On a estimé qu'elle jouait un rôle dans certaines dégénérescences neurologiques (dont lamaladie d'Alzheimer, lamaladie de Friedreich)[2] et dans l'azoospermie[3]. Elle a deuxstéréoisomères : sa forme biologique est la L-carnitine parfois appelée vitamine B11. La forme D serait biologiquement inactive.
Cette molécule est vendue commecomplément alimentaire (supposée augmenter les performances sportives et/ou faire perdre du poids, avec des effets contestés et non démontrés dans les deux cas)[4],[5],[6],[7].
Cette molécule a été découverte dans le muscle de bœuf en1905 (on la retrouvera dans toutes les cellules d'eucaryotes)[8]. Sa structure biochimique a été déterminée en1927[8]. La carnitine a historiquement été identifiée comme unfacteur de croissance indispensable à la croissance du ver de farine (larve deTenebrio molitor)[8].
La carnitine est synthétisée à partir d’acides aminés tels que la lysine via 4 différentes réactions enzymatiques. Cette voie de biosynthèse semble conservée chez les animaux, les levures et les plantes[9]. Chez les animaux, l'énantiomère L ou R-(–) de la carnitine est synthétisé principalement par lefoie et lesreins à partir delysine et deméthionine. Lavitamine C (ou acide ascorbique) est essentielle pour la synthèse de carnitine. Pendant la croissance et lagrossesse, le besoin de carnitine peut dépasser la quantité produite normalement par le corps.
Le groupe acyle fixé sur le CoA peut à présent être transféré sur la carnitine, et l'acylcarnitine résultant être transféré à travers la membrane vers la matrice mitochondriale. Les étapes sont les suivantes :
L'acylcarnitine est convertie en acyl-CoA (libre dans la matrice) par lacarnitine acyltransférase II localisée sur lamembrane mitochondriale interne. La carnitine libre retourne dans le cytosol par la carnitine-acylcarnitine translocase.
Certaines anomalies génétiques causent un déficit en carnitine, affectant les différentes étapes de ce processus et donc lesvoies métaboliques des acides gras.
La carnitine acyltransférase I subit une inhibitionallostérique à la suite dumalonyl-CoA, un intermédiaire dans la synthèse des acides gras, afin d'éviter un phénomène cyclique entreβ-oxydation (catabolisme) et synthèse des acides gras (anabolisme).
La carnitine intervient également dans le transport de l’acétate contenu dans leperoxysome, issu de la β-oxydation peroxysomale des acides gras de grande taille, vers le cytosol, sous forme d’acétyl-carnitine. Elle intervient aussi dans l’homeostasie duCoenzyme A[10]. Comme d’autres composés à ammonium quaternaire, la carnitine peut également jouer un rôle d’osmolyte, et être impliquée dans la protection de la cellule contre le stress osmotique chez les bactéries, les animaux et les plantes. Chez les plantes oléagineuses, la carnitine joue un rôle dans la germination en permettant la mobilisation et la dégradation des réserves lipidiques et la croissance précoce de la plantule, avant l’acquisition de la capacité à réaliser laphotosynthèse[9].
Avec l'âge, le taux cellulaire de carnitine diminue, affectant le métabolisme desacides gras dans divers tissus, et notamment lesos car le métabolisme desostéoblastes (cellules permettant le renouvèlement des os et la maintenance de la masse osseuse) implique un besoin constant de carnitine.
Les changements du taux plasmatique d'ostéocalcine semblent corrélés à l'activité des ostéoblastes. On remarque une diminution de cette concentration chez des sujets atteints d'ostéoporose ou de femmesménopausées. L'administration de carnitine ou de propionyl-L-carnitine in vivo peut faire augmenter le niveau plasmatique d'ostéocalcine qui diminue régulièrement avec l'âge[11],[12].
Lesgraisses saturées et lecholestérol ont été les premiers suspectés, mais des études impliquent aussi la carnitine. Ainsi, une étude publiée par Nature (2013)[15] a conclu que dans lemicrobiome (la communauté d'environ 100 milliards de bactéries qui vivent dans l'intestin humain et participent activement à ladigestion)[16], certaines des bactéries présentes dans l'intestin des mangeurs de viande (mais non des végétariens) métabolisent la carnitine de la viande rouge induisant une chaîne de réaction conduisant à l'athérosclérose (durcissement des artères)[15].
LeDr Hazen[17], coauteur avait déjà démontré (2011), que certaines bactéries du microbiome pouvaient favoriser l'athérosclérose via la métabolisation de lacholine et de laphosphatidylcholine (protéines présentes dans les œufs et la viande) qu'elles transforment entriméthylamine ensuite métabolisée dans le foie pour créer latriméthylamine N-oxyde, ou TMAO qui favorise l'athérosclérose et la crise cardiaque. La « L-carnitine » est une triméthylamine (proche de la choline)[15]. Chez la souris et chez des volontaires humains, l'ingestion d'un repas de steak de viande rouge est suivie d'une élévation de la teneur sanguine en carnitine et en TMAO ; sauf si un traitementantibiotique tuant les microbes intestinaux leur a été préalablement administré (dans ce cas, le taux sanguin de carnitine s'élève, mais le repas de steak n'induit plus la forte augmentation du taux de TMAO)[15]. Cette TMAO semble donc bien être produit par les bactéries ou nécessiter leur présence, et n'est trouvé que dans les selles d'individus « mangeurs de viande rouge » qui ont des taux élevés de TMAO ; la flore intestinale desvégétariens ne contient pas de bactéries spécialisées dans la digestion de la viande. Des végétariens volontaires n'ont pas produit de TMAO après avoir mangé un repas de steak (ou des pilules de carnitine), ce qui suggère que leurs bactéries ne digèrent pas la carnitine[15]. Un lien a été recherché et trouvé entre la survenue d'une affection cardiaque et le niveau de carnitine et de TMAO chez un panel de plus de 2 500 personnes, mais uniquement chez les personnes ayant un niveau de TMAO élevé, ce qui est corroboré par les expériences faites sur des souris. Le lien de cause à effet n'est pas encore clairement expliqué, mais il semble que la TMAO interfère négativement avec lesenzymes hépatiques qui produisent certaines substances biliaires acides destinées à aider à éliminer l'excès de mauvais cholestérol (LDL)[15]. Deux groupes de bactéries semblent impliquées dans ces effets aggravant les effets du cholestérol :Clostridium etFusobacterium[18].
Chez l'être humain, lastéatohépatite non alcoolique (SHNA) est associée à un accroissement de lalipogenèse, source de malonyl-CoA (M-CoA), l’inhibiteur de l’enzyme clé de la β-oxydation mitochondriale des acides gras (OAGmit) : la carnitinepalmitoyltransférase 1A (CPT1-A)[19].
Lors d'un essai contrôlé, la carnitine a amélioré la qualité du sperme dans certains cas destérilité masculine[21].Elle contribue à la mise en réserve d'énergie du spermatozoïde, lors de son transitépididymaire. Avec unspermogramme, il est alors possible en analysant le taux de carnitine, de déceler une pathologie obstructive.
La L-carnitine et ses sels (acétyle, tartrate, propionyle, etc.) ont aussi été testés pour tenter d'améliorer des performances sportives, dont en coingestion avec de lacaféine[25], avec des effets mitigés et même discutés sur l'athlète[26]. La supplémentation en carnitine semble pouvoir aider l'athlète à utiliser ses graisses comme substrat d'énergie[25], pourrait retarder la sensation de fatigue après l'effort[27], ou diminuer le temps de récupération musculaire (sous forme de tartrate de carnitine)[28], mais tout en semblant sans effet notable sur la performance[29] hormis pour une étude trouvant une amélioration[30].
La L-carnitine réduisant le taux d'hormone thyroïdienne sa supplémentation, parfois recommandée pour des malades immunodéprimés, est toutefois déconseillée aux personnes souffrant d'hypothyroïdie ou de maladie liée à la thyroïde[31],[32].
↑abcde etfKoeth, R. A.et al. (2013), « Intestinal microbiota metabolism of l-carnitine, a nutrient in red meat, promotes atherosclerosis »,Nature Med.DOI/résumé.
↑Chris Woolston (2013),Red meat + wrong bacteria = bad news for hearts Microbes turn nutrient in beef into an artery-clogging menace ; Nature News 2013-04-07, consulté 2013-04-14
↑a etbRudolph G.Villani, JenelleGannon, MeganSelf et Peter A.Rich, « L-Carnitine Supplementation Combined with Aerobic Training Does Not Promote Weight Loss in Moderately Obese Women »,International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism,vol. 10,no 2,,p. 199–207(ISSN1526-484X et1543-2742,DOI10.1123/ijsnem.10.2.199,lire en ligne, consulté le).
↑GéraldineBlanchard, Bernard M.Paragon, FabienMilliat et ClaudeLutton, « Dietary l-Carnitine Supplementation in Obese Cats Alters Carnitine Metabolism and Decreases Ketosis during Fasting and Induced Hepatic Lipidosis »,The Journal of Nutrition,vol. 132,no 2,,p. 204–210(ISSN0022-3166 et1541-6100,DOI10.1093/jn/132.2.204,lire en ligne, consulté le).
↑Volek J.S., Kraemer W.J., Rubin M.R.et al.,L-Carnitine L-tartrate supplementation favorably affects markers of recovery from exercise stress,Am. J. Physiol. Endocrinol. Metab., février 2002, 282(2):E474-82
↑PaoloColombani, CasparWenk et IrisKunz, « Effects of L-carnitine supplementation on physical performance and energy metabolism of endurance-trained athletes: a double-blind crossover field study »,European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology,vol. 73,no 5,,p. 434–439(ISSN0301-5548 et1439-6327,DOI10.1007/bf00334420,lire en ligne, consulté le).
↑FarvehYahyapoor, AlirezaSedaghat, AwatFeizi et MohammadBagherniya, « The effects of l-Carnitine supplementation on inflammatory markers, clinical status, and 28 days mortality in critically ill patients: A double-blind, randomized, placebo-controlled trial »,Clinical nutrition ESPEN,vol. 49,,p. 61–67(ISSN2405-4577,PMID35623869,DOI10.1016/j.clnesp.2022.04.001,lire en ligne, consulté le)
↑Quantités converties depuis la version anglophone de la page. 1oz av = 28,35 g ; 1fl oz =29,573ml.