| Naissance | |
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| Décès | |
| Nationalité | allemande(à partir de) |
| Formation | Université de Fribourg-en-Brisgau(à partir de) |
| Activités |
| A travaillé pour | Sonderkommando Künsberg(à partir de) Ministère fédéral des Affaires étrangères(à partir de) Kolonialpolitisches Amt der NSDAP(en)(à partir de) Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande(- Guillaume II(- Klinikum im Friedrichshain(d) |
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| Parti politique | Parti national-socialiste des travailleurs allemands(à partir du) |
| Membre de | Brigade Reinhard(d)(- Chambre de la littérature du Reich() Schutzstaffel() |
| Archives conservées par | Archives fédérales allemandes (BArch, N 2341) |
Carltheo Zeitschel (égalementCarl Theo[note 1] ; 13 mars 1893[1] àAugsbourg[2], éventuellement en avril 1945 dans un bombardement aérien àBerlin ou lors de la prise de la ville deSchmölln[réf. nécessaire]) était un médecin allemand, un diplomate et un fonctionnairenazi[3],[4],[5].
Il a notamment joué un rôle déterminant dans l’Holocauste en France. En tant que conseiller aux affaires juives(Judenreferent) à l'ambassade d'Allemagne en France, il organisa la déportation de Juifs de la France occupée[6],[7],[8].
Il était le fils d'un pharmacien, Franz Zeitschel, et de son épouse, Ella van Hees. À partir de 1911, il étudie la médecine à l'université de Fribourg[9] et travaille comme médecin assistant dans un hôpital militaire de Fribourg pendant laPremière Guerre mondiale (1914-1918).
Après avoir obtenu son diplôme en 1918, il est libéré du service militaire, de 1919 à 1920, il a été membre duFreikorps Reinhard (de) à Berlin, en même temps qu'il était assistant médical à la clinique de Friedrichshain avant de devenir ensuite médecin dans les sanatoriums de la Forêt-Noire.
Après avoir découvert leparti nazi, il en devint membre le 6 août 1923. De 1925 à 1935, il travailla comme médecin et de 1930 à 1931 en tant que médecin personnel auprès de l'empereur allemandGuillaume II àDoorn. En 1933, il devint membre du Cabinet du Reich.
De 1935 à 1937, il fut le chef d'une unité chargée des questions coloniales et de l'Extrême-Orient au sein duministère de la Propagande duReich. Après 1936, il a été le chef du bureau de la politique coloniale du NSDAP.
En novembre 1937, il entra auministère des Affaires étrangères (Auswärtiges Amt ou AA), avant même le remaniement par Hitler du gouvernement, du commandement des forces armées et la nomination deJoachim von Ribbentrop au poste de ministre des Affaires étrangères le 4 février 1938. Au sein de ce ministère, il y est conseiller de légation au département des colonies. En juin 1939, il fut brièvement consul allemand à Lagos, dans la colonie britannique duNigéria.
Le 20 avril 1939, il rejoignit la SS en tant queHauptsturmführer (capitaine) en même temps que sa nomination comme officier SS au sein de l'Office central de la sécurité du Reich. Le premier septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne qui capitule en octobre. À partir de novembre 1939, Zeitschel est représentant du ministère des Affaires étrangères auprès du commandant de l'armée à Warschau (Varsovie) et représentant spécial de ce bureau chargé de l'établissement du corps diplomatique de Warschau. En 1940, il était membre duSonderkommando Künsberg, qui a organisé le vol des œuvres d'art parles troupes allemandes à Bruxelles.
Dès juin 1940, Zeitschel a été nommé à Paris, d'abord dans le bureau du représentant du ministère des Affaires étrangères auprès du commandant militaire en France[10], puis chargé par l'ambassadeur allemandOtto Abetz de continuer à s'impliquer, comme à Warschau, dans le règlement des missions étrangères du vol de collections d'art juives, "sous la garde de l'ambassade allemande"[11],[2].
Le 19 juillet, Laval, premier ministre français à traverser la ligne de démarcation, est accueilli à Moulins par Zeitschel, collaborateur d’Abetz, afin d’être escorté à Paris où l’attend l’ambassadeur pour un dîner tardif[12].
À partir de septembre 1940, Zeitschel est promu SS-Sturmbannführer (commandant) parallèlement à sa carrière dans le service diplomatique et est nommé commissaire aux affaires juives et maçonniques auprès du commandant duBdS (Befehlshaber der SiPo-SD :Sicherheitspolizei (SiPo) und desSicherheitsdienstes (SD)[note 2] - service de renseignement allemand en France),Helmut Knochen qui est assisté parKurt Lischka, dirigeant du bureau II (organisation, administration).
Le chef de lasection « IV J » de laGestapo, chargée de la « question juive » à l'antenne du SD est alorsTheodor Dannecker, assistant deKurt Lischka[13].
Le, les Nazis promulguent une première ordonnance enzone occupée qui oblige les Juifs à se déclarer entre le 3 et le[14] dans les commissariats de police et sous-préfectures[14].
En, un collaborateur de lasection « IV J » de laGestapo, chargée de la « question juive » a été délégué à lapréfecture de police de Paris. Un fichier juif, ditfichier Tulard, est constamment tenu à jour.
Le commandant duBdSHelmut Knochen était en étroite relation avec l'Ambassade d'Allemagne. La participation de l'ambassadeur allemandOtto Abetz aux mesures juives était nécessaire, tant dansla France occupée que laFrance non occupée sous legouvernement de Vichy.
Le20janvier1941, une réunion sur la question juive est organisée à Paris et présidée par le SSSturmbanhfuhrerKurt Lischka : « afin de résoudre le problème juif en France, nous devons appliquer les mêmes mesures que celles mises en pratique dans le Reich. À cet effet, je demande la création en France d'un office central juif. Il faut confier aux Français le soin de régler ces problèmes ».
Le 29 mars 1941, Vichy nommeXavier Vallat « commissaire général » duCommissariat général aux questions juives.
Le 3 avril, une réunion a eu lieu entreOtto Abetz, Zeitschel, Dannecker et Schilling : ils souhaitent que l’expulsion des juifs étrangers de la zone occupée, soit pris en charge par Vichy et pas par les Allemands, ce queXavier Vallat refuse « absolument » le 10 avril.
Le 25 avril, l’ambassade a demandé au gouvernement français de centraliser les pleins pouvoirs entre les mains deXavier Vallat. C’est chose faite avec la loi du. À chaque passage à Paris,Xavier Vallat doit s’adresser à un comité composé de Dannecker, Blancke, Zeitschel et un représentant des services deWerner Best, chef de la section Administration (Verwaltungsabteilung) du MBF.
Le 14 mai 1941, la police française a procédé à la première rafle : 3 710 juifs, majoritairement apatrides (Polonais, Tchécoslovaques et Autrichiens) sont internés dans les deux nouveaux camps ouverts à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, près d’Orléans. Le, une seconde rafle arrête 4 000 juifs, auxquels s’ajoutent 200 avocats notamment de la Cour d’appel ou du Conseil d’État, qui sont transférés aucamp de Drancy.
Les camps de la zone occupée sont alors complets et ne permettent plus de nouvelles rafles. Le chargé des questions juives à l’ambassade, Zeitschel souhaite déporter les internés vers l’Est, mais l'opération Barbarossa lancée le mobilise tout le matériel ferroviaire sur le front russe.
L'ambassadeurOtto Abetz comptant se rendre au quartier général de Hitler à Berlin, Zeitschel lui demanda le 22 août 1941, d'obtenir "personnellement" deHeinrich Himmler la promesse "que les Juifs dans les camps de concentration [français] peuvent être déportés à l'Est dès que les moyens de transport le permettent"[15],[16].
À son supérieur, Zeitschel affirme travailler « en toute intensité pour un prochain règlement de la question juive », mais que l’action souffre du nombre insuffisant de camps et qu’on « doit se débrouiller avec toutes sortes de lois et autres ordonnances ». Il suggère à Abetz de s’adresser également à Göring, « très accessible en ce qui concerne le problème juif » et pouvant être d’un « appui extraordinaire ».
Zeitschel a proposé de procéder à la destruction ou à la stérilisation des Juifs d'Europe, dans le but d'en détruire plus de 33 %.
Aux suggestions de son subordonné, l’ambassadeur lui demande des précisions sur les juifs internés, leur nombre exact et les nationalités concernées. Zeitschel transmet la question àTheodor Dannecker le 2 septembre. Faute d’une réponse à l’approche du départ d’Abetz, Zeitschel donne le chiffre de 10 000 juifs. À Berlin, Abetz rencontra Ribbentrop et Hitler.
Le 5 septembre 1941, avecDannecker, Zeitschel a ouvert à Paris l'expositionLe Juif et la France[17],[18].
Le 8 octobre 1941, Zeitschel a rassuré Dannecker que dès que la situation se détendra sur le front russe, les déportations vers l’Est pourront être envisagés à partir de la France. Au cours des mêmes jours, Himmler a proclamé le souhait de Hitler de vider le Reich et le protectorat de Bohême-Moravie le plus rapidement possible de sa population juive.
Devant l'ampleur de la résistance notamment française, belge et hollandaise, le Reich publie le décretNacht und Nebel (Nuit et brouillard - 7 décembre 1941).Werner Best fait alors arrêter massivement tous les ennemis ou opposants.
Le 12 décembre 1941, une grande rafle arrête 743 hommes, majoritairement français, dits « juifs d’influence » qui sont internés dans le nouveau camp de Compiègne.
Le 20 janvier 1942, laconférence de Wannsee près de Berlin a lancé la « solution générale de la question juive ». Trente exemplaires en furent tirés pour des responsables. L'Auswartiges AmtFranz Rademacher assista à la réunion de suivi de laconférence de Wannsee, qui eut lieu dans les bureaux d'Eichmann le 6 mars 1942. Le lendemain, il envoya plusieurs exemplaires de son rapport notamment àErnst Woermann (en), qui était à la tête du département politique. Zeitschel en entendit parler et le 23 mars il écrivit à ses supérieurs au ministère des Affaires étrangères pour les informer qu’il avait entendu dire qu’une réunion deStaatssekretäre avait eu lieu et qu’il demandait un exemplaire du procès-verbal. Il essaya d'obtenir le protocole auprès dusecrétaire d'État adjoint Ernst Woermann afin d'organiser la déportation des Juifs français[19],[note 3],[20].
En tant que Référent juif(Judenberater), Zeitschel était l’un des moteurs de lasolution finale en France, c'est-à-dire l'extermination des Juifs par la déportation et le gazage[21].
Le 27 mars 1942, le premier convoi a quitté Compiègne pour Auschwitz.
Après avoir refusé la demande deTheodor Dannecker chef de lasection « IV J » d'ordonner l’introduction de l’étoile jaune en zone occupée, l’ambassadeur Abetz s'est ravisé et a promulgué le 2 mai 1942 la mesure en annonçant le remplacement du trop modéré Vallat parLouis Darquier de Pellepoix[22]. Comme cette mesure nécessitait une ordonnance du BMF, Zeitschel s'est chargé d’informerBest le 5 mai : la mesure doit être imposée en zone occupée « indépendamment » de Vichy qui est libre de l’appliquer en zone Sud non occupée.
Le 5 mai 1942, lors de la venue à Paris deReinhard Heydrich, l'adjoint de Himmler à la tête des SS, une réunion avecDannecker,Otto Abetz et Carl-Theo Zeitschel précisera la formulation du texte de la huitième ordonnance allemande en cours d’élaboration et promulguée le 29 mai 1942. L'Étoile jaune sera imposée à tous les Juifs de plus de six ans de la zone occupée avec dérogation possible[23] : l'ambassadeur Abetz, avec Oberg, Rudolf Rahn, Zeitschel, Knochen et Hagen, discuteront des demandes d'exemption comme pour Louise Neuburger, veuve du philosopheHenri Bergson, ainsi que pourMaurice Goudeket, marié en 1935 à la célèbre écrivaineColette ;
Le 5 juin 1942, Zeitchel, chargé des Questions Juives à l’ambassade d’Allemagne, s’est adressé en ces termes à Dannecker :« Le Comte de Brinon, Secrétaire d’État, a appris que les avocats et notaires Français projettent un manifeste et recueillent des signatures dans l’intention de faire exempter leurs collègues juifs du port de l’étoile jaune. Darquier de Pellepoix a l’intention de faire arrêter tous les avocats qui prendront part à cette action. L’ambassade n’y voit pas d’inconvénient. Prière au SD de prêter son appui à cette mesure énergique en faveur des ordonnances allemandes. ». En marge la mention « ÀDrancy ! » sera rajoutée à la main[24],[25].
Le 27 juin 1942, leDr Zeitchel a envoyé une lettre à la suite de sa rencontre avec Dannecker le même jour, qui l'a informé de la présence de 50.000 Juifs sur le territoire non occupé et qui devaient être le plus tôt possible déporté vers l'Est, en attendant, il en a informé le conseiller diplomatiqueRudolf Rahn qui rencontrera le présidentPierre Laval plus tard cet après-midi puis Dannecker le lundi 29 ou le mardi 30 juin pour connaître la réponse de Laval, notamment siLouis Darquier de Pellepoix pourra bénéficier d'une totale liberté d'action.
Le 11 septembre 1942, l’ambassade a informé Berlin que depuis le début de l’« action », 28.069 Juifs ont été déportés vers l’Est. Quatre jours plus tard, il s’agit de 32 000 personnes, contingent qui, selon Zeitschel, comprendrait cependant « seulement » 7.000 des 12.000 juifs apatrides de la zone Sud non occupée. Zeitschel a déploré que les déportations en zone Sud sont exécutées de manière « lamentable ».
Zeitschel etRudolf Rahn sont arrivés presque simultanément àTunis le.Rahn était un représentant du ministère fédéral des Affaires étrangères de l'Afrika Korps. En Tunisie, l’Einsatzkommando deWalter Rauff a débuté le.
Le 6 décembre 1942, lors d'une réunion avec le généralWalther Nehring et Rahn,Rauff a approuvé l'utilisation detravailleurs forcés juifs et institua un système de camps de travail, organisé par Theo Saevecke[26].
La France de Vichy, l'Italie et la direction de l'Afrika Korps[27] ont fait comprendre àRahn que les revendications des SS étaient rejetées, car cela aurait affecté les Juifs italiens en Tunisie[28].
Zeitschel a quittéTunis après la défaite deRommel et lacapitulation de l'Axe lors de la campagne de Tunisie en mai 1943.
Zeitschel était à nouveau à l'ambassade d'Allemagne à Paris. Il a participé à un projet de réorganisation de lapolice parisienne au service de l'occupant et était responsable du pillage organisé d’œuvres d'art parisiennes dans des galeries[29]. Après la fermeture de l'ambassade à Paris en juillet 1944, il se trouvait le 1er août 1944 au siège de la SS Oberabschnitts Spree, dont le directeur était l'ObergruppenführerAugust Heissmeyer[réf. nécessaire] avant de fuir en Allemagne.
Zeitschel serait mort en avril 1945 à Schmölln, mais il est impossible de le confirmer.Ernst Klee a écrit dansPersonenlexikon des Dritte Reich : «... Zeitschel serait mort, tué en 1945 lors d'un bombardement aérien à Berlin »[30].
En 1954 la justice française l'a condamné au travail forcé à viepar contumace pour ses crimes.
Au cours du procès d'Otto Abetz et au cours de procédures judiciaires bien plus tardives concernant les Juifs déportés de France, les accusés et leurs témoins ont cité à plusieurs reprises le nom de Zeitschel comme responsable principal[30],[31].
Serge Klarsfeld rappelle (La Shoah en Francep. 380) l’existence de l’additif à l’article 1 de l’ordonnance, qui figure dans la lettre du 29 mai 1942 du général Oberg. Elle précise à l’ambassadeur de Brinon les pays dont les ressortissants, en plus des Français, auront à porter l’étoile :« La Hollande, le gouvernement général de Pologne, les territoires occupés à l’Est, la Slovaquie, la Croatie, la Roumanie, les Juifs belges, les anciens ressortissants yougoslaves ainsi que les juifs apatrides. »« Lors de circonstances spéciales, dans l'intérêt du Reich, des dérogations à l'ordonnance peuvent être prévues dans des cas isolés. »