| Carnets | ||||||||
| Auteur | Albert Camus | |||||||
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| Genre | RécitBiographie | |||||||
| Éditeur | éditions Gallimard NRF | |||||||
| Collection | Blanche | |||||||
| Date de parution | ||||||||
| ISBN | 2-07-021219-X | |||||||
| Chronologie | ||||||||
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Carnets est un ensemble d'ouvrages autobiographiques de l'écrivainAlbert Camus paru à titre posthume, en trois volumes qu'on trouve séparés la plupart du temps.
LesCarnets couvrent pratiquement toute la vie d'Albert Camus et se présentent en trois volumes :
Bien que Camus ait considéré cesCarnets avant tout comme des instruments de travail, ils se rapprochent parfois du journal intime, surtout le dernier tome, assez décousu dans la mesure où il regroupe des éléments épars, des notations parfois de quelques lignes ou d'une seule phrase. Il y évoque surtout ce qui se passe autour de lui, la vie d'un écrivain qui a aussi une vie de famille, son travail chezGallimard, ses engagements, l'élaboration de ses ouvrages et les difficultés à faire coexister ses différentes activités.
On peut suivre ainsi l'état d'esprit d'Albert Camus à telle ou telle époque de l'élaboration d'un livre, son engagement et les difficultés qu'il rencontre au même moment, par exemple ce constat d'un homme qui doute devant l'incompréhension qu'il rencontre : « Trois ans pour faire un livre, cinq lignes pour le ridiculiser et des citations fausses, » toutefois assez lucide pour écrire aussi : « Les doutes, c’est ce que nous avons de plus intime. » On y trouve beaucoup de réflexions tantôt optimistes, tantôt amères :«(…) j'ai toujours pensé que si l'homme qui espérait dans la condition humaine était un fou, celui qui désespérait des événements était un lâche »[1] ou « Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout, » ou encore un peu plus sibylline « L'intellectuel est quelqu'un dont le cerveau s'absente lui-même.»
De 1935 jusqu'à sa mort, Albert Camus a pris des notes dans ce qu'il appelait « ses cahiers » (au nombre de sept) qui ont été publiés sous le titre deCarnets pour ne pas les confondre avec ses autres œuvres posthumes publiées sous la référenceLes Cahiers Albert Camus.Dans ce premier volume, dactylographié et annoté par Camus lui-même, on trouve une foule d'indications sur la réflexion qui accompagne l'écriture d'œuvres commeL'Envers et l'Endroit,L'Étranger,Noces etLe Mythe de Sisyphe.
Il commence par une phrase souvent reprise : « Ce que je veux dire : on peut avoir — sans romantisme — la nostalgie d'une pauvreté perdue. Une certaine somme d'années vécues misérablement suffisent à construire une sensibilité… » On y trouve des réflexions qui explicitent les thèmes des ouvrages de cette époque[2]
Ce cahier est surtout centré sur son romanLa Mort heureuse[3] puis àL'Étranger dans la mesure où les deux romans sont profondément liés, avec quelques réflexions dont certaines « préfigurent les thèmes majeurs de L'Homme révolté », des fragments repris dansLe Mythe de Sisyphe et dansLa Peste (pages 135 à 138)[4].
Le lyrisme deNoces à Tipasa apparaît dans cette description : « Alors que les cyprès sont d'ordinaire des taches sombres dans les cils de Provence et d'Italie, ici, dans le cimetière d'El Kettar, ce cyprès ruisselait de lumière, regorgeait des ors du soleil. » Il poursuit sa réflexion solitaire à partir de thèmes repris dansLe Malentendu (page 157), Il commence aussi à parler de sa vie, dePascal Pia son complice d'Alger-Républicain puis deCombat, de son passage devant la commission de réforme, une visite de musées en Italie, joint un texteLettre à un désespéré (pages 178 à 182), évoque la ville d'Oran[5], parle en de Paris qu'il découvre et n'aime guère (pages 205-208). En, il est àLyon mais évoque surtout l'Italie.
Le, grande joie : « TerminéSisyphe. Les trois Absurdes sont achevés. Commencements de la liberté. » Il note ensuite une idée d'essai sur la tragédie : « 1. Le silence deProméthée - 2. Lesélizabéthains - 3.Molière[6] - 4. L'esprit de révolte. » Il termine par des citations deMarc-Aurèle dont celle-ci : « Ce qui arrête un ouvrage projeté devient l'ouvrage même. »
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Ce deuxième tome des Carnets repose aussi sur une version dactylographiée mais que Camus n'avait pas relue, queFrancine Camus etRoger Quilliot qui ont réalisé la version publiée, ont pour cela comparé à une version antérieure. Les passages relatifs aux voyages que Camus avait entrepris en Amérique du Nord (mars à) et en Amérique du Sud (juin à) ont été retirés des Carnets pour être publiés ultérieurement sous le titreJournaux de Voyage publiés chez Gallimard en(ISBN 2070298531).
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » écrit-il en préambule. Il réfléchit à propos deGide et deStendhal, « c'est dans la disproportion du ton et de l'histoire que Stendhal met son secret. »[8] Il ponctue son Carnet de tableaux, de mini-nouvelles,Psychose de l'arrestation ouLe grand-père[9],Valence (pages 98-99),La justice (pages 130, 132).À cette époque, Camus se repose au Panelier dans la Haute-Loire pour soigner sa tuberculose. Il prend de nombreuses notes surBudejovice[10] mais la guerre le rattrape, il est bloqué en France, « comme des rats » écrit-il le. À partir de, il travaillera à Paris chez Gallimard. Il entreprend un long travail surLa Peste où l'on trouve force notes[11] et sur ce qu'il nomme alors « l'Essai sur la révolte »[12]
Ce cahier de l'immédiat après-guerre, commence par cette question : « Le seul problème contemporain : peut-on transformer le monde sans croire au pouvoir absolu de la raison. » Il est alors tourné versL'Homme révolté, note ses réflexions, les idées à développer[13]. Ces recherches sont constellées d'idées de scénarios ainsi que de notes éparses qu'il appelle « création corrigée »[14].
« , note-t-il, 33 ans dans un mois. » Moral morose, il pense àJacques Rigaut mort suicidé, écrit « insupportable solitude — à quoi je ne puis me résigner »[15], ne sait comment « faire ces articles pourCombat[16]. » Il imagine un dialogue avecKœstler,Sartre,Malraux etSperber, imagine une pièce sur « le gouvernement des femmes » quand les hommes ont échoué. En, il est de nouveau au Panelier où il écrit « merveilleuse journée », pense à la succession de cycles qu'il veut écrire après celui de l'absurde : La Révolte (déjà bien avancé), Le jugement (le Premier homme), L'amour déchiré, Création corrigée ou Le Système mais au retour ; il note cette pensée deHeine : « Ce que le monde poursuit et espère maintenant est devenu complètement étranger à mon cœur » et relitSchopenhauer. En préparation de sa pièceLes Justes, il lit beaucoup l'histoire russe, « Petrachevski et les idylliques,Bielinski et le socialisme individualiste…Netchaiev et lecatéchisme du révolutionnaire » et les auteursBakounine,Tolstoï,Dostoïevski.
Son esprit est occupé par une nouvelle, « Le Bûcher » qu'il évoque à plusieurs reprises[17], et par une pièce,L'inquisition àCadix qui deviendraL'État de siège.[18] Il passe quelques jours dans le Vaucluse[19] puis part pourAlger « dix ans après… » Il refait son « programme », note « Obstination au travail. Elle surpasse les défaillances. … Depuis mes premiers livres (Noces) jusqu'àLa Corde[20] etL'Homme révolté, tout mon effort a été en réalité de me dépersonnaliser… Ensuite, je pourrais parler en mon nom. »
: il pense à un roman sur l'amour « il y a un honneur dans l'amour. Lui perdu, l'amour n'est rien. » (pages 277-279) Mais il est victime d'une nouvelle rechute qui « l'accable ». Il note plusieurs fois des idées de romans qui n'auront pas de suite, écrit un court texte qui deviendra la nouvelle « La mer au plus près », incluse dansL'Été. Il fait le point à l'occasion d'une préface pour une réédition deL'envers et l'Endroit, pense à une épigraphe due àClaudel : « Rien ne vaut contre la vie humble, ignorante, obstinée »[21].
En, il retourne àCabris « se refaire une santé » puis va poursuive sa convalescence dans lesVosges, pense à des « cycles de mythes » : « 1. Le Mythe deSisyphe (absurde) – 2. Le mythe deProméthée (révolte) – 3. Le Mythe deNémésis. » Il termine par cette notation du : « Terminé la première rédaction deL'Homme révolté. Avec ce livre s'achèvent les deux premiers cycles. 37 ans. Et maintenant, la création peut-elle être libre ? »
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Il commence par cette citation deNietzsche : « Celui qui a conçu ce qui est grand, doit aussi le vivre. »
Camus envisageait depuis déjà quelque temps une préface pour la réédition deL'Envers et l'Endroit[22] sur laquelle il revient ici et fait une étude surOscar Wilde[23]. Puis il fait un voyage en Dordogne où « la terre est rose, les cailloux couleur chair, les matins rouges et couronnés de chants purs. » Il prend beaucoup de notes sur des idées de roman, note ses rêves sur le thème de l'exécution. La polémique contreL'Homme révolté est à son comble, il note que « c'est la levée en masse des ténébrions. »
Il pense que la France est comme lui, malade, anémiée, et qu'elle ne peut plus guère produire que des réformes, sûrement pas une révolution. À partir de l'été 1952, ses notes concernent surtout les nouvelles deL'Exil et le Royaume[24]. Il en dresse une liste assez proche de la liste finale. « Désormais solitaire en effet, écrit-il, mais par ma faute. » Les polémiques ont repris et pour lui, « Paris est une jungle et les fauves y sont miteux. »
À côté de ce recueil, il s'intéresse — encore et toujours — àTolstoï[25], pense à une pièce surJulie de Lespinasse[26] et poursuit son idée d'un cycle centré surNémésis « déesse de la mesure »[27]. En 1953, il lance les premières recherches surLe Premier Homme, commence un plan général et prend régulièrement des notes[28].
« Journée morte » note-t-il plusieurs fois en, faisant aussi référence à la triste fin deDerain. Le, il est en Italie pour une série de conférences, « Turin sous la neige et la brume », même temps sur lePiémont et laLigurie puis « longue promenade dansGênes […] et superbe matinée à lavilla Borghèse. » En, il est en Grèce, toujours pour donner des conférences, « Acropole… la lumière la plus blanche et la plus crue tombe du ciel. » Le, « départ pour Paris, le cœur serré », note-t-il, laconique[29].
: Camus est àAlger, apôtre d'une paix impossible : « c'est dans la lutte, écrit-il, que finalement j'ai toujours trouvé ma paix. »[30] Revenant à ses préoccupations littéraires, il note « Thème du jugement et de l'exil », prémices deLa Chute puis parle du panneau volé deVan Eyck qu'il utilisera dans son roman. Il pense aussi à un nouveau recueil de nouvelles sur le thème de La Fête : « Football –Tipasa –Rome – Lesîles grecques - leMistral - Les corps, la danse - L'éternel matin. » À l'été 1957, il dirige lefestival d'Angers puis part dans le sud-ouest (Cordes, l'Aveyron, leRoussillon). Période de remise en cause « Pour la première fois… doute absolu sur ma vocation… »[31]
L'attribution duprix Nobel le rend plutôt perplexe et il est écœuré des attaques qui fusent à cette occasion. Il en revient dans un état de très grande fatigue, malade ; il faudra attendre le début de l'année 1958 pour qu'il recouvre sa santé[32]. En, il est à Alger où il rencontreMouloud Feraoun (instituteur et écrivainkabyle assassiné par l'OAS en 1962) et retrouveTipasa. À son retour, il note : « Étapes d'une guérison. Laisser dormir la volonté. » En juin, il retrouve sa chère Grèce et en revient avec un « sommeil d'âme et de cœur[33]. »
(Ce cahier contient aussi un appendice constitué surtout de lettres en particulier à Amrouche et àDaniel Guérin)
« Je me force à écrire ce journal, mais ma répugnance est vive. Je sais maintenant pourquoi je ne l'ai jamais fait : pour moi la vie est secrète. » Même s'il se livre un peu plus dans ce cahier, c'est presque à son corps défendant. Il voit beaucoup son ami René Char, lui rend visite à L'Isle-sur-la-Sorgue et peut écrire le : « Un mois passé à revoir le Vaucluse et à trouver une maison. Acquis celle deLourmarin »., quelques mots sur ses ennuis familiaux : Francine est malade et il doit partir à Alger, sa mère ayant été opérée, « elle souffre silencieusement. » Il évoque sa vie, se retourne sur son passé, « je dois reconstruire une vérité -après avoir vécu toute ma vie dans une sorte de mensonge. » Dans une émission télé[34], il explique sa conception du théâtre, pour lui, « la parodie vaut mieux que le mensonge : elle est plus près de la vérité qu'elle joue. »
En juillet, il est en tournée avec la troupe qui joueLes Possédés, « Venise du 6 au. »[35] Toujours sur lui-même, « L'effort le plus épuisant de ma vie a été de juguler ma propre nature pour la faire servir à mes plus grands desseins. De loin en loin, de loin en loin seulement, j'y réussissais », puis cette réflexion « Cette gauche dont je fais partie, malgré moi et malgré elle. »PourNémésis (àLourmarin,) : « Petit bruit de l'écume sur la plage du matin ; il remplit le monde autant que le fracas de la gloire… » Pour DonFaust, « Il n'y a plus deDon Juan puisque l'amour est libre »[36]. Lui qu'on a parfois traité de Don Juan termine par une mini confession, dialogue avec lui-même où il s'accuse d'être souvent incapable d'aimer mais où il écrit aussi « j'ai été capable d'élire quelques êtres et de leur garder, fidèlement, le meilleur de moi, quoi qu'ils fassent. »
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