| Date | - |
|---|---|
| Lieu | îles Salomon |
| Issue | Victoire des Alliés |
plus de 40 navires coulés et 800 avions détruits | plus de 50 navires coulés et 1 500 avions détruits |
Batailles
Terrestres :
Navales :
Japon :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Lacampagne des îles Salomon désigne un ensemble d'opérations militaires terrestres, navales et aériennes ayant opposés lesAlliés auxJaponais, sur et à proximité desîles Salomon, pendant laGuerre dans le Pacifique lors de laSeconde Guerre mondiale, d'août 1942 jusqu'àaoût 1945.
Huit mois après l'attaque de Pearl Harbor et deux mois après labataille de Midway, ce fut la première opération amphibie. Elle se déroula en parallèle de lacampagne de Nouvelle-Guinée, certaines opérations visant des objectifs communs aux deux campagnes, du fait de la proximité des territoires.
Les objectifs généraux de la campagne, qui fut mise en place rapidement et avec des moyens limités, étaient la sécurisation des lignes de communication menacées entre lesÉtats-Unis, l'Australie et laNouvelle-Zélande, lignes qui étaient vitales pour les futures opérations dans le Pacifique Sud et Sud-ouest.
Elle s'est déroulée sur un territoire allant desîles Salomon (qui était à l'époque un protectorat britannique) à laNouvelle-Guinée, les principaux combats ont eu lieu entre août 1942 et fin 1943, lorsque la base japonaise deRabaul, principale base impériale militaire et logistique du Pacifique Sud,se retrouva désormais isolée, sans soutien et coupée de ses lignes de ravitaillement.Fin 1944, la grande majorité des soldats et marins américains quittèrent la zone pour se battre sur d'autres secteurs du conflit, et furent remplacés au combat par lesAustraliens qui poursuivirent seuls les opérations dans la région jusqu'à la fin de la guerre, à plus petite échelle,notamment sur Bougainville eten Nouvelle-Bretagne.
La campagne fut menée par les forces combinées du commandement du Pacifique Sud-ouest et du Pacifique Centre, impliquant plusieurs débarquements importants, une douzaine de batailles navales et de nombreuses attaques aériennes.
Lacampagne de Guadalcanal, la première offensive amphibie audacieuse lancée par les États-Unis, a commencé enaoût 1942, huit mois après l'attaque de Pearl Harbor. L'objectif de cette campagne, qui fut mise en place rapidement avec des moyens limités, était la première étape d'une stratégie visant à sécuriser les lignes de communication alliées entre l'Australie et laNouvelle-Zélande, vitales pour assurer le succès des futures opérations alliées dans le sud et le sud-ouest duPacifique.
Dans les mois qui suivirent l'attaque de Pearl Harbor, les Japonais profitèrent de l'avantage que cette attaque surprise leur avait conféré pour envahir l'Asie de l'Est, les Indes et laMélanésie pendant les six premiers mois de1942.Les étapes de cette expansion furentWake,Guam,Singapour,Bataan,Corregidor et lesIndes néerlandaises.
L'avance des Japonais vers le sud commença par la prise deRabaul le23 janvier 1942, puisBougainville dans lesîles Salomon, deux mois plus tard. Rabaul était une base importante qui servait à la fois de base avancée protégeant labase navale deTruk et de point de départ pour les offensives suivantes vers le sud. Bougainville, ainsi que les autres positions moins importantes dans les Salomon, était un point de départ pour établir un coin dans les lignes de communication entreHawaï et l'Australie et laNouvelle-Zélande.
Ayant établi des positions sur la côte nord de laNouvelle-Guinée, ainsi queChoiseul,Vella Lavella et lesîles du Trésor dans les Salomon, les Japonais prirentTulagi et son port le, qui devint ainsi la pointe sud de l'avancée japonaise.
L'île avait été évacuée par les Australiens début mai, mais ceux-ci avaient depuis longtemps établi sur les îles des postes d'observation qui furent maintenus, et qui seraient bien utiles plus tard.
La seule bataille ayant eu lieu pendant la prise des Salomon par les Japonais eut lieu à cette occasion : dans le cadre de labataille de la mer de Corail, la Task Force 17 du vice amiralFrank Fletcher, constituée autour du porte-avionsUSS Yorktown, surprit la force amphibie japonaise concentrée à Tulagi et coula le destroyerKikuzuki ainsi que quelques navires plus petits, endommageant le destroyerYuzuki et le grand mouilleur de minesOkinoshima (qui fut coulé une semaine plus tard par un sous-marin américain).
Les Japonais ne développèrent aucun aéroport dans un premier temps, quoique les plaines deGuadalcanal, à 25 kilomètres au sud de Tulagi, offraient un excellent terrain à cette fin. Tous les efforts initiaux des Japonais tendirent à développer le port de Tulagi. Ce n'est qu'en juin que les Japonais débarquèrent à Guadalcanal, et des travaux de développement d'un aérodrome furent commencés fin juin.
Quoique les plans exacts des Japonais soient encore incertains à l'heure actuelle, la présence des Japonais dans les îles Salomon leur donnait la capacité de frapper l'Australie, la Nouvelle-Guinée et lesNouvelles-Hébrides.
Peu après la chute de Rabaul, alors que l'axe sud-ouest du développement des conquêtes japonaises semblait évident, les Alliés commencèrent à développer des plans afin de freiner ou stopper cette avance.
Enfévrier 1942, l'amiralErnest J. King, commandant en chef de la flotte américaine, traça les grandes lignes de la stratégie alliée au cours d'une correspondance avec le chef d'état-major de l'Armée américaine, le généralMarshall. Selon King, l'action des Alliés ne devait pas se limiter à protéger les lignes de communication, mais ils devaient également établir des bases, notamment àTonga et àEspiritu Santo, à partir desquelles des offensives pourraient être montées contre les Salomon et la Nouvelle-Guinée. Il envisageait donc l'occupation de certaines îles au sud et au sud-ouest du Pacifique dans une suite d'opération amphibies qui seraient menées par lesMarines, l'armée se chargerait de maintenir des garnisons sur les îles conquises tandis que la Marine passerait à l'objectif suivant.
L'occupation de certaines îles stratégiquement importantes commença le12 mars, lorsqu’une force mixte marine-armée débarqua sans opposition àNouméa, la capitale de laNouvelle-Calédonie au sud des Salomon (la Nouvelle-Calédonie s'était ralliée à la France libre dès 1940). Tandis que Nouméa devenait une base navale alliée, un aéroport important fut installé surTontouta, à une cinquantaine de kilomètres de Nouméa. Le 29 mars, lesMarines débarquèrent àPort-Vila, capitale desNouvelles-Hébrides, au nord de la Nouvelle-Calédonie, et en mai,Espiritu Santo fut occupée par une force combinée deMarines, deSeabees de la marine et de l'armée (seabee, qui signifie « abeilles de mer », correspond en fait à la prononciation anglaise des lettresCB, abréviation deConstruction Battalions).
Alors que ces déploiements avaient lieu, les flottes américaine et japonaise s'opposaient dans le cadre de labataille de la mer de Corail, quelques jours après le débarquement des Japonais à Tulagi.
Quoique cette bataille ne fût pas une grande victoire, elle força les Japonais à retarder l'invasion dePort Moresby et de laNouvelle-Guinée.
Cependant, les plans de l'amiralKing pour le Pacifique sud commençaient à se mettre en place. Enavril, la1re division deMarines fut envoyée àWellington en vue des futures opérations.
Enjuin, les Américains se rendirent compte des développements àGuadalcanal, à savoir la création d'un aérodrome dans les plaines de la pointe deLunga. Ceci donnait une certaine urgence aux plans américains dans les Salomon.
Par ailleurs, labataille de Midway avait fait subir à la marine japonaise de terribles pertes le 5 juin 1942, telles que le déséquilibre des forces créé par l'attaque de Pearl Harbor s'en trouvait réduite.
Cet avantage décisif n'échappa pas au généralMacArthur, qui suggéra un assaut immédiat surRabaul. Cette option ne fut cependant pas retenue, les Américains réticents à l'idée de risquer leurs derniers porte-avions dans des manœuvres au sein d'un environnement confiné et sous la menace constante de bases aériennes japonaises.
Cependant, considérant le succès de Midway, l'état-major combiné (Joint Chiefs of Staff) reconsidéra la stratégie alliée dans le Pacifique.
Jusque-là, la stratégie des États-Unis et du Royaume-Uni avait été de se concentrer sur l'Allemagne et l'Europe, leJapon ne venant qu'en second et les efforts à porter sur le théâtre Pacifique ne devant être que ceux strictement nécessaires à contenir le Japon. Dans le cadre de cette stratégie, aucune offensive n'avait été prévue avant la fin 1942, toute opération antérieure devant avoir pour but de maintenir les lignes de communication entre les Alliés. La prise deNouméa et d'Espiritu Santo faisaient partie de cette stratégie défensive.
Le succès de Midway, dont il semblait normal de profiter, et le fait que la pression des Japonais semblait s'accentuer, poussa King à réitérer ses précédents conseils, à savoir une offensive dans les Salomon afin de stopper l'établissement de ce qui semblait devenir, avec Rabaul, une citadelle imprenable. Il préconisait l'occupation des îles Santa Cruz, de Tulagi et des zones adjacentes, avec établissement de garnisons de l'armée australienne. Il proposait comme date d'offensive le1er août 1942.
Alors que King envisageait une opération de la Marine, le général Marshall, de son côté, estimait que MacArthur devait commander l'opération. Cette passe d'armes entre Marshall et King met en évidence les tensions qui pouvaient exister entre les diverses armes des forces armées (situation que toute armée, y compris celle du Japon, connaissait). King insista sur le fait que les troupes chargées de l'opération seraient en fait des troupes de la Marine. En définitive, King eut gain de cause et l'opération fut confiée à Nimitz.
En fait, les zones d'influence des diverses armes dans le Pacifique furent redessinées, puisque la zonePacifique Sud fut créée, sous les ordres de Nimitz et confiée au vice-amiralRobert L. Ghormley.
Le 25 juin,Ghormley reçut les premières instructions relatives à l'organisation d'une offensive dans son secteur. Il devait commencer à établir des plans, tenant compte du fait que la participation de l'armée pouvait ne pas être totalement acquise (et effectivement on verra qu'àGuadalcanal, l'armée n'entra dans l'opération que trois mois après l'invasion par lesMarines).
Quatre jours plus tard, le général Vandegrift, général desMarines), fut aussi averti de devoir faire des préparatifs rapides pour une opération sur les Salomon.
Ghormley devait diriger l'opération, tandis que le vice-amiralFrank Fletcher la commanderait. Le 4 juillet, le plan de l'état-major interarmes fut envoyé à Ghormley qui fut donc confronté au double problème de devoir monter une opération dans un délai apparemment irréaliste d'un mois, avec des moyens qui semblaient totalement insuffisants.
Les ordres de l'état-major exposaient en termes généraux la stratégie du moment dans le Pacifique sud et sud-ouest: le but en était la conquête de laNouvelle-Bretagne, de laNouvelle-Irlande et de laNouvelle-Guinée. Ce but devait être atteint en trois phases: tout d'abord l'occupation des îles Santa Cruz, Tulagi et des zones adjacentes, ensuite la prise du reste desîles Salomon, enfin la prise de Rabaul.
La date du lancement de la première partie du plan (Tulagi) était fixée au1er août, sous la responsabilité de CinCPac (Commander in Chief Pacific, c'est-à-dire Nimitz) tandis que pour les stades suivants (ensemble des Salomon et Rabaul), MacArthur serait le responsable.
Ghormley ayant exprimé ses doutes sur la suffisance des moyens mis à sa disposition, on lui confirma que 35 bombardiers basés à Hawaii seraient disponibles. Cependant, Ghormley et MacArthur étaient d'accord sur un point : le succès de l'opération navale dépendrait en partie de la capacité de l'armée de protéger la force d'invasion contre l'aviation japonaise.
Entre-temps, le généralAlexander Vandegrift était en route versWellington avec la1re division de Marines, qui n'était d'ailleurs pas complète ayant été privée d'un tiers de son effectif détaché auxSamoa.
Du point de vue de la puissance navale à sa disposition, Ghormley pouvait compter sur une flotte encore limitée mais de bonne qualité : essentiellement trois porte-avions avec environ 250 avions à bord, quelques croiseurs, deux nouveaux cuirassés ainsi que des navires secondaires tels que des destroyers.
Du point de vue de la force aérienne, un des points jugés vitaux par Ghormley, la situation était loin d'être aussi bonne : outre les 250 avions embarqués, Ghormley pouvait compter sur 166 avions de la Marine, 95 de l'Armée et 30 de la force aérienne de Nouvelle-Zélande. Ces 291 avions étaient sous le commandement du contre-amiralJohn McCain, sous les ordres de Ghormley.
En résumé, Ghormley disposait d'une force d'invasion bien entrainée de moins d'une division, d'une flotte puissante et bien entrainée mais limitée et d'un support aérien plutôt limité.
Il organisa ses forces en trois groupes.
(CV=Porte-avions; CVL=Porte-avions léger; BB=Cuirassé; CA=Croiseur lourd; CL=Croiseur léger; DD=Destroyer; SS=Sous-marin)
| Désignation | Commandant | Effectifs |
|---|---|---|
| CINCPAC | AmiralChester Nimitz | |
| COMSOPAC | Vice-amiralRobert Ghormley | |
| Task Force 62 | Contre-amiralRichmond K. Turner | Force amphibies |
| Task Group 62.2 | Contre-amiralVictor Crutchley | 3 CA (Australia,Canberra,Chicago), 1 CL, 9 DD |
| TG 62.3 | Capitaine Frederick L. Riefkhol | 3 CA (Vincennes,Astoria,Quincy), 4 DD |
| TG 62.4 | Contre-amiralNorman Scott | 2 CL (San Juan,Hobart), 2 DD |
| TG 62.8 (1re division de Marines) | GénéralA.A.Vandegrift | 17 000 hommes |
| TF 63 (bases aériennes) | Contre-amiralJohn S. McCain | 291 avions |
| Task Force 61 | Vice-amiralFrank Fletcher | 3 CV, 1 BB, 4 CA, 1 CL, 16 DD |
| TF 11 | Vice-amiral F.J. Fletcher | 1 CV (USS Saratoga), 1 CA (Vincennes), 5 DD |
| TF 16 | Contre-amiralThomas C. Kinkaid | 1 CV (USS Enterprise, 1 CA (Portland), 1 CL (Atlanta), 5 DD |
| TF 18 | Contre-amiralLeigh Noyes (en) | 1 CV (Wasp), 2 CA (San Francisco,Salt Lake City), 6 DD |
| Total : | 3 CV, 1 BB, 14 CA, 3 CL, 31 DD plus navires de transport, cargos et tankers. 20 000 hommes. +500 avions |
Tandis que l'organisation se mettait en place, la date d'invasion fut reculée au 7 août en raison du mauvais temps.
Du point de vue des renseignements, l'invasion de Guadalcanal et de Tulagi peut être décrite comme une tentative à l'aveugle : on ignorait quasiment tout, au moment où les ordres furent donnés début juillet, des forces présentes sur ces îles ou même de la simple cartographie correcte des îles. Les Alliés firent d'énormes efforts pendant les quatre semaines qui leur restait pour récolter des informations, notamment de personnes ayant vécu sur ces îles, mais au moment de l'invasion, il restait énormément de blancs dans leurs connaissances, et lesMarines sur place auraient l'occasion de constater que leurs cartes n'étaient pas toujours exactes.
La préparation de l'opération, déjà extrêmement réduite dans le temps, rencontra divers problèmes. LesMarines emporteraient 60 jours de ravitaillement, une quantité limitée de munitions, le minimum de bagages personnels et seulement la moitié des engins motorisés normalement prévus pour une division.
Le 26 juillet, les diverses forces prévues firent rendez-vous au large desFidji et les commandants concernés par l'opération tinrent une conférence au cours de laquelle certains points furent soulevés pour la première fois.
Vandegrift apprit par exemple qu'il ne disposerait pas du support naval et aérien qu'il espérait. En fait, il apprit même qu'il ne disposerait en principe que de deux jours pour débarquer l'ensemble des troupes et du matériel, alors qu'il estimait que quatre jours étaient nécessaires.
On verra que l'ensemble de ces circonstances détermina la façon dont Vandegrift dut se comporter pendant les premières semaines sur Guadalcanal.
À 03h10 le 7 août, les forces américaines étaient en position à l'ouest de cap Espérance. À 06h14, la flotte ouvrait le feu sur les îles, l'invasion pouvait commencer.

Le débarquement sur Tulagi fut quasiment une formalité : l'île fut conquise en une journée.
Labataille de Guadalcanal dura six mois au cours desquels les Américains et les Japonais luttèrent à la fois sur terre et sur mer, pour apporter de nouvelles troupes sur l'île et les ravitailler.
La lutte sur mer ne fut pas moins intense que sur terre : les marines japonaise et alliée s'opposèrent au cours de labataille de l'île de Savo, labataille des Salomon orientales, labataille du cap Espérance, labataille des îles Santa Cruz, labataille navale de Guadalcanal, labataille de Tassafaronga et labataille de l'île de Rennell.
La campagne de Guadalcanal a coûté 24 000 hommes aux Japonais (dont 9 000 morts demalnutrition et demalaria) contre seulement 1 600 aux Américains. Si les belligérants ont subi des pertes en avions et en navires de guerre à peu près équivalentes, les Japonais ont été incapables de remplacer les leurs.
Les Américains n'ont plus qu'un porte-avions, l'USS Enterprise ; les mois suivants seront difficiles pour les Alliés. C'était cependant la première brèche dans le périmètre que le Japon avait établi dans les six premiers mois de la guerre et la preuve que désormais les Alliés avaient l'initiative. La reconquête pouvait maintenant débuter.
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