Lacaraque ounef est un grand navire de la fin duMoyen Âge. Mise au point à l'époque desCroisades en mer Méditerranée à partir du modèle de lacogue, elle-même issue dubateau viking (dit « drakkar »), elle est utilisée enmer du Nord et enmer Baltique. Un des premiers types de navires européens à pouvoir s'aventurer en haute mer, elle est utilisée, aux côtés de lacaravelle, par les navigateurs à l'époque desgrandes découvertes.
La caraque est caractérisée par une coque arrondie et deuxchâteaux, à l'avant et à l'arrière, permettant un gros emport de charge. C’est un vaisseau à trois ou quatre mâts, lemât d'artimon (à l’arrière) portant unevoile latine et les autres desvoiles carrées ; le quatrième mât, lorsqu’il existe, peut porter une voile latine ; lebeaupré portait en outre unecivadière et parfois une contre-civadière[1].
En français, ce mot est attesté pour la première fois vers 1245 (Philippe de Novare,Mémoires) sous la formekaraque, avec le sens de « petit bateau sarrazin » ; en 1391 (Laborde,Comptes du roy), le motcarraque signifie « grand bateau à voiles »[2].
Le motcaraque vient de l'italiencarraca, en usage en particulier dans la marinegénoise[2],[3], lui-même issu de l'arabeharrāqa « brulôt, barque »[2], deharaq (حرق) « brûler ».
À la fin du Moyen Âge,nef est synonyme decaraque. Le motnef est attesté dès leXIe siècle au sens de « navire » (cf. laBlanche-Nef) et est issu du latinnavis « embarcation, bateau, vaisseau »[4] « embarcation, bateau, vaisseau ». Du radicalnavi- dérivent aussinavigare, à l'origine des termesnager,naviguer ;navigatio >navigation ;navigator >navigateur, etc.
Les cogues mesurent alors 30 mètres de longueur et 8 mètres de largeur, et portent deux mâts avec un total de six voiles carrées très efficaces par vent arrière. Ce sont des navires de construction robuste comme leurs ancêtres lesbateauxvikings : une coque arrondie, dont lebordage est àclin, c’est-à-dire que les planches se recouvrent partiellement pour se renforcer.
En ce qui concerne la voilure, le mât arrière (mât d'artimon) de la caraque est gréé avec une voile latine, adaptée à la navigation dans cette mer resserrée, où l'on est souvent obligé de remonter au vent. Mais, comme sur la cogue, les autres voiles sont carrées.
Un des changements les plus importants est l'apparition demâts supplémentaires : les caraques sont dotées de trois, voire quatre mâts.
L'augmentation du nombre de mâts et de la surface de voilure permet une augmentation de la taille des navires, et à la fin duXIVe siècle, on en arrive à des bateaux jaugeant parfois milletonneaux.
Comme la cogue, la caraque sert de façon indifférenciée au commerce ou à la guerre ; pour l'usage militaire, elle est pourvue de deux tours construites en bois directement sur lepont, qui permettent, comme leur équivalent terrestre, de surplomber l'adversaire, donnant l'avantage de la hauteur en particulier auxarchers.
C'est sur ces navires qu'ont lieu les innovations qui révolutionnent la guerre sur mer, notamment l'usage de l'artillerie navale avec lesabord qui lui est associé. Les caraques représentent une bonne partie des flottes de guerre duXVIe siècle.
Les tours devinrent progressivement de plus en plus hautes, nuisant grandement à la stabilité du navire en l'alourdissant dans les hauts : c'est la cause notamment du naufrage duVasa.
À la suite de l'apparition auXVIe siècle, dugalion, caractérisé par sapoupe carrée, beaucoup plus maniable, la caraque est abandonnée progressivement pour l'usage militaire.
Les dernières caraques construites sont dotées du bordage dit « à franc-bord », avec des planches jointives, renforcées de l'intérieur par lesmembrures.
Néanmoins, laflûte, plus adaptée pour le port de charge, finit par la supplanter pour le commerce auXVIIe siècle.
LaSanta María, navire amiral de l'escadre deChristophe Colomb lors de son premier voyage (août 1492-mars 1493) : mais laSanta Maria s'échoue àHispaniola en décembre 1492 et est démantelée sur place pour construire un fort (les deux autres navires sont des caravelles).