Lancée le dimanche parHavas, Canal+ devient la première chaîne privée payante française. Depuis 2014, elle appartient à laSociété d'Édition de Canal Plus, filiale deCanal+ S.A., contrôlé par son actionnaire principal, le groupeBolloré.
Initialement retransmise par lesémetteurs terrestres analogiques en 1984 et accessible via undécodeur nécessitant de souscrire un abonnement payant, la chaîne payante est aussi progressivement diffusée parsatellite puis télédistribuée sur lesréseaux câblés. Avec la numérisation de la télédiffusion par satellite en 1996, son signal est également repris au début des années 2000 par les opérateurs et distributeurs internet puis sur latélévision numérique terrestre, le 31 mars 2005 puis jusqu'au 5 juin 2025. La chaîne payante est déclinée au plan national et international, sous diverses formules payantes et modes de diffusion, notamment satellite etIPTV ainsi que les terminaux complémentaires de typeOTT.
En 1978,Jean Frydman, avec le projet TVCS (Télévision Communication Services), prévoit une quatrième chaîne, projet qui prend racine dans celui, bien antérieur, deCanal 10. En attendant de pouvoir créer une chaîne cryptée, le projet TVCS prévoit d'abord de produire et diffuser des programmes pendant les plages horaires où les trois chaînes françaises diffusent unemire (la nuit et tôt le matin)[2],[3]. Finalement, la chaîne choisie pour diffuser les programmes produits par la société TVCS estAntenne 2, qui diffuse des émissions cryptées destinées aux entreprises ou à certains professionnels[4]. Durant l'été 1981, plusieurs essais d'une quatrième chaîne consacrée au cinéma ont lieu depuis l'émetteur de latour Eiffel[5]. En 1981, la gauche prévoit de créer une quatrième chaîne devant être publique, régionale et culturelle[6],[7].
En,Pierre Nicolaÿ est nommé président du groupeHavas. En, il désigneLéo Scheer comme directeur du développement et directeur de cabinet du président et le charge de définir un plan stratégique dans le domaine audiovisuel pour le groupe. En, un rapport est présenté lequel prévoit d'accompagner laCLT (groupe RTL) et le gouvernement luxembourgeois dans leurs projets européens de télévision par satellite, puis de créer unechaîne à péage à partir du premier réseau hertzien français historique819 lignes deTF1 en noir et blanc, doit être ré-exploité ou cédé par l'opérateur public françaisTDF. Pour Havas, ce plan prévoit également d'augmenter sa participation dansPathé et passer de 10 % à 50 %, pour consolider les investissements dans le cinéma. Ce plan est dès lors adopté par la présidence du groupe de communication. L'équipe, dirigée parLéo Scheer comprenant Jacques Driencourt,Antoine Lefébure, Marie Castaing, rejoints parSylvain Anichini et Marc Friedman, développe ce projet durant l'année 1983. Il comprend l'élaboration du plan d'affaires, la définition d'une grille de programmes basée sur la diffusion de films récents, la négociation avec leBLIC et les industries du cinéma, avecTDF pour la reprise technique du réseau, avec le SJTI, le cadre juridique de la concession de service public, l'expertise technique du décodeur et l'adaptation de la logistique, inspirée des chaînes hertziennes américaines à péage basées àLos Angeles, à l'instar de la chaîneHBO (Home Box Office).
Le, leprésident de la République françaiseFrançois Mitterrand annonce lors d'une conférence de presse :« Une quatrième chaîne de télévision sera incessamment mise en œuvre. Elle se tournera davantage vers les retransmissions et aussi des thèmes culturels. Cette chaîne ne doit être financée ni par laredevance, ni par lapublicité ». Ce projet de chaîne culturelle que lui ont suggéréJean-Louis Bianco etJérôme Clément, provient également de plusieurs autres sources. Une antenne à dominante culturelle est également un dossier soutenu par leministre de la cultureJack Lang et son conseiller Jean Cazès, ainsi que par le ministre desPTTLouis Mexandeau et son conseiller Alain Giraud. L'objectif consiste à recycler l'ancien réseau d'émetteurs de la bandeVHF, queTF1 a abandonné en renonçant au noir et blanc en819 lignes, en passant à la télédiffusion en couleurs en bandeUHF. Toutefois, le projet initial axé sur les sujets culturels avec une dominante sur le travail associatif et l'opéra est considérablement modifié pour devenir unechaîne à péage consacrée aucinéma.
En, alors que l'ex-directeur de cabinet du président de la RépubliqueAndré Rousselet est nommé président de Havas, Léo Scheer et Jacques Driencourt présentent au comité de direction le projet appeléCanal 4[8]. Selon Antoine Lefébure, le projet suscite l'enthousiasme de Rousselet qui en fait « son bébé »[9]. Le comité de direction parait partagé; nombreux sont ceux qui s'inquiètent devant l'ampleur de l'investissement, en particulierMarc Tessier qui vient d'être nommé directeur financier. Toutefois, après une courte période d'hésitation, André Rousselet décide de mobiliser les moyens du groupe Havas pour faire aboutir ce projet. La phase de mise au point opérationnelle s'étale sur deux années supplémentaires, au cours desquelles certains membres du gouvernement vont tenter de réorienter le projet vers une télévision culturelle, dontJack Lang en particulier, en désignant des personnalités comme Alain de Sédouy ou Michel Dahan pour participer à l'équipe de conception de la chaîne. Les projets développés jusque-là n'ayant donné aucun gage de réussite, André Rousselet nomme alorsPierre Lescure à la tête du projet de programmes. Lescure constitue son équipe ;Alain de Greef à la direction des programmes, René Bonnell pour le cinéma, Albert Mathieu pour la conception de la grille,Charles Biétry à la direction des sports, Frédérick Boulay, Erik Gilbert etJean-Louis Burgat à la rédaction etMarc Tessier à la direction financière. Très homogène sur le plan générationnel, avec une moyenne d'âge autour de 40 ans, l'équipe élabore un projet qui, grâce à la pertinence de son programme, de son impact sur le financement du cinéma et du sport ainsi que de son modèle économique et commercial, rendent enfin le projet apte à être lancé. Cependant, André Rousselet qui garde la confiance du président de la République (selon Antoine Lefébure, Rousselet « était le meilleur copain de Mitterrand »[9]), doit lutter pour parvenir à garder le contrôle, contre les pressions politiques. Certaines décisions visent également à protéger la toute première chaîne privée française.
Entre 1982 et la naissance de Canal+, le gouvernement français met en œuvre simultanément une série de mesures visant à freiner la croissance du marché de la vidéo ; fort succès commercial engendré par la faible offre télévisuelle de l'époque. Parmi les mesures qui permettent de freiner cette expansion, le, un « blocus dePoitiers » vise à réduire considérablement l'importation desmagnétoscopes, notamment d'origine asiatique[10],[11]. De plus, une redevance spéciale sur lesmagnétoscopes est adoptée par décret, le[12]. Enfin, uneTVA dite « de luxe » à 33 % est appliquée pour tous les appareils vidéo et même les vidéocassettes préenregistrées[13]. Au contraire, les décodeurs de Canal+ sont assujettis à la TVA la plus réduite, à l'instar de celle appliquée pour les téléviseurs[14].
Il apparaît qu'à la suite d'une erreur d'impression du chiffre4 sur un dossier, l'idée du titreCanal+ est adoptée[15]. Toutefois, certaines sources rapportent que ce serait le ministre de la communicationGeorges Fillioud qui aurait trouvé le nomCanal Plus mais sans en déposer la marque[16],[17],[18]. SelonPhilippe Dana, le directeur artistique de la chaîne et infographisteÉtienne Robial pense à modifier la charte graphique et le logo de « Canal Plus » en « Canal+ » en 1984 pour le démarrage de la diffusion[19]; le logotype « Canal+ » devient une marque déposée, le 27 février 1985[20].
Le, Canal Plus commence ses essais de retransmission, notamment enÎle-de-France[1]. Ces premières émissions sont programmées tous les jours, de 14 à18 h et se composent de clips musicaux, de courts-métrages d'animation artistiques et de diverses bandes-annonces de films[21],[22]. Cette télédiffusion expérimentale permet notamment d'éprouver d'une part la compatibilité des anciennes installations initialement adaptées à la réception de TF1 en noir et blanc et à la norme819 lignes et d'étudier le comportement du décodeurDiscret 11 par rapport à diverses situations et perturbations techniques[23].
Le dimanche[24], André Rousselet, devenu président de Canal+, ouvre l'antenne à8 h du matin en régie d'un studio, manipule une manette électronique, permettant à ses 186 000 premiers abonnés-« fondateurs » de découvrir la premièrechaîne à péagefrançaise privée, douze ans après la création dela troisième chaîne, qui émet 20 heures sur 24 et sept jours sur sept[25].
Au contraire deHBO qui rediffuse jusqu'à cinquante fois ses films dans l'année, Canal+ singularise ses programmes par la multi-diffusion de films récents du cinéma international limitée à six fois sur une période de trois semaines, la présence de sports peu diffusés ailleurs (boxe,basket-ball,golf…) et la prédominance dufootball qui va devenir son deuxième pôle d'attraction : le, Canal+ diffuse son premier match de football, Nantes-Monaco, avec cinq caméras[26]. Le soin apporté à la réalisation contribue à des retours positifs qui lancent la croissance des abonnements[27]. Le prix de l'abonnement est alors fixé à 120 FRF par mois (soit environ 38 € de fin 2020).
Fraîchement accueillie par ses trois concurrentes publiques, la chaîne connaît des débuts chaotiques, notamment en raison d'une erreur marketing : le choix d'orienter la commercialisation vers les foyers les plus favorisés vivant dans les grandes villes au lieu d'un public bien plus large et populaire. De plus, la chaîne doit exploiter le plus souvent une antenne de réception spécifique (VHF) compatible avec lanorme L et l'introduction du standard couleurSÉCAM mis à jour dont l'identification couleur par ligne au lieu de chaque trame peut provoquer une image en noir et blanc sur certains téléviseurs datant d'avant 1984, s'ajoutant à la nouvelle connectiquePéritélévision obligatoire, introduite en1980. En complément à ces problèmes techniques, le piratage de son décodeur « Discret 11 », s'étend considérablement. Des prototypes de circuits de décodeurs pirate sont publiés ou diffusés sous le manteau. Certains parmi le cabinet du ministre des télécommunications, commeAlain Giraud-Ruby estiment qu'ils seraient notamment produits par des techniciens du groupe françaisThomson dont la proposition industrielle jugée trop coûteuse par l'équipe d'André Rousselet est refusée au profit de celle de son concurrent néerlandais Philips[28]. Canal+ parvient à faire supprimer de la revue « Radio Plans » un article contenant des schémas de fabrication d'un décodeur semblable auDiscret 11, mais ne peut empêcher la publication de celui-ci, le 24 novembre 1985, par leQuotidien de Paris. Un procès est dès lors intenté par la chaîne payante contre le quotidien et gagné en appel en juin 1987 mais cette publication est très largement copiée[29].
Un mois avant son lancement la chaîne payante n'obtient à peine 60 000 abonnés et les grands titres de la presse commeLe Monde,Le Quotidien de Paris,Le Figaro, critiquent violemment sa direction et ses pratiques[30].
Le 16 janvier1985 à 20 heures, le présidentFrançois Mitterrand annonce au journal télévisé d'Antenne 2[31], de la création de deux nouvelleschaînes privées gratuites,La Cinq etTV6 et prévoit même jusqu'à 85 télévisions locales[32]. Cette annonce incite les téléspectateurs à l'attentisme et freine sérieusement la courbe des abonnements à Canal+. La chaîne engrange péniblement 3000 nouveaux abonnements par semaine, là où leplan d'affaires prévoit 3000 recrutements par jour[19]. Un premier plan d'économies a lieu seulement quelques mois après son lancement et les émissions les plus coûteuses sont arrêtées, dontTous en Scène dePatrick Poivre d'Arvor etSurtout l’après-midi d'Antoine de Caunes[33]. Le dépôt de bilan est un temps envisagé. Fin 1985, le déficit est de330 millions defrancs pour un chiffre d'affaires de558 millions.
À la recherche de capitaux frais, les dirigeants rencontrent différents partenaires financiers, parmi lesquelsSilvio Berlusconi mais Rousselet refuse sa proposition[19]. André Rousselet est contraint de solliciter jusqu'à son ami François Mitterrand pour sauvegarder l'entreprise en grande difficulté financière et il obtient un répit de quelques mois pour faire ses preuves[34].
La rentrée 1985 marque un tournant et les abonnements redécollent, notamment grâce au renforcement des plages « en clair » que la chaîne aménage entre ses programmes cryptés et qui servent de vitrine pour donner un avant-goût de la chaîne aux téléspectateurs en les incitant à s'abonner. La programmation compte aussi plusieursblockbusters américains récents pendant tout l'été. La chaîne parvient à transformer l'obligation légale des programmes en clair en une force marketing plutôt qu'une contrainte. Canal+ émettant grâce à l'exploitation d'une partie des canaux sous monopole public financés par le contribuable, abonné ou pas, dès 1984, le gouvernement impose que l'accès soit rendu possible à tous les téléspectateurs, quelques heures par jour et à des horaires de grande écoute. La durée des premiers abonnements est limitée à six mois et le taux de réabonnement avoisine dès lors, 88 %[19]. Cette période de forte croissance marque le tournant vers l'axe « populaire » et significativement moins « parisien » ou « urbain » de la chaîne, alors que les études marketing ont visé initialement les CSP+ (catégorie socio-professionnelle supérieure : les cadres, professions libérales) et les grandes villes, grâce à toute une série d'émissions et rendez-vous « accrocheurs ».
La programmation de 1984-1985 comprend :
Le 7/9, premier magazine d'information matinal quotidien de la télévision française, présenté parMichel Denisot ;
unfilm pornographique par mois : le premier diffusé estCaligula, en, qui comprend sept minutes de scènes sexuelles[35]. Le second estExhibition, le[26]. C'est la première fois qu'une chaîne de télévision européenne ose diffuser ce genre de films ;
Surtout l'après-midi rendez-vous musical quotidien de et parAntoine de Caunes à partir du ;
La Maxitête, jeu d'argent animé par l'ex-cocogirlSophie Favier etRoger Zabel, consistant à reconnaître les visages et voix de plusieurs célébrités associées en un seul visage composite à compter du ;
Tout s'achète, jeu d'argent animé parFabrice (deRTL) et son acolyte « Fifi », consistant à proposer des billets de banque aux passants contre un objet, une action ou leurs vêtements, dès le ;
Les Affaires sont les Affaires, animé parGeorges Beller et Sophie Garrel ouGérard Hernandez avecSophie Michaud, jeu consistant à répondre à un quiz puis à échanger un cadeau proposé avec des boîtes au contenu surprise. Diffusé à partir du.
On retrouve également à l'antenne dès son lancement le,Patrick Poivre d'Arvor (entretiens),Christophe Dechavanne (chroniques),Alain Chabat (météo humoristique et parodies) etMichel Denisot (émission matinaleLe 7/9)[36]. Le premier film diffusé à l'antenne le matin du estL'As des as, avecJean-Paul Belmondo en vedette. Parmi les succès d'audience des premières années, on retrouve les émissions quotidiennesTop 50,Maxitête etColuche 1 faux, diffusées en clair. Pour les émissions en crypté, les grandes rencontres de football se placent en tête de l'audience. Les films pornographiques réunissent également un nombre important de téléspectateurs pour un horaire aussi tardif. À partir des années 1990, le rendez-vousLa Semaine des Guignols, diffusée en clair, se hisse en tête d'audience de la chaîne année après année.
Canal+ apporte un certain nombre d'innovations à la télévision en 1984 qui seront ensuite reprises par les autres chaînes dont la diffusion de programmes le matin avant9 h et la nuit après minuit, la diffusion de clips musicaux (leTop 50), la promotion des programmes par desbandes-annonces plutôt que par desspeakerines.
On doit àAlain de Greef, ami dePierre Lescure, directeur de la production des débuts nommé ensuite en 1986 directeur des programmes, la création d'émissions commeDirect () etNulle part ailleurs (). La chaîne se trouve un ton et une identité constitués d'irrévérence avecColuche 1 faux présenté parColuche ( au), puis avecLes Nuls (Objectif Nuls,). En, Canal+ crée sa filiale de production, Canal+ Productions, laquelle va devenirStudioCanal, l'un des principaux catalogues de films au monde ; en octobre de la même année, Canal+ lanceCanal+ Magazine (rebaptisé ultérieurement « PLUS+ »), le mensuel imprimé destiné aux millions d'abonnés de la chaîne.
Le, Canal+ atteint plus de trois millions d'abonnés et dégage un bénéfice de774 millions de francs (118 millions d'euros) pour un chiffre d'affaires de 5,3 milliards de francs (808 millions d'euros).
Entre septembre 1984 et le début de l'année 1991, la chaîne payante passe de 60 000 à 3 millions d'abonnés mais les 18 premiers mois de son existence sont extrêmement périlleux concernant son équilibre financier et ses déficits[30]. Ainsi, à son lancement le 4 novembre 1984 seulement 120.000 décodeurs affichent la chaîne[37] et le 15 décembre 1984, on ne compte que 186 000 abonnés[38]. Le 15 janvier 1985, la croissance reste très préoccupante avec 250 000 abonnés[39] et au 1er février 1985, seulement 256 000 souscriptions[40]. Le 24 avril 1985 on dénombre 300 000 abonnements[41] puis 350 000 au mois de juin 1985[42]. Le 22 août 1985, Canal+ annonce avoir obtenu 500 000 abonnés[43] puis en novembre 1985, avoir atteint le nombre de 620 000[44]. Il faut attendre l'année 1986 pour que Canal+ parvienne à 1 million d'abonnés[45]. En 1987, la chaîne payante a recruté 1 800 000 abonnés[46], puis 2 250 000 l'année suivante, avant d'en obtenir 2 800 000 en 1989 puis 3 000 000 en 1991 et 3 300 000 en 1991[45],[47].
Lancée avec 60 000 abonnés en 1984, elle franchit les 500 000 abonnés en septembre 1985. À partir de là, la croissance est exponentielle, même si inégale sur une année (les abonnements se vendent beaucoup à l'occasion des fêtes de fin d'année, très peu au printemps par exemple). Le premier million d'abonnés est franchi en, puis1,5 million en décembre de la même année, Canal+ devient rentable. Les2 millions en sont atteints en, les2,5 millions un an plus tard, puis les3 millions au moment où la chaîne fête ses cinq ans en 1989[48].
Legouvernement Balladur fait voter une nouvelle loi audiovisuelle permettant à un actionnaire de détenir jusqu'à 49 % d'une chaîne de télévision contre 25 % jusqu'alors. La loi est au départ taillée sur mesure pourMartin Bouygues, principal actionnaire deTF1, mais elle bouleverse également Canal+ lorsque Havas et laCompagnie générale des eaux (qui deviendra quelques années plus tardVivendi), sur une initiative deJean-Marie Messier[49], à ce moment-là numéro deux de la Compagnie Générale des Eaux, mettent en commun leurs actions et deviennent majoritaires au sein du conseil d'administration d'une chaîne qui est alors ultra rentable. André Rousselet s'estime trahi, en particulier par certains actionnaires qu'il considére comme des amis et, en, il démissionne lors d'un conseil d'administration houleux. Il publie dans la foulée dansLe Monde du un cinglant papier titré« Édouard m'a tuer » (en référence à l’affaire Omar Raddad), dans lequel il dénonce le complot fomenté selon lui par le Premier ministreÉdouard Balladur pour prendre le contrôle de la chaîne par le biais de laCompagnie générale des eaux. Les actionnaires votent à l'unanimité la nomination de Pierre Lescure en tant que nouveau président, en partie car c'est le successeur naturel ayant été le bras droit de Rousselet depuis le premier jour et notamment pour calmer les inquiétudes des salariés.
À la rentrée 1994,Jean-Luc Delarue quitte la chaîne, marquant la fin d'une époque, alors qu'elle s'apprête à fêter son dixième anniversaire.Antoine de Caunes, quant à lui, la quitte à la rentrée 1995 pour se lancer dans le cinéma.
La semaine du 4 novembre 1994, la chaîne fête ses dix ans avec une programmation spéciale pendant une semaine complète. Les affaires sont florissantes avec 3,7 millions d'abonnés[50] et 900 millions de francs de bénéfices[51], la réussite de Canal+ a de loin dépassé les espérances les plus folles de ses fondateurs 10 ans plus tôt, l'objectif initial au lancement est fixé à 1,4 million d'abonnés[50]. Le groupe est en pleine diversification avec des prises de participation dans une multitude de groupes audiovisuels internationaux[51].
À l'occasion du lancement deCanalsat, Canal+ introduit en 1995, son deuxième récepteur-décodeur satellite, cette fois-cinumérique à la norme DVB, leMediasat.
L'ellipse de Canal+, notable identité graphique initiale imaginée et développée parÉtienne Robial en 1984, passe à la trappe le lorsque Robial épure son logo en cartouche noir écrit en blanc et le décline l'année suivante sous forme de multiplex pour le satellite :Canal+ Bleu (plutôt orientée émissions et documentaires) etCanal+ Jaune (plutôt orientée cinéma). En1998,Canal+ Vert (plutôt orientée sport) vient compléter le multiplex. L'habillage entier de la chaîne mais également ses bureaux sont entièrement refaits avec une thématique de carrés multicolores qui devient la nouvelle marque de fabrique graphique.
En plus du nouvel habillage et du nouveau décodeur, la rentrée 1995 voit la diffusion passer à 24h/24 7 jours sur 7, contre 20h/24 la semaine et 24h/24 le week-end auparavant. La nuit, la chaîne diffuse des films avecsous-titrage pour sourds et malentendants incrusté à l'image, une première en France, ce sous-titrage jusque-là réservé aux possesseurs d'un décodeurtélétexte.
Le 6 septembre 1996, Canal+ fusionne avec NetHold pour devenir le leader de la télévision payante en Europe[52].
En,Vivendi détient 49 % de Canal+ mais surtout 75 % des voix au conseil d'administration.Jean-Marie Messier, le PDG de Vivendi, est seul maître à bord d’un groupe qui perd de l'argent depuis 1997 (alors que la chaîne Canal+ France reste très largement rentable).Nulle part ailleurs, l'émission phare de la chaîne, est « déclarée médiatiquement » en perte de vitesse à la suite du départ dePhilippe Gildas en 1997, mais son audience est la plus forte de son histoire lors de la dernière année de Gildas et des deux années oùGuillaume Durand lui succède. Le coût de la grille a explosé depuis queTPS s'est attaqué aux fondamentaux de la chaîne : le football et le cinéma et toutes les filiales européennes sont déficitaires. En 1999, alors que la chaîne française reste largement rentable, le groupe Canal+/CanalSatellite annonce une perte nette de892 millions de francs toutes activités confondues. Parmi les branches ultra déficitaires qui plombent le résultat du groupe se trouve la filialeitalienneTelepiù qui ne parvient pas à décoller en raison d'une forte activité de piratage. Elle est dirigée parMichel Thoulouze, ex-dirigeant deMultiThématiques et à ce moment-là très proche de Lescure, ce qui explique en partie que le groupe ne parvient pas à prendre la décision de se désengager[19],[16].
En interne, le malaise commence à pointer pour certains des salariés les plus anciens, alors que la chaîne est passée de 526 employés à son lancement à plus de 4 000 en 1999, perdant de plus en plus d'humanité dans sa gestion[52].
Le, Canal+, Vivendi etUniversal fusionnent dans un nouvel ensemble,Vivendi Universal (VU), qui les propulse au2e rang mondial avec à sa tête Jean-Marie Messier. La fusion a pour but d'alimenter les réseaux détenus par Vivendi (SFR,Cegetel, Canal+ SA) avec les contenus musicaux et les films d'Universal. Canal+ SA est la seule entité à rester en dehors de la fusion, puisqu'une règle stipule qu'aucun groupe industriel ne peut détenir plus de 49 % du capital d’une chaîne de télévision française. Toutes les autres composantes du groupe Canal+ (CanalSatellite,MultiThématiques,StudioCanal) sont fusionnées, y compris Canal+ Distribution qui détient le précieux fichier des abonnés. Pierre Lescure est nommé codirecteur général de la nouvelle entité.Denis Olivennes devient directeur général de Canal+ France et est de fait le principal dirigeant de la chaîne au jour le jour alors que Lescure passe de plus en plus de temps àLos Angeles pour superviser les activités d'Universal.
Le,Michel Denisot et Alexandre Drubigny remplacent Alain de Greef à la direction générale des programmes, l'image se dégrade, le taux de désabonnement en France n'a jamais été aussi élevé, surtout en raison de l'explosion de l'offre concurrente :TPS,Canalsat etAB Sat. Canal+ ne détient alors plus le « monopole de fait » de la télévision payante institué en 1984. À la suite de la fusion, Jean-Marie Messier met en place un plan d’économies drastique. En France, Canal+ doit réaliser400 millions d'euros d'économies sur deux ans et un plan social prévoit 217 licenciements dans le groupe. Ce plan social permet à quelques journalistes de Canal+ de venir remplacer la vingtaine de jeunes journalistes renvoyés de la chaîne d'information de Pierre Lescure,i>Télévision, lancée fin1999. Les tensions qui règnent avecVivendi causées par les mesures d'économies imposées entraînent le départ deDenis Olivennes le. Quatre jours plus tard, le 16 avril, Jean-Marie Messier propose à Pierre Lescure la direction du conseil de surveillance du groupe. Il serait remplacé en tant que président parXavier Couture, jusque-là directeur d'antenne deTF1. Lescure considère que c'est une mise au placard et refuse mais dix minutes plus tard, Messier commence une conférence de presse avec Xavier Couture pour annoncer le changement. Constatant que tout est déjà organisé dans son dos, Lescure démissionne[53]. La chaîne interrompt alors ses programmes pour retransmettre en direct et en clair pendant une trentaine de minutes une assemblée générale des salariés[54]. Pierre Lescure y explique la situation, quelques figures emblématiques de la chaîne y expriment leur attachement à Lescure et leur hostilité envers Messier. C'est la plus grande crise que le groupe ait connu. Une quinzaine de hauts cadres remerciés après l'éviction de Pierre Lescure se partagent 60 millions d'euros en primes de départ, ce qui fait scandale auprès des salariés, alors en butte à un plan d'économies et de licenciements[55].
Quelques jours plus tard, Jean-Marie Messier est obligé de se rendre auCSA sous les huées des salariés de Canal+ France pour rassurer le conseil sur les engagements pris deux ans plus tôt au nom de Canal+ SA à l'époque de la fusion avec Universal.
Xavier Couture, ancien numéro 3 deTF1, prend la succession de Pierre Lescure pour quelques mois. Après avoir vécu 18 ans dans l’illusion de faire partie d’une grande famille, les salariés de Canal+ découvrent que leur société, mise en difficulté par le groupe dont elle fait partie, est soumise aux mêmes lois que toutes les autres et craignent alors un possible rachat par legroupe TF1 ouLagardère SCA et la fin de leur singularité. Pour calmer le jeu,Dominique Farrugia est nommé président de Canal+ SA comme garant du fameux « esprit Canal » des débuts. Hélène, laspeakerine anti-potiche et l'éphémèreHypershow font leur apparition.
Le plan de convergence de Jean-Marie Messier a échoué forçant les actionnaires à demander son départ deVivendi Universal début. Il est remplacé parJean-René Fourtou qui met immédiatement en place un plan visant à rendre à la chaîne cryptée « son visage d'avant 1997 » : Canal+ Distribution (qui exploite le fichier d'abonnés), Canal+ Régie (publicité), CanalSatellite, MultiThématiques, i>télévision, la plate-forme outre-mer et internationale MediaOverseas,Pathé Sport, StudioCanal et le reste de participation dans le capital de l'espagnolSogecable (ex-Sociedad de Televisión Canal Plus) qui opère Canal+ España et le bouquet CanalSatélite Digital, retournent dans le giron de Canal+ SA afin de récupérer les actifs rentables du groupe.
Détenu à 100 % par VU, « Groupe Canal+ » subsiste et abrite tous les actifs non repris par Canal+ SA et destinés à être cédés :
vente de Tele+ et D+ àSky (les deux marques disparaîtront)
vente de Canal+ Scandinavie (la marque est conservée pour la chaîne premium - ainsi que le logo - et pour le bouquet satellite)
vente des parts dansSogecable au groupePRISA (l'un des principaux groupes de presse espagnol qui contrôle notamment les journauxEl País etAs)
vente deCanal+ Belgique, première déclinaison locale du concept premium en Europe, puis de Canal+ Nederland qui deviendrontBeTV (Wallonie) et Prime (Flandres) en Belgique et Film 1 / Sport 1 aux Pays-Bas.
Au début de l'année 2003, la chaîne compte 4 450 000 abonnés, soit 170 000 de moins que deux ans auparavant[56].
En, Jean-René Fourtou démet Xavier Couture de ses fonctions.
Le gestionnaireBertrand Méheut qui vient de l'industrie pharmaceutique, remplace Xavier Couture à la présidence du groupe. Il décide de poursuivre la restructuration du groupe. Le siège mythique de la grande époque de Canal+ sur le quai André Citroën est revendu, le groupe s'installe àIssy-les-Moulineaux. Un nouveau plan social est mis en place avec305 postes supprimés et 138 autres externalisés[57],[58],[59] qui touche tous les services (sauf la création, les commerciaux et les relations clientèle)[60]. Lors du mouvement de grève consécutif à l'annonce du plan social, le journal de la mi-journée du de Canal+ est remplacé par une édition réduite, présentée par Priscilia de Selve et réalisée par les équipes d'i>Télé[61], avec un retard exceptionnel de trois quarts d'heure.
Au début de l'année 2003, la chaîne compte 4 450 000 abonnés, soit 170 000 de moins que deux ans auparavant[56].
À la rentrée 2003, la grille en clair est revue.Emmanuel Chain animeMerci pour l'info etStéphane Bern présente20 h 10 pétantes. Canal+ fête sereinement ses 20 ans en 2004. La chaîne renoue avec les succès de l'époqueNPA avecLe Grand Journal deMichel Denisot. Canal récupère l'exclusivité des droits TV de laLigue 1 pour600 millions d'€ face à son concurrentTPS et acquiert les droits de la sérieDesperate Housewives. En 2005, Canal change de stratégie sur laTNT et décide de lancer sa chaîne infoi>Télé en gratuit. Fin 2005,Patrick Le Lay, patron deTF1, accepte le principe d'une fusion entre son bouquet satelliteTPS etCanalsat. La fusion est concrétisée début 2007 avec l'absorption deTPS parCanalsat.
Fin 2010, les émissions de Canal+ sur le réseau à lanorme L analogique et au standard couleurSécam sont définitivement arrêtées, au profit de latélédiffusion numérique sur laTNT. En 2011, Canal+ renouvelle ses droits TV de laLigue 1, mais il les partage cette fois avecAl Jazeera. De plus, le groupe tente d'obtenir une fréquence sur la TNT gratuite pour lancer Canal 20. Face à la réticence du gouvernement et de ses concurrentsTF1 etM6, Canal rachèteDirect 8 etDirect Star àBolloré. Le, Canal+ ouvre son premier magasin, dans le centre commercial deVélizy 2.
Le, leConseil d'État rend publique sa décision et de fait, supprime l'autorisation concernant la fusion avec TPS. Il confirme la décision de l'autorité de la concurrence contre le recours déposé par Canal+ contestant les décisions de l'autorité de régulation. La décision de l'autorité de la concurrence de est confirmée : retrait de l'autorisation de fusion des deux bouquets TPS et Canalsat. En revanche, l'amende prononcée en 2011 à l'encontre de Canal+ passe de 30 à 27 millions d'euros[62].
En, la chaîne cryptée obtient la diffusion de laFormule 1 pour 29 millions d’euros par an.Cyril Linette, directeur des sports de Canal+, affirme au journalL'Équipe : « il n'y a pas, dans le monde du sport, de feuilleton du niveau de la F1 » avant d’expliquer que la chaîne n’a pas vocation à « diffuser tout le sport, mais de monter en gamme pour proposer le meilleur ». Peu de temps auparavant, le service des sports a réussi à conserver les droits pour la Première League anglaise, le championnat le plus regardé au monde[63].
Pour répondre à la demande de ses abonnés, le groupe lance le la chaîneCanal+ Séries. La nouvelle entité diffuse ses productions originales commeBraquo, mais aussi les grands succès de HBO commeGame of Thrones,The Wire ou encoreBoardwalk Empire[64].
Le, Canal+ annonce une prise de participation à 60 % dans Studio Bagel, chaîne humoristique surYouTube[65].
Le, la chaîne cryptée célèbre ses trente ans avec une semaine de programmes spéciaux[66].
Le groupe Havas, racheté parVivendi en 1998[67] puis renomméVivendi Universal Publishing[68] dont la maison mèreVivendi prend contrôle de Canal+, au tout début des années 2000. En 2004, l'homme d'affairesVincent Bolloré commence à prendre une participation dans Havas et rapidement, le président d'Havas, de Pouzilhac démissionne après un an de bras de fer avec le nouvel actionnaire principal, le groupeBolloré lequel détient une participation de 22 %. Le, Bolloré est nommé président de Havas[69].
En, le groupe Canal+ prend le contrôle des chaînes de télévisionDirect 8 etDirect Star auprès dugroupe Bolloré, qui, en échange, accède à une participation de 4,41 % du capital de Vivendi, maison mère de Canal+.Vincent Bolloré devient dès lors, son premier actionnaire en 2013 avec 5 %[70]. Vivendi poursuit sa stratégie de recentrage sur les activités de médias et de contenus autour principalement dugroupe Canal+ et d'Universal Music Group. Selon Jérôme Bonin, expert analyste deNatixis, Bolloré souhaite « installer Vivendi parmi les géants mondiaux Disney, ABC, Fox et les autres »[71].
La fin de saison 2014-2015 est marquée par la reprise en mains de Canal+ parVincent Bolloré, le nouveau patron deVivendi[72]. Celui-ci écarteRodolphe Belmer (directeur des programmes) de la direction et le remplace par son adjointMaxime Saada. Bertrand Méheut est également remplacé par Jean-Christophe Thiery au poste de président du directoire tandis que Vincent Bolloré prend personnellement le contrôle de la chaîne en tant que président du conseil de surveillance, poursuivant la restructuration entreprise depuis[73].
En, l'assemblée générale du groupe valide l'arrivée de Vincent Bolloré à la tête du conseil de surveillance[74]. Arnaud de Puyfontaine est nommé directeur général du groupe[75].
En, legroupe Bolloré vend 22,5 % de Havas pour 601 millions d'euros, dans le but d'augmenter le flottant de l'action Havas[76].
En, legroupe Vivendi annonce l'acquisition de la participation de 60 % dugroupe Bolloré dans Havas pour un montant de 2,36 milliards d'euros[77],[78], en cas de réussite de cette opération, les 40 autres pourcents d'Havas devrait être repris également par Vivendi, pour un total de 3,881 milliards d'euros[79],[80].
De nombreuses modifications sont apportées aux différentes émissions de la chaîne payante :les Guignols passent en crypté et plusieurs animateurs de la chaîne se voient affectés à d'autres émissions. Certains observateurs notent que les cas de censure des programmes et d'ingérence de la part de Bolloré se multiplient[81].
Fin 2015, Canal+ perd les droits de laPremier League au profit deSFR. Gros coup dur pour Canal qui cherche alors à s'allier àBeIn Sports via un accord de distribution exclusif. Mais à la suite des règles imposées après l'annulation de la fusion avec TPS en 2012,l'autorité de la concurrence refuse cet accord.
Le, l'actionnaire annonce une série de mesures d'austérité concernant les chaînes Canal+ (endettées à1 milliard d'euros) et leur chaîne sœur I>Télé, elle aussi déficitaire[réf. nécessaire]. Quelques jours plus tard, le siteLes Jours annonce qu'au cours du premier trimestre 2016, la chaîne aurait perdu près de 200 000 abonnés, soit la moitié des départs nets enregistrés pour l'ensemble de l'année 2015[82]. Début 2016, Canal+ décide de « ressusciter » le cryptage analogique sur les émetteurs numériques. Le message affiché par les décodeurs est ainsi remplacé par une diffusion brouillée de la chaîne, avec un message incitant à s'abonner.
Le printemps 2016 est marqué par de nombreuses annonces de départs d'animateurs :Yann Barthès,Grégoire Margotton,Maïtena Biraben,Ali Baddou,Ophélie Meunier etThomas Thouroude quittent la chaîne. Le, legroupe Canal+ annonce que les programmes en clair de la chaîne passeront de 6 heures à 2 heures par jour à la rentrée 2016 pour placer des programmes premium afin de recruter plus d'abonnés. Il annonce également que certains programmes seront semi-gratuits soit une partie en clair, une partie en crypté.
En, Canal+ reconnaît avoir perdu 542 000 abonnés en 1 an[83].
À partir de la fin 2016, Canal+ cesse de payer les droits d'auteur des programmes qu'il diffuse[84].
Le, Vincent Bolloré annonce qu'il quitte la présidence de Canal+ tout en restant à la tête de la maison mèreVivendi et dugroupe Bolloré qui la contrôle. Il est remplacé parMaxime Saada et Jean-Christophe Thiery[85].
Fin, lors de l’attribution des droits télévisés pour la Ligue 1 pour la période 2020-2024, le groupe espagnolMediapro rafle les lots N1, N2 et N4, au grand dam dugroupe Canal+ qui ne s'est vu attribuer aucun lot de diffusion.
Le, Canal+ annonce la fin desGuignols de l'info, émission culte qui disparaît effectivement le.
Le, Canal+ renoue avec le football télévisé en récupérant pour trois saisons les droits du championnat d'Angleterre, la Premier League, à partir de la rentrée 2019[86]. Le montant de l'acquisition serait proche des 115 millions d'euros mis sur la table par RMC Sport deux ans plus tôt[87]. Ce succès glané lors de l'appel d'offres laisse entrevoir un retour de la chaîne cryptée dans le monde du foot alors qu'elle a perdu peu à peu ses acquisitions historiques lors des dernières années (Championnat d'Angleterre, Ligue 1 et Coupe d'Europe)[88]. Maxime Saada, le président du directoire de Canal+ évoque une « acquisition importante mais pas essentielle »[89].
Début, un plan de départs volontaires est souhaité par la direction de Canal qui souhaite supprimer 500 postes sur les 2 800 existants[93],[94]. Toutes les entités sont touchées, mais la plus concernée est celle du pôle édition[95]. Le, la direction rencontre les représentants des salariés pour leur signifier qu'au total, 492 postes seront supprimés, espérant que ces départs s'effectueront dans le cadre du volontariat[96]. La direction justifie cette volonté de dégraisser par la concurrence avec les plateformes de streaming et la disparition progressive du football sur ses antennes[97]. Le, le groupe Canal annonce le rachat des activités de distribution, de production et d'édition de chaînes d'Iroko, un géant nigérian de laVOD dont il est déjà actionnaire minoritaire[98],[99]. Avec ce rachat, Canal espère se renforcer sur le marché deNollywood, en pleine expansion ces dernières années[100],[101]. À la rentrée 2019, la grille en clair est revue. Isabelle Moreau animeL'info du Vrai le mag à17 h 45 et Yves Calvi présenteL'Info du vrai à18 h 30, suivi parClique deMouloud Achour. Néanmoins, l'émission semble accélérer la chute d'audience de la chaîne et atteint un seuil critique le (0,3 % de l'ensemble du public) faisant de Canal+ la chaîne la moins regardée de toute l'offre TNT[102]. En, Canal annonce avoir trouvé un accord avec le géantNetflix pour proposer sa plateforme à ses abonnés[103] : à partir du, par le biais d'un abonnement complémentaire, les abonnés Canal pourront avoir accès au catalogue Netflix[104],[105]. Fin, Canal+ récupère les meilleures affiches de la Ligue des Champions pour la période 2021-2024[106]. En, Canal+ rachète finalement auprès deBeIn Sports les droits du championnat de France de football pour les saisons 2020-2024 et récupère donc par la même occasion les deux affiches de Ligue 1 devant être diffusées au cours de cette période surbeIn Sports[107]. Le montant de cet accord représente selon le siteLes Jours une facture de 300 millions d’euros par an[108]. Il s'agit de l'affiche du samedi à21 h et de celle du dimanche à17 h[107]. En revanche, il perd son affiche historique du dimanche à21 h, étant diffusée surMediapro. LeCanal Football Club ne pourra par ailleurs plus diffuser les résumés de matchs[109]. En, Canal annonce avoir trouvé un accord avecDisney+ pour devenir le diffuseur exclusif de la nouvelle plateforme en France[110]. Le lancement officiel, initialement prévu le, a finalement lieu le, en raison de la crise Covid-19[111]. Parmi les nouveautés les plus attendues, la possibilité pour Canal de diffuser les productions cinéma de Disney à peine huit mois après leur sortie sur grand écran (contre 36 mois en moyenne aujourd'hui)[112]. En revanche, il n'est pas obligatoire d'être abonné à Canal+ pour avoir accès à Disney+, un abonnement auprès de Disney+ suffit pour y avoir accès[113].
À partir de la rentrée 2020, la grille du sport et particulièrement du foot évolue avec la perte des droits de la Ligue 1[114]. Une affiche deTop 14 de rugby va prendre la place du grand match de Ligue 1 du dimanche soir et leCanal Rugby Club, présenté parIsabelle Ithurburu, débute à20 h 10, tandis que leCanal Football Club, raccourci, est diffusé l'heure d'avant, à partir de19 h[115],[116]. En pleine crise liée à l'épidémie deCovid-19, les dirigeants de Canal décident de passer la chaîne en clair à partir du sur toutes les box TV, ainsi que les cinq autres chaînes Canal : Cinéma, Sport, Séries, Famille et Décalé[117]. Une décision qui déclenche l'ire du monde audiovisuel qui dénonce une stratégie marketing qui profite d'un état d'urgence sanitaire et d'un confinement pour se faire de la publicité tandis que des milliers d'abonnés continuent de payer au prix fort des services devenus gratuits pour les autres[118]. La chaîne a pris cette décision sans prévenir non plus les auteurs et producteurs des œuvres qui se trouvent ainsi diffusées gratuitement :« Au risque de me faire écharper par les gogos de la gratuité l'opération Canal plus en clair est une honte qui bafoue toutes les règles de droit et en particulier du droit d'auteur. Le CSA doit réagir avec la plus grande fermeté » résume Pascal Rogard, le directeur général de la SACD[119]. Face à cette levée de boucliers de concurrents qui dénoncent aussi la façon dont Canal « viole les règles », la direction se voit contrainte de crypter quatre de ses six chaînes le en laissant Canal+ et Canal+ Séries en clair toute la journée jusqu'au[120],[121].
En,Maxime Saada annonce vouloir porter plainte contreMediapro, le diffuseur du championnat de France de football[122]. Maxime Saada s'estime victime d'une « inégalité de traitement » après avoir pris note des conditions que Canal+ doit respecter dans le cadre de la distribution de la chaîneTéléfoot[123]. « Je crains qu'ils essayent de nous faire payer les montants qu'ils n'auraient peut-être pas obtenus des autres. Cela, c'est hors de question pour Canal+ ! », estime Maxime Saada qui juge les conditions « irréalistes »[124]. En, la filiale STUDIOCANAL licencie son directeur des productions[125], Nicolas Dumont. Le, Canal+ récupère finalement l'intégralité des droits TV de la Ligue 1 pour la fin de saison 2020-2021 et fête le retour du foot le dimanche soir avec le Classico PSG-OM.
L’humoristeSébastien Thoen est licencié de Canal+ en pour un sketch parodiant l’émission dePascal Praud diffusée surCNews (également propriété du groupe Canal+)[126]. En réaction, la société des journalistes du groupe publie un communiqué indigné, tandis que le commentateur sportifStéphane Guy lui apporte son soutien à l'antenne. Ce dernier est aussitôt mis à pied, tandis que les signataires du communiqué subiraient depuis des « pressions managériales incessantes »[127]. D’après le siteLes Jours, il s’agit pourVincent Bolloré, le propriétaire du groupe, « de faire un exemple. […] Les journalistes de Canal ont été réunis par la direction pour carrément les menacer, leur dire qu’il ne faut pas dire un mot à l’antenne en faveur de Stéphane Guy »[128].
Début, la direction de Canal+ annonce que quatre Grands Prix de lasaison de Formule 1 2021 seront disponibles en clair puisque la chaîne récupère les droits de TF1[129]. Parmi ces courses diffusées en clair, leGP de Monaco et leGP de France[130]. Fin, Canal+ annonce conserver les droits auprès deSanzaar pour plusieurs saisons pour la diffusion des principales compétitions de rugby de l'hémisphère Sud[131]. En, Canal+ annonce l'acquisition d'une participation de 70 % dans SPI International, une entreprise ayant des dizaines de chaînes thématiques dans différents pays[132].
En décembre 2021, Canal+ annonce son intention de ne plus diffuser leFestival de Cannes, après 28 années de collaboration[133],[134]. En 2021, la chaîne revendique 8,9 millions d'abonnements[135]. Le 10 février 2022, Canal+ peut désormais diffuser les films seulement 6 mois après leur sortie en salle. Canal+ conserve l'exclusivité de diffusion des films qu'elle a co-financés pendant neuf mois[136]. Le 15 février 2022, Canal+ annonce un partenariat avec le groupeParamount afin de permettre l'accès aux abonnés de l'offre Ciné Séries à la plateforme de streamingParamount + pour décembre 2022[137]. Le, la chaîne cryptée remporte l'intégralité des droits des coupes d'Europe de football de 2024 à 2027 (Ligue des champions de l'UEFA,Ligue Europa etLigue Europa Conférence)[138]. SelonL'Équipe, elle devra débourser 480 millions d'euros.
Contrat TF1, pertes financières et départ de la chaîne de la TNT payante
Le la chaîne décide de ne pas renouveler son contrat avec TF1 pour des raisons d’accord financier[139], privant les abonnés de TF1 sans modifier le tarif. La société Canal+ décide d'interrompre également la diffusion de toutes les chaînes du groupe TF1 sur l'offreTNT Sat qu'elle exploite. Le, legroupe TF1 déclare porter plainte en référé contre Canal+ à la suite de cette décision[140]. Le 7 novembre, un accord de diffusion est signé entre les deux chaînes.
En juillet 2023, un audit interne dévoile que Canal+ subit de lourdes pertes annuelles s'élevant à 26 millions d'euros[141].
En 2024, Canal + monte progressivement au capital de Viu, un opérateur de streaming de Hong-Kong considéré comme un leader en Asie et pour lequel il acquiert 36,8 % des parts en juin[142].
Le 4 novembre 2024, la chaîne, toujours présente malgré ses difficultés initiales[143],[144] et tentant de s'adapter[145], fête ses 40 ans dans une émission spéciale du soir animée parAntoine de Caunes[146].
Le, avec les autres programmes payantsCanal+ Cinéma(s),Canal+ Sport etPlanète+, la quatrième chaîne française annonce son départ de la TNT dès, après l'annonce du retrait de l'autorisationC8 de l'Arcom, à compter du[147]. L'économie d'exploitation des émetteurs TNT s'élèverait à environ 10 à 15 millions d'euros pour chaque programme de télévision émis sur le plan national[148].
Le tout premier logo de la chaîne est composé d'un cercle et d'une croix. Ce premier sigle lors du lancement, présente une forte ressemblance avec lacroix celtique, laquelle est alors utilisée par divers mouvements d'extrême droite. Le logo est donc retouché et redessiné, en décalant la croix vers la droite et en ovalisant le cercle, devenant la fameuse ellipse. Le fait que cette ressemblance ait été volontairement recherchée par un dessinateur sympathisant d'extrême droite est unelégende urbaine récurrente qui court dans ces milieux[réf. nécessaire]. En réalité, dans l'ouvrageLa télé, 10 ans d'histoires secrètes écrit par deux journalistes du quotidienLibération, on apprendra que le logo est né d'une erreur d'impression et de transcription, partant de la lettre C et du chiffre 4. Le nom de code du dossier est alorsCanal 4 (canal nationalno 4, après ceux deTF1,Antenne 2 etFR3). Le chiffre mal imprimé aurait ainsi donné àAndré Rousselet, l'idée du titre définitif de la chaîne.
{{|Le, les tests d'un nouvel habillage sont réalisés pendant la nuit pour valider le changement technique et l'arrivée d'un nouveau logo. Ainsi,Robial épure son logo en cartouche noir écrit en blanc et le décline l'année suivante sous forme de multiplex pour le satellite :Canal+ Bleu (plutôt orientée émissions et documentaires) etCanal+ Jaune (plutôt orientée cinéma). Le dimanche,,Canal+ Vert (plutôt orientée sport) vient compléter le multiplex}}.
Le, l'habillage des carrés évolue. Les pré-génériques sont supprimés et les génériques sont composés de carrés qui traversent l'écran et se chevauchent derrière le titre du programme (pour certains génériques, d'abord le titre de l'émission puis la catégorie : « Cinéma », « Sport », etc.) et se terminent sur fond noir par un indicatif sonore et le logo de la chaîne en bas[149]. Côté musique, cet habillage est surtout accompagné d'un instrument en particulier : levibraphone. Le, l'habillage évolue pour passer au format 16/9e avec l'arrivée de traits et de cercles[150].
Le, Canal+ réactualise son habillage[151], la chaîne ayant exploité jusqu'alors les directives d'Étienne Robial depuis le milieu des années 1980.
Canal+ est une chaîne semi-généraliste axée essentiellement sur le cinéma, les séries et le sport.
Sur ses plages en clair (matin, midi, soir), la chaine diffuse des magazines d'actualité et d'interviews sur le cinéma, les séries et le sport. Canal+ diffuse aussi quelques programmes de divertissement.
Sur ses plages en crypté, les abonnés peuvent accéder à des films récents en exclusivité, des séries multirediffusés pendant plusieurs mois. Les abonnés ont accès également à des retransmissions sportives en direct (football, rugby, Formule 1, Moto GP).
Rugby : 2 affiches deTop 14, le samedi et le dimanche à 21h. Un multiplex diffusé le samedi à 17h. L'intégralité des matchs est diffusée surCanal+ Sport etCanal+ Live.
Formule 1 :le Grand-Prix le dimanche à 15h. Les essais et les qualifications sont diffusés surCanal+ Sport.
Canal champions club : magazine sur laLigue des Champions, diffusé le mercredi à 19h50 et 23h, présenté parHervé Mathoux (retour depuis 2021)
Soir d'Europe : magazine sur laLigue Europa, diffusé le jeudi à 20h30 et 23h, présenté par Clément Gacheny (depuis 2021)
Canal rugby club : magazine sur le rugby, diffusé tous le samedi à 19h50 et tous le dimanche à 20h25, présenté parAstrid Bard (depuis 2015)
Canal sports club : magazine omnisports, diffusé chaque samedi à 18h45, présenté par Nicolas Tourriol (depuis 2018)
Match of ze day / The match : magazine de présentation de laPremier League, diffusé le week-end, présenté par Joris Sabi (depuis 2008).
En pôle : magazine sur l'automobile et la moto, diffusé avant les courses d'automobile et de moto, présenté par Pauline Sanzey (depuis 2018).
La grille : magazine sur l'automobile et la moto, diffusé avant les courses deFormule 1 et deMotoGP, présenté par Pauline Sanzey etMargot Laffite, diffusé le dimanche à 13h15 (depuis 2013).
À partir de l'année 2014, on constate une certaine campagne, alimentée par quelques polémistes et auteurs français contre la chaîne.
En 2014, l'écrivain catholiqueFrançois Taillandier exprime une analyse critique visant à dépeindre Canal+ comme une chaîne élitiste. Pour lui, « Canal+ devint ainsi la chaîne réservée à ceux qui ne sont pas des cons », « ces cons incarnés par les fameux Deschiens : le peuple, les pauvres incultes. Canal+, la chaîne des urbains évolués, des libéraux-libertaires. »[155]
En 2014, dans son livreLe suicide français, le polémiste d'extrême droiteÉric Zemmour consacre un chapitre sur la chaîne intituléCanal plus, la chaîne cathodique du bien où il explique le souhait du groupe Havas et du président Mitterrand de créer l'équivalent d'un HBO français. Selon lui, les programmes en clair sont d'un ton hédoniste, individualiste et d'une ironie au service des libéraux-libertaires. Il moque certaines émissions qui critiquent le capitalisme et la finance alors que la chaîne est alors abreuvée de productions d'Hollywood et que les actionnaires viennent de banques américaines[156]. L'aspect le plus critiqué par Zemmour est, selon lui, l'idéologie de « la haine de la France, de l'histoire de France » notamment dans lesGuignols de l'info,Les Deschiens où les classes populaires sont assimilées à l'inculture, la médiocrité et le racisme. Alors que ce sont les classes populaires qui ont permis à la chaîne cryptée de connaître le succès des abonnements avec le sport et les films X. Ce mépris de cette catégorie sociale, lui fait rappeler celui des aristocrates de l'ancien régime avec les paysans. Sauf les jeunes issus de l'immigration africaine, commeDebbouze etOmar Sy, lesquels sont selon lui, « couverts d'or »[157].
En 2014, la responsable duFront nationalMarine le Pen, annonce s'être désabonnée de Canal+, en raison selon elle, de la ligne éditoriale des journalistes de la chaîne, expliquant que Canal+ serait une chaîne debobos,conformistes et méprisants à l'encontre d'elle, de son parti et ses électeurs[158],[159],[160]. Propos que confirme Éric Zemmour, en affirmant également de son côté lors de l'émissionÇa se dispute surI-Téle, que Canal + a toujours été une chaîne de bobos, qu'elle a été faite pour ça, elle a été faite par eux, pour eux et pour mépriser le peuple français[161],[162].
En 2018, le polémiste politiqueChristophe Guilluy considère que Canal+ représenterait « la quintessence de l'idéologie libérale-libertaire dominante ». La chaîne aurait travaillé à la relégation des classes populaires en les associant systématiquement à un type de dégénérescence. Il analyse la série desDeschiens tout comme la marionnette deJohnny Hallyday desGuignols de l'info comme caractéristiques du processus de dépréciation des classes populaires propres en particulier à cette chaîne[163].
Canal+ bénéficie d'une réglementation et d'un statut inédits et spécifiques. Le, l'État français offre à l'opérateur Havas plusieurs privilèges ; la mesure la plus controversée concerne la concession de service public l'autorisant à exploiter la diffusion hertzienne terrestre, un privilège unique au monde pour une chaîne à péage[164].
Depuis son lancement, la chaîne payante apparaît « brouillée » aux non abonnés (l'image et le son sont perturbés pour restreindre l'accès aux abonnés via le décodeur). Toutefois, une réglementation spécifique prévoit de laisser une partie de l'antenne accessible à tous (en « clair ») pour permettre la promotion commerciale et attirer de nouveaux abonnés. Les « fenêtres en clair » quotidiennes vont être non seulement rallongées, mais l'État français autorise également la publicité durant ces tranches horaires (décret du). La nouvelle loi audiovisuelle du maintient le statut juridique de Canal+. Toutefois, cette loi interdit alors le renouvellement de cette concession. Pour autant, la loi du modifie ces clauses avec, notamment, une disposition favorable au maintien de la concession de Canal+. Il faut attendre, le pour que le CSA négocie une convention avec la chaîne et la reconduction de son autorisation.
Depuis lors, Canal+ est soumis au régime de droit commun. En revanche, la réglementation concernant le volume horaire et la publicité pour ses « plages en clair » reste en vigueur alors que ces dispositions ont été fixées en 1983, pour aider la chaîne à son essor et à une période où sa situation commerciale et financière est en péril (de 1984 à 1986)[165].
Le premier développement de Canal+ concerne la participation à la plateforme de télédiffusion par satellite franco-allemande (TDF 1, Kopernicus, TVsat) devant exploiter la nouvelle norme TV européenne analogiqueD2 Mac. Devant diffuser aux côtés de la future chaîne culturelle franco-allemande (La Sept futureArte), une chaîne de sport, une chaîne éducative « jeunesse » et une chaîne musicale, Canal+ commence ses diffusions satellitaires à compter de l'été 1990. Toutefois, cette plate-forme de télédiffusion est concurrencée par le satellite luxembourgeois de la sociétéSES Astra.
Après l'échec des satellitesTDF 1 etTDF 2 enD2 Mac, Canal+ lance son bouquet dechaînes à péage par satelliteCanalSatellite au modeanalogique pour sa première phase commerciale, dès le. Il couvre la France uniquement, puis le passe au modenumérique avec la reprise des chaînes développées pour le câble parMultiThématiques sur le satellite européenAstra. Canal+ va ensuite promouvoir ce modèle de bouquet en Europe en lançantCanalSatélite (Espagne) qui deviendraCanalSatélite Digital lors de son passage au numérique,Le Bouquet (Wallonie),Cyfra+ (Pologne),D+ (Italie),CanalSatelliet Digitaal (Pays-Bas),Canal Digital (Scandinavie).
À partir de1998,Pierre Lescure demande à son ami « historique »Christian Dutoit de concevoir et lancer la première chaîne d'information du groupe Canal+ : i>Télévision devenuei>Télé, dont les premières émissions auront lieu lors du quinzième anniversaire de Canal+, le ().
Canal+ forme alorsl'un des plus grands et des plus puissants groupes audiovisuels européens[réf. souhaitée], legroupe Canal+.
La mesure d'audience d'une chaîne à péage peut sembler secondaire par rapport au nombre de ses abonnés mais la spécificité de Canal+ est qu'elle exploite certaines plages horaires en clair, donc théoriquement accessible à tout téléspectateur équipé pour recevoir ses signaux.
Après voir perdu jusqu'à 512.000 abonnés entre 2018 et 2021, le groupe Canal+ semble avoir stabilisé ses résiliations en 2022[166]. Toutefois, il n'est pas possible de connaître le nombre précis d'abonnés que la chaîne payante seule conserve réellement en France, car le groupe Vivendi ne communique plus ce type de données et il les amalgame aux résultats de la totalité de ses offre TV payantes ; de plus, le dénombrement et la manipulation des données d'abonnement sont sujets à controverse, comme l'a démontré un article publié parBFM TV en 2018[167].
Jusqu'à l'arrivée de la TNT, de très nombreux foyers français captent difficilement, voire pas du tout, les signaux de Canal+ en clair. Ainsi, à partir du lors du lancement de latélévision numérique terrestre gratuite, soit avant l'introduction de la chaîne dans l'offre payante de la TNT en 2006, Canal+ diffuse quotidiennement les plages de programmes non cryptées (numérique en clair).
Dès lors, la chaîne payante a pu combler le retard de son « taux de pénétration » national (foyers pouvant réellement visualiser ses programmes notamment en clair) selon une problématique de parc d'équipement d'antennesVHF. Toutefois, même en considérant cette couverture de diffusion quasi totale de l'hexagone, on observe qu'entre les années 1980 où la chaîne frôle les 5 % d'audience, son score au début des années 2020 se situe à peine au dessus de 1 %.
En 2014, avec 2,6 % de part de marché, Canal+ est la huitième chaîne la plus regardée en France.
En 2016, l'audience de Canal+ s'effondre, en perdant 1 point par rapport à 2015.
Fin 2023, la chaîne peine à dépasser les 1 % d'audience.
Alors que la chaîne a déjà connu deux importants mouvements en puis en en raison de plans sociaux, Canal+ connaît de nouveaux différends entre les représentants du personnel et sa direction à la fin de l'année 2008, portant principalement sur la revalorisation des salaires. Le, sur fond de crise internationale, mais également d'excellents résultats bénéficiaires de Canal+, les négociations salariales sont rompues[242]. L'un des syndicats évoque des tensions salariales aiguës au sein du groupe, jamais aussi importantes depuis plusieurs années. La grève pourrait être l'une des actions organisées par les syndicats.
Le tribunal de grande instance de Nanterre condamne ainsi le Philippe Karsenty, Canal Plus et la sociétéTAC Presse pour diffamation publique envers le directeur du site Média-Ratings ayant produit et diffusé l'émission intituléeJeudi investigation : rumeurs, intox : les nouvelles guerres de l’info, le.
En, la société Canal+ est accusée de vente forcée et est condamné à payer une amende entre 3 et 5 millions d'euros[243].
D'aprèsReporterre, Canal+ a déposé à l’Institut national de la propriété industrielle les mots « planète » et « planet » en 1999, puis « planète+ » en 2011[244]. Depuis, la société menace de poursuites judiciaires, presque chaque fois, les périodiques, associations et entreprises dont le nom contient ces mots, ainsi que certains sites web, y compris lorsque les entités ne sont pas concurrentes de Canal+[244].
La chaîne est accusée d'avoir protégé son chroniqueur[245] soupçonné de violences sexuelles. SelonMediapart, il aurait même bénéficié d'un soutien de la part de la direction[246]. La chaîne a, en effet, demandé à couper du documentaire deMarie Portolano un passage mettant en évidence l'accusation[247]. Le chroniqueur est également accusé d'avoir proféré des insultes racistes. Son avocatArash Derambarsh mentionne dans sa défense qu'il s'agit de « blague potache »[248]. L'affaire est médiatisée par la journaliste Marie Portolano, réalisatrice du documentaireJe ne suis pas une salope, je suis journaliste[249], qui parle plus largement d'« un système à combattre », sans insister uniquement sur le cas d'un seul homme dans ce type d'affaire[250].
Licenciement de Sébastien Thoen et de Stéphane Guy
Stéphane Guy, qui apporte son soutien à Sébastien Thoen à l'antenne, est à son tour licencié. SelonMaxime Saada, les vraies raisons de son licenciement sont liées à ses rapports avec la hiérarchie[253].
Canal+ aurait fait pression sur certains salariés ayant signé une pétition en soutien à Stéphane Guy et Sébastien Thoen[254].Marie Portolano fait alors partie des signataires soutenant l'ancien journaliste de Canal+[255].
En 2022, Canal+ est condamné par lesprud’hommes pour le « licenciement sans cause réelle et sérieuse » de Stéphane Guy[256].
Le capital social de Canal+ SA est de 95 018 076 euros. Il est détenu à 48,48 % par legroupe Canal+ et le reste est partagé entre des investisseurs institutionnels et leflottant[257][source insuffisante].
Le, Vivendi annonce une OPA sur la société afin de récupérer le contrôle du groupe. Le, Canal+ est contrôlé à 48,48 % par le groupe Canal+ et 51,52 % par les fonds propres de Vivendi[258].
En 1992, le groupe affiche 300 millions d'euros de bénéfices pour 1,2 milliard de chiffre d'affaires. Un record dans l'audiovisuel français, à l'époque[56].
En 2018, la Société d'Edition de Canal Plus (92130Issy-les-Moulineaux) a atteint un chiffre d'affaires de 1 502 millions d'euros, dégageant un résultat net de 17 millions d'euros avec un effectif moyen annuel de 738 salariés[260].
Toutefois, en juillet 2023, à la suite d'un audit interne publié dans la presse professionnelle, l'offre payante Canal+ ainsi que leschaînes gratuites de la TNT françaiseC8 etCNews appartenant augroupe Bolloré accusent des déficits et de lourdes pertes s'élevant à plusieurs dizaines de millions d'euros[141].
Programmation d'émissions impertinentes, à l'origine de l'expression « l'esprit Canal », avec un ton décalé déjà amorcé par les soiréesLes Enfants du Rock surAntenne 2 ;
Habillage sobre et à fond noir, avec un logo en deux dimensions (ellipse de Canal+) en opposition aux tendances de l'époque ;
Avancées technologiques (diffusion nocturne puis 24/7, diffusion parsatellite, normeD2 Mac,16/9, restauration vidéo de films anciens, programmation alternative…).
Absence despeakerines remplacées par des bandes-annonces ;
La prise de contrôle par Vivendi au début des années 2000 ainsi que l'arrivée deJean-René Fourtou à sa tête et deBertrand Méheut à celle de Canal+ SA font que les budgets programmation de la chaîne sont donnés en priorité aucinéma et aux sports, dont les droits de diffusion augmentent fortement à partir des années1990; la chaîne acquiert notamment la majeure partie des droits de laLigue 1 pour plus de600 millions d'euros.
Sur le canalno 29 du bouquetCanal+, une programmation spécifique enhaute définition et enstéréoscopie est lancée avec la première diffusion expérimentale d'une rencontre detennis, le. Ce canal spécifique diffuse alors en boucle des extraits de films, de retransmissions et d'émissions en relief 3D et ne propose durant l'année 2011, qu'un seul film chaque mois. Le premier long-métrage diffusé en relief estAlice au pays des merveilles deTim Burton, en[261]. Pour bénéficier de la stéréoscopie, il convient de s'abonner à Canal+ via le bouquet Canalsat, de souscrire à l'option HD et de disposer de l'équipement compatible : récepteur/décodeur Canalsat HD labellisé « Canal Ready » et téléviseur 3D ou vidéoprojecteur « 3D Ready » avec priseHDMI récente, ainsi que les lunettes stéréoscopiques compatibles. La diffusion de la chaîne Canal+ 3D est toutefois arrêtée le 24 janvier 2012.
En, Canal+ obtient une licence de pari sportif auprès de l'Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) pour territoire français et s’est associé aubookmaker anglais Ladbrokes pour lancer un site de paris en ligne[262]. Toutefois, en, les deux associés décident de se retirer pour, selon eux, des motifs de rentabilité limitée et de taille trop réduite du marché français.
Le, Canal+ annonce la création de CanalStart, une structure qui a pour objectif de soutenir les projets des jeunes entrepreneurs (incubateur de startups), dans le secteur des médias et nouvelles technologies[264],[265].
Sous l'antenne UHF, l'antenne VHF, nécessaire à la réception de Canal+ en France avant l'avènement de la télévision numérique
Depuis sa création en 1984, Canal+ s'est vu contrainte d'exploiter l'ancien réseau d'émetteursVHF deTF1[267]. Ce premier réseau historique resté à la norme E en noir et blanc819 lignes jusqu'au) est exploité en parallèle de l'UHF utilisée par toutes les chaînes nationales à la norme L625 lignes au standard couleursSécam. Ainsi, depuis le milieu des années 1980, les millions de foyers non abonnés à Canal+ n'ont pas jugé utile de s'équiper ou de remplacer l'antenne existanteVHF pour recevoir ses programmes en clair; l'acquisition et l'installation d'un tel équipement VHF représente un coût pouvant aller de 45 à350 euros par foyer (antenne + coupleur + installation). Cette contrainte technique ralentit considérablement le taux de pénétration et l'audience de la chaîne, lors des émissions non cryptées, notamment. Une réception médiocre des signauxVHF provoque le plus souvent, une incompatibilité de décodage de Canal+, lors de ses émissions chiffrées.
Depuis le, grâce au nouveau réseau d'émetteursTNT, lequel exploite quasi exclusivement la gamme UHF, la question de l'antenne spécifique VHF souvent baptisée « antenne Canal+ » est désormais résolu. Dès lors, pour chaque nouveau foyer équipé en réception TNT, la chaîne rattrape son retard pour ce qui est du taux de pénétration. Ainsi, alors que l'audience des chaînes nationales analogiques en clair a tendance à décroître, celle de Canal+ connaît une croissance régulière, conforme à la progression mathématique du taux d'équipement TNT.
Le soit un an avant les autres chaînes, Canal+ cesse définitivement d'émettre à la norme L analogique sur l'ancien réseau hertzien national, afin notamment de libérer des fréquences pour la radio numérique.
À compter du à 11 h 08[268], Canal+ n'est plus disponible en analogique sur le satellite.
Le,Vincent Bolloré évoque une possibilité d'arrêt de la diffusion sur laTNT pour réduire les coûts de diffusion[269],[270].
Le, Canal+ obtient de la part duCSA une nouvelle autorisation pour exploiter un canal de retransmission sur laTNT. Cette convention court sur une durée de 3 ans, au lieu des 10 ans initialement prévus, soit jusqu'au[271]. La chaîne payante continue alors d'utiliser la numérotation historique, le canal numéro 4. Le, Canal+ voit son autorisation renouvelée par l'Arcom (ex-CSA) pour une durée de 18 mois, soit jusqu'au.
En 2024, la chaîne Canal+ est candidate au renouvellement de son autorisation d'émettre sur laTNT arrivant à échéance en 2025[272]. La chaîne est auditionnée le par l'Arcom[273].
L'accès aux programmes payants de la chaîne Canal+ est réservé aux détenteurs d'undécodeur TV et d'une clé ou carte (à puce) d'abonnement contenant des droits d'accès actifs. Depuis 1984, la chaîne a exploité une série de modes decontrôle d'accès :
Le plus ancienDiscret 11 est exploité en réception terrestre, satellite et câble à partir de. Il nécessite de saisir chaque mois, une série de chiffres (code mensuel) sur le clavier numérique intégré. Largement piraté, il est progressivement remplacé à partir de 1992, puis définitivement abandonné en 1995.
Son successeur leSyster, apparu en 1992 est également réservé à la télédiffusion analogique. Il est basé sur le systèmeNagravision ainsi qu'un traitement du son monophonique (inversion de spectre de 12,8 kHz) via le décodeurSyster dont l'utilisation s'arrête avec l'arrêt de la diffusion analogique en pour Canal+, un an avant l'arrêt définitif des autres chaînes analogiques, pour être remplacé par un récepteurTNT intégrant des circuitsDVBMPEG-4.
En, le récepteur satellite analogique à la norme D2 MacDecsat est commercialisé. Il est le premier appareil adapté au format d'image16/9 et compatible avec les signaux haute définition (HD Mac).
En, le terminal de réception satellite et câbleMediasat est commercialisé, il s'agit du tout premier décodeur numérique exploité par Canal+. Cet appareil fabriqué par les marquesThomson,Sagem,Philips,Nokia etPioneer est toutefois incompatible avec laTVHD.
En2004, le terminal de réception numériquePilotime intègre un disque dur permettant d'enregistrer jusqu'à quarante heures de programmes. En2005, cette dernière génération d'appareil propose en plus la réception d'un son en Dolby Digital 5.1. Cet appareil est dépourvu de la compatibilitéTVHD. En2005, avec le lancement de laTNT, Canal+ lance une déclinaison duSyster (TNT+) et duMediasat adaptée à ce mode de télédiffusion. En 2006, Canal+ propose sonMediasat Max lequel intègre des circuitsTVHD et la possibilité d'ajouter un disque dur externe pour enregistrer les émissions.
En, leDual-S est commercialisé, il est destiné à la réception par satellite comme l'indique la lettre S. Il est adapté à la haute définitionTVHD et possède un second tuner satellite ce qui lui permet de visionner un programme tout en enregistrant un autre programme. On peut lui relier un disque dur externe pour enregistrer les émissions, il vise également à remplacer les premières générations de décodeurs satellites numériques devenus obsolètes. Quelques mois plus tard, Canal+ décide de lancer une variante au design identique, le Dual-T, destiné comme sa lettre l'indique à laTNT, abandonnant la version numérique du Syster, moins performante et incompatible avec laHD.
En, la technologieMerlin est exploitée en numérique (évolution v3 du systèmeMediaguard) pour les récepteursMediasat
Le, pour ses 24 ans, Canal+ lance deux innovations :
leCube Canal+ : Ce récepteur numérique satellite intègre un dispositif spécifique permettant en le connectant à Internet de visualiser des émissions en avant-première (séries, téléfilms) par rapport à la programmation de la chaîne payante.
laClé Canal+ : Cette cléUSB annoncée comme le plus petit décodeur TV du monde intègre un récepteur (démodulateur)DVB-T et le système decontrôle d'accès à brancher sur un ordinateur.
Le, Canal+ annonce lancer dès le labelCanalReady, visant officiellement à simplifier le choix du public pour un équipement TV garantissant une parfaite compatibilité avec ses émissions payantes (chaînes numériques de Canal+ etCanalsat). Toutefois, ce label est controversé, car il impose certaines limites (restrictions pour l'enregistrement des émissions) et des surcoûts (options payantes supplémentaires)[274].
En 2013, une version alternative du décodeurle Cube Canal+ est lancée pour la TNT. Celui-ci vise principalement à remplacer les premières générations de décodeurs TNT devenus obsolètes.
En 2015, un nouveau décodeur est lancé pour la TNT, nommé le Cube-S, mais sa commercialisation est rapidement abandonnée et un faible nombre d'exemplaires est produit.
En 2018, est lancé un décodeur nomméLe décodeur Canal+, pour la réception satellite. Il permet une réception en4K et enultra-haute définition et donne accès aux servicesOTT. Il vise notamment à remplacer les décodeurs Dual-S, ainsi que la version satellite ducube Canal+, devenus obsolètes.
Une série d'ouvrages traite de l'entreprise et de la chaîne Canal+ ainsi que de ses personnalités, avec notamment, une multiplication des publications au tout début des années 2000, période de prise de contrôle parJean-Marie Messier à la tête du groupeVivendi.
Benoît Delmas et Éric Mahé,Western médiatique ou les mésaventures du cinéma au pays de Vivendi, Paris, éditionsMille et une nuits Littérature,, 104 p.(ISBN978-2-84205-633-9)
↑Richard Sénéjoux, « Canal+ contre les auteurs : “Vincent Bolloré se comporte comme un affameur” »,Télérama,(lire en ligne).
↑François Bougon et Alexandre Piquard, « Vincent Bolloré quitte la présidence du conseil de surveillance de Canal+ »,Le Monde,.
↑« Premier League : Canal + reprend le foot anglais »,FIGARO,(lire en ligne, consulté le).
↑« Football : Canal + reprend les droits du championnat anglais à RMC Sport »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Canal+ au pied du mur, après la perte des droits du foot »,Les Echos,(lire en ligne, consulté le).
↑ÉtienneMoatti, « Maxime Saada (droits TV de la Premier League) : « Une acquisition importante, pas essentielle » »,L'Équipe,(lire en ligne, consulté le).
↑« Canal+ achète le distributeur de chaînes M7 pour un milliard d’euros »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).