Caramany est une commune rurale qui compte 130 habitants en 2022, après avoir connu un pic de population de577 habitants en 1846. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Perpignan. Ses habitantssont appelés les Caramagnols ou Caramagnoles.
Sur le plan historique et culturel, Caramany fait partie duFenouillèdes, une dépression allongée entre lesCorbières et les massifs pyrénéens recouvrant la presque totalité du bassin de l'Agly. Ce territoire est culturellement une zone delangue occitane[6].
De multiples plis et failles recoupent ces unités lithologiques.[réf. nécessaire]
Le village est entouré de nombreuses grottes, creusées dans letuf, qui est aussi utilisé dans la partie supérieure du clocher du village.[réf. nécessaire]
La commune est classée en zone de sismicité 3, correspondant à une sismicité modérée[10].
Le lac.Le lac à un niveau historiquement bas, été 2008.
Caramany est traversée par l'Agly. Laretenue d'eau de ce fleuve crée unlac situé en majeure partie sur le territoire de la commune.
Ce lac a une superficie de 170 hectares, pour une longueur d'environ 7 km.
À l'été 2008, le village a été touché par une pénurie d'eau sans précédent[11]. Des mesures draconiennes ont été prises par la préfecture. Le lac a atteint son niveau le plus bas depuis son inauguration en 1994. Une sécheresse encore plus sévère touche la commune, comme l'ensemble du département, à partir du printemps 2022[12],[13].
Dès sa mise en eau en 1994, le lac a été aleviné par la Fédération Départementale des Associations de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques des Pyrénées-Orientales.[réf. nécessaire]
Il existe également un certain nombre de ruisseaux permanents ou temporaires, qui irriguent les deux rives carmagnoles de l'Agly. Sur la rive droite, au sud de la commune, se trouvent notamment les ravins de Balderbe, de la Bécède et de la Teulière. En outre, un réseau de canaux d'irrigation de jardins alimente en eau une partie réduite du territoire communal, à l'ouest du bourg, au pied de la colline de Péménard. Ces canaux sont gérés par uneassociation syndicale autorisée (ASA)[14].
Au, Caramany est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[I 2].Elle est située hors unité urbaine[I 1]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Perpignan, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[I 1]. Cette aire, qui regroupe 118 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[I 3],[I 4].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (61,8 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (63,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (36,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (25,2 %), cultures permanentes (19,7 %), zones agricoles hétérogènes (9,5 %), eaux continentales[Note 5] (8,9 %)[24]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
L'accès à Caramany peut se faire par plusieurs voies routières :
la route départementale D 21 est la seule à traverser le bourg. Au sud-est, elle est en provenance deBélesta,Montalba-le-Château etIlle-sur-Têt. Elle rejoint la D9 au nord-ouest du bourg, après avoir traversé le lac ;
Le territoire de la commune de Caramany est vulnérable à différents aléas naturels :inondations, climatiques (grand froid oucanicule),feux de forêts, mouvements de terrains etséisme (sismicité modérée). Il est également exposé à un risque particulier, le risque radon[25],[26].
Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par lerisque d’inondation par crue torrentielle de cours d'eau dubassin de l'Agly[27].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont soit des mouvements liés auretrait-gonflement des argiles, soit des glissements de terrains, soit des chutes de blocs, soit des effondrements liés à descavités souterraines[28]. Une cartographie nationale de l'aléaretrait-gonflement des argiles permet de connaître les sols argileux ou marneux susceptibles vis-à-vis de ce phénomène[29]. L'inventaire national des cavités souterraines permet par ailleurs de localiser celles situées sur la commune[30].
Carte des zones inondables.
Carte des zones d'aléa retrait-gonflement des argiles.
Dans le département des Pyrénées-Orientales, on dénombre sept grands barrages susceptibles d’occasionner des dégâts en cas derupture. La commune fait partie des66 communes susceptibles d’être touchées par l’onde de submersion consécutive à la rupture d’un de ces barrages[31].
Dans plusieurs parties du territoire national, leradon, accumulé dans certains logements ou autres locaux, peut constituer une source significative d’exposition de la population auxrayonnements ionisants. Toutes les communes du département sont concernées par le risque radon à un niveau plus ou moins élevé. Selon la classification de 2018, la commune de Caramany est classée en zone 3, à savoir zone à potentiel radon significatif[32].
Le nom de la commune est attesté sous les formesKaramay en1211,Karamanho en1242[33],Caramain en 1261[34],Caramayn en1304 etCaramany en1395[35]. Sur les cartes deCassini duXVIIIe siècle, on trouveCaramaing, graphie encore utilisée auXIXe siècle en concurrence avecCaramany[36].
Enoccitan, le nom de la commune estCaramanh dans la graphie moderne dulanguedocien. Toutefois, il paraît normal de conserverCaramany qui correspond à la graphie catalane en usage depuis le Moyen Âge[35]. Les deux graphies correspondent à la même prononciation d'unn finalmouillé, proche de ce qui en français s'écrirait « Caramagne »[35].
Le panneau d'entrée du village
Étymologie
Il s'agit d'un type toponymique basés sur l'élément pré-indo-européen*kar « pierre », devenuquer à l'époque médiévale, suivi du latinmagnus « grand »[37],[38], d'où le sens global de « grande pierre », appliqué par extension à tout rocher fortifié et prenant donc le sens degrand château-fort[35].
Une autre explication fait appel au nom de personne germaniqueCaraman, repris tel quel[39].
L'histoire du village est étroitement liée à celle de l'Agly. Lors de la construction dubarrage, d'importantes fouilles archéologiques ont permis la découverte de nombreux vestiges, dont une ceux de lanécropole du Camp del Ginèbre datant duNéolithique[Note 6] vieille de plusieurs milliers d'années. Ces occupations, d'abord implantées sur la rive gauche, se poursuivront auMoyen Âge sur la rive droite, à l'emplacement de l'actuel cimetière, certainement pour se rapprocher de ce Grand Rocher, sur lequel s'élèvera unchâteau fort puis le village lui-même.
Le village de Casas ou Cazes, attesté au Xe siècle et aujourd'hui disparu, s'étendait autour de l'église Saint-Étienne de l'Horto. Il précède l'existence du village de Caramany[40]. Les seigneurs de ce village étaient les comtes de Cerdagne dontBernard Taillefer. En 1017, il donne l'église de Casas à son filsGuifré, évêque de Besalú, tandis que le village revient à son autre fils, nommé Hugues, ancêtre probable des seigneurs de Caramany. La dernière trace documentaire de Casas date de 1177.
La première mention connue de Caramany remonte à 1211[40], alors que l'existence d'une familleseigneuriale est attestée en1242 ; cette année-là, Huguet de Caraman est un des principauxchevaliers de la vicomté de Fenouillet, suzerain des lieux. En1258, letraité de Corbeil rattache définitivement la vicomté de Fenouillèdes au royaume de France, et Caramany, comme tous leschâteaux voisins, devient alors un poste avancé pour la défense de lafrontière. Le village voisin deBélesta a gardé la trace de cette époque puisque est parfois ajoutée au nom du village la dénomination « de la Frontière ».
Abandonnée par ses premiers détenteurs qui ont préféré rester du côté catalan, la seigneurie verra se succéder un grand nombre de propriétaires : après laRévolution, le dernier, le comte de Mauléon Narbonne a vendu ses biens, château et terres, aux habitants de la commune.
Les surfaces cultivées augmentent, et à la culture descéréales et desoliviers succède la vigne qui devient, auXXe siècle, la seule ressource économique de la commune. Lacave coopérative dont la construction est lancée en1923 pour une mise en service l'année suivante[41], s'est lancée dans une démarche de qualité dès1966[42]. Lavinification par le procédé de lamacération enraisin entier à l'époque incitée par l'œnologue Jean Rière, a construit la renommée desvins de Caramany[42].
À l'instar de nombre de petits villages, plusieurs croyances et légendes ont été véhiculées de génération en génération. La plus connue d'entre elles dans le village est certainement celle descanons de Caramany, entretenue par la présence de deux poutres dépassant du mur sud du château. Pendant laguerre du Roussillon, qui oppose le royaume d'Espagne aux révolutionnaires français, en 1793, elles auraient ainsi été prises pour des canons par des Espagnols ayant pris la décision de s'aventurer vers le nord[43].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[49]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[50].
La population de la commune ne cesse de baisser depuis le début duXXe siècle, comme pour bon nombre de communes rurales françaises. L'arrivée de nouvelles familles et de Britanniques pourrait relancer la croissance démographique du village, dont la population communale s'établit actuellement, en 2007, à142 habitants[I 5]. Depuis le milieu des années 2000, la démographie communale se stabilise voire augmente de nouveau très légèrement (148 habitants pour les chiffres 2013).
Le village, peuplé d’environ430 habitants à la Révolution, a connu une croissance jusqu’au milieu duXIXe siècle, puis un déclin lent et régulier jusqu'en 1886, date qui marque un retournement de tendance, la population connaissant des creux et des pics jusqu’en 1911. Après laPremière Guerre mondiale,exode rural et pertes dues aux conflits mondiaux se conjuguent pour faire perdre 75 % de sa population à la commune en moins d'un siècle.
En 2018, la population âgée de 15 à 64 ans s'élève à66 personnes, parmi lesquelles on compte 66,7 % d'actifs (50 % ayant un emploi et 16,7 % de chômeurs) et 33,3 % d'inactifs[Note 8],[I 6]. Depuis 2008, letaux de chômage communal (au sens du recensement) des15-64 ans est supérieur à celui de la France et du département.
La commune fait partie de la couronne de l'aire d'attraction de Perpignan, du fait qu'au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle[Carte 2],[I 9]. Elle compte26emplois en 2018, contre 39 en 2013 et 28 en 2008. Le nombre d'actifs ayant un emploi résidant dans la commune est de 33, soit unindicateur de concentration d'emploi de 78,8 % et un taux d'activité parmi les15 ans ou plus de 33,6 %[I 10].
Sur ces 33 actifs de15 ans ou plus ayant un emploi, 9 travaillent dans la commune, soit 27 % des habitants[I 11]. Pour se rendre au travail, 80 % des habitants utilisent un véhicule personnel ou de fonction à quatre roues, 10 % s'y rendent en deux-roues, à vélo ou à pied et 10 % n'ont pas besoin de transport (travail au domicile)[I 12].
Le destin économique, touristique et démographique de la commune dépend désormais du lac du barrage, qui devrait être aménagé à partir de 2016 avec une zone de baignade, et de la viticulture avec les vignes.
Le secteur primaire, qui emploie 81,8 % des actifs, est très largement dominant dans la commune, orienté uniquement vers la culture viticole[I 14]. La cave coopérative de Caramany reste le seul commerce et la seule industrie de transformation de la commune. Elle a été rénovée en 2008, présentant un nouveau design, un nouveau slogan[59], un nouvel accueil. Elle regroupe 80 vignerons[42].
Les vignes sont de cépagessyrah,grenache noir,carignan, Lladoner Pelut, plantées sur des terrains d'arène granitique etgneiss. Les vins nécessitent un assemblage minimum de deux de ces cépages[60].
Le vin rouge de Caramany obtient régulièrement des médailles aux concours nationaux (médailles d'or en 2007, 2008, 2009, 2010, médailles d'argent en 2007 et 2009, médaille de bronze en 2004 et 2005 auConcours général agricole[61],Mâcon…)
Les services divers emploient 15,2 % de la population active[I 14].
La commune a été durement touchée par l'exode rural, prolongé par une déprise agricole marquée. Si celle-ci s'est caractérisée par une démarche de qualité dans la production viticole et une baisse de la surface employée et des effectifs dans le secteur, elle a aussi sans doute contribué à ce qu'on appelle parfois la désertification des services de proximité. Une brochure touristique datant de 1977 enseigne que l'on trouvait à cette date à Caramany une épicerie, un tabac, une quincaillerie, une boulangerie et un local de vente-exposition d'artisanat local[62]. En 2010, ne subsistent que des commerces ambulants, avant que ne rouvre un bar-snack-épicerie au début des années 2010.
Si l'activité touristique reste embryonnaire, elle se développe en été. La commune dispose d'un terrain de camping municipal, le camping du Lac, ouvert en période estivale, et de plusieursgîtes ruraux, qui hébergent les touristes pratiquant la randonnée (plusieurs sentiers balisés et unsentier d'interprétation[63] mis en place par le Pays d'accueil Agly-Verdouble traversent la commune), suivant la route des Vins ou se rendant ensuite dans les stations balnéaires de la côte (Canet-en-Roussillon,Saint-Cyprien,Le Barcarès, ou encoreCollioure. Il est possible de déguster les vins des vignerons de la commune au stand de la cave mais également à l'auberge du Grand-Rocher ou au bar de la place.
Chaque été, la municipalité propose des animations (feu de St-Jean, concours depétanque, loto (rifle),sardanes, grillades, visites etrandonnées, soirée dansante).
L'activité touristique du village pourrait être considérablement amplifiée avec l'ouverture du site de baignade du lac, dont le projet est lancé en 2016. Un commerce pourrait également voir le jour avec les travaux.
L'église Saint-Étienne, particulièrement riche en sculptures. Son clocher original a été construit par les habitants à la fin duXIXe siècle, sous la direction du curé. Le Clocher a été inscrit au titre desmonuments historiques en 1972[64].
Le vieux village.
Le château, nom donné à l'ancien château médiéval abritant désormais des habitations.
La maison Chauvet, la plus grande du village, du nom de la famille de drapiers l'ayant acquise auXVIIe siècle.
↑Les ZNIEFF detype 1 sont des secteurs d’une superficie en général limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du milieu du patrimoine naturel régional ou national.
↑Les ZNIEFF detype 2 sont de grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑La principale photographie de la couverture de l'ouvrage deJean-Paul DemouleLa Révolution néolithique en France (éd. La Découverte) est celle de la nécropole de Caramany -[1]
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Les inactifs regroupent, au sens de l'Insee, les élèves, les étudiants, les stagiaires non rémunérés, les pré-retraités, les retraités et les autres inactifs.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑a etbRenaud Labadie Savy, « Le site de l’Horto à Caramany et Saint-Étienne de Casas dans l’évêché de Besalú au tournant de l’an mil (Pyrénées-Orientales) »,Bulletin de la SASL,vol. 2022-2023,, pp. 195-209