| Canot explosif MT Motoscafo Turismo | |
Profil d'un canot explosif M.T.M. | |
| Caractéristiques techniques | |
|---|---|
| Type | Canot explosif |
| Longueur | 5,62 m |
| Maître-bau | 1,65 m |
| Tirant d'eau | 0,4 m |
| Déplacement | 1,2 t |
| Propulsion | 1Alfa-Romeo A.R. 6c (cylindrée: 2,5 l) |
| Puissance | 95 CV (70 kW) |
| Vitesse | 33nœuds (61 km/h) |
| Caractéristiques militaires | |
| Rayon d'action | 85 NM |
| Autres caractéristiques | |
| Équipage | 1 pilote |
| Histoire | |
| Chantier naval | Marine royale |
| A servi dans | |
| Commanditaire | |
| Période de service | 1940–1949 |
| Navires construits | approx. 100 |
| modifier | |
La désignation génériquecanot explosif fait référence à une série de bateaux d'assaut développés par laRegia Marina à partir de 1935[1] et utilisés pendant laSeconde Guerre mondiale. Au total, une centaine[1] d'unités ont été construites parmi les différents types, les plus nombreuses étant désignéesM.T.M.,Motoscafo Turismo Modificato[1].
Il s'agit d'une embarcation innovante, à divers titres.
La motorisation est très puissante pour l'époque, un moteurAlfa Romeo de 90 cv, dérivé d'une mécanique de compétition, confère à cette petite coque de 5,60 m une vitesse de pointe de 33 nœuds (environ 60 km/h), ce qui est un rapport poids-puissance encore très enviable, quatre-vingt ans plus tard, pour desembarcations de plaisance rapides destinées par exemple au ski nautique.
Le système de transmission « Z drive » est très particulier, une première pour l'époque. Le moteur est à l'intérieur de la coque (montage dit in-board) mais la transmission aux hélices se fait « en zigzag » à travers letableau arrière via un double jeu d'engrenages coniques dans une embase orientable et relevable qui est très semblable à celles d'unmoteur hors-bord. Ceci confère à l'embarcation une remarquable maniabilité (le pilote oriente directement le jet de l'hélice et non unepale de gouvernail). L'embase arrière est également relevable, pour permettre le passage par-dessus les filets de protection et les barrages flottants souvent utilisés pour protéger les unités militaires ancrées au port.
Ce type de montage a été repris après guerre avec beaucoup de succès commercial pour le marché de la plaisance sous diverses dénominations :Stern-Drive par la firme suédoiseVolvo-Penta, Z-Drive par la firmeMercury-Kiekhafer ainsi que par son concurrent américainOMC Johnson-Evinrude, qui n'en cessa la production qu'après une guerre de brevets avec Mercury.
Les hélices sont du typecontra-rotatives (deux hélices en tandem, tournant en sens inverse via un système d'engrenages), ce montage, classique sur lestorpilles et certains avions de chasse de la 2° guerre mondiale annule lescouples de renversement parasites et confère à l'embarcation une bonne stabilité de trajectoire tout en maximisant le rendement hydrodynamique du système de propulsion.
Il a été également repris pour le marché de la plaisance sur les motorisations les plus puissantes, d'abord par Volvo-Penta (appellation Duo-Prop) puis par des fabricants de hors-bords comme Suzuki, pour les plus puissants moteurs de leur gamme (300 cv et plus).
La survie du pilote est assurée (en principe, car il s'agit d'une entreprise à hauts risques) par une sorte desiège éjectable muni d'un radeau flottant qui permet au pilote de ne pas être tué par l'onde de choc de la charge explosive. La coque est conçue pour se casser en deux et couler à l'impact, la détonation de la charge en profondeur, sous la quille, étant bien plus dommageable pour la structure d'un navire qu'une explosion en surface.
Il a été utilisé dans plusieurs actions de guerre de la Seconde Guerre mondiale, qui n'ont pas toutes été couronnées de succès. Le plus sensationnel est le naufrage du croiseur britanniqueHMS York (90), dans la rade deSouda sur l'île deCrète (Raid de la baie de La Sude), dans la nuit du 25 au 26 mars 1941, par six petites embarcations sous le commandement dulieutenant de vaisseau (tenente di vascello) Luigi Faggioni, qui a également coulé unpétrolier de 8 000tonneaux dejauge brute, lePericles. Moins chanceuse, en avril 1941, fut l'attaque deMalte où 18 marins et raiders italiens duX Mas perdirent la vie.
Une action contre ledestroyer françaisTrombe a été menée quelques jours avant la fin de la guerre par le sous-capitaine Sergio Denti de la Regia Marina[2], qui a ensuite rejoint le Decima Flottiglia Mas deJunio Valerio Borghese.
Dans la même guerre, les Allemands et les Japonais ont également utilisé des moyens similaires, respectivement leLinse et leShin'yō ; le type japonais prévoyait le suicide du pilote dans la réalisation de l'objectif.
Différents moyens, à utiliser dans les attaques contre les unités stationnaires, étaient lesSiluro a lenta corsa (maiale), ou torpilles à course lente, protagonistes de la célèbre attaque contre les cuirassésHMS Queen Elizabeth etHMS Valiant dans la baie d'Alexandrie. Les Japonais utilisaient également deskaiten, mais leur vitesse les rendait capables de toucher des cibles mobiles.
Le pilote était assis à l'extrémité arrière sur un petit siège enporte à faux, pour faciliter la sortie de l'embarcation après l'attaque. La charge explosive, une cartouche cylindrique contenant 300 kg deTritolital, était placée dans un compartiment à l'avant.
Après avoir identifié la cible, à une distance d'environ 500 mètres, le pilote lance le bateau à vitesse maximale vers le centre du navire ennemi. Avant de se mettre à l'eau, il verrouille le gouvernail du bateau. Le canot, heurtant la coque de la cible, coule, armant ainsi ledétonateur de la charge explosive. La détonation de l'appareil a lieu à une certaine profondeur, afin d'obtenir le plus grand dommage pour l'unité navale ennemie touchée.
Bien que d'un usage extrêmement dangereux, les MTM italiens n'étaient pas des armes-suicide comme leurs équivalents japonais. Ainsi, le siège du pilote, à l'extrémité arrière, comportait un système d'éjection et surtout un radeau flottant permettant à l'opérateur de surnager avec le corps presque entièrement hors de l'eau, condition indispensable à sa survie. En effet, l'eau étant incompressible, l'onde de choc créée par l'explosion de la charge de combat aurait immanquablement tué de façon atroce un nageur presque entièrement immergé, comme un poisson tué dans une pêche à la dynamite (illégale). Témoin de cette différence de doctrine d'emploi avec les Shin'yo japonais, les nageurs de combat qui participèrent à l'attaque du croiseurHMS York en Crète survécurent tous et lors de lasanglante attaque du major Tesei sur Malte, les opérateurs de MTM furent tués par l'action d'une vedette de défense portuaire.

Moyens des opérations spéciales navales 1914-1945 | |||||||||
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