Elle est l'une des cités les plus florissantes de l'Armoriquegallo-romaine. Son nomantique estVorgium et elle est la capitale du peuple gaulois puis gallo-romain desOsismes.
Carhaix se situe dans lePoher, important territoire de laCornouaille, enserré entre lesmonts d'Arrée au nord et lesmontagnes Noires au sud. L'agglomération s'est développée principalement sur un plateau situé vers140 mètres d'altitude, en pente douce vers l'ouest, les altitudes les plus élevées étant à l'est au-delà de l'agglomération vers 155-169 mètres d'altitude.
Carte topographique de la commune deCarhaix-Plouguer.
Le plateau est limité au nord par la vallée encaissée de l'Hyères (dénivelé de60 mètres qui imposa la construction d'un aqueduc à l'époque romaine pour pouvoir la franchir), qui coule vers80 mètres d'altitude, et au sud par le ruisseau de la Madeleine dont le tracé a été repris par lecanal de Nantes à Brest. L'Hyères provoque parfois de graves inondations : en mars 1903, la chapelle Sainte-Catherine située enPlounévézel mais à la limite de Carhaix, eut de l'eau jusqu'à la toiture[1] et en 1910 jusqu'aux vitraux[2].
L'Hyères depuis le pont du Petit Carhaix (vue vers l'aval).
Carhaix : le Moulin-Meur sur l'Hyères, anciennes digue et vanne.
L'Hyères au Pont du Roy en Carhaix (côté aval).
Géologiquement, Carhaix se trouve au centre dubassin de Châteaulin, constitué principalement deschistes souvent ardoisiers et degrès et qui forme une dépression topographique entre monts d'Arrée et montagnes Noires.
Devenues communes à la Révolution française, Carhaix et Plouguer ont fusionné en1956 et ont pris le nom de Carhaix-Plouguer. Dès1862, le conseil municipal de Carhaix avait émis un vœu en ce sens[3].
Réseau hydrographique de Carhaix-Plouguer[Note 2].
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de typeclimat océanique franc, selon une étude duCentre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant lapériode 1971-2000[4]. En 2020, le climat prédominant est classé Cfb, selon laclassification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été frais sans saison sèche[5]. Par ailleursMétéo-France publie en 2020 une nouvelle typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique[6]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[7]. Elle est en outre dans lazone H2a au titre de laréglementation environnementale 2020 des constructions neuves[8],[9].
Si Carhaix a en partie perdu le rôle de nœud en matière de transports qui fut le sien par le passé, la ville est toutefois au carrefour de deux axes routiers importants : laN 164, axe (Rennes) -Montauban-de-Bretagne - Loudéac - Rostrenen - Carhaix - Châteaulin, progressivement transformé envoie express et l'axe Lorient-Roscoffvia Carhaix et Morlaix, à deux voies mais avec un profil modernisé. La ville a aussi conservé une liaison ferroviaire avec Guingamp qui lui permet des correspondances principalement avec Rennes et Paris.
En matière de transports urbains, depuis décembre 2007, une ligne de bus à la demande gratuite appeléeHep le Bus a ouvert ; cette ligne couvre désormais Carhaix et localités proches telles quePlounévézel,Saint-Hernin[13].
Distance de plusieurs villes françaises (à vol d'oiseau)
Carhaix-Plouguer occupe une position de carrefour au centre de la partie occidentale de la péninsule bretonne. Elle se trouve approximativement à égale distance de plusieurs grandes aires urbaines : Brest, Quimper, Saint-Brieuc, Lorient[14].
Au, Carhaix-Plouguer est catégorisée petite ville, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[15].Elle appartient à l'unité urbaine de Carhaix-Plouguer, une agglomération inter-départementale dont elle estville-centre[16],[17]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Carhaix-Plouguer, dont elle est la commune-centre[Note 4],[17]. Cette aire, qui regroupe 18 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[18],[19].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (70,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (79,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :zones agricoles hétérogènes (37,2 %),terres arables (30,3 %), zones urbanisées (21 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,8 %), prairies (3,2 %), forêts (2,6 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (1 %)[20]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Les grands chemins menant à Carhaix ont donc été souvent appelés « chemins d'Ohès » ou « chemins d'Ahès » (Bernard Tanguy). Ohès comme Ahès sont proches du nom Hoël.L'identification du lieuCorophesium, mentionné uniquement dans lesAnnales de Lausanne, fait débat (Carhaix ouCoray ?) pour un des lieux de la guerre menée parLouis le Pieux contre le roi bretonMorman. Il se peut queCorophesium ne représente ni l'un, ni l'autre, mais corresponde, comme l'indiqueLéon Fleuriot dans son livreLes Origines de la Bretagne (1987), à une erreur duscribe.
Bernard Tanguy rapprocheKaraes deCarofes, attesté enbas-latin pour le nom de la cité desDiablintes et pourCharroux (Vienne). Ce serait alors un ancien *Carofum/*Carofensis (évolution dequadruvium encarruvium), inscrivant Carhaix dans sa fonction decarrefour routier. Pour lui, leCorophesium où se rendLouis le Pieux en818 est unecacographie deCarophesium[24]. D'ailleurs, l'association deCharlemagne avec Carhaix dans leRoman d'Aiquin ne pourrait-elle avoir comme source l'expédition de son fils,Louis le Pieux, à propos de laquelle est nomméeCorophesium?
La permanence de la fonction de carrefour de Carhaix, jointe à son déclin auBas-Empire, peut expliquer que, si la ville a été la capitale desOsismes, ceux-ci ne lui ont pas laissé leur nom comme cela a été le cas le plus souvent enGaule.
La région de Carhaix a été occupée à partir de la fin de laPréhistoire dès leVe millénaire. La fouille du site de Kergovo a révélé trois habitats, deux du début duNéolithique et un, en forme d'amande, qui date de la transition entre le Néolithique et l'âge du bronze[25]. En 1999, la fouille préventive à la construction de la déviation sud de Carhaix (route nationale 164) a mis au jour deux enclos protohistoriques sur le site de la ferme de Kergoutois, à 2 km au sud de la ville de Carhaix.
La butte de Goasseac'h, au sud de la ville, est un grandcairn qui a conservé une hauteur de 1,50 mètre (mais qui était beaucoup plus haut à l'origine, car il a été utilisé comme carrière par la suite et une partie de sa structure s'est effondrée), datant duNéolithique moyen (daté d'environ4 300 ans avant notre ère), similaire à celui deBarnenez. Une campagne de fouilles pendant l'été 2019[26], dirigée par l'archéologue Florian Cousseau, a permis de mettre au jour troisdolmens à chambre funéraire circulaire et de découvrir unvase campaniforme. Un four médiéval et des traces d'habitations ont également été détectées à proximité[27].
Fouilles archéologiques de la place du Champ-de-Foire.
L'agglomération gallo-romaine est donc une créationex nihilo résultant d'un choix délibéré de l'administration romaine, sans doute en raison de la situation centrale du lieu dans la cité desOsismes[28] et de l'existence d'un plateau favorable à l'urbanisation[29], même si la date de création de la ville reste inconnue.
L'importance de l'agglomération a longtemps été mesurée par le réseau en étoile de voies antiques et le fait qu'unaqueduc, forcément coûteux et dont il reste plusieurs éléments a été construit pour capter l'eau d'une source située à13 kilomètres sur le territoire de la commune actuelle deGlomel. Le conduit, large de 0,80 m et haut de 1,20 m, est bordé de moellons de granit recouvert d'un enduit de tuileau ; un tunnel de 900 mètres de long près du village de Kervoaguel (enLe Moustoir) fut creusé, constituant une prouesse technique.
Les fouilles sur le site de l'hôpital ont révélé que les modèles architecturaux romains ont été importés et adaptés pour une petite ville disposant des bâtiments officiels (forum,thermes,temples) et des équipements habituels dans la romanité de l'époque, dont un quartier regroupant des artisans. Le forum n'a pas pour l'instant été découvert, mais Louis Pape pense qu'il se trouvait au croisement des actuelles rues Brizeux et G.-Lambert, qu'il présente comme étant respectivement lecardo et ledecumanus, mais ce n'est qu'une hypothèse pour l'instant.
Relevé, par Robert Mowat, du milliaire de Maël-Carhaix (1874).
Les historiens s'accordent sur le fait que Carhaix était, à l'époque gallo-romaine, (et peut-être avant) la ville deVorgium, chef-lieu de la cité desOsismes, qui est mentionnée dans laGéographie dePtolémée auIIe siècle (sous le nom deVorganium, mais un doute existe, plus probablement s'agit-il de Kernilien enPlounéventer et non de Carhaix), puis dans latable de Peutinger[34]. L'assimilation de Vorgium à Carhaix a été proposée en 1874 par Robert Mowat au vu d'uneborne milliaire trouvée à Maël-Carhaix[35]. Cette thèse a été confirmée par Louis Pape[36] et est maintenant généralement admise par Jean-Yves Éveillard qui note que la distance entre Darioritum (Vannes) et Carhaix est exactement celle de la table de Peutinger (44 lieues romaines) et que, dans la liste des villes des Notes tironiennes[37],Vorgium suitOthismus comme son remplaçant[38].
Deux étymologies sont proposées pourVorgium. Soit un radical gaulois*verg qui désigne souvent un ouvrage fortifié, soit, pour ceux qui pointent qu'aucun lieu fortifié n'a été attesté à l'époque antique, un mot gaulois*worrike désignant le saule.
Une « réserve archéologique » a été décidée en l'an 2000 rue du Docteur-Menguy (anciens Ets Le Manac'h vins) pour protéger les ruines de Vorgium trouvées au sud-ouest du centre-ville et les terrains sont désormais propriété du conseil général duFinistère[41].
Carhaix, carrefour de voies romaines puis royales ; les « chemins d'Ahes »
Vorguim : vase gallo-romain à décor de guerrier, du dieu Bacchus et de pampres en terre cuite sigillée (180 et 250apr. J.-C.).Le Petit Carhaix : l'Hyères et le vieux pont duXVIIIe siècle.
Dès l'époque romaine,Vorgium (Carhaix) a été un véritable carrefour, lesAnnales de Lausanne en 818 dénomment même Carhaix (oùLouis le Pieux et sonost (= armée) aurait séjourné à cette date)Corophesium (= carrefour) en raison de sa position centrale dans l'ouest de la péninsule armoricaine : huit voies romaines sortaient de Carhaix allant, en tenant compte des embranchements, dans 12 directions différentes[42].
la voie sortant vers le nord,via Moulin-Meur pour le franchissement de l'Hyères, en direction de l'Aber-Wrac'h.
la voie sortantvia le Petit-Carhaix pour le franchissement de l'Hyères en direction de l'est dePoullaouen et duHuelgoat où elle se subdivisait en deux embranchements, l'un versMorlaix, l'autre versVorganium (Kerilien enPlounéventer).
la voie vers le nord-est en direction deLannion etTréguier, qui se confondait un temps avec celles en direction deCorseul etCondate (Rennes), viaSainte-Catherine même si le pont actuel est un pont médiéval (tracé de la D 787 vers l'est viaLe Moustoir)
la voie vers le sud, passant par Pont-Bihan, en direction deMotreff etQuimperlé ;
Depuis leMoyen Âge, de nombreuses routes traditionnelles, qui reprenaient les tracés des anciennes voies romaines, ont été dénommées en langue bretonneHent Ahes (« chemin d'Ahes ») ou encore « chemins ferrés » : l'expression vient probablement des résidus d'anciensferriers gallo-romains réutilisés pour empierrer les routes, comme sur leschaussées Brunehaut du Nord-Est de la France.Bernard Tanguy pense queAhes est une déformation deCarahes, ancien nom attribué à Carhaix. Ces chemins sont souvent devenus par la suite des routes royales, modernisées auXVIIIe siècle par leduc d'Aiguillon, gouverneur de Bretagne.
Cette période de l'histoire de Carhaix est fort mal connue. La ville ne semble pas avoir été choisie lors de l'implantation du christianisme comme siège d'évêché et l'ancien territoire des Osismes se retrouve divisé entreDomnonée etCornouaille. ProbablementConomor, prince semi-légendaire de Domnonée y avait-il une de ses résidences. Par crainte de la prophétie qui lui annonçait qu'il serait tué par son fils, il aurait tué successivement ses épouses enceintes dontsainte Tréphine, la mère desaint Trémeur[39].
L'origine du nom Plouguer provient des mots bretonplou (= paroisse) et galloiscaer (= château ou lieu fortifié), dérivé du latincastrum que l'on retrouve aussi dans des toponymes comme Plougastel, Locmariaquer ou Chester.
Karahes dans le roman courtois et de chevalerie assimilable à Carhaix ?
Carhaix : le pont du Moulin-Meur (en ruine) sur l'Hyères.
Si laforêt de Paimpont, assimilée alors àBrocéliande, est vue parfois comme un lieu légendaire desromans courtois, le dossier de Carhaix pour être vu comme un lieu arthurien est bien plus épais avec comme vedettesArthur,Tristan et, pour ajouter à la gloire,Charlemagne[23].À la fin duXIe siècle,Eilhart d'Oberg écrit un roman, dont le héros estTristan, en démarquant leTristan deBéroul, mais une partie du récit n'est pas dans Béroul, dont il ne reste que des fragments. Le chevalier quitte la cour d'Arthur, alors qu'il se trouve déjà en Bretagne et chevauche7 jours et 7 nuits. Il parvient à la ville deKarahès dans laquelle est assiégéHavelin ouHovelin, roi du pays par le comte deNantes,Riol.Hovelin refuse d'abord l'aide, mais son filsKehenis (Kaherdin dans d'autres récits) le fait changer d'avis, si bien que Tristan provoqueRiol en combat singulier, le vainc, mais il faut une seconde bataille avec le renfort des neveux de Hovelin pour obtenir lavictoire totale.Kehenis offre alors à Tristan la main de sa sœurIsalde (Iseult aux Blanches mains, homonyme de la reineIseult la Blonde).Hovelin est une variante deHoël, nom de plusieurs comtes deCornouaille et de Bretagne. Ce qui retient l'attention, c'est queBéroul (manuscrit 217 de la Bibliothèque nationale de France, vers 3076) fait jurer le roiMarc'h, oncle et rival de Tristan, « par saint Tresmor de Caharès ».Saint Trémeur est le saint principal de Carhaix et l'épicentre de son culte est dans l'église Saint-Trémeur. C'est un fort argument pour l'assimilation.
Est-ce un hasard siConomor, comte dePoher et roi deDomnonée auVIe siècle, meurtrier de son fils Trémeur, a été rapproché d'unMarcus Quonomorus,prénom etgentilice, peut-être communs au roi Marc et à son neveu Tristan[Note 5]. Dans les hagiographies de certains saints bretons (Vie de saint Gildas,Vie de saint Méloire, par exemple), on trouve la formeComorrus pour un souverain local de laDomnonée), régnant aussi enCornouailles britannique. LeTristan en prose précise que« Tristan qui revenu est à Karahèse en Bretaingne avec le roi Hoel et fu frere Kehedin et Yseult femme Tristan, qui moult firent à Tristan grant fete et grant joye, et tous ceux du paîs aussi, quant il fu revenu à Karahes »[44].
Sans mentionnerKarahes,Thomas d'Angleterre conte le mariage deTristan et Iseut aux Blanches Mains et sa mort dans laquelle Iseult la Blonde vient le rejoindre.
Après tamisage, Goulven Péron, dans l'article cité datant de 2010, avance prudemment l'hypothèse d'une bataille à une époque indéterminée entre unhéros local contre un ennemi non identifié dans ou devant la ville fortifiée deCarahès/Carhaix et le vainqueur, qui ne s'appelait, sans doute, ni Tristan, ni Arthur, ni Charlemagne, aurait alors reçu la main de la fille d'un petit souverain qui s'appelait peut-être Hoël.
Lecartulaire de Quimperlé, daté 1081-1084, évoqueCaer Ahes (Carhaix) et l'église deSancti Kivagi (Saint-Quijeau). Le même texte évoque aussi la fondation du prieuré Saint-Nicolas. C'est en 1206 que Carhaix entre dans le domaine ducal duduc de Bretagne, date à laquelle est aussi évoqué pour la dernière fois l'existence d'un vicomte du Poher, en l'occurrence Rivallon III[47]. Carhaix devient le siège d'unbailliage, puis d'unesénéchaussée. L'existence d'unarchidiaconé du Poher est mentionnée pour la première fois en1289.
Au milieu duMoyen Âge, Carhaix n'était encore qu'unetrève dePlouguer (Plou-Kaer = la paroisse de la Cité ou du château) ayant son église tréviale Saint-Trémeur. Plouguer, dont l'église est dédiée à saint Pierre, est le siège de la paroisse primitive qui tire son nom du site anciennement fortifié qu'elle englobe[48]. Les ducs de Bretagne considèrent comme stratégique une région où se trouvent les mines de plomb argentifère dePoullaouen, l'argent étant indispensable à la confection de leur monnaie. La forêt deDuault est une chasse ducale où ils aiment à chasser.
Les destructions liées à la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364)
Un texte de1210[Note 6] évoque lesbourgeois (= habitants d'une ville, à l'époque) de Carhaix, ce qui laisse entendre que la ville (un gros bourg en fait) avait alors une certaine importance. L'église est devenuecollégiale (un texte de 1330 l'atteste la présence dechanoines) et un couvent desaugustins s'installe en1355 ou1372, fondé par Éon II de Quelen (travaux achevés en1416 par Claude de Lannion, seigneur de Quélen). Mais la ville va souffrir des tourmentes de laguerre de Succession de Bretagne.
En1341, Yves de Treziguidy, évêque de Léon, qui tient le château de Carhaix pourCharles de Blois doit capituler face aux troupes deJean de Montfort.
En1345, les Anglais, commandés par lecomte de Northampton et qui soutiennentJean de Montfort pour ses prétentions à la couronne ducale, reprennent la ville et y prennent garnison. Les partisans reprennent rapidement la place forte pour la perdre de nouveau en1347.
Les monfortistes en furent chassés parBertrand du Guesclin en1363 au bout d'un siège de six semaines. C'est par une poterne du jardin du couvent des Augustins que les troupes de Charles de Blois se faufilèrent dans l'enceinte[Note 7]. L'enceinte fut alors démolie et Carhaix devint une ville ouverte.
En1365, le traité de Guérande, qui fait suite à la mort deCharles de Blois conserve àJeanne de Penthièvre son domaine dont la châtellenie de Carhaix. Le traité d'Aucfer de 1395 confirme les possessions des Penthièvres.
Franck Hennequin, capitaine routier allemand originaire de Cologne, est nommé capitaine de Carhaix pourJean de Montfort en mai 1369. Blessé gravement parCharles de Blois, il prétendait avoir été guéri miraculeusement à Guingamp. En reconnaissance de ce miracle il fait un pèlerinage nus-pieds jusqu'à l'église des frères mineurs deGuingamp et jure de provoquer en duel tous ceux qui nieraient la sainteté deCharles de Blois. Eon de Quelen prête serment au Duc Jean IV de Bretagne comme gouverneur de la ville et du château de Carhaix le 5 décembre 1370.
Les destructions subies par la ville furent importantes comme en témoignent deux actes pontificaux : en1371, une « indulgence d'un an et quarante jours » pour ceux qui visiteront l'église Saint-Trémeur en y faisant des offrandes et en1391 un autre texte pontifical incite aux donations « en faveur de l'église paroissiale de Saint-Trémeur de Keraes en partie ruinée par les guerres et dépouillée de ses ornements et vases sacrés »[40].
Guillaume de Quélen, capitaine de Carhaix pour le duc, ratifie le traité de Guérande à Guingamp le 2 mai 1381. Son frère, Roland de Quélen, ratifie le même traité et est nommé connétable de Carhaix.
En 1420, les biens des Penthièvres sont confisqués par Jean V et sont rattachés directement au duc de Bretagne.
Nommé lieutenant général du roi en Bretagne, commandant l'armée royale en 1489, ayant des prétentions au duché, Jean de Rohan, prend d'assaut Guerlesquin et Carhaix en janvier 1489 après avoir conquis Guingamp le 22 janvier 1489 et avant de rejoindre Concarneau le1er février 1489.
AuXVIe siècle, la ville est surtout dominée par ses édifices religieux (collégiale Saint-Trémeur, couvent des Augustins) ; le château est alors en mauvais état et a perdu tout usage militaire, des habitations s'installant même à son emplacement. Des places existent : place des Halles, place du Martray, place aux Charbons), même si Carhaix n'est encore qu'une petite agglomération.
Au milieu duXVIe siècle, s'appuyant sur l'étude du rôle rentier de 1539-1542, Jean-Pierre Leguay comptabilise106 maisons et estime la population de la ville à environ500 habitants[49]. En 1565, lasénéchaussée de Carhaix s'étend sur une soixantaine de paroisses alentour, réparties en 5 barres de justice :Gourin,Landeleau,Huelgoat,Duault et Carhaix.
Ses neuf foires annuelles en font une cité marchande attractive. « Il n'est de bon bœuf que de Carhaix » dit-on[50].
La « surprise de Carhaix », la « boutade » de 1590 et les guerres de la Ligue
En juillet1588, la ville de Carhaix et ses habitants jurent fidélité au RoiHenri III et lasainte Ligue.
En janvier1590, Toussaint de Beaumanoir, baron du Pont et de Rostrenen, réfugié àBrest, nommé commandant de l'infanterie de Bretagne parHenri IV recrute une armée en Basse-Bretagne pour soutenir Henri deMontpensier, prince des Dombes, nommé gouverneur de Bretagne par le Roi à la place du duc de Mercœur. Le 9 février 1590, Le baron du Pont pénètre à Rennes à la tête de 300 arquebusiers à cheval et 100 cuirassiers. Mortellement blessé à la tête de l'armée royale bretonne en mars 1590, il est enterré le1er septembre1590 à la collégiale deRostrenen en présence des royalistes bas-bretons.
Le 20 février1590, René d'Arradon, gouverneur de Vannes et d'Auray pour le duc de Mercœur, entre dans Carhaix et procède à l'arrestation du sénéchal, Jan Guynement, sieur de Carnoët pour Toussaint de Beaumanoir, et du procureur du roi, Jan de Kerampuil, fidèle au roiHenri IV. Ils sont emprisonnés à Vannes jusqu'au paiement de leur rançon au cours de l'année1590 (journal de Jérôme d'Arradon, gouverneur d'Hennebont). Carhaix devient alors favorable auxLigueurs et la sénéchaussée royale se déplace à l'auditoire deMaël-Carhaix[51].
Le 4 septembre1590, les « Royaux », partisans du roiHenri IV, commandés parYves du Liscouët,La Tremblaye,Claude de Kerguezay, sieur de Kergoumard et Rochefort de la Bastinaye, s'emparent par surprise deCarhaix, la ville étant mal gardée en raison d'un mariage survenu la veille à l'occasion duquel tout le monde avait festoyé. Carhaix « n’était pas fort, n’étant clos que de barrières et chétives murailles, sans aucune garnison »[52]. Ce samedi matin de 1590, la ville est assoupie. On y a célébré le mariage de la fille Guillaume Ollimand, greffier de la ville avec un notable quimpérois, Antoine Silly. « Chacun y avait apporté ce qu’il avait de plus beaux ameublements, pour honorer les noces »[52]. Les réjouissances ont été conséquentes et « les habitants, après bonne chère des noces, dormaient profondément, ne se doutant rien de moins que de l’ennemi ». Une centaine d'habitants de la ville furent tués, d'autres trouvant leur salut dans la fuite en pleine nuit, et la ville fut pillée[53], églises incluses. Le bruit de cet événement se répandit dans toute la contrée, le tocsin sonna dans les églises. Les paysans accourus dePlouyé,Plounévez,Landeleau,Cléden,Huelgoat et paroisses voisines s'acheminèrent sans ordre ni discipline vers Carhaix, y compris le sieur du Cleuziou Roudoumeur, en criant« Marou! Marou Desh! » (« Mort! Mort à eux! »). Arrivés au Granec, Coatanezre, le sieur de Prat-Maria, seigneur du Granec, refuse de marcher à leur tête, mais leur propose comme chef un vieux soldat nommé Lanridon. « Il ne savait pas (…) qu'entreprendre de régler les esprits scabreux et mutins, c'est mener paistre une troupe de renards et se charger de les ramener tous les soirs à l'étable ». Parvenus au pont du Moulin du Duc, ils élèvent une barricade mais, indisciplinés, sont écrasés[54]. « Il y eut en cette déroute un grand massacre de rustiques » écrit le chanoine Moreau. Lanridon, trouvé parmi les morts, fut enterré le lendemain à Collorec par le chanoine Moreau qui habitait alors au château du Granec[53].
Le lendemain de cette bataille, des paysans accourus de paroisses plus éloignées commePleyben,Loqueffret,Brasparts,Spézet, accourent à leur tour, commandés par le sieur du Bizit et le prêtre Linlouët (de Pleyben tous les deux), attaquent les « royaux » sans attendre les renforts devant arriver deChâteauneuf,Gouézec etBriec ; ils réussissent un moment à entrer dans Carhaix, mais des renforts dirigés par le sieur du Liscouet, deTréguier, permirent aux « royaux » de renverser la situation et les paysans furent presque tous exterminés, y compris leurs deux chefs. Cette « boutade » (= révolte, jacquerie) de paysans fut donc pour ces derniers un terrible échec. Le seigneur du Liscoët, furieux d'avoir été blessé (sa main droite avait été coupée d'un coup de hache) mit le feu à la ville de Carhaix et « l'incendie dévora ce que le feu avait épargné ». La destruction fut si complète que longtemps après l'on « était obligé d'aller à quatre lieues chercher du vin pour célébrer la messe»[55].
En1591, Jan de Kerampuil, procureur du Roi à Carhaix, voulut sanctionner les paroisses de la juridiction de Carhaix qui étaient entrées en rébellion et avaient adhéré « aux ennemis de Sa Majesté & émancipées de son obéissance, du nombre desquelles il a présentement nommez estre ladite ville de Carhaix avec ses faubourgs, la paroisse de Plouguer, Moustoir, Trébrivan, Plévin, Motreff, Quelen(Locarn), Duault, & Landugen, Le Loc’h, Tréogant, Spézet, Mael-Pestivien, Botmel & Callac, Plusquellec, Calanhel, Plourach, Carnoët, Scrignac & Bolazec, Poulaouen, Plounévézel & Kergloff ». Pour assurer « le payement de la garnison de Quintin », 3 000 écus furent exigés dont « avons ordonné estre levé de la somme sur la ville de Kerahez [Carhaix] avec Tregleubihan & Kergroez, les fauxbourgs la somme de 500 escus »[56]. On ignore si cette somme fut effectivement payée[57]. Les habitants de Carhaix durent en1591 faire une requête aux États provinciaux de Nantes[58] disant « ladicte ville auroict esté finalement pillée totalement ravaigée, et une grande partie icelle bruslée par les ennemis de ladite Union, et à présant est inhabitée et presque déserte» demandant « exemption de tailles, fouages et subsides ordinaires » pour « remectre ladicte ville en son premier estat ».
La Tremblaye envisage de venir en représailles attaquer le château du Granec, trêve de Collorec à l'époque[59] : « Nous y trouverons honneur et profit ; la garnison ne saurait nous résister ; nous emporterons un butin considérable » disait-il, mais du Liscoët l'en dissuada : « La garnison est trop nombreuse et dirigée par un habile capitaine (…) ». il fit aussi valoir que le château était très fort, entouré de larges et profonds fossés, flanqués de quatre tourelles munies de canons. Le château du Granec ne fut pas alors attaqué alors que « l'ennemi n'aurait eu qu'à se présenter pour s'en rendre maître. Il restait à peine six hommes de garnison »[60].Dès le début de l'année 1592, le ligueur Anne Sanzay de la Magnanne s'installe avec ses troupes de ligueurs àCarhaix.Profitant de son absence pour un raid, en 1593, le célèbre banditGuy Éder de La Fontenelle s'empare de la ville et installe son quartier général dans la collégiale Saint-Trémeur à partir de laquelle il organise ses différentes exactions au nom du duc de Mercœur. Les troupes espagnoles passent par Carhaix en 1594 et y établissent leur quartier général pour les opérations vers Morlaix et Brest jusqu'au 19 septembre 1594, date à laquelle ils rejoignent Crozon. En juillet 1594, un autre bandit, La Plante, apparenté au célèbre ligueur Guillaume Douars de La Plante, « satellite de Fontenelle » disait-on, retranché avec trente soldats dans un moulin fortifié près de Carhaix, et qui exerçait des brigandages quotidiens, fut attaqué et tué par Claude Kerguezay, sieur de Kergomar, gouverneur de Guingamp pour le Roi et commandant une troupe de 50 arquebusiers au grand soulagement des populations avoisinantes[54].
Vers 1594/1595, Moricettede Goulaine, douairière de Plœuc, obtient du duc de Mercœur et le maréchal d'Aumont, gouverneur de Bretagne, la neutralité pour Carhaix sous la protection de son fils puîné le baron de Kergorlay, âgé alors de 6 ou7 ans.
Le 12 octobre 1595, l'armée d'Henri IV, commandée parFrançois d'Espinay de Saint-Luc, lieutenant général de Bretagne entre dans Carhaix où la population la fête.
En 1615, la communauté de la ville adresse une supplique au roi de France : « la ville [...] est encore quasy détruite, la tour de l'église collégiale d'icelle a esté démantelée ; le surplus des bastiment de la dite ville grandement endommagés, et la maison presbytérale joignant icelle ruynée de fond en comble, sans qu'il y reste vestige quelconque du bastiment qu'autrefois y a esté. Les portes et les barrières de la ville entièrement abattues et ponts advenant et pavez fort endommagez, et l'hospital tout ruyné »[61].
La famille de Saisy de Kerampuil, qui habitait lechâteau de Kerampuil situé dans latrève deSaint-Quijeau (qui dépendait alors de la paroisse de Plouguer), a marqué pendant plus de quatre siècles l'histoire de Carhaix.
Sébastien Le Balp, originaire deKergloff, ancien notaire royal à Carhaix, mène des actions antifiscales et antiseigneuriales[64]. À la tête de paysans armés, il attaque et pille le 6 juillet 1675 la demeure de Claude Sauvan,fermier des devoirs à Carhaix et le 7 juillet celle de Henri Porcher, greffier et notaire àSpézet. C'est le début de la révolte antifiscale, dite aussirévolte du papier timbré qui se transforme rapidement en révolte antiseigneuriale. Quelques jours plus tard, plus de 6 000 paysans prennent d'assaut le château de Kergoat enSaint-Hernin et dans les semaines suivantes des centaines de manoirs sont attaqués dans la région. Un bourgeois de Carhaix écrit dans un témoignage que Sébastien Le Balp avait « acquis une telle réputation parmi les paysans révoltés […] qu'il s'était fait passer pour le chef, que lesdits révoltés suivaient entièrement ses ordres pour sonner les tocsins, pour s'attrouper et s'assembler où il voulait, que pendant la sédition, il a été le premier en tête, à tous les incendies, pillages et désordres »[65]
L'arrivée à Carhaix duduc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, à la tête de 6 000 hommes de troupe, établit son quartier général à Carhaix, et va changer les rapports de force. En dehors de Sébastien Le Balp, tué par Montgaillard le 2 septembre 1675 au château de Tymeur enPoullaouen qu'il avait investi, les autres chefs de la révolte sont pris et immédiatement jugés à Carhaix. La plupart sont pendus ou roués. De nombreux paysans finirent leurs jours aux galères[66].
Le 25 juin 1752, la célèbre banditMarion du Faouët est à la foire Saint-Pierre de Carhaix avec sa fidèle servante Marguerite Cariou et quelques autres. Elle est arrêtée le 2 juillet àPoullaouen par les gendarmes et conduite à la prison de Carhaix avant d'être transférée àQuimper le 15 juillet, mais elle fut finalement cette fois-là libérée[67]. L'almanach royal de 1753 indique en 1753 comme foires « les plus considérables » à Carhaix la foire « vers la mi-carême qui dure15 jours » et celle « du1er novembre qui dure six jours »[68].
Jacques Cambry ne dresse pas de Carhaix en1794 un tableau très reluisant : « Quelles rues ! Quelle mal-propreté ! La grande rue est entièrement pavée de quartz : cette pierre indestructible, dont les plus lourdes voitures ne peuvent briser les pointes anguleuses, dégarnies de sable, de la terre qui les environnoit, fatiguent le piéton, estropient les animaux. Beaucoup de maisons enfumées, au-dessous du sol de la rue, recevant ses écoulemens ; une multitude de chaumières abattues, abandonnées ; la pauvreté, la nonchalance et la mal-propreté d'une partie des habitans, en rendoient le séjour inhabitable, sans l'élévation sur laquelle cette ville est placée, sans les vents violens qui balayent et purifient l'atmosphère[69] ». Il écrit aussi : « la commune est un amas de maisons mal bâties, coupées de jardinets mal entretenus[70] », constate « Le caractère général des habitans de cette commune est froid, indifférent : l'eau-de-vie seule les agite[71] ». Il évoque aussi « la vieille ville de Carhaix composée de tanneries[72] », situées en fait au bord de l'Hyères au lieu-dit le Petit-Carhaix[73] où existent aussi des moulins à foulon, à blé et à papier.
Jean Marie Golias de Rosgrand, député dutiers état auxÉtats généraux de lasénéchaussée de Carhaix.Billette, député du tiers état aux États généraux de la sénéchaussée de Carhaix.
Letiers état de lasénéchaussée de Carhaix rédigea uncahier de doléances[74] demandant notamment l'égalité des troisOrdres devant l'impôt, la suppression destailles,fouages et de ladîme ainsi que celle desdomaines congéables et des justices seigneuriales. Il ajoute : « Que les droits de servitude odieuse, tels que de se jeter dans l'eau à certains jours, de faire taire les grenouilles, quintaines et autres droits ridicules de cette espèce soient abolis ainsi que les péages et coutumes, moyennant indemnités »[75]. Le clergé et la noblesse de Bretagne ne firent pas de cahiers de doléances.Jean-Marie Le Golias de Rosgrand, originaire deBrasparts, avocat àChâteaulin et Billette, négociant et entrepreneur de la manufacture de cuirs deQuimperlé, sont élus députés dutiers état auxÉtats généraux pour représenter lasénéchaussée de Carhaix (N. Quarguet, procureur du roi àChâteauneuf-du-Faou étant député suppléant).
En septembre1791, l'Assemblée nationale décrète la fusion en une seule paroisse, sous l'invocation de Saint-Trémeur, des paroisses et trèves de Carhaix, Plounévézel, Sainte-Catherine, Saint-Quijeau et Treffrin[76].
Refusant d'abandonner la vie monastique, les moines du couvent des Carmes sont expulsés dès 1790 et ceux du couvent des Augustins en 1791 (il n'y subsistait que trois moines). Les religieuses hospitalières sont expulsées le 13 avril 1792 contre la volonté des habitants (elles reviennent en 1811). La proportion de prêtresréfractaires est élevée dans le district de Carhaix : 39 sur 51 prêtres recensés en 1791[77].
Pendant laTerreur, Carhaix est sous l'emprise d'un « Comité des Six » composé dejacobins extrémistes dirigés par Allain Launay et Jacques-Gabriel Launay ; les saccages sont nombreux, par exemple la très riche bibliothèque du château de Kerampuil[78], formée par plusieurs générations de conseillers auParlement de Bretagne.
Deschouans écument la région de Carhaix dirigés principalement par De Bar à partir de l'été1792. En1798 par exemple ils pendent dos à dos le curé constitutionnel deMotreff et le commissaire du canton deSaint-Hernin. En1802, ils enlèvent un riche marchand de toiles dePloudiry, Alain Pouliquen, qu'il libéra contre rançon de 30 000 francs versée dans une auberge deCarnoët[79]. Après 1805, De Bar finit par émigrer en Angleterre pour échapper aux poursuites.
Le découpage départemental opéré en 1790 désavantagea la ville, séparée par le nouveau découpage administratif d'une part importante de son arrière-pays naturel ; c'est en vain que « en 1790, les paroisses dePlévin,Paule,Trébrivan,Carnoët,Maël-Carhaix etDuault demandèrent à être rattachées au district de Carhaix et à être disjointes du département desCôtes-du-Nord »[80] parce que « les habitans de ces paroisses qui ne parlent que l'idiome breton répugnent à se rendre àSaint-Brieuc où ils ne sont point entendus »[81]. MêmeTreffrin, pourtant ancienne trève dePlouguer, fut à la suite d'une erreur cartographique, placée dans les Côtes-du-Nord. La ville fut certes chef-lieu dedistrict de1790 à1799 mais c'estChâteaulin qui fut préféré à Carhaix comme chef-lieu d'arrondissement lors de la création de ces derniers en1800.
L'ouverture ducanal de Nantes à Brest vers 1830, s'il profite aux ardoisières et à l'agriculture de la région, ne dynamise guère Carhaix, même s'il provoque la création du port de Carhaix.
Émile Souvestre décrit ainsi Carhaix en1836 : « Carhaix est encore une ville duMoyen Âge, aux rues sans pavés, entremêlées de champs labourés... Elle est fangeuse, délabrée, noircie, toute lépreuse de misère et d'ignorance. La voie publique y fait partie de chaque demeure. La moitié de la vie des habitants s'y passe. Les enfants mangent assis sur les seuils, les femmes filent en chantant devant les portes. (…) C'est dans la rue que le pauvre bat le blé de son petit champ, que la Cornouaillaise étend son linge au sortir du lavoir »[82].
En1846, le journalLa Feuille de Morlaix écrit : « On prétend qu'à la dernière foire de Carhaix on a vendu cinquante-quatre peaux de vaches mortes de froid et de faim »[83].
Édouard Vallin ne dit guère mieux en1859 : « C'est une cité du Moyen Âge, triste, silencieuse, fidèle à ses vieilles mœurs, en un mot c'est une de ces villes de Bretagne qui sont restées en arrière de la civilisation »[87].
L'état sanitaire de la population reste médiocre ; par exemple une épidémie dedysenterie sévit dans la région de Carhaix en1857[88]. Des épidémies decholéra font5 morts à Carhaix en1849 et 40 entre le 28 février et le 30 avril1866[89]. Une nouvelle épidémie de dysenterie survient en novembre 1901 à Carhaix,Kergloff,Cléden-Poher, etc./[90]. Une épidémie derougeole en1913 fait plusieurs morts[91].
Frank Davies[92] fait cette description des campagnes aux alentours de Carhaix dans un livre publié initialement en anglais en 1875 :
« À plus d'unelieue autour de Carhaix les pauvres paysans n'occupent qu'une mauvaise cabane en compagnie de leur cochon et de leur vache, quand leurs moyens leur permettent d'en avoir. (...) Le paysan et sa famille, qui comprend sa femme et souvent plusieurs enfants, habitent ensemble dans une cabane sombre dans un état de misère indescriptible. La cabane est bâtie avec de la boue et des pierres et est couverte degenêts. Une petite ouverture est réservée dans la partie supérieure pour introduire l'aira lumière. La fumée, quand le feu est allumé, s'échappe par toutes les fentes du toit. (...) Le long des cloisons, aussi haut que la construction le permet, sont installées des sortes de crèches qui servent de lits. Leur position et leur entrée étroite feraient douter qu'elles servent à abriter des êtres humains. (...) Le porc, le mouton noir et la vache y vivent comme dans lesécuries d'Augias (...) Leloup (...) fait un trou dans le plafond de genêt et descend attaquer ses victimes. (...) Cela est arrivé maintes fois chez lessabotiers deDuault et d'Huelgoat[93]. »
Frank Davies ajoute que lors des hivers rudes, après une longue période de neige, « on a besoin d'allumer des feux la nuit à tous les carrefours de routes entre Carhaix,Callac,Gourin,Rostrenen et autres petites villes du voisinage pour préserver les troupeaux et même les chiens de la rapacité des loups affamés »[93].
Le même auteur, qui a pris pension à l'hôtel de La Tour-d'Auvergne, décrit ainsi la ville de Carhaix :
« Les faibles lanternes accrochées sur un fil de fer à travers les rues, et à de grandes distances les unes des autres, n'offraient qu'une triste lumière et servaient plutôt à augmenter l'obscurité et à le rendre plus sensible. (...) Dans quelques-unes des meilleures boutiques il y avait aux fenêtres une misérable chandelle de résine, fournissant un si faible rayon [de lumière] qu'on aurait pu le prendre pour l'éclat de la queue d'un ver luisant. (...) Carhaix est une ville très primitive. (...) En dehors de deux moulins à eau pour moudre le grain pour la population, il n'y a pas d'autres moulins ni manufactures. (...) À part lejuge de paix et le docteur (...) il n'y avait aucune société chez laquelle put aller un étranger pour se distraire. (...), de sorte qu'un homme séjournant à Carhaix (...) souffrirait les tortures de l'ennui jusqu'aux plus extrêmes limites. »[93]
Le préfet du Finistère note en 1880 « que les deux écoles publiques de Carhaix sont dans un état de délabrement qui exige des réparations immédiates »[94]. Un rapport duConseil général du Finistère indique en août 1880 que Plouguer fait partie des 27 communes de plus de 500 habitants du Finistère qui n'ont encore aucune école de filles[95].
Une race bovine dite « de Carhaix », issue du croisement de la racebretonne pie noir et de la raceDurham se développa dans la seconde moitié duXIXe siècle. Elle donnait des animaux produisant plus de viande et de lait que les races élevées antérieurement[96].
AuXIXe siècle et dans les premières décennies duXXe siècle, Carhaix est véritablement obnubilée par le souvenir deLa Tour d'Auvergne, son « grand homme », en faveur de qui elle multiplie commémorations et fêtes diverses, souvent avec la venue de personnalités nationales, pendant plus d'un siècle. En 1841, l'inauguration de sa statue à Carhaix donne lieu à une fête grandiose. LeJournal des débats écrit : « Le 27 juin a été pour la Bretagne une fête vraiment nationale. Ce jour-là elle inaugurait, comme on sait, la statue du « premier grenadier de France ». Toutes les autres villes, jalouses de figurer à la fête, avaient envoyé des députations; l'armée avait voulu être représentée; les campagnes elles-mêmes n'y restaient point étrangères et l'on voyait arriver, à grandes journées, à pied, à cheval, en voiture, par toutes les routes, des montagnes, de tous les villages, de tous les châteaux d'Armorique, une foule immense attirée par l'admiration pour la gloire féodale et populaire qu'on allait consacrer »[98].Théodore de La Villemarqué entonna un chant en breton, puis traduit en français, à la gloire du héros. Une polémique gâcha toutefois un peu la fête : au dernier moment, un écusson représentant les armoiries de la famille de La Tour d'Auvergne fut retiré du socle du monument et sous la pression des républicains de l'époque, l'on dut y inscrire le nom du « citoyen Corret ». La foule présente a pu découvrir l'urne renfermant le cœur de La Tour d'Auvergne déposée aux autorités de la ville de Carhaix pour l'occasion par la famille du Pontavice de Heussey[99].
Dès 1885,Gustave Flaubert souligne l'admiration de la ville pour cet homme : « Après que nous eûmes passé auprès de la statue de La Tour-d'Auvergne, que nous eûmes traversé la place de La Tour-d'Auvergne, la rue de la Tour-d'Auvergne, le boulevard de La Tour-d'Auvergne, le cul-de-sac de La Tour-d'Auvergne, après que nous eûmes regardé la maison où naquit La Tour-d'Auvergne et que nous ne fûmes pas entrés à l'auberge de La Tour-d'Auvergne, nous arrivâmes à je ne sais quel hôtel établi en face du cours de La Tour-d'Auvergne. (…) La statue de ce monsieur qui fut, dit l'histoire, un archéologue distingué, le premier grenadier de France, et tué d'un coup de lance au combat d'Oberhausen est due au ciseau deMarochetti. (…) Tout cela est triste, emphatique, bête »[105].
En 1906,Félix Fénéon écrit : " On a encore célébré à Carhaix la mort du héros. Le rite ne varie pas :" La Tour d'Auvergne ! Mort au champ d'honneur ! " "[106].
Carhaix : le marché aux chevaux, place de l'église à la fin duXIXe siècle.Carhaix : danse après le grand marché sur la place du Champ-de-Bataille peu après 1900.
En octobre 1900, une épidémie dedysenterie se produit dans de nombreuses communes de l'arrondissement de Châteaulin dont Plouguer, y faisant une soixantaine de malades et provoquant 14 décès. « Cette épidémie est attribuée à la sécheresse des dernières années. Les puits et les fontaines étaient à sec, et la population a fait usage d'eaux malsaines. En outre, l'encombrement et la malpropreté des maisons sont devenus des facteurs importants de la maladie »[107]. Cette épidémie toucha d'abord Spézet, avant de concerner ensuite Motreff, Saint-Hernin et Plouguer[108].
Carhaix demeure encore au début duXXe siècle célèbre pour ses foires et marchés. Édouard Charton écrit en1903 : « Carhaix est l'un des plus importants marchés de bestiaux de la Bretagne. En dehors des marchés du samedi, il s'y tient plusieurs grandes foires, le 13 mars, le jeudi après Pâques, la veille de l'Ascension, le 30 juin, deux autres en août, le 20 septembre, le 2 novembre et les jours suivants, et la dernière le 29 novembre »[109]. En 1934 encore, la grande foire aux chevaux organisée en novembre durait deux jours[110].
En1905 les grandes fêtes bretonnes en présence dubardeThéodore Botrel chantant ses œuvres et de représentations théâtrales du « drame dePont-Callec » avec le bardeJaffrennou ditTaldir suscitent des contre-manifestations de la part des « laïcs », le maire, Anthoine et les instituteurs publics en tête de cortège chantantl'Internationale alors que les partisans des fêtes chantentSao Breiz-Izel da Vaniellou (« Lève, ô Bretagne, tes étendards »)[111]. Ce n'est là qu'un exemple des nombreuses polémiques, manifestations et contre-manifestations opposant « cléricaux », souvent aussi chantres de la bretonnité (mouvementBleun-Brug par exemple) et « laïcs » à Carhaix dans la première moitié duXXe siècle.
Le progrès parvient peu à peu à Carhaix : le bureau télégraphique ouvre en1873, l'électrification survient en1908 (pour le centre-ville), l'eau courante et le tout à l'égout entre les deux guerres mondiales.
Leclub sportif (destiné initialement autir dans le contexte de la volonté de revanche après la défaite de laguerre de 1870) des « Dernières Cartouches de Carhaix » est créé en 1907 ; il reçoit le nom d'un épisode glorieux de la guerre de 1870 connu sous le nom de laMaison de la dernière cartouche dans lequel s'illustre le capitaineArsène Lambert, d'origine carhaisienne. La sectionfootball est créée en 1913[112].
La gare de Carhaix en 2011.Locomotive E415, près de la Gare.
La ligne Carhaix-Morlaix fut mise en service en 1891, Carhaix-Guingamp-Paimpol en 1893, Carhaix-Rosporden en 1896, Carhaix-Rostrenen en 1898 (prolongée en 1902 jusqu'à Loudéac), Carhaix-Pleyben en 1904 (prolongée en 1906 jusqu'à Châteaulin et en 1925 jusqu'à Camaret). Certaines de ces lignes n'ont été en service que peu de temps puisque la fermeture s'amorce dès 1939 (fermeture du trafic voyageurs sur la ligne Carhaix-Morlaix qui ferma totalement en 1962). À l'exception de laCarhaix - Guingamp, mise àvoie normale en 1967 et toujours en service, maintenant desservie par laCFTATER Bretagne toujours en service, les autres lignes de l’« étoile de Carhaix » ferment en 1967.
Le réseau breton totalisait plus de 420 km devoies métriques (c’est-à-dire de voies dont la largeur était d'1 mètre, taille utilisée pour les lignes secondaires). Aujourd'hui, on peut visiter la seule locomotive du Réseau breton qui est restée en région (n° E415) près de lagare de Carhaix.
Pendant laSeconde Guerre mondiale, des résistants sont torturés dans les caves duCastel Ruz (« château Rouge »).
Joseph Jean Borgne, né le à Carhaix, facteur à la SNCF à Carhaix, membre duRéseau Johnny, fut fusillé auMont Valérien le[113].
Le, une jeune femme originaire de Carhaix, Marie Le Manach, maîtresse d'un officier allemand et suspectée d'avoir aidé les Allemands à arrêter des résistantsFTP lors de la rafle deCallac le est assassinée chez elle par deux résistants[114], dont Jean Le Jeune[Note 8].
Le, huit jeunes résistants pris par surprise par des Allemands de ladivision de parachutistes Kreta, qui se dirigeait vers lefront de Normandie, dans une ferme du hameau de Lamprat enPlounévézel sont successivement pendus à différents endroits entre Plounévézel etSaint-Caradec, dont l'un, Georges Auffret,23 ans, à l'entrée de Carhaix, route de Brest, devant le café Harnais, et un autre, Marcel Goadec,22 ans, en pleine ville de Carhaix, rue de la Fontaine-Banche (actuelle rue des Martyrs)[115].
Le, la rumeur se répand que les Alliés seraient aux portes de Carhaix. Malgré le fait que Carhaix et sa voisine, Plouguer, soient encore sous le joug allemand, des actes de résistance apparaissent. Comme Étienne Manac'h,32 ans, originaire de Maël-Carhaix et militaire FFI, qui ose brandir un drapeau français en haut de l'église de Plouguer. Il sera fusillé le jour même. Son nom est gravé sur le monument aux morts de la ville.
Selon le témoignage de deux anciens résistants, Étienne Marrec et Yvon Leclerc, la garnison allemande de Carhaix comprenait environ2 000 parachutistes aux ordres dugénéral Ramcke ; celui-ci voulait faire de Carhaix une place forte pour entraver l'avance des Alliés. Aussi la décision fut prise d'évacuer la ville. Le, alors que les troupes américaines étaient déjà auMoustoir, ce fut l'exode, versPlévin de quelque3 000 Carhaisiens (à l'exception dusénateur-maire Lancien, gardé en otage) ; mais les Américains, guidés par des résistants, contournèrent Carhaix, en passant parMotreff etSaint-Hernin, parvenant dans l'après-midi du 5 août àPoullaouen. Les Allemands évacuèrent Carhaix le 7 août, après avoir fait sauter les ponts autour de la ville ; les résistants prirent alors le contrôle de la ville[116].
En 1957, les communes deCarhaix etPlouguer fusionnent pour devenirCarhaix-Plouguer. En1967 ouvre le lycée-ES devenu lycée Paul-Sérusier et collège Beg Avel par la suite. Carhaix est toujours la capitale du Poher, comme voudrait le montrer le nom de lacommunauté de communes dont elle est le chef-lieu et ambitionne d'être un jour celle ducentre-ouest breton, ce qui n'est pas facile, la ville étant handicapée par le découpage administratif (elle est à la limite de trois départements : Finistère, Morbihan et Côtes-d'Armor) et la faiblesse démographique duKreiz Breizh, nouveau nom de l'ancien GALCOB : la lutte en 2010 pour le maintien de son hôpital (finalement fusionné avec le CHU de Brest) et de sa maternité, impulsée par son maireChristian Troadec, montre que cette ambition reste fragile.
Vue panoramique de l'édition 2006 du festival des Vieilles Charrues.
Créé en 1992 dans la commune voisine deLandeleau et déplacé depuis 1995 à Carhaix, lefestival des Vieilles Charrues (Gouel an Erer Kozh en breton) est unfestival de musique accueillant des artistes internationaux, nationaux et locaux ayant pour but de mélanger les genres et être accessible à tout public. Il est rapidement devenu le plus grand festival de musique français pour ce qui est de la fréquentation[117], entraînant un public attiré par l'affiche éclectique et l'esprit festif et convivial. Le record de fréquentation date de 2011, avec 268 000 festivaliers sur quatre jours, dont 212 000 entrées payantes, et environ 5 500 bénévoles[118].
Organisé par l'association Les Vieilles Charrues, la structure reverse une partie des bénéfices pour le développement du tissu associatif et culturel du centre Bretagne. Par exemple, elle a participé au financement du centre culturel l'espaceGlenmor, à l'installation dulycée Diwan après rénovation duchâteau de Kerampuil. Elle soutient également l'association Les Mémoires duKreiz Breizh.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[128]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[129].
En 2022, la commune comptait 7 326 habitants[Note 9], en évolution de +1,19 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
La population de la commune est relativement âgée.En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à30 ans s'élève à 27,9 %, soit en dessous de la moyenne départementale (32,5 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à60 ans est de 37,9 % la même année, alors qu'il est de 29,8 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 3 347 hommes pour 3 817 femmes, soit un taux de 53,28 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,41 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[132]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,9
90 ou +
3,2
11,4
75-89 ans
17,8
19,1
60-74 ans
22,4
21,9
45-59 ans
19,8
14,7
30-44 ans
12,4
17,3
15-29 ans
12,9
14,6
0-14 ans
11,5
Pyramide des âges du département duFinistère en 2021 en pourcentage[133]
RevueSpered Gouez / L'Esprit sauvage, fondée en 1991 parMarie-Josée Christien, éditée par le Centre culturel breton Egin à l'occasion du Festival du Livre en Bretagne.
Revue « Regard d'Espérance[136] », journal d'information et de réflexion, mensuel gratuit publié depuis décembre 1985 par le Centre Missionnaire de Carhaix[137], édité à 8 500 exemplaires comprenant interview, chronique historique, économique, de société, conseil du médecin...Directeur de publication : Y. Charles.
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L'Hôpital de Carhaix est l'établissement de santé majeur de la ville. Il fait partie d'une plus grande structure, leCHRU de Brest, qui comprend en tout sept établissements de soin de la région de Brest[139]. L'hôpital possède entre autres des urgences, des services chirurgicaux ou encore une maternité.
En 2008, l'ARH rend un rapport où elle critique fortement la qualité des soins procurés par la maternité et décide de fermer ce service. Celui-ci est finalement conservé à la suite d'une forte mobilisation de la population et du personnel soignants[140].
Gare ferroviaire de la CFTA, trafic voyageurs vers Guingamp (correspondanceTGV) et destinations SNCF. Appelée Plouguer-Carhaix au temps duRéseau breton.
L'implantation d'une usine de lait infantile par le groupe chinoisSynutra a suscité dans un premier temps de grands espoirs, en partie déçus : la coopérative françaiseSodiaal a dû reprendre en 2019 une partie de l'usine et 180 salariés[143].
L’adhésion à la charteYa d'ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le 27 septembre2004. Le label de niveau 2 de la charte a été remis à la commune le 14 mars2005 et le label de niveau 3 le 31 janvier2009.
À la rentrée2017,572 élèves étaient scolarisés à l’école Diwan et dans les filières bilingues[144].
La filière bilingue de l'enseignement catholique est animée par une association locale Dihun Karaez en lien avec la fédérationDihun Breizh.
La position de Carhaix comme centre de la Bretagne Ouest a été un élément déterminant pour l'implantation de l'uniquelycée Diwan, où la majorité de l'enseignement est dispensée en breton. Il occupe en partie une ancienne maison de retraite près du château de Kerampuilh. Le lycée Diwan accueille 349 lycéens à la rentrée 2018.
Les crèches Galipette / Toutig penn et La main dans la main ont signé la charteDivskouarn.
Carhaix – à l'époqueVorgium – était le chef-lieu du peuple gaulois des Osismes, après la conquête romaine. On trouve un important patrimoine dans la commune[146], notamment de nombreux vestiges gallo-romains.
Monuments religieux
L'église paroissiale Saint-Pierre de Plouguer est à l'origine une église romane, mais elle a été maintes fois remaniée (XVIe – XVIIIe siècle)[147]. Elle est classée Monument historique en 1914[148]. Construite auXIe siècle[149] sur l'ancienne paroisse de Plouguer (rattachée en 1956 à la commune de Carhaix), l’église Saint-Pierre est progressivement supplantée par la collégiale Saint-Trémeur qui constitue le véritable centre d’urbanisation, mais elle conserve son statut et ses privilèges d’église principale[150]. De l'édifice roman subsiste l'ouest de la nef : côté nord, quatre travées sont conservées. Côté sud, seules deux travées et demi (en partie murées) subsistent[151]. La nef s’ouvre sur le bas-côté par des arcades de plein cintre à simple rouleau retombant sur de larges piliers rectangulaires, surmontées de fenêtres hautes percées dans un haut mur nu[150]. L'édifice connait une importante campagne de construction auXVIe siècle dans le style gothique flamboyant : la partie orientale de la nef et des bas-côtés est reconstruite[150]. Elle se caractérise par ses hautes arcades en tiers point portées par des piliers octogonaux[151]. La nef et les bas-côtés sont couverts d’une toiture unique à deux pans. La sacristie est bâtie (elle porte l’inscription “1514”)[147], ainsi que le porche sud, qui possède une arcade en fer à cheval[152]. Un clocher-porche imitant celui de Saint-Trémeur, en plus modeste, est élevé à l'ouest dans le prolongement de la nef[150]. Le chœur à pans coupés est remanié en 1746[147]. L'église est gravement endommagée par un incendie en 1923[147] qui détruit la charpente, le mobilier du chœur et les autels latéraux. Sa restauration est achevée en 1927[151].
Le couvent des Augustins dont il ne subsiste que quelques arcades et un portail. Son cloître a été vendu auCloisters Museum deNew York en1930[156]. Ses vestiges sont inscrits au titre des Monuments historiques en 1988[157].
Le couvent des Carmes dont il ne subsiste que la façade de l'ancienne chapelle ; les services de l'urbanisme de la ville y sont installés.
L'ancien couvent des Hospitalières et la chapelle Notre-Dame-de-Grâce. Fondé en 1663 par Anne du Chastel de Kerlech, sa construction fut achevée vers 1698.
La chapelle Notre-Dame-des-Grâces, bien que désaffectée, est la seule trace subsistante des religieuses hospitalières chargées de la gestion de l'hôpital Sainte-Anne. La chapelle a été construite en 1663 par Anne du Chastel de Kerlec'h. Un incendie survenu en 1875 a accéléré la ruine des bâtiments.
Carhaix : la maison du Sénéchal, détail de la façade.
La maison du Sénéchal (actuellementoffice de tourisme), datant duXVIe siècle, où siégea Guillaume Guinamant,sénéchal de Carhaix en 1562, député de Carhaix auxÉtats généraux en 1576-1577 àBlois et un des rédacteurs de la nouvellecoutume de Bretagne de 1580 et auteur de l'usement du PoherSommaire déclaration que fait le sénéchal de Karhaye de l'usance observée de tous temps au terrouer de Poher pour les détenteurs de tenues à titres convenant franc et congéable. Elle est classéeMonument historique depuis 1922 (façade rue Auguste-Brizeux) et 1976 (façade rue Félix-Faure).
Le pont de Petit Carhaix : ce pont sur l'Hyères date probablement duXVIIIe siècle et est à la limite des communes de Carhaix etPlounévézel. Le seigneur de Tymeur enPoullaouen y percevait des droits.
Le pont de Moulin-Meur : situé aussi sur l'Hyères (en aval du précédent), il date également probablement duXVIIIe siècle et le seigneur de Tymeur y percevait aussi des droits. Ce pont est situé sur l'anciennevoie romaine reliantVorgium à l'Aber-Wrac'h.
Lechâteau de Kerampuil : l'actuel château, situé alors dans latrève deSaint-Quijeau a été construit en1760 par Charles Robert, comte de Kerampuil, descendant de la famillede Saisy de Kerampuil et dont l'un des ancêtres Alain de Kerampuil fut écuyer deBertrand du Guesclin.Bien national pendant laRévolution française, il fut ensuite restitué à ses anciens propriétaires et la famille le vendit en 1939 pour qu'il serve d'hospice. Il est devenu propriété de la ville de Carhaix en 1999. Sa façade et ses toitures sont inscrites à l'inventaire supplémentaire desMonuments historiques depuis 1965. Gilles de Kerampuil (vers 1530-1578) fut curé deCléden-Poher et un lettré de son temps.
Le château Rouge (Kastel Ruz) a été construit au début duXXe siècle par l'architecte Le Guerranic pour Constant Lancien, notable carhaisien de l'époque.
La place de la Tour-d'Auvergne correspond à l'ancienne place du Champ-de-Bataille aménagée en 1760. Une statue en bronze, hommage àThéophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret et sculptée par le baronCarlo Marochetti, a été érigée place de la Tour-d'Auvergne le.
Le manoir de Kerampest faisait partie de l'ancienne trève de Saint-Quijeau en Plouguer. Il n'en subsiste que des vestiges datés duXVIe siècle[158].
Le monument aux morts, représentant une mère, a été sculpté parRené Quillivic.
Le projet"StoneBreizh" vise à édifier uncromlech s'inspirant de celui deStonehenge au cœur du Poher[161] : le premier menhir a été mis en place en juillet 2022.
Marie-Louise Cloarec, née à Carhaix le, quitte Carhaix en 1940 pour Grenoble puis Alger et s'engage dans le corps des transmissions. Arrêtée par laGestapo le àParis, elle est envoyée au camp de concentration deRavensbrück où elle est fusillée le[164].
Yvette Grollet-Briand, née à Carhaix en 1925, pionnière de l'aviation de l'Armée de l'Air.
Yvon Charles, journaliste et pasteur protestant, fondateur de la revueRegard d'Espérance, du Centre Missionnaire protestant de coat-y-louarn, du groupe scout « ar menez ».
Mikaël Kerne, né Michel Floc’h, à Scaër, le 6 août 1942, chanteur, auteur-compositeur.
Marie-Josée Christien, née en1957 àGuiscriff, poète et critique littéraire, fondatrice de la revueSpered Gouez / L'Esprit sauvage en 1991, membre du jury du Prix du Roman de la Ville de Carhaix depuis 1999.
Ernest du Laurens de la Barre a retranscrit un conte traditionnel breton intituléTrémeur ou l'homme sans tête[166], qui commence ainsi :
« Il y avait autrefois, du côté de Plouguer, là-bas, sur les bords de l'Aulne, au-dessous de Carhaix, un village habité par des païens qui adoraient des dieux, des déesses, des diablesses et un tas de vilaines choses. J'ai entendu dire par des savants que leurs chefs s'appelaient desdruides... »
Le blason de Carhaix-Plouguer. D'or au bœuf de sable colleté, clariné et accorné d'argent. Présent sur l'armorial d'Hozier de1696.
Le blason de Carhaix-Plouguer. Un arbre chargé de deux oiseaux et accompagné de deux fleurs de lys. Présent sur l'armorial de Potier de Courcy, (Sceau 1306).
Collectif (Erwan Chartier, dir.),Carhaix : deux mille ans d'histoire au cœur de la Bretagne, Éditions ArMen, 2005, 203 p.
Carhaix et le Poher, itinéraires intérieurs, directionMarie-Josée Christien (hors-série Spered Gouez, 2004)
Ronan Gorgiard,Les Vieilles Charrues : le Wood-soc breton :10 ans de labour, Éditions An Here, 2002
Mesgouez D.,Histoire des rues de Carhaix, Coop Breizh, Spezet, 1991
François Moal,Carhaix et le Poher : aux carrefours de l'histoire, Coop Breizh, Spezet, 1986
Louis Pape.La Civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine. Presses universitaires de Rennes, 1978. Thèse universitaire.
Jean-François Caraës, "Les origines féodales de la ville de Carhaix, topographie de la cité médiévale",Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t.CXIII, 1984,p. 117-136
Jean-François Caraës, "Le roman de Tristan et la Bretagne armoricaine",Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 1986, t.LXIV, 1987,p. 29-51
↑Inscription portant« Marcus Quonomorus Drustanus » trouvée àCastle Dore(en) enCornouailles britannique, qui pourrait mentionner le roiMarc'h ou son neveu, Tristan
↑Acte concernant un litige de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé
↑«Les Francoys arivez ô les Bretons de la partie monseigneur Charles, il eut si grand ost que grant terre pourprnoient ses gens d'armes. Et lors les mena asseoir la ville de Karahès fut par le greveulx assault tellement tourmentée que ses habitans enfin furent contrains à la mectre à son obéisance » écrit Froissart
↑Né en 1921 àPlévin, militant communiste, devint pendant l'été 1943 responsable du Parti communiste clandestin pour sept cantons du sud-ouest du département desCôtes-du-Nord. Arrêté par 4 gendarmes français àLanvellec, blessé par une patrouille allemande alors qu'il tentait de s'évader et hospitalisé àLannion, il est libéré par un commando FTP. Il anime ensuite le groupe de résistants "Bataillon Guy Moquet" actif dans les communes de Plévin,Paule,Maël-Carhaix etGlomel et participe à la bataille de la Pie en Paule le qui fit36 tués parmi les résistants, auxquels s’ajoutent des paysans arrêtés dans leurs fermes et fusillés. Il participa par la suite aux combats pour la libération des Côtes-du-Nord et la réduction des poches allemandes deLorient et deSaint-Nazaire, voirhttp://almrd22.fr/IMG/pdf/Hommage_a_JEAN_LE_JEUNE.pdf
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Procès-verbal des séances du conseil général du Finistère, session de 1862,[lire en ligne].
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑Louis Pape,La Civitas des Osismes à l’époque gallo-romaine. Paris, C. Klincksiek, Institut armoricain de la recherche économique et humaine, 1978
↑a etbJacques Briard, Pierre-Roland Giot, Louis Pape,Protohistoire de la Bretagne, Édilarge (Groupe SIPA - Ouest-France), Rennes, juin 1995, 422 p. [(ISBN2-7373-1659-6)], 1995
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↑Jean-Pierre Leguay,Vivre dans les villes bretonnes au Moyen Âge, PUR, juin 2009
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↑Société d'émulation de Brest,Annuaire de Brest et du Finistère pour… / publié par la Société d'émulation de Brest, Imprimerie de Combes et Bonetbeau, Brest, 1851,[lire en ligne].
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; 2-7. États généraux ; Cahiers des sénéchaussées et bailliages. Série 1 / Tome 2 / impr. par ordre du Sénat et de la Chambre des députés ; sous la dir. de MM. Jules Mavidal et Émile Laurent... consultable surGallica.
↑Décret de l'Assemblée nationale, 11 septembre 1791, Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; 8-17, 19, 21-33. Assemblée nationale constituante. 30. Du 28 août au 17 septembre 1791 / impr. par ordre du Sénat et de la Chambre des députés, consultable surGallica.
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↑Cambry,Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l'an III, consultable surGallica.
↑Frank Davies, en fait révérend E.W.L. Davies, vint chasser deux années de suite en Bretagne, probablement en 1854 et 1855, mais ne publia ses souvenirs que vingt ans plus tard.
↑Gustave Flaubert,Œuvres complètes de Gustave Flaubert, tome 10,Par les champs et par les grèves ; Voyages et carnets de voyages, Société des études littéraires françaises, 1973 (première édition 1885),[lire en ligne].
↑Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, éditeur Libella, collection Libretto, 162 pages, Paris, 2019.(ISBN978-2-36914-446-5).
↑René Kerviler, Recherches et notices sur les députés de la Bretagne aux États-généraux et à l'Assemblée nationale constituante de 1789, 1885, consultable surGallica.