs s'assemblent « dans des endroits isolés en forêt ». Cette réunion mémorable dans l'histoire des Gaules doit-elle être mise en relation avec l'assemblée annuelle desdruides ? On en discute depuis longtemps et le problème est loin d'être résolu. Les Carnutes en tout cas y proclament dans l'enthousiasme général que « nul péril ne les arrêtera dans la lutte pour le salut commun et qu'ils seront les premiers à prendre les armes ».
« Au jour convenu, les Carnutes conduits parCotuatos etConconnetodumnos, deux hommes prêts à tout, se ruent dansCenabum et y massacrent les citoyens romains ». C. Fufius Cita, l'homme de confiance de César, est parmi les victimes. En massacrant, le 13 février 52 av. J.-C., ces « citoyens romains », comme César y insiste, il est clair que les Carnutes ont commis l'irréparable.
Le coup de main deCenabum, aussitôt répercuté chez les peuples voisins, donne le signal de l'insurrection générale sous la direction deVercingétorix. César repasse les Alpes. Parvenu à marche forcée au pays desSénons, il réduit facilementVellaunodunum près deTriguères, tandis que les Carnutes qui croient en avoir le temps se préparent à envoyer des troupes pour défendreCenabum. César y arrive avant eux, l'emporium est pillé et incendié, la population gauloise qui tentait de traverser nuitamment laLoire est massacrée ou réduite en esclavage. Puis, chez lesBituriges Cubes, les Romains prennentNoviodunum (Neung-sur-Beuvron) dont les habitants (ou la garnison) se rendent.
Les Carnutes, au dire de César, auraient fourni un contingent de 12 000 hommes - chiffre certainement excessif, comme il est de règle lorsque César estime les effectifs gaulois - qui « partirent pourAlésia, joyeux et pleins de confiance ».
Après la reddition deVercingétorix, les cités ne désarment pas. Les Carnutes, pour d'obscures raisons, ont maille à partir avec leurs voisins Bituriges Cubes qui réclament justice auprès de César àBibracte. Deux légions sont alors cantonnées dansCenabum en ruines, d'où elles lancent de sanglantes opérations de commando contre les Carnutes qui se sont dispersés, « écrasés par la rigueur de l'hiver et par la peur, chassés de leurs toits, n'osant s'attarder nulle part ». Les survivants en armes se réfugient chez les peuples voisins.
Certains d'entre eux participent sans doute à la révolte infructueuse de l'andécaveDumnacos en pays desPictons. À la suite de cette campagne, au cours de l'été 51 av. J.-C., C. Fabius repasse chez les Carnutes : « Les Carnutes qui, si souvent éprouvés, n'avaient jamais parlé de paix, offrent des otages et se soumettent ».
Mais César qui, tout en pardonnant n'oublie rien, vient lui-même àCenabum se faire livrer « le premier responsable de leur crime, le fauteur de la guerre ». C'est le fameuxGutuater, probablementCotuatos qui a lancé les premières hostilités : les manuscrits divergent sur le nom de celui qui porte le titre deGutuater, personnage si considérable que César hésite à le mettre à mort. Pourtant, sous la pression « de l'énorme foule des soldats qui le rendaient responsable de tous les dangers courus, de toutes les pertes subies », il est comme naguèreAcco, battu à mort et décapité[6].
Avec leur chef mis à mort, les Carnutes disparaissent de l'Histoire. Il ne sera jamais question d'eux lors des mouvements gaulois ultérieurs.
Bien que conquis par les Romains, le territoire carnute n'est pas vidé de ses habitants. Cependant, les usages changent et uneculture gallo-romaine prend forme.
Les Carnutes ont aussi laissé de nombreux noms de villes et de villages de l'actuellerégion Centre-Val de Loire. EnEure-et-Loir, la préfecture deChartres dérive directement du nom du peuple. EnLoir-et-Cher, les noms carnutes font très souvent référence à l'eau : par exemple,Chambord (qui a un homonyme enNormandie[Note 1]) etChambon-sur-Cisse partagent la même racine *CAMBO pour « gué du méandre ».
En plus de toponymes, les noms de rivières dérivent souvent de termes carnutes :Beuvron pour « castors », notamment.
La forêt des Carnutes est présente dans plusieurs albums de la série debande dessinéeAstérix, ainsi que des œuvres dérivées :
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