Son père, Wensel Czerny, excellentpianiste, commence à lui enseigner lepiano alors qu'il n'a que trois ans. Très tôt, Carl joue ainsi par cœur des pièces des grands maîtres classiques :Bach,Haydn,Mozart,Clementi. Il compose ses premières pièces à l'âge de sept ans.
« Pendant les premières leçons, Beethoven m'occupa exclusivement à faire des gammes dans tous les tons, me montra la seule bonne position des mains et des doigts, alors encore inconnue de la plupart des exécutants, et particulièrement l’usage du pouce – règle dont je n’ai appris que plus tard à comprendre l’utilité. »
Son père ayant décelé chez lui des dons pédagogiques, il commence à enseigner à l'âge de 15 ans. Ses cours sont de qualité, ce qui fait de lui un professeur très demandé. Il a jusqu'à douze élèves par jour, chacun lui rapportant unducat[1].
Il ne donne que peu de concerts publics et plus aucun après 1818, refusant même de se produire pour Beethoven alors qu'il avait créé le cinquième concerto pour piano en 1812. Il lui écrit une lettre[2] expliquant que ses parents ont entravé sa carrière : étant chargé de famille, il doit se consacrer à la formation de ses élèves. Parmi eux figurentFranz Liszt et la reineVictoria. En 1823, Czerny organise une rencontre entre Beethoven et le jeune Liszt, rencontre qui fut pour Liszt mémorable et au cours de laquelle il exécuta devant Beethoven une des œuvres du maître.
Czerny était doué d'une grande mémoire et était capable de jouer les 32 sonates de Beethoven, notamment chez le princeLichnowsky, sans recourir à lapartition. Il avait connu les pianistesMuzio Clementi etJohann Nepomuk Hummel et fut influencé par eux. Il mourut àVienne en 1857, à l'âge de 66 ans.
Czerny laisse uneautobiographie,Souvenir de ma vie, parue en 1842, et un recueil deNotices et Anecdotes sur Beethoven, paru dix ans plus tard.
Czerny laisse un catalogue de 861opus publiés et un nombre considérable de pièces manuscrites. Les œuvres pédagogiques ne représentent qu'un dixième de l'œuvre complète.
Il semble que la principale obsession de Czerny ait été de décortiquer les difficultés techniques de l'œuvre de Beethoven. Il a par ailleurs laissé des commentaires précieux sur l'interprétation des œuvres pianistiques de Beethoven, dont il fut un grand interprète.
Parmi les plus connus des recueils techniques :
Schule des Geläufigkeit (Étude de la vélocité),op. 299 ;
Die Schule des Legato und Staccato (Étude du légato et du staccato),op. 335 ;
↑À sa mort, resté célibataire, il laissa une fortune de 100 000 florins. (Un ouvrier, au milieu du siècle, touchait environ 5 florins par semaine.)
↑« Très vénéré Monsieur Beethoven, Votre souhait, qui me remplit d'une joie plus grande que je ne saurais l'exprimer, m'oblige à vous exposer en toute franchise ma manière de penser ainsi que ma situation. Pour pouvoir subvenir convenablement aux besoins de mes parents, j'ai sacrifié les quinze dernières années de ma vie à l'enseignement ; la composition et l'interprétation restèrent des activités accessoires, par manque total d'encouragement et de facilités, surtout de facilités ; mon jeu, avec tout ce que l'on exige des virtuoses, ne pouvait absolument pas être cultivé dans la mesure qu'on a la bonté d'attendre de mes facultés. Et voilà que je dois maintenant - manquant de tout entraînement depuis quatorze ans - me produire devant le grand public des connaisseurs viennois, et exécuter à brûle-pourpoint, sans la moindre préparation, ayant à peine deux jours pour répéter, l'une des plus grandes et des plus élaborées de vos compositions. » (Lettre à Beethoven, 1818)
↑La jeune femme mentionnée dans le titre n'a jamais été identifiée.