Carte des anomalies de température par rapport à la normale (moyenne1971–2000) lors de l'été 2003 en Europe.
Unecanicule ouvague de chaleur est un phénomènemétéorologique detempératures de l'air anormalement élevées, diurnes et nocturnes, se prolongeant de quelques jours à quelques semaines, dans une zone relativement étendue[1],[2]. Elle survient avec un réchauffement très important de l'air, ou avec une invasion d'air très chaud (exemple enEurope : lesirocco en provenance duSahara), qui provoque notamment une baisse significative de l'amplitude thermique entre le jour et lanuit, la chaleur s'accumulant plus vite qu'elle ne s'évacue parconvection ourayonnement.
Cent seizescientifiques ont conclu, dans une étude publiée par l'Union américaine de géophysique, que la canicule de 2016 (la plus chaude jamais enregistrée jusqu'alors) a« uniquement été rendue possible par un important réchauffement anthropique » [= résultant de l'intervention humaine]« à l'échelle d'un siècle »[4].
Lesubstantifféminin[6],[7],[8],[9],[10] « canicule » (prononcé :[kanikyl][7]) est unemprunt[6],[7],[10] aulatincanicula[6],[7],[9], substantif féminin[11],diminutif decanis (« chien »)[7] signifiant proprement[7] « petite chienne »[6],[9]. Ce terme est employé depuis le romainVarron[10], en traduisant legrec ancienκύων /kúôn, « chien », désignant la même étoile,Sirius ou le chien d'Orion, pour nommer Canicula l'étoile particulièrement brillante de cetteconstellation duGrand Chien. Déjà enÉgypte antique, la déesseSopdet, personnification de l'étoile Sirius, était accompagnée d'unechienne. Souvent Sirius était simplement représentée par cet animal. Lelever héliaque de Sirius, période où l'étoile Sirius se lève en même temps que le Soleil et est donc visible à l'aube, marquait le nouvel an égyptien et le début de lacrue du Nil vers le 19 juillet, à la période la plus chaude de l'année[12]. Au niveau du45e parallèle de l'hémisphère nord, enEurope donc, et lors de la période du au, cette étoile très lumineuse se lève en même temps que leSoleil[13] : ce constat avait laissé penser aux anciens qu'il existait un lien entre l'apparition de cette étoile et les grandes chaleurs météorologiques. AinsiPline l'Ancien écrivait :« Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l'ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent (XVIII, 68) à son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s'agitent[14]. »
En tant qu'« accident météorologique », les canicules résultent d'unblocage au sens météorologique du terme de la circulation atmosphérique d'altitude. Les météorologistes distinguent le blocage de typeanticyclone de blocage et le « bloc Oméga ». Dans les deux cas unanticyclone stationnaire coupé du flux zonal d'ouest par une puissante advection d'air très chaud et très sec remontant duSahara et duMaghreb est en cause. De telles conditions, si elles se produisent en plein été seront favorables à une canicule (et éventuellement à unesécheresse et alors des risques de feux).
La définition de la canicule est relative auclimat de la région considérée (enAfrique ou enScandinavie elle s'évaluera selon des critères différents), ce qui a empêché la création d'une définition universelle très précise : l'OMM la définit comme« réchauffement important de l’air, ou invasion d’air très chaud sur un vaste territoire » ; durant généralement« de quelques jours à quelques semaines »[1]. Lors des grandes canicules, lacolonne atmosphérique est réchauffée jusqu'au sommet de latropopause alors que la pollution reste plutôt confinée dans les basses couches de latroposphère. En 2003 un excès important d'ozone était cependant mesuré jusqu'à 6 km d'altitude enFrance[15].
Unindice universel a été mis au point dans les années 2010, prenant en compte à la fois la durée et l'amplitude des vagues de chaleur, qui a par exemple montré que la vague de chaleur de1972 enFinlande a eu une étendue et une ampleur spatiales comparables àcelle de 2003 en Europe (mais moins médiatisée car ayant touché des zones moins habitées)[16].
Dans certaines régions sahariennes par exemple, de fortes chaleurs, associées à des anticyclones persistants, peuvent durer de longuessemaines, voire desmois.
Chaque région ayant ses caractéristiques propres, la définition de canicule n'est pas la même du Nord au Sud ni de l'Est à l'Ouest. Par exemple, pour laFrance métropolitaine :
Temps de canicule, une lithographie deGrandville issue de l'ouvrageLes métamorphoses du jour. 1829.
Il y a trois millénaires,Sirius se levait avec le Soleil (lever héliaque de Sirius) au début de juillet. EnÉgypte antique, ce phénomène marquait le début de la saison de lacrue duNil et permettait de fixer lecalendrier annuel. Dans laRome antique, le début de la Canicule était célébré par la fête deNeptunalia (le). La Canicule s'achevait par la fête deVolcanalia[25], le 23 août.Il arrive que des étés caniculaires aient lieu plusieurs années de suite. Certains épisodes remarqués correspondent à trois années consécutives1383-1385, ou quatre comme en1331-1334 et1778-1781, ou sept comme en1757-1763 et même vingt comme en1718-1737[réf. nécessaire].
être liées à un ensoleillement intense et à une période plus sèche, et dégrader laqualité de l'air en dispersant lesparticules dans l'air et en exacerbant lapollution photochimique. Cette dernière est encore favorisée par une pollution par l'ozone et les particules fines, via le phénomène desmog. Or, l'aridification fréquemment causée par les canicules est propice aux envols depoussières et auxincendies de forêt, de brousse, de champs et de décharges voire urbains, autres sources de polluants de l'air (leGrand incendie de Londres en 1666, qui a ravagé la ville en quelques jours, a été favorisé par la sécheresse des matériaux inflammables et le manque d'eau disponible pour arrêter les flammes) ;
nuire à la bonne régulation de latempérature corporelle humaine (qui se refroidit par l'évaporation de lasueur), particulièrement lorsque la chaleur importante est combinée à une fortehumidité ambiante. Elle nuit aussi à la qualité dusommeil (notamment en cas de nuits dites« tropicales »). En effet, une humidité relative élevée limite l'évaporation de la sueur jusqu'à la rendre presque impossible au-dessus de 90 % d'humidité. Lasueur colle alors à lapeau et latempérature ressentie est plus importante encore que la température réelle, raison pour laquelle il est plus facile de supporter40 °C avec 24 % d'humidité que30 °C avec 79 % d'humidité.
Les villes sont globalement plus touchées, à proportion de leur taille, phénomène remarqué pour la première fois à la fin duXVIIIe siècle, selon W.B Meyer[26]. Ainsi« En 1987,Athènes a enregistré unesurmortalité de 96,5 %, mais celle-ci n'a pas dépassé une moyenne de 32,5 % dans les autres villes de plus de 10 000 habitants, pour tomber à 26,8 % dans les plus petites villes et dans les campagnes[27] (...) En 1980, le nombre des morts en excès a surpassé la normale de 57 % àSaint-Louis et de 64 % àKansas City, mais d'à peine 10 % dans le reste duMissouri, essentiellement rural[28]. De même, alors que la vague de chaleur de l'été 1995 a entraîné une surmortalité de 11,2 % sur l'ensemble de l'Angleterre et duPays de Galles, le taux a atteint 23,0 % dans leGrand Londres[29]. »
Personnes particulièrement vulnérables aux canicules
Dans les villes, les femmes âgées seules et isolées et les communautés pauvres sont les plus touchées par lasurmortalité. Lors d'une canicule d'une semaine survenue àChicago (29 juillet – 6 août 1999), les personnes seules (qui sont souvent aussipauvres et vivant dans un habitatprécaire) ont vu leur risque de décès multiplié par plus de huit[30] ;
Lesmalades mentaux ont environ 30 % et dans certains contextes jusqu'à 200 % de risque supplémentaire de décès lors d'une vague de chaleur[31], en partie à cause desmédicaments, mais aussi (puisque cette vulnérabilité était déjà démontrée vers 1950, avant la généralisation despsychotropes) pour d'autres raisons : ces personnes ont aussi fréquemment moins conscience dudanger ou y répondent par des comportements inappropriés. Ainsi dans leWisconsin en 1995[32], puis à Chicago en 1999[33], près de 50% des moins de 65 ans déclarés morts des suites de la canicule souffraient de troubles mentaux (dépression compris).
l'alcoolisme est aussi un facteur de risque ; il aurait par exemple multiplié le risque par quinze auMissouri en 1995 (notamment parce qu'il perturbe l'hormone antidiurétique ce qui aggrave le risque de déshydratation et parce qu'il induit des réponses inappropriées à la chaleur), mais une étude n'a pas montré de lien entre quantité d'alcool ingérée et incidence des coups de chaleur[35] ce qui plaide pour un rôle à élargir au statut social plus vulnérable associé à la prise excessive d'alcool.
Dans certains contextes (grandes villes et capitales notamment), les températures très supérieures à la température attendue (généralement associées à des pics depollution de l'air)[36],[37] affectent négativement lasanté mentale. On a montré au Japon que le nombre de blessures volontaires augmente ces jours là[38] ; et que dans les grandes villes américaines et du Mexique le taux de suicide augmente quand il fait très chaud[39]. Une étude publiée en2022, basée sur lessuicides survenus àBruxelles du au confirme ce fait pour l'Europe :« le risque cumulé de mortalité par suicide était presque deux fois plus élevé » dans la capitale belge (climat tempéré) dans les 0 à 6 jours suivant une chaleur modérée et extrême (par rapport à la température médiane de la période). Les auteurs notent qu'aucune association statistiquement significative n'a été constatée pour les jours où les températures étaient au contraire anormalement froides[40]. C'est une donnée à prendre en compte dans les stratégies d'adaptation au changement climatique, soulignent les auteurs de l'étude[40].
L'été caniculaire de 2003 a surtout eu des effets urbains, entraînant une surmortalité de 15 000 personnes en France, soit un accroissement de la mortalité de plus de 30 % (la mortalité moyenne en France étant de 1 400 décès par jour[41]). L'impréparation du pays et la désorganisation du mois d'août ont transformé cet événement climatique exceptionnel en catastrophe sanitaire majeure[42]. La canicule de 2003 en France a montré comment les conséquences d'une vague de chaleur résultent de l'imbrication de causes naturelles et de facteurs sociopolitiques. Alors que les conséquences sanitaires d'une vague de chaleur étaient connues et décrites dans la littérature scientifique avant 2003, peu de mesures préventives étaient prévues, et l'impact des épisodes précédents sur la mortalité (par exemple 1976) était passé inaperçu. Jusqu'en 2003, les vagues de chaleur constituaient un risque sanitaire faisant l'objet d'une atténuation sociale dans le contexte français, ce qui explique en partie le nombre élevé de victimes[43]. Au total, on estime en 2003 à 70 000 le nombre de décès supplémentaires dus à cet événement en Europe[44].
À cause duréchauffement climatique, les prospectivistes et les récents rapports duGIEC considèrent que le phénomène risque d'empirer. En France, la surmortalité causé par les vagues de chaleur est entièrement compensée par la sous-mortalité lors des vagues de froid, même avec le pire scénario climatique possible[47].
Bougies s'affaissant sous l'effet d'une canicule record : 46,4 °C àMelbourne le 7 février 2009.RivièreSchwarza (Allemagne) privée d'eau lors de la canicule de 2015.
Les situations caniculaires,anticycloniques avec fortensoleillement etirradiation UV associée sont sources depollution photochimique[48] qui affecte aussi lesanimaux et lesécosystèmes. Unvent horizontal faible, voire inexistant, et une stabilité de l'air exceptionnelle limitent les échanges verticaux avec l'extérieur et la dispersion despolluants. Des polluants tel que l'ozone et lesNOx augmentent et stagnent alors, ainsi que lesparticules et les composés chimiques secondaires, ensemble responsables de pics de pollution[15].
Lessécheresses qui accompagnent souvent la canicule peuvent être catastrophiques car l'air présent en altitude y reste longtemps chaud et sec et elles favorisent les incendies de forêt, de brousse et même urbains. Les feux de biomasse aggravent considérablement la pollution de l'air ainsi durant plusieurs jours parfois que les grandsfeux d'artifice. Le stress thermique et hydrique tue de nombreusesplantes et affaiblit lesarbres.
La ressource en eau est souvent déjà au plus bas, et encore sur-sollicitée par l'agriculture, l'arrosage, des besoins d'eau de refroidissement industriel (pour lescentrales nucléaires notamment, qui ont durant cette période plus de difficulté à refroidir leur réacteurs ou certainespiscines de stockage) ou pour les besoins vitaux. Les polluants se concentrent alors dans les eaux de surface et de nappes superficielles dont la qualité se dégrade. Les eaux plus chaudes et plus stagnantes, où les poissons meurent, sont favorables aux pullulation rapides demicrobespathogènes (et demoustiques vecteurs de maladie) à certainsblooms algaux et à la production deméthane. Diverscours d'eau etzones humides peuvent s'assécher, privant lafaune d'eau. Les pluies d'orages, qui marquent souvent la fin d'une canicule, tombent sur une terre déshydratée qui les absorbe mal et est rendue plus vulnérable à larégression et dégradation des sols.Matières organiques, et le cas échéantsengrais et résidus depesticides sont alors facilement emportés dans les cours d'eau et vers lamer.
Pour lechien, une respiration accélérée (qui halète), le poil humide, la langue qui pend ou même des vomissement pour certains sont des signes qu'il y a une trop forte exposition à la chaleur. Pour réguler sa température corporelle, le chien utilise principalement salangue afin d'évacuer la chaleur tout en inspirant de l'air frais, mais aussi lescoussinets où se trouvent sesglandes sudoripares, mais cependant, cette surface des coussinets est trop petite pour être suffisante en cas de forte chaleur, et latruffe qui est aussi une zone dénuée defourrure. Il est recommandé de le placer dans la pièce la plus fraîche de l'habitation, avec de l'eau, et de le promener le matin avant9 h, et le soir après18 h. En période de forte chaleur, lebitume devient très chaud et le chien risque de se brûler les coussinets. Il faut également limiter les efforts du chien et éviter les transports en voiture et ne jamais le laisser seul dans l'habitacle de la voiture. Lechat tolère mieux la chaleur que le chien, et se rafraîchit instinctivement. Toutefois le chat doit disposer d'un coin d'ombre et d'eau à proximité s'il se trouve à l'extérieur[49],[50],[51].
En période de canicule, cet aviateur travaillant à la pulvérisation depesticides contre lesmoustiques à partir d'une base militaire américaine a du mal à supporter son masque et sa tenue de protection.
La canicule induit dans les pays riches une surconsommationélectrique aux heures de pointe et parfois la nuit en raison de l'usage croissant et intensif desclimatiseurs. Ceci déséquilibre l'offre et la demande enénergie, au moment où la productionhydro-électrique et nucléaire estivales sont faibles ; quand les centrales nucléaires situées en bordure defleuve ont des difficultés à se refroidir[52],[53] et posent des problèmes de réchauffement des cours d'eau[54].
Après trois jours de forte chaleur, les températures nocturnes montent. La masse thermique des bâtiments augmente alors aussi, de même que la température de l'air urbain (qui est en outre aussi réchauffé par les climatiseurs). Ces derniers fonctionnent plus longtemps et consomment plus d'électricité. Ceci perturbe les schémas d'approvisionnements en électricité. Un tel appel d'électricité a lors de la canicule de 2006 touché l'Amérique du Nord, surchargé leréseau et sestransformateurs, privant ainsi des milliers de foyers et d'entreprises d'électricité (et de climatisation), enCalifornie principalement. À Los Angeles, des milliers de gens sont restés sans électricité cinq jours durant[55]. Dans le sud-estaustralien en 2009, plus d'un demi-million de personnes n'avaient plus d'électricité (en pleine canicule).
Enfin, laproductivité autravail diminue aussi avec la chaleur (démontré par une étude dans43 pays[56]) et la santé des salariés en pâtit. Les capacités des entreprises sont affectées par dessupply chains limitée, les infrastructures énergétiques et de transport dégradées (par ex. fonte d'enrobé sur les routes et tarmacs, élongation desrails impliquant de faire ralentir lestrains…), le manque d'eau, etc.). En France, l'État dédommage ensuite régulièrement les acteurs économiques, notamment pour une partie des préjudices subis en raison de températures trop élevées, en classifiant la situation comme « catastrophe naturelle ». À titre d'exemple la canicule de juin 2015 (bien moindre que celle de 2003), étendue sur67départements (placés en vigilance orange-canicule) a eu un coût évalué à plus de 10 milliards d' €[57].
Une exception correspond auxmillésimesviticoles exceptionnels qui coïncident souvent avec une canicule, lavigne supportant bien les très fortes chaleurs grâce à sonenracinement très profond.
Écart de températures en Europe par rapport à la normale lors de lacanicule de 2003.
On cherche à mieuxmodéliser, aux différentes échelles spatiotemporelles (continentales, régionales ou locales) la production et le déplacement desmasses d'air chaud, des panaches de feux debiomasse, et la modification des régimes photochimiques. Ces modèles sont en outre à mettre à jour au vu de l'évolution du climat, des températures nocturne, de ladestruction de la couche d'ozone, de diverses pollutions de l'air (Diesel,avion,navire en croissance…) et d'éventuels nouveaux polluants oucatalyseurs photochimiques introduits dans l'atmosphère. On espère des modélisations plus précise et rapides, dont pour« pouvoir appliquer des politiques de limitations des émissions anthropiques au bon moment et au bon endroit »[15].
Des études récentes ont montré que des vagues de chaleur estivales comme celles de 2003 ne pourraient avoir lieu sans avoir été préparées par des anomalies importants en termes desécheresse des sols (sécheresse qui limite les possibilités d'évapotranspiration des paysages exposés au soleil)[58],[59],[60],[61],[62]. D'autres interactions entre les composantes climatiques régionales peuvent également influencer les températures des vagues de chaleur, dont lesaérosols de poussière comme cela fut observé en2006[63].
L'ozone est un polluant-clé notamment induit par les précurseurs de l'ozone abondants dans les émissions de moteurs, chaudières, incinérateurs et feux de biomasse. La production d'ozone peine encore être modélisée, mais les corrélations entre précurseurs de l'ozone urbain et périurbain et les conditions météorologiques font depuis 20 ans l'objet de nombreuses études[66],[67],[68]. Pour des raisons encore mal comprises les modèles sous-estiment encore la présence d'ozone en altitude (mesurée par des avions de ligne équipés de capteurs, pour la base de données MOZAIC)[15].
De nouvelles modélisations et projections régionales du climat faite pour la période2021-2040 concluent à une probabilité accrue de vagues de chaleur (plus fréquentes et/ou géographiquement plus importantes en Europe que celle de 2010 enRussie)[16], en raison d'une influence anthropique qui tend à encore augmenter[69],[70],[71],[72],[73],[74].
La situation pourrait ensuite encore nettement empirer, dont en France[75],[76] avec des étés très chauds associés à de fortes vagues de chaleur et à des records de températures : dans les années 2070, une modélisation scientifique prévoit une méga-canicule aussi sévère que celle de 2003 (mais par rapport à son climat contemporain)[76]. Les fins deprintemps très chauds et secs pourront amplifier le caractère extrême de canicules en raison du manque d'évapotranspiration[76]. En 2100, l'augmentation des maxima de température estivale pourrait varier entre +6 °C et près de13 °C dans les cinqrégions étudiées en France (par rapport aux maxima historiques)[76]. Ces projections (jusqu'à plus de50 °C en France en été) sont« comparables aux estimations fournies par un grand nombre de modèles climatiques mondiaux »[76] précisent les auteurs.
Depuis la fin duXXe siècle, laprévision des canicules progresse, associée dans un nombre croissant de pays à des efforts deprotection civile dédiés et à des alertes indiquant continuellement le niveau devigilance (selon les secteurs géographiques), avec par exemple :
en Belgique, l'avertissement fortes chaleurs et canicules, avec un code de4 couleurs, porté par avec Météo-Belgique[77] ;
auCanada, les alertes diffusées par les centres de prévision des différentes provinces[78] ;
La canicule étant par définition exceptionnelle, les populations y sont mal préparées (contrairement aux chaleurs « habituelles »). Diverses autorités planifient des réponses sanitaires, et plus larges (ex. : en France, en complément du secondplan national d'adaptation au changement climatique (PNACC-2), unplan national de gestion des vagues de chaleur (qui modifie les plansORSEC départementaux)[81] relatif aux transports, énergie, agriculture, éducation, sports… a été publié le 8 juin 2023[82], et mis à jour[83],[84] en 2024, pour :
limiter les impacts sur la vie quotidienne des Français,
les jeunesenfants, dépendants, qui - s'ils réclament spontanément à boire, en pleurant - ne savent parfois pas boire sans aide, ni de se protéger de la chaleur ;
les personnes faisant des efforts physiques (par exemple, ouvriers (agricoles, du bâtiment...), sportifs et randonneurs[85],[86]) car le travail musculaire est source dethermogenèse ; les salariés bénéficient de précautions particulières, notamment pour ceux travaillant en extérieur[87], ou les participants à des manifestations sportives ou culturelles de grandes importances se déroulant en plein air lors de canicules[84] ;
les personnes âgées : plus vulnérables, et souvent dépendantes, elles perdent la notion de soif et doivent donc boire avant d'en avoir envie. Ayant fréquemment unehypertension artérielle (HTA) ou uneinsuffisance cardiaque, elles prennent souvent desdiurétiques et/ou un régime sans sel (qui peut conduire à unehyponatrémie, c'est-à-dire à une baisse du taux sanguin desodium). Certains médecins considèrent que le risque de déshydratation et d'hyponatrémie prime sur le risque d'œdème (gonflement des membres etœdème pulmonaire), car l'œdème pulmonaire est facile à détecter et à traiter (dont par un médecin généraliste à domicile), alors que la déshydratation et l'hyponatrémie sont difficiles à détecter et plus mortelles. La suspension de régimes sans sel et de diurétiques ne fait cependant pas consensus, et doit dans tous les cas se faire en accord avec lemédecin traitant, seul compétent en la matière ;
lessans domicile fixe, ou personnes vivant« en habitat précaire (squats, bidonvilles, campements, aires d’accueil de gens du voyage) sont surexposées à la chaleur et aux risques sanitaires d’autant qu’elles cumulent souvent des facteurs de risques aggravants : pathologies cardiovasculaires ou respiratoires, prise de traitement pour des maladies notamment psychiatriques, âge, isolement, errance, consommation de substance psychoactives dont l’alcool, déficit cognitif, difficultés d’accès à l’aide alimentaire, etc. »[84] ; ayant moins d'accès à l'eau potable et ne pouvant pas facilement se protéger de la chaleur, notamment car exclus des lieux frais (exemples : hall de supermarché, cinémas climatisés…).
Elles sont de se soucier des personnes vulnérables proches (en particulier, ne jamais laisser un enfant seul dans une voiture ou une caravane, même pour une courte durée), de se protéger du soleil de périodiquement se rafraîchir en se mouillant la peau (brumisation, bains, douches,gilet réfrigérant…) et se ventiler (éventail,ventilateur, voire profiter de lieux frais (églises…) ouclimatisés), et de boire suffisamment (avant d'avoir la sensation de soif intense), selon l'activité physique et selon la chaleur. Se couper lescheveux en cas d'une abondante chevelure ou se dégager lanuque avec unequeue-de-cheval ont aussi un effet bénéfique, car lecerveau étant unorgane vital, l'organisme cherchera à réguler sa température pour éviter l'hyperthermie. Le port d'unecasquette ou d'unchapeau permettent d'éviter lescoups de soleil sur la tête.« Depuis la canicule mortelle de 2003, les maires doivent tenir un registre des personnes vulnérables dans leur commune, notamment les personnes de plus 65 ans et les personnes handicapées, pour pouvoir les appeler et prendre de leurs nouvelles en cas de fortes chaleurs. L’inscription sur ce registre est volontaire et [mi-2024] peu de personnes à risque sont effectivement inscrites (entre 3 et 5% selon les communes) »[84].
Protection de l'habitation, des moyens de travail et des infrastructures
Dans la journée, il est recommandé de garder lesfenêtres fermées pour éviter que la chaleur ne rentre, et de baisser lesstores ou fermer lesvolets, de préférence à l'extérieur des fenêtres pour éviter que les rayons du soleil chauffent les vitres et l'habitation. La nuit, quand les températures sont en dessous du lieu d'habitation, il est recommandé d'ouvrir les fenêtres pour faire circuler l'air et baisser la température. Il est également conseillé d'avoir une bonneisolation thermique du bâtiment : plafonds, murs, baies vitrées[88].
Selon une étude de 2007 réalisée par leCEA et leCNRS, un déficit de pluie en Europe du Sud (Italie, sud de la France,Espagne etPortugal) enhiver serait annonciateur de canicule à 70 % sur l'Europe centrale et du nord[89].
↑a etbDéfinition OMM :réchauffement important de l’air, ou invasion d’air très chaud sur un vaste territoire ; généralement elle dure de quelques jours à quelques semaines (vocabulaire météorologique international, OMM-N°182
↑Lebel, Germain.,Dubé, Marjolaine. etInstitut national de santé publique du Québec. Direction de la santé environnementale et de la toxicologie.,Analyse des impacts des vagues régionales de chaleur extrême sur la santé au Québec de 2010 à 2015 : changements climatiques, Institut national de santé publique du Québec,(ISBN978-2-550-77656-7 et2-550-77656-9,OCLC1017011949,lire en ligne),p. 2
↑a etb Simone Russo, Jana Sillmann and Erich M Fischer (2015)Top ten European heatwaves since 1950 and their occurrence in the coming decades | Published 27 November 2015 | IOP Publishing Ltd | Environmental Research Letters | Volume 10,no 12
↑J.P. Besancenot,Vague de chaleur, pollution atmosphérique et surmortalité urbaine : l'exemple d'Athènes en juillet 1987, J.P. Besancenot, éd. Climat, pollution atmosphérique, santé, Dijon, Groupe de recherche Climat et Santé, 1995,p. 47-70.
↑Naughton MP, Henderson A, Mirabelli MC & al. (2002)Heat-related mortality during a 1999 heat wave in Chicago. Am J Prev Med ; 22 : 221-7
↑Bark N (1998)Deaths of psychiatric patients during heat waves. Psychiatr Serv 1998 ; 49 : 1088-90.
↑Kaiser R, Rubin CH, Henderson AK, et al (2001)Heat-related death and mental illness during the 1999 Cincinatti heat wave. Am J Forensic Med Pathol ; 22 : 303-7
↑Naughton MP, Henderson A, Mirabelli MC, et al. (2002)Heat-related mortality during a 1999 heat wave in Chicago. Am J Prev Med ; 22 : 221-7.
↑Marzuk PM, Tardiff K, Leon AC et al. (1998)Ambient temperature and mortality from unintentional cocaine overdose. JAMA ; 279 : 1795-800.
↑Kilbourne EM, Choi K, Jones S, Thacker SB (1982)Risk factors for heatstroke. JAMA ; 247 : 3332-6.
↑A. Aguglia et al. (2021) Meteorological variables and suicidal behavior: air pollution and apparent temperature are associated with high-lethality suicide attempts and male gender Front. Psychiatr.
↑ Kilbourne E.M (1997).Heat waves and hot environments. In : Noji EJ, ed.The public health consequences of disasters. Oxford : Oxford University Press, : 245-69
↑Jones T.S, Liang A.P, Kilbourne E & al. (1982) Morbidity and mortality associated with the July 1980 heat wave in St. Louis and Kansas City, Mo. JAMA ; 247 : 3327-31
↑ÈricaMartínez-Solanas, MarcosQuijal-Zamorano, HichamAchebak et DesislavaPetrova, « Projections of temperature-attributable mortality in Europe: a time series analysis of 147 contiguous regions in 16 countries »,The Lancet Planetary Health,vol. 5,no 7,, e446–e454(ISSN2542-5196,DOI10.1016/s2542-5196(21)00150-9,lire en ligne, consulté le)
↑Evrard, R., & Bourgue, L. (2008).Protection des réacteurs contre les situations de canicule/sècheresse. Revue Générale Nucléaire, (5), 37-40.
↑Vicaud, A., & Jouen, É. (2015). Adapter les centrales nucléaires au changement climatique: le retour d’expérience des canicules de 2003 et 2006. Revue Générale Nucléaire, (3), 39-44.
↑Travade, F., & Carry, L. (2008). Effet de la canicule de 2003 sur les poissons migrateurs en Garonne et Dordogne-Réflexions sur l'effet des rejets thermiques de la centrale nucléaire de Golfech sur la Garonne. Hydroécologie Appliquée, 16, 169-189.
↑Doan, Lynn; Covarrubias, Amanda (27 July 2006). "Heat Eases, but Thousands of Southern Californians Still Lack Power". Los Angeles Times. consulté le 16 juin 2014.
↑Lett, E. R. (2017). Future summer mega-heatwave and record-breaking temperatures in a warmer France climate.
↑abcd eteBador, M., Terray, L., Boe, J., Somot, S., Alias, A., Gibelin, A. L., & Dubuisson, B. (2017). Future summer mega-heatwave and record-breaking temperatures in a warmer France climate. Environmental Research Letters, publié en licence ouverte CC-BY-SA 3.0.
Patz JA, Campbell-Lendrum D, Holloway T, Foley JA. Impact of regional climate change on human health. Nature. 2005;438(7066):310–317.PMID16292302
Peng RD, Bobb JF, Tebaldi C, McDaniel L, Bell ML, Dominici F. Toward a quantitative estimate of future heat wave mortality under global climate change. Environ Health Perspect. 2011;119(5):701–706.PMID21193384
Robine J-M, Cheung SLK, Le Roy S, Van Oyen H, Griffiths C, Michel J-P, et al. (2008)Death toll exceeded 70,000 in Europe during the summer of 2003. C R Biol. ;331(2):171–8.PMID18241810
Wight D, Wimbush E, Jepson R, Doi L. Six steps in quality intervention development (6SQuID). J Epidemiol Community Health. 2016;70(5):520–5.PMID26573236
Wu J, Zhou Y, Gao Y, Fu JS, Johnson BA, Huang C, et al. Estimation and uncertainty analysis of impacts of future heat waves on mortality in the eastern United States. Environ Health Perspect. 2014;122(1):10–16.PMID24192064
Ye X, Wolff R, Yu W, Vaneckova P, Pan X & Tong S (2012)Ambient temperature and morbidity: a review of epidemiological evidence. Environ Health Perspect. ;120(1):19–28.PMID21824855