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| Canal de Berry | |
Le canal de Berry àSaint-Amand-Montrond (Cher). | |
| Géographie | |
|---|---|
| Pays | France |
| Coordonnées | 46° 46′ 37″ N, 2° 44′ 13″ E |
| Début | Montluçon |
| Fin | Noyers-sur-Cher etMarseilles-lès-Aubigny |
| Traverse | Allier,Cher etLoir-et-Cher |
| Caractéristiques | |
| Statut actuel | Aliéné |
| Longueur | 261 km |
| Altitudes | Début :m Fin :m Maximale : 199,40 m Minimale : 69,50 m |
| Gabarit | 27,75 × 2,70 m |
| Mouillage | 1,25 m |
| Hauteur libre | 2,60 m |
| Infrastructures | |
| Ponts-canaux | 7 |
| Écluses | 97 |
| Histoire | |
| Année début travaux | 1808 |
| Année d'ouverture | 1840 |
| Concepteur | Joseph-Michel Dutens |
| modifier | |
Lecanal de Berry (d'abord « canal du Cher », puis « canal du duc de Berry » avant de prendre en1830 son nom actuel), réalisé entre1808 et1840 est initialement long de 320 km : il a été utilisé jusqu'en1945 puis a été déclassé et aliéné en1955.
Ce canal est constitué de trois branches distinctes qui se rejoignent àFontblisse, commune deBannegon (Cher).
Évoqué dès 1484 lors desétats généraux de Tours, l'aménagement duCher en vue de sa navigation était souhaité. En 1595Sully puis en 1606Colbert étudièrent sa réalisation avant d'y renoncer. Le duc Paul François de Béthune-Charost en 1765 puis le baron de Marivetz en 1772 plaidèrent pour une liaison directe entreTours et leBec d'Allier pour couper toute la boucle de laLoire. Ils imaginèrent un aménagement du Cher entre Tours etVierzon puis le creusement d'un canal direct entre Vierzon et le Bec d'Allier. En 1786, une dotation de 100 000 livres tournois fut proposée pour initier les premiers travaux mais laConvention annula le projet en1792.
La recherche de l'amélioration de la circulation des produits à l'intérieur duBerry tout en économisant les frais de construction, c'est-à-dire en tirant le meilleur parti des conditions naturelles, va conduire à la conception de plusieurs projets. Tous ces projets échoueront par manque du financement nécessaire :
Un besoin concernait le transport des fûts de bois, attesté en1807 au départ deTrillers jusqu'à laLoire, mais aussi le charbon minier deCommentry vers le Nord, et surtout le minerai de fer vers les usines deMontluçon.
Le décret impérial du décide : Le « Cher sera rendu navigable en suivant son cours actuel au moyen d'une ou plusieurs dérivations depuis Montluçon jusqu'à son embouchure dans la Loire »[1].
En1808, le directeur général des ponts et chaussées désigne l'ingénieur en chefJoseph-Michel Dutens pour faire l'étude du projet. Il rend son étude en en proposant deux solutions :
Il indique que l'importance et la fréquence des crues et les périodes de sécheresse lui font préférer la seconde solution.
Le directeur général des ponts et chaussées fait le choix de la seconde solution entreMontluçon etVierzon avec un canal, alors qu'au-delà, le Cher lui-même est canalisé.La construction a été réalisée par l’ingénieur en chef des ponts et chausséesJoseph-Michel Dutens entre1808 et1840, utilisant comme premiers ouvriers des prisonniers espagnols.
Les travaux venant de commencer, leConseil général du Cher demande en que le tracé du canal passe parBourges en offrant de payer500 000 francs pour ce nouveau tracé.
Le décret impérial du demande d'étudier la prolongation entre Vierzon etNevers par Bourges permettant une navigation facile entreTours et Nevers.
Joseph-Michel Dutens répond dans un mémoire par un projet de canal reliantSaint-Amand-Montrond,Bannegon, Bourges et une branche reliant Vierzon auBec d'Allier par Bannegon. Il propose de faire un prolongement de cette branche jusqu'àDigoin pour rejoindre lecanal du Centre. Ce prolongement sera, un peu plus tard, une partie ducanal latéral à la Loire.
Après la chute de l'Empire, les besoins d'économie amènent Joseph-Michel Dutens à proposer, après avoir visité les canaux anglais en1818, de limiter le gabarit en s'inspirant de ce qui se faisait enAngleterre. Au lieu d'écluses de 5,20 m de large, il propose des écluses de 2,60 m. Finalement, le projet a adopté des écluses avec des sas de 2,70 m par 34 m. Il pense que le coût des travaux avec ce nouveau gabarit devrait être réduit d'un tiers.La construction du canal s'accompagne de la plantations par les Ponts et Chaussées de 190 000 arbres dont 150 000 peupliers,merisiers,ormes,acacias,noyers et autres arbres fruitiers, plantés selon un code. Le choix des essences d'arbre correspondait à un type d'ouvrage d'art pour signaler sa présence. Selon la loi de finance de 1822, les ressources du canal étaient à partager pendant 40 ans (péages, affermage de la pêche, vente aux enchères du bois et du foin sur les terrains du canal)[2].
D'abord appelé « canal du Cher », l'ordonnance royale du a substitué à ce nom celui de « canal du duc de Berry ».
Le nouveau projet est adopté en par ordonnance royale.
Les financements étant faibles, les travaux avancent lentement. La loi du permet d'achever le canal grâce à unemprunt d'État auprès d'une compagnie financière, la « Société anonyme des quatre canaux » (canaux de Bretagne,canal du Nivernais, canal de Berry,canal latéral à la Loire).
En1830, l'ingénieur en chef, directeur du canal, Hippolyte d'Haranguier de Quincerot (1784-1875), propose d'appeler le canal « canal de Berry ». C'est le nom finalement adopté.
Le canal en étoile comprend :
Soit au total : 261 km de canaux au petit gabarit avec 97 écluses, 139 ponts fixes, 65 ponts-levis, un pont levant, cinq ponts-canaux et 52 communes riveraines.
Les problèmes d'alimentation en eau nécessitent la création des étangs-réservoirs de Goule (sur l'Auron) etPirot (sur laMarmande)[3].
La navigation utilisait chevaux, mulets et ânes pour tracter les péniches appelées « flûtes », « Berry » ou encore « molussons ». Le trafic a augmenté jusqu'à plus de 1 000 péniches par an et 570 000 tonnes (apogée en1873-1920).
Le canal est déclassé en1955 et a été cédé aux communes limitrophes, libre à elles d'en assurer le devenir. À présent, certaines sections sont conservées en eau, d'autres sont abandonnées aux broussailles, d'autres enfin ont été bouchées et construites (voirinfra réhabilitation).
Branche sud :Montluçon -Fontblisse viaVallon-en-Sully etSaint-Amand-Montrond - mise en service en1835 - 69 km.
Branche nord-est : Fontblisse -Marseilles-lès-Aubigny viaSancoins - mise en service en1837 - 49 km.C'est par cette branche que le canal est connecté au reste du réseau, par l'intermédiaire ducanal latéral à la Loire.
Branche nord-ouest : Fontblisse -Noyers-sur-Cher viaDun-sur-Auron,Bourges,Mehun-sur-Yèvre etVierzon - mise en service en1831 - 142 km.
La branche nord-ouest se prolonge par leCher canalisé jusqu'àTours (la première écluse est àSaint-Aignan-sur-Cher).
Mentionnons en plustrois petits embranchements :
Le choix parDutens d'un petit gabarit lui a été dicté par la faiblesse des ressources en eau de la région deSancoins, où est le point culminant du canal. Il s'est inspiré du réseau britannique conçu pour des bateauxnarrowboats d'un port de 40 tonnes. De plus, l'emprise foncière étant moins importante, un tel canal revenait moins cher à construire.Mais ce petit gabarit s'est très vite révélé un mauvais choix qui allait handicaper gravement ce canal interdit de fait aux bateaux plus gros, et notamment aux péniches flamandes degabarit Freycinet.
Malgré cela, le canal de Berry a grandement contribué au développement économique deMontluçon auXIXe siècle.
Ce petit gabarit a entraîné de fait la conception de bateaux spécialement adaptés à ce canal, les« berrichons » aux dimensions maximales de 27,50 × 2,60 m, et pouvant porter 60 tonnes dans le canal de Berry, et 100 tonnes sur les autres canaux.
En France, deux autres canaux ont été conçus avec ce même gabarit : lecanal de la Sauldre, enSologne, et larigole de l'Arroux deGueugnon àDigoin.
Bief (min.) : Largeur : au plafond6 m, au miroir :10,50 m- mouillage :1,50 m, tirant d'eau admis :1,25 m.
Écluses : Nombre : 96 (plus une de jonction avec le Cher à Vierzon) - Largeur :2,70 m - longueur :27,75 m.
Ouvrages d'art :209 ponts dont65 ponts-levis, quatre ponts oscillants, sept ponts-canaux (plus un8e disparu sur l'embranchement de Torteron).
Ce gabarit réduit permettait d'accueillir des bateaux dits « petits berrichons » de27,50 m de long sur2,60 m de large maximum.
Le canal relie les communes suivantes dans les départements de l'Allier, duCher et duLoir-et-Cher :
Lepont-canal franchissant laSauldre avec ses escaliers et ses chemins de halage, situé àChâtillon-sur-Cher et àSelles-sur-Cher est inscrit au titre desmonuments historiques par arrêté du[4].
Lepont-canal de La Tranchasse àAinay-le-Vieil, l'écluse de La Tranchasse àColombiers, ainsi que le pont la franchissant et lepont-canal de La Croix sont inscrits au titre desmonuments historiques par arrêté du[5].
Sur la branche sud :ponts-canaux deChantemerle, celui deLa Queugne avec son écluse double qui est la seule du canal, pont-levis deVallon-en-Sully, grue de transbordement du bassin deLaugère. À proximité : château d'Ainay-le-Vieil, vestiges gallo-romains deDrevant.
Sur la branche nord-est : tranchée d'Augy, réservoirs deGoule,Pirot et de laMarmande, ponts-canaux du Rhimbé.
Sur la branche nord-ouest : sites deBourges (où se trouve lemoulin de la Chappe),Mehun-sur-Yèvre etVierzon, gare d'eau deNoyers-sur-Cher.
Déclassé puis aliéné à partir de1955[6], le canal a été vendu pour un franc symbolique du kilomètre aux communes riveraines qui en ont fait ce que bon leur semblait alors. Certaines l'ont conservé totalement ou partiellement en eau, d'autres l'ont abandonné aux broussailles, d'autres enfin l'ont bouché et ont construit dessus, notamment dans le centre ville de Vierzon, à Bourges où il est recouvert par le plan d'eau du lac d'Auron et où d'autres parties comblées sont longées par une voie verte. Le canal a également été comblé de son confluent avec lecanal latéral à la Loire àMarseilles-lès-Aubigny jusqu'àJouet-sur-l'Aubois.
Ce « saucissonage » rend sa réhabilitation difficile actuellement, alors qu'il serait une pièce maîtresse dutourisme fluvial en France, malgré et même peut-être grâce à son gabarit si particulier qui lui confère un charme unique.
L'Association pour laRéouverture duCanal deBerry (ARECABE) œuvre depuis1996 à une réouverture progressive. Déjà, une portion de 12 km avec cinq écluses deSelles-sur-Cher àNoyers-sur-Cher fonctionne à nouveau depuis lesannées 1990 (donc prolongée versTours par leCher canalisé), et une autre de 3 km avec deux écluses fonctionne àVierzon. Et en plusieurs endroits des ponts-levis ont été réhabilités, facilitant la navigation de petits bateaux électriques loués à l'heure ou à la demi-journée.
LeSyndicat du canal de Berry fondé le 1er janvier 2015 par fusion de 4 syndicats a pour objet la valorisation du canal de Berry. Il regroupe le département du Cher, les 35 communes et les 9 Établissements Publics de Coopération intercommunale (EPCI) du parcours[7].
Depuis, unevoie verte d'une vingtaine de kilomètres sur les rives de la branche sud du canal est en service deMontluçon àVallon-en-Sully[8] étendue en 2024 jusqu'à Saint-Amand-Montrond soit un tronçon continu de 50 km de Montluçon à Saint-Montrond. Il s'ensuit en, un nouveau tronçon de80 kilomètres deThénioux àPlaimpied-Givaudins[9]. Ce tronçon est étendu en 2025 jusqu'à Châtillon-sur-Cher soit une continuité de 125 km. Un tronçon de 3 km existe également àNoyers-sur-Cher en arrivant à l'ancien port de cette commune près du confluent avec le Cher.
Le canal devrait être longé en 2027 dans sa quasi-totalité par une voie verte qui formera la majorité du parcours de laVéloroute Cœur de France V 46 du schéma national des véloroutes, reliant les villes deBourges,Vierzon puisTours le long duCher canalisé (branche nord-ouest),Marseilles-lès-Aubigny sur la Loire (branche nord-est) etMontluçon viaSaint-Amand-Montrond (branche sud)[10].Cette véloroute sera reliée àla Loire à vélo à Tours et à Marseilles-lès-Aubigny.
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