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| Carl Philipp von Wrede | ||
Karl Philipp Fürst von Wrede (lithographie deFranz Hanfstaengl, 1828). | ||
| Naissance | Heidelberg | |
|---|---|---|
| Décès | (à 71 ans) Ellingen | |
| Origine | ||
| Allégeance | ||
| Arme | Infanterie | |
| Grade | Feld-maréchal | |
| Années de service | 1793 – 1838 | |
| Commandement | Armée bavaroise | |
| Conflits | Guerres napoléoniennes | |
| Faits d'armes | Hohenlinden Abensberg Valoutina Gora Bar-sur-Aube | |
| Distinctions | Comte de l'Empire Fürst von Wrede Grand-croix de l'Ordre militaire de Maximilien-Joseph de Bavière Grand-croix de l'Ordre impérial de Léopold Grand officier de la Légion d'honneur | |
| Hommages | Befreiungshalle Feldherrnhalle | |
| Autres fonctions | Commissaire civil Ambassadeur deBavière | |
| Famille | (voir §Vie familiale) | |
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Carl Philipp Joseph von Wrede, né le àHeidelberg et mort le àEllingen, dans leroyaume de Bavière, est unfeld-maréchal bavarois de la Révolution et de l'Empire.
D'une famille noble, il est le plus jeune des trois enfants de Ferdinand-Joseph, baron de Wrede, conseiller intime et secrétaire de la cour suprême.
Carl Philipp fait ses études dans sa ville natale. Destiné à l'administration forestière, il préfère la carrière de la magistrature dans lePalatinat électoral, et est d'abord conseiller àMannheim puis, en 1792, assesseur à la Haute Cour d'Heidelberg.
La guerre qui éclate entre la France et l'Autriche le fait appeler par leprince de Hohenlohe aux fonctions de commissaire civil dans le Palatinat. Il suit en cette qualité, de 1793 à 1798, les armées deWurmser, du duc Albert et de l'archiduc Charles dans les États italiens et allemands, et prend souvent une part directe aux opérations militaires.
Ses services le font élever au grade de colonel en 1795. À l'ouverture de la campagne de 1799, il lève un corps de volontaires du Palatinat électoral qu'il conduit à l'archiduc Charles. Ce corps se distingue tout au long de cette campagne, notamment lors du combat deMemmingen où il commande l'avant-garde. Sa conduite lui vaut, le, le grade demajor-général. La même année, au cours de labataille de Hohenlinden, une des brigades d'infanterie du Palatinat qu'il commande protège avec brio la retraite des troupes impériales deKray surUlm.
Après la signature de lapaix de Lunéville, il se consacre à l'organisation de l'armée bavaroise, qui commence une période de réformes. Wrede se rend très populaire et se trouve bientôt appelé à devenir un des meilleurs lieutenants deNapoléonIer, lorsque celui-ci, détachant la Bavière de l'alliance autrichienne, en a fait son fidèle auxiliaire jusqu'en 1813.
Promu au grade delieutenant général le et placé à la tête des troupes bavaroises, auxiliaires des françaises lors de lacampagne de 1805, Wrede doit soutenir, à la fin de cette année-là, la première attaque de l'Autriche. Il adresse alors à ses soldats une proclamation qu'il termine ainsi :« Il faut vaincre ou mourir aux portes de Munich ». Il se joint au corps deBernadotte, et, lancé à la poursuite des Autrichiens, leur fait 1 400 prisonniers.
Après lapaix de Presbourg, il commande l'une des provinces bavaroises. En 1805, le généralKarl Mack, ayant traversé en poste la Bavière pour retourner à Vienne, rencontre le général Wrede aux avant-postes près de l'Inn. Ils ont une longue conversation sur la manière dont les Français traitent l'armée bavaroise.
« Nous sommes mieux qu'avec vous, lui dit le général Wrede,nous n'avons ni morgue, ni mauvais traitements à essuyer, et loin d'être exposés aux premiers coups, nous sommes obligés de demander les postes périlleux, parce que les Français se les réservent de préférence. Chez vous, au contraire, nous étions envoyés partout où il y avait de mauvaises affaires à essuyer. »
Récompensé en 1806 par le titre degrand officier de la Légion d'honneur, il coopère en 1807 aux sièges de plusieurs places prussiennes, et en particuliercelle de Dantzig.
En 1808 et 1809, il est chargé de plusieurs opérations de pacification dans leTyrol, récemment cédé à la Bavière. Les hostilités s'étant rallumées en 1809, Wrede seconde leprince royal dans le combat livré en avant de Munich.

Après plusieurs actions partielles, qui sont en général à l'avantage des Bavarois, s'engage le, labataille d'Abensberg, où le général de Wrède se distingue devant le pont deSiegenburg. Il est cité avec éloges dans le premier bulletin. Huit drapeaux, douze pièces de canon et 18 000 prisonniers tombent au pouvoir des troupes bavaroises et wurtembergeoises, que Napoléon commande en personne. Wrede occupe d'abord la position deStraubing, puis celle deNeustadt, où il est rejoint par la deuxième division bavaroise, sous les ordres du généralBernard Erasme von Deroy, après labataille de Landshut le. Le, il se dirige sur l'Inn à la poursuite des vaincus. Le 27, il reçoit l'ordre de se porter àLauffen sur laLutzel, pour tâcher d'atteindre le corps autrichien stationné dans le Tyrol. Ayant en effet joint le lendemain son arrière-garde, il s'empare de ses bagages et lui fait beaucoup de prisonniers. Le jour suivant, il attaque les Autrichiens devantSalzbourg et, à la suite d'un combat très animé, les chasse de leurs positions. Les Bavarois entrent alors dans cette ville pêle-mêle avec les fuyards et l'occupent.
Après avoir assuré les derrières du principal corps de l'armée française en occupant le Tyrol révolté, Wrede fait encore montre de son talent à la prise d'Innsbruck et rejoint Napoléon à temps pour prendre part à labataille de Wagram, où il est blessé le. Récompensé par Napoléon du titre decomte de l'Empire, il parvient à rétablir la paix dans le Tyrol, qui a pris de nouveau les armes.
Napoléon ayant rendu publique une correspondance saisie sur un courrier suédois, quoiqu'il ne soit pas en guerre avec cette puissance, et l'armée bavaroise se trouvant signalée dans une des dépêches de ladite correspondance d'une manière peu honorable, les officiers supérieurs bavarois déclarent qu'ils se regardent tous comme personnellement insultés par le ministre qui a signé cette lettre, et qu'ils l'attaqueront partout où ils pourront le joindre. En effet, un duel a lien entre le général de Wrede et le comte de Duben, chargé d'affaires deSuède àVienne (Autriche). Aucun des combattants n'est tué ni blessé.
À la tête de lacavalerie bavaroise, Wrede participe en 1812 à lacampagne de Russie, lors de laquelle il est successivement attaché aucorps d'armée duprince Eugène, à celui deSchwarzenberg en août et enfin à celui d'Oudinot. Il se distingue à labataille de Valoutina Gora, puis combat à lapremière bataille de Polotsk en : la mort du général Deroy dans cette journée le place à la tête des troupes bavaroises. Il a avecGouvion-Saint-Cyr quelques démêlés qui laissent dans son âme un profond ressentiment. Il vit toutes les misères de laretraite de Russie. Son corps est un de ceux qui souffrent le plus, et sa cavalerie périt presque tout entière.
Revenu à Munich, il fait d'abord cause commune avec lareine Caroline et le prince de Bavière, toujours hostiles à l'alliance avec la France. Les victoires françaises deLützen et deBautzen ralentissent un instant ces intrigues. Wrede se rapproche de Napoléon et lui dévoile même le secret de la défection à demi consommée duroyaume de Bavière. L'ambassadeur de France demande alors pour lui lagrand-croix de la Légion d'honneur, mais le refus que fait Napoléon réveille le mécontentement de Wrede.
Profitant de sa position à la tête de l'armée bavaroise, postée sur l'Inn en face de l'armée autrichienne duprince de Reuss, il entre en pourparlers avec celui-ci, et reçoit de lui la promesse, en cas de défection, d'obtenir le commandement des deux armées. Ces précautions prises, il contribue beaucoup à faire accepter au roi de Bavière letraité de Ried le. C'est Wrede lui-même qui signe ledit traité par lequel le royaume de Bavière renonce à laconfédération du Rhin, sépare sa cause de celle de NapoléonIer et se joint à laSixième Coalition.
En 1813, la célèbre proclamation de Wrede électrise l'Allemagne et débute par ces paroles historiques :

« Que la France soit la France ! et l'Allemagne l'Allemagne ! Et Wrede, respectant les limites naturelles, demandaitque la France s'arrêtât à la rive du Rhin ;son territoire était, disait-il,les 104départements de la grande République. »
Dans le dessein de couper à l'armée française la route deMayence, il occupe avec 43 000 hommes la forte position deHanau. Attaqué le par Napoléon, qui n'a guère plus de 17 000 hommes, il a rangé son armée dans une plaine, le dos appuyé à laKinzig. Cette mauvaise disposition fait dire à l'Empereur :« Pauvre de Wrede ! J'ai pu le faire comte, je n'ai pu le faire général ». De Wrede est obligé de repasser la Kinzig en désordre, laissant aux mains des ennemis dix à onze mille hommes, morts ou prisonniers. Le surlendemain, il recommence le combat avec fermeté, échoue encore une fois et perd son gendre, le princeŒttinguen-Spielberg (de). Il reçoit lui-même au bas-ventre une blessure des plus graves. Les journaux français annoncent même sa mort, en même temps qu'ils le signalent comme le principal auteur de la défection de la Bavière. De son côté, Wrede reçoit des marques d'intérêt de plusieurs hauts personnages, notamment dutsar Alexandre, qui lui fait plusieurs visites pendant sa maladie.

Il est cependant assez tôt rétabli pour pouvoir prendre le commandement des Bavarois destinés à former le quatrième corps de l'armée de Schwarzenberg le. Il pénètre enAlsace et bombardeHuningue. Après avoir pris part à labataille de Brienne le, et s'être emparé de 26 pièces de canon, il assiste à labataille de La Rothière le.
Les 13 et, il marche surTroyes. Il parvient, avec peine, à inquiéter le petit corps deMarmont, laissé pour protéger la retraite de Napoléon sur Troyes, et obtient quelques succès partiels qui lui coûtent beaucoup d'hommes. Il établit à Troyes son quartier-général. Il franchit laSeine àBray, où il ne trouve que desgardes nationaux, et s'établit àNangis le. De là, il cherche à enlever aux maréchauxVictor etOudinot les bords de l'Yères, lorsque Napoléon, se retournant brusquement contre l'armée de Schwarzenberg, arrive le 16 àGuignes ; après avoir culbutéWittgenstein àMormant le, l'empereur français chasse les Bavarois de Nangis et bat une de leurs divisions àVilleneuve.
De Wrede reçoit alors de Schwarzenberg, contraint de rétrograder jusqu'àChaumont, l'ordre de se porter àBar-sur-Aube afin de couper la route de Troyes à Napoléon. Bien qu'arrêté devant cette ville par la vigoureuse résistance du généralGérard le, il pousse en avant. Le succès qu'il obtient lui fait recevoir sur le champ de bataille l'ordre de Saint-Georges de2e classe.
Il conduit àArcis-sur-Aube la principale attaque dirigée contre le maréchalNey, et est laissé àMeaux avec le corps deOsten-Sacken pour couvrir la marche des Alliés sur Paris.
À son retour en Allemagne, les services militaires de Wrede sont récompensés par les dignités defeld-maréchal le et de prince (fürst), le. De plus, son souverain lui fait don du domaine d'Ellingen enFranconie, assorti d'un revenu de 100 000 florins. Au mois d'octobre de la même année, ses blessures s'étant rouvertes mettent ses jours en danger.

Leretour de Napoléon de l'île d'Elbe ayant précipité la formation de laSeptième Coalition, de Wrede, placé à la tête de l'armée bavaroise, franchit laSarre le pour envahir laLorraine. Lorsque labataille de Waterloo met fin aux hostilités, il est nommé gouverneur du Loiret et de l'Yonne. Outre ces deux départements, les troupes bavaroises occupent une grande partie de l'Aube. Durant cette occupation, il faillit être assassiné d'un coup de feu par un jeune homme, auquel il laisse toutefois la vie.
Il reçoit cette année-là la grand-croix de l'ordre du Bain. C'est lui qui représente la Bavière aucongrès de Vienne. On a prétendu que dans des discussions diplomatiques qui ont lieu vers ce temps, il a soutenu avec beaucoup d'énergie, et même une sorte de rudesse militaire, vis-à-vis des ministres prussiens, le principe de l'indépendance des États qui ont formé laconfédération du Rhin. Il devient membre de la première chambre des États de Bavière.
Il est nommé gouverneur général des départements du Loiret et de l'Yonne le et reste dans cette fonction jusqu'au. Il prépare d'abord un camp à Joigny, destiné à accueillir les souverains étrangers, puis, après la renonciation à ce projet, le camp de Chaumont le.
Il est chargé, après la conclusion de la paix, de plusieurs missions importantes par son souverain, auprès duquel il jouit d'un important crédit. On prétend même qu'il contribue à la disgrâce ducomte de Montgelas.
Il est appelé, après larévolution de 1830, à réprimer les troubles qui éclatent dans laBavière rhénane.
L'historien John R. Elting écrit à propos de Wrede qu'il« avait de l'énergie, une présence qui imposait le respect, une certaine habileté tactique, une ambition excessive et une forte inclination à prendre la défense de ses soldats »[1]. Possédant des connaissances très étendues, plein de vigueur et d'activité, ferme et froid au milieu du péril, le prince de Wrede est regardé comme l'un des généraux les plus distingués de son époque, et Napoléon lui témoigne souvent une estime dont il n'était pas prodigue.
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Fils de Ferdinand Joseph Wrede (1722 ✝ 1793),Freiherr von Wrede (1791) et de Anna Katharina Jünger (1729 ✝ 1804), Carl Philipp Joseph épouse le àHeidelberg, Sophie von Wiser ( -Mannheim ✝ -Ellingen), fille de Johann Friedrich Heinrich,grave von Wiser et Johanna Agathe von Schweitzer.
Ensemble, ils ont huit enfants, dont :
| Figure | Blasonnement |
| Armes de la famille von Wrede D'or, à une couronne de laurier de sinople, fleurie de cinq roses de gueules, 1, 2 et 2.[2] | |
| Armes du comte de Wrede de l'Empire D'or, à une couronne de laurier de sinople, fleurie de cinq roses de gueules ; au canton des comtes militaires de l'Empire[2],[3]. | |
| Armes duprince de Wrede D'or, à une couronne de laurier de sinople, fleurie de cinq roses de gueules ; au canton des comtes militaires de l'Empire. Devise :Virtuti pro patria. Manteau de pourpre, frangé et houppé d'or, doublé d'hermine, sommé d'une couronne princière[2]. Bâtons defeld-maréchalbavarois, croix de l'ordre militaire de Maximilien-Joseph de Bavière, de l'ordre du mérite civil de la Couronne de Bavière, de l'ordre impérial de Léopold, de l'ordre de Philippe le Magnanime de Hesse, de l'ordre du Bain et de l'ordre militaire de Guillaume. |
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