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Carême
Allégorie du Carême,eau-forte deValerio Spada (v. 1650) : l'artiste a représenté un escalier de quarante marches grises (les jours ouvrés) interrompues par sept paliers blancs (les six dimanches de Carême et le dimanche de laRésurrection). Divers épisodes des Évangiles des dimanches de Carême se trouvent sur la droite, l'ensemble étant entouré par des scènes de la vie quotidienne àFlorence.
Le Carême se termine par une période de jeûne et de célébrations plus intenses, laSemaine sainte, qui précède la fête de Pâques. Le Carême doit être, pour les fidèles, une période d'approfondissement, deprière et de détachement des biens matériels en préparation de la fête de Pâques ; l'alimentation doit être plus frugale, avec en particulier une diminution des aliments d'origine animale.
Le nom « carême » provient de la contraction du mot latinquadragesima, qui signifie « quarantième ». On appelle aussi le Carême la « Sainte Quarantaine ». La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne deMoïse avant la remise desTables de la Loi et les quarante jours de latentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels il fut tenté parSatan, d'après lesÉvangiles synoptiques.
Les disciples de Jésus ne jeûnaient pas, alors que lespharisiens et les disciples deJean le Baptiste pratiquaient lejeûne (Matthieu, IX, 14) :« Alors les disciples de Jean vinrent auprès de Jésus, et dirent : Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous, tandis que tes disciples ne jeûnent point ? »[1].
Les jours qui ont précédé laPâque, ni Jésus ni ses disciples n'ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa passion. (Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2). C'est durant leconcile de Laodicée (v. 363-364) que fut prescrite laxérophagie, c'est-à-dire l'usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au Carême.
L'une destoiles de la Passion traditionnellement déployées jadis dans les églises pendant le carême. Tableau d'Oswalt Kreusel (1593), abbaye de Millstatt,Autriche.
Le Carême commence lemercredi des Cendres et prend fin leJeudi saint, lorsque débute la messe du soir[3]« In Cena Domini » (Cène du Seigneur) marquant l'entrée dans leTriduum pascal. C'est pour les fidèles de l'Église catholique un temps de conversion au moyen de l'aumône, de la prière, du jeûne et de la pénitence, laquelle se doit d'être aussi un combat spirituel.
En fonction de leur âge[4] et de leur aptitude, les fidèles doivent jeûner[5] au minimum les jours dumercredi des Cendres et duVendredi saint[6], et faire abstinence de viande les vendredis[6]. Dans le folklore populaire, le mercredi des Cendres est précédé par leMardi gras et lecarnaval, qui signifie « ôter la viande » (carnelevamen) en latin, sans que ces manifestations n'aient de statut religieux[7]. Les catholiques sont également invités à marquer le Carême en renonçant à une chose ou habitude à laquelle ils sont attachés, cela n'étant pas nécessairement lié à la nourriture.
LesÉglises réformées n'imposent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, l'insistance porte durant cette période sur la prédication et laméditation. Si dans leluthéranisme on trouve parfois la recommandation de l'abstinence de viande leVendredi saint, leprotestantisme n'est pas directif, aucune consigne particulière n'ayant été laissée par lesapôtres.
Dans leslauresorthodoxes, la Sainte Quarantaine est une période de jeûne dans la réclusion au désert et la solitude tandis que la Semaine sainte est un moment de jeûne différent[11].
Les Églises de rite byzantin pratiquent également un second carême : le « carême de Noël », du 15 novembre au 24 décembre[12].
Le théologienorthodoxeAlexandre Schmemann écrit :« Avant tout le Carême est un voyage spirituel et sa destination est Pâques »[13]. L'importance et la rigueur du Carême dans l'Église orthodoxe est à la mesure de l'importance qu'elle porte à la fête dePâques[14]. C'est lors de la fête de Pâques que se rassemble le plus grand nombre de fidèles dans les pays de tradition orientale (orthodoxes etcatholiques de rite byzantin) ; c'est, bien plus qu'à Noël, le seul jour de fête où viennent même ceux qui ne pratiquent pas habituellement.
Le Carême des Églises derite byzantin est précédé d'une période de préparation, appeléepetit carême, qui se termine par lecarnaval. Le Carême proprement dit, appeléGrand Carême, commence au lendemain du dimanche de carnaval, leLundi pur (quarante-huit jours avant Pâques).
Les quelques jours qui précèdent le Carême sont fêtés par descarnavals dans certaines traditions. Ces carnavals trouvent leur origine dans des célébrations païennes et sont perçus comme la dernière occasion de faire bombance avant la période de jeûne. Ils peuvent s'étaler sur une période de plusieurs jours, qu'on appelait Carême-prenant, mais le mardi de Carême-prenant, c'est-à-dire leMardi gras, est en général le jour où le carnaval bat son plein.
Lami-Carême est fêtée le jeudi de la troisième semaine entière des quarante jours de pénitence.
Macaire de Simonos Petra,Mystagogie du Grand Carême : essai de théologie du Temps liturgique, Limours, Apostolia,, xv, 563, 24 cm(ISBN979-1-09745-429-6,OCLC1024104636).
↑« Normes universelles de l'Année liturgique et du Calendrier - Chapitre 1: l'Année liturgique - III Le temps du Carême, n°28 », dansMissale Romanum,(lire en ligne)
↑L'Église définissant le jeûne à observer comme étant a minima partiel, de l'ordre d'un seul repas complet, et d'une collation le matin et le soir, définies par les coutumes locales ; cf. Constitution apostoliquePænitemini[(en) lire en ligne]
↑Au contraire, à partir de 1556 l'ordre desJésuites initie même l'habitude, en parallèle du carnaval, de l'adoration dites des Quarante-Heures, en réparation pour les excès commis durant les festivités.[lire en ligne]
↑Isabelle Fievet, « Le Carême est inconcevable pour nous protestants »,La Croix,(lire en ligne).
↑Hiéromoine Macaire Simonopétrite,Le Synaxaire, Vies des saints de l'Église orthodoxe, éd. Périvoli, Thessalonique 1990. Notices des saintsSabas le Sanctifié (5 décembre),Euthyme le Grand (20 janvier),Théodose le Cénobiarque (11 janvier).
↑Le Grand Carême, Alexandre Schmemann, Abbaye de Bellefontaine, 1974.
↑« Toute la liturgie de l'Église est ordonnée autour de Pâques, et, ainsi, l'année liturgique, c'est-à-dire la succession des saisons et des fêtes, devient un voyage, un pèlerinage vers Pâques, vers la Fin qui est en même temps le Commencement : fin de ce qui est vieux, commencement de la vie nouvelle, un passage constant de ce monde au Royaume déjà révélé en Christ » dansLe Grand Carême, Alexandre Schmemann, Abbaye de Bellefontaine, 1974.