Son titre était à l'origineL'Art d'être malheureux[3]. C'est lors de la correction des épreuves qu'Éluard trouve le titre deCapitale de la douleur, où se superposent de riches ambiguïtés : on pense au sens géographique, mais aussi à la peine capitale, et à un témoignage capital sur la douleur ainsi qu'à la capitale où convergent les malheureux. Éluard dit sa douleur en lettres capitales. Il entend, grâce à l'utilisation du « Je universel » faire en sorte que chacun puisse se reconnaître en lisant ces poèmes.[réf. nécessaire]
Jean-Charles Gâteau parle d’« autobiographie poétique » concernant la rédaction de ce recueil.[réf. nécessaire] Paul Éluard vit alors avecGala etMax Ernst. Gala pose pour Max Ernst, sous les yeux d'un Éluard malheureux (dans le poème liminaire « Max Ernst », le dernier vers est :« La première montre ses seins. ») qui a des yeux trop pleins d'amour« pour dépeupler un monde dont [il est] absent » (dernier vers du poèmeGiorgio De Chirico).
Le recueil comprend quatre sections :
Répétitions (pp. 7-46 de l'édition originale) : Il s'agit de la reprise intégrale des trente-cinq poèmes[4] du recueil homonyme paru en 1922[5], réalisé en pleine périodedada en collaboration avec Max Ernst.Capitale de la douleur - édition sans illustration - ne reprend pas les dessins de 1922. A en croire les indications données par Éluard dans une lettre àJacques Doucet[6], les plus anciens poèmes datent de 1914.
Mourir de ne pas mourir (pp. 47-76) : là aussi il s'agit de la reprise d'un recueil précédent, celui de même nom publié en 1924, à l'exclusion des poèmes de la section intituléeLes petits justes (isolés dans la section suivante). Le titre est emprunté à un versque muero porque no muero de la glose du cantiqueVivo sin vivir en mí deThérèse d'Avila . Eluard exprime l'amour profane sous les mêmes termes que l'amour mystique de la Sainte d'Avila - le poète souffre tellement qu'il se meurt de ne pas mourir de la douleur ressentie...
Les Petits justes (pp. 77-90) : cette courte section (onze poèmes) reprend les 6 poèmes publiés dansMourir de ne pas mourir (1924) (désormais numérotés I-V, XI) augmentés de 5 nouveaux poèmes (VI-X). Éluard expérimente ici diverses formes poétiques.
Nouveaux poèmes (pp. 91-145). Avant d'écrire cette dernière section, Éluard fait une fugue de plusieurs mois (mars-octobre 1924[7]). Il parcourt le monde, ne souhaitant plus rester avec le couple Gala - Max Ernst. Le groupe surréaliste le prend alors pour le nouvelArthur Rimbaud. Gala le convainc de revenir et laisse Max Ernst. Pour Éluard, elle est « celle de toujours, toute », sa muse. Éluard évoque autant Gala qu'une idée de la pureté de la poésie : « Tu es pure, tu es aussi pure que moi-même ».André Breton écrit dans sonManifeste du surréalisme : « le haut et le bas ne sont plus perçus contradictoirement », c'est ce que l'on peut constater en analysant de près le célèbre poème « La Courbe de tes yeux ». Cette section comporte également quelques reprises de recueils précédents : cinq poèmes du recueilLes nécessités de la vie et les conséquences des rêves (1921)[8] et quatre du recueilAu défaut du silence (1925)[9].
CorinneBayle,Paul Éluard. Le coeur absolu: Étude de Capitale de la douleur (1926), Presses universitaires de Rouen et du Havre,(DOI10.4000/books.purh.5581,lire en ligne)